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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

On paraît épuisé à la fin d'une campagne, et on recommence encore sur nouveaux frais ; on dit : Ce sera la dernière, et

... Pessimiste Voltaire ?

Non ! réaliste . J'ose espérer être du même tempérament, à défaut d'avoir autant d'esprit .

La Grande Guerre, 14-18, était sensée être la première et la dernière des tueries qu'aurait à subir le monde .

Epuisement, reprise de l'économie, crise et de nouveau embrasement mondial .

Epuisement, reprise des affaires, confort, crises pétrolières, réunification, morcellements, annexions, guerres larvées, guerres civiles, guerres de religions,... bordel !   

 This world is a mess !

https://www.youtube.com/watch?v=ptOL1L4LGKI

 

how-to-make-sense-of-any-mess.jpg

Juste !

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
Aux Délices, 12 avril 1760
Madame, si j'ai passé trop de temps sans avoir le bonheur de vous écrire, si j'ai été malade, si je languis, ce n'est pas la cousine de Mlle de Pertriset qui en est cause ; je suis dans un âge où les passions ne font pas tourner la tête. Votre Altesse sérénissime daignait s'intéresser à ce mariage ; mais la dot est bien difficile à trouver. L'oncle 1 , qui n'entend pas raillerie, et qui fait toujours de bonnes affaires, conclura peut-être le marché; et ce sera le Mariage forcé.
Je ne doute pas que madame n'ait été contente de ses Américains et de ses Américaines 2. Quand on voit tant de malheurs et tant de cruelles folies en Europe, il n'est pas mal de faire un petit voyage au Pérou. J'ai peur que le voisinage de Votre Altesse sérénissime ne soit inondé de troupes cette année ; mais elle est accoutumée à voir les orages et à les dissiper. Quand je vis les premières tempêtes se former, je crus qu'il y en avait là pour cinq ou six ans ; Dieu veuille que je me sois trompé 3! On paraît épuisé à la fin d'une campagne, et on recommence encore sur nouveaux frais ; on dit : Ce sera la dernière, et cette dernière en amène encore une autre, et les malheurs du genre humain ne finissent point. Le roi de Prusse fait toujours des vers et des revues. Je ne sais comment la petite-fille 4 d'Ernest le Pieux aura pris la lettre au maréchal de Keith. Si le philosophe de Sans- Souci est battu, il sera excommunié.
Conservez, madame, votre sage et heureuse tranquillité d'esprit au milieu de toutes les secousses qui vous environnent; soyez aussi heureuse que vous devez l'être; que la grande maîtresse des cœurs jouisse d'une santé bien affermie ; que votre auguste famille croisse sous vos yeux en grâces, en talents et en mérite. Je me mets à vos pieds et à ceux de monseigneur. Je renouvelle à Votre Altesse sérénissime le profond respect et l'attachement du Suisse V. »

 

 

1 Sans doute l'Anglais.(l'Angleterre)

 

 

3 Hélas non, V* est en dessous de la durée de ce est est la vraie première guerre mondiale, la Guerre de Sept ans .

 

4 La duchesse elle-même.

 

 

 

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08/04/2015 | Lien permanent

la rage d’être premier ministre à l’âge de soixante et quatorze ans ; cela est plus extraordinaire que de faire des enfa

... Combien de vieux schtroumpfs aurons-nous lors des prochaines élections, tant en France que partout dans le monde ?

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Question retraite, on est plus près de la retraite de Russie que de celle des cadres

 

 

« A Bernard-Louis Chauvelin

9è octobre 1764 à Ferney

Quand la faiblesse et les maladies augmentent, on est un mauvais correspondant, et Votre Excellence est très indulgente, sans doute pour les gens de mon espèce : vous ne devez point d’ailleurs regretter que je ne vous aie pas instruit de ce que Mme de Was peut être. Elle est venue chez moi, mais je ne l’ai point vue. Je me mets rarement à table quand il y a du monde ; ma pauvre santé ne me le permet pas. On dit qu’elle est fort aimable, ce qui est assez indifférent à un pauvre malade.

Vous devriez bien engager les anges à vous faire copier les Roués de la nouvelle fournée  ; ils vous l’enverraient par le premier courrier que M. le duc de Praslin ferait passer par Turin , vous jugeriez si en supprimant quelques morceaux de politique, on a pu jeter plus d’intérêt dans l’ouvrage. La politique est une fort bonne chose, mais elle ne réussit guère dans les tragédies : c’est, je crois, une des raisons pour laquelle on ne joue plus la plupart des pièces de ce grand Corneille. Il faut parler au cœur plus qu’à l’esprit. Tacite est fort bon au coin du feu, mais ne serait guère à sa place sur la scène.

Au reste, je suis d’autant plus fâché d’avoir renoncé au théâtre, que c’est quitter un temple où madame l’ambassadrice est adorée. Je ne peux plus être un de ses prêtres, la vieillesse et la faiblesse m’ont fait réformer. J’ai pris mon congé au même âge que Sarrazin, et j’ai poussé la carrière aussi loin que je l’ai pu. A combien de choses n’est-on pas obligé de renoncer ? L’âge amène chaque jour une privation : il faut bien s’y accoutumer, et n’en pas murmurer, puisqu’on n’est né qu’à ce prix. Il y a une chose qui m’étonnera toujours, c’est comment le cardinal de Fleury a eu la rage d’être premier ministre à l’âge de soixante et quatorze ans ; cela est plus extraordinaire que de faire des enfants à cent années. Je vous souhaite ces deux ministères, et je voudrais alors faire votre panégyrique.

J’ai vu votre petit Anglais, qui a une maîtresse, et point de précepteur ; ils sont tous dans ce goût-là. Nous avons eu longtemps le fils 1 de M. Fox. Il voyageait, à quinze ans, sur sa bonne foi, et dépensait mille guinées par mois . Les Welches n’en sont pas encore là.

Je présente mes respects à Leurs Excellences, et je les prie très instamment de me conserver leurs bontés. »

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28/11/2019 | Lien permanent

Nous vous donnerons un rôle de financier, puisque vous en avez le ventre et nous vous en souhaitons le coffre fort

... Et puisque c'est une chose trop sérieuse pour être entre les mains d'un seul, c'est un trio qui officie , ce  sont Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et Benjamin Griveaux qui se prennent un ventre de sénateur en dansant devant le coffre . La valse des milliards n'a pas fini de nous faire tourner en bourrique , ce n'est pas le seul souci, et le pire n'est jamais sûr .

 Image associée

 

 

« Au baron Jacob Friedrich von Bielfeld

Au château de Ferney en Bourgogne

par Genève ce 8è d'avril 1763

Vous croyez, monsieur , que je n'ai point d'amour-propre ou vous voulez que la tête me tourne de l'honneur que vous me faites . Vous voulez bien me dédier un livre agréable et instructif 1. Je n'ai rien de pareil à vous offrir ; vous me prenez trop à votre avantage . Vous voilà donc rendu à Berlin ? Je vois que vous aimez les triomphes, c'est apparemment ce qui fait que vous ne venez pas chez nous . Mais venez, si vous aimez la comédie . Ce vieux bonhomme de Mauricius 2, que vous avez vu à Hambourg, me mandait qu'il jouait Lusignan mieux que moi, parce qu'il était paralytique . Je ne le suis pas encore mais je deviens aveugle . Nous vous donnerons un rôle de financier, puisque vous en avez le ventre et nous vous en souhaitons le coffre fort . Mme Denis est une grande actrice , Mlle Corneille devenue Mme Dupuits est toujours chez moi et joue les soubrettes très joliment, son mari en qualité d'officier de dragon doit faire les petits-maîtres, moi les vieillards comme de raison, attendu que j'ai soixante-dix ans ; voilà notre troupe complète . Le théâtre est assez joli, mais je ne pense pas que vous quitterez la Sprée pour mon lac, et le séjour de la gloire pour celui de nos chétifs amusements . Si vous venez, vous nous comblerez de joie, sinon ce sera de regrets : et pour le temps qui me reste à badiner sur la terre, je serai très sérieusement avec bien de la reconnaissance, monsieur,

Voltaire

gentilhomme de la chambre du roi . »

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06/04/2018 | Lien permanent

J’envoie à notre cher frère un beau désaveu pour mettre dans les papiers publics

... à propos des crimes pédophiliques de mon clergé ."

Signé : François Ier (actuel locataire du Vatican, et non vainqueur de Marignan ) .

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Dieu est jeune !

La belle affaire, mon vieux François .

Est-ce pour mieux toucher dieu que ton clergé  ne se contente pas de l'hostie rituelle et s'adonne au crime pédophilique ?

 

 

« A mon frère Nicolas-Claude Thieriot

23è auguste 1763

Frère, vraiment on a raison de remarquer que ce sont les Rémois qui font la dépense de la statue, et que, par conséquent, ce n’est pas à eux à se louer. Il faudra, s’il vous plaît, rayer ces deux vers-là ; mais donnez toujours ma lettre 1 à M. Pigalle, afin qu’il ne croie pas que je suis un paresseux qui ai négligé de lui répondre.

Je ne sais quel fripon de Paris vient de faire imprimer le Droit du Seigneur sur une mauvaise copie transcrite à la Comédie. Le brigandage est partout. On a imprimé aussi je ne sais quelle tragédie de David, traduite de l’anglais 2, avec mon nom à la tête, les gens sont bien méchants.

J’envoie à notre cher frère un beau désaveu pour mettre dans les papiers publics 3. Je vois qu’on persécutera toujours les saints ; mais aussi vous savez qu’ils auront la vie éternelle.

Quid novi ? Portez-vous bien.

V. »

2 Ces quatre mots sont ajoutés au-dessus de la ligne sur le manuscrit .

3 Ce désaveu fut publié dans les Annonces , affiches et avis divers, 5 septembre 1763, et réimprimé par Émile Lizé, « Deux lettres inédites et un texte oublié de Voltaire », Annales historiques de la révolution française, 1974 . Le voici : « Je suis obligé d'avertir tous ceux qui ont souscrit pour les œuvres du grand Corneille que j'ai rempli toute la tâche que je m'étais imposée ; que toutes ses tragédies ainsi que l'Ariane et Le comte d'Essex de Thomas son frère sont imprimées avec un commentaire ; que tous ceux qui voudront ou souscrire ou demander des éclaircissements peuvent s'adresser au sieur Cramer , libraire à Genève . Je saisis cette occasion pour faire savoir qu'on débite actuellement à Paris , sous mon nom, plusieurs ouvrages dont non seulement je ne suis point l'auteur, mais que même je n'ai jamais vus . J'avertis aussi qu'une comédie intitulée Le Droit du seigneur qu'on débite depuis quelques jours, n'est point telle que je l'ai faite ; qu'elle est entièrement défigurée ; que je n'ai fait présent de mes ouvrages qu'au sieur Cramer ; et qu'on ne doit regarder comme mes ouvrages aucun de ceux qui ne sont pas de son imprimerie . À Genève , 23 auguste 1763. »

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19/08/2018 | Lien permanent

les ridicules et les crimes ne sont que dans les villes

... Ce que contredit l'ami Brassens : https://www.youtube.com/watch?v=6mtugogRIAo

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

23è mars 1765

Mon cher frère, voici les ordres que le Dieu d'Epidaure signifie à vos amygdales . Portez-vous bien, et jouissez de la force d'Hercule pour écraser l'hydre . Je suis affligé de n'avoir point encore appris que le roi ait honoré d’une pension l'innocence des Calas .

Vous devez avoir reçu le mémoire des Sirven . Rien n'est plus clair ; leur innocence est plus palpable que celle des Calas . Il y avait du moins contre les Calas des sujets de soupçon, puisque le cadavre du fils avait été trouvé dans la maison paternelle, et que le père et la mère avaient nié d'abord que ce malheureux se fût pendu ; mais ici, on ne trouve pas le plus léger indice . Que d'horreurs, juste ciel ! On enlève une fille à son père et à sa mère, on la fouette, on la met en sang pour la faire catholique, elle se jette dans un puits, et son père , sa mère et ses sœurs sont condamnés au dernier supplice ! On est honteux, et on gémit d’être homme quand on voit que d'un côté on joue l'opéra-comique, et que de l'autre le fanatisme arme les bourreaux . Je suis à l’extrémité de la France, mais je suis encore trop près de tant d'abominations .

Est-il vrai qu'Helvétius est parti pour la Prusse ?1 Du moins ne brûlera-t-on pas ses livres dans ce pays-là .

La Destruction est-elle enfin entre les mains du public ? À bon entendeur salut, doit être la devise de ce petit livre . Je doute que le Pyrrhonien raisonnable 2 fasse une grande fortune, quoique l'auteur ait beaucoup d'esprit .

Il y a une petite brochure contre Racine et Boileau , qui ne peut être faite que par un sot, ou du moins par un homme sans goût ; et cependant je voudrais bien l'avoir .

Je ne sais ce que c'est que L'Homme de la campagne 3. Il y a dans Genève des Lettres de la campagne , auxquelles Jean-Jacques a répondu par les Lettres de la montagne . C'est un procès qui n'est intéressant que pour les Genevois . Pour L'Homme de la campagne si c'est une satire contre ceux qui se sont retirés du monde la satire a tort ; les ridicules et les crimes ne sont que dans les villes .

Adieu, mon cher frère, écr l'inf. »

1 Il y est à l'invitation de Frédéric II .

3 On n'en sait pas plus, sur ce qui est sans doute l'ouvrage d'un physiocrate .

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25/06/2020 | Lien permanent

Il y avait longtemps qu'on vous préparait ce tour

... Disent les organisateurs de la méga-teuf du Teknival hors-la-loi . Et ce qui devait arriver arrive : dix-sept blessés à cette heure, et ce n'est qu'un début ! Je me pose la question : trente mille teufeurs qui pissent et défèquent pendant trois jours au moins, où mettent-ils tout ça ? On va les reconnaitre facilement , ils vont puer . Bande de salopiots ! Qui  tire les marrons du feu ?

https://www.20minutes.fr/societe/4037548-20230519-indre-t...

Teknival : 30 000 personnes, interdictions préfectorales... pourquoi le  festival de techno fait-il autant polémique ? - midilibre.fr

Sourdingues et cirrhotiques ...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

14è octobre 1767 à Ferney

Mon cher ange, j'apprends qu'on vous a saigné trois fois . Voilà ce que c'est que d'être gras et dodu. Si on m'avait saigné deux fois, j'en serais mort. On dit que vous vous en êtes tiré à merveille. J'apprends en même temps votre maladie et votre convalescence ; tout notre petit ermitage aurait été alarmé, si on ne nous avait pas rassurés. Vous voilà donc au régime avec Mme d'Argental, et sous la direction de Fournier. Pour moi, je suis dans mon lit depuis un mois ; je suis plus vieux et plus faible que vous ; il faut que je me prépare au grand voyage, après un petit séjour assez ridicule sur ce globe.

La Comédie-Française me parait aussi malade que moi. Je me flatte qu'après les saignées qu'on vous a faites, votre sang n'est plus aigri contre votre ancien et fidèle serviteur. Vous avez dû voir combien on a abusé de ma lettre à Mlle Dubois 1, qui n'était qu'un compliment et une plaisanterie, mais dans laquelle je lui disais très-nettement que j'avais partagé mes rôles entre elle et Mlle Durancy. Il y avait longtemps qu'on 2 vous préparait ce tour ; on aurait beaucoup mieux fait de me payer beaucoup d'argent qu'on me doit. Je suis vexé de tous côtés c'est la destinée des gens de lettres. Ce sont des oiseaux que chacun tire en volant, et qui ont bien de la peine à regagner leur trou avec l'aile cassée.

Je vous embrasse du fond de mon trou, avec une tendresse qui ne finira qu'avec moi, mais qui finira bientôt.

V. »

2 « On » = Richelieu .

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19/05/2023 | Lien permanent

La cessation de presque tout le commerce, qui ne se fait plus que par des contrebandiers, la cherté horrible des vivres,

... Mais est-ce ainsi que sera l'avenir de la Russie et de l'Ukraine ?

Scythes — Wikipédia

Et si l'Ukraine devenait aussi hégémonique que Poutine : voir ce qu'elle pourrait réclamer au nom de l'histoire antique .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

22 Décembre 1766 

Je souhaite à mes anges la bonne année, c’est-à-dire quatre ou cinq bonnes pièces nouvelles, quatre ou cinq bons acteurs, et, de plus, tous les plaisirs possibles.

J’ai reçu le paquet dont vous m’honorez du 13 de décembre. Voilà, je crois, la première fois qu’un pauvre auteur a été d’accord en tout avec ses critiques. Tout sera comme vous le désirez. Les trois quarts au moins de vos ordres sont prévenus, et vous serez ponctuellement obéis sur le reste ; mais les affaires de Genève ne laissent pas de m’embarrasser. La cessation de presque tout le commerce, qui ne se fait plus que par des contrebandiers, la cherté horrible des vivres, le redoublement des gardes des fermes, la multiplication des gueux, les banqueroutes qui se préparent, tout cela n’est point du tout poétique . On ne vivait point ainsi en Scythie.

Je ne crois point du tout qu’on se batte, mais je crois qu’on souffrira beaucoup. Si on se battait, ce serait bien pis ; on pourrait bien mettre alors le feu à la ville, et alors toutes les dettes sont payées.

Je pense encore (entre nous) qu’on aurait pu prévenir tout ce tracas ; mais, quand les choses sont faites, ce n’est pas la peine de dire ce qu’on aurait pu faire.

Les délais de Beaumont, les maudites et plates affaires dont il a été chargé si longtemps, nous ont été très funestes . Cependant, son mémoire est signé de dix avocats ; on l’imprime enfin ; mais on craint le parlement de Toulouse, et je ne vois pas pourquoi on le craint. On ne veut donner le mémoire qu’aux juges . On n’ose pas le donner au public, dont pourtant la voix dirige les juges dans des affaires si criantes. Il me semble qu’il faut avoir pour soi la clameur publique. Voyez ce qu’à produit le cri de la nation dans l’affaire des Calas. Mais enfin, je ne suis pas sur les lieux, et je m’en rapporte à ceux qui voient les choses de plus près. Je me flatte que vous aurez un exemplaire du mémoire en même temps que M. le vice-chancelier. M. le duc de Choiseul nous a promis de nous faire donner M. Chardon pour rapporteur.

Vous l’en ferez souvenir, mes divins anges.

Respect et tendresse. »

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24/03/2022 | Lien permanent

Un pauvre particulier doit être défendu ; il doit décrier au moins le témoignage de son ennemi

... Gendarmerie contre manifestants - manifestants contre police ; qui est l'ennemi, qui est le particulier dans ces violences au motif d'opposition à une loi ou à un projet de "méga-bassine" ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

10 auguste 1767 1

Je viens de trouver enfin, mon cher ami, un premier volume de Corneille pour l'ami Thieriot . Comment veut-il que je le lui envoie ? Cela fait un très gros paquet, qui serait refusé à la poste .

Je crois qu'il faut laisser imprimer le mémoire qui devait précéder la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV . C'est une affaire qui n'est pas seulement littéraire ; elle est personnelle à plusieurs grandes maisons du royaume qui m'ont témoigné leur indignation contre ce malheureux La Beaumelle 2 . Ses calomnies, peu connues peut-être à Paris, sont répandues dans les pays étrangers . Il m'a traité comme Louis XIV, et je ne suis pas roi . Un pauvre particulier doit être défendu ; il doit décrier au moins le témoignage de son ennemi . Je ne reviens point de mon étonnement quand mes amis me disent qu'il faut mépriser de telles impostures . Je n'entends pas quel honneur il y a à se laisser diffamer , et je suis bien persuadé qu'aucun de ceux qui me disent « Gardez le silence » ne le garderait à ma place .

Je crains toujours que le mémoire de Loiseau ne déplaise au ministère . La satire contre le gouvernement de Berne est un peu violente . Le mémoire n'est point juridique . Si messieurs de Berne se plaignent, on pourra s'en prendre à Loiseau .

Je ne sais plus comment va l'affaire de M. de Beaumont . Adieu, mon cher ami ; faites parvenir ce billet à Protagoras 3 . Pour Platon, il m'abandonne aussi bien que la cause commune . Je vous embrasse de tout mon cœur. »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. ; autre copie contemporaine ; édition de Kehl, qui suivant la copie Beaumarchais amalgame des extraits de cette lettre et de celle du 12 août pour en faire une lettre datée « 12 août » la copie Beaumarchais y ajoute même des fragments de la lettre du 14 août .

2 Aucune trace de ces prétendus témoignages d'indignation .

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21/03/2023 | Lien permanent

Le mot l'infâme a toujours signifié le jansénisme, secte dure et barbare, plus ennemi de l'autorité royale que le presby

... Et on peut ajouter aujourd'hui, sans hésiter, l'islamisme qui dépasse en erreurs et horreurs les "infâmes" du XVIIIè siècle  .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Ferney le 6 juillet 1765 1

Voici, mes divins anges, ce qui est advenu . Votre paquet, adressé à M. Camp, et contre-signé Chauvelin, arriva en son temps à Lyon, à l’adresse de M. Camp. Les fermiers-généraux des postes l’avaient contre-signé à Paris d’une autre façon, en mettant en gros caractères sur l'enveloppe et avec une encre rouge : paquet suspect. M. Camp est toujours malade ; M. Tronchin, qui est toujours à Lyon, fut étonné du suspect en lettres rouges, il ouvrit le paquet. Les directeurs des postes disputèrent ; ils exigèrent, je crois, un louis. Enfin le paquet qui portait une sous-enveloppe,à l'adresse de Wagnière, chez Souchai à Genève, m’a été rendu aujourd’hui . La même chose m’était arrivée à peu près au sujet d’un très petit paquet, aussi contre-signé Chauvelin, que vous m’aviez adressé il y a environ trois semaines . Ainsi vous voyez que les fermiers préfèrent le port aux conseillers d’État intendants des finances. Je pense donc que n’ayant jamais à m’envoyer que des paquets honnêtes, le meilleur parti est de les mettre avec les dépêches pour le résident de Genève, vous voudrez bien m'informer du départ par une simple lettre par la poste, à Wagnière, chez Souchai, à Genève sans autre enveloppe.

J'étais curieux avec juste raison de savoir ce que contenait cette vieille demi-page . Le mot l'infâme a toujours signifié le jansénisme, secte dure et barbare, plus ennemi de l'autorité royale que le presbytérianisme ( et ce n'est pas peu dire ) et plus dangereuse que les jésuites . Si le roi sait mon grimoire il sait que je n’écris jamais qu'en loyal sujet à des sujets très loyaux .

Lekain est sombre, et moi aussi : je lui conseille de venir chez moi en Suisse pour s’égayer. Mlle Clairon viendra à Ferney ; j’y passerai quelques jours pour elle, et la tragédie que nous jouerons tous ensemble nous remettra de la gaieté dans le cœur. Ferney n’est point à moi, comme vous savez ; il est à Mme Denis. J’ai le malheur de n’avoir rien en France et même nulle part, mais je vous remercie pour Mme Denis, vous et M. le duc de Praslin, comme si c’était pour moi-même ; et jamais ses bontés et les vôtres ne sortiront de mon cœur. Je crois qu’il est très convenable que j’écrive à M. de Calonne 2 ; je regarde sa commission de rapporteur comme un de vos bienfaits.

Je viens de vous dire, mes anges, que si Lekain fait bien, il viendra dans ma Suisse ; mais je le prierai  de rester au théâtre. On est donc revenu sur les six pendus  3? Je suis très aise pour l’auteur que l’illusion l’ait si bien et si longtemps servi. Le ridicule n’est que dans l’enthousiasme qui a pris pour une chose honorable à la nation l’époque honteuse de trois batailles perdues coup sur coup et d’une province subjuguée : vous apprêtez trop à rire aux Anglais, et j’en suis fâché.

Comme je ne reçois le manuscrit du petit prêtre 4 qu’aujourd’hui, vous ne pourrez recevoir la nouvelle leçon que dans quinze jours. Il est bon d’ailleurs d’accorder du temps au zèle de ce jeune homme. Il dit que la scène des deux tyrans ne fera jamais un bon effet parce qu’une conférence entre deux méchants hommes n’intéresse point ; mais elle peut attacher par la grandeur de l’objet et par la vérité des idées, surtout si elle est bien dialoguée et bien écrite : selon lui, c’est la scène de Julie 5 errant dans les rochers de cette île triumvirale qui doit intéresser ; mais il faut des actrices. 

Je me mets sous les ailes de mes anges.

V.»



2 A propos de l'affaire des dîmes .

3 Les six bourgeois du Siège de Calais .

4 Le Triumvirat .

5 Le Triumvirat, II, 4 : http://www.théâtre-documentation.com/content/le-triumvirat-voltaire#Scene_IV-3

« J’ai marché quelque temps dans cette île escarpée ;/Mes yeux ont vu de loin des tentes, des soldats ; /Ces rochers ont caché ma terreur et mes pas ;/Celui qui me guidait a cessé de paraître. »

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13/11/2020 | Lien permanent

Il est vrai que j'ai été indigné de certaines barbaries velches, mais je me suis consolé en songeant combien il y a de F

... Mam'zelle Wagnière ; je suis heureux de vous connaitre, et je vous souhaite tout ce qui peut vous être agréable .

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« A Charles-Augustin Ferriol , comte d'Argental

26è septembre 1766

Mon cher ange, je vous supplie de présenter mes tendres respects à M. le duc de Praslin . Je suis pénétré des sentiments de bonté dont il veut toujours m'honorer . Je lui souhaite une santé affermie, c'est la seule chose qui peut lui manquer , et c'est celle sans laquelle il n'y a point de bonheur .

Il est vrai que j'ai un beau sujet 1 , mais c'est une belle femme qui me tombe entre les mains à l'âge de près de soixante-treize ans : je la donnerai à exploiter à quelque jeune homme . Je vous ai déjà dit que j'étais comme le chevalier Condom 2 qui s'est fait une grande réputation pour avoir procuré du plaisir à la jeunesse quand il ne pouvait plus en avoir .

La Harpe et Chamfort viennent chez moi à la fin de l'automne, ainsi vous aurez deux tragédies . De quoi diable avez-vous à vous plaindre ?

Je ne hais pas absolument les Roués ; je trouve qu'ils se font lire, et qu'il n'y a pas un seul moment de langueur . Je trouve qu'elle est fortement écrite, et je crois même qu'elle ferait plaisir au théâtre, si Mlle Clairon jouait Fulvie, Mlle Lecouvreur Julie, Baron Auguste, et Lekain Pompée . Il n'est pas mal d'ailleurs d'avoir une pièce dans ce goût afin que tous les genres soient épuisés .

À l'égard des ouvrages philosophiques, tels que Cicéron, Lucrèce, Sénèque, Epictète, Pline, Lucien en faisaient contre les superstitions de leur temps, je ne me pique point d'imiter ces grands hommes . Vous savez que je ne fais aucun ouvrage dans ce goût, je vis chez des Velches et non pas chez les anciens Romains . Je suis sur les frontières d'une nation qui connait par cœur Rose et Colas, et qui ne lit point le De Natura deorum . La calomnie a beau m'imputer quelquefois des écrits pleins d'une sagesse hardie qui n'est pas celle des Velches, mais qui est celle des Montagne, des Charon , des La Motte Le Vayer, des Bayle, je défie qu'on me prouve jamais que j'aie la moindre part à ces témérités philosophiques . Il est vrai que j'ai été indigné de certaines barbaries velches, mais je me suis consolé en songeant combien il y a de Français aimables, à la tête desquels vous êtes avec l'hôte chez qui vous logez . Il n'y a point de mois où l'on ne voie paraître en Hollande, tantôt un excellent ouvrage Fréret, tantôt un moins bon, mais pourtant assez bon de Boulanger, tantôt un autre éloquent et terrible de Bolingbroke . On a réimprimé Le Vicaire savoyard, dégagé du fatras d’Émile, avec quelques ouvrages du consul Maillet 3 . Toute la jeunesse allemande apprend à lire dans ces ouvrages, ils deviennent le catéchisme universel depuis Bade jusqu'à Moscou . Il n'y a pas à présent un prince allemand qui ne soit philosophe . Je n'ai assurément aucune part dans cette révolution qui s'est faite depuis quelques années dans l'esprit humain . Ce n'est pas ma faute si ce siècle est éclairé, si la raison a pénétré jusque dans les cavernes . J'achève paisiblement ma vie sans sortir de chez moi . Je bâtis un village, je défriche des terres incultes, et je suis seulement fâché que le blé vaille actuellement chez nous quarante francs le setier . J’ai bâti une église, et j'y entend la messe . Je ne vois pas pourquoi on voudrait me faire martyr . On peut m'assassiner, mais on ne peut me condamner, et d'ailleurs quand on m’assassinerait à soixante-treize ans, j'aurais toujours probablement plus vécu que mes assassins, et j'aurais plus rendu de service aux hommes que maître Pasquier . Mais j'espère que cela n'arrivera pas, et je vous réponds que j'y mettrai bon ordre . J'ai peu de temps à vivre d'une manière ou d'une autre ; je vivrai et je mourrai attaché à mon cher ange avec mon culte ordinaire d'hyperdulie .

P.S. – Que dites-vous de Mme la comtesse de Brionne qui va des Pyrénées aux Alpes comme on va de Versailles à Paris ? Elle voulait venir incognito, je l'en défie ; est-ce qu'elle serait philosophe ? »

1 Première allusion aux Scythes ; il est clair , par ce paragraphe, que V* a déjà dû en parler à d'Argental dans une lettre qu'on ne connait pas .

2 Inventeur du contraceptif qui porte le nom du pays d'origine du chevalier Condom . Voir : https://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_1996_num_84_309_4323

3 Benoît de Maillet ; voir les Noteboocks, I, 420-426 où V* a recopié plusieurs pages « d'extraits » de son ouvrage . On connait aussi Antoine Maillet du Clairon, consul de France à Amsterdam . Voir : https://www.persee.fr/doc/rhs_0151-4105_1991_num_44_3_4193

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Beno%C3%AEt_de_Maillet

et https://data.bnf.fr/en/atelier/13012786/antoine_maillet-duclairon/

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