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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

je ne peux rendre ni les hommes, ni les filles raisonnables

 Un peu d'auto-dérision pour commencer : http://www.youtube.com/watch?v=ip5m8xUdbE8

Un petit retour vers un conte, favori de ma dame favorite et que j'aime aussi (et la dame itou ! ) ...

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« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

                   9 février 1763

 

                            Madame ange,

 

                            Les lettres se croisent comme les conversations de Paris. Celle-ci est une action de grâce de la part de Mme Denis, qui a un érésipèle, un point de côté, la fièvre, etc. ; de la part de mon cornette de dragons [Dupuits, fiancé de Mlle Corneille], qui se jette à vos pieds, e t qui baise le bas de votre robe avec transport ; de la part de Marie Corneille, qui vous écrirait un volume si elle savait l’orthographe ; et enfin de la part de moi aveugle qui réunis tous leurs sentiments de respect et de reconnaissance. Il n’y a rien que vous n’ayez fait ; vous échauffez les Abbé de La Tour du Pin [V* dit que l’abbé de La Tour du Pin, considéré comme un parent de Marie Corneille, aurait cherché à empêcher son adoption par V*], vous allez exciter la générosité des fermiers généraux [le 26 janvier, V* écrit aux d’Argental : « … il doit être désagréable à un gentilhomme, à un officier d’avoir un beau-père facteur de la petite poste dans les rues de Paris . Il serait convenable qu’il se retirât à Evreux avec sa femme et qu’on lui donnât un entrepôt de tabac ou quelque dignité semblable qui n’exigeât ni une belle écriture ni l’esprit de Cinna. Je vous soumets ma lettre aux fermiers généraux… »] . Il n’y a qu’un point sur lequel j’ose me plaindre de vous, c’est que vous avez omis la permission de la signature d’honneur de mes deux anges. Je vous avertis que j’irai en avant, et que le contrat de Marie sera honoré de votre nom ; vous me désavouerez après, si vous voulez.

 

                            J’ai reçu aujourd’hui une lettre de Mme de Colmont Vaulgrenand. Elle demande pardon pour son dur mari ; elle me conjure de donner Mlle Corneille à son fils ; je lui réponds que la chose est difficile, attendu que Mlle Corneille est fiancée à un autre ; il y a de la destinée dans tout cela, et je crois fermement à la destinée, moi qui vous parle. Celle de M. Lefranc de Pompignan est de me faire toujours pouffer de rire (moi et le public s’entend). Oh ! la plaisante chose que son sermon [Discours prononcé dans l’église de Pompignan le jour de sa bénédiction (24 octobre 1762) écrit en réalité par Reyrac. V* répondit par la Lettre de M. de l’Ecluse… et l’Hymne chanté au village de Pompignan : Vive le roi et Simon Lefranc] et la relation de sa dédicace ! On est trop heureux qu’il y ait de pareilles gens dans le monde.

 

                            J’insiste pour que mon neveu d’Hornoy [Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d’Hornoy, fils de sa nièce Mme de Fontaine] soit conseiller au parlement. Il ne fera jamais tant de bruit que l’abbé Chauvelin ; mais enfin il sera tuteur des rois, et fera brûler son oncle comme un autre. En vérité, Messieurs sont bien tendres aux mouches. S’ils criaient pour une particule conjonctive, je leur dirais : Messieurs, vous avez oublié la grammaire que les jésuites vous avaient enseignée.

 

                            Tout le public murmura, et le roi fut assassiné. [Après la peur des d’Argental, V*, le 3 février leur écrit : « Calmez-vous… Cette feuille n’a point été tirée, je l’ai bien empêché. Philibert Cramer a très mal fait de la coudre à son exemplaire. Je sentis bien que ces mots : cent quatre-vingts membres (du parlement) se démirent de leurs charges, les murmures furent grands dans la ville et le roi fut assassiné pourraient faire soupçonner à des grammairiens que cet assassinat fut le fruit immédiat du lit de justice, comme en effet Damiens l’avoua dans ses interrogatoires à Versailles et à Paris. Je sais bien qu’il est permis de dire une vérité que le parlement a fait imprimer lui-même ; mais j’ai bien senti que le parlement serait fâché qu’ion vit dans l’histoire ce qu’on voit dans le procès-verbal . Cette seule particule  et est un coup mortel … Cette même particule, très mal expliquée par M. de Silhouette dans le traité d’Utrecht, a causé la dernière guerre … ; malgré mon juste ressentiment contre l’infâme condamnation de la Loi naturelle, je fis jeter au feu cette feuille ; je mis à la place : « ces émotions furent bientôt ensevelies dans une consternation générale, par l’accident le plus imprévu et le plus effroyable. Le roi fut assassiné le 5 janvier dans la cour de Versailles… » Finalement les deux faits furent relatés dans le Précis du Siècle de Louis XV, celui qui concerne le parlement à la fin du chapitre, celui qui concerne « l’assassinat » au début du chapitre suivant.] . Quel rapport cette phrase peut-elle avoir avec le parlement de Paris ?  Je présenterais requête au roi et à son conseil, comme les Calas, mais ce serait avant d’être roué, et je  ferais l’Europe juge entre le parlement et la grammaire. Je vous parle ainsi, mes anges, parce que je vous crois plutôt ministres d’un petit fils de Louis XIV [d’Argental est « ministre » du duc de Parme à Paris] que partisans de la Fronde. Il est doux de dire ce qu’on pense à ses anges. Je vous avoue que je suis comme Platon ; je n’aime pas la tyrannie de plusieurs. Je sais que le parlement ne m’aime guère, parce que j’ai dit dans le Siècle de Louis XIV des vérités que je ne pouvais taire. Ce motif d’animosité n’est pas trop honorable. Je vous ai dit tout ce que j’avais sur le cœur ; cela me pesait. Mais que vos bontés pour moi ne s’alarment point ; je vous réponds qu’il ne subsiste aucune particule qui puisse déplaire [V* leur enverra le 13 février « cette terrible feuille qui devait tant déplaire à Messieurs. »].

 

                            Parlons du tripot pour nous égayer.

 

                            On dit que la très sublime Clairon ne veut pas ôter le rôle de Mariamne à la très dépenaillée Gaussin. Que voulez-vous ! ce n’est pas ma faute, je ne peux rendre ni les hommes, ni les filles raisonnables ; qui est-ce qui se rend justice ? quel est le prédicateur de Saint-Roch qui ne croie surpasser Massillon ?

 

                            Je me rends justice, mes anges, en disant que mon cœur vous adore.

 

                            V. »

 

 

 

 

 

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Ce qui suit n'est pas très XVIIIème siècle, mais bon , il faut se lacher parfois , c'est bon pour le coeur : http://www.dailymotion.com/video/x7f8zx_la-destinee-de-l-...

 

 

 

 

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09/02/2010 | Lien permanent

il vaut mieux se faire désirer que de se jeter à la tête

http://www.youtube.com/watch?v=fVKI9M5MgKY

Est-ce ce que pensait le président candidat , se faire prier comme une star ?

"Allez, viens, on t'aime, on n'aime que toi, on te veux, on t'adore , on te soutient ! Tu es le meilleur ! "

Et in petto : "nos revenus en dépendent" ; "tiens bon encore cinq ans , Carla a besoin pouponner aux frais de l'Etat ".

Voir : http://player.canalplus.fr/#/592930     (en particulier à partir de 5'30")

 Et ceci qui remue un sentiment aigre en moi !

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«  A M. le comte d'ARGENTAL.

Aux Délices, 6 juillet [1755]

Mon cher ange, gardez-vous de penser que le quatrième et le cinquième magot soient supportables; ils ne sont ni bien cuits ni bien peints. L'Orphelin était trop oublié 1. Zamti, qui avait joué un rôle principal dans les premiers actes, ne paraissait plus qu'à la fin de la pièce; on ne s'intéressait plus à lui, et alors la proposition que sa femme lui fait de deux coups de poignard, un pour lui et un autre pour elle, ne pouvant faire un effet tragique, en faisait un ridicule. En un mot, ces deux derniers actes n'étaient ni assez pleins, ni assez forts, ni assez bien écrits. Mme Denis et moi nous n'étions point du tout contents. Nous espérons enfin que vous le serez. Il faut commencer par vous plaire pour plaire au public. Je vais vous envoyer la pièce. Elle ne sera peut-être pas trop bien transcrite, mais elle sera lisible. Le roi de Prusse m'a repris un de mes petits clercs pour en faire son copiste; c'était un jeune homme de Potsdam 2. J'ai rendu à César ce qui appartient à César, et il ne me reste plus qu'un scribe 3 qui a bien de la besogne en vers et en prose. Ce n'est pas une petite entreprise pour un malade de corriger tous ses ouvrages, et de faire cinq actes chinois. Mais, mon cher ange, quel temps prendrez-vous pour faire jouer la pièce? Pour moi, je vous avoue que mon idée est de laisser passer tous ceux qui se présentent, et surtout de ne rien disputer à M. de Châteaubrun 4. Il ne faut pas que deux vieillards se battent à qui donnera une tragédie, et il vaut mieux se faire désirer que de se jeter à la tête. J'imagine qu'il faudrait laisser l'hiver à ceux qui veulent être joués l'hiver. En ce cas, il faudrait attendre Pâques prochain, ou jouer à présent nos Chinois. Il y aurait un avantage pour moi à les donner à présent. Ce serait d'en faire la galanterie à Mme de Pompadour, pour le voyage de Fontainebleau. Il ne m'importe pas que l'Orphelin ait beaucoup de représentations. J'en laisse tout le profit aux comédiens et au libraire, et je ne me réserve que l'espérance de ne pas déplaire. Si cette pièce avait le même succès qu'Alzire 5, à qui Mme Denis la compare, elle servirait de contre-poison à cette héroïne d'Orléans,6 qui peut paraître au premier jour; elle disposerait les esprits en ma faveur. Voilà surtout l'effet le plus favorable que j'en peux attendre. Je crois donc, dans cette idée, que le temps qui précède le voyage de Fontainebleau est celui qu'il faut prendre mais je soumets toutes mes idées aux vôtres. J'envoie l'ouvrage sous l'enveloppe de M. de Chauvelin7. Je vous prie, mon divin ange, de le donner à M. le maréchal de Richelieu. Qu'il le fasse transcrire, s'il veut, pour lui et pour Mme de Pompadour, si cela peut les amuser.
J'ai cru devoir envoyer à Thieriot, en qualité de trompette8, cet autre ancien ouvrage dont nous avons tant parlé. J'aime bien mieux qu'il coure habillé d'un peu de gaze que dans une vilaine nudité et tout estropié. On le trouve ici très joli, très-gai, et point scandaleux. On dit que les Contes de La Fontaine sont cent fois moins honnêtes. Il y a bien de la poésie, bien de la plaisanterie, et, quand on rit, on ne se fâche point; surtout nulle personnalité. Enfin on sait qu'il y a trente ans que cette plaisanterie court le monde. La seule chose désagréable qu'il y aurait à craindre, ce serait la liberté que bien des gens se sont donnée de remplir les lacunes comme ils ont pu, et d'y fourrer beaucoup de sottises qu'ils ont ajoutées aux miennes.
Mon cher ange, je suis bien bon de songer à tout cela. Tout le monde me dit ici que je dois jouir en paix de mon charmant ermitage; il est bien nommé les Délices,; mais il n'y a point de délices si loin de vous. Mille tendres respects à tous les anges. »

 

 

3 Le jeune Jean-Louis Wagnière qu'il a engagé au château de Prangins a environ quinze ans . http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Louis_Wagni%C3%A8re

4 Jean-Baptiste Vivien de Châteaubrun : reçu à l'Académie française le 5 mai précédent, après avoir donné une tragédie de Philoctète en cinq actes (1er mars 1755). Il avait écrit Mahomet II , empereur des Turcs qui fut joué le 13 novembre 1714.

8 Thieriot rapportait volontiers toutes les nouvelles parisiennes à V* et à Paris les nouvelles que V* voulait faire circuler .

 

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18/02/2012 | Lien permanent

Si jamais il se trouve quelque athée dans le monde (ce que je ne crois pas ) , votre livre confondra l'horrible absurdit

...

 

 

« A Stanislas Leszczynski, roi de Pologne

Du 15è août 1760 1

Sire,

Je n'ai jamais que des grâces à rendre à Votre Majesté . Je ne vous ai connu que par vos bienfaits, qui vous ont mérité votre beau titre 2. vous instruisez le monde, vous l'embellissez, vous le soulagez, vous donnez des préceptes et des exemples . J'ai tâché de profiter de loin des uns et des autres, autant que j'ai pu . Il faut que chacun dans sa chaumière fasse, à proportion, autant de bien que Votre Majesté en fait dans ses États . Elle a bâti de belles églises royales, j'édifie des églises de village ; Diogène remuait son tonneau quand les Athéniens construisaient des flottes ; si vous soulagez mille malheureux, il faut que nous autres petits nous en soulagions dix ; le devoir des princes et des particuliers est de faire chacun dans son État, tout le bien qu'il peut faire .

Le dernier livre de Votre Majesté que le cher frère Menoux m'a envoyé de votre part 3, est un nouveau service que Votre Majesté rend au genre humain . Si jamais il se trouve quelque athée dans le monde (ce que je ne crois pas ) , votre livre confondra l'horrible absurdité de cet homme . Les philosophes de ce siècle ont heureusement prévenu les soins de Votre Majesté, elle bénit Dieu, sans doute, de ce que depuis Descartes et Newton, il ne s'est pas trouvé un seul athée en Europe . Votre Majesté réfute admirablement ceux qui croyaient autrefois que le hasard pouvait avoir contribué à la formation de ce monde : Votre majesté voit sans doute avec un plaisir extrême, qu'il n'y a aucun philosophe de nos jours qui ne regarde le hasard comme un mot vide de sens . Plus la physique a fait de progrès, plus nous avons trouvé partout la main du Tout-Puissant .

Il n'y a point d'hommes plus pénétrés de respect pour la vérité, que les philosophes de nos jour ; la philosophie ne s'en tient pas à une adoration stérile , elle influe sur les mœurs ; il n'y a point en France de meilleurs citoyens que les philosophes, ils aiment l’État et le monarque, ils sont soumis aux lois, ils donnent l'exemple de l'attachement et de l'obéissance ; ils condamnent et ils couvrent d'opprobre, ces factions pédantesques et furieuses, également ennemies de l'autorité royale et du repos des sujets . Il n'est aucun d'eux qui ne contribuât avec joie à la moitié de son revenu au soutien du royaume . Continuez, Sire , à les seconder de votre autorité et de votre éloquence, continuez à faire voir au monde, que les hommes ne peuvent être heureux que quand les philosophes sont rois , et quand ils ont beaucoup de sujets philosophes ; encouragez de votre voix puissante la voix des citoyens qui n’enseignent dans leurs écrits et dans leurs discours, que l'amour de Dieu ; confondes ces hommes insensés, livrés à la faction, qui commencent par accuser d'athéisme quiconque n'est pas de leur avis sur des choses indifférentes .

Le docteur Lange 4, dit que tous les jésuites sont athées parce qu'ils ne trouvent point la cour de Pékin idolâtre . Le frère Hardouin 5, jésuite, dit que les Pascal, les Arnaud, les Nicole, sont athées parce qu'ils n'étaient pas molinistes ; frère Berthier soupçonne d’athéisme l'auteur de l'Histoire générale, parce que l'auteur de cette histoire ne convient pas que les nestoriens conduits par des nuées bleues, soient venus du pays de Tacin dans le septième siècle, faire bâtir des églises nestoriennes 6 à la Chine. Frère Berthier devrait savoir que des nuées bleues ne conduisent personne à Pékin, et qu'il ne faut pas mêler des contes bleus à nos vérités sacrées . Un Breton ayant fait, il y a quelques années, des recherches sur la ville de Paris, l’abbé Trublet et consorts, l'ont accusé d'irréligion au sujet de la rue Tireboudin, et de la rue Trousse-Vache ; et le Breton a été obligé de faire assigner ses accusateurs au Châtelet de Paris 7.

Les rois méprisent toutes ces petites querelles, ils font le bien général, pendant que leurs sujets animés les uns contre les autres font les maux particuliers . Un grand roi tel que vous Sire, n'est ni janséniste, ni moliniste, il n'est d'aucune faction ; il ne prend parti, ni pour, ni contre un dictionnaire ; il rend la raison respectable, et toutes les factions ridicules . Il rend les jésuites utiles en Lorraine quand ils sont chassés du Portugal ; il donne douze mille livres de rente, une belle maison, et une bonne cave à notre cher frère Menoux, afin qu'il fasse du bien ; il sait que la vertu et la religion consistent dans les bonnes œuvres, et non pas dans les disputes ; il se fait bénir, et les calomniateurs se font détester .

Je me souviendrai toujours, Sire, avec la plus tendre et la plus respectueuses reconnaissance, des jours heureux que j'ai passés dans votre palais ; je me souviendrai que vous daigniez faire le charme de la société, comme vous faisiez la félicité de vos peuples, et que si c'était un bonheur de dépendre de vous, c'en était un plus grand de vous approcher .

Je souhaite à Votre Majesté, que votre vie utile au monde, s'étende au-delà des bornes ordinaires . Aureng-Zeb et Muley-Ismaël , ont vécu l'un et l'autre plus de cinq cents ans 8. Si Dieu accorde de si longs jours à des princes infidèles, que ne fera-t-il point pour Stanislas le bienfaisant !

Je suis avec un profond respect . »

1 Copie corrigée de la main de V* .

2 Voir les derniers mots de la présente lettre .

4 Lorenz Lange : Journal de la résidence du sieur Lange [...] à la cour de la Chine, dans les années 1721 et 1722, 1726 ; V* ne cite pas, mais résume la pensée de l'auteur .

5 Le père Jean Hardouin qui écrivit dans la première moitié du XVIIIè siècle .

6 Voir Essai sur les mœurs, chap. XI .

 

 

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15/08/2015 | Lien permanent

Si je me damne à gauche, je me sauve à droite ... Si on me connaissait, on me canoniserait, mais le monde est si injuste

... Bien évidemment, je ne parle pas politique car enfer et damnation en sont le lot commun .

https://www.youtube.com/watch?v=WmzOCtsZTW4

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« A Charles-Jean-François Hénault

Aux Délices 22 juillet 1761

L’enthousiasme ne permet point de délais, mon illustre et respectable confrère, et rien ne m'en inspira tant que la lettre dont vous m'honorez . La bonne santé, la philosophie, et les sentiments de M. d'Argenson y ont une assez bonne part ; Corneille vient ensuite ; ce n'est pas que Corneille fût aussi aimable que vous ; mais il a débrouillé le chaos ; il est le premier en son genre . La gloire est pour les inventeurs ; ceux qui montent 1 sur leurs épaules pour les surpasser n'ont que le second rang ; et ceux qui viennent après n'en ont aucun . Je ne me sais gré que d'une seule chose, c'est d'avoir enfin ouvert les yeux à nos jolis Français sur l'Electre de Sophocle ; Paris vient de convenir enfin à la représentation d'Oreste , que l'amour n'avait rien à démêler avec cette famille-là ; on a vu que les parricides cadrent mal avec une partie carrée ; on s'est aperçu que la terreur et la pitié suffisaient . Notre théâtre purgé de blancs poudrés 2, commence à devenir un vrai spectacle ; et si cela continue, les pièces qui ne sont que de belles conversations n'auront pas beau jeu . Vive le cinquième acte de Rodogune . N'est-il pas vrai que c'est là le comble de l'art ; les quatre premiers actes ont beau être très mauvais, cela n'y fait rien . Le cinquième est la vraie tragédie .

J'ai donc commenté Pierre, non seulement à cause de ce grand homme tout plein de défauts ; non seulement à cause de l'héritière de son nom qui n'a jamais lu les œuvres de Pierre, mais pour avoir le plaisir de faire des notes qui pourront être utiles aux étrangers qui apprennent notre langue par règles, et aux Français qui l'apprennent par routine . Il y aura un petit commentarium perpetuum, tant soit peu pédantesque, qui sera vraiment assez curieux ; le modeste La Motte, pétri d'un sot amour-propre, faisait une poétique à l'occasion de Romulus, des Maccabées, d'Oedipe en prose ; et moi j'en fais à l'occasion du Cid , des Horaces, de Cinna .

En vérité, il est bien honorable pour notre nation, qu'on entre avec tant de zèle dans mon petit projet . Le roi a daigné permettre que son nom fût à la tête des souscripteurs pour deux cents exemplaires . L'exemple est suivi . J'ai engagé nos Cramer à céder tout le profit de cette édition à Mlle Corneille ; ils en feront une petite pour ceux qui ne veulent que s'instruire à peu de frais ; et la grande ne sera que pour les souscripteurs ; le goût est devenu tout à fait anglais : il y a des gens qui en prennent jusqu'à cinquante exemplaires . Si cet enthousiasme continue, ce ne sera pas la peine de faire imprimer un programme . Les Cramer enverront le livre à ceux qui auront donné leurs noms ; pour moi je ne me mêlerai que d'encourager la nation, et de faire mon petit commentaire .

Maître Le Dains, et maître Omer Joly de Fleury auront beau crier ; nous ferons l’apothéose de Pierre qui vaut mieux qu'eux .

J'ai actuellement le plaisir de faire bâtir une belle église et un beau théâtre . Si je me damne à gauche, je me sauve à droite ; mon église est de marbre, afin que vous le sachiez, et mon théâtre n'est que de cailloux . Vous voyez que je ne laisse pas d'avoir des convenances dans l'esprit . Si on me connaissait, on me canoniserait, mais le monde est si injuste !

Si vous êtes encore aux Ormes, monsieur, je vous prie de ne pas m'oublier auprès de M. d'Argenson . J'avais fait ma cour à monsieur son fils en établissant un assez joli haras . Que faut-il faire pour plaire au père ? Pour vous, monsieur, je sais bien ce qu'il faudrait faire pour avoir votre suffrage ; mais permettez-moi de vous dire comme Gille, si vous voulez voir un beau tour, faites-le .

J'ai relu l'Histoire de frère Daniel,3 en vérité, vous avez dit trop de bien de lui ; ce n'est qu'un froid gazetier, un homme très mal instruit, et qui a écrit en jésuite ; cela est à faire vomir . C'était à vous, à nous donner une histoire de France étendue ; mais vous êtes trop sage de votre vivant ; tenons-nous-en longtemps à l'abrégé chronologique : c'est la loi et les prophètes 4.

Mille tendres respects . »

1 V* avait d'abord dicté celui qui monte .

2 Les petits-maîtres .

3 Cette allusion au père Daniel est une nouvelle indication, surtout si on la rapproche de la mention de Gille qui vient juste avant, qui suggère que V* conçoit le Pot-pourri .

 

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27/06/2016 | Lien permanent

Hélas, mon cher monsieur, que puis-je faire pour vous du fond de mes déserts ?

... Je pense bien avoir gagné mon pari d'hier matin: "Mais avec clarté et engagement j’expliquerai notre projet, notre volonté de continuer à faire avancer notre pays avec chacun d’entre vous." Macron -3/03/2022 à 20h.

https://www.bfmtv.com/politique/elections/presidentielle/document-bfmtv-la-lettre-aux-francais-d-emmanuel-macron-dans-lequel-il-annonce-sa-candidature_AN-202203030605.html

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

1er décembre 1766 1

Vous allez être une seconde fois, mon cher Cicéron, le protecteur de l'innocence la plus pure et la plus opprimée ; je pense toujours que vous en aurez beaucoup plus de faveur auprès du Conseil dans l'affaire de Canon, lorsqu’on verra que celui qui plaide pour lui-même a plaidé avec tant d'éloquence, de désintéressement et de noblesse pour les autres .

Hélas, mon cher monsieur, que puis-je faire pour vous du fond de mes déserts ? La mort m'a enlevé presque tous mes amis . M. le maréchal de Richelieu qui aurait pu me donner sa protection est à Bordeaux . Ma faible voix se fera entendre sûrement aux peu de connaissances qui me restent .

Je prend même la liberté d'envoyer par cet ordinaire un mémoire de cinq ou six lignes à M. le duc de Choiseul ; il ne les faut pas plus longs à un ministre chargé de tant d'affaires et de tant de détails .

Vous m’avez fait la grâce de m'envoyer deux mémoires sur l'affaire de Canon . Vous croyez bien que je les ai lus tous deux avec la plus grande attention , et l’intérêt le plus vif .

Vous me demandez le secret sur des choses que vous voulez bien me confier concernant cette affaire ; et moi je vous le demande bien davantage . Il faut vous dire que ce sont précisément MM. Tronchin qu'on a violemment prévenus contre vous , et principalement Tronchin le médecin qui a beaucoup de crédit dans la maison d'Orléans, dans celle de La Rochefoucauld et dans quelques autres . Je pense qu'il est très convenable que Mme de Beaumont aille trouver les deux Tronchins, elle réussira en se montrant et en parlant . Il est nécessaire de les détromper, et de leur faire voir que ce ne sont point des catholiques avides qui veulent dépouiller des protestants à la faveur et à l'appui d'une loi barbare ; que c'est précisément le contraire . Vous pourrez alors avoir dans M. Tronchin le fermier général un solliciteur auprès de M. Bertin, au lieu d'un adversaire . M. d'Argental parlera à M. le duc de Praslin .

Je pense qu’il ne serait pas mal que Mme de Beaumont se fit présenter à Mme la duchesse d'Anville ; qu'elle lui donnât d'abord votre mémoire en faveur des Sirven, qu'ensuite, dans une seconde visite, elle lui confiât le secret de votre affaire, les dispositions de M. de Béranger, etc. Elle se ferait de Mme d'Anville une protectrice très puissante et très vive , qui pourrait déterminer M. de Saint-Florentin en votre faveur . C'est principalement de M. de Saint-Florentin que ces affaires dépendent ; c'est lui qui les rapporte au conseil du roi .

Je voudrais bien savoir quel est l'auteur de l'écrit sur les commissions . Si ce n'est pas vous, il y a donc quelqu'un dans l'ordre des avocats qui a autant d'esprit que vous .

Adieu, mon cher ami, protecteur de l'innocence .

V. »

1 Original ,date et initiale autographes (Mme Jean de Mézerac, château de Canon ) ; édition Lettres inédites, 1897.

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04/03/2022 | Lien permanent

je ne connais point d’assassinat plus horrible et plus punissable que celui qui est commis avec le glaive de la loi

... No comment !

Persiste et signe .

 

« A Bernard-Louis Chauvelin

A Ferney 21 septembre 1762

Dieu m’a rendu une oreille et un œil ; votre excellence m’avouera que je ne peux pas chanter la chanson de l’aveugle :

                             Dieu, qui fait tout pour le mieux,

M’a fait une grande grâce ;

Il m’a crevé les deux yeux,

Et réduit à la besace 1.

J’ai lu très aisément la lettre dont vous m’avez honoré 2 ; mais c’est que le plaisir rend la visière 3 plus nette. Je ne sais, monsieur, si vous en aurez beaucoup en relisant Cassandre : elle est mieux qu’elle n’était ; mais je crois qu’elle a encore grand besoin de vos lumières et de vos bontés. Un moine, très honnête homme, doit vous l’avoir remise : vous le connaissez déjà sans doute ; c’est le bibliothécaire de l’infant, qui accompagne M. le prince Lanti 4. Je l’aurais bien chargé d’un paquet de Calas ; mais j’étais à Ferney ; je n’avais plus d’exemplaires de ces mémoires ; Cramer n’était point à Genève. J’ai manqué l’occasion ; je vous en demande pardon. J’envoie chez M. de Montpéroux un petit ballot de ces écritures ou écrits . Il pourra aisément vous le faire tenir ; il y a toujours quelqu’un qui va à Turin : mais je vous avertis que ces mémoires ne sont que de faibles escarmouches . La vraie bataille se donne actuellement par seize avocats de Paris, qui ont signé une consultation. Cet ouvrage me paraît un chef-d’œuvre de raison, de jurisprudence, et d’éloquence. Cette affaire devient bien importante ; elle intéresse les nations et les religions. Quelle satisfaction le parlement de Toulouse pourra-t-il jamais faire à une veuve dont il a roué le mari, et qu’il a réduite à la mendicité, avec deux filles et trois garçons qui ne peuvent plus avoir d’état ? Pour moi, je ne connais point d’assassinat plus horrible et plus punissable que celui qui est commis avec le glaive de la loi.

Je ne crois pas que Catherine seconde jouisse longtemps de la mort de son mari. Vous savez quel désordre agite à présent la Russie.

Dieu veuille que le duc de Betfort ne vienne pas jouer à Paris le rôle de M. Stanley 5.

Mille profonds respects à Vos Excellences. »

1 Vieille chanson, dite chanson de l'aveugle , que V* arrange ici .

2 Cette lettre n'est pas connue .

3 Sur cet emploi de visière, voir Thomas Corneille cité par Littré : Vous avez les visières mal nettes (Le Geôlier de soi-même, Ac. II, sc. 5 : http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.... ). L'emploi est simplement familier .

4 Sans doute Luigi Lanti della Rovere, prince de Belmonte .

5 Il s'agit de l'envoyé dont l'ambassade en compagnie de Bussy l'année précédente avait échoué ; Bedford vient négocier à Versailles en même temps que Nivernais va à Londres .

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17/08/2017 | Lien permanent

je me fous de Joly de Fleury et de - et de , ainsi que de Chaumeix, et que je leur donnerai sur les oreilles dans l'occ

...

 

 

 

« A Henri Lambert d'Herbigny, marquis de THIBOUVILLE.
A Tournay, par Genève,

20 mai [1760].
Si vous avez eu mal à la jambe, mon cher marquis, votre tête et votre cœur vont très-bien. Votre lettre 1 m'a enchanté ; tout ce que vous dites est vrai, hors les louanges dont vous m'honorez, la fin surtout de cette Chevalerie étant fort languissante. Figurez- vous que cela avait été imaginé, fait, et envoyé en trois semaines.
Les jeunes gens sont toujours un peu trop vifs ; mais on fait ensuite des retours sur soi-même. J'ai l'impudence de penser que Mlle Clairon ne serait pas mécontente de la dernière scène. Oreste a des fureurs tout seul ; mais des fureurs auprès de son amant qui expire, aux yeux d'un père qui est cause en partie de tant de malheurs, aux yeux de ceux qui avaient proscrit l'amant et condamné à mort la maîtresse ; des fureurs mêlées de l'excès de l'amour ; mais embrasser son amant qui meurt 2 pour elle, mais repousser son père et lui demander pardon, et tomber dans les convulsions du désespoir : si cela n'est point fait pour le jeu de Mlle Clairon, j'ai tort.
Je crois qu'en tout le rogaton de la Chevalerie est moins mauvais que le rogaton de Médime; mais c'est à ceux qui me gouvernent à régler les rangs et l'ordre des sifflets. Je n'ai point fait les Quand 3; mais il me prend envie de les avoir faits. Il n'y a qu'à rire de tout ce qui se passe; les philosophes surtout doivent rire, s'ils sont sages. On m'envoie de Paris les pauvretés 4 ci-jointes; on les dit de Robbé ; en ce cas Robbé est un sage, car il rit. La guerre des auteurs est celle des rats et des grenouilles; cela ne fait de mal à personne. Jansénistes, molinistes, convulsionnaires ; Jean- Jacques voulant qu'on mange du gland ; Palissot monté sur Jean-Jacques allant à quatre pattes ; maître Joly de Fleury braillant des absurdités, les chambres assemblées : tout cela empêche qu'on ne soit trop occupé des désastres de nos armées, et de nos flottes, et de nos finances. Il faut vivre en riant 5 et mourir en riant ; voilà mon avis, et la façon dont j'en use. Les Délices rient et vous embrassent.
N. B. On me reproche d'être comte 6 de Tornet; que ces jean- f[outre]-là viennent donc dans la terre de Ferney, je les mettrai au pilori. N'allez pas vous aviser de m'écrire à monsieur le comte, comme fait Luc 7; mais écrivez à Voltaire, gentilhomme ordinaire du roi, titre dont je fais cas, titre que le roi m'a conservé avec les fonctions : car, pardieu ! ce qu'on ne sait pas, c'est que le roi a de la bonté pour moi, c'est que je suis très-bien auprès de Mme de Pompadour et de M. le duc de Choiseul, et que je ne crains rien, et que je me f[ous]. de Joly de Fleury 8 et de - et de , ainsi que de Chaumeix, et que je leur donnerai sur les oreilles dans l'occasion. Pourtant brûlez ma lettre, et gardez le secret à qui vous aime. »

1 Que l'on ne connait pas .

2 V* a d'abord écrit expire .

4 Sans doute quelques-unes des pompignonades en prose qui sont dans les Mélanges, à l'année 1760, ou quelques-unes de celles en vers (les monosyllabes) qui sont dans les Poésies mêlées, à la même année. Robbé, à qui il voulait les attribuer, était un poète connu par ses débauches, par un poème du sujet duquel il était plein, et, plus tard, par sa dévotion. Né à Vendôme en 1714, il est mort en 1792. (Beuchot.)

Pierre-Honoré Robbé de Beauveset, auteur d’œuvres « badines » . V* n'a pas oublié son Épître du sieur Rabot, maître d'école de Fontenoy, sur les victoires du roi, 2è,3è ,4è,5è,6è,7è et dernière édition, augmentée d'une complainte à l'apollon de la France . Georges d'Heylli, dans son édition des Lettres inédites adressées par le poète Robbé de Beauveset au dessinateur Aignan Desfriches (1875) prend au sérieux cette page de titre et avance que l’Épître eut sept rééditions .

5 Ce mot mis en surcharge remplace peut-être mourant .

6 Lire Tournay ; l’Éditeur du Supplément au recueil, suivi des autres éditions donne Ferney, de même que deux lignes plus loin, ce qui est impossible ; voir lettre du 21 mai 1760 à d’Alembert : »Au château de Tournay par Genève, 21 mai » et l'en-tête de la lettre du 26 mai 1760 à Thieriot : « A Tournay et non à Tornet, 26 mai » .

Voir les signatures de la lettre à Collini du 21 janvier 1760  http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/23/vous-me-ferez-un-grand-plaisir-de-m-ecrire-quelquefois-5543020.html ; et à Pierron du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/24/je-ne-puis-m-empecher-de-dicter-ce-petit-billet-de-malade-po-5543049.html .

7 Voir lettre de Frédéric II du 1er mai 1760 : page 374 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f388.image.r=21%20mai

8 Mot soigneusement biffé sur le manuscrit et difficilement interprétable .

 

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19/05/2015 | Lien permanent

Je voudrais que tout homme public, quand il est près de faire une grosse sottise, se dît toujours à lui-même : l'Europe

Et à plus forte raison quand c'est le monde entier qui vous regarde ![1]

Ce qui est clair et évident aux yeux de Volti, homme du XVIIIè, impatient mais réfléchi, vif mais profond, mordant mais magnanime, riche mais généreux ne semble pas du tout préoccuper un président  (qui m'agace au point que je n'aime même pas écrire son nom ), Sarko ( ah ! je me  fais du mal !), impatient et gribouille, vif et superficiel, mordant et revanchard,  riche et profiteur .

Sarko & Co, quand ils sont près de faire de grosses bêtises, la font puis perdent leur temps à faire croire à leur génie, leur force .

Brasseurs de boue ! qu'elle vous retombe sur vos beaux costumes de corbeaux-croque-morts (que ces deux espèces me pardonnent ce triste rapprochement ;-) ) .

Au passage, je trouve ridicule et révélateur l'uniformisation des costumes des hommes politiques, tous en costar de banquiers, uniforme civil . 

[1] NDLR : Volti a encore raison ( d'abord, il a toujours raison !! ).

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Et pour les moins endurcis, ceux qui ne veulent pas toujours péter plus haut que leur cul :  http://www.deezer.com/listen-4245937

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 « A Jean Le Rond d'Alembert

 

28 auguste [1765]

 

Mon très cher et très vrai philosophe, je m'intéresse pour le moins autant à votre bien-être qu'à votre gloire ; car après tout, le vivre dans l'idée d'autrui ne vaut pas le vivre à l'aise. Je me flatte qu'on vous a enfin restitué votre pension qui est de droit.[i] C'était vous voler que ne vous la pas donner. Il y a des injustices dont on rougit bientôt. Celle qu'on faisait à la famille Calas de s'opposer au débit de son estampe était encore un vol manifeste.[ii] Une telle démarche a bien surpris les pays étrangers. Je voudrais que tout homme public, quand il est près de faire une grosse sottise, se dît toujours à lui-même : l'Europe te regarde.

 

Mlle Clairon a été reçue chez nous comme si Rousseau n'avait pas écrit contre les spectacles . Les excommunications de ce Père de l'Église n'ont eu aucune influence à Ferney.[iii] Il eût été à désirer pour l'honneur de ce saint homme si honnête et si conséquent qu'il n'eût pas déclaré, écrit et signé par devant un nommé Montmolin, son curé huguenot, qu'il ne demandait la communion que dans le ferme dessein d'écrire contre le livre abominable d'Helvétius [iv]. Vous voyez que ce n'est pas assez pour Jean-Jacques de se repentir, il pousse la vertu jusqu'à dénoncer ses complices et à poursuivre ses bienfaiteurs, car s'il avait renvoyé quelques louis à M. le duc d'Orléans il en avait reçu plusieurs d'Helvétius. C'est assurément le comble de la vertu chrétienne de se déshonorer, et d'être un coquin pour faire son salut.

 

 

Ce sont de tels philosophes qui ont rendu la philosophie odieuse et méprisable à la cour. C'est parce que Jean-Jacques a encore des partisans que les véritables philosophes ont des ennemis. On est indigné de voir dans le Dictionnaire encyclopédique une apostrophe à ce misérable [v] comme on en ferait une à Marc Antonin.

 

Ce ridicule suffit avec l'article Femme [vi] pour décrier un livre fût-il en vingt volumes in-folio? Comptez que je ne me suis pas trompé en mandant il y a longtemps que Rousseau ferait tort aux gens de bien.

 

Quand on a donné des éloges à ce polisson c'était alors qu'on offrait réellement une chandelle au diable.[vii]

 

Croyez, mon cher philosophe, que je ne donnerai jamais à aucun seigneur les éloges que j'ai prodigués à Mlle Clairon ; le mérite et la persécution sont mes cordons bleus, mais aussi vous êtes trop juste pour exiger que je rompe en visière à des personnes à qui j'ai les plus grandes obligations. Faut-il manquer à un homme qui nous a fait du bien parce qu'il est grand seigneur ?[viii] Je suis bien sûr que vous approuverez qu'on estime et qu'on méprise, qu'on aime ou qu'on haïsse très indépendamment des titres . Je vous aimerais, je vous louerais fussiez-vous pape, et tel que vous êtes je vous préfère à tous les papes, ce qui n'est pas coucher gros,[ix] mais je vous aime et vous révère plus que personne au monde. »

 

i Après la mort de Clairault le 17 mai, « l'Académie des sciences en corps » avait « demandé pension pour » d'Alembert ; mais on faisait des difficultés pour la lui verser ; V* soupçonnait Choiseul, et d'Alembert Saint-Florentin.

ii Il s'agit de l'estampe vendue par souscription au profit des Calas ; cf. lettre du 14 août à Grimm ; aux d'Argental, le 23 août : « vous craignez que cela ne déplaise à M. David et à huit conseillers de Toulouse » qui ont condamné Jean Calas. Mais dans sa lettre du 3 septembre à Végobre, il « espère que la démarche inattendue du parlement ne servira qu'à augmenter l'empressement du public. »

iii Cf. lettre à Grimm du 14 août.

iv Pas exactement ; Montmolin venait de publier dans sa Réfutation de la lettre à m*** relative à m. Rousseau, 1765, une lettre du 25 septembre 1762 ; il y disait que Rousseau lui avait dit qu'un des objets qu'il avait eus dans Émile était de « s'élever non pas précisément directement, mais pourtant assez clairement contre l'ouvrage infernal De l'esprit qui ... prétend que sentir et juger sont une seule et même chose, ce qui est évidemment établir le matérialisme », et de « foudroyer plusieurs de nos nouveaux philosophes qui ... sapent par les fondements et la religion naturelle et la religion révélée. »

v Dans l'article de l'Encyclopédie ; cf. lettres du 31 décembre et du 25 mars à Damilaville.

vi Cf. lettre du 13 novembre 1756 à d'Alembert sur cet article de Desmahis.

vii Allusion à un reproche de d'Alembert ; cf. lettre du 7 mars 1764 à Mme du Deffand.

viii V* veut parler de Choiseul que d'Alembert lui a déclaré ne pouvoir « ni aimer ni estimer » dans une lettre du 13 août.

ix = Miser gros.

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28/08/2010 | Lien permanent

Pour moi, qui ne suis ni papiste ni huguenot, et qui depuis un mois ne me mets point à table, j’avoue ingénument que je

... A la vérité, la période festive passée n'a pas été sous le signe du jeûne, et le gras et le maigre ont connu une consommation qui a fait l'affaire du monde agricole et piscicole .

NDLR -- James a d'abord écrit "jeune", et si quelque lecteur préfère cette première version , libre à lui, les réveillons ne sont que deux par an .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

6 février 1763 à Ferney 1

En réponse à la lettre du 29 janvier, reçue le 5 février, nous répondrons le 6è et notre lettre partira le 7 .

Nous commençons par dire que nos anges sont toujours aussi injustes qu’adorables. Ils ont condamné Marie Corneille pour n’avoir point écrit depuis longtemps à père et mère, à mesdemoiselles de Vilgenou et de Félix, et même à l’étonnant Le Brun ; et cependant Marie avait rempli tous ses devoirs, sans oublier même ce Le Brun.

Nos anges gardiens condamnent ladite Marie pour n’avoir point demandé le consentement de père et mère à son mariage ; et nos anges doivent avoir entre leurs mains la lettre de Marie à père et mère, accompagnée de la mienne 2.

Nos anges ont condamné M. Dupuits pour n’avoir point écrit au beau-père et à la belle-mère futurs ; et la lettre de M. Dupuits doit avoir été adressée à nos anges mêmes : M. Dupuits m’assure qu’il a pris cette liberté.

Il ne nous manque que de savoir la demeure du père Corneille ; car, jusqu’à ce que nous soyons instruits, nous ne pouvons mettre qu’à monsieur, M. Corneille, dans les rues.

Vous demandez les noms et qualités du gendre et de ses père et mère, et vous devez les avoir reçus avec une lettre de madame Denis et une de M. Dupuits. Il ne me reste qu’à vous demander pardon pour madame Denis, qui oublia d’envoyer le paquet à l’adresse de M. de Courteilles.

Vous voyez donc, mes chers anges, que nous avons rempli tous nos devoirs dans la plus grande exactitude. Je vous confie que madame Denis craint beaucoup que la tête de François Corneille ne ressemble à Pertharite, Agésilas, Surenna, et ne soit fort mal timbrée. Je n’ai su que depuis quelques jours que, dans le voyage que fit chez moi François Corneille lorsque j’étais très malade, François dit à Marie , gardez-vous surtout de vous marier jamais ; je n’y consentirai point . Fuyez le mariage comme la peste ; ma fille, point de mariage, je vous en prie.

Je vous confie encore une autre douleur de madame Denis : elle tremble que les réponses ne viennent pas assez tôt, qu’elle ne soit obligée de marier Marie en carême, qu’il ne faille demander une permission à l’évêque d’Annecy, difficile à obtenir ; que ses perdrix de Valais, ses coqs de bruyère, ne soient inutiles, et qu’on ne soit réduit à manger des carpes et des truites un jour de noce, attendu que M. le comte d’Harcourt et compagnie, qui seront de la noce, sont d’excellents catholiques. Pour moi, qui ne suis ni papiste ni huguenot, et qui depuis un mois ne me mets point à table, j’avoue ingénument que je suis de la plus grande indifférence sur le gras et sur le maigre . Je ne sers ni Baal ni le Dieu d’Israël 3, et je ne mange ni coq de bruyère ni truite.

Je suis profondément affligé que Son altesse Philibert Cramer se soit mêlée de la négociation entre M. le contrôleur-général et M. Tronchin, pour la souscription du roi . Je l’avais prié, par son frère le libraire, de n’en rien faire, parce qu’il ne tenait qu’à moi de toucher huit mille livres du roi pour mademoiselle Corneille par les mains de M. de Laborde, et qui s’en serait bien fait rembourser ; il aurait donné même dix mille livres.

Vous avez très grande raison, mes divins anges, de dire que les rentes viagères ne conviennent point ; je vois que Philibert veut avoir pour lui les rentes viagères, et payer les dix mille livres . Je suis bien aise qu’il soit en état de faire ces virements de parties, et qu’il ait fait avec moi cette petite fortune.

A l’égard de Sa Majesté, si nous pouvions obtenir qu’il fût permis de mettre dans le contrat qu’elle daigne donner huit ou dix mille livres, cela n’empêcherait pas de lui envoyer tant d’exemplaires de Corneille qu’elle en voudrait ; ce serait seulement une chose très honorable pour mademoiselle Corneille, pour les lettres, et pour nous ; j’en ai écrit à M. le duc de Choiseul 4. Si la chose se fait, tant mieux ; sinon il faudra se consoler comme de toutes les choses de ce monde, et assurément le malheur est léger.

Toutes ces terribles affaires, mes divins anges, n’empêcheront point que vous n’ayez l’amoureuse Zulime, le bon Bénassar, et le froid Ramire, avec la manière absolument nécessaire dont il faut jouer la dernière scène ; cela sera joint à une petite préface, en forme de lettre, à la demoiselle Clairon 5, attendu que la pièce est tout amour, et que nous disserterons beaucoup sur cette passion agréable et honnête. Daignez donc me mander quand vous voudrez jouer Zulime, et alors tous vos ordres seront exécutés.

Je reviens, avec votre permission, mes anges, à notre mariage, qui m’intéresse plus que celui d’Atide et de Ramire. En voilà déjà un de rompu 6 ; il ne faut pas qu’il arrive la même chose à l’autre. Est-il vrai que François Corneille soit aussi têtu qu’imbécile, et diamétralement opposé à l’hymen de Marie ? En ce cas, il faudrait lui détacher mademoiselle Félix, qui sait comme il faut le conduire, et le mettre à la charrue sans qu’il regimbe . Mais je ne sais point la demeure de mademoiselle Félix. Quand nous lui avons écrit 7, c’était par le canal du pindarique Le Brun. Nous ne savons encore si nos lettres ont été reçues, et il me paraît difficile que j’aie un commerce bien régulier avec cet élève de Pindare. Le mieux serait de ne point lâcher les vingt-cinq louis à François qu’il n’eût signé ; et si, par une impertinence imprévue, François refusait d’écrire tout ce qu’il sait, c’est-à-dire d’écrire son nom, alors François de Voltaire, qui est la justice même, le laisserait mourir de faim, et il ne tâterait jamais des souscriptions. Marie Corneille est majeure dans deux mois, nous la marierions malgré François, et nous abandonnerions le père à son sens réprouvé.

Calmez-vous, mes chers anges, sur la fatale feuille qui déplairait tant à messieurs 8. Cette feuille n’a point été tirée, je l’ai bien empêché. Philibert Cramer a très mal fait de la coudre à son exemplaire. Je sentis bien que ces mots  cent quatre-vingt membres se démirent de leurs charges ; les murmures furent grands dans la ville, et le roi fut assassiné 9, etc. , que ces mots, dis-je, pourraient faire soupçonner à des grammairiens que cet assassinat fut le fruit immédiat du lit de justice, comme en effet Damiens l’avoua dans ses interrogatoires à Versailles et à Paris. Je sais bien qu’il est permis de dire une vérité que le parlement a fait imprimer lui-même ; mais j’ai bien senti aussi que le parlement serait fâché qu’on vît dans l’histoire ce qu’on voit dans le procès-verbal. Cette seule particule et est un coup mortel. Un seul mot peut quelquefois causer un grand mal. Cette même particule, très mal expliquée par M. de Silhouette dans le traité d’Utrecht, a causé la dernière guerre, dans laquelle nous avons perdu le Canada ; je ne perdrais pas même Ferney, car je l’ai donné à ma nièce ; mais malgré mon juste ressentiment contre l’infâme condamnation de la Loi naturelle 10, je fis jeter au feu cette feuille ; je mis à la place  ces émotions furent bientôt ensevelies dans une consternation générale, par l’accident le plus imprévu et le plus effroyable . Le roi fut assassiné, le 5 de janvier, dans la cour de Versailles, etc. »

J’ai inséré même des choses trop flatteuses pour le parlement dans la même feuille ; et je dis expressément   Le parlement faisait voir qu’il n’avait en vue que le bien de l’État, et qu’il croyait que son devoir n’était pas de plaire, mais de servir 11En un mot, j’ai tourné les choses de manière que, sans blesser la vérité, j’ai tâché de ne déplaire à personne. D’ailleurs dans toute l’histoire de Damiens, je me borne uniquement à citer les interrogatoires. Au reste, l’ouvrage n’est pas encore achevé d’imprimer.

Ce dimanche 6, sexagésime . Nous venons de fiancer nos futurs ; de là je conclus qu’il faut que François se presse.

Voici, mes anges, une lettre de M. Dupuits, par laquelle il vous remercie de toutes vos bontés.

Je me prosterne devant mes deux anges gardiens. 

V.»

 

1 La copie Beaumarchais omet le premier paragraphe, suivie par les autres éditions .

2Ces lettres ne sont pas connues .

3 Athalie, III, 3 de Racine . La formule était passée en proverbe .

4 On ne connait pas cette lettre .

5 Cette préface parut effectivement à la tête de Zulime .

6 Celui de Vaugrenant .

8 Les parlementaires .

9 Ce passage figurait originellement au chapitre LIX du Siècle de Louis XIV ; V* le rejeta finalement dans le Précis du siècle de Louis XV, où il plaça la référence au parlement à la fin du chapitre XXXVI, tandis que le récit de l'attentat contre le roi ouvrait le chapitre suivant .

11 Ce passage fut supprimé , à juste titre : les intentions du parlement étaient loin d'être aussi pures que le disait cette phrase .

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06/01/2018 | Lien permanent

Je vais dans ma besogne aussi franchement que Montaigne va dans la sienne ; et, si je m'égare, c'est en marchant d'un pa

... Voilà qui résume assez exactement ce que je vis avec Voltaire et la mise en ligne de ses lettres , - et de mes commentaires et réflexions plus ou moins adaptés, je l'avoue .

 

DSCF3076 un pas plus ferme.png

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du DEFFAND.
18 février [1760].
L'éloquent Cicéron, madame, sans lequel aucun Français ne peut penser, commençait toujours ses lettres par ces mots : Si vous vous portez bien, j'en suis bien aise; pour moi, je me porte bien.
J'ai le malheur d'être tout le contraire de Cicéron ; si vous vous portez mal, j'en suis fâché ; pour moi, je me porte mal 1. Heureusement je me suis fait une niche dans laquelle on peut vivre et mourir à sa fantaisie. C'est une consolation que je n'aurais pas eue à Craon 2, auprès du révérend père Stanislas et de frère Jean des Entommeures de Menoux 3. C'est encore une grande consolation
de s'être formé une société de gens qui ont une âme ferme et un bon cœur; la chose est rare, même dans Paris
. Cependant j'imagine que c'est à peu près ce que vous avez trouvé.4

 

J'ai l'honneur de vous envoyer quelques rogatons assez plats [par M. Bouret] 5. Votre imagination les embellira. Un ouvrage, quel qu'il soit, est toujours assez passable quand il donne occasion de penser.
Puisque vous avez, madame, les poésies de ce roi 6 qui a pillé tant de vers et tant de villes, lisez donc son Épître au maréchal Keith, sur la mortalité de l'âme ; il n'y a qu'un roi, chez nous autres chrétiens, qui puisse faire une telle épître. Maître Joly de Fleury assemblerait les chambres contre tout autre, et on lacérerait l'écrit scandaleux ; mais apparemment qu'on craint encore des aventures de Rosbach, et qu'on ne veut pas fâcher un homme qui a fait tant de peur à nos âmes immortelles.
Le singulier de tout ceci est que cet homme, qui a perdu la moitié de ses États, et qui défend l'autre par les manœuvres du plus habile général, fait tous les jours encore plus de vers que l'abbé Pellegrin. Il ferait bien mieux de faire la paix, dont il a, je crois, tout autant de besoin que nous.
J'aime encore mieux avoir des rentes sur la France que sur la Prusse. Notre destinée est de faire toujours des sottises, et de nous relever. Nous ne manquons presque jamais une occasion de nous
ruiner et de nous faire battre; mais, au bout de quelques années, il n'y paraît pas. L'industrie de la nation répare les balourdises du ministère. Nous n'avons pas aujourd'hui de grands génies dans
les beaux-arts, à moins que ce ne soit M. Lefranc de Pompignan 7, et monsieur l'évêque son frère ; mais nous aurons toujours des commerçants et des agriculteurs. Il n'y a qu'à vivre, et tout ira bien.
Je conçois que la vie est prodigieusement ennuyeuse quand elle est uniforme ; vous avez à Paris la consolation de l'histoire du jour, et surtout la société de vos amis ; moi, j'ai ma charrue et des livres anglais, car j'aime autant les livres de cette nation que j'aime peu leurs personnes. Ces gens-là n'ont, pour la plupart, du mérite que pour eux-mêmes. Il y en a bien peu qui ressemblent à Bolingbroke : celui-là valait mieux que ses livres: mais, pour les autres Anglais, leurs livres valent mieux qu'eux.
J'ai l'honneur de vous écrire rarement, madame ; ce n'est pas seulement ma mauvaise santé et ma charrue qui en sont cause; je suis absorbé dans un compte que je me rends à moi- même, par ordre alphabétique 8, de tout ce que je dois penser sur ce monde-ci et sur l'autre, le tout pour mon usage, et peut- être, après ma mort, pour celui des honnêtes gens. Je vais dans ma besogne aussi franchement que Montaigne va dans la sienne ; et, si je m'égare, c'est en marchant d'un pas un peu plus ferme.
Si nous étions à Craon, je me flatte que quelques-uns des articles de ce dictionnaire d'idées ne vous déplairaient pas : car je m'imagine que je pense comme vous sur tous les points que j'examine. Si j'étais homme à venir faire un tour à Paris, ce serait pour vous y faire ma cour ; mais je déteste Paris sincèrement, et autant que je vous suis attaché.
Songez à votre santé, madame ; elle sera toujours précieuse à ceux qui ont le bonheur de vous voir, et à ceux qui s'en souviennent avec le plus grand respect. 

 

V.»

 

 

 

1 Mme du Deffand commençait sa lettre du 8 février 1760 ainsi : « Vous comptez avec moi bien ric à ric monsieur, et vous ne m'écrivez jamais si ce n'était en réponse . Depuis votre dernière lettre j'ai presque toujours été malade ; j'aurais eu grand besoin que vous eussiez pris soin de moi . »

 

2 Mme du Deffand : « Je suis réellement fâchée que vous n'ayez point acheté Craon ; le projet de vous y voir n'aurait point été une chimère . Mme de Mirepoix aurait été ravie de faire ce marché avec vous, ce n'est point sa faute s'il n'a pas réussi . Elle trouve le portrait que vous m'avez fait du père Menoux très exact et très fidèle . »

 

3 Jésuite, confesseur de Stanislas. — Frère Jean des Entommeures, dont Voltaire lui donne le nom, est le principal acteur dans le chapitre XXVII du livre 1er de Gargantua.

 

4 Mme du Deffand : « Au nom de Dieu, envoyez-moi tout ce que vous faites, tout ce que vous avez fait que je ne connais pas , et tout ce que vous ferez, soyez sûr que je n'en mésuserai pas ; ma société est fort circonscrite, et ce n'est qu'à elle que je fais part de vos lettres et de ce qui me vient de vous . […] j'éprouve tous les jours que quoique fort inférieure en lumière à ceux avec qui je raisonne, j'ai le goût plus sûr qu'eux . »

 

5V* a porté en marge par M. Bouret .

 

6Mme du Deffand « Nous avons les poésies du roi de Prusse, j'en ai lu très peu de choses, et je vous prie de ne me point condamner à en lire davantage . »

 

7 Élu en septembre 1759 par les membres de l'Académie française, ce fut le 10 mars 1760 qu'il prononça son Discours de réception.

 

8 Première allusion au Dictionnaire philosophique depuis la fin de 1752 où V* écrivait à Mme Denis : « Je vais me faire pour mon instruction un petit dictionnaire à l'usage des rois ... » ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...

Frédéric II « a pressé l'orange » et V* songe à « sauver l'écorce ».

 

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19/02/2015 | Lien permanent

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