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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

si mon goût extrême pour la liberté ne m'eût décidé à me faire franco-genevois-suisse, afin qu'étant sur trois territoir

...

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« A monsieur le président

Germain-Gilles-Richard de Ruffey

à Dijon

A Ferney 1er août 1759

Je serais bien confus de tout ce que vous avez fait s’il n'y avait pas un plaisir extrême à être obligé par vous . Vous êtes le plus aimable président qui soit au monde . Comptez que tous les présidents ne sont pas aussi officieux que vous . On n'en trouverait pas même aux terres australes 1.

Je sens que j'aurais choisi des terres dans votre voisinage plutôt qu'ailleurs, si mon goût extrême pour la liberté ne m'eût décidé à me faire franco-genevois-suisse, afin qu'étant sur trois territoires, comme Hécate 2 je ne dépendisse de personne autant que faire se peut . J'en suis venu à bout et je tiens que c'est un tour de force .

M. Tronchin devait payer l'argent dû à la chambre des comptes, mais vous avez poussé vos bontés jusqu'à vouloir bien avancer l'argent il faudra bien aussi que ayez celui d'ordonner à vos gens d'affaires de se faire rembourser par M . Tronchin de Lyon . Il fait tenir de l'argent à Dijon très commodément , et le président des terres australes s'est aperçu de cette facilité . Trouvez donc bon que je prenne la liberté de vous adresser une lettre de change tout comme si vous n'écriviez pas des lettres aimables .

On dit toujours l'ordre des révérends pères jésuites aboli en Portugal . Votre domestique serait très bien reçu dans mes ermitages puisqu'il y parlerait de son ancien maître, mais malheureusement je n'ai que trop de domestiques . Je suis à présent comme Trimalcion, je demande à un valet, à qui êtes-vous ? Et il me répond qu'il est à moi 3, et je suis tout honteux . Vous avez très bien fait et je vous remercie d'avoir eu la bonté de m'envoyer le contrat par la poste . Les pauvres résidents n'ont point leur port franc . Celui de Genève 4 sert très bien et est mal payé . C'est un très bon homme qui est fort de mes amis .

Le roi fait les frais d'une décoration de jardins en terrasse pour Sémiramis qu'on va jouer 5 . Cela ressemble aux Athéniens qui dépensaient en spectacles quoiqu'ils eussent la guerre avec les barbares . Adieu, monsieur;mille tendres remerciements, et mille respects à madame de Ruffey .

V. »

1 Allusion au président de Brosses qui avait écrit un livre sur ce sujet, voir lettre du 9 septembre 1758 à de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/10/23/je-m-engage-a-ne-pas-vivre-plus-de-quatre-ou-cinq-ans-moyenn.html

2 Hécate, originairement déesse de la lune, fut plus tard identifiée avec Séléné, Artémis et Perséphone, et régna ainsi sur le ciel, la terre et les enfers .

3 Satyricon , LIII, de Pétrone :« Comment, s'écria Trimalcion ! Et quand donc m'a-t-on acheté les jardins de Pompée ? - L'an dernier, répondit le greffier, et c'est pour cela qu'ils ne sont pas encore portés en compte. » Trimalcion écumait : « Quels que soient, cria-t-il, les biens que l'on m'achète, si je n'en sais rien dans les six mois, je défends qu'on me les porte en compte. »

4 Montpéroux, résident de France à Genève jusqu'en septembre 1765 .

 

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31/08/2014 | Lien permanent

Si vous voulez être scandalisé soyez-le de ce que ce prétendu philosophe a immolé plus de quatre cent mille hommes à sa

... En lisant ceci, j'ai pensé immédiatement à ce foutu Bonaparte de triste mémoire qui remplît fort assidument nos cimetières . 

Et, dans la foulée, -allez savoir pourquoi, mais je pense que vous le savez aussi-,  dans un mode moins sanglant, à Jean-Luc Mélenchon, le prétendu insoumis  qui tente de voguer sur la vague de l'indignation , Stéphane Hessel à la petite semaine, encore vexé de son score électoral, roi du parachute doré, mais démolisseur patenté alors qu'il faut s'unir pour établir quelque heureux avenir en France ; Mélenchon tu n'es qu'un bateleur de foire :  gare au mistral .

Une mention  spéciale pour Dupont-Aignan qui , -grenouille voulant se faire aussi grosse que le boeuf,- a menacé de tout abandonner si on ne l'honorait pas comme le grand homme qu'il suppose être ; dommage, il s'est dégonflé ( ce qui n'étonne personne) et reste en lice : la place est bien trop rentable pour être abandonnée .

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 http://chribactu.20minutes-blogs.fr/humour/

On le pointe ? ou il se tire ?

 

 

 

« A monsieur le président Germain-Gilles de Ruffey

à Dijon

Aux Délices 27 juin 1762

Je vous dois bien des remerciements, monsieur, pour les pièces d'un procès que je voudrais voir fini . Quand vous pourrez m'envoyer le petit mémoire que vous m'avez promis je vous garderai secret et fidélité . Vous aurez en revanche des pièces bien singulières et bien intéressantes d'un autre procès .

J'ai commencé par faire travailler votre dentiste sur les belles dents de Mlle Corneille . Pourquoi parlez-vous aujourd'hui des opuscules du philosophe de Sans-Souci 1 dont on ne parle plus ? Vous voilà bien scandalisé de ce qu'il écrit au maréchal Keit, comme Lucrèce parlait à Memmius, et comme Cicéron et César s'expliquaient en plein sénat . Si vous voulez être scandalisé soyez-le de ce que ce prétendu philosophe a immolé plus de quatre cent mille hommes à sa petite ambition d'acquérir une petite province .

Il y a un décret de prise de corps contre Jean-Jacques à Genève comme à Paris . Il est puni pour les seules choses bien écrites qui soient dans ses mauvais livres . Ce polisson s'est avisé d'écrire sur l'éducation, mais auparavant il eût fallu qu'il eût eu de l'éducation lui-même .

Une chose plus importante que j'ai à vous dire, c'est qu'il y a de bonnes raisons d'espérer la paix en Allemagne, mais belle Phillis on désespère alors qu'on espère toujours 2.

De quoi s'avise le p[résident] De Brosses de montrer mes lettres 3? oui, je crie contre les fêtes, je fais travailler les fêtes . Il est abominable d'avoir soixante jours consacrés à l'ivrognerie . C'est une affaire de police dont tous les parlements devraient se saisir . L'agriculture est plus agréable à Dieu que la taverne . Les sauvages en cela sont mieux policés que nous . Mille respects à madame la présidente, et vale dulcissime rerum 4.

V. »

1 Le cinquième et dernier volume de ces oeuvres venait de paraître ; voir Mémoires secrets (9 avril 1762 ) ; voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9743808m

2 Sonnet d'Oronte dans Le Misanthrope, I, 2 .

4 Porte-toi bien , toi qui m'est le plus cher au monde .

 

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14/05/2017 | Lien permanent

la Gaussin, elle a les fesses trop avalées

 

http://www.dailymotion.com/video/xwu4o_beethoven-triple-c...

http://www.youtube.com/watch?v=KmTSfHbbSgo

http://www.tudou.com/programs/view/h2qK3MOtU9s/

 

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Mlle Gaussin a "les fesses trop avalées" !

 

D'abord, quand on porte un bonnet comme ça, il vaut mieux se taire !

 

Volti ! quel manque de reconnaissance envers une charmante maîtresse qui vous charma vers votre quarantaine et ranima un temps votre cinquantaine, au grand dam de Mme du Châtelet, avant de ceder aux charmes de Marie-Louise Denis.

 

Certe, Volti n'est pas le roi de la galipette, mais je me permets de souligner sa discourtoisie !

Il l'a encensée pourtant, mais il a eu sous les yeux "la belle-fille du marquis de Langalerie "belle comme le jour..." et adieu "la gentille Gaussin" ! Goujat !!

 

Messieurs, permettez que je me désolidarise de la gent masculine sur ce point.

Que vous le permettiez ou non, je ne changerai pas ! 

"Ah ! les hommes ! Vous êtes tous pareils" ai-je entendu il y a peu ! Et ça m'a fait mal, car vous le savez, quand une femme dit ceci, ce n'est pas un compliment . Sous entendu, si une plus jeune, si une supposée plus jolie est dans les environs, alors comme un certain me l'avait dit à propos de lui-même : "c'est la p'tit' tête qui mène la grosse tête". Mesdames, mesdamoiselles, croyez-le et rassurez-vous, chez les hommes aussi il y a un coeur, et qui ne bat pas que pour ce qui est au-dessous de la ceinture .

En tout cas, chez moi, c'est ainsi que j'aime .

Fidèle ? Sentimental ?

Oui ! Et ce n'est pas maintenant que je vais changer !

 

Petite bio express sur Mlle Gaussin :

 http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://upload.wikim...

 

 

 

 

 

 

 

 

« « A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

A Lausanne 25 février[f1]  [1758]

 

             Il ne s’agit point, mon cher et respectable ami, des articles  qu’on m’avait demandés pour le 8è tome de l’Encyclopédie[f2]  . Ils sont à présent entre les mains de d’Alembert. Il s’agit de papiers que Diderot a entre se mains au sujet de l’article Genève, et des Kakouacs , il s’agit de lettres[f3]   que je lui ai écrites auxquelles il n’a pas répondu, et que j’exige qu’il me rende ? Après sa lettre que j’ai reçue aujourd’hui 26 au bout de deux mois, je voudrais seulement qu’il brûlât devant vous le petit billet que je lui écrivis  au sujet du libelle des Kakouacs, libelle que je croyais alors fait par les jésuites[f4] . Il a presque désavoué d’Alembert sur l’article Genève. Il a  abandonné son ami et son associé qui avait très grande raison, et qui n’a dit que l’exacte vérité, vérité même dont les prédicants genevois conviennent assez dans la profession de foi qu’ils viennent de publier[f5]  . Il faut d’ailleurs que Diderot soit le plus mou[f6]   et le plus faible des hommes pour continuer à travailler à l’Encyclopédie sous la potence. Si lui, le chevalier de Jaucourt et les autres déclarent qu’ils cesseront tout jusqu’à ce qu’on leur ait rendu la justice qu’on leur doit, et la liberté qu’ils méritent, on sera bien obligé de revenir à eux, et les coquins dont on encourage aujourd’hui les libelles seront obligés de se taire. D’Alembert se conduit en homme libre. Et Diderot en esclave. Vous pouvez, mon cher ange, ne lui pas reprocher sa mauvaise comédie du Bâtard[f7]   et sa mauvaise foi de n’avoir pas cité le Guldoni dont il l’a prise presque tout entière. Mais en vérité son procédé avec moi est inexcusable. Je veux qu’il me rende mes lettres et je vous prie, puisque vous le connaissez d’avoir la bonté de les retirer de ses mains. Je ne veux pas qu’il reste aucun vestige de ce que j’ai pensé sur cette sottise des Kakouacs. Aidez-moi à être tranquille. Car je trouve qu’il n’y a que cela de bon.

 

             Il faut surtout que mon âme soit bien à son aise pour retravailler Fanime[f8]  dans la multiplicité de mes occupations et de mes maladies. Nous la jouâmes hier et avec un nouveau succès. Je jouais Mohadar. Nous étions tous habillés comme les maîtres de l’univers. Je vous avertis que je jouai le bonhomme de père mieux que Sarrazin. Ce n’est point vanité. C’est vérité ! Quand je dis mieux, j’entends si bien que je ne voudrais pas de Sarrazin pour mon sacristain. J’avais de la colère et des larmes, et tantôt une voix forte tantôt tremblante et des attitudes ! et un bonnet ! Non jamais il n’y eut de si beau bonnet. Mais je veux encore donner quelques coups de rabot à mon loisir, si Dieu me prête vie.

 

             Oui vous êtes des sybarites fort au-dessous des Athéniens dans le siècle présent. La décadence est arrivée chez vous beaucoup plus tôt que chez eux. Mais vous leur ressemblez par votre inconstance. Vous traitiez le roi de Prusse de Mandrin[f9]   il y a six mois. Aujourd’hui c’est Alexandre. Dieu vous bénisse, Alexandre n’a point fui dix lieues à Molvits[f10]  , et n’a point crocheté les armoires de Darius[f11]   pour avoir un prétexte de prendre l’argent du pays. Peut-être Alexandre aurait récompensé l’Iphigénie en Crimée

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25/02/2010 | Lien permanent

En vérité, voilà de ces choses qu’il faut que la postérité sache

... Merci Olivier Véran, me voici rassuré et je vais dormir en paix : en cas d'attaque nucléaire je ne risque plus rien, les pastilles d'iode sont en quantité suffisante : https://www.lindependant.fr/2022/03/21/guerre-en-ukraine-...

En 1914, nous étions aussi merveilleusement équipés, gloriole française, pas un bouton de guêtre ne manquait ; on connait la suite .

Poutine , dangereux pour la planète ? Rigolons ! nous , Français, sommes immunisés, tout comme nous l'avons été grâce aux masques tissu/papier/carton/plastique . Il ne nous manque que d'avoir suffisamment de peinture au plomb pour nous protéger de la kryptonite de Sibérie .Méfiant, je prends ma pelle et , excusez-moi de vous abandonner, je vais creuser un abri (au moins deux places ) .

Au passage, il n'est pas inutile de rappeler que la nième vague du Covid, avec 90 000 contaminés par jour arrive directement après qu'on vient de supprimer l'obligation du port du masque dans les lieux publics ; cherchez l'erreur !

 

 

« A Jean-François Marmontel

20 Décembre 1766

Mon cher confrère, j’avais déjà répondu au reproche de madame Geoffrin de n’avoir rien dit du billet du roi de Pologne. Je lui ai mandé 1 que le style de ce monarque ne m’étonnait point du tout. Je connais trois têtes couronnées du Nord qui feraient honneur à notre Académie, l’impératrice de Russie, le roi de Pologne et le roi de Prusse. Voilà trois philosophes sur le trône, et cependant il y a encore peu de philosophie dans leurs climats . Elle y pénètre pourtant. L’impératrice de Russie dit que ce n’est qu’une aurore boréale 2, et moi je pense que cette nouvelle lumière sera permanente. On se plaint qu’il y en a trop en France. Je ne vois pas quel mal peut jamais faire la raison. On n’a jamais jusqu’à présent essayé d’elle ; il faut du moins faire cette tentative, et on verra si elle est nuisible. Non, mon cher confrère, la raison n’est pas si méchante qu’on le dit ; ce sont ses ennemis qui sont méchants.

J’aurais donc Bélisaire pour mes étrennes. C’est là où je trouverai la philosophie qui me plaît ; c’est là que tout le monde trouvera à s’amuser et à s’instruire. Je vous souhaite d’avance une bonne année. Présentez mes hommages et ma reconnaissance à Mme de Geoffrin . Ce qu’elle a fait pour les Sirven est digne d’une souveraine. Je ne la connais que par de belles actions. Elle fut la première à souscrire en faveur de Mlle Corneille, dont le père lui avait fait un procès si impertinent. Elle ne s’en vengea que par des bienfaits. En vérité, voilà de ces choses qu’il faut que la postérité sache. Mettez-moi bien à ses pieds.

Quand aurons-nous le discours de M Thomas 3 ? On dit qu’il lira un premier chant de la Pétréiade 4, qui est admirable. L’année 1767 ne commencera pas mal pour la littérature. Soyez-en le soutien avec M. Thomas. J’applaudis de loin à vos succès, qui me sont bien chers et qui me consolent.

Mme Denis vous fait les plus sincères compliments.

N.B. – Ce n’est point l’abbé Coyer qui a fait la Lettre au docteur Pansophe, c’est M. de Bordes, académicien de Lyon, qui s’était déjà moqué plus d’une fois du charlatan de Genève. Je vous assure qu’il est bien loin d’oser remontrer sa petite figure dans sa patrie ; il courrait risque d’y être pendu ; mais vous savez qu’il en serait fort aise, si son nom était mis dans la gazette.

Adieu, mon cher confrère. »

2Il lui répond le 22 décembre 1766 . Voir lettre de Catherine II du 9 juillet [20 du nouveau style] 1766 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6393

3 Thomas fut reçu à l'Académie française par Louis de Rohan , élu à la place de Hardion. . Voir Discours prononcés dans l' académie française le jeudi 22 janvier 1767 à la réception de M. Thomas : https://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-d...

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22/03/2022 | Lien permanent

Trublet travaille au Journal chrétien. Il a imprimé que je le faisais bailler

"J’ai depuis six mois une envie de rire qui ne me quitte pas" ! Heureux Volti, tu ne connais pas les méandres de l'administration actuelle et pour tout dire franchement leurs couillonnades .

En deux jours je viens de réaliser -enfin !!- qu'il ne faut pas conserver un mode logique de pensée ni d'action, quand tout un monde bureaucrate s'est évertué à penser pour vous, même en dépit du bon sens.

Donc plus de décision, même mineure, qui ne soit approuvée par la hiérarchie, tel est mon crédo de ce jour. Braves gens , soyez patients, le parapluie est ouvert à toute heure désormais , je suis dessous (36ème dessous même, et je ne parle pas de dessous affriolants, malheureusement !)...

36 dessous.jpg

Ouh ! que ça me gonfle !!

Enfin, passons, je reste en contact avec Volti, on se téléphone et on se fait une bouffe ...

 

 

 

 

 

« A Jean le Rond d’Alembert

 

 

           Mon cher philosophe, j’ai la vanité de croire que vous avez la même idée que moi, vous voulez que Diderot entre à l’Académie. diderot.jpgVous le voulez et il faut en venir à bout. Je vous le répète et je ne vous trompe pas, il se fera un mérite de vous servir vous et les penseurs. Quoi ! vous imaginez qu’il vous en veut parce qu’il a donné du pain à Palissot, fils de son homme d’affaires, et qu’il a souffert dans son antichambre son ancien préfet Fréron [du collège de Clermont, futur collège Louis le Grand]! Il a laissé jouer la palissoterie, pour rire, pour complaire à l’extravagance d’une pauvre malade [Mme de Robecq, fille de la maréchale de Luxembourg et maitresse de Choiseul ; elle protégeait les philosophes, et La Vision se moquait de cette protection.]. Je vous jure que si cette malade était morte le jour de la représentation jamais l’auteur de La Vision [l’abbé Morellet] n’eût été à la Bastille. D’ailleurs il abandonne Palissot aux coups de bâton si quelqu’un veut prendre la peine de lui en donner. Il y a très grande apparence qu’il protègera Diderot. Il ne sera pas difficile d’avoir pour nous Mme de P. L’évêque d’Orléans [Louis Sextius de Jarente de La Bruyère qui détenait la feuille des bénéfices, successeur de Boyer] ne parlera pas contre lui comme eût fait le mage Yébor [anagramme de Boyer, archimage dans Zadig] mage yébor.gifqui signait toujours l’ane évêque de Mirepoix au lieu de signer l’anc. Il croyait mettre l’abréviation d’ancien, et il signait son nom tout au long [plaisanterie de V* qu’il citait à Frédéric, Boyer ayant une signature peu lisible].

 

 

 

 

           En un mot il faut mettre Diderot à l’Académie. C’est la plus belle vengeance qu’on puisse tirer de la pièce contre les philosophes. L’Académie est indignée contre Lefranc de Pompignan [suite à son discours de réception le 10 mars 1760 où il attaquait les philosophes et l’Encyclopédie]. Elle lui donnera avec grand plaisir un soufflet à tour de bras. Je ferai un feu de joie lorsque Diderot sera nommé et je l’allumerai avec le réquisitoire de Joly de Fleury [contre l’Encyclopédie, prononcé devant le parlement en 1759] , et le déclamatoire de Lefranc de Pompignan. Ah qu’il serait doux de recevoir à la fois Diderot et Helvétius ! Mais notre siècle n’est pas digne d’un si grand coup. Bonsoir âme ferme que j’aime.

 

 

           J’ai depuis six mois une envie de rire qui ne me quitte pas ; ne pourrais-je avoir quelques anecdotes sur Gauchat [Gabriel Gauchat auteur du Catéchisme du livre de l’esprit 1758 et de Lettres critiques ou analyse et réfutation de divers écrits contraires à la religion 1753-1763, cité dans le réquisitoire contre l’Encyclopédie], Moreau [Jacob-Nicolas Moreau, auteur de Nouveau mémoire pour servir à l’histoire des cacouacs 1757], Chaumeix [Abraham Chaumeix auteur de Préjugés légitimes contre l’Encyclopédie 1758-1759], Hayer [le père Hayer, un des rédacteurs de La religion vengée 1755-1763], Trublet [ le 23 juin V* a écrit :  « Trublet travaille au Journal chrétien. Il a imprimé que je le faisais bailler. »] et leurs complices ?

 

 

           Voltaire

           9 juillet 1760. »

 

 

 

  Gauchat : http://books.google.fr/books?id=PHlIAAAAMAAJ&pg=RA2-P...

 

 

  Moreau : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob-Nicolas_Moreau

 

  Chaumeix : http://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham_Chaumeix

 

  Trublet :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas-Charles-Joseph_Trublet

 

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09/07/2009 | Lien permanent

Je viens de faire l'errata des 8 premiers volumes, j'attends pour le compléter le 11è et le 12è tome

... déclare la justice après l'examen des frais de campagne de l'irascible et imbuvable Jean-Luc Mélenchon, qui semble bien avoir plus que favorisé Sophia Chikirou , habile femme qui a su charmer le bougon .

https://www.franceinter.fr/politique/campagne-melenchon-l...

 

https://www.huffingtonpost.fr/xavier-delucq/exclusif-jean...

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 25 octobre 1763]

Je viens de faire l'errata des 8 premiers volumes, j'attends pour le compléter le 11è et le 12è tome . Et l'errata ne tiendra qu’une page ou deux, tout au plus, mais il est d'une nécessité absolue, il faut prémunir le lecteur contre des phrases qui n'ont aucun sens, ou qui disent le contraire de ce qu'elles doivent dire . Il est même indispensable de mettre cet errata à la tête de l’ouvrage, afin que le lecteur , qui paie chèrement, ne soit point obligé de recourir au dernier volume pour corriger des fautes qui se trouvent au premier, et qu'il soit averti tout d'un coup des choses auxquelles il doit suppléer lui-même . Nous mettrons cet errata immédiatement après la dédicace à l'Académie française laquelle ne contiendra que quinze ou vingt lignes .

Je vais écrire à M. le comte de Kaunits, pour savoir comment il veut traiter l'article des souscriptions de l'empereur et de l'impératrice .

Voilà pour ce qui regarde Pierre . Les remarques ont extrêmement réussi auprès de tous ceux qui les ont reçues . On attend avec beaucoup d'impatience la tolérance . Monsieur Cramer en a-t-il donné à Genève ? a-t-il des nouvelles du paquet de Paris ? en-a-t-il envoyé en province et dans les pays étrangers ?

J'embrasse bien tendrement monsieur Cramer, toute notre petite famille en fait autant . »

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19/10/2018 | Lien permanent

C’est une matière un peu délicate que la discussion des privilèges d’une province

... Et les Français, rois de l'esprit de clocher depuis toujours (preuve s'il en faut : Bern et le succès des "plus beaux villages français" ) ne font rien pour faciliter la tâche des administrateurs , chacun se trouvant éternellement défavorisé et justement (?) mécontent . C'est bien connu, l'herbe est plus verte dans le pré du voisin !

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 Ô c'est bien vrai ça !

 

 

« A Simon-Augustin Irail 1

Au château de Ferney 24 février 1764

J’attendais, monsieur, pour vous remercier de votre livre 2, que je l’eusse reçu et lu . On ne me l’a remis que depuis trois jours. Il est heureusement arrivé par la diligence de Lyon à l’adresse de M. Camp, banquier .

J’étais impatient de m’instruire dans cet ouvrage. Je vois que vous y avez habilement développé des faits importants. Il était en effet essentiel d’approfondir les droits de la Bretagne.

C’est une matière un peu délicate que la discussion des privilèges d’une province. Vous avez rempli cet objet à la satisfaction de vos lecteurs. Les liseurs de brochures n’en sentiront peut-être pas tout le mérite , mais votre ouvrage intéressera toujours les vrais amateurs de l’histoire.

J’ai l’honneur d’être, avec toute l’estime qui vous est due, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

V. »

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16/03/2019 | Lien permanent

Il jette l'argent par les fenêtres; il emprunte à droite et à gauche, à sept, à huit pour cent, il arme sur terre et sur

... Avez vous trouvé immédiatement de quoi ou de qui il est question ?

Non, ce n'est pas la Grèce d'hier, avant le tour de vis (d'Archimède ? ) européen ! 

Ce n'est pas la France républicaine riche de ses chers ( très chers, trop chers ) députés et ministres, ses présidents à la retraite (riches sans rien f...re) ,  ses partis politiques subventionnés par nos impôts pour pondre des élections de chefaillons .

C'est la France, le royaume de France, vat-en-guerre du XVIIIè siècle, qui s'appauvrit dans tous les domaines, hors , heureusement celui de l'esprit .

En ces jours du XXIè siècle, de savoir que notre pays a vécu de tels déboires et reste un pays avec lequel il faut compter me rend raisonnablement optimiste pour notre avenir . Reste à savoir combien de temps notre patience sera mise à l'épreuve !

Comme le disait un humoriste, "avant de jeter l'argent par les fenêtres, assure toi qu'elles donnent sur ta cour ! "

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Le percepteur me dit : "des sous !"

Je réponds : "des clous !!"


Pour recharger mes accus, je ne manquerai pas de regarder le match France-Samoa demain !!

 

 

 

 

« A Madame Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine d'Hornoy, et Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian
à Paris

Aux Délices, 18 juillet [1757].

Ma chère nièce, mille amitiés à vous et aux vôtres. Que faites- vous à présent ? Il y a un an que vous étiez bien malade à mes Délices, mais il paraît aujourd'hui que vous vous passez à merveille du docteur. Êtes-vous à Paris ? êtes-vous à la campagne? allez-vous à Hornoi ? vous amusez-vous avec le philosophe 1 du grand conseil? Votre fils n'a-t-il pas déjà six pieds de haut ?2 Mettez-moi au fait, je vous en prie, de votre petit royaume. Quant à celui de France, il me paraît qu'il fait grande chère et beau feu. Il jette l'argent par les fenêtres; il emprunte à droite et à gauche, à sept, à huit pour cent, il arme sur terre et sur mer. Tant de magnificence rend nos Normands de Genève circonspects ils ne veulent pas prêter à de si grands seigneurs et ils disent que le dernier emprunt de quarante millions n'étrenne pas.
Pour vous, monsieur le grand écuyer de Cyrus, je crois que vous avez montré la curiosité, la rareté de la tactique assyrienne et persane à un moderne qui se moque quelquefois du temps présent et du temps passé. Je m'imagine qu'à présent on croit n'avoir pas besoin de machines pour achever la ruine de Luc 3. Mais quand j'écrivis au héros de Mahon qu'il fallait qu'il vît notre char d'Assyrie, on avait alors besoin de tout. Les choses ont changé du 6 de juin au 18; et on croit tout gagné parce qu'on a repoussé Luc à la septième attaque. Les choses peuvent encore éprouver un nouveau changement dans huit jours, et alors le char paraîtra nécessaire; mais jamais aucun général n'osera s'en servir, de peur du ridicule en cas de mauvais succès. Il faudrait un homme absolu, qui ne craignît point les ridicules, qui fût un peu machiniste, et qui aimât l'histoire ancienne. Mandez-moi, je vous prie, quelque chose de l'histoire moderne de vos amusements. Je vous embrasse tous de tout mon cœur.
Valete. »

1 L'abbé Mignot, frère de Marie-Elisabeth et de Mme Denis , qui siège au Grand Conseil du roi .

2 Alexandre de Dompierre d'Hornoy 1742-1828

3 Ce mot, qui désigne le roi de Prusse, n'est, dit-on, qu'un anagramme qui rappelle les goûts du monarque. Wagnière cependant dit que Voltaire donnait le nom de Luc à Frédéric, parce que ce monarque l'avait mordu comme un singe qui s'appelait Luc. (Beuchot.) . Voir lettre du 21 août 1756 à Jean-Robert Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/10/quand-le-dernier-des-autrichiens-aura-tue-le-dernier-des-pru.html

 

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23/11/2012 | Lien permanent

quelques autres jeunes têtes de mon âge, n'ont ni tragédies ni comédies nouvelles à vous donner

 Les femmes de ces lieux ne peuvent m'abuser;
Je n'ai que trop connu leurs larmes infidèles.

... dixit le trèfle .

larmesinfidelestrefle3986.JPG

 

 

 

« A mademoiselle Claire-Josèphe-Hippolyte Léris de La Tude Clairon

Aux Délices, 8 octobre [1755]

J'ai beaucoup d'obligations, mademoiselle, à M. et à Mme d'Argental mais la plus grande est la lettre que vous avez eu la bonté de m'écrire. J'ai fait ce que j'ai pu pour mériter leur indulgence, et je voudrais bien n'être pas tout à fait indigne de l'intérêt qu'ils ont daigné prendre à un faible ouvrage, et des beautés que vous lui avez prêtées mais, à mon âge, on ne fait pas tout ce qu'on veut. Vous avez affaire, dans cette pièce, à un vieil auteur et à un vieux mari, et vous ne pouvez échauffer ni l'un ni l'autre. J'ai envoyé à M. d'Argental quelques mouches cantharides pour la dernière scène du quatrième acte, entre votre mari et vous; et comme j'ai, selon l'usage de mes confrères les barbouilleurs de papier, autant d'amour-propre que d'impuissance, je suis persuadé que cette scène serait assez bien reçue, surtout si vous vouliez réchauffer le vieux mandarin par quelques caresses dont les gens de notre âge ont besoin, et l'engager à faire, dans cette occasion, un petit effort de mémoire et de poitrine.
Au reste, mademoiselle, je vous supplie instamment de vouloir bien conserver, sans scrupule, ces deux vers au premier acte

Voilà ce que cent voix, en sanglots superflus,
Ont appris dans ces lieux à mes sens éperdus.
(Scène 1.)


Vous pouvez être très-sûre que les sanglots n'ont pas d'autre passage que celui de la voix; et, si on n'est pas accoutumé à cette expression, il faudra bien qu'on s'y accoutume. Je vous demande grâce aussi pour ces vers

Les femmes de ces lieux ne peuvent m'abuser;
Je n'ai que trop connu leurs larmes infidèles.
(Acte III, scène 1.)


Le parterre ne hait pas ces petites excursions sur vous autres, mesdames.
Je prie Gengis de vouloir bien dire, quand vous paraissez


Que vois-je ? est-il possible 0 ciel 1 ô destinée!
Ne me trompé-je point? est-ce un songe, une erreur
C'est Idamé, c'est elle et mes sens, etc.
(Acte III, scène 1.)


Je suppose que vous ménagez votre entrée de façon que Gengis-kan a le temps de prononcer tout ce bavardage. Je demande instamment qu'on rétablisse la dernière scène du quatrième acte, telle que je l'ai envoyée à M. d'Argental elle doit faire quelque effet si elle est jouée avec chaleur; du moins elle en faisait lorsque je la récitais, quoique j'aie perdu mes dents au pied des Alpes. Je ne peux pas concevoir comment on a pu ôter de votre rôle ce vers au quatrième acte

Les lois vivent encore, et l'emportent sur vous.

C'est assurément un des moins mauvais de la pièce, et un de ceux que votre art ferait le plus valoir. Il n'est pas possible de soutenir le vers qu'on a mis à la place

Mon devoir et ma loi sont au-dessus de vous;
Je vous l'ai déjà dit.

Vous sentez qu'un devoir au-dessus de quelqu'un n'est pas une expression française, et ce malheureux Je vous l'ai déjà dit ne semble être là que pour avertir le public que vous ne devriez pas le redire encore.

La dernière scène du quatrième acte est entre les mains de M. d'Argental, je vous l'ai déjà dit; et, dans cette dernière scène que, par parenthèse, je trouve très-bonne, je voudrais que Zamti eût l'honneur de vous dire

Ne parlons pas des miens, laissons notre infortune, etc.
(Scène VI.)

Je voudrais que le cinquième acte fût joué tel qu'il est imprimé. J'ai de fortes raisons pour croire que votre scène avec Octar ne doit point être tronquée, et que vous disiez

 


Si j'obtenais du moins, avant de voir un maître,
Qu'un moment à mes yeux mon époux pût paraître.
(Scène II. )


Une de ces raisons, c'est qu'il me paraît très-convenable qu'Idamé, qui a son projet de mourir avec son mari, veuille l'exécuter sans voir Gengis, et que, remplie de cette idée, elle hasarde sa prière à Octar. D'ailleurs j'aime fort ce brutal d'Octar, et je voudrais qu'il parlât encore davantage.

Je vous demande pardon, mademoiselle, de tous ces détails. Maintenant, si M. de Crébillon ou M. de Châteaubrun, ou quelques autres jeunes têtes de mon âge, n'ont ni tragédies ni comédies nouvelles à vous donner pour votre Saint-Martin, et si votre malheur vous force à reproduire encore au théâtre les cinq magots chinois, je vous enverrais la pièce avec le plus de changements que je pourrais. J'attendrais sur cela vos ordres; mais voici ce que je vous conseillerais, ce serait de jouer Mariamne à la rentrée de votre parlement. Ce rôle est trop long pour Mlle Gaussin, qui ne doit pas d'ailleurs en être jalouse. Vous feriez réussir cette pièce avec M. Lekain, qui joue, dit-on, très-bien Hérode vous joueriez après cela Idamé, si le public redemandait la pièce; j'aurais le temps de la rendre moins indigne de vous. Je vous demande pardon d'une si longue lettre, que le triste état de ma santé m'a obligé de dicter. Je vous présente mes très- sincères remerciements, etc. »

 

 

 

 

 

 

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05/04/2012 | Lien permanent

Je viens de bâtir une église où j'aurai le ridicule de me faire enterrer

...  "Et voici un parti où j'aurai le ridicule de me faire élire " dirait Nico Ier s'il était moins imbu de sa petite personne et moins charognard , repris de justice, tricheur avéré . Et il en est qui osent encore l'écouter et le vouloir pour président . Que faire pour ces gens bornés ? Rien ! qu'ils se prennent une tannée électorale, et basta !

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« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville, ancien conseiller

du Parlement de Rouen

En sa terre de Launay

Par Rouen

23è septembre 1761 au château de Ferney

par Genève 1

Mon ancien camarade, mon cher ami, nos recevrons toujours à bras ouverts, quiconque viendra de votre part . Il est vrai que nous aimerions bien mieux vous voir que vos ambassadeurs ; mais ma faible santé me retient dans la retraite que j'ai choisie . Je viens de bâtir une église où j'aurai le ridicule de me faire enterrer, mais j'aime mieux le monument que j'érige à Corneille votre compatriote . Je suis bien aise que l'indifférent Fontenelle m’ait laissé le soin de Pierre et de sa nièce . L'un et l'autre amusent beaucoup ma vieillesse . Je vous exhorte à lire Pertharite avec attention . Lisez du moins le second acte et quelque chose du troisième . Vous serez tout étonné de trouver le germe entier de la tragédie d'Andromaque, les mêmes sentiments, les mêmes situations, les mêmes discours . Vous verrez un Grimoald jouer le rôle de Pyrrhus avec une Rodelinde, dont il a vaincu le mari qu'on croit mort . Il quitte son Edvige pour Rodelinde, comme Pyrrhus abandonne son Hermione pour Andromaque . Il menace de tuer le fils de sa Rodelinde, comme Pyrrhus menace Astyanax . Il est violent, et Pyrrhus aussi . Il passe de Rodelinde à Edvige, comme Pyrrhus d'Andromaque à Hermione .
Il promet de rendre le trône au petit de Rodelinde, Pyrrhus en fait autant, pourvu qu'il soit aimé . Rodelinde dit à Grimoald (scène 5è du 2è acte),

N'imprime point de tache à tant de renommée etc.

Andromaque dit à Pyrrhus :

Faut-il qu'un si grand cœur montre tant de faiblesse ?

Et qu'un dessein si beau, si grand, si généreux,

Passe pour le transport d'un esprit amoureux ? etc.

Ce n'est pas tout . Edvige a son Oreste . Enfin , Racine a tiré tout or du fumier de Pertharite , et personne ne s'en était douté, pas même Bernard de Fontenelle, qui aurait été bien charmé de donner quelques légers coups de patte à Racine .

Vous voyez mon cher ami, qu'il y a des choses curieuses, jusque dans la garde-robe de Pierre . La comparaison que je pourrai faire de lui et des Anglais, ou des Espagnols, qui auront traité les mêmes sujets, sera peut-être agréable . À l'égard des bonnes pièces je ne fais aucune remarque sur laquelle je ne consulte l'Académie . Je lui ai envoyé toutes mes notes sur Le Cid, les Horaces, Pompée, Polyeucte, Cinna, etc.

Ainsi mon commentaire pourra être à la fois un art poétique et une grammaire .

Il n'est question que du théâtre, je laisse là l'imitation de Jésus-Christ, et je m'en tiens à l'imitation de Sophocle . Vous me ferez pourtant plaisir de m'envoyer la description du Presbytère d'Hénouville 2 . Je ne crois pas que je chante jamais les presbytères de mes curés ; je leur conseille de s'adresser à leurs grenouilles, mais je pourrais bien chanter une jolie église que je viens de bâtir, et un théâtre que j'achève .

Je vous prie, mon cher ami, si vous m'envoyez Le Presbytère de me l'adresser à Versailles chez M. de Chennevières, premier commis de la guerre , qui me le fera tenir avec sureté .

Mme Denis qui joue la comédie mieux que jamais, et qui est notre Clairon, vous fait mille compliments .

On va reprendre encore Oreste à la ComédieFrançaise 3. Il est vrai que j'ai bien fortifié cette pièce, et qu'elle en avait besoin ; mais enfin j'aime à voir la nation redemander une tragédie grecque sans amour , dans laquelle il n'y a point de partie carrée, ni de roman . Adieu, je vous embrasse .

V.

Pourriez-vous me dire quel est un M.P.T.N.G.4 .à qui Corneille dédie sa Médée ? »

1 Cette lettre répond à celle du 15 septembre 1761 de Cideville, où il disait : « Mon cœur s'acquitte avec plaisir de l'obligation que je vous ai de la bonne réception que vous et Mme Denis avez bien voulu faire à M. d'Ornay […]. Il vint dîner avec moi […] . Ce furent questions sur questions, comment se porte-t-il, comment se porte-t-elle, suis-je encore dans leur souvenir ? […] Une description […] de la construction d'une église, d'un château, d'une salle de spectacle […] vous préparez une édition des œuvres de Pierre Corneille […] sera-t-elle entière ? Y mettez-vous toutes les œuvres de ce sublime auteur, ou n'y faites-vous entrer que le choix des pièces ? […] J'ai en ma possession une pièce de vers assez longue de ce grand auteur, qui est peut-être au rand de son imitation et de ses autres ouvrages médiocres . Elle n'est dans aucune des éditions, je l'ai trouvée dans une bibliothèque poudreuse d'abbaye, c'est la description du presbytère d'Hénouville, où il allait quelquefois . »

2 Cideville avait parlé à V* d'une pièce contenant la description du presbytère d'Hénouville, dont l'attribution à Corneille est discutée ; voir Charles Marty-Laveaux, Œuvres de P. Corneille, 1762, X, 11-14 .

3 Oreste avait eu deux représentations, les 8 et 11 juillet 1761,et devait en avoir quatre autres du 26 septembre au 3 octobre 1761 .

4 L'auteur de ce poème ne semble pas être connu ; dans l'édition de 1657, les initiales sont P.T.G.N.

 

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08/09/2016 | Lien permanent

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