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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Peu de gens sentiront votre mérite, vu le sujet que vous avez traité, et moi je le sens malgré le sujet

... M. Edouard Philippe , ne vous réjouissez pas trop vite, ici je ne transcris que les paroles de Voltaire qui, à l'occasion, et même souvent savait être indulgent et encourageant . Après votre discours d'hier, nous attendons les actes et alors votre mérite sera confirmé ou non . A suivre ...

 

 

« A Claude-Germain Le Clerc de Montmercy 1

Aux Délices , 13 mars 1764

Vous êtes donc, monsieur, comme Raphaël qui s’amusait quelquefois à peindre des fleurs sur des pots de terre . Vraiment je vous suis bien obligé d'avoir orné à ce point mon vieux pot cassé . Vous avez prodigué des vers charmants sur le sujet le plus mince 2, j'en suis aussi honteux que reconnaissant .

J'ai encore à vous remercier d'avoir dit tant de bien de M. de Vauvenargues 3, homme trop peu connu, et bien digne de vos louanges et de vos regrets . C'était un vrai philosophe ; il a vécu en sage, et est mort en héros sans que personne en ait rien su . Je chérirai toujours sa mémoire ; tout ce que vous dites de lui m’attendrit, autant que ce que vous dites de moi me fait rougir .

Je m'étonne qu'avec le talent de faire des vers si faciles, si agréables, si remplis de philosophie et de grâces, vous ne choisissiez pas quelque sujet digne d'être embelli par vous . La nature vous a donné la pensée, le sentiment et l’expression ; il ne vous manque qu'une toile pour y jeter vos belles couleurs . Peu de gens sentiront votre mérite, vu le sujet que vous avez traité, et moi je le sens malgré le sujet . Je m'intéresse à vous indépendamment de la reconnaissance ; je voudrais savoir ce que vous faites, si vous êtes aussi heureux que philosophe, et je suis très fâché d'être à plus de cent lieues de vous ; une santé misérable et une fluxion horrible sur les yeux m'empêchent de vous remercier de ma main, mais elles n'ôtent rien aux sentiments avec lesquels je serai toujours le plus sincèrement du monde, monsieur, votre, etc. »

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09/04/2019 | Lien permanent

Il est clair par l'intitulé que c'est un tour qu'on me joue

... pense Cédric Villani après sa réponse , ou plus exactement sa frappe en touche embarrassée après une question à propos du logement à Paris . Être candidat est facile, être élu se mérite, savoir pour pouvoir, obligatoire .

https://www.lci.fr/politique/en-direct-municipales-a-pari...

Résultat de recherche d'images pour "un tour qu'on me joue"

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k970275f.image

 

 

« A François Tronchin

19 juillet [1764] 1

J'apprends mon cher ami que quelques malins débitent une rapsodie , intitulée Saül, tragédie tirée de l’Écriture sainte par M. de Voltaire à Genève .2

Il est clair par l'intitulé que c'est un tour qu'on me joue . On dit qu'il y en a très peu d'exemplaires et qu'ils ont été très sagement supprimés par messieurs les scolarques ; mais c'est assez que les ministres du saint Évangile en aient un exemplaire pour qu'ils fatiguent la prudence du Conseil . Il me semble que dans cette occasion ce serait à moi et non à eux à demander justice de l'abus qu'on fait du nom de Genève et du mien. Je crois aussi que le parti le plus convenable est d’ensevelir dans son obscurité cette sottise qui ne mérite pas qu'on lui donne de l'importance, mais s'il arrivait que des brouillons insistassent auprès du Conseil, il serait peut-être alors à propos que je détruisisse leur mauvaise volonté en déférant moi-même ce libelle fait en effet contre moi, et visiblement imprimé pour me nuire .

Ainsi donc je joins ici à tout évènement, une requête que je soumets à votre amitié 3. Vous ne le donnerez sans doute que quand il la faudra donner . Vous ne ferez que ce qu'il faudra faire . Je vous avoue qu'il serait fort triste pour moi que mon nom fût compromis à mon âge ; si vous et vos amis pouvez faire en sorte que cette sottise soit étouffée, je vous aurai aussi bien que maman une véritable obligation . Le Conseil sait combien je lui suis dévoué ; en un mot je compte sur vous et sur vos amis , et je vous embrasse bien tendrement. Ainsi fait maman . » 

1 L'édition Voltaire à Ferney date de 1763, corrigée par Tronchin . Jean-Robert Tronchin a, par une lettre du 16 juillet 1764, attiré 'attention de Lullin de Chàteauvieux sur « une brochure » qui lui paraît « mériter l'attention du conseil », « intitulée Saül, portant le nom de M. de Voltaire, et Genève pour lieu d'impression » .

3 Cette requête n'a pas survécu, il n'en est pas question dans le registre du conseil du 20 juillet, où on lit seulement: «  On a lu le verbal du sieur auditeur Revilliod du 16è de ce mois, concernant la tragédie Saül, et les perquisitions qu'il a faites à ce sujet chez les libraires et les loueurs et loueuses de livres duquel il résulte qu'il n'a trouvé nulle part aucun exemplaire de cette pièce et qu'il a fait auxdits libraires et autres les défense de la recevoir louer et débiter ». François Tronchin répondit le même jour : «  [...] vous pensez bien que je n'ai jamais soupçonné que l'ouvrage dont vous me parlez pût être de vous […] je vais remettre à monsieur le Premier votre déclaration contre ce libelle pour qu'il en use selon sa prudence. »

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08/09/2019 | Lien permanent

Nous étions convenus, malgré la loi de l’histoire, de supprimer des vérités,...,si vous y trouvez quelque vérité qu’il f

...

 

«  A Etienne-Noël Damilaville

1er février 1763 1

En réponse à la lettre du 26 .

Je serais bien fâché, mon cher frère, que le libraire Cramer eût apporté un exemplaire de l’Histoire générale à Paris, s’il l’avait déposé en d’autres mains que les vôtres . Non seulement il y manque les cartons nécessaires pour les fautes d’impression, mais pour les miennes. Nous étions convenus, malgré la loi de l’histoire, de supprimer des vérités, et surtout celles dont vous me parlez . Les corrections sont faites , il y a plus de quinze jours et l'autre Cramer les aurait déjà imprimées s'il n'attendait des feuilles nouvelles pour achever l'édition . Je ne peux trop vous remercier de vos réflexions judicieuses dictées par le bon sens et par l'amitié . Je ne sais comment vous n'avez que quatre tomes, car il y en a huit et celui dont vous me parlez est le huitième . Donnez-vous, à votre loisir, mon cher frère, le plaisir ou le dégoût de les parcourir ; et si vous y trouvez quelque vérité qu’il faille encore immoler aux convenances, ayez la bonté de m’en avertir.

Catherine s’immortalise par sa lettre 2, et frère d’Alembert par ses refus. Ainsi donc on avertit de mille lieues notre ministère que nous avons dans notre patrie des hommes d’un génie supérieur.

Au reste mon cher frère que la seconde édition soit munie ou non d'une permission, qu'elle entre ou on dans le royaume, c'est l'affaire des Cramer et non la mienne . Je leur ai fait présent du manuscrit . Ils entendront assez bien leurs intérêts pour débiter leur marchandise . Le grand point est que le Cramer voyageur n'ai pas apporté à Paris d'autre exemplaire ; c'est un grand service que vous me rendrez de ne pas montrer la vôtre, avant que vous ayez les nouvelles feuilles .  

C’est une aventure assez comique ce celle que j’ai eue avec Pindare Le Brun 3, en vous envoyant un paquet pour lui 4, dans le temps que vous me dépêchiez ses rabâchages contre moi. Je lui fais part, dans ce paquet, du mariage de mademoiselle Corneille, qui est le fruit de sa belle ode . Je lui envoie des lettres pour Mlles de Villagenou et Félix, nièces de M. du Tillet, qui, les premières, tirèrent mademoiselle Corneille de son état malheureux, et auxquelles elle doit une reconnaissance éternelle. Je l’accable de politesses qui doivent lui tenir lieu de châtiment. Mes pauvres yeux souffrent horriblement en écrivant ; cependant continuons ; un dictionnaire de médecine me viendrait à merveille dans l'état où je suis . Il n'y aurait qu'à l'envoyer à M. Camp à Lyon par la diligence . Pour l'Appel à la raison, il pourrait venir par la poste . Je supplie mon cher frère d'avoir la bonté d'envoyer à son loisir chez M. de Laleu, notaire, rue sainte-Croix-de-la Bretonnerie . Si mon frère Thieriot n’aime pas à écrire, il devrait du moins faire chercher des livres et ne pas laisser mourir son frère de faim .

Je vous embrasse bien cordialement, mon cher frère.

Écrasez l’infâme .»

1 L'édition de Kehl fond cette lettre abrégée et très déformée dans la lettre du 4 février 1763, le tout daté du 1er février 1763 .

2 Lettre adressée à d'Alembert le 13 novembre 1762 pour lui offrir la place de précepteur du grand-duc de Russie. On donne plus de détails à ce propos dans la lettre du 4 février 1763 à d'Alembert .

3 Ce surnom de Le Brun a persisté jusqu'à nos jours .

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02/01/2018 | Lien permanent

j’ai grand’peur que toutes ces belles remontrances n’aboutissent à donner une paralysie à la main de nos payeurs de rent

...Ce dont ne semblent pas se soucier tous les opposants à la réforme, absolument nécessaire, des retraites , campés qu'ils sont sur des privilèges immérités .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet , comtesse d'Argental

7è septembre 1763 1

Mes divins anges, à peine ai-je reçu votre paquet, que j’ai fait à peu près tout ce que vous désirez. Vous ne m’avez point envoyé le premier acte ; je vous prie de me le dépêcher, afin que je raccorde le tout. Vous aurez probablement la pièce entière 2 dès que vous m’aurez fait tenir ce premier acte qui me manque 3. Il restera quelques vers raboteux ; cela ne fait pas mal au théâtre, et nous sommes convenus qu’il en fallait pour dépayser le monde. J’avoue que c’est une grande vanité à moi d’en convenir ; mais enfin j’ai passé dans mon temps, je ne sais comment, pour faire des vers assez coulants 4.

Vous avez bien raison , M. de Thibouville a le visage trop rond pour un conspirateur. Vous savez que César croyait que les visages longs et maigres étaient de vraies faces de conjurés.

Ah ! mes anges, est-il possible que vous n’aimiez pas,

A deux voluptueux a livré l’univers ?5

C’est bien là pourtant le caractère d’Antoine et du jeune Octave ; vous me forcerez à mettre des remarques , et les lettres de ces débauchés, que Suétone nous a conservées, y paraîtront avec les gros mots. Que je suis fâché contre vous d’avoir osé condamner ce vers qui dit tant de choses ! Vous y reviendrez, vous l’aimerez, car vous êtes justes.

Madame Denis et moi nous baisons le bout de vos ailes, sous lesquelles vous mettez notre procès sacerdotal.

Je n’entends plus parler de la Gazette littéraire, je ne sais si elle paraît. J’ai fait venir des livres d’Angleterre et de Hollande ; ils doivent être chez M. le duc de Praslin . S’il y a des doubles, je le supplie de me les envoyer, je les prendrai pour mon compte.

Mes anges, le diable est à Genève ; mais il est aussi en France, et j’ai grand’peur que toutes ces belles remontrances n’aboutissent à donner une paralysie à la main de nos payeurs de rentes. Vous ne me parlez jamais de ces petites drôleries ; vous ne songez qu’au tripot , cependant ces affaires-là sont un peu plus intéressantes.

Permettez, je vous en supplie, que je vous adresse ce paquet pour frère Damilaville, qui doit le rendre à M. Mariette. Il est bon de faire des tragédies, mais il faut songer au solide.

Respect et tendresse.

V. »

 1 On trouve aussi , dans l'édition de Kehl cette lettre mêlée à des fragments de la lettre du 11 septembre, le tout daté du 11 février1763 (copie Beaumarchais) changé en 1764 .

2 Le Triumvirat.

3 Dans les éditions de Kehl, cette lettre est datée du 16 Février 1764, et commence ainsi : « Mes divins anges, puisque vous êtes assez lambins pour ne pas renvoyer le premier acte à M. Marcel, je vous en envoie cinq. Il se flatte d’avoir fait tout ce que votre comité exigeait de lui. Il restera, etc. » (Georges Avenel.)

4 Dans la lettre du 11 Février 1764, on lisait encore : « Il faut que M. le duc de Praslin se donne avec vous le plaisir d’attraper le public ; c’est une vraie opération de ministre. M. Marcel vous enverra une lettre soumise pour la reine Clairon, qui sera de la même écriture que la pièce. Je ne connais point de conspiration mieux arrangée. Nous verrons si celle de Rousseau contre Genève réussira mieux. Il est vrai qu’il a sept à huit cents personnes dans son parti ; mais je tiens que mes trois conspirateurs valent mieux que les associés de Jean-Jacques.

« Vous avez bien raison, etc. ».

5 V* céda finalement au caprice de ses anges et sacrifia ce vers à la scène 1, Ac. I d'Octave .

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02/09/2018 | Lien permanent

Arlequins anthropophages ! ... Je ne veux pas respirer le même air que vous

... Prêtres et comparses pédophiles, violeurs et tueurs de femmes et enfants, soyez bannis de la société à jamais .

Framasphere*

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Aux eaux de Rolle, en Suisse

par Genève 16è juillet 1766

Je me jette à votre nez, à vos pieds, à vos ailes, mes divins anges. Je vous demande en grâce de m’apprendre s’il n’y a rien de nouveau. Je vous supplie de me faire avoir la consultation 1 des avocats ; c’est un monument de générosité, de fermeté, et de sagesse, dont j’ai d’ailleurs un très-grand besoin. Si vous n’en avez qu’un exemplaire, et que vous ne vouliez pas le perdre, je le ferai transcrire, et je vous le renverrai aussitôt.

L’atrocité de cette aventure me saisit d’horreur et de colère. Je me repens bien de m’être ruiné à bâtir et à faire du bien dans la lisière d’un pays où l’on commet de sang-froid, et en allant dîner, des barbaries qui feraient frémir des sauvages ivres. Et c’est là ce peuple si doux, si léger, et si gai ! Arlequins anthropophages ! je ne veux plus entendre parler de vous. Courez du bûcher au bal, et de la Grève à l’Opéra-Comique , rouez Calas, pendez Sirven, brûlez cinq pauvres jeunes gens 2 qu’il fallait, comme disent mes anges, mettre six mois à Saint-Lazare . Je ne veux pas respirer le même air que vous.

Mes anges, je vous conjure, encore une fois, de me dire tout ce que vous savez. L’inquisition est fade en comparaison de vos jansénistes de grand’chambre et de tournelle. Il n’y a point de loi qui ordonne ces horreurs en pareil cas ; il n’y a que le diable qui soit capable de brûler les hommes en dépit de la loi. Quoi ! le caprice de cinq vieux fous suffira pour infliger des supplices qui auraient fait trembler Busiris !3 Je m’arrête, car j’en dirais bien davantage. C’est trop parler de démons, je ne veux qu’aimer mes anges. »

1 Un Mémoire à consulter pour le sieur Moinel et autres accusés est suivi d’une Consultation datée du 27 juin 1766, et signée Cellier, d’Outremont, Muyart de Vouglans, Gerbier, Timbergue, Benoist fils, Turpin et Linguet. Le Mémoire et la Consultation font partie du Recueil intéressant publié par Devérité.

Voir : https://www.furet.com/livre-pod/recueil-interessant-sur-l-affaire-de-la-mutilation-du-crucifix-d-abbeville-ed-1776-louis-alexandre-deverite-9782012766914.html

et : https://www.pba-auctions.com/lot/18549/3906062

2 Il y avait cinq accusés, le chevalier de La Barre, Moinel, Douville de Maillefeu, Dumaisniel de Saveuse, et d’Étallonde de Morival ; le premier et le dernier avaient été condamnés à être brûlés, mais d’Étallonde était contumace. La Barre seul fut exécuté.

3 Busiris était un roi mythique d'Egypte qui immolait aux dieux des victimes humaines : https://fr.wikipedia.org/wiki/Busiris_(mythologie)

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12/10/2021 | Lien permanent

Le projet concernant le grand ouvrage serait très utile, et ferait en même temps la fortune et la gloire de ceux qui l’e

... Ecoutons et approuvons Emmanuel Macron  le jeune et Elisabeth II la vénérable qui sont fermement décidés à modifier le climat dès aujourd'hui . Dans le même temps , la croissance avide d'une majorité de pays , tant capitalistes que communistes (ou se faisant passer pour tels ) se fout du tiers comme du quart des mesures à prendre et appliquer pour éviter un avenir catastrophique .

COP26 veut diminuer la déforestation : 26 COPeaux maxi ?

https://www.lci.fr/environnement-ecologie/en-direct-cop26-glasgow-rechauffement-climatique-un-accord-international-contre-la-deforestation-2200538.html

réchauffement climatique Archives - WINGZ - Dessinateur de presse

N B. -- Par manque de bois, le projet est reporté sine die .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

6 auguste 1766 1

Le mémoire que vous m’avez envoyé, monsieur, fait verser des larmes et bouleverse l’âme. Il est bien triste de ne pouvoir mettre sur le papier tous les sentiments de son cœur. Le public doit frémir d’indignation.

Votre ami persiste toujours dans son idée. Il est vrai, comme vous l’avez dit, qu’il faudra l’arracher 2 à bien des choses qui font sa consolation, et qui sont l’objet de ses regrets ; mais il vaut mieux les quitter par la philosophie que par la mort. Il perdra beaucoup, mais il lui restera de quoi vivre et de quoi être utile. Tout ce qui l’étonne, c’est que plusieurs personnes n’aient pas formé de concert cette résolution. Pourquoi un certain baron philosophe 3 ne viendrait-il pas travailler à l’établissement de cette colonie  libre 4? pourquoi tant d’autres ne saisiraient-ils pas une si belle occasion ?

Votre ami a reçu chez lui, depuis peu, deux princes souverains 5 qui pensent entièrement comme vous. L’un d’eux offrirait une ville, si celle que l’on a en vue n’était pas convenable. Le projet concernant le grand ouvrage serait très utile, et ferait en même temps la fortune et la gloire de ceux qui l’entreprendraient.

Votre ami, monsieur, prétend qu’il n’y a qu’à vouloir ; que les hommes ne veulent pas assez ; que les petites considérations sont le tombeau des grandes choses.

J’ai vu aujourd’hui le sieur Sirven, qui est pénétré de vos bontés officieuses. Nous pensons que voici le temps le plus favorable pour sa cause. Le public, soulevé contre tant d’injustices réitérées de toutes parts, se déclarera pour les Sirven. Il ne tiendra qu’à M. de Beaumont de faire un chef-d’œuvre. Si vous pouviez, monsieur, déterrer le mémoire de M. de Gennes 6 en faveur de M. de La Bourdonnais, vous me rendriez un très-grand service. Nous avons ici un jurisconsulte 7 qui se propose de faire un recueil des causes célèbres de ce temps-ci . Il y a cinq ou six procès qui doivent intéresser toutes les nations . Celui de M. de La Bourdonnais doit être à la tête . C’est un ouvrage qui ne paraîtra pas sitôt, mais qu’il est nécessaire de commencer.

S’il y a quelque chose de nouveau, nous vous prions de nous en faire part.

Nous sommes toujours, avec les sentiments que vous nous connaissez, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Boursier et compagnie. »

1 La copie contemporaine Darmstadt B. s'arrête sur ces mots : « Nous sommes te il manque la phrase qui précède .

2 Manuscrit : s'arracher .

3 Baron d'Holbach .

4 Les éditions omettent libre .

6 Parmi les nombreux mémoires anonymes relatifs à l'affaire La Bourdonnais, il est difficile d'identifier celui qui serait l’œuvre de Gennes . Voir : https://www.christies.com/en/lot/lot-4734963

7 Ce jurisconsulte était Voltaire lui-même, qui, ayant, en 1763, parlé de La Bourdonnais dans le tome VIII de son Essai sur l’Histoire générale, pages 257 et suivantes, revoyait son travail pour le faire entrer dans son Précis du Siècle de Louis XV, qu’il publia en 1768.

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02/11/2021 | Lien permanent

tous les jours ce sont nouvelles tracasseries à faire pouffer de rire

... Telle celle de définir le sexe des anges, --tâche d'une urgence qui ne manque pas de nous sauter à la gorge tel le chihuaha enragé,-- ou plus précisément la rédaction modifiée du premier article de notre sainte constitution laïque : 'garantir' ou 'préserver' l'environnement ? Les députés garantissent, les sénateurs préservent, les uns sont des assureurs (surtout bien lire toutes les petites lignes ), les autres des vendeurs de parapluie , tous sont des bonimenteurs (et dans bonimenteur il y a ... boni ? ... perdu ! ) . Messieurs et mesdames les écologistes en pantoufles, et tous ceux qui sentent le vent des élections tourner, vous avez vraiment les plus graves préoccupations du monde , foin de la pandémie, des guerres, de la pauvreté , bavasser est votre métier : https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/info-pub...

Rantanplan, tome 10 : Les Cerveaux: Amazon.fr: Morris, Léonardo, V., De  Groot, Bob: Livres

Le député , le sénateur et la constitution .

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[janvier-février 1766] 1

Mon cher Caro, Mme Denis m'a montré votre belle lettre comme elle le devait . Vous me prenez donc pour Grégorio Leti 2, qui faisait des histoires comme les poules pondent des œufs ; et vous vous imaginez que parce que j'ai fait l'histoire de Charles XII je doive faire celle du syndic Galiffre et du prédicant Vernet ? Vraiment vous, avez là une bonne idée .

L'ami Covelle , qui est un des plus profonds savants que nous ayons, me fournira sans doute des mémoires . Je suis étonné en vérité que, depuis onze ans que vous me connaissez, vous me connaissiez si peu . Genève à ce que je vois, est la ville des nouvelles sûres . Le sieur d'Ivernois en a surtout d'excellentes, et tous les jours ce sont nouvelles tracasseries à faire pouffer de rire .

Au reste, je suis enchanté que ce soit M. l'ambassadeur de France en Suisse qui soit votre médiateur . Il m'honore de quelque bonté, et j'espère qu’il aura celle de de vouloir bien venir à Ferney, car ma mauvaise santé et ma faiblesse ne me permettent pas de sortir de chez moi .

J'ai reçu, mon cher ami, vos quatre exemplaires, je vous rendrai compte des 255 livres . J’ai envoyé vos mandats pour Merlin et Panckoucke .

Si vous imprimez les tragédies souvenez-vous qu'il y a beaucoup de fautes, des vers oubliés, etc., etc., et que votre compositeur ne s'appelle pas Robert Etienne.

Je suis à vos ordres pour corriger . Si vous avez une Pucelle vous me ferez plaisir de me la donner, sinon je m'en passerai aisément à mon âge .

Ne manquez pas, mon cher ami, de faire rougir ceux qui débitent des choses aussi fausses et aussi peu vraisemblables.

V. »

1 La date est suggérée par la mention des différents personnages cités, d'Ivernois, Beauteville, Panckoucke et Merlin, rencontrés, le premier depuis la lettre du 27 novembre 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/22/si-les-deux-partis-voulaient-communiquer-ensemble-amiablemen-6305043.html

 ; le second dans la lettre du 27 janvier 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/15/je-vous-supplie-de-m-avertir-si-jamais-il-passe-quelque-idee-6316175.html

 ; les deux suivants dans la lettre du 27 janvier 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/16/portez-vous-bien-mon-cher-frere-et-soit-que-je-vive-soit-que-6316233.html

; on peut y ajouter Etienne qui apparaît encore dans la lettre suivante à Cramer .

Pour la correspondance de Cramer, voir aussi : http://docnum.univ-lorraine.fr/public/DDOC_T_2017_0255_JOFFREDO.pdf

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17/05/2021 | Lien permanent

Je suis très touché du sort des Polyeuctes et des Néarques que les Velches brûlent

... Lesquels Velches sont de nos jours Canadiens en se permettant des autodafés insensés : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1817537/livres-autoc...

Par Nanabozo le Grand Lapin et par le Puma mon totem ! ces gens de l'Ontario sont de bien mauvaise compagnie , et dignes des Petites Maisons comme le dit mon ami Voltaire, qui risque lui aussi le feu vengeur de complexés obtus . On brûle des livres puis on brûle des gens, notre histoire  encore récente doit nous mettre en garde .

Canada : des écoles brûlent 5 000 livres jugés stigmatisants envers les  autochtones et créent la polémique - Geo.fr

Hugh ! mon frère ! Est-ce Le Dernier des Mohicans ?

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy

16è juin 1766

Mon cher conseiller, vous avez rapporté l'affaire de Lally comme un conseiller de grand-chambre . Les billets des officiers escompté à soixante pour cent de pertes sont surtout un corps de délit qui me fait de la peine pour un général irlandais . Je le crois fort légitimement décollé, mais je vous avoue que j'aurais voulu qu'on eût dit un petit mot de raisons dans l'arrêt . Il y a beaucoup d'officiers étrangers en France qui ont trouvé fort mauvais qu'on ait conduit un de leurs camarades en place de Grève, sans spécifier précisément pourquoi .

Je suis très fâché que le révérend père gardien n'ait pas été expédié par ses chers confrères , et qu'il se soit dépêché lui-même pour aller aux limbes ; mais je suis étonné qu'on ne se soit pas donné le petit plaisir de trainer un capucin sur la claie . C'est votre méthode avec les pauvres laïques, vous respectez trop les enfants de saint François pour les assujettir à cette cérémonie . Il est vrai que les lois romaines n'ont jamais condamné personne pour avoir renoncé à la vie . Elles ordonnent au contraire que les testaments de ceux qui se sont tués eux-mêmes soient valables . Mais les coutumes velches valent bien mieux que les lois de Rome .

Je suis très touché du sort des Polyeuctes et des Néarques que les Velches brûlent 1; il me semble que les petites-maisons étaient le vrai partage de ces messieurs, et quant à l'homme qui s'est mis au cou un ruban, je lui aurais conseillé de le serrer pour faire une amende honorable plus complète .

Je vous demande en grâce, mon cher conseiller, de vouloir bien satisfaire mon extrême curiosité sur cette aventure . Priez votre mère d’engager son mari à m'envoyer le détail le plus circonstancié . J'ai peur qu'on ne dise que ces gens-là étaient des encyclopédistes .

Vous verrez bientôt le factum d'Elie de Beaumont en faveur des Sirven ; je me flatte que ce sera un très bon ouvrage . Si nous ne pouvons obtenir une justice pleine et entière pour les Sirven comme pour les Calas, on ne voudra peut-être pas donner deux fois de tels exemples, mais les Sirven gagneront sûrement leur cause au tribunal du public . On soulèvera l'Europe en leur faveur , et c'est une assez belle victoire .

Adieu, je vous aime de tout mon cœur ; votre tante en fait autant .

V. »

1V* fait allusion à l'affaire de La Barre ; Jean-François Lefèbvre, chevalier de La Barre, et Jacques-Marie-Bertrand Gaillard d'Etallonde sont poursuivis pour leur attitude lors du passage d'une procession et pour diverses autres charges de même nature, notamment des blasphèmes . On leur reproche aussi d'avoir des livres interdits, en particulier le Dictionnaire philosophique, ce qui alerte particulièrement V* . Le 1er juillet 1766, La Barre , âgé de dix-neuf ans est décapité . D'Etallonde a fui sous le nom de Morival . V* va s'occuper à le placer auprès de Frédéric II.

Voir : https://voltairefoundation.wordpress.com/2016/06/30/voltaire-and-the-la-barre-affair/

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11/09/2021 | Lien permanent

Il faut espérer que les Français feront enfin de bonnes études, et qu'on y connaîtra même le droit public qui n'a jamais

...  Optimiste Voltaire . J'aimerais bien avoir la même consolation, mais l'enseignement en France me semble bien bordélique, donné/vendu par des fonctionnaires pinailleurs et refusant tout progrès , toute réforme fors l'augmentation de leurs salaires .

Parcoursup vient de clore ses inscriptions . Qui sait exactement, chers lycéens, quel sera son avenir d'étudiant avec le maigre choix de filières offertes en réalité, choix d'autant plus difficile que basé sur l'apprentissage/bourrage de crâne de matières plus nombreuses qu'un inventaire à la Prévert ? Experts en grèves grâce au modèle des enseignants plus doués en syndicalisme qu'en pédagogie, la tête continuellement baissée -Smartphone oblige-, nombrilistes -selfies obligent-, collés aux écrans , je crains bien que ne s'affiche pour vous que "Game over" sans "Try again" .

https://etudiant.lefigaro.fr/college-lycee/

N. B. -- Bilan :  même le Figaro est capable de donner des articles avec des fautes ; saurez-vous trouver, entre autres,  "l'épparition" ?

 Image associée

Le choix : c'est ça ! Après, la vie peut être contrariante ...

 

 

« A François Robert, Agrégé

au collège de Dijon

à Dijon 1

Au château de Ferney

par Genève 23è février 1764

Je vous remercie, monsieur, et je vous félicite de votre plan d’étude 2. Il semble qu'autrefois les collèges n'étaient institués que pour faire des grimauds, vous ferez des gens de mérite . On n''apprenait que ce qu'il fallait oublier, et par votre méthode on apprendra ce qu'il faudra retenir le reste de sa vie . La vraie philosophie prendra la place des sophismes ridicules, et la physique n'en sera que meilleure en s'appuyant sur les expériences et sur les mathématiques plus que sur les systèmes . Neuton a calculé le pouvoir de la gravitation, mais il n'a pas prétendu deviner ce que c'est que ce pouvoir . Descartes devinait tout, aussi n'a-t-il rien prouvé . Loke s'est contenté de montrer la marche et les bornes de l'entendement humain, malheur à ceux qui voudraient aller plus loin .

Votre plan, monsieur, est un service rendu à la patrie . Il faut espérer que les Français feront enfin de bonnes études, et qu'on y connaîtra même le droit public qui n'a jamais été enseigné . Je souhaite que tous ces nouveaux secours forment de nouveaux génies . Je suis prêt à finir ma carrière, mais je me consolerai par l'espérance que la génération nouvelle vaudra mieux que celle que j'ai vue .

J'ai l'honneur d'être avec toute l'estime que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi . »

1 François Robert fit des œuvres dont les premières ne remontent pas avant 1767 ; il publia surtout des géographies à usage scolaire, et sera plus tard membre du conseil des Cinq Cents . On peut lire de lui un Voyage dans les XIII cantons suisses,..., 1789 .

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Robert

et : https://www.e-rara.ch/zut/wihibe/content/titleinfo/2296699

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15/03/2019 | Lien permanent

P*** n'a point voulu recevoir de mon argent, mais je l'ai forcé d'en prendre

... Ah ! que ne suis-je à la place de P*** !

problème relation argent

N. B. : https://apprendreaeduquer.fr/probleme-relation-argent/

 

 

« A Henri Rieu

[vers le 31 octobre 1767]

Mon cher ami, je viens de recevoir les deux premiers tomes de Pellet 1 . Je suis un peu étonné de voir Guillaume Tell immédiatement après Le Cid, sans que l’éditeur donne aucune raison de cette étrange accolade .

Je vous suis bien obligé de toutes vos bontés ; on aura bien de la peine à empêcher Marc-Michel Rey d'être un fripon et un insolent . Pourriez-vous cependant me faire avoir les Doutes sur la religion suivi de l'Analyse de Spinoza par Boulainvilliers 2.

L'Esprit du clergé ou le Christianisme primitif vengé 3, traduit de l'anglais ;

La Théologie portative 4 de l'abbé Bernier ;

Le Recueil de Passeran 5.

Vous pourriez aisément me faire avoir ces livres par votre ami M. Cramer .

Je vous embrasse bien tendrement . Pellet n'a point voulu recevoir de mon argent, mais je l'ai forcé d'en prendre . »

2 Doutes sur la religion, suivis de l'analyse du Traité théologico-politique de Spinoza . L'attribution à Boulainvilliers est douteuse ; voir Norman L. Terray : « Boulainvilliers, The man and the mask », Studies on Voltaire … 1955.

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k845270.texteImage

3 John Trenchard and Thomas Gordon : L'Esprit du clergé ou le Christianisme primitif vengé des entreprises et des excès de nos prêtres modernes [traduit par d'Holbach et Naigeon], 1767 .

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k84524z

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k845259.image

Le titre original est The Independant Whig, ouvrage que V* possède aussi : https://oll.libertyfund.org/title/trenchard-the-independent-whig-4-vols-1720-1743

4  Paul-Henri Dietrich, baron d'Holbach : Théologie portative ou Dictionnaire abrégé de la religion chrétienne, par M. l'abbé Bernier, 1768  : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3045227k.texteImage

et voir lettre du 22 août 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/04/18/je-sais-monsieur-que-vous-vous-amusez-quelquefois-de-littera-6438954.html

5  Albert Radicati, comte de Passeran : Recueil de pièces curieuses sur les matières les plus intéressantes, 1736 : https://books.google.fr/books?id=ZWuyZLkcT-sC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Plus tard dans l'année V* publiera son Épître aux Romains , 1768, sous le nom de Passeran : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99%C3%89p%C3%AEtre_aux_Romains/%C3%89dition_Garnier

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