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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Un ministre même a dit que tôt ou tard cette semence porterait son fruit. Je ne sais pas quel est le saint homme auteur

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 16/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

16è décembre 1763 1

Mon cher frère, je n’en ai plus 2 : voilà mon reste. Puisse quelque zélé serviteur de Dieu et de monseigneur du Puy en Velay, quelque Merlin, quelque Besogne, imprimer à Paris cette correction fraternelle !

Si je puis trouver des Tolérance, je vous en ferai parvenir. Il faut espérer que le débit n’en sera pas défendu, puisque les ministres approuvent l’ouvrage, et que madame de Pompadour en a été très contente. Un ministre 3 même a dit que tôt ou tard cette semence porterait son fruit. Je ne sais pas quel est le saint homme auteur de ce petit traité ; mais il me semble qu’il ne peut que rendre les hommes plus doux et plus sociables. Je défie même Omer de Fleury de faire un réquisitoire contre cette homélie.

Il est vrai que Ce qui plaît aux Dames fait un assez plaisant contraste avec le livre de la Tolérance : aussi je vous ai adressé ce livre théologique comme à un de nos saints apôtres, et Ce qui plaît aux Dames, à frère Thieriot, qui n’est pas si zélé, et qu’il a fallu réveiller par un conte.

J’ai communiqué à frère Gabriel Cramer le contenu de votre dernière lettre . Il vous rendra compte probablement, par cet ordinaire, du paquet dont vous lui parlez.

Il faut que vous sachiez, d’ailleurs, que je suis à deux lieues de Genève, que nous sommes quelquefois assiégés de neige, et que nous n’avons pas toujours nos lettres de bonne heure.

Conservez-moi votre amitié ; embrassez tous les frères. Ecr l’inf. »



1 L'édition Correspondance littéraire donne une lettre très abrégée sans nom de destinataire ; celui-ci est donné par l'édition Lettres inédites, 1822.

2 Lettres d'un quakre .

3 Le duc de Choiseul .

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16/12/2018 | Lien permanent

J'ose vous demander votre protection, monsieur, pour ce pauvre misérable qu'on persécute d'une manière si étrange

... Alexeï Navalny, opposant notoire ? Cyril Danielou, étudiant français ? Sale temps pour les opposants en Russie ! sans compter les dommages collatéraux : https://www.liberation.fr/international/europe/repression...

Hey ! Poutine, tu continues à nous les briser menu , c'est du grand n'importe quoi .

Résultat de recherche d'images pour "poutine et opposants navalny caricature"

 

« A Louis-Gaspard Fabry

 Ferney 7è octobre 1765. 1

Monsieur,

J'ai reçu une lettre du provincial des capucins de Chambéry, qui m'avertit qu'il y a chez moi un de ses moines, et qu'il pourra le faire saisir. Je me suis informé de mes gens s'il y avait quelque fondement à cette plainte. J'ai su qu'en effet un capucin de Savoie en habit séculier était venu demander chez moi un asile à mes domestiques pendant que vous nous honoriez de votre présence. Il se plaignait d'avoir été cruellement maltraité, et d'avoir été fouetté trois fois par semaine pendant seize mois avec une discipline de fer. S'il était repris, il serait renfermé nu dans un cachot, et chargé de chaînes.

Je crois actuellement ce pauvre garçon à Genève. Mais s'il revenait dans ma maison, je serais au désespoir qu'il y fût saisi et livré à ses bourreaux . Je me flatte qu'il n'est pas permis à un provincial des capucins de Savoie d'exercer une telle juridiction dans le royaume de France, et qu'au moins il aurait recours à votre autorité.

J'ose vous demander votre protection, monsieur, pour ce pauvre misérable qu'on persécute d'une manière si étrange. Les menaces qu'on lui fait alarment ma sensibilité. Je vous aurais beaucoup d'obligation si vous daigniez m'informer de vos ordres en cas que cet homme revînt à Ferney, et prévenir la douleur que j'aurais de le voir arrêté chez moi. C'est une grâce que j'ose attendre de votre humanité.

J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect, monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire ,

Gentilhomme ordinaire du roi. »

1 Manuscrit original portant « Répondu le 13 que je ne pouvais prévenir ce qui pourrait arriver » de la main de Fabry.

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05/02/2021 | Lien permanent

Mandez-moi, je vous prie, si on peut avec sûreté vous envoyer de petits paquets

... Message discret du président  Emmanuel Macron au président Volodymyr Zelensky . Ce à quoi il est répondu "Les petits paquets entretiennent l'amitié et font les grandes gué-guerres ".

https://www.lepoint.fr/invites-du-point/colomes-guerre-en...

 

 

« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin fils

Avocat au parlement

à Saint-Claude

5è février 1767 , à Ferney

Mon cher ami, je vous envoie six exemplaires de la seconde édition du Commentaire 1 . Je ne risque que cette demi-douzaine crainte des écornifleurs . L'horreur des neiges et l'âpreté de l'hiver ne sont pas ce qu'on a le plus à redouter . Je l'ai échappé belle, je vous jure . Je vous en dirai de bonnes quand nous nous verrons .

Cet hiver me tue . J’ai encore quelque espérance dans le printemps mais je ne le croirai une belle saison que quand je jouirai de votre société .

Mandez-moi, je vous prie, si on peut avec sûreté vous envoyer de petits paquets .

Je vous embrasse de tout mon cœur .

V. »

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10/06/2022 | Lien permanent

pour les langues de l'Asie, je les crois barbares attendu que les femmes étant presque toujours enfermées n'ont pu adouc

... Qui ose dire que Voltaire n'est pas féministe ? Qu'il est misogyne ?

Je vous recommande : https://societe-voltaire.org/cqv/misogyne.php

Bonne lecture .

Actuellement les barbares-terroristes du Hamas ont provoqué l'écrasement de la bande de Gaza et ses habitants par les barbares-légitimes israëliens  . Seul le langage des armes est pratiqué , hommes , femmes et enfants sont pulvérisés, affamés, exilés . Israël , pourquoi refais-tu une de ces guerres abominables qu'on retrouve si fréquemment dans cette fichue Bible , catalogue de massacres impardonnables  ?

Il aurait été si beau qu'on vive plutôt cela : "Assez de sang ! " https://www.youtube.com/watch?v=VtosoG-Dx1w&ab_channe...

 

 

« A Étienne de La Montagne

Au château de Ferney, près Genève, 6 mai 1768 1

Je suis si vieux, monsieur, et si malade, que vous m'excuserez de répondre si tard à votre lettre dont vous m'avez honoré , et d'y répondre si mal . Je vois que vous êtes très instruit : pour moi, j'avoue que je suis peu au fait de la prononciation des Athéniens. Je n'ai jamais conçu comment on pouvait marquer des sixièmes et des quarts de tons . J'avais toujours entendu dire que la prononciation chinoise était, comme la grecque, une espèce de musique . Je vis six jeunes Chinois à Paris, au collège des jésuites ; je les priai de parler entre eux ; je ne distinguai pas la moindre intonation . Je ne connais que le vendeur d'orviétan de Molière qui ait parlé en chantant .

Au reste, la langue grecque n'a pas besoin de cet avantage pour être la plus belle langue qu'aient jamais parlé les hommes . Toutes nos langues modernes ne sont que des jargons ; et pour les langues de l'Asie, je les crois barbares attendu que les femmes étant presque toujours enfermées n'ont pu adoucir ni les mœurs ni le langage . Je crois surtout la langue hébraïque la plus pauvre et la plus sauvage des langues d'Orient.

Si nos langues sont imparfaites, un homme qui paraît avoir autant de mérite que vous peut faire de bons ouvrages avec de mauvais outils .

J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Édition L*** [Étienne de La Montagne], Traité de la prononciation de la langue française, 1768 .

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06/01/2024 | Lien permanent

Il finira par s'attirer de méchantes affaires

...

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

[15 janvier 1761] 1

Reçu une feuille du Censeur hebdomadaire 2, et l'histoire de la nièce d'Eschyle 3. Je voudrais voir de quel poison se sert l'ami Frelon pour noircir le zèle, l'ode, et les soins de M. Le Brun . Comment sait-il que L’Écluse est venu dans notre maison, et que peut-il dire de ce L’Écluse ?4 Il finira par s'attirer de méchantes affaires ; vous ne pouvez avoir encore le chant de La Capilotade . Il faut bien constater l'aventure de Grisel avant de le fourrer là .

J'ai voulu avoir le recueil h 5, parce que j'avais les précédents ; voilà comme il s'enferre souvent .

Il n'y a pas moyen de vous faire tenir encore l’Épître à Mlle Clairon ; il faut attendre qu'elle se porte bien, qu'elle rejoue Tancrède et que certaines gens approuvent les petites hardiesses de cette Épître . Je suis convaincu que l'acharnement de Fréron contre un homme du mérite de M. Diderot, fera grand bien au Père de famille .

Vous demandez des détails sur mon triomphe de gente jésuitica 6. Ce triomphe n'est qu'une ovation 7, nul péril, nul sang répandu ; les jésuites s'étaient emparés du bien de MM. de Crassy, parce qu'ils croyaient ces gentilshommes trop pauvres pour rentrer dans leur domaine . Je leur ai prêté de l'argent sans intérêt, pour y rentrer , les jésuites se sont soumis, l'affaire est faite ; s'il y a quelques discussions on fera un petit factum bien propre, que vous lirez avec édification . Voilà, mon ancien ami, tout ce que je peux vous mander pour le présent . Interim vale 8 .

V. »

 

1 Date endossée deux fois par Thieriot sur le manuscrit, avec 1760 par erreur, reprise par l'éditeur Supplément au recueil, I, 301-303, et corrigée par la suite .

3 La Petite-nièce d'Eschyle : histoire athénienne, 1761, du chevalier Jean-Florent-Joseph de Neufville de Brunaubois-Montador, [ http://data.bnf.fr/13006280/jean-florent-joseph_de_neufvi... ] si l'on en croit Barbier, qui conte sous un déguisement transparent l'histoire de la petite nièce de Corneille .

4 Allusion à la feuille de L’Année littéraire mentionnée à propos de la lettre du 14 janvier 1761 aux d'Argental : …. Après avoir fait une allusion ironique à la générosité de V*, Fréron continuait : « … il y a près d'un an qu'il a fait le même bien au sieur L’Écluse, ancien acteur de l'Opéra-Comique, qu'il loge chez lui, qu'il nourrit, en un mot qu'il traite en frère . Il faut avouer qu'en sortant du couvent, Mlle Corneille va tomber en de bonnes mains . »

5 De L’Année littéraire .

6 Sur la gent jésuitique .

7 Dans les triomphes, les prisonniers étaient sacrifiés en grande pompe ; l'ovation était une action de grâce non sanglante, célébrée après un succès de moindre importance .

8 En attendant porte toi bien .

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15/01/2016 | Lien permanent

il fait plus de cas d’un ramoneur de cheminées, qui exerce un métier utile, que de tous ces petits écornifleurs du Parna

... Pour tous les morpions, écornifleurs qui ne savent vivre que de leurs baratins politiques, n'oublions pas que nous avons le pesticide naturel : le bulletin de vote .

 

 

«A Etienne-Noël Damilaville

24 septembre 1766 1

Je vous remercie, mon cher ami, mon cher frère, de votre noble et philosophique déclaration 2 sur l’insolence de ce faussaire qui a fait imprimer ses sottises sous mon nom. La canaille littéraire est ce que je connais de plus abject dans le monde. L’auteur du Pauvre Diable 3 a raison de dire qu’il fait plus de cas d’un ramoneur de cheminées, qui exerce un métier utile, que de tous ces petits écornifleurs du Parnasse. Il est bon de faire un petit ouvrage 4 qu’on insérera dans les journaux, et qui servira de préservatif contre plus d’une imposture.

Un beau préservatif sera le factum de notre ami Élie 5. Vous ne m’avez point mandé si vous l’aviez lu. J’ai bien à cœur que l’ouvrage soit parfait. Un factum, dans une telle affaire, doit se faire lire avec le même plaisir qu’une tragédie intéressante et bien écrite. Il n’y a plus moyen de reculer sur M. Chardon ; je crois que M. le duc de Choiseul trouverait fort mauvais qu’après lui avoir demandé ce rapporteur on en demandât un autre ; mais il faudra nécessairement tâcher de captiver M. Le Noir 6, qui est, dit-on, le meilleur criminaliste du royaume : sa voix sera d’un très grand poids ; et nous courons beaucoup de risque 7, s’il ne prend pas notre parti.

Vous aurez incessamment toutes les choses que vous me demandez, mon cher ami. Il y a un nouveau livre, comme vous savez, de feu M. Boulanger 8. Ce Boulanger pétrissait une pâte que tous les estomacs ne pourraient 9 pas digérer : il y a quelques endroits où la pâte est un peu aigre ; mais, en général, son pain est ferme et nourrissant. Ce M. Boulanger-là a bien fait de mourir, il y a quelques années, aussi bien que La Mettrie, Dumarsais, Fréret, Bolingbroke, et tant d’autres. Leurs ouvrages m’ont fait relire les écrits philosophiques de Cicéron ; j’en suis enchanté plus que jamais. Si on les lisait, les hommes seraient plus honnêtes et plus sages.

Je me flatte que le petit ballot est parti. Mes compliments à l’auteur voilé du dévoilé 10. Je l’embrasse mille fois. Écr. l’inf. »

1Copie contemporaine Darmstadt B. sans les trois derniers mots ; ici, édition Kehl .

3 Dans son Pauvre Diable , Voltaire a dit, vers 386 et suivants :

J’estime plus ces honnêtes enfants
Qui de Savoie arrivent tous les ans, etc.

Voir : https://satires18.univ-st-etienne.fr/texte/contre-le-franc-de-pompignan-et-autres-adversaires-de-voltaire/le-pauvre-diable

4 C’est l’Appel au public, etc., voir page 579 : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Appel_au_public/%C3%89dition_Garnier

5 Pour les Sirven.

6 Le Noir (Jean-Charles-Pierre), né en 1732, maître des requêtes en 1765, lieutenant général de police en 1774, mort en 1807.

7 Le mot risque s'emploie le plus souvent au singulier au XVIIè siècle et encore au XVIIIè .

8 Voir lettre du 23 avril 1766 à Marmontel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/19/il-est-tres-vrai-que-la-raison-perce-meme-en-italie-et-que-l-6327918.html . L’Antiquité dévoilée, etc., ouvrage posthume de Boulanger (refait sur le manuscrit, par le baron d’Holbach), 1766, un volume in-4°, ou trois volumes in-12. V* a dû être informé de l'existence de l'édition de « Londres » ( en fait Nancy) , 1767dont il acquit un exemplaire .

9 Les éditions portent peuvent à la suite de la copie Beaumarchais .

10 Le Christianisme dévoilé du baron Paul-Henri Thiry d'Holbach Voir : http://atheisme.free.fr/Atheisme/Bibliographie_christianisme_devoile.htm

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29/12/2021 | Lien permanent

les plaisirs ne naissent que des besoins

 ... Satisfaits !

 

besoin a satisfaire.jpg

http://reussir-en-famille.com/connaissez-vous-vraiment-les-besoins-de-votre-enfant-1re-partie/

 

 

«  A madame la marquise du DEFFANT.

Aux Délices, 5 mai [1756]

Madame, je suis rempli d'étonnement et de reconnaissance à la lecture de votre lettre, et j'ai, de plus, bien des remords. Comment ai-je pu être si longtemps sans vous écrire 1, moi qui ai encore des yeux? et comment avez-vous fait, vous qui n'en avez plus? Vous avez donc de petites parallèles que vous appliquez sur le papier, et qui conduisent votre main? Vous n'avez plus besoin de secrétaire avec ce secours; il ne vous faut plus qu'un lecteur. Je ne lui ai donné guère d'occupation depuis longtemps; mais je n'en ai pas été moins occupé de vous, moins touché de votre état. Je m'étais interdit presque tout commerce, n'écrivant que de loin en loin des réponses indispensables. Accablé une année entière, sans relâche, de travaux sous lesquels ma santé succombait, et ayant de plus l'occupation d'une maison et d'un jardin, et même de l'agriculture, enseveli dans les Alpes, dans les livres, et dans les ouvrages de la campagne, je me sentais incapable de vous amuser, et encore plus de vous consoler: car, après avoir dit autrefois assez de bien des plaisirs de ce monde,2 je me suis mis à chanter ses peines. J'ai fait comme Salomon, sans être sage j'ai vu que tout était à peu près vanité et affliction 3, et qu'il y a certainement du mal sur la terre.
Vous devez être de mon avis, madame, dans l'état où vous êtes; et je crois qu'il n'y a personne qui n'ait senti quelquefois que j'ai raison. Des deux tonneaux de Jupiter, le plus gros est celui du mal or, pourquoi Jupiter a-t-il fait ce tonneau aussi énorme que celui de Citeaux 4 ? ou comment ce tonneau s'est-il fait tout seul ? Cela vaut bien la peine d'être examiné. J'ai eu cette charité pour le genre humain; car pour moi, si j'osais, je serais assez content de mon partage.
Le plus grand bien auquel on puisse prétendre est de mener une vie conforme à son état et à son goût. Quand on en est venu là, on n'a point à se plaindre et il faut souffrir ses coliques patiemment. Je présume, madame, que vous tirez un bien meilleur parti encore de votre situation que moi de la mienne. Vous êtes faite pour la société, la vôtre doit être recherchée par tous ceux qui sont dignes de vivre avec vous. La privation de la vue vous rend le commerce de vos amis plus nécessaire, et par conséquent plus agréable car les plaisirs ne naissent que des besoins. Il vous fallait absolument Paris, vous auriez péri de chagrin à la campagne et moi, je ne peux plus vivre que dans la retraite où je suis. Nos maux sont différents, et il nous faut de différents remèdes.
Il est vrai qu'il est triste d'achever sa vie loin de vous, et c'est une des choses qui me font conclure que tout n'est pas bien. Tout doit être bien pour M. le président Hénault. S'il y a quelqu'un pour qui le bon tonneau soit ouvert, c'est lui. M. le maréchal de Richelieu en boira sa bonne part, s'il prend les forts de Port-Mahon. Cette île de Minorque s'appelait autrefois l'île de Vénus; il est juste que ce soit à M. de Richelieu qu'elle se rende. Adieu, madame; soyez sûre que le bord du lac Léman n'est pas l'endroit de la terre où vous êtes le moins chérie et respectée. »


1 La dernière lettre de Voltaire à Mme du Deffant était du 2 juillet 1754.

4 Rabelais, dans son Gargantua, livre Ier, chap. xxxviii, parle de la tonne de Citeaux; mais Le Duchat observe qu'il y a méprise, et qu'il fallait citer la tonne de Clairvaux. (Beuchot.) : http://fr.wikisource.org/wiki/%C5%92uvres_de_Rabelais/%C3...

 

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nous ne lui laissons jamais ignorer la signification des mots . Après la lecture, nous parlons de ce qu'elle a lu

... A ceux qui pensent innover en pédagogie devant leurs "apprenants", qu'ils s'inspirent plus simplement du bon sens voltairien , ô maîtres d'école à la tête plus pleine de superflu que bien faite !

 

 

« Marie-Françoise Corneille

et

-Voltaire

à

Ponce-Denis Ecouchard Le Brun

Au château de Ferney, pays de Gex,

2 janvier 1761 1

J'ai trop éprouvé vos bontés, monsieur , pour que je ne vous témoigne pas ma reconnaissance au commencement de l'année, et toutes les années de ma vie . Je vous supplie, monsieur, d'ajouter à toutes vos bontés celle de vouloir bien présenter mes remerciements à M. Titon 2, à Mlle Villegenou 3, à M. Du Molard 4, et à tous ceux qui ont bien voulu s'intéresser à mon sort .

Vous m'avez accoutumé, monsieur, à oser joindre mon nom à celui de Corneille ; mais ce n'est que quand il s'agit de sa petite-fille . Nous espérons beaucoup d'elle , ma nièce et moi . Nous prenons soin de toutes les parties de son éducation, jusqu'à ce qu'il nous arrive un maître digne de l'instruire . Elle apprend l'orthographe ; nous la faisons écrire ; vous voyez qu'elle forme bien ses lettres, et que ses lignes ne sont point en diagonale comme celles de quelques-unes de nos Parisiennes . Elle lit avec nous à des heures réglées ; et nous ne lui laissons jamais ignorer la signification des mots . Après la lecture, nous parlons de ce qu'elle a lu ; et nous lui apprenons ainsi, insensiblement un peu d'histoire . Tout cela se fait gaiement et sans la moindre apparence de leçon . J'espère que l'ombre du grand Corneille ne sera pas mécontente ; vous avez si bien fait parler cette ombre, monsieur, que je vous dois compte de tous ces petits détails . Si Mlle Corneille remercie M. Titon, et tous ceux qui ont pris intérêt à elle, souffrez que je les remercie aussi . J'espère que je leur devrai une des grandes consolations de ma vieillesse , celle d'avoir contribué à l'éducation de la cousine de Chimène 5, de Cornélie 6, et de Camille 7 . Il faut que je vous dise encore qu'elle remplit exactement tous les devoirs de la religion, et que nos curés et nos évêques sont très contents de la manière dont on se gouverne dans mes terres . Les Berthier, les Guyon 8, les Chaumeix en seront peut-être fâchés ; mais je ne peux qu'y faire . Les philosophes servent Dieu et le roi, quoi que ces messieurs en disent . Nous ne sommes , à la vérité, ni jansénistes, ni molinistes, ni frondeurs . Nous nous contentons d'être Français et catholiques tout uniment : cela doit paraître bien horrible à l'auteur des Nouvelles ecclésiastiques 9. Quand à ce malheureux Fréron, dont vous daignez me parler, ce n'est qu'un brigand que la justice a mis au Fort-l'Evêque, et un Marysas qu'Apollon doit écorcher . Je vois assez par vos vers et par votre prose, combien vous devez mépriser tous ces gredins qui sont l'opprobre de la littérature . Je vous estime autant que je les dédaigne . Votre distinction entre le vrai public et le vulgaire est bien d'un homme qui mérite les suffrages du public . Daignez y joindre le mien, et comptez sur la plus sincère estime, j'ose dire sur l'amitié de votre obéissant serviteur .

Voltaire . »

1 On a suivi ici l'édition 2 malgré une erreur sur la date, 1760 .

2 Everard Titon du Tillet .

3 Mlle Villegenou est une nièce de Titon du Tillet .

4 Charles Du Molard-Bert ; voir lettre du 15 janvier 1761 à celui-ci .

5 Personnage du Cid .

6 Personnage de Pompée .

7 Personnage d'Horace .

8 Suivi , dans l'édition 1, par les Gauchat .

9 Nouvelles ecclésiastiques ou Mémoires pour servir à l'histoire de la constitution Unigenitus, hebdomadaire janséniste connu aussi sous le nom de Gazette ecclésiastique (1728-1803 ), était alors dirigé, et le fut longtemps par Louis Guidi .

 

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02/01/2016 | Lien permanent

je n’ai eu ni bras ni pieds ni tête depuis quelques mois

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

Ferney le 2 juin 1777

 

Je suis indigné contre moi-même, mon cher ange, de n’avoir pas depuis si longtemps tendu les bras à vos ailes qui m’ont toujours couvert de leur ombre : hélas ! ce n’est pas ma faute ! je n’ai eu ni bras ni pieds ni tête depuis quelques mois [« attaque d‘apoplexie » du 13 mars] ; je vous écris aujourd’hui d’une main qui n’est pas celle dont je me sers ordinairement, mais c’est toujours le même cœur qui dicte. Je vous parlerai d’abord de l’ambigu [l’ambigu est un repas intermédiaire entre le souper et la collation] à cinq services, qui probablement sera servi bien froid ou plutôt qu’on n’osera jamais servir. Ce n’est pas que le repas ne soit régulier, et qu’il n’y ait pas des plats assez extraordinaires qui pourraient être de haut goût. Mais malheureusement Mme de Saint Julien avait parlé il y a plusieurs mois de notre souper ; le bruit s’en était répandu dans Paris ; je crois fermement que ce souper ne valait rien du tout, et que le cuisinier a très bien fait de le supprimer. L’autre est meilleur [i]; mais il faudrait que le cuisinier fût à Paris, qu’il jouât le rôle de maître d’hôtel, et que les gourmets n’eussent pas le goût aussi égaré qu’ils l’ont depuis plusieurs années. J’ai vu le menu d’un nouveau traiteur de l’Amérique [Zuma de Pierre-François-Alexandre Lefèvre ; V* avait remercié l‘auteur le 8 février de son envoi : il «avait eu envie autrefois de traiter le même sujet … » et « l’avait même ébauché »] ], qui a été servi vingt fois sur la table, et dont en vérité je n’aurais jamais voulu manger un morceau. Si quelque jour la fantaisie pouvait vous prendre de tâter du vieux cuisinier que vous savez, quand ce ne serait que pour la rareté du fait, ce vieux cuisinier serait capable d faire le voyage auprès de vous, et de se loger dans quelque gargote bien obscure, et bien ignorée. Qui sait même si cette aventure ne pourrait pas arriver l’année 1778 ? Je me berce de cette chimère, parce qu’elle m’entretient de vous. Le préalable serait qu’alors M. le duc de Duras vous donnât sa parole d’honneur de se mettre avec vous à table, et même de manger avec appétit. Mais il est plaisant entre nous qu’on ait tant mangé de Zuma,[Zuma, représentée le 10 octobre 1776 à Fontainebleau, fut reprise le 22 janvier à la Comédie française et jouée 22 fois] et qu’on n’ait pas seulement essayé de tâter du Dom Pèdre. Le hasard gouverne ce monde.

 

Mon cher ange, le hasard m’a bien maltraité depuis quelques mois. Ce hasard est composé de la nature, et de la fortune. Des chances horribles sont sorties du cornet contre moi. Ma colonie est aussi délabrée que l’ont été Pondichéry et Québec. Je me suis trouvé ruiné tout d’un coup sans savoir comment, et je me suis enfin aperçu qu’il n’appartenait qu’à Thésée, Romulus et M. Dupleix, de bâtir une ville.[ ii]ce jour, à Mme de Saint Julien : «

 

Portez-vous bien, mon cher ange, aimez-moi encore, tout chimérique, et tout infortuné que je suis. Ma tendre amitié n’est pas du moins une chimère ; elle est la consolation très réelle du reste de mes jours.

 

V. »

i Agathocle et Irène ; cependant V* écrivait le 7 avril à d’Argental : « vous vous souvenez peut-être du petit souper à trois services que je préparais [Irène] … La nouvelle de cette petite fête avait transporté chez quelques cuisiniers qui préparaient de pareils repas du plus haut goût… cette concurrence m’avait intimidé et je vous destinais un autre souper à cinq services [Agathocle]. » Agathocle sera envoyé le 27 juin, et le 31 août : « Mme de Saint Julien m’avait obligé de me réfugier en Sicile [où se passe Agathocle] en disant mon secret de Constantinople [Irène]. Serais-je assez heureux pour que vous engageassiez mr le duc d’Aumont à faire son affaire de cette Sicile que vous semblez aimer , et de la faire paraitre à Paris sous sa protection ?»

 

 

 

ii Ce jour, à Mme de Saint Julien : « M. l’intendant fait bâtir une ville charmante à Versoix … tandis que la nôtre à peine commencée tombe en ruine … On donne à cette ville des privilèges immenses ; ce sera un lieu de franchise et un lieu d’agrément ; tandis qu’on ne nous a pas accordé la moindre concession et le moindre privilège. Je me trouve ruiné de fond en comble pour avoir voulu donner de nouveaux sujets au roi. »

Sur les difficultés que rencontrent Ferney et V* depuis la chute de Turgot cf. lettre du 5 décembre 1776 à la même.

V* avait prêté des sommes considérables à ceux qui s’installaient à Ferney quand tout allait bien, et on se met à fuir Ferney pour aller à Versoix.

 

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02/06/2010 | Lien permanent

L'ouvrage paraît plutôt la production d'un politique oisif, que d'un ministre vieilli dans les grandes affaires

... 1er mai oblige, je ne travaille pas !

Quelle différence avec hier, ou demain ?

Aucune .

N'en concluez pas que le "politique oisif" est votre serviteur , ma flemme ne consistant aujourd'hui qu'à vous laisser le soin/travail de trouver le nom du "ministre vieilli" , je sais qu'on n'a que l'embarras du choix en France, de toute éternité .

Petit a parte : certains esprits supérieurs (c'est indéniable ! ) prônent un concert de casseroles pour remplacer les défilés ; je leur suggère de prendre Sarkozy comme chef d'orchestre .

Personnellement je préfère ceci : Cameron Carpenter : https://www.arte.tv/fr/videos/097203-000-A/cameron-carpen...

Politique Étrangère : Clarendon Ministre. Vanity Fair espion ...

A cet âge, vieille tige, les clochettes sont tombées

 

 

« [A Valbéne ?]1

Le septuagénaire de Ferney doit monsieur, une réponse à votre lettre ingénieuse et pleine de raisons séduisantes 2 . Une fluxion sur les yeux et son âge ne lui permettent pas toujours de s'acquitter de ses devoirs aussi promptement qu'il le désirerait .

Si vous joignez à mes doutes sur le testament politique de Richelieu, 1° que le manuscrit de cet ouvrage n'a jamais été vu ni par ses héritiers, ni par les ministres qui lui succédèrent ; 2° qu'il fut mis sous presse trente ans après sa mort, sans avoir été connu auparavant ; 3° que le style est différent de celui des autres écrits du cardinal ; 4° que l'ouvrage fourmille d'idées et expressions peu convenables à un grand ministre qui parle à un grand roi ; 5° que l'éditeur ou le faussaire lui fait signer son nom d'une manière qu'il n'employa jamais ; 6° que cet éditeur ne dit ni de qui il tient le manuscrit, ni en quelles mains il avait été déposé , vous aurez quelques soupçons sur son authenticité .

L'ouvrage paraît plutôt la production d'un politique oisif, que d'un ministre vieilli dans les grandes affaires . En le relisant avec attention, vous finirez par penser comme moi sur un livre très médiocre, qu'on a voulu accréditer par un nom illustre .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, etc., etc .

Au château de Ferney, 10 février 1765 .»

1D'après l'édition L. M. C. [Louis Mayeul Chaudon] , « Réponse inédite de M. de Voltaire », Bulletin polymathique du Museum d'instruction publique de Bordeaux, nov. 1815, qui a servi de source à la copie manuscrite, et qui par conséquent, a été suivie . Cette lettre répond à une « Lettre à M. de Voltaire, sur les doutes touchant l’authenticité du testament du cardinal de Richelieu » publiée ibid, et suivie de la note suivante : « Cette lettre écrite à Voltaire par un gentilhomme d’Avignon fut composée par son ami M. l'abbé C..., auteur du Nouveau dictionnaire historique ». Le même Bulletin polymathique a publié dans son numéro précédent , d'octobre 1815 une lettre du même « gentilhomme » à Voltaire avec la réponse ; voir lettre du 11 novembre 1763 à Valbène : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/11/05/l... .

C'est pourquoi il a été préféré désigner Valbène comme destinataire plutôt que l'abbé Mayeul-Chaudon, comme le fait Besterman .

2 Voir note ci-dessus ; cette lettre est datée d’Avignon, le 10 décembre 1764 (Bester. D. 12235).

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01/05/2020 | Lien permanent

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