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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Tranquilles spectateurs, intrépides esprits

Resté en rade face à un "serveur introuvable" pendant des heures (merci SFR + 9, ça c'est du service top niveau ! non ? ), je me contente, ce jour, de vous faire partager ce poême voltairien où l'auteur dit son embarras et son espoir malgré tout devant un désastre qui fit tant de victimes.Personnellement,  je ne pleure pas pour les morts, je suis affligé pour les survivants qui doivent subir les horreurs de la dévastation et les con...ies de Berlusconi.

VOLTAIRE - Poème sur le désastre de Lisbonne (1756)


O malheureux mortels ! ô terre déplorable !
O de tous les mortels assemblage effroyable !
D'inutiles douleurs éternel entretien !
Philosophes trompés qui criez : " Tout est bien " ;
Accourez, contemplez ces ruines affreuses,
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses.
Ces femmes, ces enfants l'un sur l'autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés :
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l'horreur des tourments leurs lamentables jours !
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous : " C'est l'effet des éternelles lois
Qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix " ?
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes :
" Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes " ?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants ?
Lisbonne, qui n'est plus, eut-elle plus de vices
Que Londres, que Paris, plongés dans les délices ?
Lisbonne est abîmée, et l'on danse à Paris.
Tranquilles spectateurs, intrépides esprits,
De vos frères mourants contemplant les naufrages,
Vous recherchez en paix les causes des orages :
Mais du sort ennemi quand vous sentez les coups,
Devenus plus humains, vous pleurez comme nous.
Croyez-moi, quand la terre entrouvre ses abîmes,
Ma plainte est innocente et mes cris légitimes. [...]
Un jour tout sera bien, voilà notre espérance ;
Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion.
Les sages me trompaient, et Dieu seul a raison.
Humble dans mes soupirs, soumis dans ma souffrance,
Je ne m'élève point contre la Providence.
Sur un ton moins lugubre on me vit autrefois
Chanter des doux plaisirs les séduisantes lois :
D'autres temps, d'autres moeurs : instruit par la vieillesse,
Des humains égarés partageant la faiblesse,
Dans une épaisse nuit cherchant à m'éclairer,
Je ne sais que souffrir, et non pas murmurer.
Un calife autrefois, à son heure dernière,
Au Dieu qu'il adorait dit pour toute prière :
" Je t'apporte, ô seul roi, seul être illimité,
Tout ce que tu n'as pas dans ton immensité,
Les défauts, les regrets, les maux et l'ignorance. "
Mais il pouvait encore ajouter l'espérance.

L'espérance ! yes...

Alors écoutez ça, accros de la bécane , c'est du vécu : http://www.youtube.com/watch?v=QYWvyRCNqMI&feature=re...

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16/04/2009 | Lien permanent

Quelque mépris qu'on ait pour la calomnie, il est quelquefois nécessaire de la réfuter

... Le couple Fillon est fort mal placé pour réfuter ce qui n'est que la vérité .

Le "condamné par le tribunal médiatique" jouit bien entendu d'une liberté et d'un confort bourgeois que bien d'honnêtes innocents peuvent lui envier . Plus subtil que les Balkany, plus faux-cul aussi . Il va falloir payer !

Pénélope , faute de tapisserie, tu peux continuer ta sinécure de chargée de commission au fleurissement de Solesmes . Attention , ne force pas, ne vas pas te froisser un muscle !

Résultat de recherche d'images pour "procès fillon caricature humour"

 

 

 

« A Pierre Rousseau

25 décembre [1764] 1

Quelque mépris qu'on ait pour la calomnie, il est quelquefois nécessaire de la réfuter . Un libraire d'Amsterdam a cru qu'il était de son intérêt d’imprimer sous mon nom des bêtises hardies . Il a débité une brochure intitulée , Ouvrage posthume de M. de M. Y., Le Testament de Jean Meslier, autre brochure, etc., etc. Il a donné a ce petit recueil le titre de Collection complète des ouvrages de M. de V. Comment un si petit livre peut-il être intitulé Collection complète ? Et comment une œuvre posthume de M. Y. , et un testament d'un homme mort il y a trente ans, peuvent-ils être de moi ? Je ferai encore une autre question : comment ne punit-on pas un tel délit , qui est celui d'un calomniateur et d'un faussaire ? Un autre libraire s’est avisé d'imprimer l'Arétin 2 sous mon nom . Un autre donne mes prétendues Lettres secrètes ; mais mon ami, si elles sont secrètes, elles ne doivent donc pas être publiques . Il ne se passe guère de mois où l'on ne m'attribue quelques ouvrages dans ce goût .

Je ne les lis point, et c'est ce qui me console d'avoir presque entièrement perdu la vue : mais je ne me consolerais pas de ces impertinentes imputations, si je ne savais que les honnêtes gens voient avec indignation ces abus de la presse, et que les hommes en place ne jugent pas sur des brochures de Hollande et sur des gazettes . Il faut pardonner cet abus de l'imprimerie en faveur du bien qu'elle a fait aux hommes . »

1 D'après l'édition « Extrait d'une lettre de M. de Voltaire, du 25 décembre » dans le Journal encyclopédique du 1er janvier 1763 ; une copie manuscrite a été faite d'après l'imprimé .

2 L'Arétin moderne, 1763, de Henri-Joseph du Laurens ; l'ouvrage ne porte pas le nom de V* et est donné comme publié « aux dépens de la congrégation de l'Index », ce qui évidemment est une paisanterie . Il a été condamné à Genève le 11 janvier 1764. Voir : https://data.bnf.fr/fr/13093423/henri-joseph_dulaurens_l_arretin/

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207923x/f3.image

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri-Joseph_Dulaurens

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27/02/2020 | Lien permanent

Ainsi j'avais rempli toutes mes promesses avant d'avoir de vos nouvelles

... Ainsi dit Emmanuel Macron lorsqu'il intervient aux Assises de la mer à Montpellier , confirmant le renforcement de notre marine .

D'autre part, il fait fort bien aussi  de mettre Trump en face de la réalité en parlant de "mort cérébrale de l'OTAN" . Je pense que subconsciemment ou malicieusement notre président parle du cerveau de comptable de Donald qui rabâche une suite de chiffres de dépenses sans aucune justification humaine .

 

 

« A François-Louis Jeanmaire

16è octobre 1764 à Ferney

Il y a longtemps monsieur que M. Camp a 79 995 livres en dépôt pour vous et M. Dupont a pu vous remettre une lettre de change de la même somme de 79 995 livres payable au 12 octobre préfix à votre ordre par M. Camp à Lyon .

Les 20 005 livres restantes pour compléter vos 200 000 livres ont été prêtes dès le 1er octobre, ainsi que l'argent déposé chez M. Camp .

Ne recevant point de vos nouvelles, j'ai adressé par la messagerie de Genève à Strasbourg les 20 005 livres savoir 833 louis d'or, et le reste en écus . Ils devaient partir il y a huit jours, mais j'apprends qu'ils ne sont partis qu’aujourd’hui  de Genève . Le paquet est de toile cirée, ficelé, avec deux cachets de mes armes et deux cartes, portant que le group contient 833 louis d'or et 2 écus de six francs pour être rendus à Strasbourg , à l’ordre de M. Jeanmaire receveur de Mgr le duc de Virtemberg .

Ainsi j'avais rempli toutes mes promesses avant d'avoir de vos nouvelles .

Je reçois aujourd'hui votre lettre du 4 octobre par laquelle vous me mandez de vous faire tenir à Montbéliard la lettre de change sur Lyon . Vous voyez bien que cela est impossible, puisqu’elle vous attend à Colmar depuis si longtemps . Je pense monsieur que le plus court moyen et le plus convenable de toute façon, est de vous transporter à Colmar et d'y faire venir le paquet d'or de Strasbourg . C'est bien dommage que nous soyons si éloignés l'un de l'autre . Si j'avais pu m'établir auprès de Montbéliard comme j'en avais grande envie, notre affaire aurait été consommée en un jour . Je me flatte que votre amitié me dédommagera de cet éloignement .

Au reste monsieur si vous n'avez pu toucher la moitié des deux cent mille livres aussitôt que nous l'aurions désiré, M. le comte de Montmartin verra aisément que ce n'est ni votre faute ni la mienne, et il rendra toujours justice à votre diligence et à votre zèle .

Ne doutez pas de la sincère amitié avec laquelle je serai toute ma vie

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

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Les sottises présentes occupent toujours tout le monde, et les sottises passées n’amusent qu'un très petit nombre de gen

... Mme Buzyn, qu'allez-vous faire en cette galère ? Le corona virus est  infiniment moins nocif que le monde politique, vous devriez le savoir, votre rôle de contrefeu est vain . Dati, Buzyn, Hidalgo, etc., comment choisir autrement que pour le/la moins pire . Un vrai choix de lézard, se faire bouffer ou y laisser sa queue (métaphoriquement, messieurs ) ; qui aura l'honneur de ce sacrifice ?

Greame Allwright vient de mourir, et je dédie cette chanson à tous les électeurs encartés à quelque parti que ce soit : https://www.youtube.com/watch?v=BZNaIvvBhnM&list=RDEL... ( le choix du vieux con/vieille conne étant laissé à votre choix , la connerie d'ailleurs n'ayant pas d'âge pour sévir )

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

15è décembre 1764

Frère Cramer est d'accord, mon cher frère, ainsi, envoyez au plus tôt l'histoire de messieurs de Loyola 1, mais n'oubliez pas de me parler des nouveaux édits . Tous mes correspondants me mandent d'ordinaire quand il s'agit d'une chose bien intéressante , Je ne vous la mande pas, car vous la savez . Gardez-vous bien de les imiter, dites-moi tout, car je ne sais rien .

On parle de la suppression de tous les receveurs et contrôleurs du dixième . Je crois encore que cela ne vous regarde pas 2, et que votre emploi est à l'abri d'un nouveau règlement ; je vous prie de m'en instruire ; je suis un vrai frère , je m'intéresse à vous spirituellement et temporellement .

Je crois que dans le moment présent on ne s’intéresse guère aux rêveries du testament du cardinal de Richelieu . Les sottises présentes occupent toujours tout le monde, et les sottises passées n’amusent qu'un très petit nombre de gens oisifs .

Les nouveaux édits retarderont probablement le beau morceau d’éloquence qu'Omer prépare ; s'il est encore aidé par Chaumeix cela sera divin . Continuez à échauffer le génie de Protagoras . Dieu le destine sans doute à un grand apostolat . Il faut qu'il écrase le monstre . N'est-ce pas une chose honteuse qu'on ait tant reproché aux philosophes de s'unir pour faire triompher la raison, et qu'aucun d'eux n'écrive en sa faveur ? Il faudrait au moins qu'ils méritassent les reproches qu'on leur fait . Mourrai-je sans avoir vu les derniers coups portés à l'hydre abominable qui empeste et qui tue ?

Je vous embrasse bien tendrement . Écr l'inf . »

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17/02/2020 | Lien permanent

Je m’applaudis tous les jours de m'être éloigné de cette ville où la concorde n’habitera jamais, et d'avoir choisi une p

... Certes il y a une place pour la Concorde, mais c'est une arlésienne , que l'on n'a aucune chance de croiser ni à pieds, ni a cheval, ni en trottinette, ni bien entendu en voiture . Elle a vu plus de 1100 guillotinés , ça fait peur quand même ! De quoi continuer à en perdre la tête . Paris , temple des râleurs ! Il y a pourtant de belles choses à voir ... mais si peu de Parisiens paisibles .

Une exécution capitale, place de la Révolution, peinture de Pierre-Antoine Demachy (vers 1793)

... Non, sire , c'est une révolution !

https://www.hotel-de-la-marine.paris/L-Hotel-de-la-Marine...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

8è janvier 1766

Dieu vous préserve, mes divins anges , de lire le mémoire genevois que vous trouverez c-joint 1 ; donnez-le si vous voulez à l'avocat consultant qui peut dévorer cet ennui . Les choses se sont un peu aigries à Genève depuis que je ne m'en mêle plus . Ce n’est pas la faute de M. Hennin qui a toujours paru tenir la balance égale , il ne faut s'en prendre qu'à deux ou trois petits événements qui ne feraient pas une nouvelle dans la place Maubert 2, et qui ont ulcéré le cœur des citoyens de Genève . Je m’applaudis tous les jours de m'être éloigné de cette ville où la concorde n’habitera jamais, et d'avoir choisi une petite retraite en Suisse, où je vais quelquefois passer les beaux jours .

Je vous supplie , mes anges, de vouloir bien engager M. Marin à empêcher les libraires d'imprimer les tristes vers que j'ai faits sur un événement fort triste . J'ai assez parlé de Henri IV en ma vie sans ennuyer encore ses mânes .

Ce pauvre Lekain me fend le cœur ; la pension devait être à lui, ou ni vous ni moi ne nous y connaissons . Je vois que l'humeur décide souvent des petites affaires comme des grandes . Nous attendons ici Pierre Corneille ; il ne manquera pas de nous faire quelque tragédie pour notre petit théâtre . S'il fait des vers comme sa fille les récite nous aurons beaucoup d'applaudissements . Nous espérons avoir Virginie quand le grand deuil et le grand froid seront passés 3 ; nous l'essaierons à huis clos , car il faut voir les choses en place pour en bien juger .

Mettez-moi, je vous prie, au bout de vos ailes, et de celles de M. le duc de Praslin. »

 

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29/04/2021 | Lien permanent

Votre affaire qui est infiniment plus considérable ne finit donc point? Vous ne savez donc point à quoi on s'en tiendra 

... La justice française ne brille pas par sa rapidité si on se réfère à la majorité des affaires saisies et plus encore si on observe le cas Mis et Thiennot où l'on demande révision de leur procès jugé il y a soixante-treize ans : qui dit mieux ?

https://www.huffingtonpost.fr/justice/article/affaire-ray...

misthiennot.jpg

Deux morts à réhabiliter ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

22 février 1768

Mon cher ami, il est très certain que La Harpe m'a fait une infidélité dont les suites peuvent être fort désagréables . Son épigramme contre Dorat et celle contre Piron qu'il a fait ou laissé courir sous mon nom ne sont pas non plus des procédés d'amis . Nous nous sommes séparés honnêtement . J’ai ordonné à mon banquier de Lyon de leur fournir l'argent nécessaire pour leur voyage .

Je vous demande en grâce de parler à M. d'Alembert . Il convient bien d’avoir donné des copies du manuscrit en question à M. d'Alembert, à M. le comte de Rochefort et à d'autres ; mais il dit qu'il n'en a donné à M. d'Alembert que parce que celui-ci n'en avait qu'une copie très informe . C'est ce qu'il est aisé de savoir . Enfin pour dernière ressource il prétend qu'il détient le second chant d'un jeune homme nommé Antoine, sculpteur de son métier . Je vous avoue que j'ai un extrême désir de trouver quelqu’un qui puisse parler à cet Antoine qui comme vous savez demeure rue Hautefeuille, mais surtout que cela reste entre M. d'Alembert et vous . Je veux qu'on ignore et les obligations que m'a La Harpe et les tours qu'il m'a joués . Ce sont des imprudences de jeune homme qu'il peut aisément réparer . Je vous le demande en grâce, mon cher ami, que cette malheureuse aventure soit dans le dernier secret .

Votre affaire qui est infiniment plus considérable ne finit donc point? Vous ne savez donc point à quoi on s'en tiendra ? Si la place qui vous est promise est supprimée garderez-vous celle que vous avez ?

Avez-vous reçu un paquet que le sieur Brossier dit vous avoir envoyé ? Ah mon cher philosophe, que ne puis-je achever mes jours avec vous . Écrasez l'infâme .

Voulez-vous bien faire mettre simplement à la poste ordinaire cette lettre pour M. de Florian, et envoyer par la petite poste, celle pour M. d'Hornoy 1 ? Voulez-vous bien avoir la bonté de les cacheter ? »

1 Aucune de ces deux lettres n'est connue .

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06/10/2023 | Lien permanent

Je n’ai pas eu un moment à perdre, et il est impossible d’y rien changer désormais

... et surtout ne perdons pas la face !" dit Emmanuel Macron en accueillant les réfugiés amenés par l'"Ocean Viking" . Cette bonne volonté est déjà relativisée par les déclarations de Darmanin : "deux tiers des migrants à bord du navire seront accueillis par neuf pays européens" https://www.francetvinfo.fr/societe/immigration/direct-ocean-viking-le-gouvernement-organise-l-evacuation-sanitaire-de-quatre-passagers-du-navire-de-sos-mediterranee_5468877.html

 

Rédigé le 10/11/2022 pour édition le 9/11

 

 

« A Henri-Louis Lekain

27 avril 1767

Vous me ferez un extrême plaisir, mon cher ami, d’essayer une ou deux représentations des Scythes, à votre retour de Grenoble, suivant la leçon nouvelle ci-jointe. Engagez M. Molé à se prêter à mes désirs. Je serais au désespoir de nuire à sa santé ; mais il joue dans le comique, et son rôle dans les Scythes est bien moins violent que plusieurs rôles de comédie. Je m’en tiendrai même à une seule représentation. Elle vous attirera certainement beaucoup de monde, en annonçant qu’elle sera donnée suivant une nouvelle édition qu’on a reçue de Genève.

J’ai à vous demander pardon, mon cher ami, de vous avoir fait un rôle dont le fond n’est pas aussi intéressant que celui d’Indatire ; il n’a pas ce tragique fier et terrible de Ninias, d’Oreste, et de quelques rôles dans lesquels j’ai servi heureusement vos grands talents. C’est un très jeune homme amoureux comme un fou, fier, sensible, empressé, emporté, qui ne doit mettre dans l’exécution de son personnage aucune de ces pauses, lesquelles font ailleurs un très bel effet. Il doit surtout couper la parole à Obéide avec un empressement plein de douleur et d’amour. Je ne doute pas que vous n’ayez réparé par cet art, que vous entendez si bien, le peu de convenance qui se trouve peut-être entre ce personnage et le caractère dominant de votre jeu.

J’ai envoyé à M. d’Argental deux exemplaires pareils à celui que je vous envoie. J’ai été dans la nécessité absolue de m’en tenir à cette édition, parce que l’on réimprime actuellement la pièce en plusieurs endroits, et qu’on la traduit en italien et en hollandais. Je n’ai pas eu un moment à perdre, et il est impossible d’y rien changer désormais sans faire du tort aux traducteurs et aux éditeurs.

Je vous embrasse de tout mon cœur. Si vous avez de l’amitié pour moi, faites ce que je vous demande. Il vous sera bien aisé de faire porter sur les rôles les changements que vous trouverez à la main dans l’exemplaire ci-joint. 

V.»

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09/11/2022 | Lien permanent

Il me vient des volées d'Anglais, je leur ferme la porte au nez

... Ou plus exactement d'anglais ! Juste retour de bâton après le Brexit ? Non pas . On tente, tant qu'il est possible de refouler les anglicismes : https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/expressions-fran...

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine, marquise de Florian

au château d'Hornoy

par Abbeville

15è mars 1768 à Ferney 1

Je reçois, ma chère nièce, votre lettre du 5 mars . Vous savez à présent que votre sœur est chez vous, et qu'il faut qu'elle arrange nos affaires avec le maréchal de Richelieu, tandis que je ferai des traités avec le duc de Virtemberg .

Vous savez aussi, peut-être, que M. de la harpe m'a fait une infidélité dont les suites m'ont coûté de violents chagrins . Mais il faut oublier ce procédé, pardonne[r] entièrement à La Harpe, et ne se jamais souveni[r de ce ] qu'il m'a fait par imprudence plutôt que par [avari]ce 2.

Vous vous imaginez donc, mes chers seigneurs d'Hornoy, que je ferai avoir dans quatre ans une lieutenance au très aimable Florianet ? Savez-vous bien que j'ai soixante et quatorze ans, et que dans quatre ans j'en aurai soixante et dix-huit ? Ma délabrée figure n'est pas assurément faite pour atteindre jusque là . Mais je vous jure que si les jansénistes me laissent vivre jusqu'à cet âge, je demanderai bien vivement cette lieutenance . Je ferai mieux . Si avant ce temps-là Atropos coupe mon vieux fil, je tiendrai une lettre toute prête qu'il n'y aura qu'à faire parvenir à M. le duc de Choiseul . Il aime la plaisanterie ; il exécutera mon testament je vous en réponds .

Me voici tout seul avec père Adam, après avoir eu deux cents personnes à souper, et après avoir donné la comédie . Le fracas ne me va point . La solitude me sied mieux. Je vais mettre en ordre toutes mes paperasses, [et] cela sera long . Ferney est la plus belle retraite qu'il y ait à cinquante lieues à la ronde . Vous ne sauriez croire combien le château et les jardins sont embellis, mais je n'y reçois personne . Il me vient des volées d'Anglais, je leur ferme la porte au nez . Mon goût pour la solitude est devenu ma passion dominante, mais elle est subordonnée à celle que j'ai pour vous deux.

V.

Cependant il a bien fallu recevoir aujourd'hui les Genevois des deux partis qui sont venus se réjouir chez moi et s'embrasser après avoir voulu s'égorger il y a huit jours . Tout est fini à la satisfaction du peuple . »

1 Original, post scriptum autographe, cachet « de Lyon » . Le manuscrit est endommagé par la cachet.

2 Ou malice ?

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01/11/2023 | Lien permanent

Plus vous serez gai, plus longtemps vous vivrez

pleurer rire.jpg

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Dédié à tous les candidats, politiques en mal de reconnaissance : http://www.deezer.com/listen-294527  ; je vous le recommande chaudement (surtout en ce temps hivernal !)

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 Deux fous géniaux : http://www.deezer.com/listen-7156802

Un déglingué modèle qui a vérifié le titre de cette note : http://www.deezer.com/listen-2420943

 

 

 « A Frédéric II, roi de Prusse

 

A Ferney, ce 6 décembre [1771]

 

Sire,

 

Je n'ai jamais si bien compris qu'on peut pleurer et rire dans le même jour. J'étais tout plein et tout attendri de l'horrible attentat commis contre le roi de Pologne i, qui m'honore de quelque bonté. Ces mots qui dureront à jamais : Vous êtes pourtant mon roi, mais j'ai fait serment de vous tuer ii m'arracheraient des larmes d'horreur, lorsque j'ai reçu votre lettre et votre très philosophique poème iii qui dit si plaisamment les choses du monde les plus vraies. Je me suis mis à rire malgré moi, malgré mon effroi et ma consternation. Que vous peignez bien le diable et les prêtres, et surtout cet évêque, premier auteur de tout le mal !iv


Je vois bien que quand vous fîtes ces deux premiers chants, le crime infâme des Confédérés n'avait point encore été commis. Vous serez forcé d'être aussi tragique dans le dernier chant que vous avez été gai dans les autres, que Votre Majesté a bien voulu m'envoyer v. Malheur est bon à quelque chose, puisque la goutte vous a fait composer un ouvrage si agréable vi: depuis Scarron, on ne faisait point de vers si plaisants au milieu des souffrances. Le roi de la Chine ne sera jamais si drôle que Votre Majesté vii, et je défie Moustapha d'en approcher.

 

N'ayez plus la goutte, mais faites souvent des vers à Sans-Souci dans ce goût-là. Plus vous serez gai, plus longtemps vous vivrez : c'est ce que je souhaite passionnément pour vous, pour mon héroïne viii, et pour moi chétif.

 

Je pense que l'assassinat du roi de Pologne lui fera beaucoup de bien. Il est impossible que les Confédérés, devenus en horreur au genre humain, persistent dans une faction si criminelle. Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que la paix de la Pologne peut naitre de cette exécrable aventure.

 

Je suis fâché de vous dire que voilà cinq têtes couronnées assassinées en peu de temps ix dans notre siècle philosophique. Heureusement, parmi tous ces assassinats, il se trouve des Malagrida x, et pas un philosophe. On dit que nous sommes des séditieux ; que sera donc l'évêque de Kiovie xi? On dit que les conjurés avaient fait serment sur une image de la Sainte Vierge, après avoir communié. J'ose supplier instamment Votre Majesté, si ingénieuse et si diabolique xii, de daigner m'envoyer quelques détails bien vrais de cet étrange évènement xiii, qui devrait bien ouvrir les yeux à une partie de l'Europe. Je prends la liberté de recommander à vos bontés l'abbaye d'Oliva xiv. Je me mets à vos pieds (pourvu qu'ils n'aient plus la goutte) avec le plus profond respect et le plus grand ébahissement de tout ce que je viens de lire. »

 

 

 

i Stanislas-Auguste Poniatowski a été victime d'un attentat le 3 novembre 1771 ; il fut seulement blessé, et selon les historiens, par hasard .Il se serait agi seulement de le déposer et pour cela de l'enlever. V*, le 3 décembre lui envoya ses « vœux pour (sa) conservation et pour (son) bonheur. »

 

ii Serment fait à la Vierge ; cf. note xiii

 

iii   La Guerre des Confédérés, poème imité de La guerre civile de Genève de V* et destiné à « peindre les folies des Confédérés, ... les sottises d'un Krasinski, d'un Potocki, d'un Oginski ... » comme dit Frédéric le 18 novembre.

Les Confédérés sont des Polonais catholiques hostiles à l'égalité des Dissidents (non catholiques) hostiles à l'intervention politique et armée de Catherine II dans les affaires polonaises et au roi Stanislas qu'elle a contribué à mettre en place.

 

iv    Dans le Chant I de son poème, Frédéric écrit : « Tout vieux démon est l'intime des prêtres ;/ .../ Tel parut-il (le diable) jouant la comédie, / Mais qui devint fatale tragédie, / ... Voir : Page 196 et suivantes : http://books.google.be/books?id=6cxWAAAAMAAJ&pg=PA463...

Au Chant II : « ... les seigneurs s'assemblèrent, / Parmi ces chefs éclatait Krasinsky,/ Malakowski, le vaillant Potocki... » : Page 204, etc .

 

v    Le 12 janvier 1772, Frédéric répondra : « Il était vrai que mon poème était achevé lorsque cet attentat se commit ; je ne le jugeais pas propre à entrer dans un ouvrage où règne d'un bout à l'autre un ton de plaisanterie et de gaieté ; cependant je n'ai pas voulu, non plus , passer cette horreur sous silence, et j'en ai dit deux mots, en passant, au commencement du chant cinquième ... J'ai poussé la licence plus loin ; car , quoique la guerre dure encore, j'ai fait la paix d'imagination pour finir... Vous verrez par le troisième et quatrième chant que je vous envoie, qu'il n'était pas possible de mêler des faits graves avec tant de sottises... »

 

vi    Une crise de goutte de cinq semaines a « donné le temps de rimer et de corriger tout à son aise » à Frédéric.

 

vii     Allusion au poème de Kien Long, Éloge de la ville de Moukden ... et à l'épître-simulation que Frédéric a alors écrite à V* « de la part du roi de la Chine » ; cf. lettre à Frédéric du 20 décembre 1770.

 

viii  Catherine II.

 

 

ix    Louis XV : attentat de Damiens en janvier 1757 ; Joseph de Portugal : 1758 ; Pierre III de Russie : juillet 1762 ;Ivan de Russie : juillet 1764; Stanislas de Pologne : 1770.

 

x   Des jésuites, comme Malagrida, avaient été impliqués dans l'attentat contre le roi de Portugal, Malagrida fut relâché. Cf. lettre du 10 février 1759 aux Cramer.

 

xi   Sans doute Zaluski, un des instigateurs des Confédérés, dont parle Frédéric dans son poème , sans le nommer.

 

xii   Le 18 novembre, en envoyant son poème, Frédéric écrit :  « sur les folies des Confédérés » soutenus par le pape : « comme je suis un hérétique excommunié une fois pour toutes, j'ai bravé les foudres du Vatican. »

 

xiii    Frédéric répond le 12 janvier : « L'horrible attentat entrepris et manqué contre le roi de Pologne s'est passé 'à la communion près) de la manière dont il est détaillé dans les gazettes. Il est vrai que le misérable qui a voulu assassiner le roi de Pologne en avait prêté le serment à Pulawski maréchal de confédération, devant le maitre-autel de la Vierge, à Czenstochow. Je vous envoie les papiers publics, qui peut-être ne se répandront pas en Suisse... ». « Le corps de la Confédération n'agît pas par système. Ce Pulawski ... est proprement l'auteur de la conspiration tramée contre le roi de Pologne. Il a été page du prince Charles de saxe et c'était pour placer ce prince sur le trône qu'il a tramé cet horrible complot. Les autres Confédérés rejettent ce prince ... les uns y veulent placer le landgrave de Hesse, les autres l'Électeur de Saxe, d'autres encore le prince de Teschen. Tous ces partis différents ont ... de la haine l'un pour l'autre. » En effet, les ambitions personnelles et les rivalités y sont importantes.

 

xiv     Riche abbaye près de Dantzig dont l'abbé était par tradition un gentilhomme prussien jusqu'alors nommé par le roi de Pologne.  

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03/12/2010 | Lien permanent

Je n'ai nulle confiance à aucun papier public ni à ceux qui les répandent, et je crois qu'il faudra s'en défaire à la pr

 ... Il n'est qu'à se mettre au courant des dernières (?!) décisions gouvernementales , impopulaires mais quand même nécessaires , pour se convaincre que Voltaire pourrait tenir le même langage en France du XXIè siècle ; voir : http://www.laposte.net/thematique/actualites/bourse/article.jsp?idArticle=20131024153847-pea--pel--assurance-vie---600-millions-de-prelevements-supplementaires-&idAgg=actu_bourse

 Dans un tout autre domaine d'action, l'impôt à 75% provoque la menace de grève du monde, si énormément important pour la survie du peuple et  le bonheur des chomeurs, la grève donc du monde  des footeux .

Pourvu qu'ils tiennent parole !

que cette grève se durcisse !

se prolonge indéfiniment !

qu'on laisse pousser le gazon jusqu'à hauteur des genoux !

que les supporters fassent du sit in dans leurs bistros favoris, qu'ils cotisent pour compenser la perte de pouvoir d'achat de leurs idoles taxées !

qu'ils fassent bouillir leurs ballons en soupes maigres !

qu'ils fassent tout ce qu'ils veulent mais qu'ils ne nous gonflent plus avec leur misère dorée !

 

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« A Jean-Robert Tronchin

Aux Délices 9 septembre 1758 1

Vous trouverez ci-joint, mon cher correspondant, la seule approbation 2 que j'aie donnée depuis un an aux opérations de ce monde . Tout confirme que nous avions bien raison l'année passée . Je doute fort que l'homme le plus adroit eût pu engager messieurs de Berne à vous prêter deux millions . Ils donnent des régiments pour de l'argent et n'en prêtent point à la France . C'est un système qu'il serait difficile de changer . Il est certain qu'ils viennent de donner au landgrave de Hesse cent mille écus qu'ils lui avaient promis . Le résident d 'Angleterre qui est à Berne y a plus de crédit que l'ambassadeur .

Je vous prie de me faire savoir combien perdent sur place les billets de la 4è loterie et les annuités . Je n'ai nulle confiance à aucun papier public ni à ceux qui les répandent, et je crois qu'il faudra s'en défaire à la première occasion un peu favorable . Je n'ai pas meilleure opinion de nos affaires à Pondichéry, où chacun pille comme en Europe . Les fonds y manquent pour payer nos troupes, et l'indiscipline y est aussi grande que dans nos armées de Westphalie .

Je reçois aujourd'hui des lettres d'un officier général de ce pays-là, qui me confirme ces tristes nouvelles . Je n'en ai aucune de Cadix . La flotte n'a rien apporté pour moi . Je souhaite qu'elle ait apporté quelque chose pour vous . Ce temps ci est funeste pour tout le monde, et même pour ceux qui aiment le bon vin . Dieu nous refuse de quoi boire, et les hommes se mangent . Je vous prie pour me consoler de vouloir bien engager quelque honnête Provençal à me faire avoir un baril d'excellente huile d'olive . Je ne me console point de n'avoir pu vous voir à Genève . Adieu mon cher monsieur . Vous avez encore eu mille bontés pour un jeune mousquetaire du roi mon parent 3. Il n'y a sorte d'obligation que nous ne vous ayons .

V.

J'ai reçu de MM. Tronchin et Camp mon compte du 31 juillet 1758 par lequel ils me redoivent d'une part 405 665 livres d'une part, et de l'autre 14 billets de la quatrième loterie et quarante billets d'annuités . Approuvé le 9 août 1758.

Voltaire. »

1 Cette lettre est composée de neuf fragments .

2 V* avait d'abord écrit opération .

3 Le cousin Daumart , qu'un malheureux accident de cheval va mettre à la charge de V* .Voir dans : http://booksnow1.scholarsportal.info/ebooks/oca10/38/lafa...

« C'est une bien malheureuse créature que ce Daumart, écrivait-il de Ferney à Mme de Fontaine, mais son père était encore plus sot que lui, et son grand-père encore plus . Je n'ai pas connu le bisaïeul, mais ce devait être un rare homme » Or le bisaïeul en question était également l'aïeul maternel de Voltaire . Il est pourtant juste de constater à la décharge du chatealin de Ferney qu'il avait sur les bras depuis dix neuf mois ce « mousquetaire Daumart » devenu rapidement impotent sous son toit des suites d'une ancienne chute de cheval compliquée sans doute de l' »avarie » récemment contractée à Genève . »

 

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24/10/2013 | Lien permanent

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