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18/08/2024

Je pense d'ailleurs que la réponse vous amusera

... si vous avez encore un soupçon d'humour " : paroles de conseiller du président qui tente d'annoncer un premier ministre potable .

 

« A Henri Rieu

7è février 1769 à Ferney

Je vous prie, mon cher ami, de faire imprimer sur-le-champ, par Pellet, le manuscrit que je vous envoie 1 . Il est d'une très grande importance pour moi que cela soit imprimé sur-le-champ . Je voudrais, s'il est possible, en avoir une épreuve demain au soir . C'est une chose que je recommande à votre amitié avec instance . Je pense d'ailleurs que la réponse vous amusera .

Je vous embrasse tendrement.

V. »

1 Ce manuscrit ne peut être que la Lettre anonyme ( voir lettre du 1er décembre 1760 à J.-R.Tronchin : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1760/Lettre_4355 ), quoique la lettre de V* y soit datée du 9 février . En effet, sur la manuscrit original, la même date apparaît sous la forme : « Au mâtereau de Ferney, 7è février 1769 ».

La plupart des autres mensonges qu’il avance sont punissables. Il n’y a pas une page de son libelle qui ne soit une imposture

... De toute évidence on peut dire cela de Trump et ses déclarations puantes : https://www.20minutes.fr/monde/4106073-20240817-president...

 

 

 

« Bigex [et Voltaire] à Voltaire

7 Février 1769.1

[Lettre entièrement relative au jésuite Nonnotte . Bigex auteur prétendu de la lettre , commence par énumérer les bienfaits de Voltaire ]

Tandis que vous prenez les soins généreux de défricher des terres incultes, de bâtir des églises, d’établir des écoles de charité ; tandis que vous vengez l’innocence opprimée, et que vous établissez la petite-fille du grand Corneille, vous n’avez pas sans doute eu le loisir de jeter des yeux attentifs sur le libelle du nommé Nonnotte. Je viens d’y découvrir des ignorances aussi étranges que sa fureur et sa mauvaise foi sont punissables.

[Bigex cite de prétendues erreurs relevées dans l'avant propos d'un ouvrage de Nonnotte sur les religions de l'Inde [ ?] Nonnotte croit que le sanscrit est ] le plus ancien livre du monde, livre que jamais personne n'a vu ni connu […] ].

Voici comme il parle, page 4 de son avant-propos. Il vous donne pour le plus ancien livre du monde le Hanscrit, livre que jamais personne n’a vu ni connu, qui n’a jamais existé que dans son imagination, etc. Vous voyez, monsieur, que cet imbécile prend la langue des Bracmanes pour un livre des Bracmanes. Vous savez, et je l’ai appris de vous, que ce Hanscrit est encore aujourd’hui la langue sacrée des brames ; qu’on étudie encore dans le Malabar et sur le Gange ce Hanscrit, comme nous apprenons le latin qu’on ne parle plus. Vous savez que les caractères du Hanscrit n’ont aucun rapport avec les caractères correspondants des autres langues ; ce qui prouve assez que les anciens Indiens n’ont rien pris d’aucun peuple.

C’est dans cette langue sacrée que sont écrits le Védam, l’Ezourvédam, le Cormovédam, et les livres du Shasta, qui sont fort antérieurs au Védam. L’ignorant calomniateur dit en vain que ces livres ne sont connus de personne : vous avez envoyé à la Bibliothèque du roi un manuscrit contenant la traduction de l’Ezourvédam ; et le savant M. Holdwell, qui a demeuré si longtemps à Bénarès, a traduit des morceaux considérables du Shasta.

C’est avec la même impudence que cet effronté menteur cite, à la page 5, une prétendue lettre de M. l’abbé Velly, et votre réponse. Jamais vous n’avez reçu de lettre de M. l’abbé Velly, jamais vous ne lui avez écrit. La plupart des autres mensonges qu’il avance sont punissables. Il n’y a pas une page de son libelle qui ne soit une imposture. [Voltaire a barré plusieurs lignes et ajouté ce qui suit . ]

Il attaque impudemment plus de vingt hommes de lettres estimés. Il ose censurer le gouvernement, qui, depuis 1725, s’est fait un devoir de laisser la valeur numéraire des monnaies invariable. Il mérite sans doute d’être puni pour avoir écrit sans permission un pareil libelle  mais tous vos amis vous conseillent d’abandonner ce malheureux à sa honte. Tous les citoyens distingués qu’il a outragés avec la même fureur l’ont méprisé. Son livre est totalement ignoré à Paris ; le nom de ce malheureux ne peut être connu que par vous 2; il n’est pas digne que vous le tiriez de sa fange.

J’ai l’honneur d’être avec une respectueuse vénération, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Bigex. »

1 Lettre connue par la minute de la main de Bigex et signée par lui, avec des corrections autographes de V*, décrite par le catalogue Charavay, décembre 1971 . L'original se compose de deux pages et demie format in-quarto . Ce document est destiné à la lutte contre Nonnotte, auteur des Erreurs de Voltaire . Il a sa place dans la correspondance dans la mesure où, comme la lettre du 10 septembre 1769 à Cramer, il a été inspiré ou dicté par V*, dont Bigex n'est que le paravent .

C'est un cas exceptionnel de lettre de V* « à lui-même » – N.B. Le texte complet de cette lettre et d'autres documents ont été mis à jour ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2016/08/satire-lettre-anonyme-ecrite-a-m-de-voltaire-partie-3.html

2 Le catalogue donne que de par vous . On pourrait aussi lire : ne peut être connu de vous ...

ne pas souffrir qu’on abuse de mon nom d’une manière si odieuse

... Comment lutter contre les fake news et les deep fake videos ? Un début de solution, le fact checking attentif :  https://about.google/intl/ALL_fr/stories/comment-fact-che...

Beaucoup de temps perdu pour ça, mais le mensonge ne doit pas dominer, jamais .

 

 

 

« A Marc-Michel Rey

7è février 1769 à Ferney

On m’a dit monsieur, qu’on voulait réimprimer, en Hollande, la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV et de Louis XV, faite à Genève, et qui paraît actuellement à Paris avec quelque succès. Si c’est vous qui la réimprimez, je vous avertis que cet ouvrage est tout rempli de fautes typographiques. Il y a un errata imprimé à la fin de chaque volume ; mais cet errata est très insuffisant. En voici un nouveau, absolument nécessaire 1.

Si ce n’est pas vous qui vous chargez de cette édition, je vous prie de vouloir bien communiquer cet errata à celui de vos confrères qui fait l’entreprise ; vous rendrez service au public et à moi.

Au reste, je souhaite passionnément que ce soit vous qui fassiez au Siècle de Louis XIV l’honneur de l’imprimer.

J’ai une prière plus sérieuse et plus importante à vous faire : c’est de vouloir bien empêcher qu’on déshonore mon nom en le mettant dans la longue liste des ouvrages suspects qu’on débite en Hollande. Mon nom ne rendra pas ces ouvrages meilleurs, et n’en facilitera pas la vente. J’aurais trop de reproches à me faire si je m’étais amusé à composer un seul de ces ouvrages pernicieux. Non seulement je n’en ai fait aucun, mais je les réprouve tous, et je regarde comme une injure cruelle l’artifice des auteurs qui mettent sous mon nom ces scandaleux écrits. Ce que je dois à ma religion, à ma patrie, à l’Académie française, à l’honneur que j’ai d’être un ancien officier de la maison du roi, et surtout à la vérité, me force à vous écrire ainsi, et de vous prier très instamment de ne pas souffrir qu’on abuse de mon nom d’une manière si odieuse. Vous êtes trop honnête homme pour me refuser cette justice.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. »

1 On ne connaît ni cet errata ni l'édition dont il est ici question .

17/08/2024

je suis informé du changement qui s’est fait dans l’esprit de plusieurs membres du parlement...Voici quelques petites questions préliminaires  que je prends la liberté de vous adresser

... Propos d'Emmanuel Macron pour justifier la réunion des chefs de partis du 23 août avant d'officialiser la nomination du/de la futur.e premier.e ministre : https://fr.news.yahoo.com/strat%C3%A9gie-emmanuel-macron-avant-r%C3%A9union-052912137.html?guccounter=1&guce_referrer=aHR0cHM6Ly93d3cuZ29vZ2xlLmNvbS8&guce_referrer_sig=AQAAAGZo4pX1oKURBWf8WSnTkwaI8UPbYqZ1NhvlzZfamg_irtByPzPV3VMev8YZxpRheZHUBeSflT4v8oo15oPVmH1WGTAkun_11OZiomy6gjVjllw-MiXteqR1xeEHLg3PVD_ySP-YMx1lvZNhB6Rph6FheEiawq77PEyKTdrMxXvX

 

 

 

« A Théodore Sudre 1

6è février 1769

Monsieur,

Il se présente une occasion de signaler votre humanité et vos grands talents. Vous avez probablement entendu parler de la condamnation portée, il y a cinq ans, contre la famille Sirven, par le juge de Mazamet. Cette famille Sirven est aussi innocente que celle des Calas. J’envoyai le père à Paris présenter requête au conseil pour obtenir une évocation ; mais ces infortunés n’étant condamnés que par contumace, le conseil ne put les soustraire à la juridiction de leurs juges naturels. Il craignait de comparaître devant le parlement de Toulouse, dans une ville qui fumait encore du sang de Calas. Je fis ce que je pus pour dissiper cette crainte. J’ai tâché toujours de leur persuader que plus le parlement de Toulouse avait été malheureusement trompé par les démarches précipitées du capitoul David dans le procès de Calas, plus l’équité de ce même parlement serait en garde contre toutes les séductions dans l’affaire des Sirven.

L’innocence des Sirven est si palpable, la sentence du juge de Mazamet si absurde, qu’il suffit de la lecture de la procédure et d’un seul interrogatoire, pour rendre aux accusés tous leurs droits de citoyen.

Le père et la mère, accusés d’avoir noyé leur fille, ont été condamnés à la potence. Les deux sœurs de la fille noyée, accusées du même crime, ont été condamnées au simple bannissement du village de Mazamet.

Il y a plus de quatre ans que cette famille, aussi vertueuse que malheureuse, vit sous mes yeux. Je l’ai enfin déterminée à venir réclamer la justice de votre parlement. J’ai vaincu la répugnance que le supplice de Calas lui inspirait, j’ai même regardé le supplice de Calas comme un gage de l’équité compatissante avec laquelle les Sirven seraient jugés.

Enfin, monsieur, je les ferai partir dès que vous m’aurez honoré d’une réponse. Vous verrez le grand-père, les deux filles, et un malheureux enfant, qui imploreront votre secours. Ils n’ont besoin d’aucun argent, on y a pourvu ; mais ils ont besoin d’être justifiés, et de rentrer dans leur bien, qu’on a mis au pillage. Je les ferai partir avec d’autant plus de confiance que je suis informé du changement qui s’est fait dans l’esprit de plusieurs membres du parlement. La raison pénètre aujourd’hui partout, et doit établir son empire plus promptement à Toulouse qu’ailleurs.

Vous ferez, monsieur, une action digne de vous, en honorant les Sirven de vos conseils, comme vous avez travaillé à la justification des Calas. Voici quelques petites questions préliminaires 2 que je prends la liberté de vous adresser, pour faire partir cette famille avec plus de sûreté. »

2 Elles ont disparu .

16/08/2024

Avez-vous à Paris votre oncle du Grand-Conseil, ou est-il à Versailles avec les Moustapha et les Mahomet ?

... Aucun respect pour ce Moustapha III, Turc guerrier, et ses coreligionnaires, ce qui est toujours valable contre son homologue Erdogan et ses alliés, meurtriers de longue date , avec notre ministre démissionnaire des Affaires étrangères dans le rôle de tonton, pas flingueur , hélas .

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy, Conseiller

au Parlement

rue d'Anjou au Marais

à Paris

6è février 1769

Vous devez, mon cher conseiller, avoir reçu un exemplaire des deux Siècles qui sont si différents l'un de l'autre . Il y a mille fautes d'impression, mais c'est l'ancien usage des frères Cramer qui sont trop aimables, et qui jouent trop bien la comédie pour être de bons libraires . Aussi l'un des deux 1 a renoncé à la typographie pour être conseiller de l’État de l'auguste république de Genève .

Je vous prie quand vous m'écrirez de me mander des nouvelles de la santé de votre mère, ma propre nièce, à qui j'ai beaucoup d'obligation puisque votre individu est son ouvrage.

Si vous êtes encore à la Tournelle, je vous présente une requête pour le greffier criminel ; voici ce dont il s'agit.

Vers l'an 1752 ou 3 ou 4 ou 1755 ou 6 ou 7, etc., dans le temps que Christophe de Beaumont se rendait ridicule à la dernière postérité par des billets pour l'autre monde il y eut un nommé Biord, vicaire ou porte-Dieu de La sainte Chapelle basse , assigné pour être ouï, à l’occasion de ces beaux billets . Il ne jugea pas à propos de se faire ouïr, il fut ajourné, point de nouvelles ; il fut décrété de prise de corps . Ce grand événement ne figurera pas beaucoup dans l'Histoire ; mais on me prie de m'en instruire exactement . Ayez la bonté de vous faire informer de la vérité de ce fait 2. Cela vous sera très aisé en sortant du palais . Le plus tôt sera le mieux, je vous aurai beaucoup d'obligation .

Avez-vous à Paris votre oncle du Grand-Conseil, ou est-il à Versailles avec les Moustapha et les Mahomet ? Que fait M. de Florian ? Êtes-vous toujours bien content de Mlle Vestris ? Mandez-moi toutes les nouvelles qu'on peut écrire honnêtement . Aimez- moi, car je vous aime de tout mon cœur .

V. »

1 Philibert Cramer .

2 V* est manifestement en train de mettre la dernière main à l'Histoire du parlement de Paris ; voir lettre du 13 janvier 1768 à Servan : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/08/12/il-a-parle-avec-courage-contre-la-finance-la-pretraille-et-l-6456433.html

15/08/2024

On cherche à tromper son ennui par des fausses imitations des plaisirs de Paris qu'on ne peut se procurer qu'avec des frais immenses

... Paris étant décidément inimitable, voici quelques destinations recherchées par les fêtards qui veulent jouer dans la cour des peoples : https://www.liligo.fr/magazine-voyage/meilleures-destinat... 

 

 

« A Marie-Louise Denis

6è février 1769

Ma chère amie, vous voilà donc entièrement rétablie . De quoi vous avisiez-vous d'être malingre dans le séjour de l'opéra et de la comédie, des soupers gais et des nouvelles du jour ?

Je suis bien content de l'ami Marin ; Dieu nous le devait . Ces Deux Frères ou les Guèbres de feu La Touche seront un jour appelés La Tolérance , et comptez que ce sera une époque singulière ; on a déclaré aux cantons suisses effarouchés du port de Versoix qu'on ne voulait point y faire de fortifications 1, mais une ville libre qui serait un essai de tolérance . Cette bienheureuse tolérance s'établira donc infailliblement avec le temps .

Je crois vous avoir déjà mandé que la raison faisait d'immenses progrès dans tous les parlements de province et que toute la jeunesse de Toulouse était convertie ; j'en ai reçu des compliments, et j'envoie les Sirven incessamment à Toulouse demander hautement leur justification sur la cendre de Calas . Je ne l'enverrais peut-être pas devant les assassins du chevalier de La Barre .

Jugez si je m'intéresse à une tragédie dont le vrai titre est cette tolérance même à laquelle j'ai tant sacrifié . C'est dommage que le cœur du sire de Coucy doive passer devant dans un plat, car en vérité Les Guèbres intéressent un peu plus le genre humain .

Je suis bien curieux de savoir des nouvelles de la fête de la Présentation . M. le prince de Soubise et M. le duc de Noailles m'ont fait de grands remerciements du Siècle de Louis XIV et m'ont écrit les lettres les plus agréables et les plus encourageantes 2.

Le marquis de Bélestat s'est enfin déclaré l'auteur du petit livre qu'on m'imputait 3, et dans lequel le président Hénault était si maltraité .

Vous avez dû recevoir un projet de mémoire 4 pour être envoyé à M. Gayot . En vérité le pauvre village de Ferney serait abîmé si on nous envoyait encore des soldats .

Je crois que Mme Dupuits s'amusera très bien de l'éducation de sa fille, et du gouvernement de sa maison . Elle n'a guère connu les enchantements de Paris qui ne rendent point heureux et qui empêchent qu'on ne le soit ailleurs . La vie à la campagne est horrible pour quiconque n'a pas le goût de la solitude et de l'agriculture . On cherche à tromper son ennui par des fausses imitations des plaisirs de Paris qu'on ne peut se procurer qu'avec des frais immenses . On reçoit des étrangers qui vous oublient pour jamais . Cette vie me parait intolérable . Il faut avoir la passion de l'étude et celle de la campagne pour vivre entre les Alpes et le mont Jura .

Adieu, ma très chère amie, soyez heureuse à Paris .

V.

On m'apporte tous les jours d'anciens mémoires où je n'entends rien . Je vous prie de me renvoyer le présent certificat transcrit et signé par Maton .

Voulez-vous bien envoyer à votre neveu d'Hornoy la lettre qui est pour lui ? »

1 Il avait bien été prévu de fortifier Versoix (voir lettre de Dupan du 21 février 1769 ) mais ce projet a été abandonné : https://fr.wikipedia.org/wiki/Versoix

2 Ces lettres des 15 novembre et 10 décembre 1768 nous sont parvenues . L'une et l'autre sont en effet aimables .

4 Ce mémoire a été envoyé en même temps que la lettre du 20 janvier 1769 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/01/est-il-vrai-qu-on-ait-supprime-la-caisse-d-escompte-6509121.html

14/08/2024

Vous n’empêcherez pas les Welches d’être toujours welches ; mais les véritables Français penseront comme vous

... Tel est le credo du RN qui tente -vainement- de se refaire une virginité en éliminant -en apparence- ses moutons noirs : https://www.lepoint.fr/politique/le-rassemblement-national-fait-le-grand-menage-parmi-ses-cadres-locaux-13-08-2024-2567853_20.php#11

et

https://www.francetvinfo.fr/politique/front-national/

 

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

6è février 1769

Je suis partagé, mon cher ami, entre le plaisir que m’ont donné les beaux morceaux de votre pièce, et la reconnaissance que je vous dois pour votre préface 1. Vous n’empêcherez pas les Welches d’être toujours welches ; mais les véritables Français penseront comme vous. Votre pièce 2 serait encore plus belle si vous aviez donné plus d’étendue aux sentiments, et si l’action avait été un peu plus filée . Mais, telle qu’elle est, elle doit vous faire beaucoup d’honneur.

Ne va-t-on pas jouer incessamment le cœur 3 du sire de Coucy en ragoût ?

Nil intentatum nostri liquere poetæ.4

Comment gouvernez-vous Orphée-La Borde ? Est-il toujours attaché à ce maudit procès 5 contre un vilain prêtre ? Je n’ai point eu de ses nouvelles depuis près d’un mois.

On m’impute un A, B, C 6, auquel je n’ai nulle part ; mais je voudrais l’avoir fait, et qu’on n’en sût rien.

Je vous embrasse bien tendrement . Ma santé s’affaiblit tous les jours, et je crois que j’irai bientôt rendre mes respects à Corneille et à Racine.

V. »

1 Dans la préface d'Eudoxie qui vient d'être publiée , Chabanon exprime à V* « l'hommage de la plus tendre reconnaissance ».

3 Gabrielle de Vergy, tragédie en cinq actes et en vers de de Belloy, fut imprimée en 1770, mais ne fut jouée que le 12 juillet 1777.

Voir lettre du 1er janvier 1769 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/09/vous-ferez-l-usage-que-vous-croirez-le-plus-convenable-tout-6506351.html

4 Horace de Art poétique., v. 285. Nos poètes ne nous ont rien laissé qu'ils n'eussent déjà tenté .