12/01/2025
le commencement m’en paraît un peu superficiel, et la fin indécente
... Je suis prêt à parier que ce sera, en gros, le jugement des opposants à François Bayrou après son discours de politique générale . A combien la mise ? Petits joueurs , perdants d'avance ...
« A Jacques Lacombe
À Ferney 9è juillet 1769 1
Toutes les réflexions, monsieur, toutes les critiques que j’ai lues sur les ouvrages nouveaux, dans votre Mercure, m’ont paru des leçons de sagesse et de goût. Ce mérite assez rare m’a fait regarder votre ouvrage périodique comme très utile à la littérature.
Vous ne répondez pas des pièces qu’on vous envoie. Il y en a une sous mon nom, page 53 du Mercure de juillet 2 ; c’est une lettre qu’on prétend que j’ai écrite à mon cher B***3. On me fait dire en vers un peu singuliers, à mon cher B**** que le feu est l’âme du monde, que sa clarté l’inonde, que le feu maintient les ressorts de la machine ronde, et que sa plus belle production est la lumière éthérée, dont Newton le premier, par sa main inspirée, sépara les couleurs par la réfraction ».
Je vous avoue que je ne me souviens pas d’avoir jamais écrit ces vers à mon cher B., que je n’ai pas l’honneur de connaître. Je vous ai déjà mandé qu’on m’attribuait trois ou quatre cents pièces de vers et de prose que je n’ai jamais lues.
On a imprimé sous mon nom les amours de Moustapha et d’Elmire, les aventures du chevalier Ker 4, et j’espère que bientôt on m’attribuera le parfait teinturier, et l’histoire des conciles en général.
Je vous ai déjà parlé de l’Histoire du Parlement. Cet ouvrage m’est enfin tombé entre les mains. Il est, à la vérité, mieux écrit que les amours de Moustapha ; mais le commencement m’en paraît un peu superficiel, et la fin indécente. Quelque peu instruit que je sois dans ces matières, je conseille à l’auteur de s’en instruire plus à fond, et de ne point laisser courir sous mon nom un ouvrage aussi informe, dont le sujet méritait d’être approfondi par une très longue étude et avec une grande sagesse. On est accoutumé d’ailleurs à cet acharnement avec lequel on m’impute tant d’ouvrages nouveaux. Je suis le contraire du geai de la fable, qui se paraît des plumes du paon 5. Beaucoup d’oiseaux, qui n’ont peut-être du paon que la voix, prennent plaisir à me couvrir de leurs propres plumes ; je ne puis que les secouer, et faire mes protestations, que je consigne dans votre greffe de littérature.
J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec toute l’estime que je vous dois, votre, etc. »
1 Copie Beaumarchais-Kehl ; éd. « Lettre de M. de Voltaire à l'auteur du Mercure » , Mercure de France, août 1769 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k38132576/f44.item.r=voltaire
2 Mercure de France , juillet 1769, I, 53-55 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3813256s/f53.item
3 Cette lettre, intitulée « Réponse à M. D. B... 1750 »qui est terminée par quelques vers, avait été imprimée, comme étant de Voltaire, dans la cinquième partie des Nouveaux Mélanges, publié en 1768. En désavouant de nouveau cette lettre dans une note de son Dialogue de Pégase et du vieillard (voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Dialogue_de_P%C3%A9gase_et_du_vieillard/%C3%89dition_Garnier ), Voltaire transcrit quelques-uns des vers dont il cite ici quelques impressions.
4 Ces titres paraissent inventés . Pourtant le premier fait penser aux relations –tendues-- de Catherine II et du sultan Moustapha .
5 La Fontaine, livre IV, « Le geai paré des plumes du paon » : https://www.texteslibres.fr/livre-4-des-fables-de-la-fontaine/le-geai-pare-des-plumes-du-paon-1172.html
18:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
je ne dois accuser personne, je dois me borner à me justifier
... Dur dur n'est-ce pas M. Sarkozy quand on a choisi des alliés répréhensibles pour des affaires véreuses . Est-il donc si difficile d'être honnête quand on est ambitieux ? Le pouvoir à tout prix n'est bon que pour des pourris .
« A Jean Le Rond d'Alembert
9 de Juillet [1769]
Mon cher philosophe, je vous envoie la copie d’une lettre que je suis obligé d’écrire à l’auteur du Mercure 1. Je vois que cette Histoire du Parlement, qu’on m’impute, est la suite de ce petit écrit qui parut, il y a dix-huit mois, sous le nom du marquis de Bélestat, et qui fit tant de peine au président Hénault 2. C’est le même style ; mais je ne dois accuser personne, je dois me borner à me justifier. Il me paraît absurde de m’attribuer un ouvrage dans lequel il y a deux ou trois morceaux qui ne peuvent être tirés que d’un greffe poudreux, où je n’ai assurément pas mis le pied ; mais la calomnie n’y regarde pas de si près.
Je vous demande en grâce d’employer toute votre éloquence et tous vos amis pour détruire un bruit encore plus dangereux que ridicule. Ma pauvre santé n’avait pas besoin de cette secousse. Je me recommande à votre amitié.
J’attends M. de Schomberg 3. Il voyage comme Ulysse, qui va voir des ombres. Mon ombre vous embrasse de tout son cœur. »
1 Lettre du 5 juillet à Marin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/01/06/la-multitude-des-ouvrages-inutiles-est-si-immense-que-la-vie-6529896.html
2 Voltaire avait glissé, dans la première page de son Histoire, un petit mot contre le président Hénault, afin de dérouter plus complètement les lecteurs. (Georges Avenel.)
Sur l'Examen de l'Histoire de Henri IV par M. de Bury, voir la lettre du 13 septembre 1768 à Henault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/26/m-6491423.html
3 Voir lettre du 14 avril 1769 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/15/ce-mourant-tachera-de-leur-faire-les-honneurs-de-son-tombeau-6518997.html
16:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il faut se résigner et agir
... Consigne pour tous ! Go !
« A Marie-Louise Denis
[8 juillet 1769]
Je vous écrivis hier, ma chère nièce, au départ du courrier un petit mot fort à la hâte . J’ai passé une partie de la nuit à lire ces lettres à Mme de La Neuville 1, etc., que cette pauvre Duchesne veut imprimer . La première dit, que je déteste cordialement le pape et la cour de Rome . Il n'y a pas d'apparence que je sois jamais canonisé sur ces lettres-là ; il faut être bien damné pour me jouer de pareils tours .
Vous savez que mes papiers sont un peu à l’abandon dans ma bibliothèque . Vous savez qu'on m'en vola beaucoup, vous n'ignorez pas qui les vola 2. J'ai perdu un très gros manuscrit de recherches sur l'histoire de France dont je vois bien qu'on a extrait tout ce qui regarde le parlement . Le voleur a compilé tout à sa mode . Je lui ai encore bien de l'obligation de n'avoir pas mis mon nom à la tête quand il l'a fait imprimer . Tout ce que je vous dis est dans la vérité la plus exacte, et ce qui est bien étrange c'est que je ne puis publier cette vérité parce que je n'en ai point de preuve convaincante, parce que je me ferais un ennemi très dangereux qui serait appuyé par des ennemis plus dangereux encore ; parce qu'ayant été volé, falsifié, et calomnié, je passerai moi-même pour un calomniateur .
Je suis donc très fermement résolu à me justifier sans accuser personne, et non moins résolu à braver toutes les suites de ce mystère d'iniquité malgré mon âge et mes maladies . Je crois qu'il suffit à présent de faire courir tant qu'on pourra, ma lettre à M. Marin 3. Il est surtout nécessaire que notre ami d'Hornoy en distribue plusieurs copies à ses chers confrères, et surtout que les avocats généraux en aient leur provision . Je vous envoie encore deux copies ; il vous sera aisé, ma chère amie, d'en inonder le public ; un écrivain des charniers Saint-Innocent en peut faire cent par jour . Je voudrais bien que Les Guèbres fussent déjà imprimés pour faire diversion dans Paris que milord Bolingbroke appelait la ville causeuse . Il faut se résigner et agir . Je m'en rapporte à votre amitié, et je prends pour ma part la patience . Tout ce que vous me mandez dans votre grande lettre 4 est très vrai . Vous me paraissez bien informée, et ce qui n'est pas moins vrai c'est que vous faites la consolation de ma vie, et que je vous aime bien tendrement . Confiez, je vous prie, aux anges ce que je vous écris. »
1 Le volume qui est pus précisément décrit dans la lettre du 22 juillet 1769 à d'Argental ( http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/correspondance-annee-1769-partie-24.html ) ne fut pas publié . Sur le manuscrit de 189 pages passé chez Charavay à la vente Guys le 7 novembre 1860, V* a traité d'"imposteur celui qui a vendu ces lettres à la veuve Duchesne ».
2 La harpe que Mme Denis nomme expressément dans une lettre du 10 août à son oncle : « Je n'ai montré les trois lettres que vous m'avez écrites sur La harpe qu'à M. d'Argental et à mon neveu, comme vous me l'aviez recommandé . Quand vous viendrez à Paris vous verrez que cela est suffisant . Je n'ai pas vu La Harpe quatre fois depuis que je suis ici . Comme vous m'avez dit sans cesse que c’était lui qui était cause de notre séparation, que je n'y ai rien compris et que je n'y comprends rien encore, tout cela m'a fait une telle impression que je l'ai prié de ne me pas voir . »
3 Lettre du 5 juillet 1769 à Marin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/01/06/la-multitude-des-ouvrages-inutiles-est-si-immense-que-la-vie-6529896.html
4Lettre du 25 juin qui n'est pas connue .
12:14 | Lien permanent | Commentaires (0)
11/01/2025
C’est un des [plus] méchants hommes qui respirent... J’ai d’ailleurs agi en tout conformément aux lois
... Constat regrettable de Jean-Noël Barrot, suite à l'expulsion ratée de l'influenceur algérien "Doualemn" renvoyé chez nous illico presto : https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/si-l-alg%C3%A9r...
Au fait, qui a payé l'avion pour le retour de cet indésirable ?
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
7è juillet 1769 1
Eh bien ! mon cher ange, il faut vous dire le fait. Vous savez 2 déjà que j’ai affaire à un fanatique qui a été vicaire de paroisse à Paris, et qui a donné à plein collier dans les billets de confession. C’est un des [plus] méchants hommes qui respirent. Il a ôté les pouvoirs a mon aumônier, et il me ménageait une excommunication formelle qui aurait fait un bruit diabolique. Il faisait plus, il prenait des mesures pour me faire accuser au parlement de Dijon d’avoir fait des ouvrages très impies. Je sais bien que j’aurais confondu l’accusateur devant Dieu et devant les hommes ; mais il en est de ces procès comme de ceux des dames qui plaident en séparation ; elles sont toujours soupçonnées. Je n’ai fait aucune démarche dans toute cette affaire que par le conseil de deux avocats. J’ai toujours mis mon curé et ma paroisse dans mes intérêts. J’ai d’ailleurs agi en tout conformément aux lois du royaume.
À l’égard du Massillon, j’ai pris juste le temps qu’un président du parlement de Dijon est venu dîner chez moi 3, et c’était une bonne réponse aux discours licencieux et punissables que le scélérat m’accusait d’avoir tenus à table. En un mot, il m’a fallu combattre cet homme avec ses propres armes. Quand il a vu que j’entendais parfaitement cette sorte de guerre, et que j’étais inattaquable dans mon poste, le croquant s’y est pris d’une autre façon ; il a eu la bêtise de faire imprimer les lettres qu’il m’avait écrites, et mes réponses.
Il a poussé même l’indiscrétion jusqu’à mettre dans ce recueil une lettre de M. de Saint-Florentin, sans lui en demander la permission. Il a eu encore la sottise d’intituler cette lettre de façon à choquer le ministre. Je me suis contenté d’envoyer le tout à M. le comte de Saint-Florentin, sans faire la moindre réponse. Le ministre m’en a su très bon gré, et a fort approuvé ma conduite.
Vous n’êtes pas au bout. L’énergumène, voyant que je ne répondais pas, et que j’étais bien loin de tomber dans le piège qu’il m’avait tendu si grossièrement, a pris un autre tour beaucoup plus hardi et presque incroyable. Il a fait imprimer une prétendue profession de foi qu’il suppose que j’ai faite par-devant notaire, en présence de témoins 4 ; et voici comme il raisonnait :
« Je sais bien que cet acte peut être aisément convaincu de faux, et que, si on voulait procéder juridiquement, ceux qui l’ont forgé seraient condamnés ; mais mon diocésain n’osera jamais faire une telle démarche, et dire qu’il n’a pas fait une profession de foi catholique. »
Il se trompe en cela comme en tout le reste, car je pourrais bien dire aux témoins qu’on a fait signer : « Je souscris à la profession de foi, je suis bon catholique comme vous ; mais je ne souscris pas aux sottises que vous me faites dire dans cette profession de foi, faite en style de Savoyard. Votre acte est un crime de faux, et j’en ai la preuve ; l’objet en est respectable, mais le faux est toujours punissable. Qui est coupable d’une fraude pieuse pourrait l’être également d’une fraude à faire pendre son homme. »
Mais je me garderai bien de relever cette turpitude ; le temps n’est pas propre ; il suffit, pour le présent, que mes amis en soient instruits ; un temps viendra où cette imposture sacerdotale sera mise dans tout son jour.
Je vous épargne, mon cher ange, des détails qui demanderaient un petit volume, et qui vous feraient connaître l’esprit de la prêtraille, si vous ne le connaissiez pas déjà parfaitement. Je suis dans une position aussi embarrassante que celle de Rezzonico et de Ganganelli. Tout ce que je puis vous dire, c’est que j’ai de bonnes protections à Rome. Tout cela m’amuse beaucoup, et je suis de ce côté dans la sécurité la plus grande.
Je me tirerai de même de l’Histoire du Parlement, à laquelle je n’ai ni ne puis avoir la moindre part. C’est un ouvrage écrit, il est vrai, d’un style rapide et vigoureux en quelques endroits ; mais il y a vingt personnes qui affectent ce style ; et les prétendus connaisseurs en écrits, en écriture, en peinture, se trompent, comme vous savez, tous les jours dans leurs jugements. Je crois vous avoir mandé que j’ai écrit sur cet objet une lettre a M. Marin 5, pour être mise dans le Mercure.
Un point plus important à mon gré que tout cela, c’est que M. Marin ne perde pas un moment à faire imprimer Les Guèbres ; c’est une manière sûre de prouver l’alibi. Il est physiquement impossible que j’aie fait à la fois l’Histoire du Siècle de Louis XV, les Guèbres, l’Histoire du Parlement, et une autre œuvre dramatique que vous verrez incessamment. Je n’ai qu’un corps et une âme ; l’un et l’autre sont très chétifs : il faudrait que j’en eusse trois pour avoir pu faire tout ce qu’on m’attribue.
Encore une fois, il ne faut pas que M. Marin perde un seul moment. Je passerai pour être l’auteur des Guèbres, je m’y attends bien, et voilà surtout pourquoi il faut se presser. On a déjà envoyé à Paris des exemplaires de l’édition de Genève. La pièce a beau m’être dédiée 6, on soupçonnera toujours que le jeune homme qui l’a composée est un vieillard. Je n’ai pu m’empêcher d’en envoyer un exemplaire à Mme la duchesse de Choiseul, parce que je savais qu’un autre prenait les devants, et que je suis en possession de lui faire tenir tout ce qu’il y a de nouveau dans le pays étranger. On se prépare à faire une nouvelle édition des Guèbres à Lyon ; il faut donc se hâter prodigieusement à Paris.
Voilà, mon cher ange, un détail bien exact de toutes mes bagatelles littéraires et dévotes. Je vous prie de faire part de cette lettre à Mme Denis. Je ne puis lui écrire par cet ordinaire ; je suis malade, la tête me tourne, la poste part.
À l’ombre de vos ailes.
V.
Mais surtout comment se porte Mme d’Argental ? »
1 Copie Beaumarchais-Kehl ; éd. Kehl .
2 Ed. : saviez .
3 Voir lettre du 23 mai 1769 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/11/28/le-jeune-homme-regarde-cet-ouvrage-comme-une-chose-assez-ess-6524881.html
4 Voir lettre du 15 avril 1769 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/16/6519171si-je-me-suis-trompe-dans-quelques-occasions-j-ai-droit-de-m-adresse.html
5 Lettre du 5 juillet 1769 à Marin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/01/06/la-multitude-des-ouvrages-inutiles-est-si-immense-que-la-vie-6529896.html
6 Voir cette dédicace page 487. : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome6.djvu/497
09:26 | Lien permanent | Commentaires (0)
10/01/2025
Il conseille au vainqueur de donner la préférence aux dames françaises sur les dames turques
... Serait-ce du Retailleau dans le texte et dans l'esprit ? Bien qu'on soit à des années lumière d'un éventuel "grand remplacement" [sic], statistiquement les dames françaises sont quand même plus faciles à rencontrer, mais n'excluons pas d'autres éventualités , les goûts et les couleurs ... Ne nous voilons pas la face, la police va avoir un surcroit de travail, comme si elle n'en avait pas assez à ce jour ; et vous , femmes ne vous voilez pas non plus aux yeux de tous , un diktat va sortir, le laïcisme risque de monter d'un cran superflu.
« A François-Gabriel Le Fournier, chevalier de Wargemont
L’ermite de Ferney réitère ses remerciements et ses compliments au digne Romain, tribun de la légion de Soubise. Il conseille au vainqueur de donner la préférence aux dames françaises sur les dames turques. Il sera mieux reçu, après avoir soumis la Corse, qu’après avoir suivi un bacha dans les déserts d’Okzacou. Plus tôt il reviendra, plus tôt 1 il jouira.
Le vieil ermite offre ses prières à Dieu pour les succès en amour et en guerre du très digne tribun d’une légion romaine.
V.
7è juillet 1769 . 2»
1 Plutôt […] plutôt sur l'original .
2 Original ; éd. Cayrol , induit en erreur par le texte qu'il suit d'une copie ancienne, date la lettre du 1er juillet au lieu du 7, bien que le chiffre soit corrigé sur la copie .
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
09/01/2025
Vous ne sauriez croire quelle considération le ministère de France a chez l’étranger
... Effectivement, je n'en crois rien, ça se saurait .
Qui est Jean-Noël Barrot et que fait-il ?https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/les-ministres/jean-noel...
Demandez aux manchots
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
7 juillet 1769 1
Rien n’est plus sûr, mon cher ange, que les lettres de Lyon . Vous pouvez d’ailleurs les adresser à M. Lavergne, banquier, ou à M. Schérer, aussi banquier, tantôt l’un, tantôt l’autre. Cela est inviolable et inviolé, et je vous en réponds sur ma vieille petite tête.
Permettez-moi de réfuter quelques petits paragraphes de votre exhortation du 29 de juin 2, en me soumettant à beaucoup de points.
Les sermons du Père Massillon sont un des plus agréables ouvrages que nous ayons dans notre langue. J’aime à me faire lire à table ; les anciens en usaient ainsi, et je suis très ancien. Je suis d’ailleurs un adorateur très zélé de la divinité ; j’ai toujours été opposé à l’athéisme . J’aime les livres qui exhortent a la vertu 3, depuis Confucius jusqu’à Massillon ; et sur cela on n’a rien à me dire qu’à m’imiter. Si tous les conseils des rois de l’Europe étaient assemblés pour me juger sur cet article, je leur tiendrais le même langage, et je leur conseillerais la lecture à dîner, parce qu’il en reste toujours quelque chose ; et qu’il ne reste rien du tout des propos frivoles qu’on tient dans ces repas, tant a Rome qu’à Paris.
Quant à l’histoire dont vous me parlez, mon cher ange, il est impossible que j’en sois l’auteur ; elle ne peut être que d’un homme qui a fouillé deux ans de suite dans des archives poudreuses. J’ai écrit sur cette petite calomnie, qui est environ la trois-centième, une lettre à M. Marin 4, pour être mise dans le Mercure, qui commence à prendre beaucoup de faveur. Je sais, à n’en pouvoir douter, que cet ouvrage n’a pas été imprimé à Genève, mais à Amsterdam, et qu’il a été envoyé de Paris. Je sais encore qu’on en fait deux éditions nouvelles avec additions et corrections, car je suis fort au fait de la librairie étrangère
Il est bon, mon cher ange, que l’on fasse imprimer, sans délai, jour et nuit, sans perdre un moment, ces Guèbres, sur lesquels je pense précisément comme vous. On me les a dédiés dans le pays étranger, et on me loue, dans l’épître, d’aimer passionnément la tolérance, et de respecter beaucoup la religion ; cela fait toujours plaisir.
On a fait deux nouvelles éditions du Siècle de Louis XIV et de Louis XV. On m’a envoyé d’Angleterre une belle médaille d’or de l’amiral Anson, en signe de reconnaissance du bien que j’ai dit de ce grand homme 5, avec la vérité dont je suis assez partisan.
On dit que nous allons voir une petite histoire de la guerre de Corse 6. Je suis bien fâché que M. de Chauvelin n’ait pas été à la place de M. de Vaux 7. Vous ne sauriez croire quelle considération le ministère de France a chez l’étranger, ou plutôt vous le savez mieux que moi. Faire un pape, gouverner Rome, prendre un royaume en vingt jours, ce ne sont pas là des bagatelles. Tout languissant et tout mourant que je suis, je pourrais bien ajouter un chapitre 8 au Siècle de Louis XV.
Je prends la plume, mon cher ange, pour vous dire que j’ai su que vous cherchiez quelque argent. Je n’ai actuellement que dix mille francs dont je puisse disposer à Paris . Les voilà 9. Agréez le denier de la veuve. Je suis très affligé du dérangement de la santé de Mme d’Argental. Dites-moi de ses nouvelles, je vous en conjure.
N’admirez-vous pas comme j’écris lisiblement quand j’ai une bonne plume ?
À l’ombre de vos ailes, mes anges.
V.»
1 Les deux derniers paragraphes et l'initiale sont autographes .
2 Qui, pas plus que les autres lettres de d'Argental ne nous est parvenue .
3 Cette phrase et la précédente illustrent l'attitude de V* à l'égard de la religion telle qu'il l'exposera, notamment dans l'Histoire de Jenni : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Histoire_de_Jenni_ou_le_Sage_et_l%E2%80%99Ath%C3%A9e
4 C’est la lettre du 5 juillet 1769 à Marin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/01/06/la-multitude-des-ouvrages-inutiles-est-si-immense-que-la-vie-6529896.html
5 V* consacre un chapitre entier de l'Essai sur les Mœurs à la navigation autour du monde de l'amiral Anson : page 312- : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome15.djvu/322
6 Je pense que Voltaire veut parler de l’ouvrage de Boswell, dont il parut deux traductions en 1769 : l’une intitulée Relation de l’île de Corse, un volume in-8° ; l’autre, État de la Corse, deux volumes in-12. (Beuchot.)
James Boswell : « An Account of Corsica », 1768 ; traductions parues coup sur coup, l'une de S.D.C (Seigneux de Correvon) sous le titre d'Etat de la Corse, 1768, l'autre de J.-P.-I. Dubois sous le titre de Relation de l'île de Corse, 1769 .
7 Le comte de Vaux vient d'être envoyé en mission d'inspection des armées .
8C'est ce qu'il fit ou était en train de faire, dans le volume XII de l'édition quarto ; l'addition forme l'actuel chapitre XI. : De la Corse parut, pour la première fois, en 1769, dans l’édition in-4° du Précis du Siècle de Louis XV ; voir page 406 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome15.djvu/416
9En 1774 le prêt n'est toujours pas remboursé ; voir les lettres de V* à d'Argental des 14 , 23 et 25 septembre 1774 :
http://www.monsieurdevoltaire.com/2016/06/correspondance-annee-1774-partie-17.html
http://www.monsieurdevoltaire.com/2016/06/correspondance-annee-1774-partie-18.html
01:12 | Lien permanent | Commentaires (0)
08/01/2025
Auriez-vous le mémoire de la chambre des comptes ? Je m'y intéresse . On dit qu'il est très bien fait
... Paroles de M. Lombard, ministre - tout neuf - de l'Economie :
https://www.forbes.fr/business/budget-2025-lombard-lance-...
Va-t-il lire tout ça ? https://paperjam.lu/article/budget2025-cour-comptes-critiq
Ce n'est pas de trop , un homme averti en vaut deux , et doit travailler pour deux, parait-il, ce qui est recommandé quand on accumule autant de retard ; mémoire pas rassurant .
« A Marie-Louise Denis
rue Bergère, vis-à-vis l'hôtel
des Menus
à Paris
7è juillet 1769 [de Ferney]1
J'ai envoyé, ma chère amie, à M. Lefèvre, une lettre assez instructive 2 qui montre l’impossibilité que l'homme en question soit l'auteur du livre qu'on lui attribue . Je crois qu'il vous montrera cette lettre, elle ne met pas à la chose plus d'importance qu'il en faut .
Auriez-vous le mémoire de la chambre des comptes ? Je m'y intéresse . On dit qu'il est très bien fait. J'ai prié M. de Nicolay 3 d'avoir la bonté de permettre qu'on m'en envoyât un exemplaire .
À l'égard de M. d'Argental, je puis tirer du peu d'argent que j'ai placé, dix mille livres que je lui prêterai . Cela me gênera, et j'y perdrai un intérêt que certainement je ne lui redemanderai pas ; mais je croirai gagner beaucoup en le prévenant par cette marque d'amitié . Je vais lui en écrire 4.
Ce serait bien dommage qu'on ne jouât pas Les Guèbres . Cramer a bien pleuré en lisant cette pièce . Du moins on l'imprimera, et cela fera une bonne diversion .
Lekain va, dit-on, aux eaux 5 ; on ne pourra pas jouer Les Scythes ; c'est un très petit malheur .
Je vous recommande toujours vos affaires, ma chère amie ; il ne faut point se lasser de faire des instances à M. de La Sourdière . Si on ne presse pas l'affaire de la succession cet argent ne sera touché que par vos arrières-neveux .
À l'égard de mes petites affaires j'espère qu'elles iront bien de toutes les façons . Mais la meilleure de toutes serait d’achever ma vie auprès de vous .
Je n'ai point entendu parler de ces lettres que la Duchesne voulait publier 6.
J'attends M. le marquis de Jaucourt dans quelques jours . Ce sera probablement la dernière fois que j'ouvrirai ma porte .
On a fait deux nouvelles éditions du Siècle de Louis XV. Peut-être serait-il à propos que j'en fisse présenter une au roi . Cela est dans le département de M. de Saint-Florentin . Cela est aussi dans celui du premier gentilhomme d'année . Il serait à désirer qu'une de ses amies 7 pût aimer un peu la lecture, et surtout celle d'un livre qui est plein de la gloire d'un homme à qui elle est attachée . Mais on craint toujours de faire de fausses démarches dans le pays qu'elle habite . Bonsoir ma chère amie, je vous aimerai jusqu'à ce que je ne sois plus .
V. »
1 Original, dernière phrase et initiale autographes ; cachet « de Lyon ». Date complétée par Mme Denis .
2 Lettre du 5 juillet 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/01/06/la-multitude-des-ouvrages-inutiles-est-si-immense-que-la-vie-6529896.html
3 Lettre du 28 juin 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/12/24/j-apprends-que-vous-avez-soutenu-en-dernier-lieu-les-droits-6528444.html
4 Lettre du même jour à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/correspondance-annee-1769-partie-22.html
5 Lekain devait effectivement passer le mois d'août et de septembre à Bagnères-de-Bigorre .
6 On trouvera d'autres détails sur cette publication projetée, mais qui n'eût pas lieu , dans les lettres du 7 juillet 1769 à Wargemont ( datée par erreur du 1er : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/correspondance-annee-1769-partie-20.html ) et 22 juillet à d'Argental ( http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/correspondance-annee-1769-partie-24.html ).
7 Mme Du Barry.
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)