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06/05/2024

Cela est effroyable

... Ce satané Netanyahou applique à la lettre un précepte de Machiavel :" il ne faut pas faire à demi les choses violentes ."  Jusqu'où ira-t-il ? Jusqu'où ira le Hamas ?

Jusqu'à quand appliquera-t-il cette variante de la loi du talion vulgaire " Pour un oeil , les deux yeux, et pour une dent, toute la gueule ! " On croirait revivre ces récits bibliques où les hommes , au nom de Dieu, massacrent leurs ennemis , hommes, femmes, enfants, bétail, par dizaines de milliers . Bien minable dieu que celui qu'ils disent  les inspirer , alors que , en réalité, ce n'est que pour avoir la terre et ses revenus qu'ils se battent des deux côtés . Qui supportera de voir tuer des innocents aux mains nues sans avoir envie de vengeance ?

Israël n'abuse plus ! Hamas soumets-toi !

https://www.la-croix.com/international/guerre-israel-hamas-jour-213-attaque-bande-gaza-otages-liban-resume-20240506

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Qui pourra oublier ces horreurs ?

 

 

« A Marie-Louise Denis

rue Bergère, vis-à-vis l'hôtel des

Menus

à Paris

26 octobre [1768]1

Je reçois la lettre de ma chère nièce du 11 . Je ne sais pas pourquoi M. de Béthisy 2 exalte tant ma bonne santé . Il ne m'a jamais vu qu'en bonnet de nuit, et je ne suis pas sorti du château depuis que vous en êtes partie . On me disait mort à Fontainebleau . Ma bonne santé et ma mort 3 sont également fausses .

Si j'avais encore un peu de forces, je prendrais mes mesures pour aller vivre ailleurs . Il règne ici une maladie horrible qui désole la moitié du village et du pays de Gex . C'est une mélange d'écrouelles et de lèpre ; ceux qui en sont attaqués ont la mauvaise honte de ne se montrer à aucun médecin, à aucun chirurgien . Les troupes qu'on nous a envoyées ont ajouté la vérole à ces deux horreurs, et ont fait gémir le malheureux paysan qui est ruiné .

La maladie des coquins dont vous me parlez n'est pas moins incurable . L'Homme aux quarante écus est un ouvrage sage et utile qui a plu au ministère et surtout à M. Bertin 4, mais on dit qu'on y combat le sentiment d'un conseiller au Parlement . Cela est effroyable .

Le Siècle de Louis XIV part aujourd'hui pour Paris . Vous le recevrez bien tard, et encore faudra-t-il s'adresser à la chambre syndicale .

Je ne pouvais m'empêcher de prévenir le président Hérault, l'article où il est jugé et condamné est très bien fait . On me l'attribuait . J’ai dû me justifier . Son amour-propre est cruellement blessé . Il affecte de l’indifférence, et il est percé au fond du cœur . Ce scélérat de La Beaumelle a fait imprimer cette satire sous le nom du marquis de Bélestat, jeune home du Languedoc de beaucoup d'esprit et de mœurs charmantes . C'est Chirol 5, l'homme de Cramer, qui a imprimé l'ouvrage . La Beaumelle est un ignorant audacieux qui écrit quelquefois des morceaux pleins de chaleur et de force .

Je m'intéresse davantage aux Guèbres de Linant, et non moins aux Scythes que Lekain devrait bien rejouer . Il me doit à ce qu'il me semble cette justice .

C'est Jacob Tronchin qui a été dire que j'avais fait une tragédie 6. Ce bavard de Cramer l'avait imaginé parce qu'il avait vu des vers sur ma table . Il a fait vraiment bien d'autres indiscrétions . Mais il a parlé en l'air, et j'ai lavé la tête à Jacob ; ainsi que la tête chauve et poudrée de Gabriel . J’aime la vôtre, j'aime votre cœur . Je vous embrasse tendrement . Me voilà las d'écrire de ma main mais non pas de m’entretenir avec vous . Embrassez pour moi les deux enfants . M. Dupuits doit avoir reçu à Hornoy un gros paquet par M. de Courcelles . Vous savez notre dernière déconfiture en Corse .7 »

1 L'année a été ajoutée par Mme Denis .

2 Eugène-Eustache Béthisy de Mézières, nommé le comte de Béthisy, colonel du régiment de Cambrésis, stationné à Gex : https://fr.wikipedia.org/wiki/Eustache_de_B%C3%A9thisy#Mariage_et_descendance

3 Celle-ci a été annoncée à la cour le 10 octobre ; voir les Mémoires secrets de Bachaumont à la date du 14 octobre . Voir page 344 : Extrait d’une lettre de Fontainebleau, du 10 octobre : https://fr.wikisource.org/wiki/M%C3%A9moires_secrets_de_Bachaumont,_Tome_Deuxi%C3%A8me_(1766-1769)#cite_ref-398

4 Bertin était devenu secrétaire d’État ;

5 L'ouvrage porte la marque de Philibert, mais celui-ci était étroitement associé à Chirol à l'époque .

6 On se souvient que Jacob Tronchin était alors à Paris .

7 Voir lettre du 26 octobre à Tabareau et Vasselier : prise de Borgo par les Corses .

la bienveillance que l'Europe a pour nous mérite assurément confirmation

... Surtout après la visite du chef de 1 425 254 283 Chinois (à ce jour, près de 18% de la population mondiale ) : Xi Jinping ( ça me rappelle chi-fou-mi ! ) .

Pour tous ceux qui se demandent où en sont nos pays amis et pays adversaires et concurrents, voir d'abord le compteur de la population mondiale, ça semble inconcevable :  https://www.worldometers.info/watch/world-population/regi...

et voir : https://www.worldometers.info/ , ce qui dépasse l'imagination !

Voir entre autres, dans ce qui est loin d'un poétique inventaire à la Prévert, le cours des dépenses militaires par rapport à celles pour la santé : infernal !

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« A François de Caire

Ingénieur en chef, etc.

à Versoix

Le malade de Ferney présente ses respects à monsieur et madame de Caire . Il remercie monsieur de Caire de ses nouvelles, il pense absolument comme lui . Machiavel a raison de dire qu'il ne faut pas faire à demi les choses violentes . Les Genevois disent que les Anglais ont coulé à fond les vaisseaux qui portaient nos troupes de renfort . Mais cette nouvelle qui paraît dictée par la bienveillance que l'Europe a pour nous mérite assurément confirmation .

25è octobre 1768. »

05/05/2024

la Riforma d’Italia  a beaucoup de réputation en Europe, et fait espérer de très grands changements

... N'exagérons pas, ces "changements" n'ont de grand que leur publicité, il s'agit d'un accord migratoire Italie-Albanie qui prend effet en ce mois de  mai (et avec des mais, beaucoup de mais ) et de "réputation" mauvaise  au Conseil de l'Europe : https://www.euractiv.fr/section/international/news/accord...

Aux homme d'affaire peu sentimentaux et qui veulent faire des placements en Albanie, les appels d'offres sont lancés , l'assistance aux personnes est un business qui peut être juteux, les ripoux sont en marche . Les migrants n'ont dès le premier instant pas d'espoir de succès, c'est écrit : "Une fois leur demande traitée, quelle qu’en soit l’issue, ils seront expulsés du territoire albanais."

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port de Shëngjin, où les procédures de débarquement et d’identification seront effectuées

On n'y tournera pas Camping 4 .

 

 

 

« Au marquis Francesco Albergati Capacelli

Senatore di Bologna, etc.

à Vérone

Italie

21è octobre à Ferney

Une tragédie italienne dans le goût français 1 ! Monsieur, c’est le plus grand honneur que l’Italie, la mère des arts, puisse faire à la France, sa fille. Je souhaite passionnément de voir cet ouvrage. Vous pourriez avoir la bonté de me l’envoyer par les voitures de Milan à Lyon, à l’adresse de M. Tabareau, directeur général des postes de Lyon. Mais je vous demande en grâce que le caractère en soit bien lisible. Il faut ménager les yeux d’un vieillard qui est presque aveugle.

Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien présenter mes respects à M.le chevalier Carli et de vouloir bien recevoir les miens. Pardonnez à l’état où je suis si mes lettres sont si courtes et si rares.

Vous allez donc réformer le théâtre italien ; c’est le temps, ou jamais. Le livre intitulé la Riforma d’Italia 2 a beaucoup de réputation en Europe, et fait espérer de très grands changements.

Permettez-moi de vous embrasser avec amitié et sans cérémonie. »

1 Erizia, de Giovanni Stefano Carli ; voir lettre du 3 janvier 1769 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7440

et du 31 mars 1769 à Carli :

et : https://archive.org/details/laeriziatragedia00carl/page/n1/mode/2up

04/05/2024

J’ai eu soin d’avertir plusieurs fois qu’on ne doit juger les grands hommes que par leurs chefs-d’œuvres

... M. Macron, je ne vois aucun chef-d'oeuvre dans votre mandat passé et je refuse absolument un engagement de nos militaires en Ukraine, face à un Poutine conquérant uniquement par les armes, et qui se fiche du tiers comme du quart du sang perdu par ses concitoyens . Passer sous les fourches Caudines n'est pas au programme de V. Zelensky , mais de combien de morts et destructions va-t-il falloir payer l'amputation -inéluctable- d'une partie de l'Ukraine , celle-ci pouvant tout à fait rester  indéfiniment le caillou dans la botte russe . Tout le monde sait bien que ce n'est pas la "grandeur russe" qui est en jeu, mais une source de profits énormes pour les oligarques et leur parrain Vlad le Pourri .

Président Macron ne nous mettez pas le doigt entre l'écorce et l'arbre si vous n'êtes pas vous-même capable d'être sur le champ de bataille, ce qui est sans doute plus difficile ( j'ai d'abord pensé "couillu" ), il est vrai, que  de nager dans la Seine à Paris .

 

 

« A Charles-Nicolas Maillet du Boullay 1

À Ferney, 20 octobre 2.

Monsieur, la lettre dont vous m’honorez, au nom de votre illustre Académie, est le prix le plus honorable que je puisse jamais recevoir de mon zèle pour la gloire du grand Corneille, et pour les restes de sa famille. L’éloge de ce grand homme devait être proposé par ceux qui font aujourd’hui le plus d’honneur à sa patrie. Je ne doute pas que ceux qui ont remporté le prix, ou qui en ont approché 3, n’aient pleinement rempli les vues de l’Académie : un si beau sujet a dû animer les auteurs d’un noble enthousiasme. Il me semble que le respect pour ce grand homme est encore augmenté par les petites persécutions du cardinal de Richelieu, par la haine d’un Bois-Robert, par les invectives d’un Claveret, d’un Scudéry, et d’un abbé d’Aubignac, prédicateur du roi. Corneille est assurément le premier qui donna de l’élévation à notre langue, et qui apprit aux Français à penser et à parler noblement. Cela seul lui mériterait une éternelle reconnaissance ; mais quand ce mérite se trouve dans des tragédies conduites avec un art inconnu jusqu’à lui, et remplies de morceaux qui occuperont la mémoire des hommes dans tous les siècles, alors l’admiration se joint à la reconnaissance ; personne ne lui a payé ces deux tributs plus volontiers que moi, et c’est toujours en lui rendant le plus sincère hommage que j’ai été forcé de relever des fautes

Quas aut incuria fudit,
Aut humana parum cavit natura.4

Ces fautes, inévitables dans celui qui ouvrit la carrière, instruisent les jeunes gens sans rien diminuer de sa gloire. J’ai eu soin d’avertir plusieurs fois qu’on ne doit juger les grands hommes que par leurs chefs-d’œuvres.

Les Anglais lui opposent leur Shakespear ; mais les nations 5 ont jugé ce procès en faveur de la France. Corneille imita quelque chose des Espagnols ; mais il les surpassa, de l’aveu des Espagnols mêmes.

Faites agréer, je vous prie, monsieur, à l’Académie mes très humbles et respectueux remerciements des deux éloges qu’elle daigne me faire tenir. Je les lirai avec le même transport qu’un officier de l’armée de Turenne devait lire l’Éloge de son général, prononcé par Fléchier 6. Je suis extrêmement sensible au souvenir de M. de Cideville ; il y a plus de soixante ans que je lui suis tendrement attaché. La plus grande consolation de mon âge est de retrouver de vieux amis. Je crois en avoir un autre dans votre Académie, si j’en juge par mes sentiments pour lui : c’est M. Le Cat, qui joint la plus saine philosophie aux connaissances approfondies de son art 7.

J’ai l’honneur d’être, avec les plus respectueux sentiments, monsieur, votre très humble, etc.

Voltaire. »

1 Charles-Nicolas Maillet du Boullay, maître des comptes et secrétaire perpétuel de l’Académie de Rouen, né dans cette ville le 6 février 1729, est mort dans le diocèse d’Évreux le 13 septembre 1769.

2 Édition « Lettre de M . de Voltaire à M. Du Boullay, secrétaire des Belles-Lettres de l'académie de Rouen », Journal étranger du 15 novembre 1769, qui accompagne la lettre de la note suivante : « Quoiqu'il y ait plus d'un an que cette lettre a été écrite, nos lecteurs ne la verront pas avec moins de plaisir. » La date est précisée notamment par une lettre de Du Boullay à Voltaire du 12 octobre 1768 à laquelle celle-ci répond, et par une lettre de Voltaire à Gaillard du 2 novembre . La date du « 20 novembre [1768]» est celle de la minute .

Note de Beuchot :Cette lettre a été jusqu’à présent datée du 20 novembre ; elle est antérieure à celle du 2 novembre, adressée à Gaillard. On voit que lorsque Voltaire écrivait à du Boullay il ne connaissait pas le nom de l’auteur couronné, ainsi qu’il le dit à Gaillard. La lettre à Maillet du Boullay est peut-être du 20 octobre ; elle a été imprimée sans date dans le Journal encyclopédique du 15 novembre 1769 ; tome VIII, page 132.

3 Le prix avait été donné à Gaillard (voyez lettre du 2 novembre 1768 à Gaillard : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-annee-1768-partie-30.html) ; l’accessit, à La Harpe.

4 Horace, Art poétique, v. 352-353 . Trad. : qui viennent de l'insouciance ou de l'infirmité trop naturelle aux hommes.

5 Il semble que Voltaire veuille rappeler son Appel à toutes les nations de l’Europe ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/201

6Sur cette fameuse oraison funèbre de Turenne par Fléchier, voir https://jeuverbal.fr/turenne.pdf

et lettre du 25 juin 1735 à Formont : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1735-partie-4-111793070.html

7En fait Le Cat est mort le 20 août 1768, comme l'annoncent les Nouvelles de divers endroits du 5 octobre 1768 .

Voir : https://data.bnf.fr/fr/12170608/claude-nicolas_le_cat/fr.pdf

03/05/2024

affermir ses oreilles contre toutes les sottises qu'on dit

... et ses yeux contre tout ce qui parait sur nos écrans déformants et insultants .

La peste soit de ces milliards de messages inutiles et malsains, de création humaine, ou de l'IA qui n'a d'intelligence que le nom .                     

 

 

« A Joseph-Jérôme Le François de La Lande , de

l'Académie des sciences de Paris, etc.

à Bourg-en-Bresse

A Ferney 19è octobre 1768 1

Vous pardonnerez, mon cher philosophe, à un pauvre malade sa négligence à vous répondre, car un vrai philosophe est compatissant. Ce pauvre Ferney a été un hôpital. Si Mme de Marron 2 l’honore de sa présence, elle sera comme Philoctète, qui vint à Thèbes en temps de peste. Il est vrai que rien n’est plus étrange pour une dame que de faire trois tragédies en quatre mois, et de composer la quatrième. Il est très difficile d’en faire une bonne en un an. Phèdre coûta deux années à Racine. Mais quand il y aurait des défauts dans les ouvrages précipités de Mme de Marron, cette précipitation et cette facilité seraient encore un prodige. J’irais l’admirer chez elle, si je pouvais sortir ; mais si elle veut que je voie ses pièces, il faudra bien qu’elle vienne à Ferney. Vous savez bien que les déesses prenaient la peine autrefois de descendre sur leurs autels pour y recevoir l’encens de leurs adorateurs. Elle me verra malade, mais je suis le malade le plus sensible au mérite et aux beaux vers.

Je ne sais si vous êtes actuellement occupé avec les astres . Pour moi, je suis fort mécontent de la Terre  . Nous ne pouvons semer . On n’aura point de récolte l’année prochaine, si Dieu n’y met la main.

Je crois à présent M. le marquis de Jaucourt à Paris . Il a été aux eaux à Aix pour affermir ses oreilles contre toutes les sottises qu'on dit dans la bonne ville .

Permettez-moi de vous embrasser sans cérémonie . Les plates formules des gens du monde ne sont pas faites pour les gens qui pensent.

V. »

1 Original, cachet « Genève » ; l'édition Kehl omet les deux derniers paragraphes et bien entendu l'adresse.

2 Marie-Anne Carrelet de Marron, baronne de Meillonnaz, publia une tragédie « La Comtesse de Fayel », 1770 ( https://books.google.fr/books?id=QTiWORucXhcC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false). Elle en écrivit d'autres dont on ne connaît que les titres ; voir C. Brenner, n° 8871-8873.

Voir : http://litterature01.chez-alice.fr/Madame-Meillonnas2/Meillonnas.html

et : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM01000819

02/05/2024

Le maraud a quelquefois le bec retors et la griffe tranchante ; mais aussi on n’a jamais débité des mensonges avec une impudence aussi effrontée

... Voltaire semble bien avoir connu Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour , pour ne citer que ces deux malfaisants , en adjoignant le mou Jordan Bardella dit "le dégonflé" et la harpie Marine Le Pen .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet

19 octobre 1768

Il faut amuser ses anges tant qu’on peut, c’est mon avis. Sur ce principe, j’ai l’honneur de leur envoyer ce petit chiffon 1 qui m’est tombé par hasard entre les mains.

Mais de quoi s’est avisé M. Jacob Tronchin de dire à M. Damilaville que j’avais fait une tragédie ? Certainement je ne lui en ai jamais fait la confidence, non plus qu’au duc et au marquis Cramer. Si vous voyez Jacob, je vous prie de laver la tête à Jacob. L’idée seule que je peux faire une tragédie suffirait pour tout gâter. Je vais, de mon côté, laver la tête à Jacob 2.

Mais pourquoi n’avez-vous pas conservé une copie des Guèbres ? Je suis si indulgent, si tolérant, que je crois que ces Guèbres pourraient être joués ; mais la volonté de Dieu soit faite !

Je pense 3  qu’il était nécessaire que j’écrivisse au président sur le beau portrait qu’on a fait de lui : on disait trop que j’étais le peintre.

On a imprimé cet ouvrage sous le nom d’un marquis de Bélestat, qui demeure dans ses terres en Languedoc . Mais enfin celui qui l’a fait imprimer m’a avoué qu’il était de La Beaumelle : je m’en étais bien douté. Le maraud a quelquefois le bec retors et la griffe tranchante ; mais aussi on n’a jamais débité des mensonges avec une impudence aussi effrontée. Le président sera sans doute bien aise que ces traits soient partis d’un homme décrié.

Comment pourrai-je vous envoyer le Siècle de Louis XIV et le précis du suivant 4, poussé jusqu’à l’expulsion des révérends pères jésuites ? Mon culte de dulie ne finira qu’avec moi. »

3 Voir la lettre du13 septembre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/26/m-6491423.html

4 L’édition de 1768 du Siècle de Louis XIV.

La division est déjà, dit-on, parmi ces insulaires, qui préfèrent leur pauvreté et leur anarchie à un gouvernement juste et modéré qui les enrichirait

...Telle fut la Corse connue de Voltaire : "Je ne connais que des boucs et des chèvres qui voulussent s’y établir." Outre les bergers correspondants j'y ajouterai quelques vedettes-people tant du monde artistique que politique , pour mémoire , à savoir : https://mymusic-pro.com/1511-star-en-corse-2023/

La fournée 2024 -année olympique- sera-t-elle égale ?

 

 

« A François-Gabriel Le Fournier, chevalier de Wargemont 1

À Ferney, 18è octobre 1768

Je vous remercie, monsieur, des détails que vous avez eu la bonté de me donner 2. J’y ai été d’autant plus sensible que tout ce qui concerne cette gloire m’est confirmé de tous côtés. Vous vous êtes conduit avec autant de sagesse que de valeur. Si tout le monde suit votre exemple, on sera bientôt le maître absolu de la Corse. La division est déjà, dit-on, parmi ces insulaires, qui préfèrent leur pauvreté et leur anarchie à un gouvernement juste et modéré qui les enrichirait.

Vous voyez sans doute souvent M. le marquis de Chauvelin 3. Je respecte trop ses occupations pour lui écrire ; mais je vous supplie d’avoir la bonté de lui dire que je m’intéresse à son succès plus qu’à celui d’une pièce de théâtre. Mon avis est que les Corses viennent lui parler, et ils seront bientôt soumis. J’aimerais mieux ; qu’il réussit en les persuadant qu’en les tuant : car, après tout, si on les égorge tous tant qu’ils sont, qui diable voudra habiter l’île ? Je ne connais que des boucs et des chèvres qui voulussent s’y établir.

J’ai un bon ami parmi ceux qui s’exposent tous les jours à être canardés par les Corses, c’est le major du régiment d’Eptingen, homme de beaucoup d’esprit et excellent officier. Mais de tous ceux qui font cette rude campagne, celui à qui je suis le plus dévoué, et qui a pour moi le plus de bonté, c’est vous sans contredit.

J’ai l’honneur d’être, avec les plus respectueux sentiments, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

V. »

2 Sur la Corse, où était le comte.

3 Également en Corse.