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30/10/2012

il vaut bien autant planter des arbres que faire des vers. Je n'adresse point d'Épitre à mon jardinier

... Qui au reste n'en a pas besoin ; elle resterait comme toute feuille d'hiver, morte .

Bâtir passe encor, mais planter à cet âge ...

... Enfants, vous vous agacerez les dents sur ses fruits

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« A M. de CIDEVILLE.

Aux Délices, 18 mai [1757].

J'ai admiré, mon cher et ancien ami, la bonté de votre âme, dans le compte que vous avez daigné me rendre des aventures de Adèle de Ponthieu1 mais je n'ai pas été moins surpris de la netteté de votre exposé dans un sujet si embrouillé. On ne peut mieux rapporter un mauvais procès, vous auriez été un excellent avocat général. J'ai tardé trop longtemps à vous remercier.
Je n'ai nulle envie de me mettre actuellement dans la foule de ceux qui donnent des pièces au public il est inutile d'envoyer son plat à ceux qu'on crève de bonne chère. Je ne veux présenter mes oiseaux du lac Léman que dans des temps de jeûne. Vous savez d'ailleurs qu'on n'est pas oisif pour être un campagnard, il vaut bien autant planter des arbres que faire des vers. Je n'adresse point d'Épitre à mon jardinier Antoine 2; mais j'ai assurément une plus jolie campagne que Boileau, et ce n'est point la fermière qui ordonne 3 nos soupers.
J'ai eu la curiosité autrefois de voir cette maison de Boileau cela avait l'air d'un fort vilain petit cabaret borgne aussi Despréaux s'en défit-il, et je me flatte que je garderai toujours mes Délices. J'en suis plus amoureux, plus la raison m'éclaire .4

Je n'ai guère vu ni un plus beau plain-pied ni des jardins plus agréables, et je ne crois pas que la vue du Bosphore soit si variée. J'aime à vous parler campagne, car, ou vous êtes actuellement à la vôtre 5, ou vous y allez. On dit que vous en avez fait un très-joli séjour; c'est dommage qu'il soit si éloigné de mon lac. Je me flatte que la santé de M. l'abbé du Resnel est raffermie, et que la vôtre n'a pas besoin de l'être. C'est là le point important, c'est le fondement de tout, et l'empire de la terre ne vaut pas un bon estomac. Je souffre ici bien moins qu'ailleurs, mais je digère presque aussi mal que si j'étais dans une cour ,sans cela, je serais trop heureux mais Mme Denis digère, et cela suffit, vous m'avouerez qu'elle en est bien digne, après avoir quitté Paris pour moi.
Bonsoir, mon cher et ancien ami. J'ai toujours oublié de vous demander si les trois académies, dont Fontenelle était le doyen, ont assisté à son convoi. Si elles n'ont pas fait cet honneur aux lettres et à elles-mêmes, je les déclare barbares. »

3 Voir l'Épître VI (de Boileau) à M. de Lamoignon, v. 37 : http://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89pitre_VI_%28Boileau%29

et : http://www.cosmovisions.com/Lamoignon.htm

5 Launay, près de Rouen .

 

Je n'ai pas pas peint les docteurs assez ridicules, les hommes d’État assez méchants, et la nature humaine assez folle . Je me corrigerai

 ... Et il tiendra parole, fort heureusement .

Cependant qu'on ne se méprenne pas lorsqu'il s'adresse aux docteurs, ce ne sont pas là les médecins soignant les corps mais ces doctes théologiens qui veulent asservir les âmes par des affirmations trop souvent fumeuses .

Pour les hommes d'Etat et la nature humaine, il a raison et est en dessous de la réalité .

A propos d'Etat, voyez l'article "démocratie" : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-dictionnaire-philosophique-d-comme-democratie-111882244.html

 Et à propos de la folle nature humaine, voir l'article "prophètes" : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-dictionnaire-philosophique-p-comme-prophetes-111882156.html

 Catégorie handisport

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... j'écrirai sur les hommes moins qu'on n'a écrit sur les insectes

 

 

« A Jean LEVESQUE de BURIGNY

Aux Délices , 10 de mai [1757]

Je ne puis trop vous remercier monsieur, de votre présent 1. Vous vous associez à la gloire d’Érasme et de Grotius en écrivant si bien leur histoire . On lira plus que ce que vous dites d'eux que leurs ouvrages ; il y a mille anecdotes dans ces deux vies qui sont bien précieuses pour les gens de lettres . Ces deux hommes sont heureux d'être venus avant ce siècle ; il nous faut aujourd’hui quelque chose d'un peu plus fort . Ils sont venus au commencement du repas ; nous sommes ivres à présent : nous demandons du vin du Cap 2 et de l'eau des Barbades 3 .

J'espère vous présenter dans un an, si je vis, cette Histoire des mœurs dont vous avez souffert l'esquisse . Je n'ai pas pas peint les docteurs assez ridicules, les hommes d’État assez méchants, et la nature humaine assez folle . Je me corrigerai . Je dirai moins de vérités triviales et plus de vérités intéressantes . Je m'amuse à parcourir les petites-maisons de l'univers ; il y a peut-être de la folie à cela mais elle est instructive . L'histoire des dates , des généalogies, des villes prises et reprises, a son mérite mais l'histoire des mœurs vaut mieux à mon gré . En tout cas j'écrirai sur les hommes moins qu'on n'a écrit sur les insectes 4.

Je finis par reprendre l'histoire de Grotius et pour avoir un nouveau plaisir . Conservez-moi vos bontés monsieur, et soyez persuadé de la tendre estime de votre, etc.

L'ermite Voltaire »

4 Les Mémoires pour servir à l'Histoire des insectes, par Réaumur, sont en six volumes in-4°; l'édition in-4° de l'Essai sur les Mœurs ne forme que trois volumes.

 

 

29/10/2012

tandis qu'on se bat en Amérique et en Europe , sur l'Océan et sur la Méditerranée, vivez gaiement à Neuilly

 ... Ô membres de la famille Sarkozy !

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Sarkozy

 Cependant, Carla, je vous invite à voir que votre actuel époux semble se lasser de plus en plus vite de ses épouses : 14 ans pour la première, 12 pour la seconde . D'où je conclus que si vous tenez 10 ans vous resterez dans une fourchette de résistance prévisible . Nicolas suit la tradition instaurée par son propre père divorcé trois fois . Bon sang ne peut mentir !

 

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En date du 3/5/2012 : http://blogs.mediapart.fr/blog/joelmartin/170412/bilan-filme-du-quinquennat-bling-bling-one

 

 

« A Henri LAMBERT d'HERBIGNY, marquis de THIBOUVILLE

rue des Saints-Pères

fbg Saint Germain à Paris

8 mai [1757] aux Délices

Votre roman 1 mon cher Catilina fait les délices des Délices . Nous l'avons reçu contresigné Trudaine 2 et nous l'avons dévoré . Mme Denis bien plus propre que moi à détailler tout ce qui nous a fait plaisir . Les nièces entendent mieux que les oncles à rendre compte des sentiments . Elles ont des délicatesses que les vieux oncles n'ont pas . Elle vous écrirait vingt page si elle n’était pas un peu malade . Pour moi je m'imagine que vous viendriez faire un second roman aux Délices si vous n'étiez pas enchaîné à Neuilly . Vous verriez si les bords du lac Léman, tout Léman qu'il est ne valent pas bien ceux de la Seine . Au reste croyez que je n'ai pas plus d'envie de me mêler des affaires de votre théâtre que celles de la Bohême et j'espère que M. d'Argental secondera par sa sagesse mon goût pour le repos . Je n'ai été que trop livré au public et j'aime mieux m'amuser sans regret avec mes Suisses que de m'exposer à votre parterre . Il faut avoir l'esprit de son âge et finir tranquillement sa carrière . Jouissez des plaisirs de la vôtre et tandis qu'on se bat en Amérique et en Europe , sur l'Océan et sur la Méditerranée, vivez gaiement à Neuilly . Continuez à mettre dans vos ouvrages les agréments de votre vie . Les deux ermites des Délices s'intéressent à vos plaisirs, mais ma compagne vous le dira mieux que moi . 

V.»

2 Daniel-Charles de Trudaine, intendant des finances depuis 1734, mort au commencement de 1769. http://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel-Charles_Trudaine

 

28/10/2012

ma principale vue est d'assurer huit mille livres de rente à ma nièce Mme Denis, veuve d'un officier au service de France, ... Je dois songer à elle plus qu'à moi

 ... Egoïste Voltaire ? Seuls ceux qui ne le connaissent pas peuvent médire ainsi . Je ne leur pardonne pas cette affirmation bien digne de journeaux à scandale qui sont la seule chose qu'ils soient capables de  suivre .

 

rente viagère.jpg

 

 

«  A Son Excellence Monsieur le baron Heinrich Anton von BECKERS

ministre d’État

et de conférence

à Manheim

[vers le 4 mai 1757]

Monsieur, je reconnais les bontés généreuses de son Altesse Électorale et la bienveillance de Votre Excellence dans la lettre dont vous m'honorez . J'ai souhaité de pouvoir placer mon bien sous la protection de votre auguste souverain et je n'ai d'autre regret que de n'y avoir pas mis ma personne .

Je vous prie monsieur, de vouloir bien lui présenter mes très humbles remerciements et de recevoir ceux que je vous dois . Vous m'ordonnez de vous parler avec confiance et vous prévenez mon coeur . Je vous avouerai donc monsieur que ma principale vue est d'assurer huit mille livres de rente à ma nièce Mme Denis, veuve d'un officier au service de France, laquelle demeure auprès de moi et qui prend soin de ma vieillesse infirme . Je dois songer à elle plus qu'à moi . Je me flatte que Votre Excellence voudra bien favoriser ces sentiments .

C'est pour elle principalement que je demande la permission de placer un capital . Son Altesse électorale daigne avoir la bonté de faire passer sur ma tête l'intérêt de ce capital à 10% en faveur de mon age qui est de soixante trois ans .

Ma nièce est âgée de quarante cinq ans . Votre Excellence ne trouverait-elle pas qu'un intérêt viager d’environ 6% accordé à ma nièce après ma mort serait proportionnel à son âge ? Le gouvernement de France donne 7% dans sa dernière loterie et rembourse le capital . J'abandonne le capital et je ne demande qu'autour de 6% pour la vie de ma nièce .

Si vous trouvez, monsieur, cette proposition acceptable, voici comme je la remplirais sous le bon plaisir de son Altesse Électorale .

J'aurais l'honneur, monsieur , de faire toucher à vos ordres cent trente mille livres argent de France par M. Tronchin banquier à Lyon , qui les ferait remettre suivant le commandement que je recevrais de vous .

Ces 130 000 livres tournois au denier de 6% ou environ produiraient à ma nièce une rente de 8 000 livres tournois sa vie durant, et puisque Son Altesse électorale veut bien m'accorder 10% pendant ma vie je jouirais jusqu'à ma mort de 13 000 livres tournois par année et ma nièce après moi ne jouirait que de 8 000 livres tournois de rente viagère qui s'éteindrait avec elle . C'est à peu près, monsieur, le traité que je fis avec Mgr le duc de Virtemberg lorsque j'étais à Berlin et que j'étais moins vieux de six ans 1.

J'insiste bien moins sur les proportions des âges que sur la magnanimité de Mgr l’Électeur, sur la grâce qu’il m’accorde, sur vos bontés monsieur, et sur ma reconnaissance . C’est à vous de me prescrire vos ordres .

Quant au payement de la rente je m'en remets aussi , monsieur, à votre volonté . Décidez de la somme et du payement . Il me sera égal de recevoir l'intérêt de mon capital par vos commissionnaires de Paris, de Strasbourg ou de Lyon , et vos arrangements seront ma règle . J'attends vos ordres pour vous faire remettre, monsieur, les 130 000 livres ou à Strasbourg ou à Paris ou à Manheim, si Manheim entre dans la correspondance de M. Tronchin . Vous ferez ensuite expédier le contrat .

Ce sera pour moi un lien de plus avec votre cour mais qui n'ajoutera rien aux sentiments respectueux avec lesquels j'ai l’honneur d'être

Monsieur

de Votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire  »

 

J'ai été persécuté au-delà de mon mérite

... Ce qui dénote ici une grande modestie alliée à une grande rebellion voltairienne .

Je ne connais guère que la persécution fiscale qui ait dépassé mon mérite . Je plaide non coupable pour la dette de la nation !

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«  A monsieur le professeur Théodore Tronchin

[avril-mai 1757]

Ordonnez mon cher grand homme ce que je dois répondre à La Virotte 1. Vous essuyez une fois dans votre vie ce que j'ai essuyé quarante ans . J'ai été persécuté au-delà de mon mérite . Vous n'êtes pas assurément harcelé selon le vôtre . Si les médecins vous rendaient justice, ils vous tueraient , mais aussi tous les malades de la terre et tous les honnêtes gens combattraient pour vous .

V. »

1 La première attaque importante contre Tronchin sur le plan médical date d'avril 1757 .

Utrum ab hygieine sola repetenda sit morborum prophylaxis ? de Maximilien-Joseph Leys , du 14 avril 1757 . Le 31 mai 1757, V* dit que Tronchin a répondu par « une lettre au doyen de la faculté » et « les cures surprenantes qu'il fait tous les jours »

V* écrit à La Virotte : http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Anne_La_Virotte

Voir aussi page 112 : Titelblatt Diss - online - 28-10-09 - Digitale Bibliothek Braunschweig

 

27/10/2012

le public vous saura très mauvais gré d'annoncer comme augmenté ce qui ne l'est pas

...  Comme par exemple le nombre des  logements sociaux .

Par contre on vous saura gré d'annoncer le constat d'une diminution significative des expulsions . Mais pour l'instant, les propriétaires tout puissants continuent à faire jeter à la rue des familles sans état d'âme ( si tant est qu'ils aient une âme ! ) .

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Un petit espoir gouvernemental : http://www.secours-catholique.org/actualite/expulsions-le-gouvernement-met-fin-a-une-aberration,11269.html

 

 

 

« A Michel Lambert

libraire

près de la Comédie-Française

faubg Saint-Germain à Paris

Quand j'ai su que vous faisiez une édition de l'Histoire générale 1 je vous ai recommandé très instamment monsieur, de ne la point annoncer augmentée . Je ne vous ai envoyé que deux ou trois additions au catalogue des gens de lettres qui n'entre point dans le corps de l'Histoire . Ces petites corrections absolument nécessaires ne contiennent pas un quart de feuille . Ce serait tromper le public, me compromettre, et m'outrager que d'annoncer votre édition comme augmentée ; je serais obligé de m'en plaindre dans tous les journaux . J'ai droit d'ailleurs de me plaindre à vous-même de ce que vous ne m'avez pas répondu quand je vous ai prié de ne point induire le public en erreur par le titre d'édition augmentée . J'apprends aussi que votre édition des œuvres mêlées n'est pas conforme à celle qu'on a faite sous mes yeux . Vous sentez que j'en dois être peiné . Aussi vous ne me l'avez pas envoyée . J'attendais de vous plus d'attention quoique vous ne soyez pas trop exact . Comptez encore une fois que le public vous saura très mauvais gré d'annoncer comme augmenté ce qui ne l'est pas . Je vous prie très instamment de ne pas hasarder de lui déplaire pour un mot qui ne trompera personne . Je ne puis trop insister sur cette prière et j'attends de votre amitié et de votre probité que vous ne me refuserez pas . Comptez que je reconnaîtrai cette attention par mes sentiments .

Voltaire

Aux Délices 23 avril [1757 »]

1 Sur le manuscrit, générale est ajouté au dessus de la ligne .

 

26/10/2012

Je voudrais espérer, pour l'intérêt du genre humain, que cette neutralité pût acheminer à une bonne paix

... Et non pas, comme disent certains imbéciles, à une "bonne" guerre pour "dresser" les gens et leur apprendre à vivre , et relancer l'économie . Messieurs (et mesdames aussi parfois) qui voulez la guerre, je vous la laisse, battez-vous entre vous et rendez-vous au cimetière !

Aux quelques ignares qui décrivent un Voltaire épris de guerres pour gagner plus d'argent , je demande en toute simplicité de lire l'opinion sincère de cet homme qui honnissait les guerres et les "conquérants" . 

Aujourd'hui est un jour à marquer d'une pierre rouge chez les ovins qui , au nombre d'environ cent mille, vont connaitre ce qu'est le poids de la tradition et le fil du couteau . Abraham et Mohammed, même combat, il faut que le sang coule , et parfois celui des moutons ne suffit pas, hélas .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Shaun_le_mouton

Jusqu'à hier il faisait la fête, aujourd'hui, c'est lui qui est dans le plat

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« A Madame Louise Dorothée von MEININGEN, duchesse de SAXE-GOTHA

Aux Délices, près de Genève, 21 avril [1757].

Madame, la bonté de votre cœur vous fait regretter un ministre 1, et celle de votre esprit vous met en état de vous passer de tout ministre. Votre Altesse sérénissime saura conserver en paix ses États dans la guerre qui les environne. On dit que le Hanovre donne enfin l'exemple de la neutralité; si cela est vrai, c'est une nouvelle bien importante. Je voudrais espérer, pour l'intérêt du genre humain, que cette neutralité pût acheminer à une bonne paix. Mais l'armée française, dans le pays de Clèves et dans Wesel, ne permet pas de douter qu'il n'y ait à présent d'autre chemin à la paix que celui de la guerre.
J'avoue que j'ai peine à voir la véritable raison pour laquelle le roi de Prusse a évacué une place telle que Wesel. Elle me parut, il y a quelques années, très-bien fortifiée: rien n'y manquait; elle pouvait arrêter une armée au moins six semaines. A-t-il eu un besoin pressant de ses troupes qui gardaient cette place? ou veut-il attirer les Français en Westphalie, et peut-être sous Magdebourg, pour leur livrer bataille avec avantage? Je me garderai bien de vouloir rien deviner. Votre Altesse sérénissime
pourrait m'éclairer, si elle daignait m'honorer de ses lumières; mais jusque-là, je suis dans une entière obscurité.
On fait plus de libelles en vers et en prose contre le roi de Prusse qu'il n'y a de régiments qui marchent contre lui. Je me flatte qu'il ne me soupçonnera d'aucun de ces indignes ouvrages.
Il m'a rendu toutes ses bontés; il sait combien je le respecte et heureusement il a trop de goût pour m'imputer ces sottises, qui sont indignes d'un honnête homme, et même d'un écrivain médiocre.
Ce n'est point aux particuliers à se mêler des querelles des princes. La seule chose dont je me mêle, madame, est d'être attaché pour ma vie à Votre Altesse sérénissime et à toute votre auguste maison, avec le plus profond et le plus tendre respect. Elle me permet de ne pas oublier la grande maîtresse des cœurs 2. »

2 Julienne-Françoise de Buchwald, née de Neuenstein, grande gouvernante de la duchesse Louise-Dorothée, naquit le 7 octobre 1707, et mourut le 19 décembre 1789. Charles de Dalberg a fait son éloge dans un petit ouvrage intitulé : Madame de Buchwald. Seconde édition. Erfurt, 1787, vingt-quatre pages in-8. Frédéric II dira d'elle dans une lettre à sa soeur la margrave de Baireuth, le 17 septembre 1757 : « Madame de Buchwald me paraît une femme très-estimable, et qui vous conviendrait beaucoup : de l'esprit, des connaissances, point de prétentions, et un bon caractère

. » : http://friedrich.uni-trier.de/de/oeuvres/27_1/346/text/