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14/02/2020

le plus dangereux des métiers de ce monde est donc celui d'aimer la vérité

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Pour la St Valentin le mensonge atteint des proportions démesurées, et le langage des fleurs en est le complice  .

 

« A Claude-Germain Le Clerc de Montmercy

12 décembre 1764 1

Tout ce que vous me dites, mon cher monsieur, sur le testament du cardinal de Richelieu est d'un vrai philosophe, et ceux qui ont pris parti pour ce testament ne le sont guère . Ceux qui poursuivent le Portatif le sont encore moins . C'est assez d'ailleurs qu'on m'ait imputé cet ouvrage pour que certaines gens le persécutent . Il est de plusieurs mains . On l'a imprimé d'abord à Liège, ensuite à Amsterdam et ces deux éditions sont très différentes . Je n'ai pas plus de part à l'une qu'à l'autre . Si on me désigne dans un réquisitoire l'orateur méritera la peine des calomniateurs . Je suis consolé en voyant que je n'ai d’ennemis que ceux de la raison ; il est digne d'eux de persécuter un vieillard presque aveugle qui passe ses derniers jours à défricher les déserts, à bannir la pauvreté d'un canton qui n'avait que des pauvres, et qui par les services qu'il a rendus à la famille de Corneille, méritait peut-être que ceux qui veulent se piquer d'éloquence ne s'armassent pas si indignement contre lui . Mais tel est le sort des gens de lettres ; le plus dangereux des métiers de ce monde est donc celui d'aimer la vérité . Encore s’ils étaient unis ensemble, ils imposeraient silence aux méchants ; mais ils se dévorent les uns les autres , et les monstres à réquisitoires avalent les carcasses qui restent .

Écrivez-moi, je vous prie, ce qu'on fait et ce que vous pensez . Vous m'apprendrez bien des sottises , et je profiterai de vos bonnes réflexions ; j'ose compter sur votre amitié, et vous pouvez être sûr de la mienne . »

1 La lettre à laquelle répond V* n'est pas connue .

13/02/2020

Je ne suis point surpris que les Welches fassent des difficultés sur cet ouvrage . Il n'est plus permis d'imprimer chez eux que des almanachs et des arrêts du parlement

... Et c'est vrai qu'en France cette opposition à la réforme des régimes de retraite démontre et confirme notre vision obtue de l'avenir . Que la France Insoumise, --en réalité France Immobile,--  se réjouisse, elle  a encore de beaux jours à venir ; ceux qui ne savent pas compter sont encore légions , et experts en dégradation uniquement . Et comme le dit si élégamment Jean-Luc Mélenchon , roi de la pommade et l'autosatisfaction : "à la fin c'est nous qu'on va gagner !" ; qu'il se réjouisse  d'une victoire à la Pyrrhus est bien dans sa nature .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

11è décembre 1764

Ceci est une réponse 1 du 5è décembre reçue aujourd'hui . Il est bon de vérifier les dates . Je vous parlerai d'abord de l'objet le plus intéressant de votre lettre . Frère Cramer viendra chez moi dans deux jours, et je conclurai probablement avec lui une petite affaire recommandée par vous et par la philosophie . Je ne suis point surpris que les Welches fassent des difficultés sur cet ouvrage 2. Il n'est plus permis d'imprimer chez eux que des almanachs et des arrêts du parlement .

Il est très bon qu'on se soit défait des jésuites, mais il ne faut pas aussi persécuter la raison dans la crainte chimérique d'essuyer des reproches d'avoir sacrifié les jésuites à l'introduction de la raison en France . La fureur d’écraser les jésuites d'une main, et la philosophie de l'autre n'est plus l'ouvrage de la justice, c'est celui d'un parti violent, également ennemi des jésuites et des gens raisonnables .

Je sais tout ce que les oméristes projettent ; et je crois même qu'ils iront plus loin que vous ne dites . Mais celui que ces monstres persécutent est, et sera à l'abri de leurs coups .

Un voyageur s'est chargé, mon cher frère, de vous apporter dans huit ou dix jours, deux petits recueils assez curieux, et on trouvera le moyen de vous en faire avoir d’autres , mais il faut attendre quelque temps . La raison est une étoffe étrangère et défendue qui ne peut entrer que par contrebande . Je me servirais de la voie que vous m’indiquez, si le paquet n'était entre les mains d'un médecin anglais 3 que vous verrez incessamment à Paris .

Vous savez que l'abbé de Condillac, un de nos frères, est mort de la petite vérole naturelle, immédiatement après que l'Esculape de Genève avait donné des lettres de vie au prince de Parme en l'inoculant . Vous remarquerez qu'il y avait alors une épidémie mortelle de petite vérole en Italie ; elle y est très fréquente ; la mère du prince 4 en était morte . Quelle terrible réponse aux sottises de votre faculté, et au réquisitoire d'Omer ! Ce malheureux veut-il donc que la famille royale périsse? L'abbé de Condillac revenait en France avec une pension de dix mille livres, et l'assurance d'une grosse abbaye, il allait jouir du repos et de la fortune, il meurt, et Omer est en vie ! Je connais un impie qui trouve en cette occasion la Providence en défaut.

Je voulais écrire à Archimède Protagoras tout ce que je vous mande, mais je ne me porte pas assez bien pour dicter deux lettres de suite . Trouvez bon que celle-ci soit pour vous et pour lui . Dites-lui qu'il sera servi avec le plus profond secret . Vous n'avez qu'à m'envoyer incessamment l'Histoire de la décadence, et sur-le-champ on travaillera .

Je prie instamment tous les frères de bien crier dans l’occasion que le Portatif est d'une société de gens de lettres ; c'est sous ce titre qu'il vient d'être imprimé en Hollande 5. Je prie le philosophe Archimède Protagoras de considérer combien il m’était nécessaire de combattre l'erreur où l'on était à la cour sur le Portatif . Je n'ai fait que ce que des gens bien instruits m'ont conseillé ; j'ai prévenu par un antidote le poison qu'on me préparait . Je sais très bien de quoi on est capable . La notoriété publique aurait suffit pour opérer certaines petites formalités qui ont fort déplu à Jean-Jacques, et qui l'ont conduit par le plus court à la petite vallée de Môtiers-Travers 6.

Avouons pourtant mes chers frères , que notre siècle est plus raisonnable que le beau siècle de Louis XIV . Un homme qui aurait osé alors écrire contre le Testament politique du cardinal de Richelieu, aurait été chassé de l'Académie, et aurait passé pour le descendant d'un laquais d'Erostrate . Nous avons fait quelques pas dans le vestibule de la raison . Courage mes frères, ouvrez les portes à deux battants, et assommez les monstres qui en défendent l'entrée . Écr l'inf . »

1 Il manque quelques mots tels que à votre lettre.

2 L'ouvrage de d'Alembert intitulé : Sur la destruction des jésuites en France, par un auteur désintéressé, 1765 : https://books.google.fr/books?id=_bUCAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

3 Non encore identifié .

4 Louise-Élisabeth de France, morte le 6 décembre 1759 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louise-%C3%89lisabeth_de_France

5 On ne connait aucune édition de ce genre ; V* l'a peut-être inventée .

6 Écrit Moutier sur le manuscrit, conformément à la prononciation du temps .

12/02/2020

L’avertissement qu'il a envoyé à l'ambassadeur de Prusse n'a été dicté que par le respectueux attachement qu'il éprouve toujours

.... A condition que le il soit elle, et cette elle Angela Merkel, nous avons le scénario d'une démission fermement demandée , avec dans l'ordre :

https://www.20minutes.fr/monde/2714115-20200208-extreme-droite-angela-merkel-congedie-membre-gouvernement

puis :

https://www.20minutes.fr/monde/2714143-20200208-allemagne-dirigeant-thuringe-elu-voix-extreme-droite-demissionne

Didier Gailhaguet  n'a pas eu la même élégance, trainant des pieds à outrance, jouant à la victime, et se muant en accusateur, avant de se démettre ; il me fait penser à M. Barbarin, --évêque de son état--; tous deux ne méritant pas leurs titres pompeux, au vu de leur inactivité pour réprimer les auteurs d'abus sexuels . Triple boucle piquée ! et chute ...

 

 

« A Friedrich Wilhelm von Thulemeier 1

[vers le 10 décembre 1764] 2

[Aucun libraire français ou suisse n'oserait imprimer la correspondance dont le roi de Prusse l'a honoré . L’avertissement qu'il a envoyé à l'ambassadeur de Prusse n'a été dicté que par le respectueux attachement qu'il éprouve toujours pour Sa Majesté .]

2 Les détails donnés sur cette lettre sont empruntés à une lettre de Thulemeier à Frédéric II, en date du 21 décembre 1764, citée par Koser-Droysen , III, 115.

11/02/2020

Votre Sorbonne est toujours la Sorbonne ; je ne dis rien de votre parlement, car je suis trop sage

... Il y aurait trop à dire sur l'une et sur l'autre .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

10 décembre 1764 1

On a parlé au médecin, il a répondu qu'il n’avait point été consulté, qu'il était très sûr par ses correspondances qu'actuellement on se portait bien , mais qu'il ne voudrait pas mettre des rentes viagères sur la tête de la personne en question .

On prend, mes divins anges, d’autres mesures pour être plus exactement informé 2.

Je vous écrivis, le samedi 8 , par M. l’abbé Arnaud 3. De nouvelles provisions pour les emplois comiques étaient dans ma lettre. Je soupçonne violemment M. l’abbé d’avoir égaré les premières. Il doit être si occupé de ses deux gazettes 4, et si entouré de paperasses, qu’on peut sans injustice le soupçonner d’égarer des paquets. Il a négligé deux paquets qu’on lui avait adressés pour moi. Je vous supplie de lui redemander non seulement la lettre du 8 décembre, mais celle de novembre, qu’il pourra retrouver.

Vous savez sans doute que vous avez perdu l’abbé de Condillac 5 mort de la petite-vérole naturelle et des médecins d’Italie, tandis que l’Esculape de Genève assurait les jours du prince de Parme par l’inoculation. Nous perdons là un bon philosophe, un bon ennemi de la superstition : l’abbé de Condillac meurt, et Omer est en vie ! Je me flatte qu’il n’aura pas l’impudence de faire de nouveaux réquisitoires contre l’inoculation, après ce qui vient de se passer à Parme. La plupart de vos médecins ne savent que cabaler. Votre Sorbonne est toujours la Sorbonne ; je ne dis rien de votre parlement, car je suis trop sage.

J’ignore ce qui s’est fait à votre assemblée de pairs, s’il s’est agi des jésuites dont personne ne se soucie, ou d’affaires d’argent après lesquelles tout le monde court grands yeux ouverts, bouche béante 6.

Le marquis 7 demande quelles feuilles il faut envoyer à M. Pierre pour le prince. Je vous ai déjà dit que cela est au-dessous de lui ; et quod de minimis non curat princeps 8.

On m’a envoyé un Arbitrage fort honnête entre M. de Foncemagne, le défenseur du préjugé, et moi, pauvre avocat de la raison 9. Cet arbitrage me donne un peu gain de cause. Je ne serais pas fâché d’avoir cassé quelques doigts à une idole qu’on admirait sans savoir pourquoi.

Mes divins anges, conservez-moi vos bontés, qui font le charme de ma vie.

V. »



1 L'édition de Kehl ne comporte pas les deux premiers paragraphes biffés sur la copie Beaumarchais .

2 Ceci pourrait se rapporter à Frédéric II ; voir lettre du 19 décembre 1764 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/09/correspondance-annee-1764-partie-41.html

Les « mesures prises » pourraient consister dans la lettre du 9 décembre 1764 à Frédéric II.

3 Il s'agit probablement de la lettre du 7 décembre 1764 à d'Argental :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/02/05/je-n-en-suis-pas-mieux-informe-que-des-vingt-edits-qu-on-enregistre-ou-qu-o.html ; datée du 7 mais pouvant bien avoir été envoyée seulement le 8 .

4 Il ne s'agit pas du Journal étranger qui a cessé de paraître (voir lettre du 23 juin 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/08/09/il-y-a-des-occasions-ou-c-est-n-avoir-pas-le-sens-commun-que-de-vouloir-tro.html) mais de la Gazette de France (voir lettre du 26 décembre 1764 à François Arnaud : « Voyez si vous voulez insérer dans votre Gazette littéraire la lettre ci-jointe lettre du 24 décembre 1764 à la Gazette littéraire : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/09/correspondance-... --

, et dans la Gazette de France l'article que je propose . »)

5 La nouvelle est fausse, Condillac mourra le 3 août 1780 .

7 Gabriel Cramer .

8 Adage : Que le prince ne se soucie pas des affaires mineures .

9 Sur cet arbitrage par l'une des parties, ce qui est nouveau, voir lettre du 27 novembre 1764 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/01/23/je-trouve-que-plus-on-est-vieux-plus-on-doit-etre-hardi-je-s-6207334.html

10/02/2020

j'ai des choses très importantes à vous communiquer, et qui vous feront plaisir

... Monsieur le président, seulement près de deux Français sur trois ont une opinion défavorable sur vous, et tous comptes faits une réélection  est mathématiquement possible, le nombre d'opposants divisant la masse électorale en miettes, un tiers de partisans suffirait . Non ? Je vais demand

 

« A Paul-Claude Moultou

A Genève, 9 décembre [1764] 1

Mon cher philosophe, tâchez de venir quelque jour dîner ou souper avec nous : j'ai des choses très importantes à vous communiquer, et qui vous feront plaisir . Vous pourrez rapporter en même temps le gros manuscrit qu'on vous a prêté . Il est extrêmement édifiant . Mais j'ai des nouvelles à vous dire qui vous plairont davantage . Je vous embrasse sans cérémonie ; je vous aime trop pour vous faire des compliments .

V. »

1 Bavoux et François, éditeurs de Voltaire à Ferney, 1860, lui ayant assigné la date de 1763, Moland l'imprime deux fois [5841, 10279], la première en changeant le quantième de l'année en 1764, sous l'impression que la lettre se rapporte aux difficultés de passeport de janvier- février 1765 . Cela semble peu probable ; néanmoins la lettre peut effectivement dater de 1764 .

09/02/2020

si cette hydre ne renaissait sans cesse du fond de superstition répandue sur toute la face de la terre

... La religion ! encore et toujours elle , pratiquée par des humains qui se prennent pour Dieu/dieux, parlent en son nom et tuent de même . Infâmes ils sont, infâmes ils restent . Le paradis est leur but suprème : qu'ils y aillent immédiatement et sans délai, je ne les retiens pas , bon débarras .

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

[9 décembre 1764] 1

[Prie le roi d'agréer l'expression de sa sympathie à l'occasion de sa maladie, et lui en demande des nouvelles .]

1 Cette lettre et son contenu sont connus grâce à Sander dans les Hinterlassene Werke Friedrichs II , 1789 ; la confirmation est donnée par la réponse de Frédéric du 1er janvier 1765 , qui nous est parvenue, où on lit : « Je vous ai cru si occupé à écraser l’infâme que je n'ai pu présumer que vous pensiez à autre chose . Les coups que vous lui avez portés l'auraient terrassée il y a longtemps, si cette hydre ne renaissait sans cesse du fond de superstition répandue sur toute la face de la terre .[...] D'ailleurs, je vous suis fort obligé de la part que vous prenez à ma santé, et aux choses obligeantes que vous me dites, et je regrette que votre âge donne de justes appréhensions de voir finir avec vous cette pépinière de grands hommes et de beaux génies qui ont signalé le siècle de Louis XIV . Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde . /Federic. »

08/02/2020

Les grands artistes doivent être tous frères, et si la famille de ces frères est unie, la famille des sots sera confondue

... L'argent, je le crains bien, divise cette famille et du coup, celle des sots prospère . Il n'est qu'à voir , entendre et lire ce que de fumeux critiques veulent nous faire admirer/gober, pour devenir de parfaits béotiens comme eux .

 

 

« A Michel-Paul-Gui de Chabanon

9è décembre 1764

Si on était sûr, monsieur, d'avoir après sa mort des panégyristes tels que vous, il y aurait bien du plaisir à mourir . Vous faites de toute façon honneur aux beaux-arts . Je vois une belle âme dans tout ce que vous faites . Si tous les gens de lettres pensaient comme vous, leur état deviendrait le premier du royaume, et leurs persécuteurs seraient dans la fange . Continuez à rendre honorable un mérite personnel que l'insolence des pédants, et la fureur des fanatiques voudront enfin avilir . Les grands artistes doivent être tous frères, et si la famille de ces frères est unie, la famille des sots sera confondue . Nos pères ignorants, légers et barbares, ne connaissaient avant Lully que les vingt-quatre violons du roi, et avant Corneille le cardinal de Richelieu avait à ses gages quatre poètes du Pont-neuf , dignes de travailler sous ses ordres . Il n'y a que les coeurs sensibles et les esprits philosophes qui rendent justice aux vrais talents . Puisse cet esprit philosophique germer dans la nation . Après l'éloge que vous avez fait de Rameau 1 je ferai toujours le vôtre ; vous m’inspirez un sentiment d'estime qui approche bien de l'amitié ; j’ose vous demander la vôtre, les sentiments que j'ai pour vous la méritent . Comptez que c'est du meilleur de mon cœur et sans compliments que j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

V. »