10/05/2020
je doute que le public ne sachant pas de qui seront les remarques favorise beaucoup cette entreprise
... qu'est la prolongation de l'état d'urgence sanitaire voulue par le gouvernement et discutée avec le pinaillage habituel des députés et sénateurs
Quand il faut savoir de quoi on parle :https://www.cairn.info/revue-lettre-de-l-enfance-et-de-l-...
« A Adrien-Michel-Hyacinthe Blin de Sainmore
près des Capucins
à Paris 1
Je souscris avec bien moins de plaisir, monsieur, si ce n'est pas vous qui vous chargez des commentaires sur Racine . Vous pouvez envoyer chercher chez M. Damilaville, l'argent qu'il faut pour souscrire . Il a la bonté de vouloir bien me rendre ce petit service, et il recevra la quittance . L’intérêt que vous prenez à cette édition me fait présumer qu'il y aura au moins quelque chose de votre façon , mais je doute que le public ne sachant pas de qui seront les remarques favorise beaucoup cette entreprise à laquelle je souhaite beaucoup de succès .
J’ai l'honneur d'être bien véritablement, monsieur , votre très humble et très obéissant serviteur
V.
25è février 1765 à Ferney. »
1 L'adresse est complétée d'une autre main, « chez M. Borda fermier-général ».
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09/05/2020
il y a dans la plupart des jeunes officiers français plus de bonne volonté que de sagesse
... Qu'on ne se méprenne pas, ici ce n'est pas un reproche, juste un constat . Sagesse et bonne volonté demandent effectivement du temps pour aller de pair .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
Mes divins anges ; je vis il y a quelques jours, une lettre de l'un de vous deux entre les mains de Mme Denis . Cette lettre, qui d'ailleurs est dans le goût de Mme de Sévigné, ne contient pas une approbation entière de mes déportements concernant mon théâtre et les Délices . Mais considérez , je vous prie, que je suis, quoi qu'on die 1, dans ma soixante et douzième année, que Mme Denis a commencé sa cinquante-sixième, et qu'à cet âge, il faudrait avoir le diable au corps pour jouer la comédie . Il me semble qu'il faut savoir vieillir, et que les fleurs du printemps ne sont pas faites pour l'hiver .
À l'égard des Délices, je ne peux m'attacher à une maison qui après moi n'appartiendrait pas aux miens . Je deviens d'ailleurs tous le jours si faible que c'est une fatigue pour moi de sortir de Ferney . Ce n'est pas la peine d'avoir deux maisons quand une suffit . Je resserre tous les jours mes désirs . Je n'ai plus en vérité qu'un seul regret, c'est de mourir sans vous revoir .
J'ai reçu une lettre de M. Berger, qui m'a paru cachetée avec vos armes , ou du moins quelque chose d'approchant . J'ai soupçonné qu'il l'avait écrite chez vous ; il ne m'instruit point de sa demeure . Permettez que je vous adresse ma réponse 2, et que je vous supplie de la lui faire tenir, supposé que vous découvriez le logement de ce Berger ; je vous demande pardon de la liberté grande 3.
On me mande beaucoup de bien du Siège de Calais 4. Il me semble que vous devez vous intéresser à ce succès . N'y a-t-il pas un roman du Siège de Calais qui vous plaisait beaucoup ?
Nous avons ici M. de Villette 5. Quelle est donc son aventure ? Il dit qu'il a été emprisonné et exilé, pour avoir fait semblant de tuer un homme . Que serait-ce donc s'il l’avait tué effectivement ?
On nous dit que Fréron est au Fort-l'Evêque 6, et La Harpe à Bicêtre 7. Voilà le Parnasse plaisamment logé ! Passe encore pour Fréron, mais je plains le pauvre La Harpe .
Je me flatte que ma nièce Florian aura l’honneur de venir prendre vos ordres avant d'entreprendre le voyage de Ferney . Je fais bâtir de nouvelles cellules pour les recevoir dans mon couvent . Si vous aviez jamais pu venir à Lyon, et de là à Ferney, j'aurais certainement conservé mon théâtre .
Je baise toujours bien dévotement le bout des ailes de mes anges .
25è février 1765
Il est vrai que j'ai pris la liberté d'écrire à Mme la duchesse de Gramont 8, et de demander une compagnie de dragons pour M. Dupuits quand son tour viendra d'être placé . Il a dix ans de service tout jeune qu'il est, c'est un officier très sage et plein de bonne volonté , et il y a dans la plupart des jeunes officiers français plus de bonne volonté que de sagesse . »
1 Les Femmes savantes, III, 2, vers 772 , Molière : http://www.toutmoliere.net/acte-3,405429.html#scene_ii
2 Voir lettre du même jour à Berger : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/05/08/l-auteur-de-l-annee-litteraire-a-fait-usage-de-ces-lettres-6-6236696.html
3 Réminiscence des Mémoires de Gramont, de Hamilton : voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Philibert_de_Gramont
4 Sur Le Siège de Calais, « nouvelle historique » de Mme de Tencin et de Pont-de-Veyle, voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Claudine_Gu%C3%A9rin_de_Tencin
5 Villette a été emprisonné six mois à Strasbourg pour des raisons obscures, sans doute à l'instigation de son père qui il a extorqué une forte somme, prétendant voir commis un meurtre .
6 A la suite d'une violente attaque contre Mlle Clairon publiée dans l'année littéraire, I, 120, de 1765, Fréron n'a échappé que de peu à l'emprisonnement, et a dû présenter des excuses à l'actrice, dans le numéro du 9 mars 1765 .
7 Ce bruit n'est pas fondé .
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08/05/2020
l’auteur de l’Année littéraire a fait usage de ces lettres ; mais vous ne me dites pas quel usage, et si c’est celui qu’on fait ordinairement de ses feuilles... je n’ai jamais lu l’Année littéraire, et ... je suis trop propre pour en faire usage
... Je ne vous ferai pas un dessin, mais l'entrée en confinement récente et la ruée sur le papier toilette conséquente m'ont rappelé l'usage et le recyclage qu'on faisait du papier journal il n'y a pas si longtemps , dans la "cabane au fond du jardin" . Ainsi méritent de finir les paperasses des "attestations etc." à condition toutefois, pour les modernes fesses délicates, qu'elles ne soient pas imprimées sur du papier supérieur à 90g .
Pour rester raccord, rendons à Rabelais etc. : https://www.point-fort.com/index.php/post/2012/12/07/908-le-torchecul-de-rabelais
« A Berger 1
25è février 1765 au château de Ferney 2
J’ai été touché, monsieur, de votre lettre du 12è février. On m’a dit que vous êtes dévot ; cependant je vous vois de la sensibilité et de l’honnêteté.
Vous m’apprenez que vous avez été taillé de la pierre, il y a douze ans ; je vous félicite de vivre si vous trouvez la vie plaisante. J’ai toujours été affligé que, dans le meilleur des mondes possibles, il y eût des cailloux dans les vessies, attendu que les vessies ne sont pas plus faites pour être des carrières que des lanternes ; mais je me suis toujours soumis à la Providence. Je n’ai point été taillé ; mais j’ai eu et j’ai ma bonne dose de mal en autre monnaie ; chacun la sienne : il faut savoir mourir et souffrir de toutes façons.
Vous me mandez qu’on a imprimé je ne sais quelles lettres 3 que je vous écrivis il y a plus de trente années . Vous m’apprenez qu’elles étaient tombées entre les mains d’un nommé Vauger 4, qui n’en peut répondre, attendu qu’il est mort 5. Si ces lettres ont été son seul héritage, je conseille aux hoirs de renoncer à la succession. J’ai lu ce recueil, je m’y suis ennuyé ; mais j’ai assez de mémoire, dans ma soixante et douzième année, pour assurer qu’il n’y a pas une seule de ces lettres qui ne soit falsifiée. Je défie tous les Vauger, morts ou vivants, et tous les éditeurs de rapsodies, de montrer une seule page de ma main qui soit conforme à ce que l’on a eu la sottise d’imprimer.
Il y a environ cinquante ans qu’on est en possession de se servir de mon nom. Je suis bien aise qu’il ait fait gagner quelque chose à de pauvres diables . Il faut que le pauvre diable vive ; mais il faudrait au moins qu’il me consultât pour gagner son argent plus honnêtement.
Vous m’apprenez, monsieur, que l’auteur de l’Année littéraire a fait usage de ces lettres 6; mais vous ne me dites pas quel usage, et si c’est celui qu’on fait ordinairement de ses feuilles. Tout ce que je peux vous répondre, c’est que je n’ai jamais lu l’Année littéraire, et que je suis trop propre pour en faire usage.
Vous craignez que l’impression de ces chiffons ne me fasse mourir de chagrin. Rassurez-vous : j’ai de bons parents qui ne m’abandonnent pas dans ma vieillesse décrépite. Mlle Corneille, bien mariée, et devenue ma fille, a grand soin de moi. J’ai dans ma maison un jésuite qui me donne des leçons de patience ; car si j’ai haï les jésuites lorsqu’ils étaient puissants et un peu insolents, je les aime quand ils sont humiliés. Je ne vois d’ailleurs que des gens heureux : cela ragaillardit. Mes paysans sont tous à leur aise : ils ne voient jamais d’huissiers avec des contraintes. J’ai bâti, comme M. de Pompignan, une jolie église où je prie Dieu pour sa conversion et celle de Catherin Fréron. Je le prie aussi qu’il vous inspire la discrétion de ne plus laisser prendre de copies infidèles des lettres qu’on vous écrit. Portez-vous bien. Si je suis vieux, vous n’êtes pas jeune. Je vous pardonne de tout mon cœur votre faiblesse, j’ai pardonné dans d’autres jusqu’à l’ingratitude ; il n’y a que la méchanceté orgueilleuse et hypocrite qui m’a quelquefois ému la bile ; mais à présent rien ne me fait de la peine que les mauvais vers qu’on m’envoie quelquefois de Paris.
J’ai l’honneur d’être, comme il y a trente ans, monsieur, votre, etc. »
1 Copie par Wagnière ; édition Nouveaux mélanges philosophiques, historiques , critiques, etc., etc., 1768 . La copie de Wagnière a été faite en vue de l'édition susdite, et comporte sans doute pour cette raison, deux corrections de V* . La lettre de Berger n'est pas connue . Berger est un ancien correspondant de V* depuis 1736 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1736/Lettre_667
et : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1736/Lettre_683
2 V* a remplacé cette mention, par aux Délices, on se demande pourquoi .
3 V* a ajouté ici, au-dessus de la ligne, en Hollande .
4 Ce Vauger disposait en effet de nombre de pièces de V* ou attribuées à V*, en manuscrit . Il en fait état dans une lettre du 22 août 1755 à un nommé Jean-Nicolas Douville, conservée dans les archives Suard sous forme d'une copie par Suard . La liste même de ces pièces diverses est également conservée mais elle ne comporte pas les lettres à Berger . Voir aussi : https://books.google.fr/books?id=rTYHAAAAQAAJ&pg=PA229&lpg=PA229&dq=berger+voltaire&source=bl&ots=Bks1450Ez4&sig=ACfU3U2mLBKtgjJvADGpRmFYXKF3p66Azw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjHm5WIzqPpAhXEzoUKHaarBVEQ6AEwEnoECBcQAQ#v=onepage&q=berger%20voltaire&f=false
5 D'après Suard, Vauger serait mort « quelques années après » 1755.
6 Dans l'Année littéraire, du 4 janvier 1765, Fréron donne un compte-rendu des Lettres secrètes, dont il profite pour évoquer les querelles de V* avec J.-J. Rousseau, Desfontaines et Saint-Hyacinthe .
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07/05/2020
Je crois que j’ai très bien pris mon temps pour me tirer de la cohue
... Mais ça commence à être un peu longuet . Je vois rouge .
Mam'zelle Wagnière, vous êtes au vert, mais soyez prudente , ce foutu virus ose s'attaquer à tous, même aux belles personnes .
« A Etienne-Noël Damilaville
20è février 1765
Mon cher frère, j’ai lu une partie de ce Pluquet 1 . Cet homme est ferré à glace sur la métaphysique ; mais je ne sais s’il n’a pas fourni un souper dont plusieurs plats seraient assez du goût des spinozistes. Je voudrais bien savoir ce que les d’Alembert et les Diderot pensent de ce livre.
La Destruction doit être partie, ou partira à la fin de cette semaine. Je ne suis pas exactement informé ; trois pieds de neige interrompent un peu la communication. Je crois que cette neige refroidira les esprits de Genève, qui étaient un peu échauffés ; on disputera, mais il n’y aura point de guerre civile.
Je crois que j’ai très bien pris mon temps pour me tirer de la cohue, et pour me défaire des Délices, d’autant plus que mon bail était fini, et que je ne l’avais pas renouvelé. Un M. Labat, qui avait dressé les articles du contrat, me faisait quelques difficultés, comme vous l’avez pu voir. Ces difficultés ont dû vous paraître extraordinaires, aussi bien que le contrat même. On ne ferait pas de tels marchés en France . Celui-là est plus juif que calviniste.
Je me flatte que tout s’accommodera à l’amiable, et beaucoup plus facilement que les affaires de Genève. MM. Tronchin, qui sont mes amis, m’y aideront ; mais je serai toujours bien aise d’avoir le sentiment de M. Elie de Beaumont au bas de mes petites questions. J’attends avec impatience son mémoire pour les Calas 2. Voilà un véritable philosophe ; il venge l’innocence opprimée, il n’écrit point contre la comédie, il n’a point un orgueil révoltant, il n’est point le délateur de ceux dont il aurait dû être l’ami et le défenseur. Le cœur me saigne de deux grandes plaies, la première que Rousseau soit fou, la seconde que nos philosophes de Paris soient tièdes. Dieu merci, vous ne l’êtes pas. Vous m’avez glissé deux lignes, dans votre lettre du 12è février, qui font la consolation de ma vie.
Je soupçonne que le paquet de Franche-Comté est tombé entre les mains des barbares . Il faut mettre cette petite tribulation aux pieds du crucifix. Je me recommande à vos saintes prières. J’entre aujourd’hui dans ma soixante-douzième année, car je suis né en 1694, le 20è Février, et non le 20è de novembre, comme le disent les commentateurs mal instruits . Me persécuterait-on encore dans ce monde, à mon âge ? cela serait bien welche. Je me flatte au moins, qu’on ne me fera pas grand mal dans l’autre.
Je vous embrasse bien tendrement. Ecr l'inf. »
1 Examen du Fatalisme […] ; sur cet ouvrage , voir lettre du 28 janvier 1765 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/04/12/si-nous-avions-une-douzaine-d-ames-aussi-zelees-que-la-votre-nous-ne-laisse.html
2 Mémoire à consulter et consultation pour les enfants de défunt Jean Calas, marchand à Toulouse, signé Elie de Beaumont , daté du 22 janvier 1765 : https://tolosana.univ-toulouse.fr/fr/notice/044283709
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Je n'ai presque point quitté mon lit depuis deux mois
... Là je galèje un peu !
Je veux dire que je n'ai pas quitté ma cour plus d'une fois par semaine , je maitrise parfaitement l'art d'accommoder les restes, les menus sont peu variés, ce qui ne m'a pas empêché de faire un peu de gras ( à déconfiner lui aussi, le plus tôt possible ) . A 16h, nous serons fixés sur notre liberté surveillée , vert : je bosse, rouge : je me recouche !
On va charger ... Messieurs ajustez vos faux nez !
https://www.centenaire.org/fr/tresors-darchives/fonds-pri...
« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire intime et
historiographe de Son Altesse Électorale , etc.
à Mannheim
20è février 1765 1
Mon cher ami, j'entre aujourd’hui dans ma soixante et douzième année, en dépit de mes estampes qui me donnent quelques jours de moins 2. Ce n'est pas sans peine que j'ai attrapé cet âge . Je n'ai presque point quitté mon lit depuis deux mois . Vous m'avez vu bien maigre, je suis devenu squelette . Je m'évapore comme du bois sec enflammé, et je serai bientôt réduit à rien . Mettez-moi, je vous prie, aux pieds de Son Altesse Électorale . Je veux qu’elle sache que je mourrai son admirateur, son attaché, son obligé .
Dites-moi je vous prie, si vous avez trois pieds de neige à Mannheim, comme nous sur les bords du lac Léman . Avez-vous de beaux opéras ? J'avais un pauvre petit théâtre grand comme la main ; je viens de le faire abattre : vous voyez que j'ai renoncé au Démon et à ses pompes . La Mettrie a fait L’Homme machine 3 et L'Homme plante 4. Il est triste de n'être qu'une plante du pays de Gex . J'aurai végété plus agréablement à Schwetzingen . Adieu, aimez-moi pour le peu de temps que j'ai encore à exister et à sentir .
V. »
1 Sur le manuscrit original, mention « f[ran]co Canstat »
2 Officiellement, V* est né en novembre , et lui se réclame né plus tôt .
3 Publié en 1748 à Leyde : http://www.ali-aix-salon.com/La_mettrie_homme_machine.pdf
4 Publié en 1748 à Potsdam : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Homme_Plante
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Je suis plus fait actuellement pour les extrêmes-onctions que pour les baptêmes
... Rien d'autobiographique là dedans, heureusement .
Mais je pense que le président du Mexique peut tout à fait coller à cet état , Andrés Manuel López Obrador continuant à prôner une vie sans précautions et une protection divine à grand renfort d'images pieuses , ce en quoi il est proche de son voisin Donald Trump : https://www.la-croix.com/Monde/Ameriques/Coronavirus-Mexi...
Mais, pandémie oblige, les cinglés malfaisants sont sous toutes les latitudes, et restent terriblement actifs, comme en Iran : https://rsf.org/fr/actualites/iran-deux-journalistes-arretes-apres-la-diffusion-dune-caricature-moquant-la-preconisation-de
« A Claude-Ignace Pajot de Vaux
Conseiller maître en la Chambre des
comptes de Dole
à Lons-le-Saulnier
18è février 1765 à Ferney 1
Monsieur,
Souffrez que cette lettre soit à la fois pour vous, pour monsieur votre frère et pour madame de Vaux . Je suis plus fait actuellement pour les extrêmes-onctions que pour les baptêmes . Mais si je peux jamais demander à ma mauvaise santé un congé pour venir assister à l'entrée que monsieur votre fils fera dans ce monde je ne manquerai pas de venir moi-même le mettre sous la protection de saint François d'Assise, mon bon patron . Si c'est un garçon il tiendra de vous le grand cordon si renommé de ce saint François . Si c'est une fille elle aimera un jour ce beau cordon 2. Je félicite sa mère de la bonne santé dont elle jouit, cela présage les couches du monde les plus heureuses . Je prends la liberté d'aimer toujours pâté 3, je respecte madame de Vaux, je vous suis véritablement attaché à l'un et à l'autre ; je vous souhaite toutes les prospérités que vous méritez ; je serai à vos ordres pour le reste de ma vie .
J’ai l’honneur d'être de tous les trois avec les plus respectueux sentiments, le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Wagnière a ajouté à son texte l'initiale de V*, et une autre main la complèta en imitant apparemment la signature du patriarche .
2 Allusion à La Pucelle, chant second ? Voir Grisbourdon : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-orleans-chant-second-83161156.html
3 Surnom de Marie-Jeanne Pajot de Vaux , voir : lettre du 4 janvier 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/10/il-est-bien-tente-de-venir-lui-meme-baptiser-le-petit-pate-qui-est-dans-vot.html
Elle va mettre au monde un fils : Jean-François : https://gw.geneanet.org/wikifrat?lang=en&n=de+pajot+de+vaux+de+gevingey&oc=0&p=jean+francois
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06/05/2020
tout le pays était en alarmes. Il a été arrêté sur ces menaces. Je ne mets assurément aucun obstacle à son élargissement
... Résumé du discours présidentiel en vue du déconfinement ? Presque !...
« A Louis-Gaspard Fabry, Maire et subdélégué
à Gex
17è février 1765 à Ferney
Monsieur,
Par toutes les informations que j’ai prises depuis votre dernière lettre, il paraît que le nommé Matringe n’a nulle correspondance avec la bande de voleurs que les deux Genevois ont dénoncée. Carry, maréchal à Ferney, est celui qui a donné le premier avis des menaces de Matringe, tandis que tout le pays était en alarmes. Il a été arrêté sur ces menaces. Je ne mets assurément aucun obstacle à son élargissement. Je vous supplie d’en assurer monsieur le prévôt ; si vous voulez même avoir la bonté de faire dire à Matringe qu’il vienne me parler, je lui donnerai de quoi achever le voyage qu’il dit devoir faire en Savoie, à condition qu’il ne vienne plus troubler la tranquillité de notre pays.
J’ai donné une carte au nommé Pinier, habitant de Ferney, qui fait venir des bois de construction pour sa grange. Je prends la liberté de le recommander à vos bontés . J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que vous me connaissez, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
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