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19/02/2013

Fanatiques papistes, fanatiques calvinistes, tous sont pétris de la même m... détrempée de sang corrompu

 ... Inutile, -car c'est évident,-  de nommer toutes religions comportant des fanatiques, à savoir toutes , hélas . Inutile aussi d'espèrer les voir disparaitre, la mauvaise herbe ne crevant pas .

Vous y pensez ?

Oubliez !!

ça n'en est pas  !

 DSCF8103. m détrempée .png

 

 

« A M. Jean Le Rond d'ALEMBERT.
Aux Délices, 12 décembre [1757]. 1
Vous savez, mon cher philosophe, tous les murmures de la synagogue 2. M. de Cubières 3 a dû vous en parler. Ces drôles osent se plaindre de l'éloge que vous daignez leur donner, de croire un Dieu, et d'avoir plus de raison que de foi.
Quelques-uns m'accusent d'une confédération impie avec vous 4. Vous savez mon innocence. Ils disent qu'ils protesteront contre votre article. Laissez-les protester, et moquez-vous d'eux. Ils auront beau jurer qu'ils croient la Trinité, leurs camarades de Hollande, de Suisse, et d'Allemagne, savent bien qu'il n'en est rien. Ils n'auront que la honte d'avoir renié inutilement leur créance. Mais vous, à qui quelques-uns se sont ouverts, vous qui êtes instruit de leur foi par leur bouche, ne vous rétractez pas: il y va de votre salut, votre conscience y est engagée. Ces gens- là vont se couvrir de ridicule chaque démarche qu'ils font depuis le tombeau du diacre Paris, la place où ils ont assassiné Servet, et jusqu'à celle où ils ont assassiné Jean Hus, les rend tous également l'opprobre du genre humain. Fanatiques papistes, fanatiques calvinistes, tous sont pétris de la même m. détrempée de sang corrompu. Vous n'avez pas besoin de mes saintes exhortations pour soutenir la gale que vous avez donnée au troupeau de Genève. Vous serez ferme, je n'en suis pas en peine; mais je ne peux m'empêcher de vous parler de leurs criailleries. A l'égard de Luc 5, tantôt mordant, tantôt mordu, c'est un bien malheureux mortel et ceux qui se font tuer pour ces messieurs-là sont de terribles imbéciles. Gardez-moi le secret avec les rois et avec les prêtres, et croyez que je vous suis attaché avec l'estime infinie et la reconnaissance que je vous dois.
Le vieux Suisse V. »

2 Suite à la parution de l'article Genève dans l'Encyclopédie .

3 Au lieu de ce nom, cité dans quelques autres lettres de Voltaire et de d'Alembert, en 1758, je pense qu'on doit lire celui de Lubières. II y avait alors à Genève un M. de Lubière dont Mme d'Épinai parle dans une lettre d'octobre 1760, à Tronchin le conseiller d'État, et auquel elle écrivit au mois de mars 1765. Le baron de Lubières était un familier des Délices depuis 1755 au moins . (Clogenson.)Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Benjamin_de_Lubi%C3%A8res#Source

4 D'Alembert est venu aux Délices en 1756 .

5 Surnom donné par V* à Frédéric II, également le nom du singe de V*.

 

Si les .....iens n'étaient pas aussi bien conduits que nous sommes mal dirigés, il ne reviendrait de Français que ceux qui déserteraient

 ... Il va de soi que de nos jours cette affirmation n'a plus lieu d'être, depuis 1757, tout le monde sait que la France est un modèle , continument bien dirigée . Non ?

 escalade 12 decembre 1602 DSCF9038.png

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay
[11 ou 12 décembre 1757]
C'est grand dommage, madame, que vous n'existiez pas car, lorsque vous êtes, personne assurément n'est mieux. Je n'existe guère, mais je souhaite passionnément de vivre pour vous faire ma cour. Si vous craignez les escalades 1, daignez venir jouir de la tranquillité dans notre cabane, lorsque nous aurons battu les Savoyards. Honorez-nous de votre présence nous la préférons à tout. Nous sommes à vos ordres et à vos pieds.2
Les Hanovriens ont trente-huit mille hommes, et M. de Richelieu n'en avait pu encore rassembler que trente mille le 28 novembre. Si les Autrichiens n'étaient pas aussi bien conduits que nous sommes mal dirigés, il ne reviendrait de Français que ceux qui déserteraient. »

1 Allusion à la fête dite de l'Escalade, que l'on célébrait tous les ans, à Genève, le 12 décembre, en commémoration du succès avec lequel les Genevois, au mois de décembre 1602, avaient repoussé l'attaque nocturne des troupes du duc de Savoie.

 2 Elle se rendra chez V*, voir lettre à Grimm : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/02/17/j-arrive-de-chez-voltaire-je-suis-fort-contente-du-grand-hom.html

 

18/02/2013

elle ne croit pas qu'il reste un seul Français en Allemagne dans six mois elle peut se tromper

... La crise du chomage n'est pas encore au point de chasser tous les travailleurs frontaliers français d'outre-Rhin , nicht wahr Angela ?

 Knecht s'en occupe !

 pas un seul français en allemagne knecht.png

 

 

« A M. Jean-Robert TRONCHIN,

à Lyon

Délices, 11 [décembre 1757] au soir.
Vous savez sans doute que la ratification de la capitulation de Stade n'arriva de la cour à M. le maréchal de Richelieu que le 12 novembre .1Les Hanovriens se sont crus en droit de ne la pas tenir, surtout après la belle aventure de l'armée de Soubise. M. de Linar ne signifia à M. le maréchal de Richelieu que le 28 la rupture totale. Les Hanovriens, les Hessois avec les Brunswickois qui se laissent entraîner, étaient le 28 à Harbourg, au nombre de trente-huit mille hommes, et M. de Richelieu n'en avait encore que trente mille. On parle d'un corps de dix mille Prussiens qui vient renforcer encore l'armée ennemie. La saison est dure pour les Français, le danger est grand, l'absence de Chevert 2 triste, l'exemple de l'armée de Soubise funeste.
Iliacos intra muros peccatur et extra. 3
Madame la margrave me mande, du 29,4 qu'elle ne croit pas qu'il reste un seul Français en Allemagne dans six mois elle peut se tromper, et son frère aussi. De tous côtés la crise est violente. Bonsoir, mon cher ami. »

1  Allusion à la convention de Klosterzeven que les anglais décidèrent finalement de ne pas ratifier .

2 François de Chevert qui fut brillant durant la campagne de 1742-1743, notamment en s'assurant une capitulation honorable lors de sa reddition de Prague le 21 janvier 1743 . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_de_Chevert et http://aufildesmotsetdelhistoire.unblog.fr/2012/01/08/francois-de-chevert/

3 Horace, Epîtres I,II,16 : on fait des fautes à l'intérieur des remparts de Troie, et à l'extérieur .

 

 

restés dans la ville, obligés de ne point servir de toute la guerre. Ce sont là les plus heureux soldats

... Et les moins protégés civils .

 

Soldats au repos.jpg

 

 

« A M. Jean-Robert TRONCHIN,

à LYON

Délices, 10 décembre 1757.
Vous savez sans doute le général prussien de Bevern fait prisonnier de guerre par le général Beck, 1 le 22 novembre, Breslau rendu au prince Charles de Lorraine le 23, et les trois bataillons prussiens qui étaient restés dans la ville, obligés de ne point servir de toute la guerre. Ce sont là les plus heureux soldats du roi de Prusse.

Je reçois une lettre de madame la margrave, et des compliments de monsieur son frère, à qui il faudra en faire bientôt de très-grands de condoléance. Madame la margrave ne savait pas encore la perte de Breslau, et elle croyait la bataille indécise. Le roi de Prusse était certainement allé en Lusace. Où irait-il à présent? Retournera-t-il pour se joindre aux Hanovriens contre M. de Richelieu ? Ira-t-il se faire tuer par les Autrichiens ?
Madame la margrave témoigne la plus sensible reconnaissance pour les sentiments de la personne respectable 2 que vous voyez quelquefois.

Je voudrais que son frère s'abandonnât entièrement à ses conseils, et que, voyant sa gloire affermie et ses États perdus, il se remît entièrement et de bonne foi à l'arbitrage du roi 3. S'il s'obstine, il risque à la fin d'être mis au ban de l'empire, à moins que le diable ou nos sottises ne lui donnent encore des ressources. Bonsoir mon cher ami .

Nous demandons encore 200 louis par le messager .

V.»

2 Le cardinal de Tencin .

3 Louis XV .

 

17/02/2013

le droit des gens est devenu une chimère, mais le droit du plus fort n'en est point une. Voilà probablement le système de l'Europe qui va entièrement changer

... Si ce n'est militairement, ce sera financièrement  et politiquement .

Eternel recommencement .

Déchirement renouvelé

 chimere.jpg

 

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine.

Aux Délices, 10 décembre [1757].

Que faites-vous, ma paresseuse nièce ? Comment vous portez- vous ? Aurez-vous le temps de faire copier le portrait de votre oncle pour l'Académie française ? D'Alembert se chargera de le donner, puisqu'on le demande. Je l'ai promis, et je vous prie de dégager ma parole. J'aime mieux les tableaux que vous m'avez envoyés pour Lausanne cela est plus gai que le squelette d'un vieil académicien.
Je n'ai point eu de vos nouvelles depuis longtemps. Il s'est passé d'étranges choses. J'ai consolé Luc; je lui ai donné des conseils de philosophe, et il a été trop roi pour les suivre. Il nous a battus indignement. Il valait mieux, dira votre ami 1, faire courir des chariots d'Assyrie en rase campagne que de se faire assommer entre deux collines, et d'être obligés de s'enfuir avec honte devant six bataillons prussiens, sans avoir combattu. Quand M. de Custine 2 est mort de ses blessures, le roi de Prusse a dit « Je plains les Français, je regrette leur vie et leur gloire. » Il a fait déchirer les draps d'une dame auprès de Mersbourg pour faire des bandages à nos blessés, et il nous accable de bons mots. Les Autrichiens n'en disent point, mais ils battent ses troupes ils nous vengent et nous humilient.
Vous savez que le prince de Bevern, son meilleur général, est prisonnier 3, que Breslau appartient du 23 de novembre à l'impératrice, que les Autrichiens vont marcher vers Berlin; que peut-être à présent M. de Richelieu a donné bataille aux troupes du roi d'Angleterre, qui ne sont pas plus honnêtes sur terre que sur mer, le droit des gens est devenu une chimère, mais le droit du plus fort n'en est point une. Voilà probablement le système de l'Europe qui va entièrement changer. Mais que nous importe? Nous n'avons que notre maigre individu à conserver. Ayez soin de votre santé. Nous avons toujours ici de belles dames de Paris, une Mme de Montferrat est venue faire inoculer son fils, Mme d'Épinai vient demander des nerfs à Tronchin que ne venez-vous en demander aussi ? J'embrasse toute votre famille, et vous surtout, et de tout mon cœur. »

1 Le marquis de Florian à qui V* avait proposé de développer son idée de chars de combat deux ans auparavant .

3 Voir lettre du 30 novembre 1757 du prince Henri à son frère Frédéric II : http://friedrich.uni-trier.de/fr/oeuvresOctavo/26/162/

 

J'arrive de chez Voltaire. Je suis fort contente du grand homme

...  Je sais que vous l'êtes tous les jours, chère Mam'zelle Wagnière, et je suis du même sentiment .

Innombrables sont ceux qui aiment Voltaire, pour leur plus grand plaisir .

Lumière des Lumières

 DSCF7866 lumière des lumières .png

 

 

« De madame d'ÉPINAI à M. GRIMM 1
[décembre 1757]2
Je comptais, mon tendre ami 3, passer ma matinée avec vous; mais je suis privée aujourd'hui de cette unique et douce consolation. M. d'Épinai ne fait que de partir, et le courrier en va faire autant. Je n'écris qu'à ma mère, et à vous ce mot pour vous dire que je me porte bien, et que mon sauveur 4, qui est adorable, me rabâche et me gronde presque autant que vous. Il me mène aujourd'hui chez Voltaire pour la première fois. Je n'ai pas voulu me presser de me rendre aux instances continuelles que lui et sa nièce m'ont faites. I1 m'a écrit presque tous les jours les plus jolis billets du monde 5; j'ai répondu verbalement je me suis contentée de lui envoyer mon mari, mon fils et M. Linant; et je me suis tenue tranquille. J'y vais enfin; mais il me tarde d'être de retour pour causer un peu librement avec vous. Bon ! l'on m'annonce que le courrier est parti, et voilà ma lettre retardée de quatre jours Si vous allez être inquiet, je serai désolée. On m'attend. Bonjour donc; à ce soir.


Le soir.

Il est tard cependant il faut vous dire un petit mot ; il n'y a pas moyen de se coucher sans cela .
J'arrive de chez Voltaire. Je suis fort contente du grand homme; il m'a accablée de politesses. Ce n'est pas sa faute si nous sommes revenus ce soir en ville: il voulait nous garder. J'ai fort bien soutenu cette journée; ainsi soyez tranquille. A demain. »

2 Mémoires et Correspondances de Mme d'Épinai. Paris, Charpentier, 1865,
2 vol. in-18. Voir page 190 :
http://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=umn.31951002398603o;view=2up;seq=198;q1=voltaire;start=1;size=10;page=search;num=190

3 Et amant !

4 Théodore Tronchin, médecin .

 

15/02/2013

Il est honteux qu'un homme qui a des intentions si nobles, et qui paraît si exact et si laborieux, ne soit pas en place, c'est un malheur public qu'il ne soit pas employé

... Bayrou ? Cohn Bendit ? mon employeur ? Sarko ? le gendarme planqué en bas de descente ? José Bové ? votre voisin de palier ? mon percepteur ? votre curé , imam, rabbin, gourou, ... ? votre naturopathe ? mon garagiste ? votre mari ?  mon banquier ? ... Je vous laisse l'embarras du choix .

Louable intention ? il veille sur vous !

gendarme planqué.jpg


 

 

 

« A M. Claude-Etienne DARGET. 1

Aux Délices 10 de décembre [1757] 2
Mon cher et ancien ami, j'ai lu le projet de l'hôpital il en faudrait un bien grand pour y mettre nos pauvres soldats de l'armée de Soubise, qui ont manqué bien longtemps de pain. Heureusement les Autrichiens nous vengent ils gagnent une bataille longue et meurtrière sous les murs de Breslau, ils prennent le prince Bevern prisonnier, ils sont dans Breslau. L'impératrice reprend sa chère Silésie, excepté Neisse, et la Barbarini, qu'elle n'a pas encore, mais qu'elle aura sûrement, à moins d'un miracle, et Dieu n'en fait point pour notre mécréant. Je lui donne des conseils de Cinéas 3, et j'ai peur qu'il ne finisse bientôt comme Pyrrhus. Vous souvenez-vous de quel air je prenais la liberté de corriger ses vers et sa prose? Je lui parle de même sur son état. C'est la seule vengeance que je puisse prendre, et elle est fort honnête. Sa gloire est en sûreté après nous avoir bien battus, et nous avoir accablés de bons mots et de caresses, il ne devrait plus songer qu'à vivre tranquille, à ne pas s'exposer à la cérémonie du ban de l'empire, et à devenir philosophe. Il devrait aussi quelque honnêteté à ma nièce; mais il n'est pas galant. Je me flatte que M. de Richelieu fera décimer les Hanovriens. Je ne sais comment les sujets du roi d'Angleterre se sont mis à mériter la hart sur terre et sur mer.
Je reviens à l'hôpital dont j'étais parti, il est clair que cette maison ne sera pas sitôt fondée; mais je vous prie d'assurer M. de Chamousset 4 de ma sincère et stérile estime; je voudrais qu'on le fit prévôt des marchands. Il est honteux qu'un homme qui a des intentions si nobles, et qui paraît si exact et si laborieux, ne soit pas en place, c'est un malheur public qu'il ne soit pas employé.

Mais vous ! quand le serez-vous? Vous êtes une preuve que les talents ne sont pas tous mis en œuvre. Je bénis Dieu que vous ayez quitté Berlin mais je suis fâché que vous n'ayez pas trouvé mieux à Paris, où vous deviez trouver tout. Mes compliments, je vous prie, au laborieux mortel 5 à qui je dois de belles tulipes.
VOLTAIRE.

v. Diener »

2 C'est dans l'édition de Bâle qu'ont été imprimés, pour la première fois, les trois alinéas qui forment cette lettre; le premier alinéa faisait une lettre qui n'avait point de date; les deux autres alinéas formaient une autre lettre datée du 10 décembre. Il me semble que le tout doit appartenir à une seule et même lettre. Cette disposition faite, je n'avais pas à hésiter pour la date. ( Beuchot.)

3 Cinéas ou Cynéas, philosophe et ministre de Pyrrhus, envoyé à Rome pour obtenir la paix, il fut près de l'obtenir . Un jour que Pyrrhus après avoir fait un grandiose plan de conquête terminait par « ce sera alors , mon ami, que nous rirons et que nous nous reposerons à notre aise. », ce à quoi Cinéas rétorqua : « Mais seigneur qui nous empêche de le faire dès à présent ? » Pyrrhus fut tué au combat . V* fait des applications à sa manière de ces faits .

4 Charles Humbert Piarron de Chamousset, auteur des Vues d'un citoyen, où il propose des plans pour la réforme des hôpitaux . V* en fera un rappel dans L'Homme aux quarante écus .