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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Moi, chétif, je ne sais encore rien

Une petite réflexion du galapiat que je suis :M. Brise Heurte-à-faux vous êtes vraiment imbu de votre personne, de votre fonction, de votre rang et à mes yeux parfaitement incapable d’humour et gonflé de votre auguste personne . Ministre sinistre !

Tellement pris par votre importance, vous n’avez su que dire : « Ah ! quel manque d’élégance ! »  et de rabrouer le ou la journaliste qui, face au jeu de chaises musicales offert gracieusement par le chef de l’état et le chef du gouvernement, vous apostrophait d’un rigolo :  « Tournez manège ! » .

La vérité fait-elle peur ? Sachant qu’il a été déclaré que ce changement( ?) de personnes n’entrainait pas un changement de politique et que ça ne tiendra que jusqu’aux élections régionales prochaines … Comprenne qui peut !

M. Heurte-à-faux Brise-tout, vous avez raison , cramponnez vous à votre portefeuille, des petits malins de votre famille politique vous ont dans le colimateur …

 http://fr.news.yahoo.com/4/20090623/tts-france-gouverneme...

 

 

 

Pour revenir à des choses importantes : « Bambi » est mort, le vilain chasseur ne l’a pas manqué. Il a eu le mérite d’enchanter des millions de gens . Je ne suis pas fan, mais un certain nombre de ses chansons me plaisent vraiment, et j’ai deux de ses CD, c’est vous dire !

Qui aime bien, châtie bien : c’est idiot cette phrase . Surtout que j’ai par nature foncière envie de dire des bétises, entre autres celles qui me sont venues quand j’ai appris la mort de MAILLKEUL.

A force de se blanchir, de gris il est devenu si transparent qu’on ne le verra plus .

C’est aussi le seul qui, quand il mentait, avait le nez qui rétrécissait .

A ce sujet, il y a environ quinze jours, devant certaines informations –fondées, il faut le croire, face à la réalité du jour-  le promoteur de la tournée affirmait mordicus que le petit homme pétait la forme et qu’il n’y avait aucune inquiétude à avoir ; combien de millions de dollars avait-il intérêt à protéger ?

 

 

 

 

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Maintenant il s’agit de Volti qui accompagne son Emilie chérie pour l’aider à récupérer un héritage. Bad work !

 

 

 

« A Madame de Champbonin

 

 

           Mon aimable gros chat, j’ai reçu votre lettre à Bruxelles. Nous voici maintenant en fin fond de Barbarie dans l’empire de S. A. Mgr le marquis de Trichâteau qui, je vous jure, est un assez vilain empire. Si Mme du Châtelet demeure longtemps dans ce pays-ci, elle pourra s’appeler la reine des sauvages. Nous sommes  dans l’auguste ville de Beringhem, et demain nous allons au superbe château de Ham, où il n’est pas sûr qu’on trouve des lits, ni des fenêtres, ni des portes. On dit cependant qu’il y a ici une troupe de voleurs. En ce cas ce sont des voleurs qui font pénitence ; je ne connais que nous de gens volables. Le plénipotentiaire Montors avait assuré M. du Châtelet que les citoyens de son auguste ville lui prêteraient beaucoup d’argent. Mais je doute qu’ils pussent prêter de quoi envoyer au marché. Cependant Émilie fait de l’algèbre [avec le mathématicien Koenig qu’elle a emmené], ce qui  lui sera d’un  grand secours dans le cours de sa vie, et d’un grand agrément dans la société. Moi, chétif, je ne sais encore rien, sinon que je n’ai ni principauté, ni procès [les du Châtelet font un procès à la maison de Hoensbroeck pour une « petite principauté située vers Liège et Juliers… composée de Ham et Beringhem », héritage du marquis de Trichâteau], et que je suis un serviteur fort inutile.

 

 

           P.-S. Il faut à présent, gros chat, que vous sachiez que nous revenons du château de Ham : château moins orné que celui de Cirey, et où l’on trouve moins de bains et de cabinets bleu et or ; mais il est logeable, et il y a de belles avenues. C’est une agréable situation. Mais fut-ce l’empire du Cathay, rien ne vaut Cirey. Mme du Châtelet travaille à force à ses affaires. Si le succès dépend de son esprit et de son travail, elle sera fort riche ; mais malheureusement tout cela dépend de gens qui n’ont pas autant d’esprit qu’elle. Mon cher gros chat, je baise mille fois vos pattes de velours. Adieu, ma chère amie.

 

 

           Voltaire

           De Beringhem juin 1739. »

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26/06/2009 | Lien permanent

Il ne dépend pas de moi de rendre les fanatiques sages, et les fripons honnêtes gens

Ce jour commence moins tragiquement qu'hier, ouf ! De plus temps libre pour vaquer à mes coupables occupations, telle celle de blogger !

Quel foutu pays que cette Birmanie menée par des militaires ! Je ne crois pas qu'un esprit libre puisse se loger sous une casquette galonnée ou un casque. Faites le test , mettez un casque ou une casquette militaire : que voyez-vous encore ? Vos pieds et les abrutis qui portent le même uniforme ! ! Aucune élévation n'est possible quand on est borné physiquement par un insigne de sa peur . Et de sa suffisance ... Qui porte une arme, sinon celui qui a peur de l'autre ?

Quel Voltaire existe-t-il pour que les idées libèrent un peuple et cette femme ?

 

 Les armes ne font que retarder l'échéance de la déchéance de ceux qui les utilisent !

 

 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

                            Mes divins anges, on vient de me dire tout ce que vous aviez donné charge de dire, et je suis demeuré confondu, de la demi-feuille copiée [il y était question de « l’Infâme », ce que V* regroupe comme la superstition, fanatisme, intolérance, injustice,… et aussi  « le jansénisme, secte dure et barbare »] et de cette question : quel est donc ce Damilaville ? Hélas, mes chers anges, plût à Dieu qu’il y eut beaucoup de citoyens comme ce Damilaville ! Je ne ferai point de remarques sur tout cela, parce qu’il n’y en point à faire. Je vous demanderai seulement si cette demi-feuille est si méchante. Je crois que cette lettre vous parviendra sûrement, puisque je l’adresse à Lyon sous l’enveloppe de M. de Chauvelin. Cette voie déroutera les curieux, et vous pourrez m’écrire en toute sureté sous l’enveloppe de M. Camp, banquier à Lyon, en ne cachetant point avec vos armes, et en mettant sur la lettre : à M. Wagnière, chez M. Souchay à Genève.

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                   Je vois bien que la persécution des jansénistes est forte. On a renvoyé le ballot de la Destruction jésuitique de notre philosophe d’Alembert, parce qu’il y a quatre lignes contre les convulsionnaires. On taxe à présent d’irréligion un savant livre d’un théologien [sa « Philosophie de l’Histoire » qu’il prétend de l’abbé Bazin], qui témoigne à chaque page son respect pour la religion, et qui ne dit que des vérités qu’il faut être aveugle pour ne pas reconnaître. On m’impute ce livre sans le moindre prétexte, comme si j’étais un rabbin, et comme si l’auteur de Mérope et d’Alzire était enfariné des sciences orientales. Il ne dépend pas de moi de rendre les fanatiques sages, et les fripons honnêtes gens, mais il dépend de moi de les fuir. Je vous demande en grâce de me dire si vous me le conseillez. Je suis quoi qu’on en dise dans ma soixante et douzième année, je me vois chargé d’une famille assez nombreuse, dont la moitié est la mienne, et dont l’autre moitié est une famille que je me suis faite [Marie-Françoise Corneille et les Dupuits].

 

                   J’ai commencé des entreprises utiles et chères, et le petit canton que j’habite commençait à devenir heureux et florissant par mes soins. S’il faut abandonner tout cela, je m’y résoudrai, j’irai mourir ailleurs ; il est arrivé pis à Socrate. Je sais qu’il y a certaines armes contre lesquelles il n’y a guère de boucliers.

 

                   Ayez la bonté, je vous en prie, de me dire à quel point ces armes sont affilées. Je vous avoue que je serais curieux de voir cette demi-feuille . Il est minuit, il y a trois heures que je dicte, je n’en peux plus, pardonnez moi de finir si tôt, c’est bien à mon grand regret.

 

                   Voltaire

                   A Genève 22 mai 1765. »

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22/05/2009 | Lien permanent

ni fautes d’orthographe, ni omissions, choses qui font plus de tort à un auteur que toutes les critiques du monde

Avant tout, merci aux donneurs de sang bénévoles au nombre de 138, dont 10 nouveaux qui se sont présentés à la collecte le lundi 30 mars à Gex (Ain, en France). Que tous ceux qui ont l'occasion d'être près d'un lieu de collecte fassent le pas tout simple qui sépare un spectateur d'un acteur ! Donnez, vous ne le regretterez jamais !!

 

 http://www.dondusang.net/afficherAccueil.do

 

 http://www.dondusang.net/rewrite/site/4/.htm?idRubrique=8

 

 

« Au Daily Post

 

                        I having yesterday seen in the Daily Post an advertisement wich runs thus : By the authors’s priviledege, the Henriade by mr de Voltaire, with a criticism upon the whole work . N.B. This edition is not castrated as that in quarto . Printed for Prevost . This is to give notice that I never gave us any privilege  to Prevost, but I was betrayed in to such a kindness for one Coderc, as  to grant him leave of printing my book [V* avait cédéses droits pour impression in -8° à Coderc qui les a tranférés à Prévost] for his own benefit, provided he should sell none before mine has been deliver’d . It is a thing unheard of, that a bookseller dares to sell my own work in another manner than I have printed it, and call my own edition castrated : the truth of the matter is, that he has printed six bad and insignificant low lines, wich were not mine, printed in a former edition of La Ligue[V* dans la version imprimée en 1723 parlait du “souffle empoisonné” “d’une cour trompeuse” et du fait que les sujets de Louis XV pourraient en être malheureux ; V* remplacera ces vers par de conseils au “prudent Fleury”], and in the room of wich there are six others a great deal bolder and stronger in the Henriade . As so the criticism I have not yet seen it .

 

                        I have just perused another edition of my book, printed for James Woodman, with another criticism, which I will answer in time, at least I must certify, that this Woodman’s edition is entirely correct, comformable to my original, and without spurious and bad verses, wrong spellings and omissions, wich do more harm to an author than all the criticism in the world.

 

Voltaire

                        March 20 [31 mars n.s.] 1728

 

Translated into French :

“Ayant  vu hier dans le Daily Post une annonce ainsi conçue : « Par permission de l’auteur, La Henriade de M. de Voltaire, avec une critique de tout l’ouvrage . N.B. Cette édition n’est pas châtrée comme l’édition in -4°. Imprimée pour Prévost. » J’avertis ici que je n’ai jamais donné aucune permission à Prévost ; il est vrai que je me suis laissé entrainer à autoriser bénévolement un certain Coderc à imprimer mon livre pour son propre bénéfice, à condition qu’il n’en vendît aucun exemplaire avant que les miens eussent été débités . C’est une chose  inouïe qu’un libraire ose vendre mon propre ouvrage sous une autre forme que celle qu’il a dans ma propre édition, et qu’il traite celle-ci de châtrée . La vérité c’est qu’il a imprimé six mauvais vers bas et insignifiants, qui ne sont pas de moi, mais qui proviennent d’une précédente édition de La Ligue, et à la place desquels il y a dans la Henriade six vers bien plus hardis et bien plus forts . Quand à la critique, je ne l’ai pas encore vue .

Je viens d’examiner une autre édition de mon livre, imprimée par James Woodman avec une autre critique [ in-8°, en mars 1728, identique à celle de l’in-4° qui est illustrée ; critique de Faget, réfugié ]à laquelle je répondrai en temps et lieu .Du moins je dois certifier que cette édition de Woodman est absolument correcte, conforme à mon original et qu’il ne s’y trouve ni vers interpolés ou mauvais, ni fautes d’orthographe, ni omissions, choses qui font plus de tort à un auteur que toutes les critiques du monde. »

 

 

 

 

 

 

 « A Octavie Durey de Meynières

 

 

Madame,

 

Après trente ans d’absence, et soixante ans de persécutions, j’ai trouvé un public, et même un parterre [la veille , à la Comédie française] devenu philosophe, et surtout compatissant pour la vieillesse mourante . Mais ce qui me touche le plus, c’est la lettre et la bonté dont vous m’honorez, et l’indulgence de monsieur le président de Meynières .

 

                   J’ai l’honneur d’être avec une respectueuse reconnaissance

         Madame

                   Votre très humble et très obéissant serviteur.

 

                   Voltaire

                   31 mars 1778. »

                  

 

 

 

« A Jean-Paul-André de Razins, marquis de Saint-Marc

 

                   J’ai appris que c’est vous qui daignâtes hier vous amuser à me donner l’immortalité dans les plus jolis vers du monde [Saint-Marc relatera à Linguet l’ « apothéose » de V* lors de la sixième représentation d’Irène, le 30 mars à la Comédie française ]. Ils ont apaisé les souffrances que la suite de ma maladie me fait éprouver . Si je ne suis pas encore en état de vous répondre dans le langage dont vous faites usage,[ il écrira l’  « Epitre au marquis de Saint-Marc »] je vous supplie du moins d’agréer ma vive reconnaissance et le …

 

                   Voltaire

                   31 mars 1778. »

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31/03/2009 | Lien permanent

la renommée ne sait souvent ce qu’elle dit

 http://www.youtube.com/watch?v=gQLtCoh5EaI&NR=1&f...

Petit clin d'oeil à Nicolas qui porte en lui un esprit voltairien ! Bon sang ne saurait mentir !

 

 

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« A Claude-Etienne Darget    [ 1]

 

A Lausanne 8 janvier 1758

 

                            Vous me demandez, mon cher et ancien compagnon de Potsdam, comment Cinéas [ 2] s’est raccommodé avec Pyrrhus. C’est premièrement que Pyrrhus fit un opéra de ma tragédie Mérope, et me l’envoya. C’est qu’ensuite il eut la bonté de m’offrir sa clé qui n’est pas celle du paradis, et  toutes ses faveurs qui ne conviennent plus à mon âge. C’est une de ses sœurs qui m’a toujours conservé ses bontés qui a été le lien de ce petit commerce qui se renouvelle quelquefois entre le héros –poète  –philosophe –guerrier –malin –singulier –brillant –fier -modeste etc. et le Suisse Cinéas retiré  du monde [ 3]. Vous devriez bien venir faire quelque tour dans nos retraites soit de Lausanne soit des Délices. Nos conversations pourraient être amusantes. Il n’y a point de plus bel aspect dans le monde que celui de ma maison de Lausanne. Figurez-vous quinze croisées de face en cintre, un canal de douze grandes lieues de long que l’œil enfile d’un côté, et un autre de quatre à cinq lieues, une terrasse qui domine sur cent jardins, ce même lac qui présente un vaste miroir au bout de ces jardins, les campagnes de la Savoie au-delà du lac, couronnées par les Alpes qui s’élèvent jusqu’au ciel en amphithéâtre, enfin une maison où je ne suis incommodé que des mouches au milieu des plus rigoureux hivers. Madame Denis l’a ornée dans le goût d’une Parisienne. Nous y faisons beaucoup meilleure chère que Pyrrhus. Mais il faudrait un estomac, c’est un point sans lequel il est difficile aux Pyrrhus et aux Cinéas d’être heureux. Nous répétâmes hier une tragédie. Si vous voulez un rôle, vous n’avez qu’à venir. C’est ainsi que nous oublions les querelles des rois, et celles des gens de lettres : les unes affreuses, les autres ridicules.

 

                            On nous a donné la nouvelle prématurée d’une bataille entre M. le maréchal de Richelieu et M. le prince de Brunswik ; il est vrai que j’ai gagné aux échecs une cinquantaine de pistoles à ce prince mais on peut perdre aux échecs une cinquantaine de pistoles, et gagner à un jeu où l’on a pour second trente mille baïonnettes. Je conviens avec vous que le roi de Prusse a la vue basse, et la tête vive, mais il a le premier des talents au jeu qu’il joue, la célérité. Le fonds de son armée a été discipliné pendant plus de quarante ans. Songez comment doivent combattre des machines régulières, vigoureuses, aguerries qui voient leur Roi tous les jours, qui sont connues de lui, et qu’il exhorte chapeau bas à faire leur devoir ; souvenez-vous comme ces drôles-la font le pas de côté et le pas redoublé, comme ils escamotent les cartouches en chargeant, comme ils tirent six à sept coups par minute. Enfin leur maître croyait tout perdu, il y a trois mois il voulait mourir, il me faisait ses adieux en vers et en prose, et le voilà qui par sa célérité et par la discipline de ses soldats gagne deux grandes batailles en un mois, court aux Français, vole aux Autrichiens, reprend Breslau [ 4 ], a plus de quarante mille prisonniers et fait des épigrammes. Nous verrons comment finira cette sanglante tragédie si vive et si compliquée. Heureux qui regarde d’un œil tranquille tous ces grands évènements du meilleur des mondes possibles.

 

                            Je n’ai point encore tiré au clair l’aventure de l’abbé de Prades [ 5 ]; on l’a dit pendu. Mais la renommée ne sait souvent ce qu’elle dit. Je serais fâché que le roi de Prusse fît pendre ses lecteurs. Vous ne me dites rien de M. du Verney. Vous ne me dites rien de vous. Je vous embrasse bien tendrement et j’ai une terrible envie de vous voir.

 

                            Le Suisse V. »



1- Cette lettre fut publiée dans le Journal encyclopédique du 1er juillet 1758, et V* s’en plaindra à Darget le 17 juillet et le 16 septembre  et à Pierre Rousseau, directeur du Journal, le 24 août . Il se plaindra qu’elle a été « falsifiée » : il y manque effectivement le dernier paragraphe.

2- Cinéas était un habile négociateur qui conseilla à Pyrrhus de cesser de faire la guerre et profiter de la vie.

3- Wilhelmine, la margravine de Bayreuth. V* ne fait pas de référence aux négociations secrètes de paix qui se faisaient par son intermédiaire.

4- Frédéric a remporté la bataille de Rossbach le 5 novembre 1757, Leuthen le 5 novembre, Breslau en décembre.

5- On disait qu’il était accusé d’avoir conspiré contre le roi de Prusse ; Frédéric le soupçonnait seulement d’indiscrétion et l’a fait mettre à Magdebourg.

 

La renommée : sonnez trompettes !

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08/01/2010 | Lien permanent

La baronne fut inflexible et voulut absolument dispenser toute sa maison de la douleur de la regretter

 

 http://www.dailymotion.com/video/x1smbz_freres-jacques-la...

 

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           Pomme sur confiture-gelée de coing maison

Si quelqu'un peut m'identifier cette pomme, à la chair très blanche et murissement tardif, qu'il ou elle parle sans peur et sans crainte ! ce n'est pas de la délation !...

 

 

 

Très agréable amis, parfois, que ceux de Voltaire ! Les envois de nourritures terrestres ( y compris des pâtés ) n'étaient pas trop rares et de temps en temps étaient source de bons empoisonnements et gastro qui ramonent . La baronne en question ci-dessous, n'aura pas eu le temps de voir la couleur des pots de confiture et grâce au déiste Voltaire aura gagné un billet de paradis (?) pour l'au-delà.

 

« A Jean-Baptiste-Nicolas Formont

 

Ce 27 janvier  [1733]

 

             Les confitures que vous aviez envoyées à la baronne [Mme de Fontaine-Martel], mon cher Formont, seront mangées probablement par sa janséniste de fille [Mlle d’Estain, sur laquelle il courut le bruit qu’elle était fille illégitime] qui a l’estomac dévot, et qui héritera au moins des confitures de sa mère à moins qu’elles ne soient substituées comme tout le reste à Mlle de Clerc. Je devais une réponse à la charmante épître dont vous accompagnâtes votre présent, mais la maladie de notre baronne suspendit toutes nos rimes redoublées ; je ne croyais pas il y a huit jours que les premiers vers qu’il faudrait faire pour elle seraient son épitaphe. Je ne conçois pas comment j’ai résisté à tous les fardeaux qui m’ont accablé depuis quinze jours. On me saisissait Zaïre [Rouillé, responsable de la Librairie, interdit que l’épître dédicatoire au négociant Fawkener paraisse dans l’édition de Zaïre publiée avec privilège] d’un coté, la baronne se mourait de l’autre, il fallait aller solliciter le garde des Sceaux et chercher le viatique. Je gardais la malade pendant la nuit et j’étais occupé du détail de la maison tout le jour. Figurez-vous que ce fût moi qui annonçai à la pauvre femme qu’il fallait partir. Elle ne voulait point entendre parler des cérémonies du départ ; mais j’étais obligé d’honneur à la faire mourir dans les règles. Je lui amenai un prêtre moitié janséniste, moitié politique qui fit semblant de la confesser, qui vint ensuite lui donner le reste. Quand ce comédien de Saint Eustache lui demanda tout haut si elle n’était pas bien persuadée que son Dieu, son créateur était dans l’eucharistie, elle répondit ah, oui ! d’un ton qui m’eut fait pouffer de rire dans des circonstances moins lugubres. Je fis tout ce que je pus pour engager la mourante à laisser quelque chose à ses domestiques et surtout à une jeune personne de condition qu’elle avait prise depuis peu auprès d’elle, et qu’elle avait arrachée à sa famille sur l’espérance qu’elle lui avait donnée de la mettre sur son testament [Mlle de Grandchamp, nièce de Mme Dandrezel ; la duchesse d’Orléans s’occupera d’elle.]. La baronne fut inflexible et voulut absolument dispenser toute sa maison de la douleur de la regretter. Il y avait trois ans qu’elle avait fait un testament pour déshériter sa fille unique autant qu’elle le pouvait. Mais depuis ce temps elle avait renouvelé deux ou trois fois sa maison et ses amis. Pour moi je suis à présent dans l’embarras de chercher un logement et de réclamer mes meubles qui étaient confondus avec ceux de la baronne. Sans tous ces malheureux contretemps ma nouvelle tragédie serait bien avancée [Adélaïde du Guesclin]. A l’égard des Lettres anglaises je les ai envoyées à Thiriot qui compte en tirer à Londres beaucoup d’utilité [En 1733, Thiriot fait imprimer à Londres les Letters concerning the English nation, comprenant les lettres écrites directement en anglais et une partie des lettres récentes écrites en français et traduites en anglais ; il avait commencé à les composer au printemps 1728 et les rédigera à nouveau en 1732 en français]. Je ne sais si je les ferai imprimer dans ce pays ci et si je me hasarderai à braver encore l’inquisition qui persécute la littérature. J’attends le retour de Jore [imprimeur rouennais] à Paris pour me résoudre. Adieu, je vais être trois mois entiers tout à ma tragédie, après quoi je veux me consacrer le reste de ma vie à de amis comme vous. Adieu, je vous aime autant que je vous estime.

 

             V. »

 

 

 

 

 

Dédicace spéciale à Jean-Baptiste-NICOLAS Formont  : http://www.ina.fr/fictions-et-animations/feuilletons-et-s...

 

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27/01/2010 | Lien permanent

tout est bon pour les jésuites, et on peut leur jeter tout à la tête, jusqu'à des oranges de Portugal , pourvu qu'elles

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jeter des oranges.jpg

 

 

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'ÉPINAY
26 novembre 1759, aux Délices,
Je n'ai pas votre santé de fer, ma chère et respectable philosophe ; c'est ce qui me prive de l'honneur de vous écrire de ma main. La Mort et l'Apparition de frère Berthier 1, si je ne mourais pas de misère, me feraient mourir de rire. Il m'a paru pourtant qu'il y a un peu de gros sel dans la première partie ; mais tout est bon pour les jésuites, et on peut leur jeter tout à la tête, jusqu'à des oranges de Portugal 2, pourvu qu'elles ne coûtent pas trop cher, car voici le temps où il faut épargner les dépenses inutiles. Je n'envoie point, comme vous, ma vaisselle d'argent à la Monnaie, parce que ma pauvre vaisselle est hérétique au poinçon de Genève, et que le roi très-chrétien ne voudrait pas m'en donner 56 francs le marc 3 ; je m'adresserai aux jésuites d'Ornex, qui, ayant acheté tant de terres dans le pays, m'achèteront mon argenterie sans doute.
Quoique je n'aie guère le temps, j'ai pourtant lu tout le gros Mémoire de M. Dupleix, que vous avez eu la bonté de m'envoyer 4, et dont je vous remercie. Je conclus de ce Mémoire que les Anglais nous prendront Pondichéry, et que M. Dupleix ne sera point payé ; on ne peut avoir, dans le temps où nous sommes, que de mauvaises conclusions à tirer de tout. Je tremble encore plus pour la flotte de M. le maréchal de Conflans que pour le remboursement de M. Dupleix. Le roi de Prusse marche en Saxe, et voilà les choses à peu près comme elles étaient, au commencement de la guerre, dans cette partie du meilleur des mondes possibles. Martin avait raison d'être manichéen 5; c'est sans doute le mauvais principe qui a ruiné la France de fond en comble en trois ans, dévasté l'Allemagne, et fait triompher les pirates anglais dans les quatre parties du monde. Que faut-il faire à tout cela, madame ? S'envelopper de son manteau de philosophe, supposé qu'Arimane nous laisse encore un manteau.
J'ai heureusement achevé de bâtir mon petit palais de Ferney; l'ajustera et le meublera qui pourra; on ne paye point les ouvriers en annuités et en billets de loterie ; il faut au moins du pain et des spectacles 6; vous êtes, à Paris, au-dessus des Romains : vous n'avez pas de quoi vivre, et vous allez voir deux nouvelles tragédies 7, l'une de M. de Thibouville, et l'autre de M. Saurin.8
Pour moi, madame, je ne donne les miennes qu'à Tournay; nous avons fait pleurer les beaux yeux de Mme de Chauvelin l'ambassadrice, et nous aurions encore mieux aimé mouiller les vôtres. La république nous a donné de grosses truites, et la gazette de Cologne a marqué que ces truites pesaient vingt livres, de dix-huit onces la livre. Plût à Dieu que les gazetiers n'annonçassent que de telles sottises ! Celles dont ils nous parlent sont trop funestes au genre humain.
Mme Denis, madame, vous fait les plus tendres compliments.
Vous savez bien à quel point vous êtes regrettée dans le petit couvent, des Délices; daignez faire le bonheur de ce couvent par vos lettres. Que fait notre philosophe de Bohême? n'est-il pas ambassadeur de la ville de Francfort, que nous n'aimons guère? S'il demande de l'argent pour elle, je ferai arrêt sur la somme.
Comment se porte M. d'Épinai? ne diminue-t-il pas sa dépense comme les autres, en bon citoyen ? Où en est monsieur votre fils de ses études ? ne va-t-il pas un train de chasse ?9 Encore une fois, madame, écrivez-moi; je m'intéresse à tout ce que vous faites, à tout ce que vous pensez, à tout ce qui vous regarde, et je vous aime respectueusement de tout mon cœur. »

2 Allusion à l'attentat du 3 septembre 1758.

6 Panem et circenses. (Juvénal, Satires, X, 81.)

7 Namir et Spartacus

9 Ce qui signifie apparemment  « aller grand train »

 

 

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04/12/2014 | Lien permanent

Leur procédé avec un homme tel que lui me fait de la peine

... Ô oui, que j'ai de la peine pour M. Joseph Kabila qui risque, ô désespoir , d'être chassé du pouvoir par son peuple à la demande de M. Félix Tshisekedi . Pleurons et compatissons , comme nous pleurons à la défaite de M. Cheminade ! Notre élection présidentielle n'offrant plus guère de suspense, tournons-nous enfin vers de plus grands problèmes, la République Démocratique du Congo c'est quelque chose et l'Afrique ce n'est pas rien pour notre avenir . La chute d'un dictateur/voleur qui se fait attendre est bien faite pour nous instruire, non ? N'avons-nous pas une candidate qui fait fi des lois , premier pas vers d'autres dérapages néfastes pour la nation ?

http://www.mediacongo.net/article-actualite-25899.html

NDLR - James comme bien d'autres de ses concitoyens ne connait pas grand chose des affaires africaines, il sait juste que des guerres sordides y ont cours, depuis des années et qu'il ne faut pas trop en vouloir à ceux qui fuient et tentent de se réfugier chez nous .

Toujours est-il que l'Afrique en sait plus sur nous que nous sur elle (oh , par contre, -avec mes plates excuses,- nous sommes incollables sur la faune, la flore, la géographie mais incapables dans le même temps de dire les progrès de tous ordres accomplis là-bas ). 

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« A Etienne-Noël Damilaville

7 juin [1762]

Mon cher frère sait que je lui ai envoyé pendant six mois des paquets concernant Corneille pour l’Académie française. Je crois que messieurs les fermiers des postes n’ont point désapprouvé ce petit commerce ; mais je n’ai pas été si heureux dans ma correspondance avec M. d’Argental, à qui j’envoyais des paquets pour le secrétaire perpétuel de l’Académie sous l’enveloppe de M. de Courteilles. Ils ont décacheté l’enveloppe en dernier lieu, et fait payer à M. d’Argental des sommes assez considérables. Cela m’inquiète, et je crains qu’il ne soit arrivé quelque malheur à mes derniers paquets envoyés à mon cher frère. Le dernier le 5 juin, et contenait deux exemplaires d'Étrépigny et de But 1.

Voilà deux petits avertissements qu’il faudrait faire mettre dans les Petites affiches 2 et dans le Mercure 3. Mon cher frère verra que les malades ne perdent pas toujours leur temps.

Du reste, j’écris à messieurs des postes pour les prier de recevoir de moi l’argent qu’ils lui ont fait payer et de le lui rendre. Leur procédé avec un homme tel que lui me fait de la peine.

Je suppose frère Thieriot parti ; il doit descendre chez M. Camp, associé de M. Tronchin, à Lyon, qui aura soin de son voyage. »

 

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25/04/2017 | Lien permanent

jamais procédé plus fol ni plus inconséquent n'a flétri un ministre de France depuis que cette monarchie en a

... Le 49-3 ?

 

Mis en ligne le 8/8/2017 pour le 29/9/2015

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

[septembre-octobre 1760] 1

[Le félicite de ses succès, lui demande le sens des références à Choiseul dans une lettre du roi à d'Argens, mentionne son propre livre sur l'histoire de la Russie, exprime sa haine des jésuites et de la superstition .]

1 Les indications données sur cette lettre sont tirées de deux sources : une lettre de Choiseul à V* de septembre ou octobre 1760, demandant à V* de se renseigner auprès de Frédéric II sur le sens qu'il donnait à une phrase d'une lettre au marquis d'Argence capturée par la cavalerie légère française ; cette phrase est la suivante : « Je sais un trait du duc de Choiseul que je vous conterai lorsque je vous verrai ; jamais procédé plus fol ni plus inconséquent n'a flétri un ministre de France depuis que cette monarchie en a . »

La réponse de Frédéric est d'une grande prudence ; la voici intégralement car elle est la seconde et la plus importante source d'informations sur la lettre de V* :  « Le 31 octobre 1760 . Je vous suis obligé de la part que vous prenez à quelques bonnes fortunes passagères que j'ai escroquées au hasard . Depuis ce temps, les Russes ont fait une sulfuration [un pillage] dans le Brandebourg , j'y suis accouru, ils se sont sauvés tout de suite, et je me suis tourné vers la Saxe, où les affaires demandaient ma présence . Nous avons encore deux gros mois de campagne par devers nous ; celle-ci a été la plus dure et la plus fatigante de toutes ; mon tempérament s'en ressent, ma santé s'affaiblit ; et mon esprit baisse à proportion que son étui menace ruine . Je ne sais quelle lettre on a pu intercepter, que j'écrivis au marquis d'Argens ; il se peut qu'elle soit de moi, peut-être a-t-elle été fabriquée à Vienne . Je ne connais le duc de Choiseul ni d'Adam ni d’Ève . Peu m'importe qu'il ait des sentiments pacifiques ou guerriers . S'il aime la paix,pourquoi ne la fait-il pas ? Je suis si occupé de mes affaires que je n'ai pas le temps de penser à celles des autres . Masi laissons là tous ces illustres scélérats, ces fléaux de la terre et de l'humanité . Dites-moi, je vous prie, de quoi vous avisez-vous d'écrire l'histoire des loups et des ours de Sibérie , sur quels mémoires ? En qu'en direz-vous de plus que ce que vous avez répandu dans votre Histoire universelle ? Et que pourrez-vous rapporter du czar qui ne se trouve dans la Vie de Charles XII , je ne lirai point l'histoire de ces barbares ; je voudrais même pouvoir ignorer qu'ils habitent notre hémisphère . Votre zèle s'enflamme contre les jésuites et contre les superstitions . Vous faites bien de combattre contre l'erreur ; mais croyez-vous que le monde changera ? L'esprit humain est faible;plus des trois quarts des hommes sont faits pour l'esclavage du plus absurde fanatisme . La crainte du diable et de l'enfer leur fascine les yeux, et il déteste le sage qui veut l'éclairer . Le gros de notre espèce est sot et méchant . J'y recherche en vain cette image de Dieu dont les théologiens assurent qu'elle porte empreinte . Tout homme a une bête féroce en soi ; peu savent l'enchainer , la plupart lui lâchent le frein lorsque la terreur des lois ne les retient pas . Vous me trouverez peut-être trop misanthrope . Je suis malade, je souffre , et j'ai affaire à une demi-douzaine de coquins et de coquines qui démonteraient un Socrate, un Antonin même . Vous êtes heureux de suivre le conseil de Candide, et de vous borner à cultiver votre jardin . Il n'est pas donné à tout le monde d'en faire autant . Il faut que le bœuf trace un sillon, que le rossignol chante, que le dauphin nage, et que je fasse la guerre . Plus je fais ce métier, et plus je me persuade que la fortune y a la plus grande part . Je ne crois pas que je le ferai longtemps ; ma santé baisse à vue d’œil, et je pourrais bien aller bientôt entretenir Virgile de La Henriade, et descendre dans ce pays où nos chagrins, nos plaisirs et nos espérances ne nous suivent plus, où votre beau génie et celui d'un goujat sont réduits à la même valeur, où enfin on se retrouve dans l'état qui précéda la naissance . Peut-être dans peu vous pourrez vous amuser à faire mon épitaphe . Vous direz que j'aimai les bons vers, et que j'en fis de mauvais ; que je ne fus pas assez stupide pour ne pas estimer vos talents ; enfin vous rendrez de moi le compte que Babouc rendit de Pâris au génie Ituriel . Voici une grande lettre pour la position où je me trouve . Je la trouve un peu noire ; cependant elle partira telle qu'elle est ; elle ne sera point interceptée en chemin , et demeurera dans le profond oubli où je la condamne . Adieu ; vivez heureux, et dites un petit bénédicité en faveur des pauvres philosophes qui sont en purgatoire . Federic . »

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29/09/2015 | Lien permanent

Qu’on me montre un homme qui soutienne la gloire de la nation

... Et je consentirai à reprendre le chemin du bureau de vote !

Oups ! je réalise que si un tel homme/telle femme existe, il/elle se gardera bien de briguer les suffrages de pékins tels que moi et autres mous-du-genou pour obtenir un poste de dirigeant . Inévitablement, il serait à la merci d'un parti et de la bonne ou mauvaise volonté du monde des fonctionnaires, deux mondes capables du meilleur et du pire .

 

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« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

M. le président Hénault, madame, m’instruit de votre beau zèle pour Pierre Corneille. Je quitte Pierre pour vous remercier, et je vous supplie aussi de présenter mes remerciements à madame de Luxembourg. Je romps un long silence ; il faut le pardonner au plus fort laboureur qui soit à vingt lieues à la ronde, à un vieillard ridicule qui dessèche des marais, défriche des bruyères, bâtit une église, et se trouve entre deux Pierre-le-Grand : savoir, Pierre Corneille, créateur de la tragédie ; et l’autre, créateur de la Russie. Ce qu’il y a de bon, c’est que mademoiselle Corneille n’a nulle part à ce que je fais pour son grand-oncle. Elle n’a pas encore lu une scène de Chimène ; mais cela viendra dans quelques années, et alors elle verra que j’ai eu raison. Maître le Dains et maître Omer auront beau dire et beau faire, Pierre est un grand homme et le sera toujours, et nous sommes des polissons. Qu’on me montre un homme qui soutienne la gloire de la nation,

Qu’on me le montre, et je promets d’aimer.1

Il faut en revenir, madame, au siècle de Louis XIV en tous genres : cela me perce le cœur au pied des Alpes ; et, de dépit, je fais faire un baldaquin 2, et je lis assidûment l’Ecriture sainte, quoique j’aime encore mieux Cinna.

Je joue avec la vie, madame ; elle n’est bonne qu’à cela. Il faut que chaque enfant, vieux ou jeune, fasse ses bouteilles de savon 3. La butte Saint-Roch, et mes montagnes qui fendent les nues, les riens de Paris, et les riens de la retraite, tout cela est si égal, que je ne conseillerais ni à une Parisienne d’aller dans les Alpes, ni à une citoyenne de nos rochers d’aller à Paris.

Je vous regrette pourtant, madame, et beaucoup, mademoiselle Clairon un peu,  et la plupart de mes chers concitoyens point du tout. Je n’ai guère plus de santé que vous ne m’en avez connu ; je vis, et je ne sais comment, et au jour la journée, tout comme les autres. Je m’imagine que vous prenez la vie en patience, ainsi que moi ; je vous y exhorte de tout mon cœur ; car il est si sûr que nous serons très heureux quand nous ne sentirons plus rien, qu’il n’y a point de philosophe qui n’embrasse cette belle idée si consolante et si démontrée. En attendant, madame, vivez le plus heureusement que vous pourrez, jouissez comme vous pourrez, et moquez-vous de tout comme vous voudrez.

Je vous écris rarement, parce que je n’aurais jamais que la même chose à vous mander ; et quand je vous aurai bien répété que la vie est un enfant qu’il faut bercer jusqu’à ce qu’il s’endorme, j’aurai dit tout ce que je sais.

Un bourgmestre de Midelbourg 4, que je ne connais point, m’écrivit, il y a quelque temps, pour me demander en ami s’il y a un Dieu ? si, en cas qu’il y en ait un, il se soucie de nous ? si la matière est éternelle ? si elle peut penser ? si l’âme est immortelle ? et me pria de lui faire réponse sitôt la présente reçue. Je reçois de pareilles lettres tous les huit jours ; je mène une plaisante vie.

Adieu, madame ; je vous aimerai et je vous respecterai jusqu’à ce que je rende mon corps aux quatre éléments. »

 

2 Que l'on peut voir encore (restauré) sur son lit du château de Ferney . Voir : http://aura.u-pec.fr/duchatelet/documentsiteduchatelet/139.jpg

3 Bouteille, au sens de bulle, est signalé par Littré : « Familièrement globule rempli d'air que forme un liquide qui rejaillit ou bouillonne » ; ceci s'explique par la façon dont on fait les bouteilles, soufflées par des verriers à l'aide de cannes creuses comparables aux pailles des enfants pour faire des bulles de savon .

4 C'est Pieter de La Rue, un Hollandais dont la lettre de la fin de 1755 est conservée, et on y trouve les questions citées par V* .

 

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25/06/2016 | Lien permanent

Vous donnerez sans doute, monsieur, un plan d’éducation digne de vos excellents mémoires, qui ont servi à détruire ceux

... Et le dégraissage du mammouth n'est pas au programme de M. Jean-Michel Blanquer .

Heureusement "Le siècle du gland est passé" ! Mais le chêne croitra-t-il ? Donnera-t-il des bandes de glands comme par le passé, qui eux-mêmes etc., etc.

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« A Louis-René Caradeuc de La Chalotais

Le 6 novembre [1762] 1

Vous donnerez sans doute, monsieur, un plan d’éducation 2 digne de vos excellents mémoires, qui ont servi à détruire ceux qui donnaient une assez méchante éducation à notre jeunesse. Plût à Dieu que vous voulussiez y mêler quelques leçons pour ceux qui se croient hommes faits ! Ce sont de terribles enfants que des gens qui, avec de la barbe au menton, paient à un prêtre italien la première année du revenu des terres que le roi leur donne en France, et qui avec cela disent qu’on leur fait tort quand on ne les laisse pas les maîtres absolus de tout. Vous êtes procureur-général d’une province où un Italien donne encore des bénéfices. Les Anglais ont été longtemps plus imbéciles que nous, il est vrai ; mais voyez comme ils se sont corrigés. Ils n’ont plus de moines ni de couvents, mais ils ont des flottes victorieuses ; leur clergé fait de bons livres et des enfants ; leurs paysans ont rendu fertiles des terres qui ne l’étaient pas ; leur commerce embrasse le monde, et leurs philosophes nous ont appris des vérités dont nous ne nous doutions pas. J’avoue que je suis jaloux quand je jette les yeux sur l’Angleterre.

Vous avez rendu, monsieur, à la nation un service essentiel, en l’éclairant sur les jésuites. Vous avez démontré que des émissaires du pape, étrangers dans leur patrie, n’étaient pas faits pour instruire notre jeunesse. Vous pensez qu’il vaut mieux qu’un jeune homme apprenne de bonne heure les quatre maximes fondamentales de l’année 1682 3, que de savoir par cœur des vers de Jean Despautère 4. En un mot, je suis persuadé que vous saurez mêler, avec votre habileté ordinaire, dans votre plan d’éducation, bien des choses qui serviront à l’instruction de l’âge mûr. Le siècle du gland 5 est passé ; vous donnerez du pain aux hommes. Quelques superstitieux regretteront encore le gland qui leur convient si bien ; et le reste de la nation sera nourri par vous.

C’est une belle époque que l’abolissement des jésuites ; j’oserais dire avec Horace :

Quid te exempta juvat spinis e pluribus una ?6

On me répondra que, de toutes les épines, c’était la plus pointue et la plus embarrassante, et qu’il faut commencer par l’arracher . Je répliquerai :

Perge quo cepisti pede.7

La raison fait de grands progrès parmi nous 8; mais gare qu’un jour le jansénisme ne fasse autant de mal que les jésuites en ont fait ! Que me servirait d’être délivré des renards, si on me livrait aux loups ? Dieu nous donne beaucoup de procureurs-généraux qui aient, s’il est possible, votre éloquence et votre philosophie ! Je remarque que la philosophie est presque toujours venue à Paris des contrées septentrionales ; en récompense, Paris leur a toujours envoyé des modes.

J’oubliais de vous parler, monsieur, du procès de mes huguenots. Fussent-ils mahométans, vous leur donneriez gain de cause, s’ils avaient raison.

Permettez, monsieur, que je vous renouvelle les sincères protestations de mon estime et de mon respect.

Voltaire . »

 

1 L'édition de Kehl date du 3, sans doute à cause de la lettre du 3 novembre à Damilaville (http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/09/28/je-ne-sais-point-encore-les-conditions-de-la-paix-mais-qu-im-5984055.html )

2 Louis-René de Caradeuc de La Chalotais : Essai d'éducation nationale ou Plan d'études pour la jeunesse, 1763 [ https://books.google.fr/books?id=5t3Yz7FnJ-MC&printse... ]

et voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Ren%C3%A9_Caradeuc_de_La_Chalotais

3 Ces quatre déclarations consacraient lé défaite de l'ultramontanisme en France ; voir Jules-Théodore Loyson : L'Assemblée du clergé de France de 1682, 1870 [ https://books.google.fr/books?id=rs8GAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false]

5 Le siècle où l'on se nourrissait de glands .

6 Que te réjouis-tu que , de plusieus épines, une seule ait été enlevée ? , Horace, Epîtres, II, ii, 212 .

7 Continue du même pied que tu as commencé , Cicéron, Catilinaires, I, 10 .

8 Thème d'une oeuvre postérieure : Eloge historique d ela raison composé peut-être en 1774 ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89loge_historique_de_la_raison

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29/09/2017 | Lien permanent

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