16/08/2013
Je ne sais, Dieu merci, aucune nouvelle ; il me semble qu'il y a plus de quinze jours qu'on n'a massacré personne
... Et il faut bien être complètement isolé du monde moderne , source inépuisable et ininterrompue de nouvelles, pour pouvoir s'imaginer une période de quinze jours sans massacre humain .
Rien que les quelques minutes nécessaires à la rédaction de ces quelques lignes, combien d'humains sont passés de vie à trépas par la main et les armes d'autres humains ? Je ne sais, mais c'est surement un nombre qui donne le vertige à tout être sensé .

Ah ! qu'il est bon le temps des vacances quand les évènements du monde restent virtuels, qu'il n'y a que le ici et maintenant qui compte, et que cet ici et maintenant est fort agréable, ou au pire pas désagréable . Je vous souhaite de le vivre aussi souvent que possible .
« A M. Élie BERTRAND.
premier pasteur de l’Église française
à Berne
Aux Délices, 9 mai [1758].
Vraiment, mon cher philosophe, il vous est venu là une très bonne idée. Vous pouvez donner aisément une cinquantaine d'articles d'histoire naturelle, et surtout l'article Tremblement de terre vous est dévolu de droit. Je vais sur-le-champ écrire aux encyclopédistes, et leur donner part du service que vous voulez bien leur rendre. J'insisterai pour qu'on vous envoie les exemplaires déjà imprimés.
J'ai été fort malade à Lausanne. Les Délices réparent un peu le mal que Lausanne m'a fait. Je ne sais si M. de Freudenreich ne viendra pas cette année dans nos cantons; je me flatte qu'en ce cas vous serez du voyage, et que j'aurai l'honneur de recevoir dans mon petit ermitage les personnes à qui je suis le plus attaché. Vous verrez mes petites Délices un peu plus ajustées qu'elles n'étaient. Je cultive aussi l'histoire naturelle mais c'est en plantant des arbres, en faisant des terrasses, des allées, des potagers. Je fais plus de cas d'une bonne pêche que de toutes les coquilles du monde.
J'ai reçu votre Gazette italienne 1 des fantaisies qui passent par la tête de nous autres écrivains en Europe. On écrit tant que je suis honteux d'écrire; mais cela amuse. Quand faudra-t-il envoyer le payement de ce journal ? et à qui ?
Je ne sais, Dieu merci, aucune nouvelle ; il me semble qu'il y a plus de quinze jours qu'on n'a massacré personne. C'est une époque singulière.
Mille respects, je vous prie, à M. et à Mme de Freudenreich. Nous avons une assez bonne comédie aux portes de Genève. Cette ville n'a point encore de théâtre comme Amsterdam mais quand il y aura quelques millions de plus dans la ville, il faudra bien alors avoir du plaisir.
Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.
V. »
1 Voir lettre du 18 février 1758 à Élie Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/06/14/qu-on-me-proposat-d-aller-tuer-des-hommes-pour-de-l-argent-s.html
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15/08/2013
la place que j'abandonne Ne sera prise par personne Qui n'ait pissé sur son mouchoir
... ??? Mystère !
Est-ce ainsi que se passe le relais entre ministres et présidents ? Qui est chargé de contrôler le susdit mouchoir ? Est-ce comme pour le drap taché du sang de la jeune mariée, avec exposition à la fenêtre du ministère ou de l'Elysée ? Otez moi d'un doute lancinant , je veux, je dois savoir ...

A M. Nicolas-Claude THIERIOT.
chez madame la comtesse de Montmorency,
rue Vivienne
à Paris
Aux Délices, 8 mai [1758].
Mon cher et ancien ami, il me paraît qu'on n'est pas plus instruit du secret de l'historiographe de toutes les Russies que de celui de la Pucelle. Ce sont les mystères de mon gouvernement. Si vous voulez y être initié, vous n'avez qu'à venir dans ma chancellerie mais je suis bien sûr qu'on ne quitte point de jeunes et belles et brillantes baronnes chrétiennes 1 pour des Suisses hérétiques.
L'énigme de Mme la duchesse d'Orléans 2 est une attrape-Foncemagne. Ce n'est pas la première fois que les belles se sont moquées des savants. Voici comme on pourrait lui répondre, en assez mauvais vers
Votre énigme n'a point de mot;
Expliquer chose inexplicable,
Est ou d'un docteur ou d'un sot
L'un et l'autre est assez semblable.
Mais si l'on donne à deviner
Quelle est la princesse adorable
Qui sur les cœurs sait dominer
Sans chercher cet empire aimable,
Pleine de goût sans raisonner,
Et d'esprit sans faire l'habile,
Cette énigme peut étonner,
Mais le mot n'est pas difficile.
Je serai fort aise que Marmontel, qui a certainement de l'esprit et du talent, et qu'on a dégoûté fort mal à propos, ait au moins le bénéfice du Mercure 3. Ce sera un antidote contre les poisons de Fréron.
Je doute fort que ceux qui vous ont dit que Fréret a mis Newton en poudre soient des connaisseurs. J'ai lu autrefois le manuscrit de Fréret 4 il fut composé avant que le système de Newton fût imprimé. Fréret et le jésuite Souciet 5, autre savantasse, écrivirent tous deux contre Newton, sur un faux exposé de son système, qui parut alors dans un de ces journaux dont l'Europe est accablée. Fréret ne savait ce qu'il disait, j'ignore s'il l'a mieux su depuis. Je ferai venir ce livre pour le joindre à tout ce que j'ai sur cette matière.
Il y a une excellente histoire des finances, depuis 1595 jusqu'en 1721. Si vous rencontrez l'auteur, qui est un M. des Fournez 6, directeur des monnaies, dites-lui que je le fais contrôleur général des finances.
Pourriez-vous à votre loisir me faire un petit catalogue des bons livres qui ont paru depuis dix ans? Je crois qu'il sera court mais je veux avoir tout ce qui peut être utile, et même les livres médiocres dans lesquels il y a du bon car on peut toujours tirer aurum ex stercore Ennii 7.
Interim vale, et mihi scribe.
V. »
2 Louise-Henriette de Bourbon, mariée, en décembre 1743, à Louis-Philippe d'Orléans, alors duc de Chartres; morte le 9 février 1759.
Moland donne cette note : L'énigme que cette princesse avait donnée à deviner à l'auteur d'OEdipe est dans le tome X (Poésies mêlées), avec les douze vers ci-dessus.
Mais ni l'énigme ni la réponse de V* ne se trouvent dans ce tome X . La référence à Beuchot montre que la note de Moland a été prise dans cette édition, à part l'attribution à Clogenson . Dans Clogenson on lit la note suivante signée Louis du Bois : « Voici cette énigme […]
Je suis des musulmans l'horreur et le modèle ;
J'ai suivi les Césars et suis encor pucelle ;
Soit qu'il pleuve, soit qu'il tonne,
Je vais à l'abreuvoir ;
Et la place que j'abandonne
Ne sera prise par personne
Qui n'ait pissé sur son mouchoir ... »
3 Marmontel fut effectivement , à la prière de Mme de Pompadour, directeur du Mercure de France d'août 1758 à janvier 1760 après une période de quelques mois au cours de laquelle il en eut seulement la charge nominale .
4 Fréret avait publié en 1725 un Abrégé de la chronologie de M. le chevalier de Newton, paru sans l'accord de Newton qui n'avait pas encore fait imprimer le texte anglais se son ouvrage . Celui-ci parut, développé sous le titre The Chronology of ancient kingdoms amended (1728) qui fut traduit la même année par l'abbé Granet sous le titre de La Chronologie des anciens royaumes corrigée . Plus tard Fréret revint à la charge dans un ouvrage qui parut, posthume, en 1758 : Défense de la chronologie contre le système chronologique de M. Newton ; Thieriot avait dû le commenter, mais sa lettre n'est pas connue .
5 Etienne-Augustin Souciet , , mort en 1744, frère ainé de deux autres jésuites ,: Recueil de dissertations critiques sur des endroits difficiles de l’Écriture sainte . Le second volume (1726) contient cinq dissertations dirigées contre la Chronologie de Newton .
6 Il s'agit en fait de François Veron de Forbonnais qui fut inspecteur général, et non directeur, des monnaies de France, et qui écrivit des Recherches et considérations sur le finances de France depuis 1595 jusqu’à l'année 1721 , Bâle 1758 .
7 Locution proverbiale venant de De institutione divinarum scriptorum où il est dit que Virgile qui lisait Ennius s’entendit demander ce qu'il faisait et qui répondit : « Je cherche de l'or dans du fumier. »
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14/08/2013
On sera réduit à faire la paix . Dieu nous doint cette douce humiliation
... Mais, sacré nom de Zeus, quel gâchis en attendant cette paix, inéluctable pour peu que l'on y réfléchisse , en tout temps, en tout lieu .

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
conseiller
d'honneur du parlement
à Paris
Aux Délices 8 mai [1758]
Mon cher ange, il doit y avoir une petite caisse plate qui contient quelque chose d'assez plat à votre adresse au bureau des coches de Dijon . Cette platitude est mon portrait . Un gros et gras Suisse, barbouilleur en pastel qu'on m'avait vanté comme un Raphaël, me vint peindre à Lausanne il y a six semaines en bonnet de nuit et en robe de chambre . Je fis partir ma maigre effigie par le coche de Dijon ou par les voituriers . Une Mme Rameau commissionnaire de Dijon s'est chargée de vous faire tenir ce barbouillage . Je vous demande pardon pour ma face de carême , mais non seulement vous l'avez permis, vous l'avez ordonné, et j'obéis toujours tôt ou tard à mon cher ange . Est-il vrai que La Fille d'Aristide 2 le juste a été aussi maltraitée par le parterre parisien que son père le fut par les Athéniens ? cela n'est pas poli . Heureusement vous aurez bientôt Mme du Boccage 3 qui revient dit-on avec une tragédie . Mme Geoffrin ne nous donnera-t-elle rien ?
Et l'ouvrage bigarré de l'Encyclopédie , comment va-t-il ? Mon divin ange avez-vous vu Diderot ? Veut-il accepter les articles qu'on m'avait confiés ? Avez-vous eu la bonté de donner ces paperasses à Mme de Fontaine ? Notre Tronchin reste trop longtemps à Paris . Il faut le renvoyer au plus vite à Mme de Grolée .4
J'ignore ce qu'on fait sur mer et sur terre . Il paraît que les chiens de la guerre , comme dit Shakespeare 5, cessent de mordre et même d'aboyer . Les Anglais admirent cette expression . Je suis toujours émerveillé de ce qui se passe ; celui que vous appeliez tous Mandrin il y a deux ans, il y a un an, devient un homme supérieur à Gustave Adolphe, et à Charles XII par les évènements . On 6 sera réduit à faire la paix . Dieu nous doint 7 cette douce humiliation . Cependant nous avons une assez bonne troupe aux portes de Genève . La nièce et l'oncle vous baisent les ailes .
V. »
5 Dans Jules César Ac.III, sc. 1,v. 273 :ANTOINE.- « O pardonne-moi, masse de terre encore saignante, … et alors seront lâchés les chiens de la guerre ... »
7 Subjonctif archaïque bien connu du verbe donner ; on le trouve couramment chez Marot et ceux du même style jusqu'au XVIIè siècle, voire au XVIIIè ; on ne doit donc pas le changer en doit comme l'ont fait les éditeurs du XIXè siècle .
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13/08/2013
Je n'ai Dieu merci rien à demander pour moi à aucun roi de ce bas monde, et je suis enchanté d'obtenir pour les autres .
... Ce devrait être le programme de tout député, sénateur, élu de tout grade ayant à coeur le bien commun . Sans vouloir être discourtois, à mes yeux peu ou pas d'élus n'ont assez d'altruisme . Je serais heureux de me tromper à ce sujet .

« A Jean-Robert Tronchin
Aux Délices 5 mai [1758]
Mon cher correspondant, vendez, ne vendez point, troquez, ne troquez point, placez, ne placez point, vous ferez toujours très bien et je m'en rapporte entièrement à vous . Je ne m'en rapporte pas si aveuglément à ceux qui font des dépenses si immenses et si infructueuses pour la guerre de mer et de terre . Je vois notre commerce en train d'être ruiné ; et quoique M. le chevalier des Soupirs 1 m'envoie des triplicata de son arrivée sur la côte de Coromandel , je tremble pour nos affaires d'orient et d'occident . Je voudrais que le Canada fût au fond de la mer glaciale, même avec les révérends pères jésuites de Québec , et que nous fussions occupés à la Louisiane à planter du cacao, de l'indigo, du tabac et des muriers , au lieu de payer tous les ans quatre millions pour nos nez à nos ennemis les Anglais qui entendent mieux la marine et le commerce que MM. les Parisiens .
Le roi de Prusse m'a accordé un congé pour un de vos Genevois prisonniers 2 . C'est un Turretin, famille honorée ici presque comme les Tronchin . Cette petite aventure m'a fait un extrême plaisir . Je n'ai Dieu merci rien à demander pour moi à aucun roi de ce bas monde, et je suis enchanté d'obtenir pour les autres .
J'ai répondu à M. de Gournay 3. C'est un homme dont je fais grand cas . Je crois que personne n'entend mieux le commerce en grand et ne mériterait mieux d'être écouté .
Voudriez-vous bien avoir la bonté de m'apporter de Paris de grandes et commodes tablettes à mettre en poche ? On a tant de choses à mettre sur ses tablettes par le temps qui court ! Grand merci des graines que vous annoncez . Vous trouverez votre jardin très beau . Puissent les vignes de Bourgogne que j'ai plantées sur votre terrain de terre à pot ne pas dégénérer si tôt ! Mais quoi qu'en dise d'Alembert 4 votre sol est un des mauvais que je connaisse . On voit bien qu'il appartient à des excommuniés . Vous serez cependant toujours de ma communion et de celle de Mme Denis . Nous vous embrassons l'un et l'autre de tout notre cœur .
V. »
1 Le chevalier Baudouin de Soupirs avait rendu visite aux Délices avant de partir pour les Indes . Voir lettre de V* à Maurice Pilavoine du 23 avril 1760 : http://books.google.fr/books?id=9vxNkUEZ8hkC&pg=PA1401&lpg=PA1401&dq=lettre+de+V*+%C3%A0+Pilavoine+du+23+avril+1760&source=bl&ots=qRe5UKPrKo&sig=pBB9ivlrSA-hx9ziYJlszj4UIOA&hl=fr&sa=X&ei=lpYKUpGtPOjP0AWWnYCACw&ved=0CDEQ6AEwAA#v=onepage&q=lettre%20de%20V*%20%C3%A0%20Pilavoine%20du%2023%20avril%201760&f=false
Voir page 606 : http://books.google.fr/books?id=uDhaaXXC3YYC&pg=PA606...
2 Lettre du 8 avril 1758 de Frédéric II à V* : « J'ignore s'il y a un Turretin prisonnier à Berlin . Si cela est , il peut retourner à sa patrie sans que l’État coure le moindre risque . » Voir lettre du 28 avril 1758 à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/08/11/ii-y-a-malheureusement-plus-de-soldats-que-de-laboureurs-cha.html
3 Jean-Claude-Marie Vincent, seigneur de Gournay, économiste renommé qui mourra en 1759 , la lettre que lui adressa V* n'est pas connue . Voir : http://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89loge_de_Vincent_de_Gournay
4 D'Alembert dit dans son article de l'Encyclopédie « Genève » : On remédie au peu de fertilité du terroir à force de soins et de travail . »
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12/08/2013
ne perdons ni le sommeil ni l'appétit quand nous perdrions tous nos vaisseaux et nos armées
... Cynique, moi ? allons bon !

« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg
Lausanne 29 avril [1758]
Ce n'est point à mon cœur, ce n'est point à mon âme, ce n'est point à ma main, ce n'est point à mon visage, madame, que vous devez vous en prendre, si je n'ai pas eu l'honneur de vous écrire depuis si longtemps, c'est ne vous déplaise à mon derrière qui m'a joué de forts cruels tours . On souffre de partout, madame, dans ce monde-ci . Il y a pourtant du bon dans la vie . Le mariage de monsieur votre fils par exemple est une des bonnes choses que je connaisse . Vingt mille francs de pension pour épouser sa maitresse 1! Il n'y a rien assurément de si bien arrangé ni de si heureux . Mme Denis et moi nous vous en faisons, madame, les plus sincères compliments . Vous voilà très heureuse par monsieur votre fils . Soyez-le toujours par vous-même . Jouissez d'une santé toujours égale que vous devrez à votre sage régime et à votre tranquillité . Quelque chose qui arrive sur les bords du Rhin vers Vezel, soyez contente à l'île Jard ; quelques millions que le roi emprunte, soyez payée de vos revenus, voilà ce que je vous souhaite du meilleur de mon cœur . Si vous avez quelque nouvelle amusez-nous en et daignez m'en amuser . Mais ne perdons ni le sommeil ni l'appétit quand nous perdrions tous nos vaisseaux et nos armées . Supportons les malheurs du genre humain tout doucement . Adieu , madame, la philosophie est après la santé ce que je connais de mieux .
Je vous suis toujours attaché avec le plus grand respect .
V. »
1 Mme de Crêvecoeur ; voir lettre du 21 avril 1758 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/08/07/les-visites-qu-on-doit-aux-dames-de-quatre-vsingt-ans-ne-peu2.html
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Quoique je sois toujours malade, je tâcherai de n'être pas un malade incommode
... Et confidence pour confidence, quoique toujours mourant, je vous invite à partager ma joie de vivre !

« A Horace Vasserot de Vincy , etc.
à son château de Vincy
par Rolle
A Lausanne 28 avril [1758]
Monsieur, nous comptons mardi prochain 2 de mai user de la permission que vous avez bien voulu donner à Mme Denis et à moi de venir coucher chez vous . Quoique je sois toujours malade, je tâcherai de n'être pas un malade incommode . J'ai une très grande envie de voir votre belle maison 1 et une bien plus grande de faire ma cour à son aimable maître , et à Mme de Vincy 2.
J'ai l'honneur d'être respectueusement
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire »
1 Horace Vasserot est propriétaire de cette maison depuis 1750 et y a réalisé des aménagements . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Vincy
2 Epousée en 1750 : http://gw.geneanet.org/couet?lang=de;p=elisabeth+anne;n=b...
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11/08/2013
II y a malheureusement plus de soldats que de laboureurs. Chaque puissance a beaucoup perdu, sans qu'aucune ait réellement gagné, et il ne résultera de toutes ces vicissitudes que du sang répandu
... Ceci me semble tout à fait s'appliquer à Israël et la Palestine, hier et encore aujourd'hui .
Faut-il que les Israeliens soient complètement insensés, obnubilés par l'appat du gain pour oser encore, en dépit de toute logique, lancer des programmes de construction en revendiquant des terres "attribuées par Dieu" . Je demande à voir l'acte de cession signé par les parties, donateur : Dieu, et receveur : Moïse, Abraham, ou autre éleveur de chèvres ancêtre d'un peuple qui a perdu les pédales . Je suis constamment écoeuré quand je constate des actes injustes perpétrés sous couvert de religion , bandes de cinglés avides que vous êtes .
M. Uri Ariel, -vous qui réunissez un canton suisse allemand et une marque de lessive-, religieux extrêmiste à qui on a malheureusement donné une parcelle de pouvoir, je vous donne rendez-vous aux murs des lamentations que vous érigez . Fauteur de trouble, soyez banni , retournez à votre médiocrité .
« A Madame Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
A Lausanne, 28 avril [1758]
Madame, quoique les bords du lac de Genève soient très beaux, on ne laisse pas d'y être malade; et c'est ce qui sauve souvent à Votre Altesse sérénissime des lettres importunes de ma part. Dieu a bien fait, madame, de me rendre malade sans quoi elle aurait plus de mes lettres qu'elle n'a eu chez elle de housards. On me flatte qu'elle est délivrée aujourd'hui de ces hôtes dangereux, et que les dindons de ses sujets sont en sûreté. J'ignore assez ce qui se passe dans le monde, mais il se pourrait faire que les visites des armées auraient beaucoup coûté à Vos Altesses sérénissimes. L’État de Berne a fort souvent de l'argent à placer; si elle en avait besoin pour quelques arrangements, et qu'elle voulût, dans l'occasion, m'honorer de ses commandements, je tâcherais de la servir d'une manière dont elle ne serait pas mécontente. Mais je présume que, malgré les irruptions que son pays a essuyées, la sagesse de son gouvernement la met à l'abri des ressources que le gouvernement de France est toujours obligé de chercher. Je ne cesse d'être étonné, madame, que le roi de France, qui n'est qu'auxiliaire dans cette guerre, et dont les troupes ont dû vivre si longtemps aux dépens d'autrui, ait pourtant emprunté trois cents millions depuis deux ans, tandis que le roi de Prusse, qui a soutenu les efforts de la moitié de l'Europe depuis le même temps, n'a pas mis un sou d'impôt sur ses sujets 1. Tout ce qui s'est passé doit être compté parmi les prodiges. Gustave-Adolphe fit des choses moins extraordinaires. Puissent ces grands événements être suivis d'une heureuse paix, dont il parait que tout le monde a grand besoin ! II y a malheureusement plus de soldats que de laboureurs. Chaque puissance a beaucoup perdu, sans qu'aucune ait réellement gagné, et il ne résultera de toutes ces vicissitudes que du sang répandu et des villes ruinées.
Le roi de Prusse m'écrivit, il y a un mois 2, qu'il était en Silésie, dans un couvent avec l'abbé de Prades'. Je ne sais où il est à présent mais moi, madame, je voudrais être à vos pieds et à ceux de votre auguste famille.
L'ermite suisse V. »
1 V* affecte de décrire ceci comme un prodige alors qu'il sait très bien que l'armée prussienne était depuis l'époque de Frédéric-Guillaume, père de Frédéric II, placée sur un pied de guerre quasi permanent .
2 Le 8 avril 1758, Frédéric II envoyait à Wilhelmine une lettre pour V*, écrite depuis le monastère de Grüssau dont il avait fait son quartier général entre le 20 mars et le 18 avril 1758 :
« J'ai reçu votre lettre de Lausanne, du 22. En vérité, tous les panégyriques que l'on prononce pendant la vie des princes me paraissent aussi suspects que les ex-voto offerts à des images qui cessent de faire des miracles; et, après tout, qui sont ceux qui apprécient la réputation ? Souvent les fautes de nos adversaires font tout notre mérite. J'ignore s'il y a un Turretin prisonnier à Berlin. Si cela est, il peut retourner à sa patrie sans que l'État coure le moindre risque. On dit que vous faites jouer la comédie aux Suisses il ne vous manque que de faire danser les Hollandais. Si vous vouliez faire un Akakia, vous auriez bonne matière en recueillant les sottises qui se font dans notre bonne Europe. Les gens méritent d'être fessés, et non pas mon pauvre président, qui pourrait avoir fait un livre sans beaucoup l'examiner; mais ce livre n'a fait ni ne fera jamais dans le monde le mal que font les sottises héroïques des politiques. S'il vous reste encore une dent, employez-la à les mordre: c'est bien employé. Les mauvais vers pleuvent ici; mais vos grandes affaires de votre comédie sont trop respectables pour que je veuille vous distraire par ces balivernes. Adieu. Je suis ici dans un couvent3 où l'abbé dira des messes pour vous, pour votre âme, et pour vos comédiens. »
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