Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/04/2021

Il me paraît que madame votre femme est de ce nombre [des sages], puisqu’elle sent votre mérite et qu’elle vous rend heureux ; c’est une preuve qu’elle l’est aussi

... En mathématiques on pourrait parler de raisonnement par l'absurde et au billard d'un point par deux bandes . Ô femmes soyez sages selon Voltaire, et vous messieurs méritez-les ! On n'aura jamais trop de gens heureux .

HUMOUR DU 13.4.18 - Chez dom

Il va de soi que la femme en fait et sait  autant .

 

« A Bernard-Joseph Saurin, de l'Académie

française, rue Neuve des Petits-

Champs, vis-à-vis la rue d'Antin

à Paris 1

4è décembre 1765.

Je soupçonne, monsieur, qu’il en est à peu près aujourd’hui comme de mon temps. Il y avait tout au plus aux premières représentations une centaine de gens raisonnables ; c’est pour ceux-là que vous avez écrit. Votre pièce est remplie de traits qui valent mieux à mon gré que bien des pièces nouvelles qui ont eu de grands succès ; on y voit à tout moment l’empreinte d’un esprit supérieur, et vous ne ferez jamais rien qui ne vous fasse beaucoup d’honneur auprès des sages.

Il me paraît que madame votre femme est de ce nombre, puisqu’elle sent votre mérite et qu’elle vous rend heureux ; c’est une preuve qu’elle l’est aussi ; je vous en fais à tous deux mes très tendres compliments.

Quant aux Anglais, je ne peux vous savoir mauvais gré de vous être un peu moqué de Gilles Shakespear 2 ; c’était un sauvage qui avait de l’imagination ; il a fait même quelques vers heureux 3, mais ses pièces ne peuvent plaire qu’à Londres et au Canada. Ce n’est pas bon signe pour le goût d’une nation, quand ce qu’elle admire ne réussit que chez elle.

Rendez toujours service, mon cher confrère, à la raison humaine. On dit qu’elle a de plats ennemis qui osent lever la tête. C’est un bien sot projet de vouloir aveugler les esprits, quand une fois ils ont connu la lumière.

Conservez-moi votre amitié ; elle me fera oublier les sots dont votre grande ville est encore remplie.

V. »

1 Adresse complétée par une autre main

2 Dans la préface de L'Orpheline léguée, Saurin fait des allusions méprisantes  en parlant des «plus   monstrueuses absurdités » des pièces de Shakespeare . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5853624q/f4.item.texteImage

3 Dans l'édition Garnier on a , curieusement : « Il a fait beaucoup de vers heureux ».

04/04/2021

nous serons cinq ou six spectateurs, tous gens discrets

... M. Djebbari Jean-Baptiste, vous le voyez, même Voltaire suit les ordres gouvernementaux ! Inutile de lui demander la fumeuse attestation de déplacement qui ressemble à un inventaire à la Prévert ; même Wagnière rechigne à en faire des copies !

L'humour face aux épidémies – Partie I. Le Charivari, le choléra et la  grippe entre 1832 et 1870 | L'Histoire à la BnF

Avissss à la population, urbi et orbi  : "On a déjà donné"

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

de l'Académie des belles-lettres

à Paris

4è décembre 1765 à Ferney

Voulez-vous savoir, monsieur, l’effet que fera Virginie 1 ? Envoyez-la-nous. S’il y a deux rôles de femme, je vous avertis que j’ai chez moi deux bonnes actrices , l’une, ma nièce Denis ; l’autre, ma fille Corneille ; j’ai deux ou trois acteurs sous la main qui ne gâteront point votre ouvrage ; nous serons cinq ou six spectateurs, tous gens discrets, soyez sûr que la pièce ne sortira pas de mes mains, et que les rôles me seront rendus à la fin de la représentation.

C’est, à mon sens, la seule manière de juger d’une pièce de théâtre. J’ai toujours ouï dire que Despréaux, qui était le confident de Racine et de Molière, se trompait toujours sur les scènes qu’il croyait devoir réussir le plus, et sur celles dont il se défiait ; or jugez, si Despréaux se trompait toujours dans Auteuil près de Paris, ce qui m’arriverait à Ferney au pied du mont Jura. Je crois qu’il faut voir les choses en place pour en bien juger.

Je me flatte qu’en effet, monsieur, vous pourrez nous donner les violons dans notre enceinte de montagnes ; on nous assure que madame votre sœur 2 doit acheter une belle terre dans mon voisinage ; vous y viendrez sans doute. Le plaisir de vous entretenir augmentera, s’il se peut, encore l’estime que vos lettres m’ont inspirée ; mais dépêchez-vous, car ma mauvaise santé m’avertit que je ne serai pas doyen de l’Académie française. Je vous donne ma voix pour être mon successeur, à moins que vous n’aimiez mieux choisir selon l’ordre du tableau.

Vous me parlez de la meilleure édition de mes sottises : il n’y en a point de bonne ; mais j’aurai l’honneur de vous envoyer la moins détestable que je pourrai trouver.

Permettez-moi de vous embrasser tout comme si j’avais déjà eu l’honneur de vous voir.

V."

2 Mme de La Chabalerie .

Je vous crois actuellement, monsieur, en train d’être grand père ; car je m’imagine qu’on ne perd pas son temps dans votre beau climat

... Beau climat ou pas, l'art d'être grand-père s'est raréfié faute de naissances, le confinement n'ayant pas stimulé le besoin de câlins progestatifs , ce qui est tout à fait logique, on ne veut pas mettre au monde un enfant dans un pays en guerre .

Petit aparté , le triste sire Bolsonaro a trouvé le moyen le plus radical pour réduire le nombre de chômeurs et de peuples indigènes au Brésil : Covid 19 + le moins de soins disponibles, armes de destruction massive et hypocrite ( c'est ce que je suppose, et je crains bien d'être dans le vrai  ) : https://www.podcastjournal.net/Covid-19-Les-peuples-autoc...

Covid-19 : Les peuples autochtones du Brésil sur le point d'être décimés ?

 

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence

Brigadier des armées du roi etc.

à Angoulême

Je vous crois actuellement, monsieur, en train d’être grand père ; car je m’imagine qu’on ne perd pas son temps dans votre beau climat. Notre petite Dupuits a perdu le sien : elle s’est avisée d’accoucher avant sept mois d’un petit drôle gros comme le pouce, qui a vécu environ deux heures. On était fort en peine de savoir s’il avait l’honneur de posséder une âme ; père Adam, qui doit s’y connaître, et qui ne s’y connaît guère, n’était pas là pour décider la question ; une fille l’a baptisé à tout hasard, après quoi il est allé tout droit en paradis, où votre archevêque d’Auch prétend que je n’irai jamais 1, mais il devrait savoir que ce sont les calomniateurs qui en sont exclus, et que la porte est ouverte aux calomniés qui pardonnent et qui font du bien.

Permettez-moi de présenter mes respects à toute votre famille présente et à venir. Tout Ferney vous fait les plus sincères compliments.

4è décembre 1765. »

1 C'est , en substance, ce qu'a laissé entendre Jean-François de Chatillard de Montillet-Grenaud dans son Instruction pastorale de 1765 . V* lui répondra par la Lettre pastorale à M. l'archevêque d'Auch, incorporée plus tard aux Honnêtetés littéraires, XXIII.

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_de_Montillet_de_Grenaud

et : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/479

03/04/2021

Buvez avec les sages à la santé du solitaire qui vous aimera jusqu'au dernier moment de sa vie

... Confiné à l'insu de son plein gré, la ligne d'horizon est désormais calée à dix kilomètres, et pas un troquet ouvert, encore un mois foutu !...

Amazon.fr : Poster Humour

Why not ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

2è décembre 1765

Je ne puis cette fois-ci, mon cher frère, vous dire autre chose sinon que je suis fort languissant, que je vous souhaite la santé la plus ferme, et à Bigex la main la plus prompte . Mon capucin vous seconde . Protégez-moi toujours auprès de Briasson .

Voici une petite lettre pour frère Protagoras 1. Je suis toujours en peine du paquet du sieur Boursier .

Si j'avais l’amour-propre d'un auteur, je serais un peu fâché que Lekain ait fait imprimer Adélaïde avec quelques vers qui n'ont pas le sens commun, et qu'on a jugé à propos d'y insérer, pour faire ce que les comédiens appellent des coupures .

Buvez avec les sages à la santé du solitaire qui vous aimera jusqu'au dernier moment de sa vie . »

1 Lettre du même jour à d'Alembert .

02/04/2021

On dit que bientôt l'Académie des sciences sera sous la direction du lieutenant de police , attendu que les boues et les lanternes sont une affaire de physique

... Si les ultra- écologistes continuent leur délire judiciaire, la prédiction voltairienne peut tout à fait se réaliser, tant l'esprit de plaideur tient lieu de mode d'éducation chez ces aigres-pisseux ( vite qu'on les recouvre de sciure et qu'on les recycle ! ) .

Réduire sa consommation d'eau - LE BOUCHE A OREILLE DE CITRY - "Agis en ton  lieu, pense avec le monde" Edouard Glissant

... merci mon dieu pour ce repas digne de Top Chef ! Amen  ! Amène la louche  !

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

2 décembre 1765 1

Tout cela, mon cher et vrai philosophe, a été conduit malhonnêtement, petitement, indignement . On dit que bientôt l'Académie des sciences sera sous la direction du lieutenant de police , attendu que les boues et les lanternes sont une affaire de physique ; vous seul avez été grand dans cette affaire .

Vous avez raison de ne pas aller chez Luc ; d'Argens même n' a pu y tenir ; il est vrai que Luc méprise beaucoup Jean-Jacques ; il lui a donné quelque protection à Neuchâtel, non pas pour le favoriser, mais pour mortifier la canaille des prédicants ; ils l'ont lapidé comme Saint Etienne ; mais si le pauvre diable va à Berlin, il y sera traité comme un garçon de boutique de Genève qui a besoin d'asile, ou je suis fort trompé . Jean-Jacques est un fou qui a des demi-talents ; avec cela on va droit à l'hôpital après avoir passé par les petites-maisons.

Que vous réparez bien le tort que ce polisson a fait à la philosophie !

Envoyez votre petite drôlerie à M. Wagnière chez M. Bouché 2, négociant à Genève, par la diligence de Lyon . Il n'y a qu'à y mettre force papiers gris pour grossir le paquet afin qu'il ne s'égare pas, le couvrir d'une toile cirée, le ficeler, et m'avertir du jour du départ . Vous serez servi promptement ; ne craignez point de trop saler ce pâté, c'est le sel qui les conserve .

Les jésuites ne sont plus et votre ouvrage vivra .

Je vous sais bon gré d'aimer la campagne ; plût à Dieu que je pusse vous tenir dans mon ermitage ! Je n'ai jamais été heureux que depuis que je me suis donné à la vie champêtre .

Fortunatus et ille deos qui novit agrestes 3. »

2 N'est-ce pas plutôt Souchay ?

3 Heureux celui qui connaît les dieux agrestes ; Virgile, Georgiques, II, 493 .

01/04/2021

Il est si juste, monsieur, de pendre un homme pour avoir mangé du mouton le vendredi , que je vous prie instamment de me chercher des exemples de cette pieuse pratique dans votre province

... Plus méchants encore que les végans, les intégristes religieux !

Poisson haram! - Brisons le mythe

Poisson haram , espèce rare et protégée : pas hallal du tout , pas kasher non plus,  dommage amis juifs et musulmans ! "Sont interdits pour vous les animaux qui meurent d'eux-mêmes, le sang, la viande de porc et les animaux dédiés à d'autres qu'Allah."

http://brisonslemythe.canalblog.com/archives/2018/04/01/3...

 

 

« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin [Christin fils], Avocat 1

à Saint-Claude

2è décembre 1765.

Il est si juste, monsieur, de pendre un homme pour avoir mangé du mouton le vendredi 2, que je vous prie instamment de me chercher des exemples de cette pieuse pratique dans votre province. La perte de la liberté et des biens pour avoir fourni de la viande aux hérétiques en carême n’est qu’une bagatelle. Je voudrais bien savoir de quelle date est la défense de traduire la Bible en langue vulgaire 3. Cette défense d’ailleurs était très raisonnable de la part de gens qui sentaient leur cas véreux.

Quand vous feuilletterez vos archives d’horreur et de démence, voulez-vous bien vous donner la peine de choisir tout ce que vous trouverez de plus curieux et de plus propre à rendre la superstition exécrable ?

On ne peut être plus touché que je le suis, monsieur, de votre façon de penser et de votre amitié ; vous êtes véritablement chéri dans notre maison. »

1 Christin (Charles-Gabriel-Frédéric), que l’on dit né à Saint-Claude, en 1744, a péri dans l’incendie de cette ville, en juin 1799. La publication de mémoires en faveur des mainmortables de Saint-Claude ne pouvait manquer d’être agréable à Voltaire qui, dès 1705, était en correspondance avec lui. (Beuchot.).

Voir : https://data.bnf.fr/fr/13491677/charles_gabriel_frederic_christin/

et : https://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/(num_dept)/11829

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Gabriel-Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Christin

2 C'est parait-il ce qui est arrivé à Claude Guillon le 21 juillet 1629 ; mais dans son Commentaire sur le livre des délits et des peines, XIII, V* donne une autre version, c'est du cheval et non du mouton qu'aurait mangé Guillon .

Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Commentaire_sur_Des_D%C3%A9lits_et_des_Peines/%C3%89dition_Garnier/13#559

3 Depuis longtemps la lecture de la Bible dans sa version intégrale n'est autorisée que par permission spéciale . On peut comprendre les raisons de cette interdiction quand on voit ce que V* lui-même saura faire de la critique biblique, notamment dans son Dictionnaire philosophique et les Questions sur l'Encyclopédie .

31/03/2021

Les soufflets dégoûteraient les voyageurs

... Sûrement ! *

Une quarantaine, de cinq jours, exigée par l'Italie à tous ceux qui entrent sur son territoire va-t-elle endiguer l'arrivée de ceux qui aiment les pâtes, les gelati et le soleil du Sud ? https://www.rtl.fr/actu/international/coronavirus-l-itali...

Que va-t-on pouvoir encore faire en France pour revenir à la vie normale ?

* Les soufflets du XVIIIè sont ordinairement rangés dans la boite à baffes au XXIè .( Le Petit Litré , 2021)

Site dédié au specimen Le Fou JD, ses motos, son métier, ses amours et plus  si affinités

Merci au gouvernement pour son évident bon sens de la prévention !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

2è décembre 1765 à Ferney

Mes anges, je vous confirme que je me suis lassé de perdre mon temps à vouloir pacifier les Genevois. J’ai donné de longs dîners aux deux partis ; j’ai abouché M. Fabry avec eux. Cette noise, dont on fait du bruit, est très-peu de chose : elle se réduit à l’explication de quelques articles de la médiation. Il n’y a pas eu la moindre ombre de tumulte. C’est un procès de famille qui se plaide avec décence. Il n’est point vrai que le parti des citoyens ait mis opposition à l’élection des magistrats, comme l’a mandé M. Fabry, qui était alors peu instruit, et qui l’est mieux aujourd’hui. Les citoyens qui élisent ont seulement demandé de nouveaux candidats. Hennin trouvera peut-être le procès fini, ou le terminera aisément. Mon seul partage, comme je vous l’ai déjà dit1, a été de jeter de l’eau sur les charbons de Jean-Jacques Rousseau.

Ce qui m’a le plus déterminé encore à renvoyer les citoyens à M. Fabry, c’est un énorme soufflet donné en pleine rue à M. le président du Tillet, l’un des malades de M. Tronchin. C’est un homme languissant depuis trois ans, et dans l’état le plus triste. Un citoyen, qui apparemment était ivre, lui a fait cet affront. Le conseil, occupé de ses différends, n’a point pris connaissance de cet excès si punissable 2. Le docteur Tronchin, pour ne pas effaroucher les malades qui viennent de France, a traité le soufflet de maladie légère, et a voulu tout assoupir. Les soufflets dégoûteraient les voyageurs. Voilà pourtant la seconde insulte faite dans Genève à des Français. Le Conseil en pouvait faire justice d’autant plus aisément qu’il a mis aux fers un citoyen pour s’être rendu caution du droit de cité qu’un habitant réclamait sans montrer ses titres.

Il n’y a pas longtemps que M. le prince Camille fut condamné dans Genève à dix louis d’une espèce d’amende, pour avoir voulu séparer un de ses laquais qui se battait avec un citoyen 3. M. Hennin, encouragé par la protection de M. le duc de Praslin, mettra ordre à toutes ces étranges irrégularités. Pour moi, que mon âge et mes maladies retiennent dans la retraite, je fais de loin des vœux pour la concorde publique. J’aime tant la paix, et je l’inspire quelquefois avec tant de bonheur, que mon curé m’a donné un plein désistement du procès pour les dîmes. Ce désistement n’empêchera pas M. le duc de Praslin de persister dans ses bontés et de faire rendre un arrêt du Conseil qui confirmera les droits du pays de Gex et de Genève . Mais à présent des objets plus importants et plus intéressants doivent attirer son attention.

Je vous supplie, mes divins anges, de vouloir bien, quand vous le verrez, l’assurer de ma respectueuse reconnaissance. Le même sentiment m’anime pour vous avec l’amitié la plus tendre.

V. »

1 Voir lettre du 29 novembre 1765 :

2 Il n'en est effectivement pas fait état dans les archives de Genève .

3 Pas de trace non plus dans les archives .