10/08/2021
il y a quelquefois plus de générosité chez les Français que chez les Anglais
... No comment . Voltaire dit vrai , je crois .
Honni soit qui mal y pense !
« A Etienne-Noël Damilaville
17 mai 1766 1
Vous verrez, mon cher frère, par la lettre ci-jointe, que tous les souscripteurs ne pensent pas aussi noblement que vous, et qu’il y a quelquefois plus de générosité chez les Français que chez les Anglais.
Je soupire depuis longtemps après les mémoires de ce pauvre Lally, et de MM. d'Arché 2 et de Bussy . Je connaissais Lally pour un homme absurde, violent, intéressé, capable de piller et d'abuser du commandement, mais je serai bien étonné s'il avait été un traître .
Je n’entends plus parler de Fréret 3, qu’on disait imprimé en Hollande : vous me l’aviez promis, vous me l’aviez annoncé ; je suis abandonné de tous les côtés. La maladie de M. de Beaumont et ses affaires retardent le mémoire de Sirven, et j’ai bien peur que tant de délais ne soient funestes à cette famille infortunée. Cette affaire ranimait ma langueur dans les maladies qui accablent ma vieillesse. Je trouve que le plaisir de secourir les hommes est la seule ressource d’un vieillard.
Je viens de lire une Histoire de Henri IV 4 qui m’ennuie et qui m’indigne. Qui est donc ce M. de Bury qui compare Henri IV à ce fripon de Philippe de Macédoine, et qui ose dire que notre illustre de Thou n’est qu’un pédant satirique ? Est-ce qu’on ne fera point justice 5 de cet impertinent ? Mais il y a tant d’autres mauvais livres dont il faudrait faire justice !
Portez-vous mieux que moi, mon cher ami. Écr l’inf. »
1 Sur la copie contemporaine Darmstadt manquent les trois derniers mots .Tout le deuxième paragraphe est barré sur la copie Darmstadt et manque dans les éditions .
2 La copie Darmstadt écrit ce mot Daché .
3 Voir lettre du 1er avril 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/06/m-6325583.html
4 Histoire de la vie de Henri IV, roi de France et de Navarre, 1765, de Richard de Bury . Bury a publié une Lettre […] à M. de Voltaire au sujet de son Abrégé de l'histoire universelle, 1755, et écrira plus tard une Lettre sur quelques ouvrages de M. de Voltaire, 1769 .
et : https://play.google.com/store/books/details?id=28EGAAAAcAAJ&rdid=book-28EGAAAAcAAJ&rdot=1
et : https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1993_num_25_1_1950_t1_0533_0000_3
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6451940g/texteBrut
5 C'est ce que fit V* (et ce qu'il faisait déjà) en écrivant le libelle (très rare) Le Président de Thou justifié contre les accusations de M. de Bury ( [s.]), 1766 : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Pr%C3%A9sident_de_Thou_justifi%C3%A9/%C3%89dition_Garnier
Le début de la lettre du 23 mai 1766 à Damilaville semble indiquer qu'il fut imprimé par Merlin ; on ne le trouve pas dans le Journal encyclopédique ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/01/correspondance-annee-1766-partie-18.html
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09/08/2021
Comment peut-on avoir le temps d'avoir de l'esprit et de badiner quand on a de si lourds fardeaux à porter ?
... Tout simplement en étant ministres en vacances !
« A Pierre-Michel Hennin
[16 ou 17 mai 1766]
Vous m'avez envoyé, monsieur, une drôle de lettre de M. le duc de Choiseul . Il me mande qu'il est comme le cocher de L'Avare qui met tantôt sa souguenillle 1 et tantôt son tablier . Comment peut-on avoir le temps d'avoir de l'esprit et de badiner quand on a de si lourds fardeaux à porter ? Mais vous autres ministres vous êtes supérieurs aux affaires . C'est ce qui fait que je me mets plus que jamais aux pieds de Son Excellence, que je supplie M. de Taulès de ne me pas oublier, et que je compte que vous n'abandonnerez pas Ferney .
V.»
1 Voir la lettre du 12 mai 1766, transmise par Hennin en même temps que sa lettre du 16 mai et dont voici le passage en question : « […] je suis ici comme le cocher de L'Avare, tantôt en souquenille, tantôt en tablier ; je fais ce que l'on veut, je sacrifie ma maîtresse à mon cousin ; j'ai le cœur le plus facile, je voudrais bien, pour moi et pour les affaires, avoir l'esprit de même . »
La forme souguenille qui n'est pas étymologique (le mot vient du slave allemand), correspond à la prononciation habituelle de ce mot .
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08/08/2021
M. Caro aura la bonté de réparer cette négligence dont je ne suis pas coupable
... M. Caro sera en l'occurence Facebook qui, une fois de plus est coupable, complice comme d'habitude de diffusion de fausses nouvelles : https://www.20minutes.fr/high-tech/facebook/3098547-20210...
« A Gabriel Cramer
à Genève
[vers le 15 mai 1766]
M. Ribote de Montauban qui était je pense amoureux de Mme Lavaysse 1 sera très fâché que je lui aie manqué de parole et que je ne lui aie pas envoyé sa petite oraison funèbre comme je lui avais promis . Je me flatte que M. Caro aura la bonté de réparer cette négligence dont je ne suis pas coupable , et qu'il m'enverra aujourd’hui lundi le paquet chez M. Souchay . Il me fera grand plaisir de me faire avoir le tome de d'Aubigné 2 où il est parlé de la mort de Henri IV. »
1 Morte en mars 1766, âgée de 27 ans ; voir lettre du 10 mai 1766 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/29/je-renvoie-les-capitulaires-6329696.html
2 Voir lettre du 10 mai 1766 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/29/je-renvoie-les-capitulaires-6329696.html
08:29 | Lien permanent | Commentaires (0)
07/08/2021
Je suis, monsieur, comme les vieux philosophes grecs, qui se consolaient dans leur vieillesse par l’idée d’être remplacés, et qui voyaient avec plaisir s’élever des jeunes gens qui devaient aller plus loin qu’eux
... Comprenez-vous, vieux croutons qui restez accrochés à vos fauteuils de sénateurs ou PDG ?*
* Avec mention spéciale aujourd'hui à Gérard Larcher, qui ne risque pas de finir guillotiné comme son lointain cousin, mais plus vraisemblablement goutteux, cacochyme .
Gonflé !
« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille, etc.1
à l'hôtel de Condé
à Paris
12è mai 1766 à Ferney
Je suis, monsieur, comme les vieux philosophes grecs, qui se consolaient dans leur vieillesse par l’idée d’être remplacés, et qui voyaient avec plaisir s’élever des jeunes gens qui devaient aller plus loin qu’eux. C’est une satisfaction que vous me faites goûter. Vous rendrez plus de service que personne à cette pauvre raison humaine, qui commence à faire des progrès. Elle a été obscurcie en France pendant des siècles. Elle fut agréable et frivole dans le beau siècle de Louis XIV, elle commence à être solide dans le nôtre ; c’est peut-être aux dépens des talents ; mais, à tout prendre, je crois que nous avons gagné beaucoup. Nous n’avons aujourd’hui ni des Racine, ni des Molière, ni des La Fontaine, ni des Boileau, et je crois même que nous n’en aurons jamais ; mais j’aime mieux un siècle éclairé qu’un siècle ignorant qui a produit sept ou huit hommes de génie. Et remarquez que ces écrivains, qui étaient si grands dans leur genre, étaient des hommes très petits en fait de philosophie. Racine et Boileau étaient des jansénistes ridicules, Pascal est mort fou, et La Fontaine est mort comme un sot 2. Il y a bien loin du grand talent au bon esprit.
Je vous suis très-obligé de votre souvenir, et je me souviens toujours avec douleur que vous avez été à Dijon, qui est ma province, et que je n’ai pu avoir l’honneur de m’entretenir avec vous . Mais vos lettres m’attachent à vous, monsieur, autant que si j’avais eu le bonheur de vous voir. Continuez vos bontés à votre très humble et très obéissant serviteur
V.»
1 Voir : https://data.bnf.fr/fr/12063355/jean-chrysostome_larcher_la_touraille/
2 V* exagère, Pascal n'est pas mort fou, et La Fontaine s'était converti assez longtemps avant sa mort . Voir page 331 de Lettre d’un bénédictin de Franche-Comté à M. l’avocat général Séguier (1776) : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome30.djvu/341
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06/08/2021
Tout cet affreux désert s’est changé en paradis terrestre
... A ceci près, que ce paradis gessien est devenu un chantier où le béton pousse plus vite que les moissons . Comme dit une de mes vaillantes tantes "il n'y a même plus la place pour planter un poireau !"
https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/21/le-pay...
« A Etienne-Noël Damilaville
12 mai 1766 1
Mon cher ami, je réponds à votre lettre du 5 mai . Je ne peux savoir bien positivement quelles à été l'intention de ceux qui ont souscrit pour quatre exemplaires de l'estampe des Calas, mais je sais que quand on a payé d'avance quatre aunes de drap il faut que le marchand livre les quatre aunes sauf à ceux 2 qui ont payé de ne recevoir que le quart au lieu du total .
Je console autant que je puis les Sirven . Je leur fais espérer qu’ils auront incessamment le mémoire qui les justifie. Vous voyez sans doute quelquefois M. Élie, et vous avez la bonté de lui dire combien je m’intéresse à sa santé. J’ai peine à croire qu’il ne réussisse pas dans cette affaire. Je pense toujours que le Conseil lui sera favorable. On n’est pas, ce me semble, assez content des parlements pour craindre celui de Toulouse ; et je ne crois pas qu’une compagnie qui n’a voulu recevoir de la main du roi ni son commandant 3 ni son premier président 4 doive avoir à la cour un crédit immense.
Je trouve que le sieur Le Breton a fait une haute sottise d’aller porter à Versailles des Encyclopédies lorsque le clergé s’assemblait. Le ministère a fait très prudemment de s’emparer des exemplaires, et de prévenir par là des clameurs qui eussent été aussi dangereuses qu’injustes. On a mis dans les gazettes que l’article Peuple 5 avait indisposé beaucoup le ministère ; je ne le crois pas ; il me semble que tout ministre sage devrait signer cet article.
Je suis bien fâché que l’auteur de Population et de Vingtième n’en ait pas fait davantage . Je voudrais raccommoder ce bon citoyen avec le grand Colbert. Il lui reproche d’avoir fait baisser le prix des blés ; mais il baissa de même en Angleterre et ailleurs dans le même temps. Le grand malheur de Colbert est d’avoir vu ses mesures toujours traversées par les entreprises de Louis XIV. La guerre injuste et ridicule de 1672 obligea le ministre le plus grand que nous ayons jamais eu à se conduire 6 d’une manière directement opposée à ses sentiments ; et cependant il ne laissa, en mourant, aucune dette de l’État qui fût exigible. Il créa la marine, il établit toutes les manufactures qui servent à la construction et à l’équipement des vaisseaux. On lui doit l’utile et l’agréable. Si vous connaissiez l’auteur de l’article où on le traite un peu mal, je vous prie de demander la grâce de Colbert à cet auteur. Nous en parlerons, si jamais vous êtes assez bon pour revenir à Ferney. Mon petit château sera enfin entièrement bâti ; mes paysans augmentent leurs cabanes, à mon exemple ; leurs terres et les miennes sont bien cultivées . Tout cet affreux désert s’est changé en paradis terrestre.
J’ai eu la consolation de trouver un petit bailli 7 qui pense tout aussi sensément que nous. Vous m’avouerez que c’est trouver une perle dans du fumier, car il est d’un pays où l’on ne pense point du tout.
Vous ne me parlez point de Bigex ; vous ne me consolez point dans ce temps de disette de bons ouvrages. Ne pourriez-vous point me faire avoir le mémoire de M. de Lally ? M. de Florian ne vous en a-t-il pas donné un ? Songez à moi, je vous en prie, et croyez que je ne m’oublie pas, et que je ne perds pas mon temps.
Je viens de recevoir une lettre charmante 8 du philosophe d’Alembert. Bonsoir, mon cher frère ; buvez à ma santé avec Platon. »
1 Selon la copie contemporaine Darmstadt B. il manque dans les deux derniers paragraphes trois passages : Vous […] Bigex ; M. de Florian […] donné un ? Je viens de recevoir […] mon cher frère ; l'édition de Kehl donne une version très remaniée , voir lettre du 9 mai 1766 à Damilaville :
2 Besterman donne deux, corrigé ici en ceux .
3 Le duc de Fitz-James ; voir lettre du 1er janvier 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/01/08/j-apprends-que-le-parlement-de-dijon-vient-de-defendre-par-un-arret-de-paye.html
et voir ligne 177 de https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_philosophique/Garnier_(1878)/Parlement_de_France#177
4 François de Bastard, premier président au parlement de Toulouse ; voir lettre du 2 février 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/19/depuis-les-grenouilles-et-les-rats-qui-prierent-jupiter-de-v-6316956.html
5 Article de Jaucourt .
6 Mot remplacé par comporter dans la copie Beaumarchais et autres éditions .
7 Christin ; c'est devant lui que fut signée, le 22 mai 1766, une reconnaissance de dette, avec hypothèque, de Daumart envers Marie-Louise Denis .
8 Lettre inconnue .
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05/08/2021
Ne craignons point de répéter ce qu’il est nécessaire de savoir ; il y a des choses qu’il faut river, dans la tête des hommes, à coups redoublés
... Comprenez-vous , vous les anti-vaccins, têtes de pioches ?
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
12è mai 1766
L’un de mes anges m’a écrit une lettre toute remplie de raison, d’esprit, de bonté, et de choses charmantes ; cela n’empêche pas que je ne trouve toujours l’âme immortelle placée entre les deux trous prodigieusement ridicule 1.
Il s’en faut beaucoup que le petit ex-jésuite ait négligé ses marauds du Triumvirat ; mais il pense que vos belles dames, qui font dans Paris toutes les réputations, ne seront nullement touchées de ces gens de sac et de corde. Il a cru se tirer d’affaire par des notes historiques, et par une histoire de toutes les proscriptions 2 de ce monde, qui fait dresser les cheveux à la tête. Il prétend, dans ces notes, que la conspiration de Cinna n’a jamais existé, que cette aventure est supposée par Sénèque, et qu’il l’inventa pour en faire un sujet de déclamation. C’est un objet de critique pour quelques pédants, mais dont le public ne se soucie guère. Il reste donc persuadé qu’il ne trouvera point de libraire qui veuille donner cent écus de cette guenille, attendu que La Harpe n’en a pas pu trouver cinquante pour son beau Gustave Vasa. L’ex-jésuite vous enverra bientôt ses Roués et ses notes pédantesques. Il souhaite d’ailleurs passionnément que Mlle Dubois se forme, et que M. de Chabanon lui donne un beau rôle ; mais il ne sait pas où est M. de Chabanon ; il devait retourner à Paris au commencement du mois ; nous lui avons souhaité un bon voyage, et depuis ce temps nous n’avons plus de ses nouvelles.
À l’égard de la comédie de Genève, c’est une pièce compliquée et froide qui commence à m’ennuyer beaucoup. J’ai été pendant quelque temps avocat consultant ; j’ai toujours conseillé aux Genevois d’être plus gais qu’ils ne sont, d’avoir chez eux la comédie, et de savoir être heureux avec quatre millions de revenu qu’ils ont sur la France. L’esprit de contumace est dans cette famille. Les natifs disent que je prends le parti des bourgeois ; les bourgeois craignent que je ne prenne le parti des natifs. Les natifs et les bourgeois prétendent que j’ai eu trop de déférence pour le conseil. Le conseil dit que j’ai eu trop d’amitié pour les natifs et les bourgeois. Les bourgeois, les natifs, et le conseil ne savent ni ce qu’ils veulent, ni ce qu’ils font, ni ce qu’ils disent. Les médiateurs ne savent encore où ils en sont ; mais j’ai cru m’apercevoir qu’ils étaient fâchés qu’on fût venu me demander mon avis à la campagne. J’ai donc déclaré aux conseil, bourgeois, et natifs, que, n’étant point marguillier de leur paroisse, il ne me convenait pas de me mêler de leurs affaires, et que j’avais assez des miennes. Je leur ai donné un bel exemple de pacification, en m’accommodant pour mes dîmes avec mon curé, et finissant d’un trait de plume, à l’aide de quelques louis d’or, des chicanes de cent années.
Peut-être que M. le duc de Praslin parle quelquefois avec M. le duc de Choiseul des tracasseries genevoises. En ce cas, je le supplie de vouloir bien me recommander ou me faire recommander à M. le chevalier de Beauteville. J’attends cette grâce de vous, mes divins anges : car non-seulement plusieurs morceaux de mes petites terres sont enclavés dans le petit territoire de la parvulissime république, mais j’ai tous les jours de petits droits à discuter avec elle, car vous noterez qu’elle n’a guère plus de terrain en France que je n’en ai. Chose étonnante que la liberté ! Il y a vingt villes en France beaucoup plus peuplées que Genève ; qu’il y ait un peu de dissension dans une de ces vingt villes, on envoie des archers . Qu’il y ait une petite discussion à Genève, on y envoie des ambassadeurs !
Vous ferez, mes anges, une très belle et bonne action, non seulement de faire recommander mes petits intérêts à M. de Beauteville, mais surtout de l’engager à garder pour lui ce droit négatif dont nous avons tant parlé. C’est une manière si naturelle et si honnête d’être maître de Genève sans le paraître ; ce tempérament est si convenable ; il sera si utile de disposer de Genève dans les guerres qu’on peut avoir en Italie, qu’il ne faut pas assurément manquer cette précaution . Vous y êtes même intéressé comme Parmesan 3 ; vous êtes puissance d’Italie. Henri IV vous a ôté le marquisat de Saluce, que vous auriez bien par la suite perdu sans lui ; ne manquez pas l’occasion de vous assurer un jour de Genève. La Corse, dont vous vous êtes mêlés, vous était bien moins nécessaire. Il me semble que M. le duc de Praslin approuvait cette idée ; il la fera goûter sans doute à M. le duc de Choiseul. C’est une négociation dont il faut que vous ayez tout l’honneur ; la maison de Parme en aura peut-être un jour tout l’avantage.
L’Encyclopédie me paraît un peu vexée à Paris ; je crois que c’est une sage précaution du ministère, qui ne veut pas donner de prise à messieurs du clergé. Il y a dans ce livre d’excellents articles qu’il serait bien triste de perdre. L’ouvrage est en général un coup de massue porté au fanatisme. L’ex-jésuite lui porte quelquefois des coups de stylet ; il faut attaquer ce monstre de tous les cotés et avec toutes les armes. Ne craignons point de répéter ce qu’il est nécessaire de savoir ; il y a des choses qu’il faut river, dans la tête des hommes, à coups redoublés. Je ne m’en mêle pas, comme vous le croyez bien ; mais j’apprends avec une grande consolation que plusieurs avocats travaillent à ce procès ; vous n’en serez pas fâché, vous qui êtes au rang des meilleurs juges.
Je me mets au bout de vos ailes avec mon culte ordinaire. »
1 Thème repris et texte éclairée dans L'Homme aux quarante écus : « Mariage de l'homme aux quarante écus » : « Ô Dieu paternel, s'écria-t-il, l'âme immortelle de mon fils est née et logée entre l'urine et quelque chose de pis ! »
Voir lettre du 18 avril 1766 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/17/il-me-semble-qu-un-benefice-simple-de-chef-du-conseil-des-fi-6327492.html
3 D’Argental est ministre plénipotentiaire de Parme près la cour de France.
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04/08/2021
Je renvoie les capitulaires
... et fais fi de mes obligations légales" affirme Alain Griset, ministre en exercice (vacances plutôt) ; voyons ce qu'il adviendra : https://www.lci.fr/politique/le-ministre-alain-griset-est...
« A Gabriel Cramer
à Genève
[vers le 10 mai 1766]
Quand M. Caro et Mme Cara viendront-ils à Tournay ? Quand pourrai-je avoir l'éloge de Mme Lavaysse 1? Je renvoie les capitulaires . Je voudrais bien avoir l'Histoire de d'Aubigné 2, j'entends l'histoire de son temps , je lui serai très obligé de m'envoyer le tome qui regarde Henri IV. »
1 Jeanne-Marie Lavaysse, née Bruguière de Mons, est morte en mars 1766 à l'âge de 27 ans ; voir : https://books.google.fr/books?id=4CIaiG_huIcC&pg=PA122&lpg=PA122&dq=voltaire+mme+lavaysse+1766&source=bl&ots=mZikiaECEy&sig=ACfU3U2zVEZs751LULl9-MxYMOmsfxVieA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjBqva954jyAhUn4YUKHTaxC3gQ6AEwB3oECBoQAw#v=onepage&q=voltaire%20mme%20lavaysse%201766&f=false
et : http://www.e-enlightenment.com/person/lavaijeann002221/?lives=occ&s=gentlewoman&r=40
2 Théodore Agrippa d'Aubigné : L'Histoire universelle, 1616-1620, etc. Voir : https://data.bnf.fr/fr/14447458/theodore_agrippa_d__aubigne_histoire_universelle/
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odore_Agrippa_d%27Aubign%C3%A9
et : https://museeprotestant.org/notice/agrippa-daubigne-1552-1630/
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