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03/06/2020

Voyez s'il n'est pas de l'intérêt du ministère, et du bien public d'imposer silence à ces malheureux qui vivent de calomnies

... Ce serait sage de se débarrasser de telles malfaisances, les soucis actuels n'ont pas besoin qu'on en rajoute .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

[mars 1765]1

Mon cher ange, il y a plus d'un d’Éon et plus d'un Vergy . Lisez et jugez . Voyez s'il n'est pas de l'intérêt du ministère, et du bien public d'imposer silence à ces malheureux qui vivent de calomnies et qui osent se dire gens de lettres . Je m'en rapporte à la bonté, à la prudence, et au zèle éclairé de M. le duc de Praslin . »

1 L'édition Vie Privée donne une lettre très falsifiée par l'ajout de fragments déformés empruntés à quatre lettres bien postérieures, le tout daté de décembre 1765 .

portez-vous bien et combattez

... Combattez le virus en combattant d'abord vos mauvaises habitudes .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

[vers le 15 mars 1765]

Il est fort triste que frère Gabriel ait laissé échapper quelques exemplaires de La Destruction jésuitique . Cependant l'ouvrage me paraît fait avec tant d'art que je ne crois pas qu'on le défende , à moins que le parlement n'ait rendu quelque arrêt que je ne connais pas, par lequel il est ordonné à tout bon Français de ne jamais prononcer le nom de jésuite .

Bonsoir mon cher frère, ; ma santé s'altère, portez-vous bien et combattez . Je suis comme cet officier danois qui disait dans la bataille d'Hochstedt 1, je suis las, je ne puis plus tuer, tue brave Anglais, tue . Écr l'inf. »

02/06/2020

chacun un volume de Destruction

... et cinq volumes de construction , dosage recommandé . Sans modération .

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 15 mars 1765]1

Mon cher Caro nous vous demandons Mme Denis et moi chacun un volume de Destruction . Je vous réitère encore la prière que je vous ai faite de me faire avoir les journaux de Scheurler 2 depuis 1725 jusqu'à 1740 . S'il y avait quelques autres journaux de ce temps-là à la bibliothèque j’implorerais votre crédit pour les emprunter et je les rendrais fidèlement . Est-il vrai que le livre des princes 3 de Jean-Jacques paraît dans votre ville ? »

1 L'édition Crowley propose pour date février 1765 . La date est fixée par la référence à la Destruction des jésuites qui ne fut imprimée que vers la mi-mars et dont V* réclame des exemplaires reliés .

2 Henri Scheurler, éditeur .

3 Les Lettres de la montagne .

01/06/2020

votre zèle est égal à votre raison . Je hais les tièdes

... Je vous le dis froidement .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

15è mars 1765 1

Que vous avez une belle âme ! mon cher frère . Au milieu des soins que vous donnez pour les Calas vous portez votre sensibilité sur les Sirven . Que n'avons-nous à la tête du gouvernement des cœurs comme le vôtre ! Par quel aveuglement funeste peut-on 2 souffrir encore un monstre qui depuis quinze cents ans déchire le genre humain, et qui abrutit les hommes quand il ne les dévore pas !

M. d'Argental doit recevoir dans quelques jours deux paquets de mort-au-rats, qui pourront au moins donner la colique à l'infâme . Il doit partager la drogue avec vous .

Je crois qu'en effet il ne sera pas mal de publier la lettre qu'un certain V. vous a écrite sur les Calas et sur les Sirven . Cela pourra préparer les esprits, et on verra ce qu'on pourra faire avec M. d'Argental . M. le premier président de Toulouse est très bien disposé . Il s'agira de voir si monsieur le vice-chancelier voudra qu'on ôte à ce parlement une affaire qui lui ressortit de plein droit . Les Sirven ont été condamnés à Castres ; s'ils vont à Toulouse n'est-il pas à craindre que des juges irrités ne fassent rouer, pendre, brûler ces pauvres Sirven, pour se venger de l'affront que la famille Calas leur a fait essuyer ? Je ferai un mémoire que je vous enverrai, mais ces Sirven sont bien moins instruits des procédures faites contre eux que ne l'étaient les Calas . Ils ne savent rien, sinon qu'ils ont été condamnés, et qu’ils ont perdu tout leur bien . D'ailleurs, n'étant jugés que par contumace, je ne vois pas comment on pourrait faire pour les soustraire à leurs juges naturels .

Le procédé de M. de Beaumont m'inspire de la vénération . Son nom d'Elie me fait soupçonner qu'il n'est pas d'une famille papiste , et la générosité de son âme me persuade qu'il est un de nos frères . Laissons d'ailleurs juger les Calas, ne troublons pas actuellement leur triomphe par une nouvelle guerre . Je me flatte bien que vous m'apprendrez le plein succès auquel je m'attends . On verra immédiatement après ce qu'on pourra faire pour les Sirven . Ce sera une belle époque pour la philosophie qu'elle seule ait secouru ceux qui expiraient sous le glaive du fanatisme . Remarquez, mon cher frère, qu'il n'y a pas eu un seul prêtre qui ait aidé les Calas, car Dieu merci l'abbé Mignot n'est pas prêtre .

Voulez-vous bien faire parvenir le petit billet ci-joint à la veuve Calas ?3

Adieu, mon cher frère, vous êtes un homme selon mon cœur ; votre zèle est égal à votre raison . Je hais les tièdes .

Qu'est-ce , je vous prie, que Le Pyrrhonien raisonnable du marquis d'Autrey 4, qui croit prouver géométriquement le péché originel ? Écr l'inf, écr l'inf vous dis-je . Je vous embrasse de toutes mes pauvres forces . »

1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais insère dans cette lettre une partie de celle du 22 mars 1765 (datée par erreur du 12 mars dans l'édition de Kehl ). La correction est faite par Georges Avenel, édition Moland , 1941.

2 Correction du texte de l'édition Besterman qui omet le on .

31/05/2020

quand un prêtre ne peut plus dire la messe, ce n'est pas la peine d'avoir un autel

... Et quand on n'a plus de vacances, on n'a pas besoin d'hôtel .

Le curé fait la messe sur le net : «Encore tes sites de culte ...

https://verviers.lameuse.be/539290/article/2020-03-28/le-...

 

 

« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches

[à monsieur le colonel

d'Hermenches chez monsieur le comte de Bezenval, Lieutenant-général

Inspecteur général des Suisses en son hôtel

à Paris ]

15è mars 1765 à Ferney

Je ne suis pas étonné , monsieur, que vous soyez content des Français . Vous êtes comme une belle qui se voit avec complaisance entourée de ses amants . Peut-être avez-vous perdu un peu du côté de l'intérêt, mais cela se regagne en agréments ; et d'ailleurs, il est bien difficile que vous ne soyez pas bientôt colonel en pied . Pour peu que vous voyiez M. le duc de Choiseul il connaîtra bien vite tout ce que vous valez ; il y a des gens pour qui l’ordre du tableau n'est pas fait .

Je suis extrêmement sensible à l’honneur du souvenir de M. de Bezenval . Je suis persuadé que son amitié pour vous a été le principal motif qui vous a fait donner la préférence à la France sur la Hollande . Voulez-vous bien avoir la bonté, monsieur, de lui présenter mes très humbles hommages ? Si M. le maréchal de Richelieu regrette mon petit théâtre de Ferney je le regrette bien aussi ; mais quand un prêtre ne peut plus dire la messe, ce n'est pas la peine d'avoir un autel . Je perds la vue, je n'ai plus de voix, je suis condamné à souffrir, j'entre dans ma soixante et douzième année, il n'y a plus moyen d’amuser des Genevois . D'ailleurs, Jean-Jacques Rousseau m'avait écrit que je corrompais sa république en donnant des spectacles 1; je n'ai pas voulu m'exposer plus longtemps aux excommunications de ce père de l’Église . Je ne fais donc plus de tragédie, ni n'en joue ; j'applaudis de loin au Siège de Calais, et au lieu d'un théâtre, je bâtis deux ailes au château de Ferney . Si jamais vous daignez en occuper une quand vous irez à Hermenches vous comblerez de joie et d'honneur toute ma petite famille, et surtout le vieux malade qui vous est dévoué avec la tendresse la plus respectueuse .

V. »

1 Lettre du 17 juin 1760 ; voir à ce propos la lettre du 23 juin 1760 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/28/je-voudrais-que-vous-ecrasassiez-l-infame-c-est-la-le-grand-5647116.html

Ce sera un beau moment que celui du prononcé de l'arrêt

... du confinement et de la pandémie du Covid-19 (oui,"du" et non "de la", au nom de quelle règle devrait-on mettre au féminin toutes les maladies et misères humaines ? )  .

https://www.opinion-internationale.com/wp-content/uploads/2020/05/whatsapp-image-2020-05-12-at-10.24.52.jpeg

??? Est-ce possible ?

 

 

« A Anne-Rose Calas

Je n’ai point écrit depuis longtemps à madame Calas, parce que j'ai été assez malade ; mais j'ai été exactement informé de tout ce qui la concerne ; je ne doute pas qu’elle n'ait un succès complet . L'Europe qui a été attendrie de son malheur sera également sensible à la justice qu'on doit lui rendre, et qui probablement lui sera déjà rendue lorsqu’elle recevra ce billet . Ce sera un beau moment que celui du prononcé de l'arrêt . Je supplie madame Calas en embrassant son fils et ses filles, de leur dire combien je m'intéresse à toute la famille . Je la remercie de s'être souvenue de moi dans ses lettres à M. Debrus . Elle doit être trop occupée pour m'écrire , je ne prétends point qu'elle s'en donne la peine . Un mot dans une lettre de M. Debrus suffira toujours .

J'ai l'honneur d'être avec un zèle inaltérable son très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire .

Au château de Ferney 15è mars 1765. 1»

1 D'après le manuscrit original sur lequel Mme Calas a noté : « Lettre de M. de Voltaire du 15 mars 1765 ».

30/05/2020

Songez, je vous en prie, combien la superstition a fait périr de Calas depuis plus de quatorze cents années. Est-il possible que ce monstre ait encore des partisans ?

... On peut ajouter facilement, au minimum, trois siècles pour actualiser l'étendue des dégâts constatés par Voltaire . Et cette folie vit encore !

30 mai 1778 : décès de l'immortel  Voltaire. Vive Voltaire !

30 mai 1431 : supplice de Jeanne d'Arc , paix à ses cendres .

Surtout ne pas oublier de lire La Pucelle d'Orléans, trait d'union entre cet auteur génial et le  personnage légendaire : https://fr.wikisource.org/wiki/La_Pucelle_d%E2%80%99Orl%C3%A9ans

RELIGION, SUPERSTITION ET CRIMINALITÉ - MAURICE DUVAL - 1935 | eBay

Je ne pense pas le lire, je n'ai pas besoin d'arguments supplémentaires pour me faire une opinion sur le sujet

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

15 Mars 1765.

Oui, sans doute, mon ange adorable, j’ai été infiniment touché du mémoire du jeune Lavaysse, de sa simplicité attendrissante, et de cette vérité sans ostentation qui n’appartient qu’à la vertu. Je vous demande en grâce de m’envoyer l’arrêt dès qu’il sera prononcé. Vous savez que ce David, auteur de tout cet affreux désastre, était un très malhonnête homme ; le fripon a fait rouer l’innocent ; le voilà bien reconnu ; il a été destitué de sa place. J’espère qu’il paiera chèrement le sang de Calas.

C’est une étrange fatalité qu’il se trouve en même temps deux affaires pareilles. Je sais que la plupart des calvinistes de Languedoc sont de grands fous ; mais ils sont fous persécutés, et les catholiques de ce pays-là sont fous persécuteurs.

J’ai envoyé à M. Damilaville le détail 1 de cette seconde aventure 2, qu’il doit vous communiquer . Il y a des malheurs bien épouvantables dans ce meilleur des mondes possibles.

Je suppose, mon cher ange, que vous avez reçu ma lettre à M. Berger 3, dont j’ignore la demeure, comme j’ignorais son existence. Je vous demande bien pardon de vous avoir importuné d’une lettre pour un homme qui est à la fois indiscret et dévot.

J’ai vu votre Suédois ; il retourne à Paris, et s’est chargé d’un paquet pour vous. Le Genevois, qui est chargé d’un autre, doit être déjà parti. Je vous supplierai de donner à frère Damilaville les brochures dont vous ne voudrez pas. Je crois qu’il y en a seize, cela fait seize pains bénits pour les fidèles. Songez, je vous en prie, combien la superstition a fait périr de Calas depuis plus de quatorze cents années. Est-il possible que ce monstre ait encore des partisans ? Mon horreur pour lui augmente tous les jours, et je suis affligé quand je vois des gens qui en parlent avec tiédeur.

J’espère que je verrai bientôt le Siège de Calais imprimé, et que j’applaudirai avec connaissance de cause. On peut très bien envoyer par la poste, à Genève, des livres contre-signés ; mais il n’en est pas de même de Genève à Paris : vous permettez l’exportation, mais non pas l’importation.

Je ne sais ce qu’a le tyran du tripot, mais il est toujours plein de mauvaise humeur, et il ne laisse pas de me le faire sentir. L’ex-jésuite prétend qu’il faut qu’il attende encore quelque temps pour revoir les Roués , que les Romains ne sont pas de saison, qu’il faut attendre des occasions favorables  Voyez si vous êtes de cet avis. Je suis d’ailleurs occupé actuellement à augmenter ma chaumière ; et si je m’adressais à Apollon, ce serait pour le prier de m’aider dans le métier de maçon. On dit qu’il s’entend à faire des murailles ; cependant ses murailles sont tombées comme bien d’autres pièces.

Mais pourquoi M. Fournier souffre-t-il que madame d’Argental tousse toujours ? Je me mets à ses pieds ; ma petite famille vous présente à tous deux ses respects.

V.»



1 Mémoire du sieur François-Alexandre-Gualbert Lavaysse, 1765 : https://tolosana.univ-toulouse.fr/fr/notice/083067329