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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

il faut discuter ses raisons modestement avec lui, et ne pas le juger sans l’avoir entendu, etc

... Ce qui semble n'avoir pas été le soucis premier de ce fonctionnaire autrichien qui se contente de juger d'après ses a priori de ce que doit être "un gay" afghan 

https://www.20minutes.fr/monde/2321343-20180816-autriche-...

Résultat de recherche d'images pour "fonctionnaire borné humour"

Comment est le monde, fonctionnairement parlant ?

 

 

« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin

Ferney, 21 auguste 1763 1

Monseigneur, vous voulez des assassinats, vous en aurez. En voici une paire 2 dans le paquet de M. d’Argental. Si vous voulez, vous lirez ces rogatons avant mes anges, ou bien vous les lirez avec mes anges.

Pendant que je vous envoie des tragédies, M. de Montpéroux vous fait sans doute le récit de la farce de Genève. Vous verrez comme les enfants de Calvin ont changé. Il est assez plaisant de voir tout un peuple demander réparation pour Jean-Jacques Rousseau. Ils disent qu’il est vrai qu’il a écrit contre la religion chrétienne, mais que ce n’est pas une raison assez forte pour oser donner une espèce d’assigné pour être ouï à un citoyen de Genève ; que si un citoyen de Genève trouve la religion chrétienne mauvaise, il faut discuter ses raisons modestement avec lui, et ne pas le juger sans l’avoir entendu, etc.

Vous entendrez parler bientôt de la cité de Genève, et je crois que vous serez obligé d’être arbitre entre le peuple et le magistrat ; car vous êtes garant des lois de cette petite ville, comme du traité de Westphalie. Cela vous amusera, et vous aurez le plaisir d’exercer vos talents de pacificateur de l’Europe.

Je me flatte toujours que vous daignerez aussi être mon juge, et que Mariette vous présentera une requête pour le traité d’Arau . Je serai jugé par vous en vers et en prose ; mais il m’est plus aisé de changer deux actes de tragédie que de faire un factum contre l’Église.

Je suis avec un profond respect,

monseigneur,

votre très humble et très obéissant serviteur.

L’aveugle V. »

1 Le manuscrit original signé est passé en vente par le marquis Filippo Raffaeli da Cingoli le 19 novembre 1863 . L'Amateur d'autographes, du 1er novembre 1863 , et l'éditeur Gabriel Charavay, donnent à tort Richelieu comme destinataire . Or la seule personne à qui Montpéroux puisse faire un rapport sur les troubles de Genève est évidemment le ministre des Affaires étrangères, le duc de Choiseul-Praslin . Voir aussi la lettre du 23 aout 1763 à d'Argental : « Mes anges doivent avoir reçu un gros paquet adressé à M. le duc de Praslin . »

2 Le Triumvirat .

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16/08/2018 | Lien permanent

Vous avez de bons conseils, consultez-les et faites ce qu'ils vous diront 

... De Sarlozy à Macron ?

L'ex-président, hôte-homme-à-tics, se fait de la pub pour son "Le temps des tempêtes", livre de plage pour le temps des trempettes . Ah pognon , quand tu nous tient !

 

 

« A Charles Manoël de Végobre

à Genève

M. Debrus sait sans doute que M. le duc de Praslin a parlé fortement au Conseil pour faire avoir une gratification à Mme Calas, sans préjudice de la prise à partie contre laquelle monsieur le vice-chancelier s’était déclaré d'abord 1. Si M. Debrus n'en est pas encore instruit, monsieur de Végobre est supplié de le lui apprendre .

Je crois qu'on peut tirer un très grand parti du manuscrit que monsieur de Végobre m'a confié ; mais je pense qu'il y faut mettre beaucoup plus de modération, et que l'ouvrage doit paraître venir d'un auteur impartial . Il ne servirait, dans l'état où il est, qu'à mettre les Toulousains en fureur, et il ferait beaucoup plus de tort que de bien aux protestants . J'en raisonnerai avec monsieur de Végobre quand je serai assez heureux pour avoir l'honneur de le voir .

A Ferney 13è avril 1765 . »

1 Élie de Beaumont écrit le 11 avril à V* : « Quelqu'un vous mandera peut-être aujourd'hui que le roi vient de faire un traitement à la famille Calas . Mme Calas vint me voir hier matin et me fit part qu'elle était mandée chez M. le vice-chancelier pour 11 heures pour recevoir la volonté du roi . Vers midi son fils Pierre vint chez moi me dire que le roi leur donnait 36 000 livres savoir 30 000 livres de gratification et 6000 pour les frais de leurs voyages . Après les premiers remerciements ils lui demandèrent si Sa Majesté leur défendait par là prise à partie . M. le vice-chancelier leur répondit : « Vous avez de bons conseils, consultez-les et faites ce qu'ils vous diront . » Cette réponse a cela de bon qu'elle n'annonce nullement que la prise à partie déplaise au roi comme les Toulousains d'ici l'avaient répandu d'abord . On doute néanmoins qu’elle puisse avoir lieu si les esprits des magistrats du Conseil ne sont pas un peu animés, tantae molis est [trad. : tout est une entreprise difficile] de punir parmi nous des prévaricateurs dont les charges excèdent 40 000 livres . Le dernier résultat de l'assemblée tenue chez M. d'Argental le mercredi 3 avril a été que pour être conséquent et raisonnable il fallait aussi prendre à partie les treize juges de la Tournelle plus coupables encore que les capitouls puisqu'ils étaient préposés par la loi pour les rectifier . Pour cela il faut la permission du Conseil et l'on craint fort que ces petits rois plébéiens ne paraissent assez puissants pour que par une faiblesse honorée du nom de politique on refuse de la permettre . On dit même qu'ils font à Toulouse la bonne contenance de vouloir faire imprimer la procédure, et qu’ils ont rendu arrêt portant défense d'afficher notre jugement d'absolution . Mais ce dernier fait n'est pas confirmé . On pense qu'il n'y a que des défenses verbales qui après tout produiront le même effet . »

 

 

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28/07/2020 | Lien permanent

On s’est imaginé assez ridiculement que je suis en France, et je m’aperçois en effet que j’y suis parce que je manque de

... France, pays de Cocagne, qu'es-tu devenue ?

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« A Jean Le Rond d'Alembert

3è mai 1767

M. Necker qui part dans l’instant, mon cher et véritable philosophe, vous rendra une Lettre au conseiller 1. Messieurs de la poste en ont butiné deux, selon leur louable coutume. Ces messieurs de la poste aux lettres deviendront des gens très lettrés ; ils se forment une belle bibliothèque de tous les livres qu’ils saisissent. Chaque pays, comme vous voyez, a son inquisition ; vous n’êtes pas plus tôt délivré des renards que vous tombez dans la main des loups 2.

Votre Lettre au conseiller devrait exciter le monde à faire une battue. Ne voudriez-vous point ajouter à l’histoire de la Destruction quelque chose concernant l’Espagne, en retranchant le dernier chapitre touchant le serment que devaient prêter les jésuites, chapitre devenu inutile par les précautions que l’on a prises en France contre ces pauvres diables dignes aujourd’hui de pitié ?

L’imbécile et ignorant libraire qui s’est chargé de votre seconde édition ne l’aura pas achevée sitôt. Je n’ai de lui aucune nouvelle ; toute communication est interrompue entre Genève et la France. On s’est imaginé assez ridiculement que je suis en France, et je m’aperçois en effet que j’y suis parce que je manque de tout. Je ne sais comment on fera pour faire passer dans votre monarchie française la Lettre au conseiller. Il n’est plus permis de lire, et il n’y a que les auteurs du Journal chrétien et Fréron qui aient la liberté d’écrire.

Vous verrez par les deux petites pièces ci-jointes 3 qu’on ne rogne pas les ongles de si près dans les pays étrangers. L’exemple que donne l’impératrice de Russie est unique dans ce monde. Elle a envoyé quarante mille Russes prêcher la tolérance 4 la baïonnette au bout du fusil. Vous m’avouerez qu’il était bien plaisant que les évêques polonais accordassent des privilèges à trois cents synagogues, et ne voulussent pas souffrir l’Église grecque.

Bonsoir mon cher philosophe  car il faut que M. Necker parte . Souvenez-vous, je vous en prie, que je n’ai aucune part aux Anecdotes sur Bélisaire . On m’accuse de tout ; voyez la malice ! »

1 C’est l’écrit de d’Alembert. La (première) Lettre à M*** , conseiller au Parlement de *** pour servir de supplément à l'ouvrage qui a pour titre Sur la destruction des jésuites en France, publiée en 1767 ; la suggestion de V*d’évoquer les affaires des jésuites d’Espagne aboutit à la publication de la Seconde Lettre à M. *** […] sur l'édit du roi d'Espagne pour l'expulsion des jésuites, datée du 15 juillet 1767.

2 L'opposition entre loups ( jansénistes ) et renards (jésuites) revient plusieurs fois à l'époque sous la plume de V*. on la trouve déjà dans le Pot-pourri .

3 La Lettre sur les panégyriques et la Seconde anecdote sur Bélisaire .

4 Entrée des Russes en Pologne. Voyez l’Essai sur les dissensions des Églises de Pologne, dans les Fragments sur l’histoire. : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/461

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17/11/2022 | Lien permanent

qui a reçu de l'Auteur de la nature un goût sûr et un génie qui promet les plus belles choses

... Oui, qui ? Chaque ministre est persuadé d'avoir ces qualités . La réalité les rattrape inexorablement , eux et leurs chefs de partis , élus qui ne cessent de se croire les flambeaux de millions d'électeurs et ne seront que quinquets à éteindre dès qu'ils toucheront à leurs finances .

 

 

« A Jacques Lacombe

Libraire

quai de Conti 1

à Paris

A F[erney] 27 mars 1769

Un malade qui est à son dixième accès de fièvre 2 a reçu avec une grande consolation la lettre de monsieur Lacombe pour qui sa tendre estime augmente tous les jours . Il le remercie d'avoir enfin rendu le Mercure un livre véritablement utile et agréable . Il a reçu aussi une lettre charmante de M. Dupaty, avocat général de Bordeaux et vient de lui faire réponse à Bordeaux tout faible qu'il est .

Il voudrait bien pouvoir insérer dans le Mercure quelques-unes de ses niaiseries ; mais la plupart ne sont pas niaiseries à privilège du roi . En voici une pour convertir les athées 3 . Il y a quelques vers qui peuvent marcher la tête levée ; et d'autres qui doivent se cacher . L’Épître à Boileau est à peu près dans le même cas à l’égard de quelques vers.

Monsieur de Lacombe est prié de communiquer l'épître contre les athées à M. de La Harpe qui n'est point athée et qui a reçu de l'Auteur de la nature un goût sûr et un génie qui promet les plus belles choses .

Le pauvre malade embrasse de tout son cœur monsieur de Lacombe .

N.B. qu'il a écrit à MM. Panckoucke et Cramer une lettre vigoureuse 4 dans laquelle il leur démontre qu'il ne faut pas fureter dans toute l'Europe les rogatons et les fadaises qui peuvent avoir échappé à un vieux bonhomme pour en faire un recueil immense et qu'on ne va point à la poste avec un si gros bagage . »

1 Ces trois mots ont été corrigés d'une autre main en rue Christine .

3 On y trouve le fameux « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer. » : Épître à l'auteur du livre des Trois Imposteurs : https://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89p%C3%AEtres_(Voltaire)/%C3%89p%C3%AEtre_104

4 Aucune lettre de ce genre à cette date ne nous est parvenue .

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25/09/2024 | Lien permanent

Toutes les règles ont été observées dans mon contrat

... C'est désormais un article de notre constitution républicaine, les femmes se voient garantir la permission de recourir à l'IVG et de trouver le personnel soignant apte à l'accomplir . Et arrêtons le recours à la "clause de conscience" qui permet , en obéissant à des églises et des dieux hypothétiques, de refuser un soin essentiel pour des femmes en détresse .

Au passage, bravo à Catherine Ringer pour sa version de la Marseillaise : https://www.youtube.com/watch?v=tirU92Sbzn4&ab_channe...

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Merci Mme Veil

 

 

 

« A Pierre-Michel Hennin, Résident

de France à Genève

18è auguste 1768 à Ferney 1

Je ne vous ai point du tout prié, monsieur, de mettre auguste à la place d’août 2, comme en usent tous les peuples de l’Europe, excepté les Welches. Mais je vous prie de croire que j’ai l’hypothèque la plus assurée sur la terre d’Annemasse, attendu que j’ai prêté expressément pour en faire l’acquisition, et pour prix non payé. J’ai été substitué aux droits de M. de Barol, ci-devant possesseur de cette terre. J’en ai la reconnaissance. Toutes les règles ont été observées dans mon contrat.

Je plains beaucoup madame de Monthoux, et sa rage de se remarier. Je souhaite que ses autres créanciers entrent comme moi dans quelque composition.

Voulez-vous bien avoir la bonté, monsieur, de me marquer si M. de Foncet veut pêcher Annemasse, soit en eau claire, soit en eau trouble. Je n’aurai pas à me reprocher d’avoir dépouillé la veuve et l’orphelin ; et, si vous accommodez cette affaire, je vous serai très obligé de me faire rendre quelques sous pour les louis d’or que j’ai donnés.

Je souhaite à Stanislas et à Catau toutes les prospérités imaginables, mais à vous surtout, monsieur, que j’aime mieux que tous les potentats du Nord. »

1 Original, fin autographe à partir de « mais à vous surtout, [...] ». L'édition Correspondance inédite, 1825 ne reproduit pas le passage de la main de V*.

2 Hennin avait écrit : « Le 15 qui n’est pas plus auguste que le 16. Août peut être barbare comme pain ; mais il est seul pour signifier un de nos mois, et auguste a déjà, ce me semble, assez d’étendue. Pardon ; c’est peut-être la seule chose en quoi je ne pense pas comme vous. »

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08/03/2024 | Lien permanent

je ne souhaiterais point du tout que M*** eût le contrôle général : il fricasserait tout en deux ans ; tout l’argent ira

... Est-ce cela qui fait tant hésiter le président pour choisir et désigner le nouveau chef du gouvernement ? J'en doute , mais allez savoir ce qui se passe dans la tête d'un président face à des branquignols qui restent dressés sur leurs ergots avec les pieds dans le fumier de leurs idées dépassées et égoïstes .

 

 

« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille

A Ferney le 24 février [1769]1

Je n’ai jamais prétendu, monsieur, qu’on dût jamais s’offenser d’être comparé à Jean-Baptiste Colbert.2 J’ai écrit seulement qu’un ministre de la Guerre et de la Paix n’avait pas plus de rapport à un contrôleur général qu’avec un archevêque de Paris. Je vous avoue même que je ne souhaiterais point du tout que M. le duc de Choiseul eût le contrôle général : il fricasserait tout en deux ans ; tout l’argent irait en gratifications, pensions, bienfaits, magnificences. Un contrôleur général doit avoir la main et le cœur un peu serrés. M. le duc de Choiseul a des vices tout contraires à cette vertu nécessaire. Il ne se corrigerait jamais de son humeur généreuse et bienfaisante. Quand milord Bolingbroke fut fait secrétaire d’État, les filles de Londres, qui faisaient alors la bonne compagnie, se disaient l’une à l’autre : « Betty, Bolingbroke est ministre ! Huit mille guinées de rente ; tout pour nous. 3»

À propos de générosité, je prends la liberté de demander à Mgr le prince de Condé le congé d’un soldat de sa légion 4. J’ai fait un peu les honneurs de ma chaumière à cette légion romaine. J’en rappellerais le souvenir à M. le comte de Maillé s’il était à Paris. J’explique toutes mes raisons à Son Altesse Sérénissime ; mais ces raisons seront bien moins fortes qu’un mot de votre bouche, et je vous supplie d’avoir la bonté de dire ce mot à un prince qui ne se fait pas prier quand il s’agit de faire des heureux.

Agréez, monsieur, les respectueux sentiments du vieux malade de Ferney. »

1 Copie Beaumarchais-Kehl ; éd. Kehl ; Beuchot place cette lettre en 1768 comme celle du 19 janvier ; et Louis Moland la place le 24 avril 1769 .

2 M. de Voltaire avait désapprouvé que, dans des vers adressés à M. le duc de Choiseul, M. le comte du La Touraille eut comparé ce ministre à Colbert. (Kehl). Voyez la lettre du 29 janvier 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/07/le-plaisir-l-emporte-sur-la-peine-6509757.html

3 Anecdote enregistrée dans les Notebooks, I, 61. Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Bolingbroke,_sa_vie_et_son_temps/01

4 Cette lettre n'est pas connue .

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26/08/2024 | Lien permanent

tout est tracasserie, et personne ne s’entend

... Elysée versus Matignon versus Parlement versus Sénat versus le bon sens !

 

 

« À Etienne-Noël Damilaville.

Ferney, 3 janvier 1766. 1

M. le duc de Choiseul m’a écrit 2, mon cher frère, qu’il avait parlé pour la pension de M. d’Alembert, qu’il n’y avait nul mérite, et qu’il n’avait été qu’un enfonceur de portes ouvertes.

Voilà ses propres paroles ; je vous prie instamment de les rapporter à notre cher philosophe. Avouons donc que M. le duc de Choiseul a une belle âme. Ce qu’il a fait pour les Calas le prouve assez . Rendons-lui justice. Il y a eu du malentendu dans la protection qu’il a donnée à l’infâme, pièce de Palissot3. Il lui avait fait entendre que les philosophes décrieraient le ministère. Nous ne devons point avoir de meilleur protecteur que ce ministre généreux, qui a de l’esprit comme s’il n’était point grand seigneur ; qui a fait de très-beaux vers4, même étant ministre ; qui a sauvé bien des chagrins à de pauvres philosophes ; qui l’est lui-même autant que nous ; qui le paraîtrait davantage si sa place le lui permettait.

Mon cher frère, tout est tracasserie, et personne ne s’entend. On m’a rendu un compte très fidèle de la prétendue5 lettre à Mme du Deffant, dont quelques fragments ont couru sous mon nom. Elle n’en à point donné de copies, quelques indiscrets en ont retenu des bribes. Il s’agissait d’une mauvaise plaisanterie que je reprochais à Mme du Deffant . Vous savez en pareil cas combien on altère le texte.

Lisez ces vers6 avec vos amis, mais n’en laissez point prendre de copie. Je ne veux pas me brouiller avec les moines de Sainte-Geneviève ; Soufflot7 trouverait mes vers mauvais.

Je vous embrasse tendrement. »



1 L'édition Correspondance littéraire, pas plus que le manuscrit ne désigne le destinataire .

2 Lettre du 26 décembre 1765 . A propos de Choiseul : https://www.persee.fr/doc/rhmc_0996-2743_1904_num_6_6_4349

3 Les Philosophes .

4 Le duc de Choiseul s’était donné pour l’auteur de l’ode contre le roi de Prusse. Voyez lettre du 13 juin 1760 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/10/la-morale-est-un-peu-moins-ennuyeuse-en-vers-bien-frappes-qu-5637586.html

5La Correspondance littéraire porte : « On m'a rendu un compte très fidèle de la présente lettre [...] », ce qui n'a guère de sens .

Selon Beuchot : « C’est dans la Correspondance de Grimm (mars 1766) qu’a été publiée la lettre à Damilaville, du 3 janvier, et on y lit « présente lettre à Mme du Deffant ». Il est évident que le mot présente est une faute. Un éditeur récent a mis prétendue, correction qui ne rend pas la phrase plus claire. Je n’ose affirmer que la lettre à Mme du Deffant, dont il est question ici, soit celle du 27 janvier 1764 (voir lettre du 27 janvier 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/02/04/on-n-est-occupe-que-des-enormes-sottises-qu-on-fait-de-tous-cotes-le-raison.html ), que des indiscrets avaient fait imprimer. »

6 L’Épître à Henri IV .

7 Jacques-Germain Soufflot, architecte, né à Irancy, près d’Auxerre, en 1714, mort en 1781, constructeur de la salle de spectacle et de quelques autres monuments à Lyon, était chargé de la construction de la nouvelle église Sainte-Geneviève, aujourd’hui le Panthéon, à Paris.

. Dans le poème de V* on lit : La fille qui naquit aux chaumes de Nanterre, /Pieusement célèbre en des temps ténébreux ;/N’entend point nos regrets, n’exauce point nos vœux,/De l’empire français n’est point la protectrice.

Ste Geneviève a été invoquée par une procession et des prières publiques lors des désastres de 1709 ( voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_famine_de_1709 ) Robert Challes écrit dès l'année suivante dans les Difficultés sur la religion proposées au père Malebranche ( https://mazarinum.bibliotheque-mazarine.fr/records/item/2221-redirection ) : « On a bien mis de nos jours un tableau de Sainte Geneviève au nom de toute la ville de Paris et du royaume pour la remercier du secours reçu par l'intercession de cette bonne patronne l'année 1709 . hé ! Vérité éternelle ! Où fut-il donc, ce secours ? Les blés pourris en terre reverdirent-ils ? Tous les peuples n'en furent-ils pas aux abois ? Un tiers n’en moururent-ils pas de faim? Hé bien, dans deux cents ans, sur la foi de ce tableau, on fera le récit d'un miracle que l'on n'osera nier avec une si bonne attestation . »

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24/04/2021 | Lien permanent

Très-souvent une guerre continue, par cela seul qu'elle a été commencée. Il faut s'attendre à tout

 ... Bien que le pire ne soit jamais sûr !

La tâche est d'effacer la tache . Try again !

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 Comme Volti, je me permets de souhaiter du bien à ceux que j'aime , sans restriction .

 

 

« A Madame la duchesse de SAXE-GOTHA
Aux Délices, près de Genève, 2 novembre [1756].

Madame, Votre Altesse sérénissime daigne m'envoyer le détail des malheurs qui environnent vos frontières. Ils ne pénètrent point jusqu'à vos États, et c'est une grande consolation. Qui sait même si la fortune, qui change si souvent la face de la terre, ne pourrait pas amener les choses au point que la branche aînée 1 reprit les droits dont Charles-Quint l'a dépouillée autrefois 2? Je ne souhaite de mal à personne; mais il m'est permis de souhaiter du bien à l'héroïne à laquelle je suis si attaché. Mais, probablement, tout se bornera à du sang répandu dans les gorges de la Bohême, et à de l'argent pris dans la Saxe. On dit que les Saxons payent au soldat prussien sept groschen par jour et un richdaller 3 à chaque officier. Il faut fournir encore toutes les provisions, qui sont immenses et, quelque ordre que le roi de Prusse mette il parait bien difficile que l'impératrice-reine soit longtemps en état de soutenir la guerre contre la Prusse, l'Angleterre, la Hesse, etc. Sur quel prétexte, d'ailleurs, la ferait-elle après le traité du roi de Prusse avec la Saxe? Elle n'aura plus l'électeur de Saxe à secourir, elle ne pourra manifester le dessein secret de reprendre la Silésie; elle n'est pas assez riche pour soudoyer une armée de Russes. Il se peut donc faire qu'on ait la paix cet hiver, et c'est assurément ce qu'on doit désirer. Mais il se peut aussi que l'opiniâtreté fasse durer les malheurs du genre humain. Très-souvent une guerre continue, par cela seul qu'elle a été commencée. Il faut s'attendre à tout; mais je ne serai point surpris si le roi de Prusse fait et donne un opéra au mois de janvier dans Berlin, après avoir donné une bataille en Bohême au mois de septembre.
Que je voudrais être dans votre cour, madame! que je voudrais être aux pieds de Votre Altesse sérénissime Mais il y a une nièce qui gouverne ma vieillesse, et qui ne veut plus passer par Francfort.
Je suis bien inquiet sur la santé de la grande maîtresse des cœurs, le ciel conserve la vôtre, madame, et celle de votre auguste famille! Agréez mon profond respect et ma reconnaissance. »

1 De Saxe.

 

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29/08/2012 | Lien permanent

M. le premier président de Dijon avait envoyé f*** mon adverse partie

... Ce qui n'est que justice quand on a à faire avec un curé malveillant .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

11è mars [1764]

Mon cher frère, je vous prie de me mander s’il est vrai qu’on va jouer ô l'impie 1; si les moyens de rappel en faveur des huguenots  2 est un bon livre ; si on peut avoir le mandement de Christophe 3, et celui du doux Caveyrac 4; si l’ouvrage attribué à Saint-Evremond produit quelque bon fruit dans le monde ; si vous avez reçu un petit billet que j’écrivais à Mariette 5, dans lequel je l’avertissais que M. le premier président de Dijon avait envoyé f*** mon adverse partie ; si on continue ou si on abandonne le procès de la pauvre Calas, etc., etc., etc.

Je crois que frère Berthier a passé aujourd’hui auprès de chez moi pour aller à Soleure . Je suis très fâché de ne lui avoir pas donné à dîner . J’avais quelques Anglais avec moi qui auraient augmenté le plaisir de l’entrevue. Nous étions quinze à table, et je remarquais avec douleur qu'excepté moi, il n’y en avait pas un qui fût chrétien. Cela m’arrive tous les jours . C’est un de mes grands chagrins. Vous ne sauriez croire à quel point cette maudite philosophie a corrompu le monde . La révolution des jésuites est bien moins étonnante et moins grande . Mon frère, écr. l’inf. »

1 Sur la plaisanterie à laquelle celle-ci fait écho, voir lettre du 18 janvier 1763 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/16/jean-jacques-fait-des-lacets-dans-son-village-avec-les-monta.html

2 Principes politiques sur le rappel des protestants en France par Turmeau de la Morandière. ; voir lettre du 15 février 1764 à Moultou : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/02/27/on-dit-que-cet-ecrit-est-bon-par-consequent-il-a-du-etre-fort-inutile.html

et : https://numelyo.bm-lyon.fr/f_view/BML:BML_00GOO0100137001100972582

5 Billet inconnu .

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07/04/2019 | Lien permanent

la raison vient de Dieu, et la superstition vient des hommes

 

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« A Peacock i


A Ferney, 8 décembre 1767

 

Je ne saurais , Monsieur, vous remercier en anglais, parce que ma vieillesse et mes maladies me privent absolument de la facilité d'écrire. Je dicte donc en français mes très sincères remerciements sur le livre instructif que vous avez bien voulu m'envoyer ii. Vous m'avez confirmé de vive voix iii une partie des choses que l'auteur dit sur l'Inde ; sur ses coutumes antiques conservées jusqu'à nos jours ; sur ses livres, les plus anciens qu'il y ait dans le monde ; sur les sciences, dont les brachmanes ont été les dépositaires ; sur leur religion emblématique, qui semble être à l'origine de toutes les autres religions . Il y a longtemps que je pensais, et que j'ai même écrit une partie des vérités que ce savant auteur développe . Je possède une copie d'un ancien manuscrit iv qui est un commentaire du Veidam, fait incontestablement avant l'invasion d'Alexandre. J'ai envoyé à la Bibliothèque royale de Paris l'original de la traduction faite par un brame, correspondant de notre pauvre Compagnie des Indes, qui sait très bien le français.

 

Je n'ai point de honte, Monsieur, de vous supplier de me gratifier de tout ce que vous pourrez retrouver d'instructions sur ce beau pays où les Zoroastre, les Pythagore, les Apollonius de Thyane ont voyagé comme vous.

 

J'avoue que ce peuple, dont nous tenons les échecs, le tric-trac, les théorèmes fondamentaux de la géométrie, est malheureusement d'une superstition qui effraie la nature. Mais avec cet horrible et honteux fanatisme il est vertueux, ce qui prouve bien que les superstitions les plus insensées ne peuvent étouffer la voix de la raison : car la raison vient de Dieu, et la superstition vient des hommes qui ne peuvent anéantir ce que Dieu a fait.

 

J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec une très vive reconnaissance ... »

 

ii  Deux premiers volumes de Interesting historical Events relative to the provinces of Bengal and the Empire of Indostan, 1766-1771, de J. Z. Holwell. http://books.google.fr/books?id=s_0RAAAAYAAJ&printsec...

 

 

iii  A Chabanon, le 26, V* écrira qu'il a eu chez lui « le fermier général du roi de Patna » qui « sait très bien la langue courante des brahmes. »

 

iv  Cf. la lettre à Deshauterayes du 21 décembre 1760 au sujet de ce prétendu ancien manuscrit.http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/26/o...

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08/12/2010 | Lien permanent

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