Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/07/2021

Beaucoup d’artistes et d’ouvriers, des fils de marchands, d’avocats, de procureurs, s’enfuient de tous côtés ; ils vont par bandes dans les pays étrangers. J’ai perdu des artisans qui m’étaient extrêmement nécessaires, et j’en suis fort affligé

... -- XVIIIè siècle ou XXIè ?

-- Les deux mon président !

Pas besoin de virus pour faire s'exiler une partie non négligeable de nos jeunes et de nos ouvriers qualifiés et artisans . Un parti pris pour un enseignement purement intellectuel et théorique aux dépends du manuel, des rémunérations à la traine, une bureaucratie paralysante, des avenirs bornés, et autres joyeusetés ne sont pas faits pour stopper le flux d'une émigration nous privant de talents nécessaires . L'après-pandémie est sans doute trop proche ( NDLR -- James soupçonne ses concitoyens d'être assez raisonnables pour se faire tous vacciner . ) pour inverser tout de suite la courbe  de l'exil ( à propos, j'en ai marre de voir ces reportages uniquement ciblés sur commerciaux , vendeurs de tous poils mis en vedette dans ces foutus émirats qui immanquablement se casseront la g... un jour prochain : qui prend le pari ? Un indice : quand l'eau sera-t-elle plus rare que le pétrole ? ).

 

Rendez-vous de l'Antiquité - Les Métamorphoses d'Apulée (Lyon, 2021) |  éduscol | Ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports  - Direction générale de l'enseignement scolaire

Ô qu'ils sont savants nos enseignants : https://eduscol.education.fr/566/les-rendez-vous-de-l-antiquite-les-metamorphoses-d-apulee

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

1er avril 1766 1

Je crois, mes anges, que le petit ex-jésuite me fera tourner la tête. Il est au désespoir d’avoir choisi un sujet qui n’est pas dans les mœurs présentes ; il dit que ce n’est pas assez de bien faire, et qu’il faut faire au goût du monde. Presque tous ses vers me paraissaient assez bons, mais il n’est pas encore satisfait. Il a donné depuis peu quelques coups de pinceau à son tableau du Caravage : il vous supplie de le lui renvoyer ; il jure qu’il vous le rendra bientôt avec une préface d’un de ses amis, et des notes historiques d’un pédant assez instruit de l’histoire romaine. Cela fera un petit volume qui pourra plaire à quelques gens de lettres. Tout cela sera prêt pour le retour de Roscius Lekain.

Gabriel Cramer avait commencé, sans m’en rien dire, ce recueil eu trois volumes 2, ce qui n’est pas trop bien à lui. Et pourquoi charger encore le public de ces trois boisseaux d’inutilités ? Il avoua enfin ce mystère. Il était tout prêt à imprimer une infinité de rogatons qui ne sont pas de moi ; il a fallu, pour l’en empêcher, lui donner les sottises que j’ai pu trouver sous ma main. Voilà l’histoire de cette plate édition, à laquelle je ne m’intéresse en aucune manière.

M. de Chabanon partit pour Lyon le lendemain de la lettre 3 à laquelle vous me répondez par la vôtre du 26è mars .

J’ai eu l’honneur de recevoir dans mon ermitage celui qui occupe la place que je vous destinais. Je vois bien que cette place devait être remplie par un homme aimable. Il y a deux ans que je ne suis sorti de chez moi ; il y est venu sans façon avec M. de Taulès et M. Hennin ; il s’est accoutumé à moi tout d’un coup . Il a dîné avec autant d’appétit que si ses cuisiniers avaient fait le repas. C’est, ce me semble, un homme très simple et très accommodant ; mais je doute qu’il veuille se charger du droit négatif, qui est le fondement de toutes les querelles de Genève. Au reste, il s’occupe à écouter les deux partis avec l’air de l’impartialité ; ses collègues en font autant, et tous trois sont résolus, si je ne me trompe, à brider un peu le peuple ; mais qui ne faudrait-il pas brider ?

La nouvelle milice excite de grands mécontentements dans toutes les provinces du royaume. Beaucoup d’artistes et d’ouvriers, des fils de marchands, d’avocats, de procureurs, s’enfuient de tous côtés ; ils vont par bandes dans les pays étrangers. J’ai perdu des artisans qui m’étaient extrêmement nécessaires, et j’en suis fort affligé.

Vous voyez que je réponds, mes divins anges, à tous vos articles ; et, afin de ne laisser rien en arrière, j’ai lu les critiques de mon aîné d’Olivet sur Racine 4. Mon aîné est un peu vétillard 5; mais il faut qu’il y ait de ces gens-là dans notre république des lettres. Mon ex-jésuite est à vos pieds, et moi aussi ; nous attendons tous deux la plus voyageuse des tragédies. »

1 L'édition de Kehl, suivie des autres supprime le troisième paragraphe biffé sur la copie Beaumarchais .

4 Remarques sur la grammaire de Racine, 1738, réédité 1766, de l'abbé d'Olivet : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50814w.image

5 Terme attesté dans le dictionnaire d'Oudin dès 1640, quoique par la suite Littré ne cite pas d'exemple de ce mot en dehors de ceux qu'il trouve dans la correspondance de V* en 1766 et en 1768 .

c'est pour votre intérêt comme pour le bien de la chose

... Faites-vous vacciner, bon sang !

https://www.cnews.fr/france/2021-07-04/coronavirus-en-france-le-bilan-de-ce-dimanche-4-juillet-1101776

https://www.letribunaldunet.fr/wp-content/uploads/2021/01/blague-42.jpg

https://www.letribunaldunet.fr/blagues/blague-jour-medeci...

 

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[mars-avril 1766]

Je vous demande en grâce, mon cher Gabriel, de n'imprimer aucune feuille sans que je l'aie revue, c'est pour votre intérêt comme pour le bien de la chose . Il y a quelques corrections et quelques additions à faire, cela demandera très peu de remaniement, et l'ouvrage en vaudra beaucoup mieux .

J'ai besoin du petit livre de la prédiction, et je prie madame Cramer de le renvoyer cacheté chez M. Souchay le plus tôt qu'elle pourra . »

04/07/2021

Nous devons en user à cet égard comme les Anglais par rapport à nos vins, dont ils ne font passer chez eux que les meilleurs. Tâchons de ne tirer de leur sol en tout genre que ce qu’il peut nous offrir de mieux

... Brexit ou pas Brexit, les British sont trop fous pour ne pas avoir quelque chose de bon à en tirer , à nous de faire le meilleur choix.

Etait appelé " British humour" L0L....suite - Cinquantaine-Harmonie

Humour is always good

 

« A Simon-Augustin Irailh 1

A Ferney, 30è mars 1766

Depuis la lettre, monsieur, que vous avez bien voulu m’écrire, du 4 mars, M. Thieriot ne m’a rien envoyé. Je n’ai reçu aucune de ses nouvelles. Il a peu de santé, et c’est l’excuse de son extrême négligence. Si vous êtes dans le dessein de me favoriser du paquet dont vous me flattiez, le moyen le plus court et le plus sûr est de l’envoyer par la diligence de Lyon à M. Souchay, négociant à Genève.

J’espère trouver, dans les Mémoires de miss Honora 2 le plaisir que m’ont fait vos autres ouvrages. Vous m’annoncez cette production comme tirée d’une source anglaise. Nous devons en user à cet égard comme les Anglais par rapport à nos vins, dont ils ne font passer chez eux que les meilleurs. Tâchons de ne tirer de leur sol en tout genre que ce qu’il peut nous offrir de mieux.

Je ne doute point de la bonté du choix que vous aurez fait, du mérite du sujet, et de tout l’intérêt que vous-même aurez répandu dans cet essai. Voulant bien m’en procurer la lecture, vous me fournirez une occasion de plus de m’affermir dans l’estime que j’ai conçue pour vos talents. C’est avec ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Volt. »

03/07/2021

je vous serai attaché toute ma vie, soit que vous donniez des bénéfices à des prêtres, soit que vous les corrigiez de leur impertinence, soit que vous les méprisiez

... Alors à tous les coups, vous gagnez . E viva Voltaire !

 

 

« A Claire-Josephe-Hippolyte Léris de La Tude Clairon

Ferney 30è mars 1766 1

Vous allez être un peu surprise, mademoiselle ; je vous demande une cure. Vous allez croire que c’est la cure de quelque malade pour qui je vous prierais de parler à M. Tronchin, ou la cure de quelque esprit faible que je recommanderais à votre philosophie, ou la cure de quelque pauvre amant à qui vos talents et vos grâces auraient tourné la tête . Rien de tout cela ; c’est une cure de paroisse. Un drôle de corps de prêtre du pays de Henri IV, nommé Doleac 2, demeurant à Paris, sur la paroisse Sainte-Marguerite, meurt d’envie d’être curé du village de Cazaux. M. de Villepinte 3 donne ce bénéfice. Le prêtre a cru que j’avais du crédit auprès de vous, et que vous en aviez bien davantage auprès de M. de Villepinte . Si tout cela est vrai, donnez-vous le plaisir de nommer un curé au pied des Pyrénées, à la requête d’un homme qui vous en prie du pied des Alpes. Souvenez-vous que Molière, l’ennemi des médecins, obtint de Louis XIV un canonicat pour le fils d’un médecin 4.

Les curés qui ont pris la liberté de nous excommunier nous canoniseront quand ils sauront que c’est vous qui donnez des cures. Je voudrais que vous disposassiez de 5 celle de Saint-Sulpice.

Je ne sais pas quand vous remonterez sur le jubé de votre paroisse. Vous devriez choisir, pour votre premier rôle, celui de lire au public la déclaration du roi en faveur des beaux-arts contre les sots ; c’est à vous qu’il appartient de la lire 6.

Adieu, mademoiselle ; je vous supplie de vouloir faire souvenir de moi vos amis, et surtout d’être bien persuadée qu’il n’y en a aucun de plus sensible que moi à tous vos différents mérites; je vous serai attaché toute ma vie, soit que vous donniez des bénéfices à des prêtres, soit que vous les corrigiez de leur impertinence, soit que vous les méprisiez. »

1 Une mauvaise version de cette lettre, et sous la date de 1769, a été imprimée dans l’Almanach littéraire, 1790, page 158. (Beuchot.) .

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9737872r/f172.item

Ici, édition de Kehl , suivant minute avec corrections autographes .

2 Dans un article intitulé « Un curé de Cazaux-Pardiac » paru dans la Revue de Gascogne, avril[janvier ] 1891, Cyprien La Plagne-Barris a établi que son nom est Doliac et non Doleac comme le donne le manuscrit .

Chercher « Pardiac » dans https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5726273p/texteBrut

3 Le marquis de Villepinte est seigneur de Cazaux et doit une forte somme d'argent à Beyrie, trésorier des états de Bigorre, et c'est le candidat de ce dernier, Louis Barris, qui sera nommé curé . Voir page 433 : https://books.google.fr/books?id=lvTy8cg1p50C&pg=PA433&lpg=PA433&dq=marquis+de+Villepinte++seigneur+de+Cazaux&source=bl&ots=JMD7spgt0M&sig=ACfU3U01mPEKGbOjp7SgKjy3z7ANy4lEFw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjvkdqQj8fxAhWHxYUKHbLbALgQ6AEwB3oECAUQAw#v=onepage&q=marquis%20de%20Villepinte%20%20seigneur%20de%20Cazaux&f=false

4 Phrase ajoutée par V* entre les lignes et dans la marge .

5 Les mots disposassiez de sont une correction autographe au texte primitif, donnassiez .

6 M. de Voltaire sollicitait vivement une déclaration du roi qui rendit aux comédiens l’état de citoyen, et qui les affranchit de l’excommunication lancée autrefois contre de vils baladins. Il n’eût pas fallu moins sans doute pour engager Mlle Clairon à remonter sur le théâtre. (Kehl.) — Voir ci-devant les lettres à M. Jabineau du 4 février 1766 et du 1er mars 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/24/et-puis-n-est-il-pas-egalement-defendu-de-forcer-une-femme-a-6317899.html

et : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/06/02/je-vous-demande-en-grace-de-ne-point-fournir-des-armes-a-nos-adversaires.html

Je me connais trop bien pour n’être pas modeste

... C'est dit ! et je reste cependant v.t.h.e.t.o.s .

Cela rend modeste de voyager. On voit quelle petite place on occupe dans le  monde. Gustave Flaubert. | Ma-Citation.com

Dédicace à tous ceux qui sont sur les routes pour ce premier gros départ en vacances

 

 

« A Jacques Lacombe

Au château de Ferney, par Genève, 29è mars 1766 1

Je vous ai plus d’une obligation, monsieur : celle de vos soins, celle de vos présents, et celle de votre préface 2, de laquelle vous me faites un peu rougir, mais dont je ne vous dois pas moins de reconnaissance. Je crois vous avoir déjà dit 3 qu’ayant quitté la profession des Patrus 4 pour celle des Estiennes, vous vous tireriez mieux d’affaire en imprimant vos ouvrages que ceux des autres. Je doute que le petit recueil que vous avez bien voulu faire de tout ce que j’ai dit sur la poésie ait un grand cours ; mais, du moins, ce recueil a le mérite d’être imprimé correctement, mérite qui manque absolument à tout ce qu’on a imprimé de moi.

Au reste, vous me feriez plaisir d’ôter, si vous le pouviez, le titre de Genève ; il semblerait que j’eusse moi-même présidé à cette édition, et que les éloges que vous daignez me donner dans la préface ne sont qu’un effet de mon amour-propre. Je me connais trop bien pour n’être pas modeste ; je ne suis pas moins sensible à toutes les marques d’amitié que vous me donnez ; que ne puis-je être à portée de vous témoigner l’estime, la reconnaissance et l’amitié, avec lesquelles j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1L'édition de Kehl amalgame des fragments de cette lettre et des lettres du 5 avril et du 25 juin 1766, datant le tout du 26 mai 1766 . On donne ici l'édition Cayrol .

2 Celle de Poétique de M . de Voltaire, ou Observations recueillies de ses ouvrages, concernant la versification française [etc.], 1766, ouvrage anonyme : https://numelyo.bm-lyon.fr/f_view/BML:BML_00GOO0100137001100994982

4 Olivier Patru a été un avocat célèbre dont les Plaidoyers ont été publiés en 1670 et suiv. V* possède ses Œuvres diverses, 4è édition, Paris , 1732 : https://www.google.fr/books/edition/Plaidoyers_et_oeuvres_diverses_de/ujl1cKAk40YC?hl=fr&gbpv=1&pg=PP7&printsec=frontcover

ce n’est pas des roués, mais des fous, que je vous entretiendrai aujourd’hui. De quels fous ? m’allez-vous dire

... Ceux qui refusent la vaccination anti-Covid !

Que dire des soignants qui sont dans le camp des opposants ? Pourquoi trouver liberticide l'obligation de se faire vacciner ? Il s'agit de santé publique, tout doit être fait pour éradiquer le virus dans les plus grandes proportions . Qui se souvient de l'obligation faite à tout le personnel médical de se faire vacciner contre l'hépatite B ? Ce qui fut fait sans hurler "la liberté est morte", le sens de la responsabilité étant encore respecté . Autre temps, autres moeurs, on ne demandait pas aux politiciens ni aux syndicalistes d'avoir un pouvoir décisionnaire en matière médicale  .

Le virus ne passera pas par moi !

Pour info :

https://professionnels.vaccination-info-service.fr/Recomm...

Vie De Carabin on Twitter: "Les anti-vaccins 3/3 D'autres BD d'un étudiant  en médecine sur @VieDeCarabin… "

 

Un p'tit coup de gueule de Pierre Perret  ( à réactualiser ) : https://www.youtube.com/watch?v=zA2JjodD6IU

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

29è mars 1766

Mes divins anges, ce n’est pas des roués, mais des fous, que je vous entretiendrai aujourd’hui. De quels fous ? m’allez-vous dire. D’un vieux fou qui est Pierre Corneille, petit-neveu, à la mode de Bretagne, de Pierre Corneille, et non pas de Pierre Corneille auteur de Cinna, mais sûrement de l’auteur de Pertharite, qui n’a pas le sens commun.

Nous avions toujours craint, Mme Denis et moi, sur des notions assez sûres, qu’il ne sût pas gouverner la petite fortune qu’on lui a faite avec assez de peine. Figurez-vous, mes anges, qu’il mande à sa fille qu’elle doit lui envoyer incessamment cinq mille cinq cents livres pour payer ses dettes. M. Dupuits est assurément hors d’état de payer cette somme ; il liquide les affaires de sa famille ; il paye toutes les dettes de son père et de sa mère ; il se conduit en homme très sage, lui qui est à peine majeur ; et notre bonhomme Corneille se conduit comme un mineur. Nous vous demandons bien pardon, mes chers anges, Mme Denis, M. Dupuits, et moi, de vous importuner d’une pareille affaire ; mais à qui nous adresserons-nous, si ce n’est à vous, qui êtes les protecteurs de toute la Corneillerie 1? Non-seulement Pierre a dépensé en superfluité tout l’argent qu’il a retiré des exemplaires du roi, mais il a acheté une maison à Évreux, dont il s’est dégoûté sur-le-champ, et qu’il a revendue à perte. Il m’a paru fort grand seigneur dans le temps qu’il a passé à Ferney ; il ne parlait que de vivre conformément à sa naissance, et de faire enregistrer sa noblesse, sans savoir qu’il descend d’une branche qui n’a jamais été anoblie, et qu’il n’y a plus même de parenté entre sa fille et le grand Corneille. Il n’avait précisément rien quand je mariai sa fille : il a aujourd’hui quatorze cents livres de rente, et les voici bien comptées .

Sur M. Tronchin

600 livres

Pensions des fermiers généraux

400 ''

Sa place à Évreux

160 ''

Sur M. Dupuits

240 ''

Total

1400 livres

 

S’il avait su profiter du produit des exemplaires du roi, il se serait fait encore 500 livres de rente ; il aurait donc été très à son aise, eu égard au triste état dont il sortait.

Comment a-t-il pu faire pour 5 500 livres de dettes sans avoir la moindre ressource pour les payer ? Il a acheté, dit-il, une nouvelle maison à Évreux : qui la payera ? Il faudra bien qu’il la revende à perte, comme il a revendu la première. Il doit à son boulanger deux ou trois années. Vous voyez bien que le bonhomme est un jeune étourdi qui ne sait pas ce que c’est que l’argent, et qui devrait être entièrement gouverné par sa femme, dont l’économie est estimable. On pourra l’aider dans quelques mois ; mais pour les 5,500 livres qu’il demande, il faut qu’il renonce absolument à cette idée, plus chimérique encore que celle de sa noblesse.

Mes anges ne pourraient-ils pas avoir la bonté de l’envoyer chercher, et de lui proposer de se mettre en curatelle sous sa petite femme ? Il se fait payer ses rentes d’avance, dépense tout sans savoir comment, mange à crédit, se vêtit à crédit, et cependant il n’est point interdit encore. Pardon, encore une fois, de ma complainte ; notre petite Dupuits est désespérée ; sa conduite est aussi prudente que celle de son père est insensée. Agésilas, Attila, et Suréna, ne sont pas des pièces plus mal faites que la tête du jeune Pierre.

Respect et tendresse. 

V.»

1 Néologisme amusant du style historiographerie, déjà vu .

02/07/2021

Je ne crois pas que je parvienne jamais à faire établir de mon vivant une tolérance entière en France , mais j’en aurai du moins jeté les premiers fondements

... A lire sans modération : https://societe-voltaire.org/cqv/intolerant.php

"qu’il ne fût jamais permis de tuer personne sans avoir auparavant donné la vie à quelqu’un. Je ne sais rien de plus naturel et de plus juste" : voila une déclaration, d'une grande sécheresse mathématique, raisonnement par l'absurde, qui me laisse pantois, et me laisse supposer ici que Voltaire n'a pas réfléchi autant qu'il en a l'habitude et laisse transparaitre purement sa colère contre les souverains détestables,  assassins par l'intermédiaire de troupes en uniforme .

Dictionnaire de la guerre et de la paix - Frédéric Ramel - Dictionnaires  Quadrige - Format Physique et Numérique | PUF

https://www.puf.com/content/Dictionnaire_de_la_guerre_et_...

 

 

« A James Marriott 1

À Ferney 28è mars 1766 2

Votre lettre, monsieur, est comme vos ouvrages, pleine d’esprit et d’imagination. Je ne crois pas que je parvienne jamais à faire établir de mon vivant une tolérance entière en France , mais j’en aurai du moins jeté les premiers fondements, et il est certain que depuis quelques années, les esprits sont plus heureusement disposés qu’ils n’étaient. La philosophie humaine commence à l’emporter beaucoup sur la superstition barbare.

À l’égard des princes dont vous me parlez, qui souhaitent tant la population, et qui la détruisent par leurs guerres, je voudrais qu’ils fussent condamnés, eux et tous leurs soldats, à engrosser trente ou quarante mille filles avant d’entrer en campagne, et qu’il ne fût jamais permis de tuer personne sans avoir auparavant donné la vie à quelqu’un. Je ne sais rien de plus naturel et de plus juste.

À l’égard de la polygamie, c’est une autre affaire. Votre marchand de volaille était très estimable d’avoir deux femmes, il devait même en avoir davantage, à l’exemple des coqs de sa basse-cour ; mais il n’en est pas de même des autres professions ; votre marchand pondait apparemment sur ses œufs, et tout le monde n’a pas le moyen d’entretenir deux femmes dans sa maison . Cela est bon pour le Grand Turc, les rois d’Israël, et les patriarches . Il n’appartient pas aux citoyens chrétiens d’en faire autant. Je voudrais seulement que chacun de nos prêtres en eût une, et surtout chacun de nos moines, qui passent pour être très capables de rendre à l’État de grands services. Il est plaisant qu’on ait fait une vertu du vice de chasteté ; et voilà encore une drôle de chasteté que celle qui mène tout droit les hommes au péché d’Onan, et les filles aux pâles couleurs !

Si vous voyez milord Schesterfield et milord Littleton, je vous prie, monsieur, de vouloir bien leur présenter mes respects. J’aurais bien voulu vous écrire quelques mots dans votre langue, que j’aimerai toute ma vie, et pour laquelle vous redoublez mon goût ; mais je perds la vue, et je suis obligé de dicter que je suis, avec l’estime la plus respectueuse, monsieur,

votre, etc. »

2 L'édition de Kehl suivant le manuscrit présente le destinataire comme « M. Mariott, à Londres»