19/07/2018
Il est question vraiment d'une affaire considérable
... Je vous fais juges : https://www.sudouest.fr/2018/07/18/perigueux-colere-24-de...
Belle Marianne, d'amour pour vous etc., etc.
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI
[30 juillet 1763] 1
J'ai pris la liberté d'envoyer des paperasses à mes anges , attendu qu'on ne peut pas toujours envoyer des tragédies . J'ai recours à leurs bontés en prose et en vers .
Il est question vraiment d'une affaire considérable . Si M. d'ArgentaI veut seulement jeter les yeux sur le précis de ma requête au roi en son Conseil il verra de quoi les prêtres sont capables . Je ne sais comment m'y prendre pour faire parvenir par la poste un si énorme paquet à M. Mariette . Pardon encore une fois mes divins anges si je vous importune à ce point . N'y a-t-il pas toujours un contresigneur chez M. de Courteilles? ce contresigneur ne peut-il pas avoir la bonté de faire tenir ces pièces à l'avocat quand vous lui aurez fait dire un petit mot ?
Si vous êtes content du quatrième et du cinquième acte, je vous supplie de vouloir bien me renvoyer les trois premiers que je vous dépêcherai sur-le-champ .
Je vous ai mandé que j'ai obéi à vos ordres en écrivant à M. Douet . Mais comme je vous ai écrit par M. le duc de Praslin qui est à Compiègne mon paquet ne vous sera pas si tôt parvenu .
Je crois qu'on peut faire quelque chose de mes roués . Êtes-vous de cet avis ? Savez-vous qu'il est horriblement difficile de trouver des sujets et de faire du neuf ? Vous voyez : je suis obligé de revenir à Rome , après avoir fait le tour du monde .
Respect, tendresse et pardon. »
1 Le manuscrit original a été partagé en deux il y a environ un siècle et demi ; la première feuille ( jusqu'à contresigneur) est conservée à Bruxelles, la seconde à la Bibliothèque nationale . Cependant le bas de cette seconde feuille a été déchiré, et le texte manquant (à partir de M. Douet) a dû être suppléé à partir de la copie Beaumarchais-Kehl . Le texte de l'édition correspondante (Kehl) est d'ailleurs altéré par l'insertion, à la place d'un passage assez long (de n'y a-t-il pas, deuxième paragraphe, jusqu'à la fin du paragraphe 4) d'un extrait de la lettre du 3 août 1763 à d'Argental (voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-25.html ).
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18/07/2018
Je tâche autant que je peux de dérouter les curieux
... dit Donald le caméléon US qui ne sait plus ce qu'il dit et est de toujours de l'avis de celui qui lui fait le plus peur . Ah qu'il est beau "le pays le plus puissant du monde" [sic] quand son président se déculotte à tout va ! Le mensonge lui tient lieu de mode de pensée , qui l'aime le suive .
https://www.lemonde.fr/donald-trump/article/2018/07/17/ap...
Possible !
Mais pour en revenir à des choses et gens plus utiles, ne pas oublier de donner un peu de son sang pour soigner et sauver malades et blessés : http://www.leparisien.fr/societe/don-du-sang-l-efs-lance-...
A faire sans délai et sans crainte : https://dondesang.efs.sante.fr/
« A Etienne-Noël Damilaville
29 juillet [1763]
Je me sers de la route de Lyon mon cher frère pour vous dire qu'il y a un petit paquet pour vous chez M. d'Argental qu'il peut avoir remis au suisse de M. de Courteilles 1. Je tâche autant que je peux de dérouter les curieux . Vous devez avoir reçu un envoi par Besançon .
N. B. – Le paquet que je vous annonce chez M. d'Argental a été adressé à M. le duc de Praslin, or M. de Praslin est à Compiègne, ainsi le paquet aura retardé de deux ou trois jours .
N. B. – Autre paquet par la même poste .
N. B. – Je vous supplie de me mander ce que vous avez reçu .
N. B. – Je vous aime tendrement bien mais je désespère de vous posséder . »
1 Voir lettre du même jour à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/07/16/on-coupe-les-vivres-a-l-ame-comme-on-coupe-les-bourses-6066664.html
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17/07/2018
On ne peut pas toujours être tendre
... dira -en substance- Emmanuel Macron en recevant ce jour les représentants des syndicats ouvriers et patronaux après la réception et la fête pour les Bleus , ou comment passer du coq à l'âne . Pas toujours marrant d'être président !
De même dit Vladimir Poutine qui fait mettre en prison quatre Pussy Riot qui ont foulé la pelouse sacrée de France-Croatie : https://www.20minutes.fr/sport/coupe_du_monde_2018/230884...
Non ! non, ce n'est pas ainsi qu'on trace les lignes sur le terrain !
« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis
A Ferney, 29 juillet [1763] 1
Monseigneur,
Je me suis imaginé qu’à la longue je pourrais bien vous ennuyer en vous parlant de la douceur de vivre à la campagne, et de cultiver en paix la philosophie et son jardin 2. J’ai voulu animer un peu le commerce littéraire dont Votre Éminence veut bien m’honorer . Je ne me suis pas borné à faire mes foins ; j’ai fait une tragédie 3. Celle-ci n’a pas été faite en six jours. Il faut avouer que j’y en ai mis douze. Je ne peux travailler que rapidement, quand une fois je suis échauffé . Vous sentez bien qu’il vaut autant esquisser son sujet en vers qu’en prose . Cela est moins ennuyeux pour les personnes qu’on prend la liberté de consulter, et on corrige ensuite les mauvais vers qu’on a faits, et les bons qu’on a faits mal à propos. Daignez donc agréer l’ouvrage que je soumets à vos lumières et que je confie à vos très discrètes bontés, car la chose est un secret.
Je n’ai rien à vous dire sur le sujet . Vous connaissez les masques, vous savez que Fulvie avait eu du goût pour Octave 4 du temps de son mariage avec Antoine, et que c’était une femme assez vindicative. Je sais bien que peu de belles dames pleureront à cette tragédie . Elle est plus faite pour ceux qui lisent l’histoire romaine que pour les lecteurs d’élégies. On ne peut pas toujours être tendre . Le genre dramatique a plus d’une ressource. J’étais apparemment dans mon humeur noire quand j’ai fait cette besogne.
Je ne vous demande point pardon d’avoir agrandi la petite île du Reno 5 où les triumvirs s’assemblèrent . Je crois qu’il n’y avait place que pour trois sièges ; mais vous savez que nous autres poètes nous agrandissons et rapetissons selon le besoin. Enfin je souhaite que cette débauche d’esprit vous amuse une heure . Si vous avez la bonté d’en consacrer une autre à me dire mes fautes, je vous serai plus obligé que d’ordinaire les auteurs ne le sont en pareil cas. J’aimerais bien mieux entendre vos sages réflexions que les lire. Je ne vous dis pas combien je regrette de ne pouvoir vous faire ma cour, et présenter mon respect à celui que j’ai vu le plus aimable des hommes.
etc. etc etc .
V. »
1 Un fac similé partiel du manuscrit figure au catalogue de la vente Sotheby du 11 juin 1968 .
2 en son jardin est ajouté par V* en marge .
3 Le Triumvirat .
4 V* a d'abord écrit Antoine corrigé .
5 Où est placée la scène d'Octave .
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16/07/2018
On coupe les vivres à l'âme , comme on coupe les bourses
... chaque fois qu'on incendie une école, un lieu de spectacles, un livre, où que ce soit dans le monde, et notre France , "championne du monde", qui va dérouler le tapis rouge pour une grosse poignée de footballeurs, n'est pas épargnée par les casseurs et des censeurs auto-proclamés .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
29 juillet [1763]
Mes divins anges, vous n'aurez pas de tragédie nouvelle par cette poste . Vous n'aurez pas même de changements pour la tragédie des roués parce qu'il vaut mieux que je vous la renvoie avec toutes les corrections que j'aurai imaginées et avec celles que vous m'aurez indiquées .
Je prends toujours la liberté de vous adresser des paquets pour frère Damilaville . Il y a des choses concernant mes petites affaires, des mémoires pour notaire et pour mon procureur . Je suis forcé de prendre ce tour parce que M. Mariette, l'avocat des Calas, n'a pas reçu une lettre de change que je lui avais envoyée avec un mémoire imprimé . L'imprimé a été saisi et la lettre de change avec lui . On ne sait plus comment faire . On coupe les vivres à l'âme , comme on coupe les bourses .
Vous devez avoir reçu sous l'enveloppe de M. le duc de Praslin une grande lettre accompagnée encore d'un paquet pour frère Damilaville . J'ai cru que vous permettriez que j'usasse de vos bontés jusqu'à ce que j'eusse pris d'autres mesures . Depuis la lettre de Jean-Jacques à Christophe il me paraît qu'il y a une inquisition sur les lettres . Je vous demande pardon de mon importunité mais je n'ai pu faire autrement . Vous pouvez aisément donner ordre qu'on remette au suisse de M. de Courteilles le paquet de M. Damilaville qui est de son bureau .
J'oubliais de vous dire que j'ai écrit à M. Douet 1 le fermier général une lettre aussi affectueuse qu'on en peut écrire à un homme qu'on ne connait point du tout .
Mes anges j'attends que vous me mandiez si vous pensez qu'on puisse faire quelque chose de mes roués .
Respect et tendresse et pardon pour les paquets . »
1 Cette lettre à Douet ou Drouet n'est pas connue, mais on peut s'en faire une idée par celle du 16 août 1763 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-26.html
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15/07/2018
Cette prétention me paraît inique et absurde
... Vous devinez aisément qu'il s'agit encore du terrific US-Donald qui prétend enrichir son pays en taxant outre-mesure les importations, ce à quoi répondent les taxés par des surtaxes correspondantes : 0/0, USA : winner-loser / reste du monde : winner-loser too . Il me semble que ce prétentieux n'a pas oublié ses réflexes d'homme d'affaires qui a su déjà faire par le passé tant de dettes que les banques n'avaient même plus la ressource de le mettre en liquidation sans risquer de couler avec lui . Effrayant branquignol ! je te dedie ce requiem : https://www.youtube.com/watch?v=7vJvwD3XADc
... "Nope !"
« A Etienne-Noël Damilaville
29 juillet 1763 1
J'ai eu beaucoup de peine à trouver les deux petites brochures que j'envoie à mon cher frère ; il ne veut sans doute les avoir que pour les réfuter . Ces sortes d'ouvrages qui sont assez communs en Hollande, ne servent qu'à faire triompher notre sainte religion . Mon cher frère est prié de vouloir bien avoir la bonté d'envoyer les paquets ci-joints à un procureur et à un notaire, à qui ils sont adressés ; il ne faut pas toujours négliger les affaires pour la philosophie .
À propos d'affaires, il faut que je consulte mon cher frère . Le receveur du vingtième qui demeure au Belley prétend que nous devons lui envoyer notre argent à Belley, qui est à dix-huit lieues , par delà nos montagnes tandis qu'il peut avoir très aisément un bureau de correspondance à Gex où nous payons la capitation, et qui n'est qu'à une lieue du château de Ferney . Cette prétention me paraît inique et absurde . Je demande le sentiment de mon cher frère . Je l'embrasse bien tendrement, je le prie de me dire combien de paquets il a reçus . Il m'avait flatté que nous raisonnerions ensemble à Ferney .
N'a-t-il fait parvenir un catéchisme à frère H. , en a-t-il distribué aux frères ? »
1 Le manuscrit est autographe à partir de Je l'embrasse ...
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14/07/2018
vous serez amusé, et un ministre a souvent besoin de l'être
... lui qui n'amuse guère ses concitoyens ne peut guère attendre que ceux-ci le mettent en joie . Pour le consoler, le choix des distractions ne manque pas ce jour, avec le défilé des Champs Elysées, le Tour de France et tout ce que permet le beau temps . Haut les coeurs !
« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin
[vers le 27 juillet 1763] 1
[…] A propos, monseigneur, ceci n'est pas une dépêche de Rome moderne, ce n'est pas un mémoire sur les diètes de Pologne, ce ne sont pas des nouvelles des deux frères qui se disputent la Perse, ce n'est pas un détail des sottises de ce pauvre Grand Mogol, c'est votre conjuration, ce sont vos roués, c'est une attrape qui vous amusera . Je ne vous dirai point que cela fera fondre en larmes, je mentirais ; mais cela peut attacher, cela fera raisonner, et vous serez amusé, et un ministre a souvent besoin de l'être .
Vous pèserez, quand il en sera temps, l'importance extrême dont il est, de mettre la conspiration sous le nom d'un jeune novice jésuite, qui, grâce à la bonté du parlement , est rentré dans le monde, et qui comme Colletet et tant d'autres, attend son dîner du succès de son ouvrage . Je m'imagine que les girouettes françaises tournent actuellement du côté des jésuites ; on commence à les plaindre ; les jansénistes ne font point de pièces de théâtre, ils sont durs, ils sont fanatiques, ils seront persécuteurs, on les détestera, on aimera passionnément un pauvre petit diable de jésuite, qui donnera l'expérience d’être un jour un Lemière, un Colardeau, un Doriat . Je persisterai toujours à croire qu'il faut donner un nom à ce jeune jésuite ; le public aime à se fixer . Si on ne nomme personne, on me nominera, et tout sera perdu .
Mais pourquoi ne faites-vous pas faire une tragédie à M. Thomas? Quel homme a écrit avec plus de force que lui ? Quel homme a plus d'idées ? Il est jeune, et j'ai besoin d'un coadjuteur .
Enfin , monseigneur, vous ne nous abandonnerez pas, Mme Denis et moi, dans notre querelle avec la sainte Église . Nous espérons que vous voudrez bien vous damner pour nous, rien n'est plus beau que d'aller au diable pour faire du bien aux gens qu'on protège .
Agréez, je vous en conjure, mon attachement, ma reconnaissance, et mon profond respect .
Le vieux de la montagne . »
1 L'édition Vie privée donne un texte très corrompu daté de décembre . Moland place la lettre à la fin de 1764 . Tel que le texte se présente dans les éditions, ces deux dates sont impossibles pour de nombreuses raisons . Mais en fait, ce texte s'avère résulter d'un amalgame de trois lettres fragmentaires : la présente lettre, celle du 21 août 1763 généralement donnée comme adressée au duc de Richelieu mais dont le destinataire est Praslin, et la lettre du 17 octobre 1763 .
08:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
13/07/2018
Tout a ses inconvénients, et le chemin du bon est bien étroit
... Vérité universelle .
Pas à pas, marche après marche ...
« A Henri-Louis Lekain
[vers le 27 juillet 1763] 1
Monsieur le Garrick de France, vous n’êtes le Guarrigues 2 que pour le mérite, et non pour la bourse. Vous vous en tenez aux applaudissements du public, et vous laissez là les pensions de la cour . Mais quand une fois le roi aura sept cent quarante millions net de revenu annuel, qu’on lui promet dans des brochures 3, je ne doute pas que vous ne soyez alors couché sur l’état.
Vous venez de faire un miracle : vous avez fait supporter à la nation une tragédie sans femmes . Vous avez aussi fait paraître un corps mort. Vous parviendrez à faire changer l’ancienne monotonie de notre spectacle, qu’on nous a tant reprochée. Il faut avouer que jusqu’ici la scène n’a pas été assez agissante . Mais aussi gare les actions forcées et mal amenées : gare le fracas puéril du collège . Tout a ses inconvénients, et le chemin du bon est bien étroit. Vous avez trouvé ce chemin mon grand acteur ; je ne serai content que lorsque vous serez dans celui de la fortune, et que la cour vous aura rendu justice. Je vous embrasse bien tendrement.
Madame Denis vous fait mille compliments.
V. »
1 L'édition Kehl , suivant la mention de la copie Beaumarchais : « Le [un blanc] 1763 » en place la lettre à la fin de l'année . Le manuscrit n'est pas daté, fait exceptionnel pour une lettre écrite de la main de Wagnière .
2 Serait-ce une allusion au joaillers ou horloger français installé à Berlin : voir page 149 : http://www.vallabrix.com/wp-content/uploads/2016/11/MDBtotal2016.pdf
3 C'est le chiffre cité par le Journal encyclopédique du 15 mai 1763 dans un compte rendu de l'ouvrage de Roussel de La Tour : Richesse de l’État ; voir lettre du 7 juillet 1763 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/06/25/j-ai-lu-il-y-a-longtemps-les-pretendues-richesses-de-l-etat-6062084.html
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