30/05/2024
Croyez-vous que Moustapha l’imbécile déclare la guerre
... Oui ! On ne compte plus les Moustapha va-en-guerre dans ce Moyen-Orient et cet Orient qui menacent le monde d'embrasement . Ils ont pour modèle ce Poutine qui rêve d'empire et ne craint pas de tuer une population pour avoir son territoire . Ajoutons à ce scénario catastrophe un Neanyahou jusqu'au-boutiste et un Hamas dégueulasse . Pour ne citer que le minimum . Sale temps pour la planète .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
18 novembre 1768
Mes anges avaient très grande raison de s’endormir, comme au sermon, aux deux premières scènes du cinquième acte des Guèbres ; le diable qui affligeait alors le petit possédé était un diable très soporatif 1, un diable froid, un diable à la mode. Ces scènes n’étaient que des jérémiades où l’on ne faisait que répéter ce qui s’était passé, et ce que le spectateur savait déjà. Il faut toujours, dans une tragédie, que l’on craigne, qu’on espère à chaque scène ; il faut quelque petit incident nouveau qui augmente ce trouble ; on doit faire naître à chaque moment, dans l’âme du lecteur, une curiosité inquiète. Le possédé était si rempli de l’idée de la dernière scène, quand il brocha cette besogne, qu’il allait à bride abattue dans le commencement de l’acte, pour arriver à ce dénoûment, qui était son unique objet.
À peine eut-il lu la lettre céleste des anges qu’il refit sur-le-champ les trois premières scènes qu’il vous envoie. Il ne s’en est pas tenu là ; il a fait, au IVè acte, des changements pareils : il polit tout l’ouvrage. Ce n’est plus le seul Arzémon qui tue le prêtre, c’est toute la troupe honnête qui le perce de coups. Il n’y a pas une seule de vos critiques à laquelle votre exorcisé ne se soit rendu avec autant d’empressement que de reconnaissance. Le diable de la Chose impossible 2 n’était pas plus docile.
À l’égard des adoucissements sur la prêtraille, c’est là véritablement la chose impossible, qui est au-dessus des talents du diable. La pièce n’est fondée que sur l’horreur que la prêtraille inspire ; mais c’est une prêtraille païenne. Mahomet a bien passé, pourquoi les Guèbres ne passeraient-ils pas ? Si on craint les allusions, il y en avait cent fois plus dans le Tartuffe.
Trouveriez-vous à propos que Marin montrât la pièce au chancelier 3, ou plutôt que quelqu’un de ses amis la lui confiât comme un ouvrage posthume de feu La Touche, auteur de l’Iphigènie en Tauride ? Un homme fraîchement sorti du Parlement ne s’effrayera pas de l’humiliation des prêtres. Il m’a écrit une lettre charmante sur le Siècle de Louis XIV 4.
À l’égard des acteurs, j’oserais presque dire que la pièce n’en a pas besoin . C’est une tragédie qu’il faut plutôt parler que déclamer. Les situations y feraient tout, les comédiens peu de chose ; et le sujet est si piquant, si intéressant, si neuf, si conforme à l’esprit philosophique du temps, que la pièce aurait peut-être le succès du Siège de Calais, et du Catilina de Crébillon, quoique ces deux pièces soient inimitables.
Il y a plus encore : c’est que cette tragédie pourrait faire du bien à la nation . Elle contribuera peut-être à éteindre la flamme où le chevalier de La Barre a péri, à la honte éternelle de ce siècle infâme.
Si on ne peut jouer les Guèbres, il se trouvera un éditeur qui la fera imprimer avec une préface sage 5, dans laquelle on ira au-devant de toutes les allusions malignes. Un jour viendra que les Welches seront assez sages pour jouer les Guèbres. C’est dans cette douce espérance que je me mets à l’ombre de vos ailes avec toute la tendresse imaginable.
Est-ce Villars qu’on appelle aujourd’hui Praslin ? ou est-ce Praslin auprès de Châlons ?
Croyez-vous que Moustapha l’imbécile 6 déclare la guerre à ma Catau-Sémiramis ? Ne pensez-vous pas que le pape aide sous main les Corses ? Si vous ne faites pas rentrer l’infant dans Castro 7, je vous coupe une aile.
Et du blé, en aurez-vous ? Je vous avertis que j’ai été obligé de semer trois fois le même champ. L’Évangile ne sait ce qu’il dit quand il prétend que ce blé doit pourrir pour germer 8 ; les pluies avaient pourri mes semences, et, malgré l’Évangile, je n’aurais pas eu un épi. Je suis un rude laboureur.
V. »
1 Les exemples donnés par Littré montrent que V*a dû contribuer à répandre l'emploi figuré de ce mot, qui n'était jusque-là à peu près qu'un terme de médecine ; soporifique était un terme employé dans le même sens par les médecins.
2 Tiré d’un conte de La Fontaine « La Chose impossible » : https://www.museejeandelafontaine.fr/?CHOSE-LA-IMPOSSIBLE&lang=fr
3 Maupéou.
4 La lettre de Maupéou à V* est conservée et est en effet aimable .
5 Cette préface n’était pas encore composée, à ce qu’il paraît ; mais ce fut dans les mêmes idées que Voltaire composa celle-ci : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome6.djvu/499
6 Le sultan Moustapha III (28 janvier 1717 – 21 janvier 1774) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_souverains_ottomans . L’Empire ottoman déclara la guerre à la Russie le 6 octobre 1768 : https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2022/04/23/la-guerre-russo-turque-de-1768-a-1774/
7 Voir la lettre du 3 décembre 1768 à Schouvalov : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-annee-1768-partie-33.html
8 C'est le fameux « si le grain ne meurt » : Jean. Xii, 24 https://saintebible.com/john/12-24.htm
et Paul, Ier aux Corinth., xv, 30 https://www.bing.com/videos/riverview/relatedvideo?q=Paul%2c%c2%a0Ier%c2%a0aux+Corinth.%2c%c2%a0xv%2c+30.&mid=F180D7130469D5BFDFC9F180D7130469D5BFDFC9&FORM=VIRE
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29/05/2024
les choses sont entièrement égales des deux côtés : il est vrai que votre savant est bien plus savant que notre savant, mais, en récompense, notre ignorant est bien plus ignorant que votre ignorant
... Constat après le débat Attal-Bardella ? Ou pronostic sur la possible ( et inutile ) confrontation Macron-Le Pen ? Il semblerait bien que tous les partis aient leurs doses d'ignorants en grandes quantités, suiveurs d'un éventuel "savant" sachant ou prétendu tel .
Trente-huit listes, on n'a que l'embarras du choix ( surtout l'embarras ! ) : https://www.touteleurope.eu/institutions/elections-europeennes-2024-voici-les-candidats-tetes-de-liste-en-france/
On a là une superbe brochette de ce que la démocratie peu offrir de croquignolet en manière d'élections , la réalité dépasse la fiction, le ridicule ne tue toujours pas .
Oh ! que de célèbres inconnus ! et qui le resteront , heureusement .
Ô que de célébrités ! et qui ne resteront pas, heureusement .
« A George Colman, Directeur 1
des spectacles, etc.
à Londres
Au château de Ferney par Genève 14è novembre 1768 2
Si je pouvais écrire de ma main, monsieur, je prendrais la liberté de vous remercier en anglais du présent que vous me faites de vos charmantes comédies 3; et, si j’étais jeune, je viendrais les voir jouer à Londres.
Vous avez furieusement embelli L’Écossaise, que vous avez donnée sous le nom de Fréeport, qui est en effet le meilleur personnage de la pièce. Vous avez fait ce que je n’ai osé faire ; vous punissez votre Fréron à la fin de la comédie. J’avais quelque répugnance à faire paraître plus longtemps ce polisson sur le théâtre ; mais vous êtes un meilleur shérif que moi, vous voulez que justice soit rendue, et vous avez raison.
Lorsque je m’amusai à composer cette petite comédie, pour la faire représenter sur mon théâtre, à Ferney, notre société d’acteurs et d’actrices me conseilla de mettre ce Fréron sur la scène, comme un personnage dont il n’y avait point encore d’exemple. Je ne le connais point, je ne l’ai jamais vu ; mais on m’a dit que je l’avais peint trait pour trait.
Lorsqu’on joua, depuis, cette pièce à Paris, ce croquant était à la première représentation. Il fut reconnu dès les premières lignes ; on ne cessa de battre des mains, de le huer, et de le bafouer ; et tout le public, à la fin de la pièce, le reconduisit hors de la salle avec des éclats de rire. Il a eu l’avantage d’être joué et berné sur tous les théâtres de l’Europe, depuis Pétersbourg jusqu’à Bruxelles. Il est bon de nettoyer quelquefois le temple des Muses de ses araignées. Il me paraît que vous avez aussi vos Frérons à Londres, mais ils ne sont pas si plats que les nôtres 4.
Continuez, monsieur, à enrichir le public de vos très agréables ouvrages.
J’ai l’honneur d’être, avec toute l’estime que vous méritez,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire
de la chambre du roi. »
2 Original signé, mention « Franco Engen », cachet comportant 4te L [ ?] sur 26, le tout dans un cercle ; minute en partie autographe ; édition Kehl.
3 En 1768, les pièces de Colman publiées étaient celles-ci : Polly Honeycombe, 1760 ; The Jealous Wife, 1761 ; The musical Lady, 1762 ; The Deuce is in Him, 1763 ; The Candestine Marriage, 1766 ; The English Merchant, tiré de L'Ecossaise, que V* possède ; c'est cette dernière pièce qui fait l'objet de la lettre .
4 Sur la minute, V* a porté de sa main le passage suivant qui fut omis quand la lettre fut recopiée et qui doit donc être considéré comme en faisant partie : « Au temps du Colloque de Poissy, un bon catholique écrivait à un bon protestant : « Monsieur, les choses sont entièrement égales des deux côtés : il est vrai que votre savant est bien plus savant que notre savant, mais, en récompense, notre ignorant est bien plus ignorant que votre ignorant. » On sait que le colloque de Poissy a été tenu en 1561 dans l'espoir de réconcilier les protestants et les catholiques de France .
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28/05/2024
Ces barbares méritent d’être punis, par une héroïne, du peu d’attention qu’ils ont eu jusqu’ici pour les dames. Il est clair que des gens qui négligent tous les beaux-arts, et qui enferment les femmes, méritent d’être exterminés
... Ce programme voltairien très radical a cependant le mérite de montrer que tous les barbus intégristes musulmans seront défaits par UNE FEMME, LA FEMME , et le plus tôt sera le mieux . Leur lâcheté est telle que personne, sauf un Poutine à leur égal, ne peut être de leur côté : https://voi.id/fr/berita/384791
J'ai hâte de voir se réaliser le voeu du Patriarche .
« A Catherine II, impératrice de Russie
À Ferney, 15 novembre 1768
Madame,
J’eus l’honneur de dépêcher à Votre Majesté impériale, le 15 mars dernier, à l’adresse du sieur B. Maistre, à Hambourg, un assez gros ballot, marqué I.D.R., No 1 1.
Votre Majesté a des affaires un peu plus importantes que celles de ce ballot. D’un côté elle force les Polonais à être tolérants et heureux, en dépit du nonce du pape 2 ; et de l’autre elle paraît avoir à faire aux musulmans, malgré Mahomet. S’ils vous font la guerre, madame, il pourra bien leur arriver ce que Pierre le Grand avait eu autrefois en vue, c’était de faire de Constantinople la capitale de l’empire russe. Ces barbares méritent d’être punis, par une héroïne, du peu d’attention qu’ils ont eu jusqu’ici pour les dames. Il est clair que des gens qui négligent tous les beaux-arts, et qui enferment les femmes, méritent d’être exterminés. J’espère tout de votre génie et de votre destinée. Moustapha ne doit pas tenir contre Catherine. On dit que Moustapha n’a point d’esprit, qu’il n’aime point les vers, qu’il n’a jamais été à la comédie, et qu’il n’entend point le français . Il sera battu sur ma parole. Je demande à Votre Majesté impériale la permission de venir me mettre à ses pieds, et de passer quelques jours à sa cour dès qu’elle sera établie à Constantinople . Je pense très sérieusement que si jamais les Turcs doivent être chassés de l’Europe, ce sera par les Russes 3. L’envie de vous plaire les rendra invincibles.
Que Votre Majesté daigne agréer les souhaits et le profond respect de votre admirateur, de votre très zélé, très ardent serviteur.
Voltaire. »
1 Voir lettre du 29 janvier 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/08/30/elle-assemblerait-dans-sa-grand-salle-des-idolatres-des-musu-6458918.html
2 Angelo Mario Durini,nonce du pape en Pologne de 1767 à 1772 en remplacement de Eugenio Viconti ; il a tenté d'aider les Polonais à maintenir leur indépendance.
3 On ne peut pas reprocher à V* de manquer de clairvoyance ; la seule question est de savoir ce qu'il pourrait penser de la perspective d'une réalisation effective de sa prophétie, à l'heure où celle-ci ne paraît plus invraisemblable ( note de de Frédéric Delofffre 1985 ).
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27/05/2024
On s’empresse de tous côtés à m’apprendre des particularités bien honorables pour la nation ; mais on s’y est pris trop tard
... Constat d'un électeur lambda à la veille de voter pour les Européennes . Encore une fois la seule solution raisonnable est de ne pas donner sa voix à quelque parti d'extrême, que ce soit de droite ou de gauche, qui n'ont de "programme" que d'être "contre" tous les autres et parlementaires européens pour renflouer les caisses de leur partis et leurs poches .
Chère, trop chère Marine, Jordan, trop poli pour être honnête , que dites-vous de ceci : https://www.ladepeche.fr/2024/05/19/le-proces-des-assistants-parlementaires-europeens-attend-le-rn-a-la-rentree-11957914.php
« A Louis Phélypeaux, comte de Saint-Florentin
14è novembre 1768 à Ferney
Monseigneur,
Quoique l’âge de soixante-quinze ans et la faiblesse attachée à de longues maladies puissent me faire soupçonner de radoter, ce n’est pourtant pas moi qui ai placé à la dernière paix une addition qui était faite pour la paix de 1747. C’est une bévue de l’éditeur, dont je me suis aperçu trop tard, et que je vous supplie de vouloir bien faire réparer dans votre exemplaire. Votre bibliothécaire pourra très bien insérer au quatrième tome le carton ci-joint.
Je suis persuadé que, si vous jetez les yeux sur le troisième volume, à la page 282, ce que je dis de feu M. le comte de Plélo vous attendrira 1.
C’est ici la neuvième édition qu’on a faite dans l’Europe du Siècle de Louis XIV et du Précis du siècle où nous sommes 2.
On s’empresse de tous côtés à m’apprendre des particularités bien honorables pour la nation ; mais on s’y est pris trop tard. Je serai obligé de faire un supplément, et je compte même faire encore quelques corrections avant que l’ouvrage puisse être présenté au roi. J’ai tâché d’élever à l’honneur de ma patrie un monument que vous puissiez approuver et protéger. Je n’ai rien épargné pour m’instruire, et je crois avoir dit l’exacte vérité, avec la bienséance que des temps si récents exigent.
Je n’ai aspiré, monseigneur, à d’autre récompense d’un travail si long et si pénible que celle d’obtenir votre suffrage et vos bontés, qui seront la plus chère consolation de ma vieillesse.
J’ai l’honneur d’être, avec respect et reconnaissance,
monseigneur. »
1 Louis-Robert-Hippolyte de Bréhant, comte de Plélo a été ambassadeur de France auprès du roi de Danemark ; il est mort en 1734 en combattant pour le roi Stanislas Leszczynski près de tomber entre les mains des Russes.; voir le début du chapitre IV du Précis du siècle de Louis XV : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_4
et voir : Edmé-Jacques-Benoit Rathery, Le comte de Plélo, 1876, chap. XVII-XVIII : https://data.bnf.fr/fr/12510932/edme-jacques-benoit_rathery/fr.pd
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6457101g/f9.item.texteImage
2 Le calcul des éditions par V* est très approximatif . On peut estimer à une vingtaine le nombre des éditions en français et à une douzaine le nombre des traductions publiées jusqu'à 1768.
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26/05/2024
à Paris, comme à Toulouse, tout n’est pas encore éclairé
... 19H 10 ...
A Paris , c'est la faute à Benzema qui se souvient de son passage à l'OL et qui crie à ses anciens partenaires "Eteignez-les" : https://www.lequipe.fr/Football/Actualites/Karim-benzema-...
A Toulouse, par contre, on n'est pas près du couvre-feu après la victoire des Rouge et Noir contre Leinster par 31-22 : https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&...
PS -- Dimanche 26/5 : Décidément les supporters du foot sont les meilleurs candidats pour remporter la médaille d'or de la connerie ! https://www.lefigaro.fr/sports/football/coupe-de-france/incidents-avant-ol-psg-le-collectif-ultras-paris-incrimine-les-supporters-lyonnais-et-plaide-la-defense-20240525
« A l'abbé Joseph Audra 1
Baron de Saint-Just à Toulouse
Le 14 de novembre 1768 2
Votre souvenir m’enchante, monsieur ; votre lettre du 2 novembre m’a fait oublier ma vieillesse et ma maladie. On a dépêché sur-le-champ, selon vos ordres, un assez gros paquet à M. Audra de Maljulien ; il a été adressé à M. Tabareau, qui sans doute le lui fera remettre. Vous ne doutez pas de la promptitude avec laquelle j’aime à obéir à vos ordres. Je suis persuadé que vous aurez bonne part à la conversion des esprits toulousains. Vous êtes un bon missionnaire ; vous avez développé dans eux le germe de raison que l’on avait voulu étouffer trop longtemps.
Je vous supplie, monsieur, de me rendre un petit service dans le pays où vous êtes. Il y a quelques mois que j’ai reçu plusieurs lettres signées le marquis de Bélestat. Ces lettres me semblaient être d’un homme qui me demandait des avis sur ses ouvrages, et, entre autres, sur un Éloge de Clémence Isaure. On m’a averti depuis ce temps qu’il n’y a point de jeune marquis de Bélestat, et qu’on a pris ce nom pour m’en imposer. Il demeurait, disait-il, tantôt à Montpellier, tantôt a Toulouse, et tantôt dans ses terres. Il est très intéressant pour moi, et pour des personnes assurément plus considérables, qu’on soit informé s’il y a en effet un jeune marquis de Bélestat en Languedoc.
J’entretiens toujours une petite correspondance avec votre digne ami M. l’abbé Morellet, et j’y mets les ménagements nécessaires , car à Paris, comme à Toulouse, tout n’est pas encore éclairé.
On ne peut, monsieur, vous être plus tendrement dévoué que votre très humble et très obéissant serviteur
V. »
2 Copie contemporaine ; édition Cayrol légèrement inexacte sur quelques points .
Voir note 1 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome46.djvu/245
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Je crois que vous me prenez pour un abbé allemand, ou pour l’abbé de Saint-Gal en Suisse, à l’énorme quantité de vin que vous m’envoyez
...Abbé ou pas abbé, on consomme du blanc, du rouge, du rosé avec ou sans bulles, sous toutes les latitudes, et les consommateurs français font encore honneur [sic] à l'un de leurs meilleurs produits . Mais bien trop de vignerons se plaignent de la baisse de consommation, alors que dans le même temps ils prônent le consommer local ( chèrement vendu ), et exportent l'essentiel de leur production ; voir : https://www.intervin.fr/etudes-et-economie-de-la-filiere/...
Hips !
« A János Fékété, comte de Galánta
14 novembre 1768 1
Monsieur,
Ces deux petites pièces m’étant tombées entre les mains, j’ai cru en devoir faire part à celui qui s’amuse quelquefois à en faire de meilleures. Il y a eu peut-être un M. de Saint-Didier 2 et un abbé Caille 3 ; mais je vous suis plus attaché que tous les abbés du monde. Je crois que vous me prenez pour un abbé allemand, ou pour l’abbé de Saint-Gal en Suisse, à l’énorme quantité de vin que vous m’envoyez.
Vous me faites trop d’honneur, et vous avez trop de bonté pour un vieillard forcé à être sobre ; si j’étais jeune, je viendrais vous faire ma cour, et boire avec vous votre bon vin ; mais je ne boirai bientôt que de l’eau du Styx. Agréez, monsieur, mes remerciements et mes sentiments respectueux. »
1 Copie du XIXè siècle ; c'est l 'édition Fekete, source du manuscrit, qui en conséquence a été suivie .
2 Nom sous lequel Voltaire a publié sa satire intitulée Le Marseillois et le lion ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome10.djvu/150
3 Voltaire a mis ce nom à ses Trois Empereurs en Sorbonne : voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome10.djvu/159
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25/05/2024
dès qu’il s’agit de rendre service, il faut songer que la vie est courte, et qu’il n’y a pas un moment à perdre
... Comment ne pas aimer cet homme fraternel ! De nos jours l'abbé Pierre a joint le geste à cette parole . Nos politiques ne savent que brasser du vent pour gagner un pouvoir inutile sinon malfaisant , a minima toujours en retard .
« A Jacob Vernes
Au château de Ferney ce 13 novembre 1768 1
J’ai tout juste fait avec vous, mon cher philosophe, comme on faisait autrefois avec les théologiens vos devanciers ; on les croyait plus qu’on ne se croyait soi-même. J’avais beau être persuadé que M. le chevalier de Beauteville était en Suisse ; vous m’assurâtes si positivement qu’il était à Saint-Omer, que c’est à Saint-Omer que j’ai adressé ma lettre 2. Elle partit dès le lendemain de votre visite, car, dès qu’il s’agit de rendre service, il faut songer que la vie est courte, et qu’il n’y a pas un moment à perdre. Cependant nous avons perdu trois semaines au moins, grâce à la foi implicite que j’ai eue en vous . On vous avait trompé de même sur les quatre cents hommes pris en débarquant en Corse ; c’est bien, par tous les diables, au beau milieu de la terre ferme qu’ils ont été déconfits ; vous avez mis ma foi à de rudes épreuves ; cependant j’aurai toujours foi en vous, je veux dire en votre caractère de franchise et de droiture, et en votre esprit plein de grâces. Si Athanase vous avait ressemblé, nous ne serions pas où nous en sommes.
Sur ce, je vous donne ma bénédiction et reçois la vôtre.
V. »
1 Copie contemporaine ; édition Kehl ajoute en poste scriptum la lettre du 4 janvier 1768 à Moultou : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/07/29/tu-dieu-quel-homme-6454486.html
2 Lettre du 4 novembre 1768 à Beauteville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/05/15/une-dame-fort-jolie-et-fort-affligee-est-venue-chez-moi-je-n-6498360.html
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