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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je vais vous dire une dure vérité

... "J'ai eu une très belle carrière politique, je veux maintenant me pencher sur une carrière dans les médias" comme dit Roselyne Bachelot . Il faut reconnaitre qu'elle est plus douée pour ceci et le grand guignol que pour la bonne tenue d'un ministère , l'improvisation et les à-peu-près dont elle nous avait gratifié nous reviendront moins chers que sa glorieuse période vaccinale .

Ah Roselyne ! éclatez-vous bien , "penchez vous" jusqu'à y tomber dans la carrière médiatique et pendant que vous y serez ramassez un gadin * que vous pourrez jeter dans le jardin des "Républicains" incultes/jardin inculte des "Républicains".

 * Gadin = caillou

 

soupe au caillou.jpg

Aussi indigeste que les 86 millions de vaccins anti-grippaux jetés au feu

 

« A Ami Camp

J'ai l'honneur , monsieur, de vous envoyer six chevilles pour boucher une partie des trous que je vous ai faits, c'est à vous à voir ce que vous en voulez faire, si vous pouvez les négocier à Lyon sans y rien perdre, si vous voulez les envoyer à M. Tronchin 1 en cas qu'il ait des paiements à faire , enfin, disposez-en comme vous le jugerez à propos . Je vous enverrai encore un petit adjutorium 2 au mois de mai ; et je vous ferai probablement de larges saignées au mois de juin . Je vous donne plus d'affaires qu’aucun barbouilleur de ma sorte .

Ne m'avez-vous pas dit, mon,sieur, que vous aviez la bonté de m'envoyer quatre tonneaux de vin de Beaujolais ? Je vais vous dire une dure vérité, c'est qu'il n'y a qu'un cri à Genève contre le vin de Beaujolais cette année, il n'est point moelleux, il n'est point couvert, il est vert, il n'est point potable ; le deviendra-t-il ? Vous connaissez-vous en vins ? Dites-moi ce que vous en pensez .

Faites, je vous en prie, mes tendres compliments à votre cher associé et soyez persuadé des sentiments avec lesquels je serai toute ma vie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire

28è avril 1760 aux Délices »

1 Jean-Robert Tronchin qui se trouve encore à Paris pour quelque temps .

2 Un « secours »

 

 

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29/04/2015 | Lien permanent

J'ignore assez les facéties de Genève ; j'ai ouï dire qu'il y avait des cocus

... Cela n'est plus de mon fait, heureusement ou hélas, selon des avis compétents ou presque .

 

« A Élie Bertrand, premier

Pasteur de l’Église française

à Berne .

29è décembre 1760 au château de Ferney par Genève

Je trouve, mon cher monsieur, que le sieur 1 a été bien pressé ; je lui avais fait écrire qu'il devait attendre votre commodité ; soyez sûr que pour moi je serai toujours à vos ordres ; et que je n'aurai jamais de plus grand plaisir que celui de vous en faire .

J'ignore assez les facéties de Genève ; j'ai ouï dire qu'il y avait des cocus, des professeurs galants, des marchands qui tirent des coups de pistolets, des prêtres qui nient la divinité de J.-C. et qui avec cela ne veulent pas être éternellement damnés ; mais je ne me mêle des affaires de cette ville que pour me faire payer les dîmes par les citoyens qui sont mes vassaux ; j'ai pourtant rendu un petit service au pays en chassant les jésuites, d'un domaine assez considérable qu'ils avaient usurpé sur six frères gentilshommes suisses de votre canton nommés MM. de Crassy ; il en coûtera malheureusement quelque chose à un secrétaire d’État de Genève, qui s’était fait le prête-nom des jésuites . L'argent réunit toutes les religions ; je suis tombé à la fois sur Ignace et sur Calvin , cela ne m'a pas empêché d'envoyer à Manheim le mémoire de votre cabinet ; mais ce que je vous avais prédit est arrivé, le temps n'est pas propre .

Je vous souhaite des années heureuses, c'est-à-dire tranquilles ; car pour les plaisirs vifs, je en crois pas qu'ils soient de la compétence du mont Jura . Pourtant, un de mes plaisirs les plus vifs, serait de pouvoir assurer encore de vive voix , M. et Mme de Freudenrich de mon inviolable et tendre reconnaissance, et d'embrasser en vous , un des plus dignes amis que j'aie jamais eus .

Votre très humble et très obéissant serviteur .

V. »

 

 

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29/12/2015 | Lien permanent

la puissance ne cède pas à la raison ; sic volo sic jubeo est d'ordinaire la raison des gens en place

... "ainsi je le veux, ainsi je l'ordonne " , ça ne marche pas à tous les coups .

Ce n'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir tort qu'ils ont raison !" -  Léléphant - La revue de culture générale

Ideo dicit dominus Coluche !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

14è décembre 1767 1

Mon cher ami, je reçois votre lettre du 8 du mois avec votre mémoire . Il n'y a , je crois, rien à répliquer ; mais la puissance ne cède pas à la raison ; sic volo sic jubeo 2est d'ordinaire la raison des gens en place . Il faut absolument entourer M. et Mme de Sauvigny de tous les côtés et les empêcher surtout de donner contre nous des impressions qu'il ne serait peut-être plus possible de détruire, quand la place qui vous est si bien due viendrait à vaquer .

J'ai écrit encore à Mme de Sauvigny 3 et je lui ai fait parler . Je me flatte qu'ils ne verront pas votre mémoire ; il les mettrait trop dans leur tort, et des reproches si justes ne serviraient qu'à les aigrir .

Je suis très fâché que vous ayez donné le mémoire à M. Foulon 4. S'il parvient à M. de Sauvigny il sera fâché qu'on dévoile qu'il a déjà demandé la place en question pour d'autres, et surtout pour un receveur général des Finances ; à qui elle ne convient point . Cette démarche que vous rappelez a plutôt l'air d'un marché que d'une protection 5 . L'affaire est délicate et demande à être traitée avec tous les ménagements possibles . Heureusement vous avez du temps . Ne pourriez-vous point trouver quelque ami auprès de M. Cochin, qui est un homme juste, et qui ferait sentir à monsieur le contrôleur général le prix de vos longs et utiles services ?

Je n'aurai probablement aucune réponse de longtemps de M. le duc de Choiseul . On m'a même fait des tracasseries auprès de lui pour les sottes affaires de Genève ; mais c'est ce qui m'inquiète fort peu .

Ne manquez pas , mon cher ami, de m'écrire dès que le titulaire sera près d'aller rendre ses comptes à Dieu . J'écrirai alors sur-le-champ à M. le duc de Choiseul . Malgré tout ce que le sieur Crommelin a fait pour lui persuader que je prenais le parti des représentants, je représenterai très largement pour vous, car vous sentez bien que la place n’étant pas encore vacante, je n'ai pu écrire que de façon à préparer les voies ; et encore m'a-t-il été fort difficile de faire venir la chose à propos dans une lettre où il était question d'autres affaires, écrite à un ministre chargé du poids de la guerre, de la paix et du détail des provinces . Mais quand il s'agira réellement de donner la place qui vous est due, alors il se souviendra que je lui en ai déjà écrit . Je crois même qu’il serait bon que vous préparassiez à l'avance un mémoire fort court pour monsieur le contrôleur général . J’enverrais le mémoire à M. le duc de Choiseul, et il serait homme à le lui donner lui-même .

Je ne sais plus rien de l'affaire des Sirven . Je n'ai point vu l’écrit de la Sorbonne . Le maréchal de Luxembourg arrivera bien tard 6.

Adieu, je vous embrasse, mon très cher ami . Je suis toujours dans mon lit, accablé de maux et d'affaires . »

1 Copies contemporaines ; édition de Kehl qui amalgame à cette lettre quelques mots de la lettre du 19 décembre 1767 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1767-partie-59.html

2 D'après Juvénal, Satires, VI, 223 ; ainsi je le veux, ainsi je l'ordonne .

3 Cette lettre, si elle a existé, ne nous est pas davantage parvenue que la précédente .

4 Joseph-François Foulon, maître des requêtes : https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Fran%C3%A7ois_Foullon

5 Tout le début de ce paragraphe a été supprimé dans la copie Darmstadt B.

6 Cette fois c'est la copie de la Bibliothèque historique de paris aui omet ces deux phrases depui Je n'ai moint vu l'écrit ….

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06/07/2023 | Lien permanent

Enfin on ne peut faire qu’en faisant.

... Si tant faire se peut !

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

10 janvier [1762] 1

Il faut que je fasse part à mes anges gardiens de ce qui m’arrive sur terre. Pourquoi M. Ménard, premier commis, m’écrit-il ? pourquoi m’envoie-t-il une pancarte du roi ,  Garde de mon trésor royal, payez comptant à V… bon , Louis ? Il est vrai qu’il y a douze ans que j’avais une pension ; mais je l’avais oubliée, et je n’avais pas l’impudence de la demander ; je la croyais anéantie. Que veut dire cette plaisanterie ? ne serait-ce pas un tour de nos seigneurs de Choiseul ? Je ne sais à qui m’en prendre ; mes anges, ne seriez-vous point dans la bouteille ?

Cependant renvoyez-moi donc Cassandre.

1° Il ne faut pas qu’il ait été complice de l’empoisonnement d’Alexandre.

2° S’il a donné un coup d’épée à la veuve, c’est dans la chaleur du combat ; et il en est encore plus contrit que ci-devant.

3° Il aime, et est encore plus aimé qu’il n’était, et il en parle davantage dès le premier acte.

4° Antigone a encore plus de raison qu’il n’en avait de soupçonner Olympie d’être la fille de sa mère.

5° Antigone 2 traitait trop Cassandre en petit garçon, et cela rendait Cassandre bien moins intéressant.

6° Les lois touchant le mariage semblaient trop faites pour le besoin présent, et il faut les préparer de plus loin.

7° L’acte quatrième, finissant pas Cassandre et non par Antigone, est bien plus touchant.

8° L’aspect de Cassandre augmentant les maux de nerfs de Statira rend sa mort bien plus vraisemblable.

9° Bien des gens croient que Statira, voyant que sa fille aime Cassandre, s’est aidée d’un peu de sublimé 3.

10° Des détails plus forts et plus tendres sont quelque chose.

Enfin on ne peut faire qu’en faisant.

Mais renvoyez-moi donc ma guenille, si vous voulez que je baise le bout de vos ailes.

V. »

1 La date est complétée par d'Argental .Voir aussi lettre du 8 janvier 1762 aux mêmes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/04/gardez-vous-d-avoir-jamais-affaire-aux-russes-5894630.html

2 V* a d'abord écrit , puis rayé Cassandre .

3 Le sublimé de mercure dit à l'époque « corrosif » est un poison . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chlorure_de_mercure(II)

et : http://tpissarro.com/alquimia/sublmerc-f.htm

NDLR – Gardez-vous bien d'en fabriquer ! Il n'y a qu'au cinéma que Geoffrey de Peyrac peut trouver la pierre philosophale .

 

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06/01/2017 | Lien permanent

Je suis toujours émerveillé de la disette où vous êtes de gens à talent

... Chers, trop chers producteurs télévisuels . Emerveillé ? on n'aurait pu trouver un plus doux euphémisme .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.

Conseiller d'honneur du parlement

rue de la Sourdière à Paris

30 juin [1758] aux Délices

Mon cher ange, quand j'allais partir pour Manheim, Mme du Boccage 1 est venue juger entre Genève et Rome 2, et j'ai retardé mon voyage. On a donné pour elle une représentation de La Femme qui a raison; elle en a été si contente qu'elle a voulu absolument vous l'apporter. J'ai obéi dès qu'elle m'a prononcé votre nom. Il est vrai que nous n'espérons, ni elle ni moi, que cette pièce soit aussi bien jouée à Paris qu'elle l'a été à Genève, à moins que ce ne soit Préville 3 qui fasse le principal rôle. Vous avez un La Thorillière 4 et un Bonneval 5 qui sont l'antipode du comique. Je suis toujours émerveillé de la disette où vous êtes de gens à talent. Je ne sais si la Femme qui a raison vaut quelque chose, et si l'on n'est pas plus difficile à Paris qu'à Genève. J'ignore surtout si on peut être plaisant à mon âge, c'est à vous à en décider, à donner la pièce si vous la jugez passable, et à la jeter au feu si vous la croyez mauvaise. Pour Fanime, nous la jouerons encore à Lausanne, s'il vous plaît; après quoi vous en serez le maître absolu, comme vous l'êtes de l'auteur. Je vais faire un voyage dont je n'ai pu me dispenser; et le seul voyage que je voudrais faire m'est interdit. Il est triste de courir chez des princes, et de ne pas voir son ami.

J'ai vu enfin les Sept Péchés mortels 6 de M. de Chauvelin c'est le plus aimable damné du monde. Je le remercie du huitième péché mortel qu'il veut faire, en disant à qui vous savez 7 combien je lui suis attaché, etc.

Je me flatte que Mme d'Argental est en bonne santé. Mes respects à tous les anges. Adieu, mon cher et respectable ami. Je me console toujours de mon voyage, en espérant une lettre de vous à mon retour.

V. »

1 Voir la lettre de Mme du Boccage à Mme du Perron du 8 juillet 1758 : page 464 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f467.image

3 Pierre-Louis Dubus surnommé Préville : http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article7139

6 C'est un recueil de sept épigrammes en forme de quatrains sur les sept péchés capitaux personnifiés par sept femmes . Ils sont cités dans la Correspondance littéraire sous la date du 31 mai 1758 et dans l’ouvrage de Jean-Gabriel Abry : Notice sur le marquis de Chauvelin . Voir : http://satir18.univ-st-etienne.fr/texte/sept-p%C3%A9ch%C3%A9s-capitaux-galanterie/les-sept-p%C3%A9ch%C3%A9s-capitaux

et : http://www.leschroniquesdemichelb.com/2010/10/voltaire-contrebandier-annexe-2.html

Sur Chauvelin voir aussi : http://www.leschroniquesdemichelb.com/2010/10/voltaire-contrebandier-3eme-partie_07.html

7 L'abbé de Bernis .

 

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08/09/2013 | Lien permanent

Je prendrais la liberté de le supplier de m'envoyer des graines de ses melons

... Avant que je mange les pissenlits par la racine ! Certains disent "bâtir, passe encore mais planter à cet âge ", ce qui m'inquiète un peu connaissant la rapidité de la croissance de ces cucurbitacées ; oserait-on insinuer que je ne passerai pas l'été prochain ?

 Toujours est-il que les courges et citrouilles qui devaient orner le ventre du géant du château de Voltaire ont dû se métamorphoser en carrosses discrètement, car nous avons eu des fleurs, oui, mais des citrouilles point . Misère à poil, pas de gratin de courge, pas de soupe au potiron .

Cessons ces divagations, ô melon hallucinogène

Hiiipss !!

divagation courges courbes 9774.JPG

 

 

« A madame Sophie-Frédérique-Wilhelmine de Prusse, margravine de BAIREUTH

A Monrion, janvier (1757).

Madame, souffrez que je vous réitère mes vœux pour la santé de Votre Altesse royale, et que je la remercie de ce qu'elle a bien voulu m'assurer, par M. le marquis d'Adhémar 1, de la continuation de ses bontés. Je prends la liberté de lui envoyer des nouvelles de Paris qui pourront lui paraître extraordinaires, et qui exerceront sa philosophie.
J'ignore si Votre Altesse royale a reçu les exemplaires de l'histoire 2 que je mets à ses pieds. Je me flatte que le roi son frère 3 continuera à fournir les plus beaux monuments de l'histoire moderne. Mais c'est à César qu'il appartient d'écrire ses Commentaires.
Je suis encore persuadé qu'il se souviendra qu'il m'a tiré de ma patrie; que je quittai pour lui mon roi, mon pays, mes charges, mes pensions, ma famille.
Je prendrais la liberté de le supplier de m'envoyer des graines de ses melons 4, et je demanderais la protection de Votre Altesse royale s'il était à Berlin. Mais il a autre chose à faire qu'à honorer de ses melons mes potagers.
Que Votre Altesse royale et monseigneur daignent toujours agréer le profond respect et les prières de
Frère VOLTAIRE » 

1 Antoine Honneste de Monteil de Brunier , marquis d'Adhémar, officier dans le régiment d'Heudicourt-cavalerie, dit le Saint et qui selon Mme de Graffigny, semblait tomber toujours des nues et « ne savait pas plus les usages que s'il venait du Monomotapa » . Il était « ami des philosophes ».

2 L'Histoire générale de Charlemagne ...etc.

3 Frédéric II de Prusse .

4 V* sollicité par Frédéric II de se rendre auprès de lui craignait de perdre dans sa cour sa liberté et son repos . Il refusa d'abord sous prétexte de la rigueur du climat de Berlin . D'Argens, La Mettrie et d'Algarotti furent chargés par le roi de lui écrire et le rassurer sur ce point . Darget , secrétaire du roi, joignit aux lettres un certificat en vers accompagné de deux melons cueillis au mois de juin à Potsdam . Voir lettre (236) du 10 juin 1749 de Frédéric à V* : http://friedrich.uni-trier.de/de/oeuvres/22/text/

 

 

 

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20/09/2012 | Lien permanent

les Délices remercient très humblement madame Cramer de ses prunes

...

 

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

3 mars 1760

La lettre malhonnête 1 se trouve dans les fréronades . Cela ne vaut assurément pas la peine d'une édition complète . On pourrait seulement à la longue donner dans ce goût des éclaircissements sur l'Histoire générale . On prévoit qu'on sera dans le cas d'en avoir besoin . Tout est en guerre dans ce monde . Je ne voulais précisément qu'une ou deux douzaines de cette bagatelle qui n’est bonne que pour quelques savants de Paris, et j'ai cru que la voie de l'impression était plus courte que celle des copies manuscrites . Je supplie instamment monsieur Cramer de vouloir bien me faire le plaisir de faire tirer ces deux douzaines d'exemplaires pour mon compte ; il n'est pas juste que ses imprimeurs ne soient pas payés par moi, des fantaisies qui ne regardent que moi . Je compte sur cette marque d'amitié de sa part .

N.B. qu'un jésuite missionnaire, d'auprès de Troyes a volé trois louis d'or à un marchand de bestiaux, et qu'on lui fait son procès . La chose s'est passée à Vandoeuvre sur le chemin de mon ancien Cirey .

N.B. Les Anglais font partir contre nous 80 vaisseaux, et nous n'en avons pas un .

N.B. qu'il y a quelquefois de la justice en ce monde, et que les brigands ennemis de Genève et du pays de Gex, c'est-à-dire messieurs les commis de Saconnex, ont été condamnés aux dépens, dommages, intérêts, et à l'amende pour avoir mal à propos saisi nos blés qui venaient sur le territoire de Genève .

N.B. que les Délices remercient très humblement madame Cramer de ses prunes . »

 

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05/03/2015 | Lien permanent

il faut s'amuser , les eaux, les fleurs et les bouquets consolent, et les hommes ne consolent pas toujours

... Mesdames, vous êtes bien placées pour le savoir . Un petit espoir subsiste heureusement, le "pas toujours" laisse entrevoir un "consolent quelques fois" rassurant .

Composition COEUR ARDENT

 

 

 

« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg

Aux Délices, 8è juin 1764

Nous ne comptions pas , madame, que Mme de Pompadour partirait avant nous . Elle a fait un rêve bien beau, mais bien court . Notre rêve n'est pas si brillant mais il est plus long et peut-être plus doux. Car quoiqu'elle eût toutes les apparences du bonheur, elle avait pourtant bien des amertumes, et la gène continuelle attachée à sa situation a pu abréger ses jours . Au reste, la vie est fort peu de chose dans quelque état qu'on se trouve, et il n'y a pas grand différence entre la plus courte et la plus longue ; nous ne sommes que des papillons dont les uns vivent deux heures, et les autres deux jours . Je suis un papillon très attaché à vous , madame . Il y a longtemps que je n'ai eu la consolation de vous écrire . Une fluxion sur les yeux qui m'a presque ôté la vue a dérangé notre commerce, mais elle n'a point été jusqu'à mon cœur . J'ai resté depuis dix ans dans ma retraite, comme vous dans la vôtre, nous sommes constants, mais je ne suis pas si sage que vous, aussi vivrez-vous plus de cent ans, et je compte n'en vivre que quatre-vingts . Vous auriez bien dû faire un joli jardin au Jar, cela est très amusant ; et il faut s'amuser , les eaux, les fleurs et les bouquets consolent, et les hommes ne consolent pas toujours .

Adieu, madame, mon cœur est à vous pour le reste de ma vie avec le plus tendre respect .

V. »

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Il y a de vilaines âmes qui se plaisent à faire les rois plus méchants qu'ils ne sont, et à débiter des horreurs, mais i

... Et il est des reines plus cocues que des roturières , telles la reine d'Angleterre et la reine de Belgique . La première doit se contenter de ses propres enfants, la seconde hérite -si j'ose dire- d'une fille qu'elle n'aura pas à élever . Le roi de Belgie s'est fait prendre, là une fois, mais qui est la mère de cette fille dite illégitime ?

 Portrait robot du roi des couillons bouillons

 roi de belgie.jpg

 

« A François Tronchin

Conseiller d’État à Genève

Lausanne 23 [février 1758]

A la réception de votre lettre, mon très cher confrère, et de celle de M. Teroux 1, j'écris sur le champ au grand gouverneur de Neufchâtel 2. Après quoi nous allons répéter Fanime 3. Si M. de Nicolaï veut venir nous siffler qu'il parte et se dépêche . Je vous supplie de lui signifier cette semonce au plus vite . Nos tendres respects à tout Tronchin et à toute Tronchine .

Le roi de Prusse prétend n'avoir point reçu à Breslau la lettre 4 que je lui ai écrite il y a un mois pour M. Turretin 5, capitaine au régiment de Planta, prisonnier et blessé . C'est Mme la margrave de Bareith 6 qui m'apprend que cette lettre n'est point parvenue, qu'il y en a eu beaucoup d’interceptées et qu'elle-même a été un mois entier sans recevoir des nouvelles du roi son frère .

J'ai écrit sur le champ une nouvelle lettre que j'ai envoyée à son Altesse royale 7. Je vous prie, mon cher confrère de le dire à M. Turretin le syndic 8. Cette affaire me tient au cœur autant qu'à lui .

Il court une relation d'une boucherie faite à Breslau 9, d'officiers généraux, capitaines, soldats, moines, arquebusés ou décollés ou pendus, et de l'abbé de Prades roué ! Quel diable de Marc Antonin ! Mais je n'en crois pas un mot . J'ai reçu des lettres du prince royal 10, de Mme de Bareith, de Mme la duchesse de Gotha 11 et de plusieurs personnes qui n'en parlent point . Il y a de vilaines âmes qui se plaisent à faire les rois plus méchants qu'ils ne sont, et à débiter des horreurs, mais il est plus aisé de les dire que de les commettre . Le temps nous apprendra ces vérités ou ces mensonges et nous mettra au net ce qu'on dit de notre déconfiture auprès de Bremen, à Volfenbutel et à Hemstad 12.

Il est doux d'être paisible au bord du lac pendant qu'on s'égorge . Voilà l'affaire de votre confession de foi finie . Tout le monde doit être content . Quand je dis tout le monde, j'entends aussi d'Alembert . La paix est une belle chose .

Mme Denis et moi nous vous embrassons de tout notre cœur .

Le Suisse V. »

1 Probablement Abraham Terroux .

2 Marischal, gouverneur de Neufchâtel pour le roi de Prusse .

3 Pièce représentée le 24 . Voir lettres du 24 février 1758 à la duchesse de Saxe-Gotha, du 25 février à d'Alembert et à d'Argental :

4 Cette lettre n'est connue que par la réponse de Frédéric II en date du 8 avril 1758 .

6 La sœur du roi de Prusse avait donné ces nouvelles à V* dans une lettre écrite vers le 15 janvier 1758 .

7 Lettre inconnue elle-aussi, voir lettre du 22 janvier à d'Argental .

8 Jean-François Turrettini .

9 V* revient sur ces faits dans ses lettres du 23 février 1758 à Théodore Tronchin, du 24 février à la duchesse de Saxe-Gotha, du 25 février à d'Alembert .

10 Cette lettre du prince Henri n'est pas connue .

11 Lettre du 14 janvier 1758 .

12 Voir lettre du 24 février à la duchesse de Saxe-Gotha .

 

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18/06/2013 | Lien permanent

si la guerre continue on ne pourra pas seulement faire venir des maquereaux

... Au contraire, hélas mon cher Voltaire , au contraire !

On pourrait même en exporter de ces saletés à deux pattes .

Temps de guerre ou temps de paix, les maquereaux de toutes nationalités s'en viennent sans compter sur notre territoire, lâches exploitants de la misère de filles pas-de-joie  . Ces sales bestiaux ne  méritent que de se retrouver en boîtes, à barreaux, sans aromates et sans confort . Une peine salée est bien nécessaire , n'est-ce pas Dédé la Saumure ?

maquereau.jpg

 http://www.languefrancaise.net/bob/detail.php?id=3254#35799

 

« A Jean-Robert Tronchin

26 mars [1759]

Votre correspondant mon cher monsieur a reçu vos sacs de 12341 livres 16 sous, et les a déjà entamés . Il a de plus reçu un bateau d'épiceries . Il n'y manquait que du sucre . Je ne crois pas que mon sucre soit à la Guadeloupe . Mais avouez donc que j'ai bien fait de faire venir de tout cela . On nous prend nos vaisseaux, et si la guerre continue on ne pourra pas seulement faire venir des maquereaux .

Monsieur votre frère a du vous envoyer ma réponse à un homme qui ne sera pas du voyage de Lyon 1 . Mais ce voyage est-il sûr ? La marquise 2 et le traducteur Silhouette ne s'y opposent-ils pas ?

Le roi de Prusse m'a envoyé une oraison funèbre d'un maître cordonnier qui n'est pas indifférente . Je vous en ferai parvenir des extraits, car il n'y a que ces extraits de bons, et je n'ai qu'un exemplaire imprimé . Voilà un drôle de corps de roi .

Mille tendres remerciements .

V.

Voulez-vous bien donner cours à l'incluse ? »

1 Le voyage de Louis XV à Lyon pour y rencontrer sa fille Marie-Louise-Elisabeth, épouse de Philippe V d'Espagne ; atteinte de la petite vérole elle mourra à Versailles le 6 décembre 1759 .

2 De Pompadour .

 

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13/05/2014 | Lien permanent

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