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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Lorsqu’on a l'horreur et la démence à combattre il faut tantôt porter dans les esprits la plus vive indignation, et tant

... Dédicace de Voltaire à Coco, dessinatrice à Charlie Hebdo qui vient de se faire attaquer ignoblement pour avoir dénoncé l'horreur de la famine à Gaza

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https://www.lejdd.fr/societe/rats-ramadan-et-gaza-un-dessin-satirique-de-liberation-souleve-un-tolle-sur-142950

Quant à Sophia Chikirou, faux jeton  autant qu'elle puisse être, et vrai danger public, semeuse de haine, qu'elle s'étrangle de rage, elle ne manquera à personne (sauf peut-être à son bon ami Jean-Luc Mélenchon ) : https://www.lepoint.fr/politique/dessin-de-coco-sophia-chikirou-deverse-toute-sa-haine-13-03-2024-2554944_20.php#11

 

 

 

« A François-Louis Allamand , Ministre

à Corzier

près de Vevey 1

24è auguste 1768 2

Le vieux philosophe fait mille tendres compliments au philosophe entre deux âges . Il le plaint beaucoup d'être réduit au malheureux métier auquel il est si supérieur par son esprit et par [ses] lumières . Mais ce serait une grande consolation [pou]r le genre humain si ses confrères pouvaient [lui re]ssembler, et substituer comme lui la morale [aux a]bsurdités .

Mylord Bolingbroke a écrit en anglais ; il faut que chacun parle selon son caractère . Les uns font des catilinaires, les autres des satires de Pétrone , quelques uns des épigrammes de Martial .

Lorsqu’on a l'horreur et le démence à combattre il faut tantôt porter dans les esprits la plus vive indignation, et tantôt employer la plaisanterie . Il y a des monstres qu'il faut attaquer de tous les côtés et même par le ridicule .

Peut-être a-t-on bien fait monsieur, de punir votre ivrogne . Il n'appartient pas à un pareil gueux d'avoir raison . Il faut peut-être que la canaille respecte ce qui n'est fait uniquement que pour la canaille . Le tort de ce pauvre diable est, ce me semble, d'avoir dit publiquement en 1768 ce qu'il ne sera permis de dire qu'en 1778 . ce n'est qu'une [erreur] de chronologie .

On est bien véritablement attaché [à celui] qui a fait le voyage ; on l’aime aut[ant] . »

2Le manuscrit a été endommagé, d'où quelques restitutions du texte .

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14/03/2024 | Lien permanent

Pourquoi s'est-il brouillé de gaieté de cœur avec tous les siens ?

... Jean -Marie ? Benoit ? Nicolas ? Fanfoué ? Jean-François ? François ? and Co. ? le monde politique est champion pour les divorces et les divisions en groupuscules qui font plaisir à de mini-présidents de mini-sections sans intérêt .

 

 

« A Paul-Claude Moultou

Voici à peu près , monsieur, comme je voudrais finir le petit ouvrage en question ; ensuite, j'en enverrais des exemplaires aux ministres d’État, sur la protection et sur la prudence de qui je puis compter ; à Mme la marquise de Pompadour, à quelques conseillers d’État, et à quelques amis discrets qui pensent comme vous et moi . J'accompagnerais l'envoi d'une lettre circulaire par laquelle je les supplierais de ne laisser lire l'ouvrage qu'à des personnes sages, et d'empêcher que leur exemplaire ne tombât entre les mains d'un libraire .

J'en enverrai un au roi de Prusse, et à quelques princes d'Allemagne, et je les supplierais de se joindre à ceux qui ont secouru la famille Calas, plongée dans l'indigence par l'arrêt absurde et barbare du parlement de Toulouse .

Le reste des exemplaires demeurerait enfermé sous la clef, en attendant le moment favorable de le rendre public . Voyez, monsieur, si ce plan est de votre goût, et ce qu'on doit ajouter et retrancher à la feuille que j'ai l'honneur de vous soumettre .

J'attends avec impatience la lettre de Rousseau à l'archevêque de Paris, mais j'ai bien peur qu'elle ne soit préjudiciable à la cause de la raison . J'ai été extrêmement affligé des inconséquences de votre ami . J'aurais souhaité qu'il eût été le mien . Pourquoi s'est-il brouillé de gaieté de cœur avec tous les siens ?

Dimanche [3 avril 1763]1 .»

1 L'édition Gaberel , suivie de tous les éditeurs, place la lettre en mai . Mais la référence à la lettre de Rousseau « attendue » n'est valable que jusqu'au 13 avril ; V* a eu vent de cet ouvrage le 25 mars (voir lettre du 25 mars 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/03/19/j-aime-encore-mieux-un-sifflet-qu-un-changement-fait-malgre-6035491.html ) . Il ne peut être « impatient » de l'avoir que quelque temps après, et cela est confirmé par la lettre du 6 avril 1763 à Vernes : «  la lettre à Christophe me donne la pépie ») . Le 13 avril 1763 le Traité sur la tolérance est imprimé ; la date du dimanche 3 avril est donc la plus probable, mais il est cependant possible qu'elle soit du dimanche précédent ou suivant . Sur les relations de V*, Moultou et J .-J. Rousseau , voir lettre du 19 mars 1763 à Fusée de Voisenon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/03/15/on-dira-peut-etre-qu-il-faut-attendre-que-le-proces-soit-fin-6034553.html .

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02/04/2018 | Lien permanent

c’est un méchant homme, c’est le singe de la philosophie qui saute sur un bâton, fait des grimaces et mord les passants

... Qui est-ce ? Un  indice E... Z...

Le peuple français compte suffisamment de râleurs pour donner des admirateurs et suiveurs bavants à des malfaisants qui prônent la haine . Fort heureusement ils sont tellement sectaires qu'ils vont en groupes dispersés, chaque chefaillon se glorifiant et leur promettant LA victoire ! Sales gugusses .

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« A Jacques Lacombe

17è novembre [décembre ] 1766 1

Si tous les ouvrages que vous imprimez, monsieur, étaient écrits comme votre lettre du 9, vous feriez une grande fortune.

Je suis effrayé des huit pages que vous comptez refaire. En vérité, cet ouvrage très froid 2 n’en vaut pas la peine, et l’on compte vous donner bientôt quelque chose de plus intéressant 3.

Faites tout ce qu’il vous plaira du recueil de morale et de philosophie 4. Quand il sera fait, je vous proposerai une petite préface. On prétend que c’est un M. Bordes, de l’Académie de Lyon, ancien antagoniste de Rousseau, qui a fait la lettre qu’on m’a attribuée dans les gazettes anglaises. Vous verrez par l’imprimé ci-joint que cette lettre n’est pas de moi. Si vous voulez donner au public ma lettre à M. Hume, avec des remarques 5 historiques et critiques assez curieuses , je vous les ferai tenir. Rousseau n’est pas seulement un fou ; c’est un méchant homme, c’est le singe de la philosophie qui saute sur un bâton, fait des grimaces et mord les passants.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

V.»

1 Wagnière s'est trompé sur le mois ; en effet jusqu'au milieu de décembre, V* attribue invariablement la Lettre du docteur Pansophe à Coyer ; ce n'est qu'ensuite , quand il a reçu une lettre de Bordes du 9 décembre 1766 qu'il l'attribue aussi invariablement à ce dernier .

2 Le Triumvirat.

3 Les Scythes.

5 Les Notes sur la lettre de M. de Voltaire à M. Hume .Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Notes_sur_la_lettre_%C3%A0_Hume

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18/03/2022 | Lien permanent

e vi auguro ogni felicita

...

 

« A Cosimo Alessandro Collini secrétaire

de Son Altesse Électorale

à Shwessingen

près de Manheim

Au château de Tournay par Genève

11 juillet [1760]1

Caro Colini chi fa il libro e tenuto di far la dedicazione ?2 Sapete ben che in punto di dedicazioni la brevita è la prima virtu . Mandate me la, e vene daro il mio parere .3

Mais voici une meilleur affaire . Notre ministère doit de l'argent à la ville de Francfort-sur-Mein . M. le duc de Choiseul me protège beaucoup . Le roi est content de moi . Voici le moment de faire arrêt sur l'argent dû à Francfort et sur celui 4 qu'on nous a volé dans cette belle ville . Envoyez-moi un écrit conçu en ces termes :

« Je donne pouvoir à M. de Voltaire de répéter pour moi devant qui il appartiendra la somme de deux mille écus d'empire qui me furent volés 5 à Francfort-sur-Mein le 20 juin 1753 lorsque je fus arrêté par les soldats de la dite ville conjointement avec M. de Voltaire et Mme Denis contre le droit des gens, sur lequel vol 6 j'ai fait ci-devant toutes protestations nécessaires . Fait etc . »

Envoyez-moi cet écrit sur un petit carré de papier que je joindrai à ma requête . J'espère qu'enfin vos deux mille écus d'empire vous seront rendus . Cela vaudra dédicace e vi auguro ogni felicita 7.

V. »

1 Date complétée par Collini .

2 Collini note : « Je lui avais soumis une dédicace que je comptais mettre à la tête de mon Discours sur l'histoire d'Allemagne […] adressée à l’Électrice palatine, Élisabeth Auguste. » ; l'oeuvre devait paraître à Francfort-sur-le-main en 1761 .

3 Cher Collini, qui a fait le livre est tenu de faire la dédicace ! Sachez bien qu'en fait de dédicace, la brièveté est la première vertu . Envoyez-la moi, et je vous donnerai mon avis .

4 Sur celui est ajouté par V* au dessus de la ligne .

5 Collini a rayé volés, remplacé par pris ; c'est le texte des éditions .

6 V* a d'abord écrit quoi, rayé et remplacé par lequel vol .

7 Et je vous souhaite toute sorte de bonheur .

 

 

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11/07/2015 | Lien permanent

mais suis-je sûr de deux mois de ma vie ?

NDLR .- Note rédigée le 24 avril 2011, jour de Pâques .

Bel oeuf pondu ce jour là .

Comme Volti, je dis "suis-je sûr de deux mois/semaines/jours/heures de ma vie ?" . Qui le sait ?

Il vivra, en fait, encore quatre mois, seulement . Je dis seulement, mais mon avis est d'un égoïste qui n'a pas eu  à souffrir comme lui .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

A Ferney, le 20 de janvier [1778]

 

Mon cher ange, en voici bien d'une autre ! Il faut pour le coup que je me jette dans les bras de votre providence, de votre sagesse et de cette constante amitié qui fait la consolation de ma vie . Je suis trop jeune, je ne sais pas me conduire, à moins que je ne sois toujours à l'ombre de vos ailes .

 

J'ai cru qu'il était de mon devoir de vous envoyer la lettre que je reçois d'un de vos protégés i, et la réponse que je lui fais . Je ne doute pas que vous n'engagiez votre ami M. de Thibouville à mettre sous ses pieds cet oubli de toutes les bienséances ii. Je lui mande qu'autrefois M. de Ferriol, votre oncle l'ambassadeur à Constantinople, disait, s'il m'en souvient, qu'il n'y avait d'honneur ni à gagner ni à perdre avec les Turcs iii.

 

Si vous trouvez ma réponse à votre ancien protégé convenable et mesurée iv, puis-je vous supplier de la lui faire tenir aussi bien que celles que j'ai dû écrire à M. Suard v et à Mme Vestris, et à un M. Monvel vi qu'on dit avoir beaucoup d'esprit, beaucoup de sensibilité et beaucoup de talents, avec très peu de poitrine ?

 

Une chose encore bien importante pour moi, c'est de demander très humblement pardon à madame votre secrétaire de lui avoir fait écrire des choses qui certainement ne subsisteront pas, car tout ne sera fini que vers Pâques ; et c'est vers ce saint temps que je compte vous apparaître comme Lazare sortant de son tombeau .

 

Je vous conjure encore plus que jamais de faire retirer la copie qui est peut-être au tripot vii, et les rôles qui peuvent être chez les tripoteurs et les tripoteuses . Je suis réellement perdu, s'il reste dans le monde le moindre lambeau de ces haillons . Vous sentez que la publicité de ces misères est très à craindre : elle arrêterait tout à coup un jeune homme dans le commencement de sa carrière ; mais, soit au commencement, soit à la fin, il est certain que cela me ferait un tort irréparable .

 

Songez, mon divin ange, que je passe les jours et les nuits à remplir la tâche très difficile , mais très nécessaire, que vous m'avez donnée . Songez que je marche sur des charbons ardents . J'ose espérer que je ne me brûlerai pas la plante des pieds, parce que je vous invoquerai en subissant une épreuve qui surpasse mes forces .

 

Vous savez de plus combien il y avait de vers faibles à fortifier, de nuances à observer, d'expressions familières à supprimer, de petites choses à réparer pour les faire servir à de plus grandes ; enfin combien l'esquisse était indigne de vous viii. Vous avez été trop bon ; mais vous m'avez rendu difficile contre moi-même . J'ai deux mois, au moins par-devant moi, et je vais les employer à vous plaire ; mais suis-je sûr de deux mois de ma vie ?

 

Sub umbra alarum tuarum . »

i Lekain, qui a refusé de jouer le rôle d'Alexis dans Irène et qui avait écrit le 13 janvier pour se justifier qu'il « n'a plus les forces suffisantes pour soutenir un rôle jeune et vigoureux » surtout plusieurs fois par semaine ; il proposa de jouer un autre rôle dans la pièce . Il mourut le 8 février, alors que V* arrivera à Paris le 10.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Lekain

ii Thibouville, chargé d'organiser la représentation avait critiqué sévèrement le refus de Lekain ; le 12 janvier, dans une lettre aux Comédiens, il avait parlé du « procédé indigne et révoltant de M. Le Kain pour son bienfaiteur » ; l'acteur s'était montré mécontent dans sa lettre à l'auteur.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri-Lambert_de_Thibouville

iii Irène se passe à Constantinople .

http://www.voltaire-integral.com/Html/07/07IRENE.html

iv Le 19 janvier, V* propose à Lekain le rôle de « l'ermite Léonce » , et Lekain répondra à son tour : « Il est aisé de remarquer au ton de la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire que l'on vous a prodigieusement aigri contre moi ; vous le déguisez quelquefois avec une politesse à laquelle je suis très sensible », et acceptera le rôle de « l'ermite » bien que n'ayant « ni le ton, ni le caractère, ni la tournure de ces sortes de rôles ». Voir page 150 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80043w/f155.image.r=46.langFR

vi V* a appris que c'était Monvel qui avait « lu la chose » (Irène) à l'Assemblée des Comédiens ; c'était un auteur et un acteur . http://fr.wikipedia.org/wiki/Monvel

vii A la Comédie-Française.

viii V* reçoit les critiques et suggestions non seulement de Thibouville et des d'Argental, mais aussi de Condorcet conforté par Suard, Turgot, ...

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20/01/2011 | Lien permanent

vous savez mieux que personne combien les bons citoyens rendent justice au mérite, non lasciar la magnanima impresa

... Grève par ci, manif' par là et coups de gueules à qui mieux-mieux, vive la France !

 

 

« A Pierre-Laurent Buirette de Belloy

6è juillet 1767, à Ferney 1

Il y a quelques années , monsieur, que je ne lis aucun papier public ; j'ignore dans ma retraite qui se fait sur la terre . Je sais pourtant ce qui se passe à Moscou ; mais ce n'est pas par Le Mercure . L'impératrice de Russie daigna me mander 2 l'année passée qu’elle avait converti Abraham Chaumeix, et qu'elle en avait fait un tolérant . Si depuis ce temps là cet Abraham a fait cette sottise, s'il a vendu sa femme à quelque boyard comme le père des croyants vendit la sienne au roi d’Égypte et au roitelet de Gérar 3, si au lieu d'obtenir des bœufs, des vaches, des moutons, des serviteurs et des servantes il est tombé dans la misère, c'est probablement parce qu'il est ivrogne, et que le vin coûte fort cher en Scythie .

Il n'en est pas de même dans votre Paris où l'ami Fréron gagne de l'argent à bon marché, et s'enivre de même . Je fais mon compliment à ma chère patrie du privilège exclusif qu'on a donné à cet homme de vilipender son pays ; cela manquait à notre siècle .

Ce que vous me mandez, monsieur, de la générosité des comédiens de Paris ne m'étonne point . Ils sont si riches de leur propre fonds qu'ils peuvent se passer aisément des vers charmants de Racine . Mais ce n'est pas assez qu'ils tronquent des scènes entières de ce grand homme, il faudrait pour rendre la chose encore plus touchante qu'ils substituassent des vers de leur façon à ceux qu'ils retranchent . La copiste de la comédie doit être le premier poète du royaume, et c'est à lui qu'on doit s'en rapporter .

Il me parait que les imprimeurs en savent autant que les comédiens de votre bonne ville . Ils ont plaisamment accommodé l'endroit dont vous me parlez ; il y avait : Ennemis des lois et de la science, et ils ont mis : Ennemis des lois et de la sienne . Cela vaut le trompe[ 4]sonnette, au lieu de sonnez trompette . Que cela ne vous rebute pas, monsieur,vous savez mieux que personne combien les bons citoyens rendent justice au mérite, non lasciar la magnanima impresa 5.

Sans compliment et avec autant d'amitié que d'estime, votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

1Collection privée ; édition Lefèvre . Voir aussi : https://drouot.com/l/13435638-voltaire-francois-marie-arouet

3 Genèse, XII, 15-16: https://www.aelf.org/bible/gn/12

4 Wagnière a écrit trompette et rayé les trois dernières lettres, sans penser à compléter le mot .

5 D'après Pétrarque, Sonnets, VII, 14 : Il ne faut pas abandonner cette magnanime entreprise .

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22/01/2023 | Lien permanent

Je vous suis attaché, Madame, parce que je vous connais .

 

 http://www.deezer.com/listen-7547090

Bentinck.jpg

http://www.deezer.com/listen-7179879

 

 

« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck 1

 

[fin septembre-octobre 1751]

 

Si je vous oubliais, Madame, je serais un ingrat . Si je vous avais quittée pour quelque comtesse de Potsdam,2 je serais un inconstant . Mais je pense toujours à vous, et je n'ai mis que la plus profonde solitude à la place des entretiens charmants dont vous m'honoriez . Soyez bien sûre, Madame, que vous me rendez le reste du monde insipide . Je le suis devenu loin de vous au point de ne vous pas écrire, mais je suis chartreux . Je vis dans ma cellule . Je ne suis au monde que quand je vous vois . Au reste en qualité de moine je prie Dieu pour le succès de vos affaires et en qualité de philosophe je déteste les titres qu'on prodigue, et la fausse ivresse d'une affection de commande pour des personnes qu'on n'a presque point vues . Ce feint enthousiasme déplaît bien à la sincérité de mon cœur qui vous aime véritablement . Je vous suis attaché, Madame, parce que je vous connais . Il n'est pas permis de l'être autrement .

 

V. »


2 Dans une autre lettre, V* s'est déjà justifié : c'est son secrétaire qui s'est fait le « chevalier » de cette comtesse Poninska, lui-même ne l'ayant pas vue, ni écrit, ni fait écrire .

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05/09/2011 | Lien permanent

il eût été fort triste pour les rosecroix que la petite drôlerie d'un des adeptes eût été sifflée

...Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rose-Croix

 

Bel homme, non ? Un rosecroix qui ne cache rien (pour  le côté pile, placez-vous derrière l'écran  ).

 

 

« A Jean-François Marmontel

9 septembre 1760 1

Dieu soit loué mon cher ami, il eût été fort triste pour les rosecroix que la petite drôlerie d'un des adeptes eût été sifflée . Les Fréron, les Pompignan, le Journal de Trévoux auraient dit que non seulement nous sommes tous des athées, mais encore de mauvais poètes .

Mandez-moi je vous prie tout ce que vous saurez, et surtout ce que vous croyez que je doive corriger . Je ne peux voir par mes yeux, et j'aime bien à voir par les vôtres .

Mettez-moi aux pieds de Mlle Clairon . Je lui écrirai, mais je n'ai pas un moment à moi .

Le roi Stanislas m'a écrit une lettre pleine de la plus grande bonté 2 quod notandum 3. Je crois que c'était la meilleure façon de servir les philosophes .

Je vous embrasse bien tendrement .

V. »

1 Une autre main a ajouté sur le manuscrit, à la suite de l'adresse : « M. … rue Neuve-Saint-Eustache » .

2 Cette lettre , réponse à celle du 15 août 1760, n'est pas connue .

3 Chose notable .

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09/09/2015 | Lien permanent

Dieu merci, monsieur, les nouvelles qui ont couru n'ont pas le moindre fondement

... Le monde des tordus de la cafetière ne connait pas les frontières, ceux qui les suivent et les mettent en avant sont bien pourris eux aussi , voir par exemple : https://www.20minutes.fr/high-tech/3203483-20211223-coron...

Je leur souhaite une fin d'année minable et la suivante aussi naze qu'ils le sont , l'idéal étant qu'ils ne voient pas 2023 .

Bernard-Henri Lévy, Les fake news, la crise de la vérité et Google - La  Règle du Jeu - Littérature, Philosophie, Politique, Arts

Les transmetteurs, maquereaux de " l'info" [sic]

 

 

« A Jean Ribote-Charron

à Montauban

Dieu merci, monsieur, les nouvelles qui ont couru n'ont pas le moindre fondement . Je suis toujours dans ma terre de Ferney où je viens de faire jouer la comédie de Henri IV par la troupe de Genève . J'ai été ivre de joie en voyant mon héros sur la scène .

J'ai un autre héros, c'est M. le duc de Choiseul, le bienfaiteur des Calas . Il veut être celui des Sirven . Voici les propres mots qu'il m'écrit dans la dernière lettre dont il m'a honoré de sa main : Le jugement des Calas n'est qu'un effet de la faiblesse humaine qui n'a fait souffrir qu'une famille ; mais la dragonade de M. de Louvois a fait le malheur du siècle . Il me semble que ces paroles doivent être gravées en lettres d'or dans le Languedoc . On ne peut être plus touché que je le suis, monsieur, des sentiments que vous voulez bien me témoigner .

24è septembre 1766. »

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30/12/2021 | Lien permanent

je me suis distillé la tête pour trouver de quoi les excuser, et je n’ai trouvé que de quoi les décimer.

... Je suis bien de l'avis de Voltaire : les harceleurs sexuels doivent être châtiés, éliminés .

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« A Etienne-Noël Damilaville

24 janvier 1763 1

Mon cher frère, on ne peut empêcher, à la vérité, que Jean Calas ne soit roué, mais on peut rendre ses juges exécrables, et c’est ce que je leur souhaite. Je me suis avisé de mettre par écrit toutes les raisons qui pourraient justifier ces juges, je me suis distillé la tête 2 pour trouver de quoi les excuser, et je n’ai trouvé que de quoi les décimer.

Gardez-vous bien d’imputer aux laïques un petit ouvrage sur la tolérance qui va bientôt paraitre [il l’annonçait déjà le 6 décembre 1762 : « on dit qu’il paraitra quelque chose à l’occasion des Calas et des pénitents blancs », en spécifiant qu‘ « on attendrait que la révision eût été jugée »]. Il est, dit-on d’un bon prêtre ; il y a des endroits qui font frémir, et d’autres qui font pouffer de rire ; car Dieu merci, l’intolérance est aussi absurde qu’horrible.

Mon cher frère m’enverra donc la petite feuille qu’on attribue à M. Le Brun [La Renommée littéraire ; V* écrira à Le Brun pour lui faire part des fiançailles de Mlle Corneille le 26, et lui propose de signer le contrat (par procuration). Il écrira à Damilaville le 1er février : « C’est une aventure assez comique que j’ai eue avec Pindare-Le Brun en vous envoyant un paquet pour lui dans le temps que vous me dépêchiez ses rabâchages contre moi … Je l’accable de politesses qui doivent lui tenir lieu de châtiment.]. Mais est-il possible que Le Brun qui m’adressait de si belles odes pour m’engager à prendre Mlle Corneille et m’envoie souvent de si jolis vers, ne soit qu’un petit perfide ?

Nous marions Mlle Corneille à un gentilhomme du voisinage, officier de dragons, sage, doux, brave, d’une jolie figure, aimant le service du roi et sa femme, possédant dix mille livres de rente, à peu près, à la porte de Ferney [Claude Dupuits de La Chaux]. Je les loge tous deux. Nous sommes tous heureux. Je finis en patriarche. Je voudrais à présent marier Mlles Calas à deux conseillers au parlement de Toulouse.

On dit la comédie de M. Dupuis [Dupuis et Desronais, comédie de Charles Collé, inspirée d’une nouvelle des Illustres Françaises de Robert Challe] fort jolie : cela est heureux. Le nom de notre futur est Dupuits [à Le Brun , il écrira que cette coïncidence « est d’un bon augure »]. Frère Thiriot doit être fort aise de la fortune de Mlle Corneille. Elle la mérite . Savez-vous que cette enfant a nourri longtemps son père et sa mère du travail de ses petites mains [Jean-François Corneille était « facteur de la petite poste dans les rues de Paris »] ? La voilà récompensée. Sa vie est un roman.

Je vous embrasse tendrement, mon cher frère. Écrasez l’Infâme. »

1 L'édition de Kehl qui abrège (et abrègera systématiquement et souvent supprimera ) la formule écrasez l'infâme en écr. l'inf. Avec cette note : « Il faut désigner ainsi ces deux derniers mots qui reviennent souvent dans les lettres à Damilaville . »

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15/12/2017 | Lien permanent

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