Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

J'aimerais mieux manquer du nécessaire que de manquer à la moindre de mes promesses

... Ah ! que j'aimerais que ce soit vrai de la part de nos gouvernants !

 

 

« A Marie-Louise Denis

Ferney 3 avril 1768

Second codicille

Mme Denis m'ayant averti par sa lettre du 25 mars que le ministre du duc de Virtemberg 1 dit hautement que je suis payé , je me croirais très coupable envers elle, si , étant payé en effet, je déléguais Mme Denis sur M. le maréchal de Richelieu, sur M. de Laleu, sur M. de Lézeau, et si je la faisais attendre un seul moment . Voici la lettre que j'écris à ce ministre dont je suis d'ailleurs connu . Je prie très instamment ou Mme Denis ou M. d'Hornoy de lui envoyer cette lettre par la petite poste après l'avoir cachetée . On verra que j’ai dit la vérité la plus exacte dans tout ce qui concerne mes affaires et qu'on n'a certainement aucun reproche à me faire . Quant à la vente de Ferney, je recevrai probablement la procuration de ma nièce demain lundi par M. Damilaville . Mais je ne la vendrai que quand l'avocat Christin et moi nous trouverons le marché avantageux pour elle 2. Elle ne sera garante de rien qui lui puisse porter le moindre préjudice . Je la prie de n'avoir aucune inquiétude ni sur cette vente ni sur aucun autre objet . J'aimerais mieux manquer du nécessaire que de manquer à la moindre de mes promesses . C'est sur quoi elle peut compter ainsi que sur mon amitié inaltérable . »

2 Mme Denis ne désirait nullement vendre . Ce même 3 avril, elle écrit à Gabriel Cramer : « Au fait, la terre est à moi . On ne peut la vendre sans mon consentement . Il est vrai que j'ai envoyé ma procuration parce qu'il se mettait dans des fureurs qui me faisaient craindre que sa tête ne s'échauffât trop, mais malgré cette procuration je trouverai bien moyen encore d'empêcher l’acquisition de la terre. »

Lire la suite

27/11/2023 | Lien permanent

Je crois que nous ne nous entendons pas sur l’article du peuple, que vous croyez digne d’être instruit. J’entends par pe

... J'ai longtemps hésité avant de choisir ce titre, mais il y a ce que dit Voltaire et ce qu'il fait . Certains le disent un ignoble richard qui méprise le peuple, ne connaissent que partiellement ses écrits et ignorent ses oeuvres matérielles à Ferney . Cette populace , il la connait, il lui fournit du travail, il la fait vivre . Soit ! il préfère avoir de bons laboureurs que des philosophes, mais outre le soutien inaltérable qu'il apporte aux paysans, aux artisans, il créera  une école ! Cet homme n'est pas simple, il est humain , il est du monde des idées, et fraternel au quotidien .

"... tout vieux et infirme que je suis, je planterai aujourd'hui, sûr de mourir demain . Les autres en jouiront ."  Voltaire à François Moreau, le 1er juin 1767 .

Que ceux qui se bornent à le critiquer passent leur chemin , ils perdent l'essentiel .

Le généticien Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer.

Un salut particulier pour Axel Kahn qui donna jusqu'au bout de la qualité à sa vie et celle de ses contemporains, tout à fait voltairien selon moi  :  https://www.20minutes.fr/sante/3078219-20210706-axel-kahn-geneticien-ancien-president-ligue-contre-cancer-mort

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

1er avril 1766 1

Le Philosophe sans le savoir, mon cher ami, n’est pas à la vérité une pièce faite pour être relue, mais bien pour être rejouée. Jamais pièce, à mon gré, n’a dû favoriser davantage le jeu des acteurs ; et il faut que l’auteur ait une parfaite connaissance de ce qui doit plaire sur le théâtre ; mais on ne relit que les ouvrages remplis de belles tirades, de sentences ingénieuses et vraies, en un mot des choses éloquentes et intéressantes.

Je crois que nous ne nous entendons pas sur l’article du peuple, que vous croyez digne d’être instruit. J’entends par peuple la populace, qui n’a que ses bras pour vivre. Je doute que cet ordre de citoyens ait jamais le temps ni la capacité de s’instruire ; ils mourraient de faim avant de devenir philosophes ; il me paraît essentiel qu’il y ait des gueux ignorants. Si vous faisiez valoir comme moi une terre, et si vous aviez des charrues, vous seriez bien de mon avis, ce n’est pas le manœuvre qu’il faut instruire, c’est le bon bourgeois, c’est l’habitant des villes ; cette entreprise est assez forte et assez grande. Il est vrai que Confucius a dit qu’il avait connu des gens incapables de sciences, mais aucun incapable de vertu ; aussi doit-on prêcher la vertu au plus bas peuple ; mais il ne doit pas perdre son temps à examiner qui avait raison de Nestorius ou de Cyrille, d’Eusèbe ou d’Athanase, de Jansénius ou de Molina, de Zwingle ou d’Œcolampade. et plût à Dieu qu’il n’y eût jamais eu de bon bourgeois infatué de ces disputes , nous n’aurions jamais eu de guerres de religion, nous n’aurions jamais eu de Saint-Barthélemy, toutes les querelles de cette espèce ont commencé par des gens oisifs et qui étaient à leur aise ; quand la populace se mêle de raisonner, tout est perdu. Je suis de l’avis de ceux qui veulent faire de bons laboureurs 2 des enfants trouvés, au lieu d’en faire des théologiens ; au reste, il faudrait un livre pour approfondir cette question, et j’ai à peine le temps, mon cher ami, de vous écrire une petite lettre.

Je vous prie de vouloir bien me faire un plaisir, c’est d’envoyer l’édition complète de Cramer à M. de La Harpe ; ce n’est pas qu’assurément je prétende lui donner des modèles de tragédies ; mais je suis bien aise de lui montrer quelques petites attentions dans son malheur 3 en cas que je ne lui aie pas déjà fait ce présent, car il me vient un scrupule en vous écrivant ; gardez donc l'exemplaire , mon cher ami, jusqu'à ce que je sois instruit s'il en a eu de ma part .

Je suis beaucoup plus inquiet du mémoire pour les Sirven, je vous supplie de m'en dire des nouvelles . Je vais faire retirer les lettres pour M. d'Alembert, qui probablement ne pourront partir que vendredi prochain 4 avril . J'ai été si malade que je n'ai pu vous écrire la poste dernière..

Je n’ai point reçu le panégyrique fait par M. Thomas 4. Sûrement on fait examiner secrètement le Dictionnaire des sciences 5, puisqu’il n’est pas encore délivré aux souscripteurs. Mais qui sont les examinateurs en état d’en rendre un compte fidèle ? Faudrait-il qu’un scrupule mal fondé, ou la malignité d’un pédant, fit perdre aux souscripteurs leur argent, et aux libraires leurs avances ? J’aimerais autant refuser le payement d’une lettre de change, sous prétexte qu’on en pourrait abuser.

J'attends toujours quelque chose de Fréret 6. On dit que ma nièce de Florian passera son temps bien agréablement à Hornoy ; vous irez la voir, elle est bien heureuse . Adieu, mon très cher ami .

Je vous prie de me dire s’il y a eu en effet une troisième remontrance du parlement de Paris sur les affaires du parlement de Bretagne 7 ; je ne le crois pas, cela serait bien peu convenable. »

2 Cela semble être l’idée du physiocrate Moreau de La Rochette exposée dans un de ses ouvrages ( V* lui adressera une lettre le 1er juin 1767) . Voir : http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=3230

et : https://fr.wikisource.org/w/index.php?title=Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome45.djvu/290&action=edit&redlink=1

3 Le Gustave Vasa de La Harpe a été joué sans succès le 3 mars 1766 .

5 L’Encyclopédie .

6 Examen des apologistes de la religion chrétienne. Ce livre, publié sous le nom de Fréret, 1766, in-8°, est de Lévesque de Burigny. Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k845348.image

et : https://www.honorechampion.com/fr/champion/5842-book-08530371-9782745303714.html

 

Lire la suite

06/07/2021 | Lien permanent

C'est dans ses derniers ans un appui qu'il faut prendre

... Happy birthday  Jean-Luc Mélenchon, la soixante douzième année commence, tâchez de garder l'appui de votre parti LFI, le reste de la NUPES ne devrait pas tarder à battre de l'aile , même si vous appelez la dissolution de l'Assemblée de vos voeux . Profitez bien de vos revenus exagérément cotés . Jusqu'où votre vie de critiques incessantes va-t-elle vous être malheureusement conservée ?

Jean-Luc, il serait temps de réfléchir avant de parler , sinon tu nous offre du grand guignol .

 

 

«  A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

16è mars 1767 1

Mes anges et M. de Thibouville verront ci-contre ma réponse à leurs lettres du 7 et du 9 mars . Ma réponse est docilité et amendement. Quand je sens la raison, je la suis ; quand je peux corriger, je corrige. Gardez-vous bien de mettre

L’accompagne aux combats, et doit venger sa mort. 2

(Acte IIè, scène d’Indatire et d’Obéide.)

Il ne s’agit point ici de ce que les femmes scythes doivent faire, mais de ce qu’elles savent faire : cela est fort différent. Votre doit venger sa mort montrerait la corde ; il serait impertinent qu’au cinquième acte Obéide dît : moi, je dois vous venger ! Vous gâteriez tout par ce léger changement.

J’ignore l’état de madame la dauphine ; je n’ai pas voulu qu’on jouât publiquement la pièce chez moi, quand les spectacles sont fermés à Paris ; je ne la laisserai jouer que quand ils seront rouverts : je n’ai pas de peine à observer cette bienséance.

On me mande que Molé ne sera pas en état de jouer a Paris. Je ne crois pas qu’il faille donner son rôle au singe de Nicolé 3. Vous ferez tout comme il vous plaira, mes anges ; mais que Mlle Durancy justifie la préférence que je lui ai donnée, préférence qui m’attire plus de tracasseries qu’il n’y a de mauvais vers dans les pièces que les Velches applaudissent. Moquez-vous des tracasseries, mes anges, et écrasez le mauvais goût.

Ayez la charité d’envoyer à l’ami Lekain les corrections ci-contre.

Respect et tendresse.

V.



Page 14 ; Otez ces deux vers :

Allons chez Obéide, et que cette journée

Soit pour le peuple scythe à jamais fortunée .

Et mettez ces deux à la place :

Cher ami, ce grand jour renouvelle ma vie

Il me fait citoyen de la noble patrie .

Page 19 . Ôtez ce vers :

C'est dans ses derniers ans un appui qu'il faut prendre,

et mettez :

Il ne l'ordonne point, mais je sais trop l'entendre .4

A la fin de la pièce, au lieu des deux derniers vers :

Déplorez avec moi ce fatal sacrifice

Et sans être inhumains cultivons la justice .

Mettez ces deux-ci :

Nous sommes trop vengés par un tel sacrifice,

Scythes, que la pitié succède à la justice .5

Page 8 : Mais je n'userai point de la loi paternelle.

corrigez

Je ne la gêne point sous la loi paternelle .

N.B. – Les deux vieillards se lèvent à ces vers, page 1 :

Ce souvenir honteux soulève encore mon cœur .

Page 19 . Ôtez :

Chaque mot qu'il m'a dit a glacé mon ouvrage .

Sozame

Je conçois la terreur, et mon cœur la partage .6

et mettez à la place :

Où suis-je ? qu'a-t-il dit ? où me vois-je réduite ?

Sozame

Dans quel abîme affreux, hélas ! t'ai-je conduite !7 »



1 L'édition Cayrol omet toutes les variantes après l'initiale .

2 Les Scythes, II, 2 ; ( sait remplace doit ).

3Le comédien Molé, voir lettre du 4 mars 1767 à Florian : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/08/12/en-verite-il-s-agit-dans-cette-affaire-de-l-honneur-de-la-fr-6396068.html .

« Quel est ce gentil animal ? » dit Boufflers dans sa chanson :

Quel est ce gentil animal,
Qui dans les jours de carnaval
Tourne à Paris toutes les têtes,
Et pour qui l’on donne des fêtes ?
Ce ne peut être que Molet
Ou le singe de Nicolet.

4 Les Scythes, II, 1 ; ( commande remplace ordonne ).

5 Les Scythes, V, 5 ; couplet final .

6 V* a écrit ici en marge : N.B. – Obéide dit au 5 [acte V, sc. 2 ?] et mon cœur la partage .

7 Acte IV, sc. 8 dans l'édition Lacombe, mais ce texte fusera finalement abandonné .

Lire la suite

27/08/2022 | Lien permanent

Vous daignerez lire, avec les yeux d'un sage et d'un ministre, cette requête en forme de mémoire

...L'indigestion sera votre lot : plus de vingt mille amendements, le crétinisme n'a pas de limites

https://www.letelegramme.fr/dataspot/reforme-des-retraite...

 

« A Louis Phélypeaux, comte de Saint-Florentin

A Ferney, pays de Gex, par Genève,

8 juillet 1766 [1767] 1

Monseigneur,

La vérité et moi, nous implorons votre protection contre la calomnie et contre les lettres anonymes. Vous daignerez lire, avec les yeux d'un sage et d'un ministre, cette requête en forme de mémoire 2. Il s'agit des plus horribles noirceurs imputées à toute la famille royale. Il ne m'appartient que de vous supplier d'imposer silence à La Beaumelle 3, qui est actuellement à Mazères, au pays de Foix, et de vous renouveler le profond respect et la reconnaissance avec lesquels je serai toute ma vie,

monseigneur,

votre très humble, très obéissant et obligé serviteur.

Voltaire . »



1 Manuscrit olographe . Édition Beuchot . Une note du manuscrit indique Maurepas comme destinataire . Les éditions donnent Sartines . Mais le premier est en disgrâce ; le second , lieutenant de police ne serait pas appelé Monseigneur . Et il ne peut s'agir pour cette requête que de Saint-Florentin .

Voir note de Beuchot : «  L'original ne porte pas d'adresse; elle était sur l'enveloppe. Je présume que la lettre s'adressait au lieutenant général de police, qui était alors M. de Sartines. »

2 Mémoire pour être mis à la tête de la nouvelle édition qu'on prépare du Siècle de Louis XIV . La seconde et la troisième édition, de date douteuse, et de 18 et 20 pages, au lieu de 15, ont un titre différent : Mémoire présenté au ministre . À cet endroit de la lettre, V* a ajouté en marge : Lisez seulement depuis la page 10, afin de ne pas perdre un temps précieux.

3 Voici la lettre que de son côté La Beaumelle écrivit

« A Mazères, pays de Foix, ce 13 juillet.

« Monseigneur, on vient de me faire passer un avis dont il m'importe de vous instruire promptement. C'est M. de Voltaire qui, après avoir imprimé vingt libelles où je suis peint comme un voleur, comme un scélérat, quoique depuis quinze ans je me taise sur son compte, m'apprend qu'il a envoyé au ministère je ne sais quelle 95e lettre anonyme qu'il m'attribue, et me menace de mettre au pied du tr6ne certains écrits qu'il prétend avoir de moi, et qui tous contiennent des crimes, dont la plupart, ajoute-t-il, sont des crimes de lèse-majesté. Il réveille sa vieille calomnie sur M. le duc d'Orléans, régent. Il m'accuse d'avoir outragé monsieur le duc, sur lequel je n'ai jamais écrit un mot; M. de Vrillière, dont j'écris actuellement le nom pour la première fois de ma vie; Louis XIV, que je révère avec tout l'univers; et ce qu'il y a de plus affreux, Sa Majesté même calomnie si atroce que je me reprocherais de m'en justifier.

« Comme je suis très-décidé à ne pas reprendre la plume contre lui, quoiqu'il en ait une peur qui le jette dans des convulsions, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour avoir signées de sa main toutes les imputations qu'il prétend vouloir soutenir devant tout l'univers, afin de le poursuivre en justice réglée. Mais je n'ai pu avoir que des signatures imprimées qui ne prouvent rien, et qu'on peut toujours désavouer.

« Je suis très-persuadé, monseigneur, que si cet homme a l'audace de tenter l'exécution du projet qu'il a formé de me perdre, vous ne me jugerez point sur les allégations même les plus spécieuses d'un implacable ennemi, ou d'autres personnes que son adroite méchanceté pourrait employer. Mais comme les déclamations véhémentes, le ton affirmatif, les tours artificieux de l'accusateur, pourraient laisser quelque fâcheuse impression contre l'accusé, j'ai cru devoir vous en prévenir, et opposer une protestation d'innocence au poids de son crédit, dont il me menace de m'accabler. Je ne sais de quels écrits il parle je ne sais s'il en a forgé pour me perdre. Il vit près d'un pays où cette fraude lui serait aisée et de quoi n'est-il pas capable, après avoir eu le front de m'attribuer sa Pucelle d'Orléans, après avoir imprimé que j'avais été condamné aux galères pour avoir pris l'habitude de tirer de mes mains adroites les bijoux des, poches de mes voisins après avoir écrit à Mme de La Beaumelle et à son père des lettres dont chaque mot est un opprobre?

Cependant je garde le silence et depuis quinze ans que nos démêlés commencèrent et que je le réprimai vigoureusement, je n'ai rien écrit contre lui. Je suis bien déterminé à continuer de traiter ses libelles avec le même mépris; mais qu'il me soit permis de pousser un cri auprès de vous, monseigneur, quand il ose me menacer d'employer la plus sainte des autorités à l'appui de la calomnie. Quoi qu'il puisse m'imputer, depuis douze ans, c'est-à-dire depuis que je sortis de la Bastille, qu'il transforme pour moi en Bicêtre, je n'ai pas fait imprimer une syllabe. Je vis dans mes terres, au sein de ma famille, partagé entre la culture de mon jardin et mon Tacite. Il serait bien juste que, si Voltaire ne veut pas jouir enfin tranquillement de sa gloire, il laissât au moins les autres jouir de leur obscurité. Je me flatte donc, monseigneur, que si quelque écrit, soit manuscrit, soit imprimé, vous est ou vous a été déjà déféré comme étant de moi, vous daignerez me le faire communiquer, afin que je puisse vous donner tous les éclaircissements convenables. Je suis d'autant plus fondé à vous faire cette prière qu'il est public qu'en 1751 mon ennemi me nuisit essentiellement en m'attribuant ce qui ne m'appartenait pas.

Je suis avec un très-profond respect, monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur.

La Beaumelle .»

Je crois cette lettre inédite; c'est ce qui m'a décidé à la donner ici. (Beuchot)

Lire la suite

25/01/2023 | Lien permanent

Il est impossible de désirer se voir en égalité avec des oignons, des chats, des veaux, des peaux d’ânes

Hier soir, grand plaisir : le XV de France a fichu la pâtée aux Gallois ! Normal, les Gaulois ont vu rouge et les roastbeefs sont devenus des steaks hachés ! Sic gloria transit ! Et encore, la correction aurait pu être plus sévère si nous avions eu un buteur top niveau . Parra a fait du bon boulot quand même .

Il y a quelques soirs de cela, j’ai revu Platoon. Là aussi, ça saignait fort. Il en est qui désirent un rendu total au cinéma, le relief du son et de l’image, et pourquoi pas les odeurs ! Je vous laisse imaginer Platoon avec ce réalisme ! Gore ! comme dit mon gothique de fils !!La sélection du spectateur irait en faveur de ceux qui ont l’estomac bien accroché ou le nez bouché, sans quoi, on trouvera des sacs adéquats sous les sièges comme dans les avions et les ferries . Gare à l’effet boule de neige –en l’occurrence, gerbe à tous les étages-.

Passons à des œuvres moins perverses .

 

 

« A Jean-François Marmontel , chez Madame de Geoffrin, rue et quartier Saint-Honoré, à Paris

 

 

                        Chancelier de Bélisaire [œuvre de Marmontel ], on me dit que la Sorbonne demande des cartons . Ce n’est pas Bélisaire qui est aveugle, c’est la Sorbonne . Voici les propres mots d’une lettre de l’impératrice de Russie [Catherine a écrit : »je ne voudrais point être mise au rang de ceux que le genre humain a adorés pendant si longtemps…. Il est impossible de désirer se voir en égalité avec des oignons, des chats, des veaux, des peaux d’ânes,… des bêtes de toutes espèces,… »] en m’envoyant son édit sur la tolérance : « L’apothéose n’est pas si fort que l’on pense, on la partage avec des veaux, des chats, des oignons, etc., etc., etc. Malheur aux persécuteurs, ils méritent d’être rangés avec ces divinités là ! »

 

                        Elle ambitionnera votre suffrage, mon cher confrère, dès qu’elle aura lu votre Bélisaire, et n’y fera pas assurément de carton. Cet ouvrage fera du bien à notre nation, je peux vous en répondre . Tout ce que je vous écrit est toujours pour Mme de Geoffrin [de retour de Pologne], car j’ai la vanité de croire que je pense comme elle . Si le roi de Pologne et l’impératrice de Russie ne s’entendaient pas sur la tolérance, je serais trop affligé .

 

                        Bonsoir mon cher confrère, jouissez de votre gloire, et du ridicule des docteurs [de la Sorbonne, qui publient un Indiculus… ex libro…Bélisaire.].

 

                        Voltaire

                        28 février 1767. »

Lire la suite

28/02/2009 | Lien permanent

0 mon aimable, et ferme et gai, et ferme, et profond philosophe, il faut foutre les dames et les respecter.

... Voilà ce qui ne sera sans doute jamais proposé et encore moins adopté comme sujet de philosophie au bac ! Dommage  !

Notons bien que sous une injonction d'une brutalité apparente/réelle on doit encore et toujours le respect aux dames, ce qui n'est que justice .

Encore et toujours, extraordinairement vivant, Voltaire !

 

respecter les dames.jpeg

 Respect

 

« A Jean Le Rond d'ALEMBERT.
20 juin [1760].
Ma cousine Vadé me mande qu'elle a recouvré cet ouvrage moral 1 depuis trois mois, et que notre cousin Vadé étant mort au commencement de 1758, il ne pouvait parler de ce qui se passe en 1760; mais il en parlera par voie de prosopopée.
Je n'ai point vu le Mémoire de Pompignan. Thieriot m'abandonne, tirez-lui les oreilles.
M. Palissot dit que je l'approuve ! Qu'on aille chez M. d'Argental, il montrera ma lettre à lui adressée, en réponse de la comédie d'Aristophane, reliée en maroquin du Levant. Je ne puis publier cette lettre sans la permission de M. d'Argental; elle est naïve. Je pleure sur l'abbé Morellet et sur Jérusalem. 0 mon aimable,et ferme et gai, et ferme,2 et profond philosophe, il faut foutre 3 les dames et les respecter.

Je ne dis pas qu'il faille foutre Mme du Deffant; mais sachez qu'elle ne m'envoya jamais la lettre dont vous vous plaignez. Elle fit apparemment ses réflexions, ou peut-être vous lui lâchâtes [,,,] apparemment 4 quelque mot qui la fit rentrer en elle- même.
N'aurons-nous point l'histoire de la persécution contre les philosophes, un résumé des âneries de maître Joly, un détail des efforts de la cabale, un catalogue des calomnies, le tout avec les preuves? Ce serait là le coup de foudre; intérim ridendum.
Oui5, sans doute, le seigneur, le ministre dont il est question, a protégé Palissot et Fréron, et il me l'a mandé, et il les abandonnait, et il n'est pas homme à persécuter personne, et il pense comme il faut, quoique pædicaverit cum Freronio in collegio Clarimontis 6, et quoique Palissot soit le fils de son homme d'affaires; mais l'insulte faite à son amie mourante est le tombeau ouvert pour les frères. Ah! pauvres frères! les premiers fidèles se conduisaient mieux que vous. Patience, ne nous décourageons point ; Dieu nous aidera, si nous sommes unis et gais. Hérault disait un jour à un des frères : « Vous ne détruirez pas la rel,,, chrét,,,. — C'est ce que nous verrons », dit l'autre 7. »

1 Le Pauvre Diable. — La lettre à maître Abraham Chaumeix, qui précède cette satire, est signée Catherine Vadé.

Jean-Joseph Vadé était mort le 4 juillet 1757 . D'Alembert avait écrit le 16 juin 1760 : « J'ai grande envie de voir le petit poème dont vous me parlez . Je suis certain que feu Vadé a des héritiers auprès de Genève . Vous devriez bien vous adresser à eux pour me faire parvenir ce poème ,Mais s'il n'y a rien sur la pièce des Philosophes, on ne sera pas content de feu Vadé»  (voir page 420 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f434.texte.r=3764 )

2 V* a écrit un autre mot -illisible- au dessus de celui -ci .

3 Mot soigneusement biffé sur le manuscrit , ainsi qu'à la ligne suivante .

4 Ces quatre mots sont changés sur le manuscrit en ou peut-être vous lui achetâtes, peut-être par V* .

5 En attendant il faut rire .

6 [quoique] il ait prêché avec Fréron au collège de Clermont . Le collège de Louis-le-Grand (ou collège des jésuites) porta d'abord le nom de collège de Clermont.

7 C'est au lieutenant de police Hérault que Voltaire fit cette réponse. L'anecdote est rapportée, par Condorcet, dans sa Vie de Voltaire, mais il la tire sans doute de la présente lettre ,

 

Lire la suite

21/06/2015 | Lien permanent

je ne m’épouvante de rien. Je trouve que plus on est vieux, plus on doit être hardi. Je suis du sentiment du vieux Renau

... On a là une idée de ce que pense/penserait Vladimir Poutine, qui est pourtant bien loin d'être philosophe .

Résultat de recherche d'images pour "caricature poutine""

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

27 novembre 1764

A l'un de mes anges , ou aux deux ensemble.

Les lettres se croisent, et le fil s’embrouille. La lettre du 21 Novembre 1 m’apprend ou qu’on n’avait pas encore reçu les lettres patentes de Mlles Doligny et Luzy, ou qu’elles ont été perdues avec un paquet adressé, autant qu’on peut s’en souvenir, à M. de Courteilles. Tous mes paquets ont été envoyés depuis un mois à cette adresse, excepté un ou deux à l’abbé Arnaud ou à Marin. Il serait triste qu’il y eût un paquet d’égaré. Dans ce doute, voici de nouvelles patentes.

Je vous avais mandé que M. de Richelieu m’avait donné toute liberté sur la distribution de ces bénéfices 2. Si M. de Richelieu change d’avis, je n’en changerai point ; je crois son goût pour mademoiselle d’Epinay passé, et j’imagine que sa fureur de vous contrecarrer sur les affaires du tripot, est aussi fort diminuée.

Je vous supplie, mes divins anges, d’assurer M. Marin de ma très vive reconnaissance. Je voudrais bien pouvoir la lui marquer, et vous me feriez grand plaisir de me dire comment je pourrais m’y prendre.

Il est très vrai que j’avais fait une balourdise énorme, en ajoutant, à la réponse faite à M. de Foncemagne en 1750, les noms du cardinal Albéroni 3 et du maréchal de Belle-Isle 4 ; je fis cette sottise en corrigeant l’épreuve à la hâte. On est bien heureux d’avoir des anges gardiens qui réparent si bien de pareilles fautes. Mais je jure encore, par les ailes de mes anges, que j’ai retrouvé parmi mes paperasses cette lettre de 1750, écrite de la main du clerc qui griffonnait alors mes pensées ; je ne trompe jamais mes anges.

On m’a mandé qu’un honnête homme, qui a approfondi la matière du testament, et qui ne laisse rien échapper, a porté une sentence d’arbitre entre M. de Foncemagne et moi 5. On la dit sage, polie, instructive, et très bien motivée .

Il paraît tous les mois sous mon nom, en Angleterre ou en Hollande, quelques livres édifiants. Ce n’est pas ma faute ; je ne dois m’en prendre qu’à ma réputation de bon chrétien, et mettre tout aux pieds du crucifix.

J’ai bien peur que maître Omer ne veuille me procurer la couronne du martyre. Ces Omer sont très capables de joindre au Portatif la tragédie sainte de Saül et David, que le scélérat de Besogne, libraire de Rouen, a imprimée sous mon nom ; Messieurs pourraient bien me décréter, et quoique je ne fasse cas que des décrets éternels de la Providence, cette aventure serait aussi embarrassante que désagréable. Je connais toute la mauvaise volonté des Omer ; je n’ai jamais été content d’aucun Fleury, pas même du cardinal, pas même du confesseur du roi, auteur de l’Histoire ecclésiastique 6; je ne conçois pas comment il a pu faire de si excellents discours, et une histoire si puérile.

Au reste, je ne me porte pas assez bien pour me fâcher, et mes yeux sont dans un trop triste état pour que je revoie les Roués. Je me sers d’une drogue qui me rendra ou qui m’ôtera la vue tout à fait ; je n’aime pas les partis mitoyens.

Mes chers anges, conservez-moi vos célestes bontés. Toute ma famille se prosterne à l’ombre de vos ailes.

On nous parle aussi d’une petite assignation de notre curé : la robe de tous côtés me persécute ; mais je ne m’épouvante de rien. Je trouve que plus on est vieux, plus on doit être hardi. Je suis du sentiment du vieux Renaud qui disait qu’il n’appartenait qu’aux gens de quatre-vingts ans de conspirer.7 »



1 Cette lettre est conservée .

3 Car le Testament politique du cardinal Alberoni, de Maubert de Gouvest, ne remonte qu'à 1753 : https://books.google.fr/books?id=yHMGAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

. V* pouvait donc difficilement le connaître en 1750, ce qui détruit tout l'édifice qu'il a péniblement élevé pour « vieillir » sa réponse .

4 Le testament du cardinal de Belle-Isle parut en 1761 : https://data.bnf.fr/fr/10739486/charles_fouquet_belle-isle/

; nouvel anachronisme souligné officieusement par d'Argental .

6 V* reviendra sur ce sujet dans une lettre ouverte à Damilaville à la date du 7 mai 1770 .

7 Dans la Conjuration des Espagnols contre la ville de Venise, de Saint-Réal : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62079192.texteImage

et voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9sar_Vichard_de_Saint-R%C3%A9al

Lire la suite

23/01/2020 | Lien permanent

il mourra content

Dernier écrit de la main de Voltaire :

 

 

« Au chevalier Trophime-Gérard de Lally-Tollendal

Le 26 de mai [1778]

Le mourant ressuscite en apprenant cette grande nouvelle ;[l’arrêt du parlement qui avait condamné le père naturel du chevalier venait d’être cassé . V* « ressuscite » effectivement . Les éditeurs de Kehl notent que V* « était au lit de mort…  sembla se ranimer pour écrire ce billet ...; il retomba après l’avoir écrit, dans l’accablement dont il n’est plus sorti… »] il embrasse bien tendrement M. de Lally ; il voit que le roi est le défenseur de la justice ; il mourra content. »[le 30 mai]

Lire la suite

26/05/2010 | Lien permanent

Le cri public rendra les persécuteurs exécrables

 ... Mais qu'ils sont longs et difficiles à éliminer ces malfaisants !

 cri du peuple.jpg

 http://blog.lefigaro.fr/inde/2010/07/inde-les-femmes-musulmanes-mon.html

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental 1

Lausanne 26 février [1758]

Quand j'écris au roi de Prusse et à M. l'abbé de Bernis sur des choses peu importantes, ils m'honorent d'une réponse dans la huitaine . J'écrivis à M. Diderot il y a deux mois sur une affaire très grave qui le regarde et il ne me donna pas signe de vie . Je demandai réponse par quatre ou cinq ordinaires et je n'en obtins point . Je fis redemander mes lettres . J'étais en droit de regarder ce procédé comme un outrage . Il a dû me blesser d'autant plus que j'ai été le partisan le plus déclaré de l'Encyclopédie 2. J'ai même travaillé à une cinquantaine d'articles qu'on a bien voulu ma confier .Je ne me suis point rebuté de la futilité des sujets qu'on m'abandonnait, ni du dégoût mortel que m'ont donné plusieurs articles de cette espèce, traités avec la même ineptie qu'on écrivait autrefois le Mercure galant, et qui déshonorent un monument élevé à la gloire de la nation . Personne ne s’est intéressé plus vivement que moi à M. Diderot et à son entreprise . Plus cet intérêt est ardent, plus j'ai dû être outré de son procédé .

Je ne suis pas moins affligé de ce qu'il m'écrit enfin au bout de deux mois . Des engagements avec des libraires . C'est bien à un grand homme tel que lui à dépendre des libraires ! C'est aux libraires à attendre ses ordres dans son antichambre . Cette entreprise immense vaudra donc à M. Diderot environ trente mille livres ! Elle devrait lui en valoir deux cent mille (j'entends à lui et à M. d'Alembert et à une ou deux personnes qui les secondent), et s'il avaient voulu seulement honorer le petit trou de Lausanne de leurs travaux, je leur aurai fait mon billet de deux cent mille livres, et s'ils étaient assez persécutés et assez déterminés pour prendre ce parti en s'arrangeant avec les libraires de Paris on trouverait bien encore le moyen de finir l'ouvrage avec une honnête liberté , et dans le sein du repos, et avec sureté pour les libraires de Paris et pour les souscripteurs . Mais il n'est pas question de prendre un parti si extrême qui cependant n'est pas impraticable , et qui ferait honneur à la philosophie .

Il est question de ne se pas prostituer à de vils ennemis, de ne pas travailler en esclaves des libraires

et en esclaves des persécuteurs . Il s'agit d'attirer pour son ouvrage et pour soi-même la considération qu'on mérite . Pour parvenir à ce but essentiel, que faut-il faire ? Rien . Oui, ne rien faire, ou paraître ne rien faire, pendant six lois, pendant un an . Il y a trois mille souscripteurs . Ce sont trois mille voix qui crieront , laissez travailler avec honneur ceux qui nous instruisent et qui honorent la nation . Le cri public rendra les persécuteurs exécrables . Vous me mandez, mon cher et respectable ami, que M. le procureur général 3 a été très content du septième volume . C'est déjà une bonne sureté . L’ouvrage est imprimé avec approbation et privilège du roi, il ne faut donc pas souffrir qu'un misérable 4 ose prêcher devant le roi contre la raison imprimée une fois avec privilège, il ne faut donc pas souffrir que l'auteur de la gazette dise dans les Affiches de province que les précepteurs de la nation veulent anéantir la religion et corrompre les mœurs, il ne faut donc pas souffrir qu'un écrivain mercenaire débite impunément le libelle des kakouacs .

Ces deux misérables dépendent des bureaux du ministère, mais sûrement ce n'est pas M. l'abbé de Bernis qui les encourage, ce n'est pas Mme de Pompadour . Je suis persuadé au contraire que Mme de P. obtiendrait une pension pour M. Diderot . Elle y mettrait sa gloire et j'ose croire que cela ne serait pas bien difficile .

C'est à quoi il faudrait s'occuper, pendant six mois . Que M. Diderot, M. d'Alembert, M. de Jaucourt et l'auteur de l'excellent article de la Génération 5, déclarent qu'ils ne travailleront plus si on ne leur rend justice, si on leur donne des réviseurs malintentionnés, et je vois évidemment que dans trois mois la voix du public qui est la plus puissante des protections, mettra ceux qui enseignent la nation sur le trône des lettres où ils doivent être . Alors M. d'Alembert devra travailler plus que jamais . Alors il travaillera . Mais il faut avoir, et la sagesse d'être tous unis, et le courage de persister quelques mois à déclarer qu'on ne veut point travailler sub gladio 6 . Ce n'est pas certainement un grand mal de faire attendre le public, c'est au contraire un très grand bien . On amasse pendant ce temps là des matériaux, on grave des planches, on se ménage des protections, et ensuite on donne un huitième volume dans lequel on n'insère plus les plates déclamations et les trivialités dont les précédents ont été infectés . On met à la tête de ce volume une préface dans laquelle on écrase les détracteurs avec cette noblesse et cet air de supériorité dont Hercule écrase un monstre dans un tableau de Lebrun .

En un mot , je demande instamment qu'on soit uni, qu'on paraisse renoncer à tout, qu'on s'assure protection et liberté, qu'on se donne tout le public pour associé, en le faisant craindre de voir tomber un ouvrage nécessaire .

Tout le malheur vient de ce que M. Diderot n'a pas fait d'abord la même déclaration que M. d'Alembert . Il en est encore temps . On viendra à bout de tout avec l'air de ne vouloir plus travailler à rien . Du temps ; et des amis ; et le succès est infaillible . Je suis en droit d'écrire à Mme de Pompadour les lettres les plus fortes, et je ferai écrire des personnes de poids, si on trouve ce parti convenable .

Mais un homme qui est capable de passer deux mois sans faire réponse sur des choses si essentielles, est-il capable de se remuer comme il faut dans une telle affaire ?

Je prie instamment M. Diderot de brûler devant M. d'Argental mon billet sur les kakouacs dans lequel je me méprenais sur l'auteur . J'aime M. Diderot, je le respecte et je suis fâché .

V. »

1 Cette lettre est , comme V* l'a dit dans sa lettre du 25 février à d'Argental, adressée à Diderot . Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/24/5ab8a796411269fbfec64d1d13bf57ad.html

2 On trouve à la fin du Siècle de Louis XIV cet éloge écrit en 1752 : « Enfin le siècle passé a mis celui où nos sommes en état de rassembler en un corps , et de transmettre à la postérité le dépôt de toutes les sciences et de tous les arts, tous poussés aussi loin que l'industrie humaine a pu aller ; c'est à quoi a travaillé une société de savants remplis d'esprit et de lumières . Cet ouvrage immense et immortel semble accuser la brièveté de la vie des hommes . »

Voir également le Précis du siècle de Louis XV.

3 Joly de Fleury .

4 Charles-Jean-Baptiste Chapelain ; voir lettre du 13 février 1758 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/13/c-est-une-chose-infame-de-n-etre-pas-tous-unis-comme-des-fre.html

6 Sous la menace du glaive .

 

Lire la suite

23/06/2013 | Lien permanent

On craignait alors beaucoup les Espagnols en Italie

... Et en cette période de qualification pour la coupe du monde de foot, la crainte, historique, est toujours vive . Le sang ne coulera pas, enfin j'ose l'espérer, seuls le dollar et l'euro couleront à flot . La crise espagnole fera cause commune avec l'italienne, les supporters oublieront un moment leurs fins de mois difficiles en applaudissant des gars en short grassement payés .

Entre millionnaires on s'entend bien , malgré tout

espagnols italiens foot.jpg


 

 

 

« A M. Pierre-Jean GROSLEY 1

A Lausanne, 22 janvier 1758.

Je ne reçus qu'hier, monsieur, les deux dissertations 2 dont vous avez bien voulu m'honorer. Je les ai lues avec beaucoup de plaisir, et je ne perds pas un moment pour vous en faire mes remerciements. Je vois que non-seulement vous avez beaucoup lu, mais que vous avez bien lu, et que vous réfléchissez encore mieux. Je crois comme vous, monsieur, que l'abbé de Saint- Réal (homme qu'il ne faut pas regarder comme un historien) a fait un roman de la conspiration de Venise 3 mais on ne peut douter que le fond ne soit vrai. Le procurateur Nani 4 le dit positivement et je me souviens que l'abbé Conti, noble vénitien très-instruit, et qui est mort 5 dans une extrême vieillesse, regardait la conspiration du marquis de Bedmar 6 comme une chose très-avérée. Comment ne le serait-elle pas, puisque le sénat renvoya cet ambassadeur sur-le-champ, et qu'il fit mourir tant de complices ? Eût-on fait cet outrage au roi d'Espagne ? Se fût-on joué ainsi de la vie de tant de malheureux, pour supposer à l'Espagne une entreprise criminelle ? On craignait alors beaucoup les Espagnols en Italie. Venise, qui n'était point en guerre avec eux, voulait les ménager. Eût-ce été les ménager que leur imputer une pareille trahison ? On l'ensevelit autant qu'on put dans le silence, et le sénat avait en cela très-grande raison. Comment vouliez-vous que ce même sénat empêchât ensuite la promotion de Bedmar au cardinalat ? Les Vénitiens ont-ils jamais eu de crédit à Rome ? L'entreprise de Bedmar contre Venise était une raison de plus pour lui procurer le chapeau, plutôt qu'une raison pour l'exclure.
Ne rangez pas non plus la conspiration des poudres 7 parmi les suppositions; elle n'est que trop véritable. Personne en Angleterre ne forme le moindre doute aujourd'hui sur cette entreprise infernale. La lettre de Percy, qui existe, la mort qu'il reçut à la tête de cent cavaliers, le supplice de dix conjurés, le discours de Jacques Ier au parlement, sont des preuves contre lesquelles les jésuites n'ont jamais opposé que des objections méprisées. C'est en respectant vos lumières que je vous fais ces observations; et c'est avec bien de l'estime que j'ai l'honneur d'être,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire. »

3 La célèbre Conjuration des Espagnols contre la République de Venise, 1674 . Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62079192

Voir la façon dont Saint Réal utilise ses sources pour ménager l'effet dramatique dans La Nouvelle en France à l'âge classique de F. Deloffre .

4 Ce procureur Nani [Giovanni] Battista [Felice Gasparo] Nani est l'auteur d'une Historia della republica Veneta, 1663-1679. Voir : http://www.treccani.it/enciclopedia/battista-felice-gaspare-nani_%28Dizionario_Biografico%29/

et : http://archive.org/stream/historiadellarep00nani#page/n3/mode/2up

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Giovan_Battista_Nani

5 En 1749 .

6 Alfonso della Cueva, marquis de Bedmar, en 1617-1618, avait tenté de faire passer Venise sous la domination espagnole . Couvert par l'immunité diplomatique il pût après l'échec de la conjuration se réfugier en Espagne où il devint cardinal et évêque d'Oviedo . Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Alfonso_de_la_Cueva,_1st_Marquis_of_Bedmar

7 Thomas Percy avait participé à la conspiration des poudres destinée à faire sauter le Parlement anglais le 5 novembre 1605 . une lettre anonyme avertit Monteagle qui dénonça le complot qui fut attribué aux catholiques . Voir Percy : http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Percy_%28comploteur%29

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Conspiration_des_poudres

 

 

Lire la suite

28/03/2013 | Lien permanent

Page : 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129