11/06/2020
en faveur du prétendu médecin des âmes de qui l'âme n'est qu’une vieille malade
...
Ce n'est plus de la fiction pour bien des addicts du petit écran .
« A Charles Michel, marquis du Plessis-Villette
[vers le 18 mai 1765] 1
Les bontés de monsieur de Villette le séduisent trop en faveur du prétendu médecin des âmes de qui l'âme n'est qu’une vieille malade, mais qui trouve dans celle de monsieur de Villette une santé fleurie . Il prend la liberté de se mettre aux pieds de Mme la comtesse d'Azi et de la remercier de ses générosités pour les Calas . Le neveu pense aussi noblement que la tante , elle est suppliée d’agréer le profond respect de V. »
1 D'après une copie du XIXè siècle ; le copiste travaillant sur l'original note que celui-ci est de la main de Wagnière , sauf la dernière phrase à partir de elle est suppliée … qui est de celle de V*.
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10/06/2020
Il y a longtemps que que n'ai goûté une joie si pure
... Je ne pourrai le dire que lorsque je vous reverrai chère Mam'zelle Wagnière .
« A Théodore Tronchin
[vers le 18 mars 1765]
Mon cher Esculape, voici une lettre de mon philosophe Damilaville . Si vous avez la bonté et le temps de faire un petit mot de réponse, je vous supplierai de me l'adresser . Félicitons-nous tous deux de vivre dans un siècle où il se trouve cinquante maîtres des requêtes qui députent au roi pour le supplier d'abolir à jamais la fête dans laquelle la ville de Toulouse remercie Dieu d'avoir égorgé autrefois trois ou quatre mille de leurs frères . Il y a longtemps que que n'ai goûté une joie si pure . »
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09/06/2020
Si quelque chose avait pu me rendre ma santé et me rajeunir, c'eût été la justice éclatante qu'on vient de rendre
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« A François Tronchin
Conseiller d’État
rue des Chaudronniers
à Genève
[vers le 18 mars 1765]1
Mme Denis, mon cher ami, est encore bien languissante, et moi je le suis davantage . Je pense, sous votre bon plaisir, que jeudi vous sera plus convenable . Si quelque chose avait pu me rendre ma santé et me rajeunir, c'eût été la justice éclatante qu'on vient de rendre à la respectable veuve Calas . J'ai reçu des lettres bien attendrissantes d'elle, de nos avocats, et de tous ceux qui se sont intéressés à une affaire si juste et si importante . La lettre écrite au roi et présentée par le doyen des maîtres des requêtes pour obtenir une pension en faveur des Calas et l'abolition de la détestable fête annuelle de Toulouse est un beau monument . Dieu soit loué ! Je vous embrasse bien tendrement . »
1 La requête en faveur des Calas permet de dater approximativement la lettre, ainsi que la rencontre proposée pour un jeudi, qui aura lieu le 21 . Voir à ce propos aussi les lettres du 21 mars 1765 à Mme Denis, et à François Tronchin .
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08/06/2020
Il n'y a pas, Dieu merci, l'ombre du sens commun dans ce ridicule chiffon
... que sont les déclarations de ce politicard Christian Jacob :
Alors pour se changer les idées, pourquoi ne pas lire "Le Dérangeur" ?
« A Etienne-Noël Damilaville
18 mars 1765 1
Je crois que c'est un prêtre janséniste, mon cher frère, qui est l'auteur d’une des pièces d’éloquence que vous m'avez envoyées ; et je soupçonne non sans raisons le petit abbé d'Estrées, qui ferait bien mieux de servir à boire du vin de champagne comme son père, que de succéder au ministère d'Abraham Chaumeix . Il n'y a pas, Dieu merci, l'ombre du sens commun dans ce ridicule chiffon .
On commence aujourd'hui la destruction du petit théologien . Je voudrais bien savoir quel est ce maraud-là ? »
1La copie contemporaine de Darmstadt B. joint cette lettre à celle du 15 mars 1765 ; voir note : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/09/correspondance-annee-1765-partie-9.html
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07/06/2020
En conscience il est permis de braire ; Mais c’est pécher de mordre et de ruer
...
« A Jean-François Marmontel
A Ferney, 17 Mars [1765]
Mon cher ami, je reconnais votre cœur à la sensibilité que les Calas vous inspirent. Quand j’ai appris le succès, j’ai versé longtemps de ces larmes d’attendrissement et de joie que Mlle Clairon fait répandre. Je la trouve bien heureuse, cette divine Clairon. Non seulement elle est adorée du public, mais encore Fréron se déchaîne, à ce qu’on dit, contre elle 1. Elle obtient toutes les sortes de gloires. L’épigramme qu’on a daigné faire contre ce malheureux est aussi juste que bonne ; elle court le royaume 2. On disait ces jours passés, devant une demoiselle de Lyon, que l’ignorance n’est pas un péché ; elle répondit par ce petit huitain :
On nous écrit que maître Aliboron
Étant requis de faire pénitence :
Est-ce un péché, dit-il, que l’ignorance ?
Un sien confrère aussitôt lui dit : Non ;
On peut très bien, malgré l’An littéraire,
Sauver son âme en se faisant huer ;
En conscience il est permis de braire ;
Mais c’est pécher de mordre et de ruer.
Je trouve maître Aliboron bien honoré qu’on daigne parler de lui ; il ne devait pas s’y attendre. On m’a mandé de Paris qu’il allait être secrétaire des commandements de la reine 3. J’avoue pourtant que je ne le crois pas, quoique la fortune soit assez faite pour les gens de son espèce.
Adieu, mon cher ami ; je vieillis terriblement, je m’affaiblis ; mais l’âge et les maladies n’ont aucun pouvoir sur les sentiments du cœur. Vivez aussi heureux que vous méritez de l’être. Je vous embrasse tendrement. »
1 Voir lettre du 6 mars 1765 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/05/20/il-me-semble-que-bicetre-etait-plus-son-fait-6240105.html
2 Voir : https://books.google.fr/books?id=o8o_AAAAcAAJ&pg=PA446&lpg=PA446&dq=Aliboron+de+la+goutte+attaqu%C3%A9.&source=bl&ots=LTnLUijwJQ&sig=ACfU3U2bDhjWRgB-cnaKjSt-dLTp2tC4aw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjLpZyEiu_pAhVJ1BoKHWjGCtIQ6AEwAHoECAQQAQ#v=onepage&q=Aliboron%20de%20la%20goutte%20attaqu%C3%A9.&f=false
3 Fausse nouvelle .
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malheureusement parmi nous, l'éloquence, la connaissance des lois, la protection donnée à l'innocence ne fait pas des sénateurs
... C'est vrai .
« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont
Vous commencez, monsieur, votre carrière comme Cicéron ; mais malheureusement parmi nous, l'éloquence, la connaissance des lois, la protection donnée à l'innocence ne fait pas des sénateurs et des consuls . Vous n'aurez peut-être que de la gloire, mais vous l'aurez bien pure et bien éclatante .
J'aurai donc l'honneur, puisque vous le permettez, de vous envoyer dans quelques jours le mémoire de Sirven . Vous verrez qu'il est possible qu'on puisse rendre justice à cette famille infortunée, sans qu’elle purge sa contumace, et si on peut lui donner d'autres juges que ses bourreaux .
Je n'ai jamais eu le bonheur de vous voir mais je vous aime comme si je vous avais vu bien souvent ; je vous révère comme vous le méritez, mes sentiments sont au-dessus du très humble et très obéissant serviteur
V.
17è mars 1765 à Ferney.»
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06/06/2020
je tremble que vous ne soyez malade en dépit de la consultation
... M. / Mme le professeur, aussi, n'enverrai-je pas mon enfant en cours avant la rentrée de septembre 2020 , telle est le prétexte des parents anxieux . A juste titre ?
Ont-ils la logique de porter un masque hors de chez eux ? ne pas se retrouver en troupeau ? Je crains bien que non , il y a des parsecs entre ce qu'on dit et ce qu'on fait en France ( NDLR : James se cantonne au seul pays qu'il connaisse un peu ).
« A Etienne-Noël Damilaville
17è mars 1765
Mon cher frère, vous devez avoir reçu la consultation de Tronchin ; mais je tremble que vous ne soyez malade en dépit de la consultation. Je fais des vœux à l’Etre des êtres pour votre santé. Félicitons-nous tous deux de la justice rendue aux Calas, et du triomphe de la raison sur le fanatisme . J’ai cent lettres à répondre ; en voici une pour M. de Beaumont, et une pour madame Calas ; une que je vous supplie aussi de vouloir bien faire tenir par la petite poste, pour M. de Chimène 1.
On est enivré à Genève, comme à Paris, du gain de notre procès. Voilà un beau moment dans les fastes de la raison, qui ne sont pas le plus gros livre que nous ayons. Ma santé s’affaiblit beaucoup ; mais mon tendre attachement pour vous se fortifie tous les jours. Ma lettre est écourtée, mes sentiments ne le 2 sont pas.
Ecr. l’inf., mon cher frère, écr. l’inf., et dites à frère Protagoras : écr. l’inf. le matin et écr. l’inf. le soir. »
1 Lettre non connue .
2 Correction du texte de Besterman qui omet le, disparu par saut du même au même .
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