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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

il en est encore temps, on va consulter les anciens

... La visite de nos monuments historiques  pourrait bien nous inspirer, qui sait ?

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Mme Hidalgo consultant un projet d'alternative à la voiture et à la trottinette à Paris

 

« A Joseph-Marie Balleidier 1

M. de Voltaire ne reçut qu'hier la réponse de monsieur Balleidier concernant le chemin usurpé vers la Tuilerie . Ce chemin existe encore en partie, et fait foi de l'usurpation . Non seulement monsieur Balleidier a un acte où ce chemin est reconnu, mais le sieur Fatio possède un ancien terrier où ce chemin est spécifié .

Lorsque M. de Voltaire eut acheté l'ermitage, les voisins lui représentèrent son droit ; ils avaient tous vu feu M. Pélissari enclaver ce chemin dans son bois, et faire un fossé pour assurer son usurpation .

M. de Voltaire chargea le sieur Vuaillet de poursuivre cette affaire . Feu M. Pélissari engagea le sieur Vuaillet à ne point poursuivre ; il en est encore temps, on va consulter les anciens, et demander le terrier au sieur Fatio .

Mme Denis n'a communiqué qu'aujourd'hui dimanche à dix heures du matin, la lettre de monsieur Balleidier du 22 . M. de Voltaire veut bien avoir la bonté 2 les 655 livres à Durand et on enverra incessamment une procuration à monsieur Balleidier pour cet effet . Mais il faut au préalable que M. de Voltaire s'abouche avec ledit Durand .

Quant aux 3 livres 13 sols qu'on demande pour la cure de Colex à cause d'un bois situé dans le territoire de Colex, il faut spécifier quel est ce bois . Nous avons déjà payé pour des petites broussailles appelées le Cul-du-Chien . Il y en a un autre appelé Bois-sur-Grosse, il est près de Colovrex, mais il est sur la terre de Ferney .

À l'égard de la place de garde-marteau, Mme Denis ne connait point M. de Courteilles , M. de Voltaire le connait beaucoup, et il écrira aujourd’hui à M. de Courteilles, pour faire avoir à monsieur Balleidier la place de garde-marteau ou de greffier, en cas qu’elle ne soit pas déjà promise .

Mme Denis s’arrangera avec monsieur Balleidier lorsqu’il viendra pour la capitation .

Mlle Mathon vous prie de retirer l'argent des 570 3 fascines d'écorce, puisqu'on n'en veut pas payer davantage .

29è juillet 1764 à Ferney. »

1 Edition F. Vézinet « Quelques lignes inédites de Voltaire », Mélanges offerts par ses amis et ses élèves à M. Gustave Lanson, 1922 .

2 Il manque ici quelque chose comme de prêter ou d'avancer .

3 V* a d'abord dicté 550 .

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22/09/2019 | Lien permanent

Un fripon armé des armes de la calomnie et de la vraisemblance peut faire beaucoup de mal

http://www.deezer.com/listen-299883

Note rédigée le 20 août 2011 pour parution le 20 octobre 2010

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

Aux Délices 20è octobre 1764

 

Mon divin ange, je vous ai écrit un petit mot par M. le duc de Praslin ; j'ai écrit à Mme d'Argental, qui vous communiquera ma lettre 1. Le petit ex-jésuite 2 est toujours plein de zèle et d'ardeur, et quand il reverra ses Roués, il attendra quelque moment d'enthousiasme pour faire réussir votre conspiration ; vous connaissez l'opiniâtreté de sa docilité .

 

Pour moi, vieux ex-parisien, et vieux excommunié, je suis toujours occupé de ce malheureux Portatif qu'on s'obstine à m'imputer . Un petit abbé d'Estrées, dont je vous ai, je crois, parlé dans mon billet, qui a travaillé autrefois avec Fréron, qui s'est fait généalogiste 3 et faussaire, à qui ce dernier métier a obtenu un petit prieuré dans le voisinage de Ferney, et qui a tous les vices d'un fréronien et d'un prieur, ce petit monstre, dis-je , est celui qui a eu la charité de se rendre mon dénonciateur .

 

Il faut que vous sachiez que ce polisson vint l'année passée prendre possession de son prieuré dans une grange, en se disant de la maison d'Estrées, promettant sa protection à tout le monde, et se faisant donner des fêtes par tous les gentilshommes du pays . Je n'eus pas l'honneur de lui aller faire ma cour, il m'écrivit que j'étais son vassal pour un pré qui relevait de lui, que mes gens étaient allés chasser une fouine auprès de sa grange épiscopale, qu'il voulait bien me donner à moi personnellement permission de chasser sur ses terres, mais qu'il procéderait par voie d'excommunication contre mes gens qui tueraient des fouines sur les siennes .

 

Comme je suis fort négligent, je ne lui fis point de réponse ; il jura qu'il s'en vengerait devant Dieu, et devant les hommes, et il clabaude aujourd'hui contre moi chez M. l'évêque d'Orléans 4, et chez monsieur le procureur général 5. Un fripon armé des armes de la calomnie et de la vraisemblance peut faire beaucoup de mal .

 

On m'impute le Portatif, parce qu'en effet il y a quelques articles que j’ai destinés autrefois à l'Encyclopédie, comme Amour, Amour-Propre, Amour socratique, Amitié etc . Mais il est démontré que le reste n'en est pas . J'ai heureusement obtenu qu'on remît entre mes mains l'article Messie, écrit tout entier de la main de l'auteur 6. Je ne vois pas ce qu'on peut répondre à une preuve aussi évidente . Tout le reste est pris de plusieurs auteurs connus de tous les savants .

 

En un mot, je n'ai nulle part à cette édition, je n'ai envoyé le livre à personne, je n'ai d'autres imprimeurs que les Cramer, qui certainement n'ont point imprimé cet ouvrage . Le roi est trop juste et trop bon pour me condamner sur des calomnies aussi frivoles qui renaissent tous les jours , et pour vouloir accabler sur une accusation aussi vague et aussi fausse un vieillard chargé d'infirmités .

 

Je finis, mon cher ange, parce que cette idée m'attriste ; et je ne veux songer qu'à vos bontés qui me rendent ma gaieté .

 

N.B.- Non, je ne finis pas . Le roi a chargé quelqu'un d'examiner le livre, et de lui en rendre compte, c'est ou le président Hénault ou M. d'Aguessau : je soupçonne que l'illustre abbé d'Estrées a diné avec le président chez le procureur général , dont il fait sans doute la généalogie . Cet abbé d'Estrées a mandé à son fermier qu'il me perdrait, il toujours sa fouine sur le cœur . Dieu le bénisse !

 

J'ai actuellement les yeux dans un pitoyable état, cela peut passer, mais les méchants ne passeront point .

 

Malgré mes yeux j'ajoute que Montpéroux, résident à Genève, aurait mieux fait de me payer l'argent que je lui ai prêté que d'écrire ce qu'il a écrit à M. le duc de Praslin 7.

 

Sub umbra alarum tuarum . »


1 Le comte étant à Fontainebleau, à la cour, V* écrivit à la comtesse une lettre de reniement du Dictionnaire philosophique qu'elle doit communiquer à son mari pour que, profitant de l'occasion, celui-ci obtienne des protections en haut-lieu : « M. d'Argental est à Fontainebleau , la vérité a là un bon appui . Je compte sur les bontés de M. le duc de Praslin ... »

2 Le toujours prétendu auteur d'Octave ou Le Triumvirat .

3 D'où ce passage dans la lettre du 22 :

page 92 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f97.image.r=...

« Le petit abbé d'Estrées … emploie toutes les ressources de son métier de généalogiste pour prouver que le diable engendra Voltaire et que Voltaire a engendré le Dictionnaire philosophique . »

4 Louis Sextius de Jarente de La Bruyère .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Sextius_Jarente_de_La_...

5 Le 19 décembre à d'Alembert : page 121 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f126.image.r...

« (l'abbé) était à la campagne, en qualité de généalogiste et de polisson, chez M. de La Roche-Aymon, dont la terre touche à celle du procureur général »

6 Polier de Bottens, voir lettres du 19 octobre à d'Alembert et à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/16/a...

et : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/18/j...

7 Voir le texte cité dans une note de la lettre du 24 septembre à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/09/24/c...

A cette lettre du résident qui lui signalait l'indignation soulevée par le Dictionnaire, et sa condamnation à Genève;le duc répondait : « Il serait à désirer que le Conseil de Genève usât plus souvent de la sévérité avec laquelle il a traité le Dictionnaire philosophique . »

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20/10/2010 | Lien permanent

vous songez à ce paillard de Samson, et à cette putain de Dalila, et de plus, vous nous envoyez du beurre de Bretagne. I

 

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

 

18è janvier 1768

 

La grippe, en faisant le tour du monde, a passé par notre Sibérie, et s'est emparée un peu de ma vielle et chétive figure . Ce qui m'a empêché , mon cher confrère, de répondre sur le champ à votre très bénigne lettre du 4 janvier. Quoi ! lorsque vous travaillez à Eudoxie vous songez à ce paillard de Samson, et à cette putain de Dalila, et de plus, vous nous envoyez du beurre de Bretagne. Il faut que vous ayez une belle âme.

 

Savez-vous bien que Rousseau avait fait une musique délicieuse sur ce Samson i? Il y avait du terrible et du gracieux. Il en a mis une partie dans Castor et Pollux ii. Je doute que l'homme à qui vous vous êtes adressé iii ait autant de bonne volonté que vous ; et je serai bien étonné s'il ne fait pas tout le contraire de ce que vous l'avez prié de faire, le tout en douceur et en cherchant les moyens de plaire. Je pense, ma foi, que vous vous êtes confessé au renard. Je ne sais pourquoi M. de La Borde m'abandonne obstinément . Il aurait bien dû m'accuser la réception de sa Pandore iv, et répondre au moins en deux lignes à deux de mes lettres . Sert-il à présent son quartier ? couche-t-il dans la chambre du roi ? est-ce par cette raison qu'il ne m'écrit point ? est-ce parce que Amphion n'a pas été bien reçu des Amphions modernes v? est-ce parce qu'il ne se soucie plus de Pandore ? est-ce caprice de grand musicien ou négligence de premier valet de chambre ?

 

On dit que les acteurs et les pièces qui se présentent au tripot tombent également sur le nez . Jamais la nation n'a eu plus d'esprit, et jamais il n'y eut moins de grands talents.

 

Je crois que les beaux-arts vont se réfugier à Moscou. Ils y sont appelés du moins par la tolérance singulière que ma Catherine a mise avec elle sur le trône de Thomiris vi. Elle me fait l'honneur de me mander qu'elle avait assemblé dans la grande salle de son Kremlin de fort honnêtes païens, des grecs instruits, des latins nés ennemis des grecs, des luthériens, des calvinistes ennemis des latins, de bons musulmans, les uns tenant pour Ali, les autres pour Omar, qu'ils avaient tous soupé ensemble, ce qui est le seul moyen de s'entendre, et qu'elle les avait fait consentir à recevoir des lois moyennant les quelles ils vivraient tous de bonne amitié vii. Avant ce temps-là un grec jetait par la fenêtre un plat dans lequel un latin avait mangé quand il ne pouvait pas jeter le latin lui-même. Notre Sorbonne ferait bien d'aller faire un tour à Moscou, et d'y rester.

 

Bonsoir, mon très cher confrère. Je suis à vous bien tendrement pour le reste de ma vie.

 

V. »

 

i V* ,librettiste, et Rameau, musicien, avaient composé cet opéra fin 1733,inachevé, suspendu par l'exil de V* en 1734, et censuré en 1736, il ne fut jamais représenté,

 

ii Musique de Rameau, livret de Pierre-Joseph Bernard (dit Gentil Bernard) ; cf. lettre du 19 janvier 1764

 

iii Sans doute Moncrif , auquel il sera fait allusion plus nettement le 29 janvier et qui avait écrit les Essais sur la nécessité et sur les moyens de plaire, 1738. http://books.google.fr/books?id=ZLmz3XtsqbwC&printsec...

 

iv Le 21 décembre, à Chabanon, V* dit avoir « passé une journée entière à rapetasser » cet opéra et envoyé son manuscrit à La Borde qui avait commencé à composer la musique lors de son séjour à Ferney, ce dont Mme Denis était enchantée.

Lettre MMMMMCCXLVII page 18 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80039n/f23.image.pa...

 

v Opéra d'Antoine-Léonard Thomas, musique de La Borde, représenté le 13 octobre 1767.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_L%C3%A9onard_Thomas

Selon la légende, Amphion, poète et musicien a bâti les murs de Thèbes , les pierres venant se placer seules au son de sa lyre.

 

vi Reine des Amazones.

 

vii Dans une lettre écrite vers le 20 décembre 1767, Catherine parla de cette assemblée. En décembre 1768, elle lui envoie « une traduction française de l'Introduction russe donnée aux députés qui doivent composer le projet de Code » , lettre 16 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-35511192.html

et cf. lettre à d'Alembert du 19 juin 1767.Lettre MMMMXCVI page 343 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800389/f348.image.p...

Ensuite, elle sera moins optimiste quant à la rapidité et à la facilité de la réalisation.

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18/01/2011 | Lien permanent

Il y a longtemps que je n'ai eu de nouvelles de mon frère

... et encore davantage des nouvelles de Mam'zelle Wagnière . Où êtes-vous, que faites-vous fidèle amie de Voltaire ? Je suis triste et MonsieurdeVoltaire ne peut finir ainsi .

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« A Etienne-Noël Damilaville

26è juillet 1763

Il y a longtemps que je n'ai eu de nouvelles de mon frère . Pour Thieriot, je ne sais ce qu'il est devenu . Tâchez mon cher frère, de faire parvenir ce paquet au fidèle Helvétius 1. Ne pourrait-on pas trouver quelque Merlin, ou quelque bon diable dans ce goût, qui gagnerait quelque argent à distribuer le pain aux fidèles ? Et comme il faut que les bonnes œuvres soient ignorées, on pourrait lui envoyer les paquets, sans qu'il sût quelle main charitable les lui donne . J'avais fait prier Merlin de m'envoyer des livres dont j'avais besoin, et il m'en a tenu compte .

Comment se porte mon frère ? »

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08/07/2018 | Lien permanent

utile à la société en augmentant l’horreur du fanatisme, qui a fait tant de mal aux hommes, et qui leur en fait encore

... Qui sera le Voltaire du XXIè siècle contre les talibans et tous les fanatiques religieux ou se prétendant tels ? Et comme si ces horreurs n'étaient pas suffisantes, il faut ajouter le terrorisme institutionnel dans des Etats aux dirigeants despotiques .

Et pendant ce temps, des gugusses Anti-Pass se permettent de jouer aux martyrs dans les rues avant de se poser , bien nourris, devant leurs petits écrans, râleurs nombrilistes et menteurs .

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

30 mai 1766 1

Je me console, vendredi au soir, d’un très-vilain temps et des maux que je souffre par l’espérance de recevoir demain samedi, 31 du mois, des nouvelles de mon cher frère.

Il faut que je lui fasse une petite récapitulation de tous les objets de mes lettres précédentes :

1° Le buste d’ivoire de son frère, parti de Genève probablement le 14 mai, adressé, par la diligence de Lyon, au quai Saint-Bernard. à Paris ;

2° La Défense du président de Thou, dont il est bon de faire retentir tous les journaux, et dont il convient surtout d’envoyer copie au journal de Bouillon ;

3° Le recueil complet, que je suppose envoyé chez M. Chabanon ;

4° Un autre recueil complet, en feuilles, dont je vous supplie instamment de gratifier l’avocat-libraire Lacombe, quai de Conti ;

5° Un autre, relié, pour M. Thomas ;

6° J’accuse enfin la réception du mémoire d’Élie pour M. de La Luzerne, et des mémoires pour et contre ce malheureux Lally. Le factum d’Élie me paraît victorieux ; mais je ne sais pas quel est le jugement. Pour le mémoire de Lally, je n’y ai vu que des injures vagues ; le corps du délit est apparemment dans les interrogatoires, qui restent toujours secrets. Les arrêts ne sont jamais motivés en France, ainsi le public n’est jamais instruit.

Je suis bien plus en peine du factum en faveur des Sirven ; mais je ne prétends pas que M. de Beaumont se presse trop. Je fais céder mon impatience à l’intérêt que je prends à sa santé, et à mon désir extrême de voir dans ce mémoire un ouvrage parfait qui n’ait ni la pesante sécheresse du barreau, ni la fausse éloquence de la plupart de nos orateurs. Quelle que soit l’issue de cette entreprise, elle fera toujours beaucoup d’honneur à M. de Beaumont, et sera utile à la société en augmentant l’horreur du fanatisme, qui a fait tant de mal aux hommes, et qui leur en fait encore.

Je ne sais plus que penser de l’ouvrage de Fréret 2, je n’en entends plus parler. Vous savez, mon cher ami, combien il excitait ma curiosité. Il ne paraît rien actuellement qui soit marqué au bon coin. J’ai acquis depuis peu des livres très rares ; mais ils ne sont que rares. Je tâcherai de me procurer incessamment le recueil des vingt Lettres 3 de MM. Covelle, Beaudinet, et compagnie ; on ne les trouve point à Genève, où il n’est question que du procès des citoyens contre les citoyens. Je crois que, par ma dernière lettre, je vous ai prié d’envoyer à Lacombe deux petits volumes 4. Je vous recommande fortement cette bonne œuvre ; l’exemplaire vous sera très-exactement rendu avant qu’il soit peu. Si vous avez quelque nouvelle des capucins, ne m’oubliez pas ; vous savez combien je m’intéresse à l’ordre séraphique. Mes compliments à vos amis. Voici un petit mot pour Thieriot. Aimez-moi. »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. où manquent les passages, au début : Il faut que je lui fasse […] 6° , et à la fin : Je crois que […] avant qu'il soit peu et Voici […] Aimez-moi . La copie Beaumarchais-Kehl n'identifie pas le destinataire .

2 Voir note sur la lettre du 1er avril 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/06/m-6325583.html

3 La collection des Lettres sur les miracles

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22/08/2021 | Lien permanent

On sera difficilement de l'avis d'un homme accusé d'avoir sacrifié la justice à la faveur

... D'où les critiques qu'on peut faire à moult élus.e.s en perte de fiabilité pour conflits d'intérêts . Médiapart est très doué pour ce genre de dénonciation .

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy

2è janvier 1768

Mon cher conseiller, je vous souhaite pour l'année 1748 ou 49 1 beaucoup de plaisir, des affaires aisées, une femme qui ait de la beauté, de l'esprit et de la raison, peu de remontrances, et point de goutte .

Qui aurait cru que la tracasserie entre le Parlement et M. de Chardon m’aurait vivement intéressé et m'aurait été personnelle ? Rien n'est pourtant plus vrai . Toutes les affaires ont des contrecoups qu'on ne soupçonnerait pas . M. de Chardon devait rapporter au conseil du roi lundi dernier 29 décembre la cruelle et importante affaire des Sirven . La querelle que lui fait le Parlement aura suspendu ce rapport . Elle peut surtout avoir diminué le crédit de M. de Chardon, et inspiré une grande défiance sur sa manière de traiter les affaires . On sera difficilement de l'avis d'un homme accusé d'avoir sacrifié la justice à la faveur . Peut-être même l'affaire des Sirven ne sera jamais reprise . Il y a cinq ans que je la poursuis . Voilà de grandes peines et de grandes dépenses perdues . S'il s'est passé quelque chose de nouveau au sujet de M. de Chardon, vous me ferez grand plaisir de m'en avertir .

Venons à l'affaire de M. Blet dont vous avez eu la bonté de vous charger, et dont maman et moi nous vous remercions de tout notre cœur.

Je dois environ vingt-quatre mille francs, à Genève, et à Lyon . Le duc de Virtemberg n'est pas en arrière avec moi comme les Richelieu et les Guise, mais il doit, et il faut attendre . Je mets tout en règle, mais nous sommes un peu embarrassé [sic] dans le moment présent . Nous avons quatre ménages à entretenir et nous avons eu des régiments à festoyer .

Si M. de Laleu est en avance avec moi, je dois sans doute le rembourser . Mais je ne crois pas qu'il soit en avance attendu qu'il ne paye M. de La Borde, banquier du roi, que tous les six mois . Il faut surtout , mon cher neveu, que M. le Turc 2 et vous, vous soyez payés , et, si vous ne l'êtes pas, la première chose est de vous nantir sur l'argent que donnera M. Blet .

M.le maréchal de Richelieu doit actuellement au dernier décembre 1767 de compte arrêté 27 425 livres .

Puisque vous voulez bien avoir la bonté de vous charger pour moi de faire recouvrer ce qui m'est dû par M. le maréchal de Richelieu et par la succession de Guise, et que vous trouvez bon que je vous envoie une procuration, la voulez-vous sous seing privé ? La voulez-vous par devant notaire ? Décidez . Je crois qu'il faut du notaire pour les Guise .

N. B. – Tronchin le fermier général n'a plus de correspondance à Lyon .

Mes compliments au cadi Notmig 3 . Je chante des illa allah Mahometh resoul alla 4 avec lui .

Et vous, monsieur le dragon postulant 5, revenez bien vite avec un brevet de capitaine revoir maman marmotte et marmotine . Je vous embrasse du meilleur de mon cœur . »

1 Lapsus calami ?

2L'abbé Mignot qui se consacre toujours à son Histoire des Turcs .

3 Anagramme de Mignot .

4Allah est grand ; Mahomet est son prophète.

5Soit Jean-Pierre Claris de Florian, le futur fabuliste (né le 6 mars 1755 ) qui est élevé par son oncle ; soit plutôt Dupuits, ce qui expliquerait mieux l'allusion à « maman marmotte » (Mme Denis) et « marmotine » (Mme Dupuits).

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27/07/2023 | Lien permanent

Tous les grands sont polis . Pourquoi? C'est qu'ils ont eu Cette éducation qui tient lieu de vertu.

... Il n'est plus de grands aujourd'hui .

 

« A Etienne-Noël Damilaville

19 septembre 1767 1

Je vous ai envoyé, mon cher ami, une petite galanterie pour Merlin ; je vous supplie de vouloir bien faire un petit changement au premier acte.

Madame la comtesse dit à son fils :

Tous les grands sont polis 2. Pourquoi? C'est qu'ils ont eu

Cette éducation qui tient lieu de vertu.

Si de la politesse un agréable usage

N'est pas la vertu même, il est sa noble image.

Il faut mettre

Leur âme en est empreinte; et si cet avantage

N'est pas la vertu même, il est sa noble image.

Je crois que Merlin peut tirer, sans rien risquer, sept cent cinquante exemplaires, qu'il vendra bien.

Je ne sais aucune nouvelle. Je suis entouré d'officiers et de soldats, fort affaibli de ma fièvre, et très inquiet de votre santé.

Je rouvre ma lettre pour vous supplier de mettre encore ce petit changement à la fin du troisième acte :

Je dois tout pardonner, puisque je suis heureuse.

Charlot ( dans l'enfoncement )

Qui peut changer ainsi ma destinée affreuse?

Où me conduisez-vous?

La comtesse.

Dans mes bras, mon cher fils.

Charlot.

Moi, votre fils !

Le duc.

Sans doute.

Charlot.

Ô destins inouïs !

La comtesse, l'embrassant.

Oui, reconnais ta mère; oui, c'est toi que j'embrasse, etc. »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. limitée à la première phrase et aux troisième et quatrième paragraphes ; autre copie contemporaine suivie ici .

2 Le premier hémistiche n'est ni dans le texte, ni dans les variantes; voir tome VI, page 356 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome6.djvu/366

La nouvelle version fut adoptée mais « Tous les grands sont polis » fut remplacé par « Vos pareils sont polis . »

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01/05/2023 | Lien permanent

Oh quelle consolation pour un pauvre profane à moitié damné, de voir le nom sacro-saint d'un souverain pontife au fronti

...

 

 

 

« Au comte Francesco Algarotti

à Bologne

16 août [1759]1

M'avete favorito di due lettere mio caro cigno d'Italia, et di due tragedie una delle quali é dedicata a un papa . Oh che consolation per un povero profano mezzo donnato , di vedere il sacro santo nome d'un sommo pontefice nel' frontispizio d'un dram ! Miseri calvinisti, e jansenisti siate istrutti da questo exempio . Barbari riverite le muse .

Vi ringrazio caro signor mio tutti j vostri favori, et dell' onor che il signor' Agostino Paradi[si] 2 si compiace di far mi . Se il destin' a ordinato che io mora senza aver veduto la bella Italia, sono un poco confortato col' sentir che un de' vostri belli ingegni si degna di rivestire di fregi toscani il moi Cesare franceze . Si placeo, tuum est . Il vostro libraio non e tanto cortese come voi siete . Sospiro in vano per la raccolta dele vostre dilettevole oper .

Remember me while I am alive and remember I ouve all my happiness to liberty . Le roi de France a comblé mon bonheur en déclarant libres les terres que j'ai en France auprès des Délices . There I do not bewail the lost of Argaleon, who writes to me pretty often .3

Nisi quid non simul esses , coetera laetus 4.

V. »

1 On ne connait pas les lettres d'Algarotti .

2 Le mot suivant a provoqué l'omission de la dernière syllabe . Agostino Paradisi avait écrit à V* le 5 août pour lui annoncer qu'il traduisait Tancrède en italien avec La Mort de César et Mahomet .

3 " Vous m'avez favorisé de deux lettres mon cher cygne d'Italie, et de deux tragédies dont une est dédiée à un pape . Oh quelle consolation pour un pauvre profane à moitié damné, de voir le nom sacro-saint d'un souverain pontife au frontispice d'un drame ! Misérables calvinistes, et jansénistes, soyez instruits par cet exemple . Barbares recevez les muses . Je vous rends grâces, mon cher monsieur, de toutes vos faveurs, et de l'honneur que le sieur Agostino Paradisi a la complaisance de me faire . Si le destin a ordonné que je meure sans avoir vu la belle Italie, je suis un peu consolé à la pensée qu'un de vos beaux génies daigne embellir d'ornements toscans mon César français . Si par lui je vous plais, il est à vous . Votre libraire n'est pas aussi honnête homme que vous ; je soupire en vain après le recueil de vos œuvres délectables . Souvenez-vous de moi aussi longtemps que je serai en vie, et rappelez-vous que je dois tout mon bonheur à la liberté […] Là je ne pleure pas la perte d'Argaleon, qui m'écrit fort souvent .[...] »

4 Horace , Épîtres, I, x, 30 : Si ce n'est que nous ne sommes pas ensemble, au demeurant je suis heureux .

 

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24/09/2014 | Lien permanent

Se promener dans les rues de Paris avec la robe de Platon

« A Charles Porée

Je vous envoie, mon cher Père, la nouvelle édition qu’on vient de faire de la tragédie d’Œdipe [1730]. J’ai eu soin d’effacer autant que j’ai pu les couleurs fades d’un amour déplacé, que j’avais mêlées malgré moi aux traits mâles et terribles que ce sujet exige .
Je veux d’abord que vous sachiez pour ma justification, que tout jeune que j’étais quand je fis l’Œdipe, je le composais à peu près tel que vous le voyez aujourd’hui. J’étais plein de la lecture des anciens et de vos leçons, et je connaissais fort peu le théatre de Paris ; je travaillai à peu près comme si j’avais été à Athènes .Je consultai M. Dacier qui était du pays [1714 ]. Il me conseilla de mettre un chœur dans toutes les scènes à la manière des Grecs. C’était me conseiller de me promener dans les rues de Paris avec la robe de Platon . J’eus bien de la peine seulement à obtenir que les comédiens de Paris voulussent exécuter les chœurs qui paraissent trois ou quatre fois dans la pièce ; j’en eu bien davantage à faire recevoir une tragédie presque sans amour . Les comédiennes se moquèrent de moi quand elles virent qu’il n’y avait point de rôle pour l’amoureuse . On trouva la scène de la double confidence entre Œdipe et Jocaste, tirée en partie de Sophocle, tout à fait insipide . En un mot, les acteurs, qui étaient dans ce temps là petits-maîtres et grands seigneurs, refusèrent de représenter l’ouvrage . J’étais extrêment jeune, je crus qu’ils avaient raison .Je gâtai ma pièce pour leur plaire, en affadissant par des sentiments de tendresse un sujet qui le comporte si peu . Quant on vit un peu d’amour, [ à la satisfaction de Mlle Desmares , nièce de la Champmeslé ] on fut moins mécontent de moi ; mais on ne voulut point du tout de cette grande scène entre Jocaste et Œdipe, on se moqua de Sophocle et de son imitateur . Je tins bon, je dis mes raisons, j’employai des amis . Enfin ce ne fut qu’à force de protections que j’obtins qu’on jouerait Œdipe [ novembre 1718 ]. Il y avait un acteur nommé Quinault, qui dit tout haut que pour me punir de mon opiniâtreté il fallait jouer la pièce telle qu’elle était avec ce mauvais quatrième acte tiré de grec . On me regardait d’ailleurs comme un téméraire d’oser traiter un sujet où Pierre Corneille avait si bien réussi . On trouvait alors l’Œdipe de Corneille excellent, je le trouvais un fort mauvais ouvrage, et je n’osais le dire . Je ne le dis enfin qu’au bout de douze ans, quand tout le monde est de mon avis . Il faut souvent bien du temps pour que justice soit exactement rendue . On l’a fait un peu plus tôt aux deux Oedipe de M. de La Motte [ 1726 ]. Le révérend père de Tournemine a dû vous communiquer la petite préface dans laquelle je lui livre bataille . M. de La Motte a bien de l’esprit, il est un peu comme cet athlète grec, qui quand il était terrassé, prouvait qu’il avait le dessus.
Je ne suis de son avis sur rien . Mais vous m’avez appris à faire une guerre d’honnête homme . J’écris avec tant de civilité contre lui que je l’ai demandé lui-même pour examinateur de cette préface où je tâche de lui prouver son tort à chaque ligne, et il a lui-même approuvé ma petite dissertation polémique  [ signée le 17 janvier 1730 ]. Voilà comme les gens de lettres devraient se combattre, voilà comme ils en useraient s’ils avaient été à votre école ; mais ils sont plus mordants d’ordinaire que des avocats, et plus emportés que des jansénistes . Les lettres humaines sont devenues très inhumaines . On injurie, on cabale, on se calomnie, on fait des couplets . Il est plaisant qu’il soit permis de dire aux gens par écrit ce qu’on n’oserait pas leur dire en face . Vous m’avez appris, mon cher père, à fuir ces bassesses, et à savoir vivre, comme à savoir écrire .

Les muses filles du ciel
Sont des sœurs sans jalousie,
Elles vivent d’ambroisie
Et non d’absinthe et de fiel,
Et quand Jupiter appelle
Leur assemblée immortelle,
Aux fêtes qu’il donne aux dieux,
Il défend que la satire
Trouble les sons de leur lyre
Par ses sons audacieux .

Adieu, mon cher et Révérend Père, je suis pour jamais à vous et aux vôtres avec la tendre reconnaissance que je vous dois et que ceux qui sont élevés par vous ne conservent pas toujours .

Voltaire
A Paris, ce 7 janvier 1729 [ou 1731 ?] »

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Por%C3%A9e

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07/01/2009 | Lien permanent

Tant qu'il y aura des regardants il y aura des combattants, et il n'y aura que la lassitude du public qui fera tomber le

... L'arme pouvant être un ballon, une balle, un puck, un volant, etc. Faute de spectateurs tous les matchs , privés de  supporters seraient automatiquement privés de sponsors et finiraient aux oubliettes . Je ne pleurerai pas si le foot disparait !

 

Mis en ligne le 16/11/2020 pour le 17/8/2015

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

17è août 1760

Mon divin ange, il faut que notre ami Fréron soit en colère , car il ne peut être plaisant . Je viens de voir le récit de la bataille où il a été bien étrillé 1. Le pauvre homme est si blessé qu'il ne peut rire . Si vous pouvez mon cher ange nous rendre le premier acte tel qu'il est imprimé, vous ferez plaisir aux érudits qui aiment qu'on ne retranche rien d'une traduction d'un ouvrage anglais . Il paraît que la petite guerre littéraire n'est pas prête à finir . Tant qu'il y aura des regardants il y aura des combattants, et il n'y aura que la lassitude du public qui fera tomber les armes des mains .
Je crois que Jérôme Carré et frère de la doctrine chrétienne et Catherine Vadé et consorts ont rendu un très grand service à une certaine partie de la nation qui n'est pas peu de chose . Si on avait laissé dire et faire les Pompignan, les Palissot, les Fréron et même les Me Joly de Fleury les philosophes auraient passé pour une troupe de gens sans honneur et sans raison . J'ai écrit une singulière lettre au roi Stanislas en le remerciant du livre que frère Menoux a mis sous son nom . Je l'enverrai à mon ange .

Venons au fait de Tancrède . Je crois qu'il faut bénir la providence de ce qu'elle a permis que M. le duc de Choiseul n'ait pas regardé ce secret comme un secret d’État . Le spectacle en sera si frappant, la situation si neuve, le cinquième acte ( j'entends les deux dernières scènes ) si touchant, Mlle Clairon si supérieure, que vous en viendrez à votre honneur malgré Fréron .

Ici l'auteur s'embarrasse, parce qu'il a un peu de fièvre . Ce n'est pas Fréron qui la lui donne . Il va faire mettre sur un papier séparé de petites annotations pour la chevalerie . »

1 Fréron avait fait lui-même, dans L’Année littéraire du 27 juillet 1760, V, 209-216, sous le titre « relation d'une grande bataille » le récit de la représentation de L’Écossaise . Il y montrait la claque de « l'armée philosophique », avec ses officiers, La Porte, d'Alembert, Marmontel et peut-être d'Argental, s'exclamer d'admiration au seul nom de « Wasp », triompher bruyamment pendant la représentation, et finalement se rendre aux Tuileries pour y chanter un Te Voltarium . Voir aussi la lettre du 16 juillet 1760 dans laquelle Fréron prouve fort habilement par les différents écrits attribués à V*, les Quand, L’Écossaise, Le Pauvre Diable etc . sont trop faibles pour être effectivement de lui .

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17/08/2015 | Lien permanent

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