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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

J'ai tout mon temps à moi je griffonne des histoires, je songe à des tragédies; et quand je ne souffre point, je suis he

... Ce que je dirai dans un peu moins d'une année, si les petits cochons ne me mangent pas .

 Dès ce jour mon blogounet entame sa cinquième année, tout comme celui de LoveVoltaire (à quelques jours près), et ce sont plus de cent cinquante mille visites et plus de trois cent dix mille pages lues qui, au fond de moi, m'encouragent .

A ceux qui me sont fidèles et à ceux qui arrivent sur ce blog par hasard, je ne demande qu'une chose : lisez Voltaire avec esprit, avec coeur, vous ne le regretterez pas .)

PS (Pensée Subliminale) : Les commentaires créent du lien, usez-en, s'il te-vous plait !

 

pomme raisin7471.JPG

 Cueillons ! cueillons !

 Au chateau de Voltaire, ces deux là n'ont pas froid aux ...

 

 

“A M. le comte d'ARGENTAL.
Conseiller d'honneur du Parlement

 rue de la Sourdière

 à Paris

 
A Monrion, près de Lausanne, 6 février 1757.

Moi, aller à Pétersbourg, mon cher ange . Savez-vous bien que ma petite retraite des Délices est plus agréable que le palais d'été de l'autocratrice? Si Dosmont joue la comédie, je la joue aussi ; et je fais le bonhomme Lusignan dans huit jours. Cela me convient fort,
Car à revoir Paris je ne dois plus prétendre;
Vous voyez qu'au tombeau je suis prêt à descendre.
(Zaïre, acte II, scène 3 , Lusignan.)1

Nous avons un bel Orosmane, un fils 2 du général Constant 3, qui a soupé avec vous à Argenteuil avec MIle du Bouchet 4. Votre tragédie de Robert-François Damiens, et de tant de fous, n'est donc pas encore finie Je ne sais pas pourquoi les comédiens ne hasardent pas Mahomet dans ces circonstances.

 Vous avez une belle âme d'aimer toujours le tripot au milieu de toutes les atrocités qui vous entourent. Les plus sages sont assurément ceux qui cultivent les arts, et qui aiment le plaisir tandis que les autres se tourmentent.
Le roi de Prusse m'a écrit de Dresde une lettre très-touchante. Je ne crois pourtant pas que j'aille à Berlin plus qu'à Pétersbourg je m'accommode fort de mes Suisses et de mes Genevois. On me traite mieux que je ne mérite. Je suis bien logé dans mes deux retraites. On vient chez moi on trouve bon qu'en qualité de malade je n'aille chez personne. Je leur donne à dîner et à souper, et quelquefois à coucher. Mme Denis gouverne ma maison. J'ai tout mon temps à moi je griffonne des histoires, je songe à des tragédies; et quand je ne souffre point, je suis heureux. Vous m'avouerez que ce Dosmont a tort de vouloir que je quitte tout cela pour l'aller entendre à Pétersbourg. S'il avait vu mes plates- bandes de tulipes au mois de février, il ne me proposerait pas ses glaces.
On dit que Mlle Dumesnil et Lekain se sont en effet surpassés dans Sémiramis. L'abbé 5 coadjuteur de Retz n'aurait-il pas mieux fait d'aller là qu'à son abbaye ?
Adieu, mon cher et respectable ami. Il n'y a que vous de sage, j'y compte aussi les anges.
Le Suisse VOLTAIRE.”
 

 2 David-Louis Constant de Rebecque, connu sous le nom de Constant d'Hermenches (1722-1785) : http://gw4.geneanet.org/cvpolier?lang=fr;p=david+louis;n=constant+de+rebecque

 3 Samuel Constant de Rebecque (1676-1756) : http://gw4.geneanet.org/cvpolier?lang=fr;p=samuel;n=constant+de+rebecque

 4 Mme d'Argental, née du Bouchet. Son mariage datait de 1737, semblait n'être pas connu de tout le monde . L'hôte doit donc être Constant l'aîné .

 5 L'abbé de Chauvelin, alors exilé pour avoir donné sa démission de conseiller de la troisième chambre des enquêtes. (CL.)

 

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29/09/2012 | Lien permanent

si vous me conservez une amitié à laquelle je suis mille fois plus sensible qu’à mes infortunes

A fignoler ...

 Le chant de l'âne, tourment pour ce coquin de Volti qui a laissé aller un peu trop loin sa plume .

Plus contemporain, moins leste, mais moqueur , à juste titre aussi, L'Âne et le Gendarme, du Fou chantant, Charles Trénet :

http://www.deezer.com/listen-7302409

 

ane-du-Cheikh.png

J'ai une grande affection pour les chats, et un goût immodéré pour Le Chat du Rabbin de Johann Sfar, d'où vient cette image .

 http://www.chat-du-rabbin.com/fre/Serie/Les-personnages/L...

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

Colmar, le 7 novembre [1754]

 

Je reçois deux lettres aujourd'hui, mon cher et respectable ami, par lesquelles on me mande qu'on imprime la Pucelle, que Thieriot en a vu des feuilles, qu'elle va paraître ; on écrit la même chose à Mme Denis . Fréron semble avoir annoncé cette édition . Un nommé Chévrier en parle . M. Pasquier 1 l'a lue tout entière en manuscrit chez un homme de considération avec lequel il est lié par son goût pour les tableaux . Ce qu'il y a d'affreux, c'est qu'on dit que le chant de l'âne 2 s'imprime tel que vous l'avez vu d'abord, et non tel que je l'ai corrigé depuis . Je vous jure , par ma tendre amitié pour vous, que vous seul avez eu ce malheureux chant . Mme Denis a la copie corrigée ; auriez-vous eu quelque domestique infidèle ? Je ne le crois pas . Vos bontés, votre amitié, votre prudence, sont à l'abri d'un pareil larcin, et vos papiers sont sous la clef . Le roi de Prusse n'a jamais eu ce maudit chant de l'âne de la première fournée . Tout cela me fait croire qu'il n'a point transpiré, et qu'on n'en parle qu'au hasard . Mais si ce chant trop dangereux n’est pas dans les mains des éditeurs, il y a trop d'apparence que le reste y est . Les nouvelles en viennent de trop d'endroits différents pour n'être pas alarmé . Je vous conjure, mon cher ange, de parler ou de faire parler à Thieriot . Lambert est au fait de la librairie, et peut vous instruire . Ayez la bonté de ne pas me laisser attendre un coup après lequel il n'y aurait plus de ressource, et qu'il faut prévenir sans délai . Je reconnais bien là ma destinée ; mais elle ne sera pas tout à fait malheureuse si vous me conservez une amitié à laquelle je suis mille fois plus sensible qu’à mes infortunes . Je vous embrasse bien tendrement ; Mme Denis en fait autant . Nous attendons de vos nouvelles avant de prendre un parti . »


1 Denis-Louis Pasquier , conseiller au parlement, sous-doyen en 1754 ,première chambre des enquêtes, chargé d'instruire le procès de Damien (attentat contre Louis XV), inventeur du baillon que l'on mettra dans la bouche de Lally-Tollendal en 1766 ; aïeul d'un ministre de la justice du règne de Louis XVIII, Etienne-Denis Pasquier .

2 Toujours dans le dernier chant de La Pucelle, variantes du chant XXI, voir la version qui dans les premières éditions formait tantôt le XVè, tantôt le XVè, tantôt le XVIIIè.

Voir page 342 et suivantes : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411325t/f344.image

Pour lire La Pucelle , voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-orleans-avertissement-82684665.html

 

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11/10/2011 | Lien permanent

Je sais seulement que c'est un barbouilleur de papier complètement déshonoré...En voilà trop sur un homme si méprisable

http://www.deezer.com/listen-5857792

http://www.deezer.com/listen-5857790



« A Claude-Joseph Dorat

A Ferney 6è auguste 1770



J'ignore, monsieur, et je veux ignorer quel est le sot ou le fripon, ou celui qui revêtu de ces deux caractères a pu vous dire que j'étais l'auteur des Anecdotes sur Fréron. Il aura pu dire avec autant de vraisemblance que j'ai fait Guzmán d'Alfarache [ de Mateo Aleman, traduit entre autres par Chapelain et imité par Lesage]. Je n'ai jamais, Dieu merci, ni connu ni vu ce misérable Fréron. Je n'ai jamais vu aucune de ses rhapsodies, excepté une demi-douzaine que je tiens de M. Lacombe [Jacques Lacombe, lettre du 5 juillet 1770]. Je sais seulement que c'est un barbouilleur de papier complètement déshonoré.



Je ne connais pas plus ses prétendus croupiers [ = certains écrivains comme Dorat, désignés dans les Anecdotes, collaborateurs de L'Année littéraire ] que sa personne. Je suis absent de Paris depuis plus de vingt ans, et je n'y ai fait avant ce temps qu'un séjour très court.



L'auteur des Anecdotes sur Fréron dit qu'il a été très lié avec lui. J'ai essuyé bien des malheurs dans ma vie ; mais j'ai été préservé de celui-là.[Thiriot avait envoyé à V* en août 1760 un dossier dont les éléments avaient été fournis, semble-t-il par l'abbé La Porte principalement, peut-être quelque peu par La harpe à qui V* voulait faire attribuer les éditions de 1761 ; cf. lettre à d'Alembert du 9 juillet,lettre à Thiriot du 17 juin]



Je n'ai jamais vu M. l'abbé de La Porte dont il est tant parlé dans ces Anecdotes. On dit que c'est un fort honnête homme, incapable des horreurs dont Fréron est chargé par tout le public.



Vous sentez, Monsieur, qu'il est impossible que j'aie vu Fréron au café de Viseu dans la rue Mazarine. Je n'ai jamais fréquenté aucun café [faux, il a fréquenté Le Procope, proche de la Comédie française ; il y donnait rendez-vous à Baculard d'Arnaud dans un billet du 16 juin 1749 ; il lui est arrivé d'y aller incognito écouter ce qu'on disait de ses pièces], et j'apprends pour la première fois par ces Anecdotes que ce café de Viseu existe ou a existé.



Il est de même impossible que je sache quels sont les marchés de Fréron avec les libraires, et tous les vils détails des friponneries que l'auteur lui reproche. Il serait absurde de m'imputer la forme et le style d'un tel ouvrage.



Vous vous plaignez que votre nom se trouve parmi ceux que l'auteur accuse d'avoir travaillé avec Fréron. Ce n'est pas assurément ma faute. Tout ce que je puis vous dire c'est que vous semblez avoir tort d'appeler cela un affront, puisque vous pouvez très bien lui avoir prêté votre plume sans avoir eu part à ses infamies. Vous m'apprenez vous-même que vous avez inséré dans les feuilles de ce Fréron un extrait contre M. de La Harpe [dans l'Année littéraire de Fréron a paru une « Épître d'un curé à l'auteur du drame de Mélanie », datée du 20 mars 1770, non signée, contre La Harpe].



Je ne sais ce que c'est que l'autre imputation dont vous me parlez.



Si vous êtes curieux de savoir quel est l'auteur des Anecdotes adressez-vous à M. Thiriot ; il doit le connaître ; et il y a quelques années qu'il m'écrivit touchant cette brochure . Adressez-vous à M. Marin qui est au fait de tout ce qui s'est passé depuis quinze ans dans la librairie, et qui sait parfaitement que je ne puis avoir la moindre part à toutes ces futilités. Adressez-vous à Mme Duchesne, à M. Guy [qui travaille chez Duchesne], lesquels doivent être fort instruits des gestes de Fréron ; adressez-vous à Lambert chez qui l'auteur dit avoir vu les pièces d'un procès entre Fréron et sa sœur la fripière. Adressez-vous à M. l'abbé de La Porte qui doit être mieux informé que personne. L'auteur paraît avoir écrit il y a six ou sept ans ; et je vous avoue que j'ai la curiosité de savoir son nom.



Je connais deux éditions des Anecdotes, l'une qui est celle dont vous me parlez, l'autre qui se trouve dans un pot-pourri en deux volumes [Les Choses utiles et agréables, 1770 ; cf. lettre à Thiriot du 17 juin] Il faut qu'il y en ait une troisième un peu différente des deux autres, puisque vous me parlez d'une nouvelle accusation contre vous que je ne trouve pas dans celle qui est en ma possession.



En voilà trop sur un homme si méprisable et si méprisé.



Vous pouvez faire imprimer votre lettre et la mienne.



J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je dois à votre mérite,

Monsieur,

votre très humble et très obéissant

serviteur



Voltaire »



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06/08/2010 | Lien permanent

Il est singulier qu'un père soit un trouble-fête dans une noce

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

29è janvier 1763

 

                            Vraiment, mes anges, j'avais oublié de vous supplier d'empêcher François Corneille, père, de venir à la noce. Si c'était l'oncle  Pierre, ou même l'oncle Thomas, je le prierais en grande cérémonie, mais pour François, il n'y a pas moyen . Il est singulier qu'un père soit un trouble-fête dans une noce ; mais la chose est ainsi, comme vous savez . On prétend que la première chose que fera le père, dès qu'il aura reçu quelque argent, ce sera de venir à Ferney. Dieu nous en préserve ! Nous nous jetons aux ailes de nos anges, pour qu'ils l'empêchent d'être de la noce . Sa personne, ses propos, son emploi [f1]   , ne réussiraient pas auprès de la famille dans laquelle entre Mlle Corneille [f2]   . M. le duc de Villars et les autres Français qui seront de la cérémonie feraient quelques mauvaises plaisanteries . Si je ne consultais que moi, je n'aurais assurément aucune répugnance [f3]   ; mais tout le monde n'est pas aussi philosophe que votre serviteur, et patriarcalement parlant, je seras fort aise de rendre le père et la mère témoins du bonheur de leur fille.

 

                            C'est bien de la faute du père de M. de Colmont [f4] , si un  autre que lui épouse Mlle Corneille . Il a été un mois sans lui répondre, et enfin sa mère a écrit à M. Micault [f5]   quand il n'était plus temps . Il faut avouer aussi que ce Colmont s'est conduit de la manière la plus gauche ; enfin il n'était point aimé, et notre petit Dupuits l'est ; il n'y a pas à répondre à cela.

 

                            Je ne cesse d'importuner mes anges, et de leur demander pardon de mes importunités ; c'est ma destinée, mais que M. d'Argental me parle donc de ses yeux ; car comme je suis en train de perdre les miens, je voudrais savoir en quel état les siens se trouvent . Il ne m'en dit jamais mot ; cela vaut pourtant  la peine qu'on en parle.

 

                            Est-il vrai que M. de Courteilles est assez mal [f6]  ? J'en serais bien fâché . Mme Denis, Mlle Corneille et moi nous baisons vos ailes.

 

                            V. »


 [f1][Jean-François Corneille était « facteur de la petite poste dans les rues de Paris » dit V* ]

 [f2][voir lettre du 24 janvier à Damilaville ]

 [f3][cependant V* écrivit aux d'Argental le 10 janvier : « Mlle Clairon ayant dit qu'elle allait marier Mlle Corneille, Lekain nous écrivit qu'elle épouserait un  comédien ... J'estime les comédiens quand ils sont bons, et je  veux qu'ils ne soient ni infâmes dans ce monde, ni damnés dans l'autre, mais l'idée de donner la cousine de M. de La Tour du Pin à un comédien est un peu révoltante... »]

 [f4][Colmont de Vaugrenand],

 [f5][Micault, aide-major dans l'armée d'Estrées, neveu de Paris-Montmartel, était venu se faire soigner par T. Tronchin ]

 [f6][en fait, il ne mourra qu'en 1767]

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29/01/2010 | Lien permanent

Il ne fait pas bon à présent pour les Français dans les pays étrangers. On nous rit au nez, comme si nous avions été les

... Et je crains bien que cette affirmation de 1757 ne soit réactualisée en disant que tout comme au Mali, nous sommes de puissants enfonceurs de portes ouvertes .

 porte ouverte 1600.png

 

 

« A M. Nicols-Claude THIERIOT.
Chez Mme la comtesse de Montmorency

rue Vivienne à Paris
Aux Délices, 20 novembre [1757].
Je vois par vos lettres, mon ancien ami, que la rivière d'Ain 1 en a englouti une vers le temps de la mort de Mme de Sandwich 2: car je n'ai jamais reçu celle par laquelle vous me parliez de la mort et du testament de cette philosophe anglaise, de votre pension remise, etc. Je vous répète qu'il se noya dans ce temps-là un courrier, et que jamais on n'a retrouvé sa malle.
Je crois qu'on serait moins affligé à Paris et à Versailles si les courriers qui ont apporté la nouvelle de la dernière bataille s'étaient noyés en chemin. Je n'ai point encore de détails, mais on dit le désastre fort grand, et la terreur plus grande encore. Le roi de Prusse se croyait perdu, anéanti sans ressource, quinze jours auparavant, et le voilà triomphant aujourd'hui , c'est un de ces événements qui doivent confondre toute la politique. La postérité s'étonnera toujours qu'un électeur de Brandebourg, après une grande bataille perdue contre les Autrichiens, après la ruine totale de ses alliés, poursuivi en Prusse par cent mille Russes vainqueurs, resserré par deux armées françaises qui pouvaient tomber sur lui à la fois, ait pu résister à tout, conserver ses conquêtes, et gagner une des plus mémorables batailles qu'on ait données dans ce siècle. Je vous réponds qu'il va substituer les épigrammes aux épîtres chagrines. Il ne fait pas bon à présent pour les Français dans les pays étrangers. On nous rit au nez, comme si nous avions été les aides de camp de M. de Soubise. Que faire? Ce n'est pas ma faute. Je suis un pauvre philosophe qui n'y prends ni n'y mets et cela ne m'empêchera pas de passer mon hiver à Lausanne, dans une maison charmante, où il faudra bien que ceux qui se moquent de nous viennent dîner,
Tros Rutulus ve fuat, nullo discrimine habebo. 3
Ce qui me console, c'est que nous avons pris dans la Méditerranée un vaisseau anglais chargé de tapis de Turquie, et que j'en aurai à fort bon compte. Cela tient les pieds chauds, et il est doux de voir de sa chambre vingt lieues de pays, et de n'avoir pas froid. S'il y a quelque chose de nouveau à Paris, mandez-le-moi, je vous en prie; mais vous n'écrivez que par boutades. Ayez vite la boutade d'écrire à votre ancien ami, qui vous aime. »

 1 Sur le manuscrit V* écrit Dain tout comme dans la lettre du 27 janvier 1757 à Jean-Robert Tronchin .

2  Certaine source la déclare morte le 27 juillet 1757 , y a-t-il erreur ou alors a-ton fait courir prématurément l'annonce de ce décès ? Voir lettre du 23 janvier 1755 à Thieriot , où V* se soucie de la santé de la comtesse : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/25/une-sandwich-pour-thiriot-avec-ou-sans-beurre.html

Et voir lettre du 26 octobre 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/01/16/je-n-en-suis-pas-moins-persuade-que-le-commerce-est-l-ame-d.html

3 Virgile, Enéïde, X, 108 : Qu'il soit Troyen ou Rutule, je n'y ferai aucune différence.

 

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03/02/2013 | Lien permanent

au milieu des intérêts publics je ne dois pas songer à mes chagrins particuliers

... Juste les mettre entre parenthèses ! Faire contre mauvaise fortune bon coeur et espèrer une juste solution des emm.... embêtements que créent des proches mal intentionnés .

Au besoin, montrer les dents

 montrer les dents 1314.JPG


 

 

 

« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

 Au Chêne à Lausanne [2 ?] novembre [1757]

L'aventure de Berlin, madame, était déjà dans toutes les gazettes et le prince Louis de Virtemberg me l'avait mandée de Lissa, mais non pas avec toutes les circonstances que vous m'apprenez . On ne dit rien du trésor . Apparemment que le sieur Ferdersdorf , ce valet de chambre premier ministre, l'aura fait transporter à Custrin . Mais il y en avait un autre à Potsdam tout en or . C'eût été une assez bonne capture . Il était auprès de la petite salle des soupers de confidence . Il y aura grande apparence qu'à la fin de toutes ces affaires-ci on verra plus d'espèces circuler en Allemagne .

Je me tais sur cette grande révolution . Il m'est seulement permis de remarquer que Frédéric aurait été le plus heureux des rois aussi bien que le plus riche s'il avait été aussi philosophe qu'il a cru quelquefois l'être . Il aurait épargné à l'Europe la guerre de 1741 et celle qui désole aujourd'hui une partie de l'Allemagne .

Je ne peux que le plaindre . Il m'a écrit plusieurs fois et j'ai goûté la vengeance de le consoler . J'aurais souhaité, je vous l'avoue, qu'il eût un peu justifié les sentiments de compassion qu'il m'a inspiré en réparation de la violence inexcusable dont il usa envers ma nièce, envers une étrangère, une sujette du roi de France qui ne lui devait rien et dont il n'avait aucun sujet de se plaindre . J'apprendrai peut-être quelque jour à la postérité que dans Francfort où l'empereur a été élu, un marchand nommé Smith, condamné pour fausse monoye par une commission impériale, et un nommé Freytag condamné dans Dresde à la brouette, ont de leur autorité privée arrêté ma nièce au nom du roi de Prusse dans la rue au milieu de la populace, l'ont conduite à pied en prison, l'ont fait coucher en présence de quatre soldats qui avaient la baïonnette au bout du fusil au pied de son lit, se sont saisis de ses effets et des miens, les ont gardés tant qu'ils ont voulu et m'ont volé des sommes considérables : Mme Denis n'avait d'autres crimes que de m'avoir conseillé plusieurs fois de revenir dans ma famille . Il est bien étrange que le roi de Prusse m'écrive aujourd'hui sans réparer le moins du monde cette action qui n'est pas à sa gloire . Mais, madame, au milieu des intérêts publics je ne dois pas songer à mes chagrins particuliers, et ma nièce heureuse dans ma retraite oublie ce que ce prince n'aurait pas dû oublier . Est-il possible qu'avec tant de talents il se soit attiré tant d'inimitiés personnelles, et que son esprit n'ait servi qu'à son malheur ! Je réfléchis souvent sur ce grand exemple, les malheurs des rois peuvent servir même aux hommes obscurs . Il ne manquerait rien à la douceur de la retraite dont je jouis si vous veniez habiter à Montriond . Mais je ne compte sur rien que sur mon tendre respect pour vous .

V.

Je vous supplie madame, de me mander les suites de la prise de Berlin . Vous m'écrivez sur de grandes feuilles, soit, pourvu qu'elles soient remplies . »

 

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20/01/2013 | Lien permanent

J'en suis hors de moi . Je m'y intéresse comme homme, un peu même comme philosophe . Je veux savoir de quel côté est l'h

... Voila des paroles d'un homme d'honneur, engagé , respectable, Voltaire !

 Voila qui me console d'avoir à entendre et voir hommes et femmes en quête de pouvoir pour satisfaire leur égo, rien que leur égo, tout leur égo .

Pour paraphraser mon ami Voltaire, "voilà un abominable siècle", des Bachar El Assad, des Daech, des Trump, des Marine Le Pen, des Fillon, des Kim Jong Un, des Congos, des Kim Kardashian, des Cyril Hanouna, des gaz de schiste, usw/etc.

 

ambitieux.png

Je n'ai rien contre les ambitieux, mais je ne peux pas souffrir les ambitieux méprisants

 

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

A Ferney 25 mars 1762

Il y a longtemps que je n'ai eu l'honneur d'écrire à celui qui sera toujours mon premier président . J'ai bien des choses à lui dire . Premièrement son parlement m'afflige . Le roi se soucie fort peu qu'on juge ou non les procès auxquels je m'intéresse ; mais moi je m'en soucie . Voilà une plaisante vengeance d'écolier de dire, je ne ferai pas mon thème parce que je suis mécontent de mon régent . C'est pour cela même au contraire qu'il faut bien faire son thème . J'apprends que vous faites tous vos efforts pour parvenir à une conciliation . Qui peut y réussir mieux que vous ? Vous serez le bienfaiteur de votre compagnie, c'est un rôle que vous êtes accoutumé à jouer . Je vous demande pardon de donner des fêtes quand la 1 province souffre , mais il est bon d’égayer les affligés . Il y en a de plus d'une sorte . Il vient de se passer au parlement de Toulouse une scène qui fait dresser les cheveux à la tête . On l'ignore peut-être à Paris, mais si on en est informé, je défie Paris tout frivole, tout opéra-comique qu'il est, de n'être pas pénétré d'horreur . Il n'est pas vraisemblable que vous n'ayez appris qu'un vieux huguenot de Toulouse nommé Calas, père de cinq enfants, ayant averti la justice que son fils ainé, garçon très mélancolique s’était pendu, a été accusé de l'avoir pendu lui-même en haine du papisme pour lequel ce malheureux avait dit-on quelque penchant secret . Enfin le père a été roué ; et le pendu tout huguenot qu'il était a été regardé comme un martyr et le parlement a assisté pieds nus à des processions en l'honneur du nouveau saint . Trois juges ont protesté contre l'arrêt . Le père a pris Dieu à témoin de son innocence en expirant, a cité ses juges au jugement de Dieu, et a pleuré son fils sur la roue . Il y a deux de ses enfants dans mon voisinage qui remplissent le pays de leurs cris . J'en suis hors de moi . Je m'y intéresse comme homme, un peu même comme philosophe . Je veux savoir de quel côté est l'horreur du fanatisme . L'intendant de Languedoc 2 est à Paris . Je vous conjure de lui parler ou de lui faire parler . Il est au fait de cette aventure épouvantable . Ayez la bonté je vous en supplie de me faire savoir ce que j'en dois penser . Voilà un abominable siècle, des Calas, des Malagrida, des Damiens, la perte de toutes nos colonies, des billets de confession et l'opéra-comique .

Mon cher et respectable ami, ayez pitié de ma juste curiosité . Je soupçonne que c'est vous qui m'avez écrit il y a environ deux mois, mais les écritures quelquefois ressemblent à d'autres . Quand vous aurez la bonté de m'écrire mettez un M au bas de la lettre, cela avertit . Je devrais vous reconnaître à votre style et à vos bontés, mais mettez un M. Car quand je vous renouvelle mon tendre et respectueux attachement je mets un V. »

1 V* , en changeant de page a répété la .

2 Jean-Emmanuel de Guignard, vicomte de Saint-Priest qui était à l'époque intendant du Languedoc .

 

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02/03/2017 | Lien permanent

il espère que Dieu le conservera pour être le fléau des fanatiques et des barbares

... Qui donc ? Evidemment Donald Trump, lequel compte  plus certainement sur Wall Street que sur Dieu, si j'ai bien compris ses premières déclarations .

Quarante cinquième président US ! Et dire qu'il va falloir lui dérouler le tapis rouge, bloquer la circulation, déployer des forces spéciales pour sa sécurité, le nourrir , l'écouter, signer des accords (j'adore la fiction, et parfois la réalité dépasse la fiction), lui serrer la main, faire la bise à sa dame, faire comme si ... Nos candidats à la présidentielle devraient bien intégrer ça dans leurs programmes, et ce n'est qu'une des innombrables couleuvres qu'il (le président) devra avaler ; bon appétit !

 trump pdt.png

Le sauveur US king size mod. 45 (oui, comme le Colt )

 

 

«  A Nicolas-Claude Thieriot

26è janvier 1762, aux Délices

Le frère ermite embrasse tendrement les frères de Paris. Il a un peu de fièvre, mais il espère que Dieu le conservera pour être le fléau des fanatiques et des barbares. Ni lui ni M. Picardin ne sont contents de l’altération du texte du Droit du Seigneur ; et il espère que, quand il s’agira d’imprimer, le texte sacré sera rétabli dans toute sa pureté.

Je suis enthousiasmé du petit livre de l’inquisition ; jamais l’abbé Mords-les n’a mieux mordu, et la préface est un des meilleurs coups de dents qu’ait jamais donné Protagoras 1.

Je suis d’ailleurs très mécontent de frère Thieriot, dont les lettres sont toujours instructives, et qui écrit une fois en six mois. Ce frère aura pourtant, dans six mois, un ouvrage d’un de nos frères de la propagande qui pourra lui être utile 2, et faire prospérer la vigne du Seigneur.

Allons donc, paresseux, écrivez-moi donc comment on a reçu la réplique foudroyante de l’abbé de Chauvelin aux jésuites 3. Quelles nouvelles du tripot de la comédie ? quelle tragédie jouera-t-on ? quelles sottises fait-on ? envoyez-moi donc celles de Piron 4, puisque j’ai lu celles de Gresset 5

V.»

 1 Voltaire nous apprend ici que d’Alembert est auteur de la préface du Manuel des inquisiteurs, de Morellet.

2 C’est-à-dire que Voltaire donnera à Thieriot le produit d’un de ses ouvrages.

3 Réplique aux apologies des jésuites.

 

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21/01/2017 | Lien permanent

Vous acquérez beaucoup d'honneur, monsieur, en prenant la défense de l'innocence

... de ces malheureux poilus qui ont été passés par les armes françaises comme si les balles allemandes ne suffisaient pas à l'horreur de cette "Grande guerre".

Ci-dessous vous voyez un éclat d'obus, sorti du dos d'un mien grand-père , -reçu à Hartmannvillerkopf,(c'est d'actualité depuis hier )-,  lequel grand-père refusa de faire partie d'un peloton d'exécution (au risque de se retrouver lui aussi au bout du fusil) et échappa à une condamnation sommaire, "pour l'exemple",  grâce à un médecin-capitaine qui le fit "porter pâle" . Devant ces injustices , ce Pépé en devint un anti-pétainiste convaincu .

 

hartmannvillerkopfpour blog11112017.JPG

Pour vous donner l'échelle : photo avec 3,5 morceaux de sucre

 

 

« A Pierre Mariette

Au château de Ferney

2è janvier 1763 1

Je ne manquerai pas , monsieur, de faire tout ce qui dépendra de moi , dès que j'aurai lu le mémoire que vous voulez bien m'annoncer, et que sans doute vous me ferez parvenir contresigné .

Je suis attaché à M. Duverney depuis bien longtemps ; je lui ai obligation, je me croirai trop heureux d'engager mes amis à le servir, mais je sais qu'il n'en a pas besoin, et qu'il ne peut avoir un mauvais procès .

Vous n'auriez point sans doute reçu mon paquet 2 concernant des échanges que je fais avec l’Église, et qui exigent, je crois, une ratification du Conseil . Ce n'est qu'une simple affaire de forme . M. Damilaville vous a sans doute fait parvenir les pièces par la petite poste .

Vous acquérez beaucoup d'honneur, monsieur, en prenant la défense de l'innocence de Calas, et l'honneur dans votre noble profession 3, amène tôt ou tard la fortune .

Je vous supplie de m'envoyer votre nouveau mémoire pour les Calas dès qu'il sera imprimé . Il ne m'appartient point du tout d'écrire sur cette affaire ; c'est assez que j'aie obtenu que vous écriviez ; l'aventure des Calas donnera lieu sans doute à beaucoup d'écrits ; mais pour moi, j'ai rempli tous mes devoirs, en remettant leur cause entre vos mains .
Ne doutez pas , monsieur, que l'on ne vous présente un exemplaire de l'édition de Corneille ; je ne connais point l'édition de mes faibles ouvrages dont vous me parlez ; on en achève une actuellement, que j'aurai l'honneur de vous faire parvenir, si la chambre syndicale de Paris ne la vole pas en chemin .

J'ai l'honneur d'être parfaitement

monsieur

votre très humble et obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Manuscrit original avec formule et signature olographes, contresigné « M. Simonnet » .

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11/11/2017 | Lien permanent

Tout arrive, n’en doutez pas ; et il n’y a point de pays où le public soit mieux servi qu’en France

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« A Etienne-Noël Damilaville

12 novembre 1766 1

Vous devez déjà avoir reçu, mon très-cher ami, la lettre 2 par laquelle je vous mandais que le petit ballot était parvenu à M. Boursier, par la messagerie de Lyon à Genève. Tout arrive, n’en doutez pas ; et il n’y a point de pays où le public soit mieux servi qu’en France. Tout le mal venait, comme je vous l’ai dit, de ce qu’on avait mis l’adresse à Genève, au lieu de la mettre à Meyrin, et qu’on n’avait pas envoyé de lettre d’avis pour Genève : sans ces précautions, on court les risques d’un grand retardement.

Je vous ai mandé combien la lettre de M. Tonpla 3 avait attendri M. Boursier. Je vous répète qu’il est bon de s’assurer de la personne 4 dont on semble trop se défier. Je vous répète que cette personne donne tous les jours des paroles positives à M. Boursier, et que ce Boursier, en cas de besoin, pourrait faire face à tout.

Il a écrit à M. de Lamberta 5, et il attend sa réponse ; il ne fera rien sans avoir le consentement de M. de Lamberta. Voilà tout ce que je sais.

Je vous envoie, par une autre lettre, celle que j’écrivis à M. Hume le 24 octobre. Je vous en ai déjà adressé plusieurs exemplaires, mais je crains que M. Jeannel, qui a des ordres très positifs et très justes de ne laisser passer aucun imprimé de Genève, n’ait confondu celui-ci avec tous les autres ; il y a pourtant une très grande différence. Ma lettre à M. Hume n’est qu’une justification honnête et légitime, quoique plaisante, contre les accusations d’un petit séditieux nommé Jean-Jacques Rousseau, qui a osé insulter le roi et tous ses ministres dans tous ses ouvrages, et qui mériterait au moins le pilori, s’il ne méritait pas les petites-maisons. Ma lettre à M. Hume venge la patrie.

Voici une lettre tout ouverte que je vous envoie pour Mme de Beaumont 6 ; je vous prie, mon cher ami, de la lui faire parvenir, soit en l’envoyant à sa maison à Paris, avec certitude qu’elle lui sera rendue, soit en l’adressant à sa terre de Vieuxfumé, d’où Mme de Beaumont a daté. Je ne sais pas où est cette terre de Vieuxfumé 7 . Je suppose qu’elle est près de Caen ; mais, dans cette incertitude, je ne puis qu’implorer votre secours.

L’affaire des Sirven devient pour moi plus importante que jamais ; il s’agit de sauver la vie à un père et à deux filles qui se désespèrent, et qui vont suivre une femme et une mère morte de douleur. M. de Beaumont aurait bien mieux fait de suivre cette affaire que celle de M. de La Luzerne . Il y aurait eu peut-être plus de profit, et sûrement plus d’honneur.

Mon cher ami, ne nous lassons point de faire du bien aux hommes ; c’est notre unique récompense. »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. ; édition Correspondance littéraire la donne sans destinataire ; le troisième paragraphe manque sur la copie ainsi que les mots , et qui mériterait […] petites-maisons .

4 Le roi de Prusse.

6 Cette lettre manque .

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16/02/2022 | Lien permanent

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