05/07/2020
Vos jeunes attraits, vos œillades Ne me rendront pas mon printemps. Quand on a parcouru dix huit olympiades, L’esprit et son étui sont minés par les ans, On ne fait plus de vers galants
... Dit le décrépit Jean-Claude Gaudin à Michèle Rubirola la plantureuse [sic]*, élue maire de Marseille : https://www.francetvinfo.fr/elections/municipales/recit-m...
* NDLR : James ne peut s'empêcher, une fois de plus , de souligner les contrastes chez nos élu-e-s .
Bon courage dans cette ville de fadas
« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille 1
[Premi]er gentilhomme de S.A.S. Mgr le
Prince de Condé, etc.
à l'hôtel de Condé
à Paris
29è mars 1765 au château de Ferney
par Genève 2
Vous en avez usé avec moi, monsieur, comme une jeune coquette qui se pare de tous ses charmes pour séduire un pauvre vieillard à qui elle donne des désirs inutiles . Vous m'avez cajolé, vous m'avez envoyé de jolis vers ; mais je répondrai à votre muse agaçante :
Vos jeunes attraits, vos œillades
Ne me rendront pas mon printemps.
Quand on a parcouru dix huit olympiades,3
L’esprit et son étui sont minés par les ans,
On ne fait plus de vers galants,
Ou si l'on en veut faire, ils sont durs ou fades .
Des neuf savantes sœurs j'ai force rebuffades,
Du cheval ailé des ruades ,
Et des sourires méprisants
Des belles dames à passades .
Condé même, Condé qui par tant d'estocades
Égala jeune encor les héros du vieux temps,
Et qui dans l'art de vaincre a peu de camarades,
Exciterait en vain mes efforts languissants.
Irai-je répéter dans de froides tirades
Ce qu'on a dit cent fois des illustres parents
Dont la gloire avec lui faisait des accolades
Aux campagnes des Allemands ?
Qu'il soit chanté par vous, par tous vos jeunes gens,
Et non par de vieux malades .
Je m'en tiens donc à vous assurer en prose de toute mon estime et mon respectueux dévouement.
V.
J'ai chez moi un jeune homme infiniment aimable et qui rend justice à ceux qui le p[rotègent ?]4 car il vous est très attaché . C'est M. de Vil[ette]. »
2 L'édition de Kehl est réduite aux vers .
3 V* a changé dix en dix-huit .
4 Le papier est endommagé, ainsi que plus loin .
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04/07/2020
un petit mot de remerciement, dans une lettre chargée à la poste . C'est un usage établi ; moyennant quoi il pourra le consulter sur l'effet de ses remèdes
... Ceci s'adresse bien à Emmanuel Macron et son recours -surement et obligatoirement discret- à son ancien Premier ministre face au nouveau gouvernement qui se pond en ces jours . Bonne couvée ? Après le plumage, on va connaitre le chant de ces oiseaux-là !
Dès que j'ai entendu le nom du nouveau premier ministre, je l'ai directement associé à Surer . Pourquoi , me diront les jeunes générations, et des moins jeunes ? Parce que j'ai été nourri au Castex (Paul ) et Surer (Pierre-Georges), auteurs des Manuels de la littérature française, couvrant tous les siècles du Moyen-Age au XXème siècle , toutes mes années de lycée ( NDLR : en ce temps là, on était lycéen de la 6è à la terminale , et non pas collégien , puis enfin lycéen ). Je me suis régalè à les lire en entier, et pas seulement les parties choisies par les professeurs . Enfin, presque, je butais un peu sur les poèmes .
Jean Castex est-il homme de lettres, ou seulement d'actions ?
« A François de Chennevières
Voici , mon cher confrère, la réponse d'Esculape Tronchin . J'envoie un exprès à la poste de Genève afin que vous l'ayez au plus vite . Si ce chevalier avait instruit M. Tronchin de sa demeure, il aurait été servi plus tôt, mais on a perdu une poste, et il faudra encore que le paquet aille de Paris à Versailles, et de Versailles à Paris . Si M. le chevalier d'Herbain est à son aise, il faudra qu'il envoie un louis ou deux à M. Tronchin en droiture à Genève, avec un petit mot de remerciement, dans une lettre chargée à la poste . C'est un usage établi ; moyennant quoi il pourra le consulter sur l'effet de ses remèdes , et il en recevra en droiture des réponses satisfaisantes .
Avez-vous lu Le Siège de Calais ? Vos yeux ont-ils eu autant de plaisir que vos oreilles ? Mme Denis vous dit des choses très tendres aussi bien qu'à la sœur du pot .
29è mars 1765. »
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03/07/2020
La reine a bu, dit-on , à sa santé, mais ne lui a point donné de quoi boire
... Chère Elisabeth the Second, vous êtes bien dure avec votre petit-fils américain, votre fils Charles the None est désormais obligé de renflouer les caisses de son fils indigne . Haro sur Harry , et ... Megan, of course!
« A Etienne-Noël Damilaville
27è mars 1765
Mon cher frère, je ne sais si vous avez reçu un petit paquet adressé par Lyon à M. Gaudet, avec une seconde enveloppe pour vous . Vous recevrez incessamment un petit ballot pour M. Delahaye 1, fermier général , qui est venu ici mettre sa femme entre les mains de M. Tronchin .
M. d'Argental doit avoir actuellement l’objet de l'inimitié d'Omer . Je ne crois pas qu'il prenne plus de deux ou trois exemplaires pour lui ; tout le reste est pour vous et vos amis . Vous avez dû trouver dans mes paquets fraternels des lettres pour M. de Chimène . En voici encore une que je dois à M. Blin de Sainmore . Voilà un compte fidèle ; parlons à présent d'affaires .
Le mémoire de Sirven que vous devez avoir reçu n'est point à la vérité signé de lui, mais il est écrit de sa main . Il n'y a qu'à renvoyer la dernière page qui est numérotée, je la lui ferai signer à Gex par-devant notaire . Nous verrons s'il y a lieu de demander l'attribution d'un nouveau tribunal . La sentence par contumace qui condamne toute la famille, a été confirmée par le parlement de Toulouse . Il est à présumer que si cette pauvre famille va purger la contumace à Toulouse, elle sera rouée , ou brûlée, ou pendue par provision, sauf à tâcher de les faire réhabiliter au bout de trois années . Je crois qu'il serait bon que vous eussiez la bonté de faire parvenir ma lettre sur les Calas et les Sirven, contresignée, à M. Rousseau, directeur du Journal encyclopédique à Bouillon . Ce Rousseau là n'est pas comme celui de la montagne . Faites-m'en parvenir aussi je vous en supplie, deux exemplaires .
Hélas ! Mon cher frère, ces petites grenades qu’on jette à la tête du monstre, le font reculer pour un moment, mais sa rage en augmente , et il revient sur nous avec plus de furie . Les honnêtes gens nous plaignent quand l'hydre nous attaque, mais ils ne nous défendent pas comme Hercule . Ils disent, pourquoi osaient-ils attaquer l’hydre ?
Je viens de lire Le Siège de Calais ; l'auteur est mon ami ; je suis bien aise du succès inouï de son ouvrage, c'est au temps à le confirmer .
Voici encore une petite lettre pour Mme Calas . Est-ce que je n'aurai pas le plaisir de la féliciter de la pension du roi ? Est-ce que la lettre des maîtres des requêtes aurait été inutile ? La reine a bu, dit-on , à sa santé, mais ne lui a point donné de quoi boire . Gémissons , mon cher ami, et en gémissant écrasons l'infâme . »
1 Ce nom n'apparait pas dans les registres de Tronchin .
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02/07/2020
Je le presserai de me répondre
... dit l'AP-HP à propos du "faux témoignage" de Didier Raoult : https://www.lefigaro.fr/sciences/covid-19-l-ap-hp-accuse-...
« A François de Chennevières, Premier commis
des bureaux de la Guerre etc.
à Versailles
27è mars 1765
J'ai envoyé, mon cher ami, à M. Tronchin votre mémoire . Je demeure à deux lieues de lui ; il est accablé de consultations qui toutes sont chèrement payées, et qui emportent tout son temps . Je le presserai de me répondre, et je vous enverrai son ordonnance, à moins que la personne qui le consulte et dont j'ignore le nom, ne lui ait donné une adresse ; et qu'il ne réponde en droiture ; car on perd une poste , et quelquefois deux lorsqu'il faut envoyer de Genève à Ferney, et de Ferney à Genève .
J'ai lu Le Siège de Calais et je me suis vivement intéressé au succès de l'auteur dont je suis l’ami .
Toute ma petite famille embrasse tendrement la vôtre .
V. »
08:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je m’intéresse à tous vos enfants ainsi qu'à leur respectable mère
...
: la terre ."
« A Anne-Rose Calas
Au château de Ferney par Genève
27è mars 1765 1
J'ai reçu, madame, une lettre de monsieur votre fils Louis Calas . Ne sachant pas sa demeure je vous écris pour le remercier de son attention . Je m’intéresse à tous vos enfants ainsi qu'à leur respectable mère ; et j'espère que la famille sera dorénavant aussi heureuse qu'elle a été infortunée . Vos malheurs et votre vertu vous ont rendue chère au public . Je vous prie de me compter toujours parmi ceux qui vous sont entièrement dévoués .
J'ai l'honneur d'être, madame, votre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire. »
1 Original avec cachet « Genève » passé à la vente Rauch le 29 avril 1957 ; l'édition Gauthier-Villars change à tort l'année en 1763 .
07:57 | Lien permanent | Commentaires (0)
01/07/2020
il est nécessaire que l'humanité combatte le fanatisme . La voix de ce monstre se fait encore entendre
... Sans commentaire , c'est toujours d'actualité .
« A Adrien-Michel- Hyacinthe Blin de Sainmore
rue des Capucins chez monsieur Bordes
Fermier général
à Paris
Vous avez servi, monsieur, la famille des Calas en vers comme M. de Beaumont en prose , c'est-à-dire avec bien de l'éloquence . J'ai en particulier des remerciements à vous faire . Si vous avez lu la lettre que j'ai écrite à M. Damilaville vous verrez combien il est nécessaire que l'humanité combatte le fanatisme . La voix de ce monstre se fait encore entendre . C'est à ceux qui pensent comme vous à l'étouffer . Comptez que je vous suis attaché avec autant d'estime que de reconnaissance .
Voltaire.
27è mars 1765 1»
1 L'édition Ricci est sans date ni signature . A partir de rue, l’adresse est complétée d'une autre main .Voir aussi : https://data.bnf.fr/12207208/adrien-michel-hyacinthe_blin...
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30/06/2020
mais que doit-on en conclure? Vous n'osez le dire, ni moi non plus
...Les Verts, LFI, LR, LREM, RN, j'en passe et des plus mauvais, font leurs comptes et comme d'hab' cocoricotent . C'est reparti pour un tour, on verra à l'usage ce que valent ces élus municipaux .
Il n'est jamais trop tard pour s'instruire !
« A Claude-Nicolas Le Cat, Secrétaire perpétuel de l'Académie de Rouen, etc., à Rouen
26è mars 1765, au château de Ferney
par Genève 1
Je n'ai reçu que depuis peu de jours, monsieur, le livre dont vous avez bien voulu m'honorer 2; le voyageur qui devait me l'apporter il y a longtemps l'avait oublié à Paris . Des fluxions horribles que j'ai sur les yeux ne m'ont pas empêché de le lire ; le plaisir de m'instruire l'a emporté sur les douleurs que je ressens . Je suis menacé depuis deux ans de perdre entièrement la vue, et vous seriez obligé en conscience de me guérir pour réparer le mal que vous m'avez fait en me donnant un plaisir extrême . Je dirai de vous ce que Halley disait de Neuton 3: nec propius fas est mortali attingere divos ? Vous touchez aux premiers principes ; il semble que vous deviniez le secret du créateur .
Je suis d'ailleurs entièrement de votre sentiment sur la sensibilité et l'irritabilité ; mais que doit-on en conclure? Vous n'osez le dire, ni moi non plus . Tout ce que je peux dire hardiment, c'est que je vous regarde non seulement comme un excellent physicien, mais comme un très grand philosophe . Je suis plein de vénération pour votre mérite, et je vous prie de me compter parmi ceux qui vous admirent le plus ?
C'est avec ces sentiments que j'ai l'honneur d'être , monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Edition Amédée Margry : « Un correspondant de Voltaire : le chirurgien Le Cat », dans Comptes rendus et mémoires : Comité archéologique de Senlis […], 1906 /
2 Traité de l'existence, de la nature et des propriétés du fluide des nerfs : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55265915.texteImage
3 Ayant lu les Philosophiae naturalis principia mathematica, de Newton (1687), Edmund Halley a composé, pour mettre en tête de l'ouvrage, des hexamètres dont le premier est en effet Nex fas est propius mortali attingere divos : « Et il n'est pas permis à un mortel d'approcher de plus près les dieux ». Voir : https://todayinsci.com/H/Halley_Edmond/HalleyEdmond-Quotations.htm
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