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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Les héros ressemblent toujours par un coin aux voleurs de nuit , ils vont droit au coffre-fort, après quoi ils étalent d

... Les héros militaires, oui ! les pseudo-héros politiques , oui ! les héros des petits et grands écrans, oui ! les héros du show-biz ( là, je m'enfonce dangereusement dans l'incongruité ), oui ! les zéros du Net, oui ! et j'arrête ici cette liste de "héros" auto-proclamés, sinon je vais m'énerver, et ils n'en valent pas la peine . 

 

voleur masqué.jpg

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

Aux Délices 5 novembre [1757]

Mon cher correspondant, me voici revenu à nos Délices . Le diable m'y berce . Je vous y fais un jardin où vous et vos neveux vous vous perdrez . Si vous voulez y manger de bonnes pêches, de bonnes figues, de bons beurrés gris, souvenez-vous du portier des Chartreux . Seriez-vous homme à m'envoyer par la messagerie cinq douzaines de pitons dorés pour accrocher des estampes ?

Je me flatte que vous avez reçu les 25 000 livres tournois de Laleu pour subvenir à ces frais .

N'attendez-vous pas ainsi que moi quelque rognure de nuestra señora del Pilar arrivée de Valparaiso avec dix-huit cent mille piastres ?

Je ne suis que médicrement intéressé dans cette affaire mais elle paraît meilleure pour le genre humain que tout ce qui se passe aujourd'hui sur l'Elbe, sur l'Oder et sur la Sprée.

Les gens dont je vous parlais 1 dans mes dernières lettres me paraissent toujours dans le plus grand désespoir et se vantent de solutions extrêmes, mais pour se consoler vous voyez qu'ils prennent tout l'argent qu'ils peuvent . Les héros ressemblent toujours par un coin aux voleurs de nuit , ils vont droit au coffre-fort, après quoi ils étalent de grands sentiments . Je n'ai pas encore tiré bien au clair l'affaire de Berlin . Je ne sais si le général Hadish 2 aura pris dans cette ville autant d'argent que les Prussiens en ont tiré de Leipsik .

Au reste je n'aurai de nouvelles des principaux personnages que dans un mois . On a été si occupé qu'on a fait un quiproquo en cachetant . On m'a envoyé une lettre pour une autre . Cette méprise pourrait faire croire qu'elle n'a pas l'esprit bien libre .

Interim buvez à ma santé et ne me sachez pas mauvais gré d'avoir enlevé la belle Pictet à Genève .

L'oncle et la nièce vous embrassent de tout leur cœur .

Pardon mais j'ai quelque souvenir que vous m'aviez flatté de deux cafetières du Levant 3, l'une de trois tasses et l'autre de six . Pardon, pardon . »

1 La margrave de Baireuth et Frédéric II, son frère .

2 Le feld-maréchal austro-hongrois Andréas Hadik qui fit un raid sur Berlin les 16 et 17 octobre et mit la ville à contribution .Voir : http://en.wikipedia.org/wiki/1757_Berlin_raid

 

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23/01/2013 | Lien permanent

Fanatiques papistes, fanatiques calvinistes, tous sont pétris de la même m... détrempée de sang corrompu

 ... Inutile, -car c'est évident,-  de nommer toutes religions comportant des fanatiques, à savoir toutes , hélas . Inutile aussi d'espèrer les voir disparaitre, la mauvaise herbe ne crevant pas .

Vous y pensez ?

Oubliez !!

ça n'en est pas  !

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« A M. Jean Le Rond d'ALEMBERT.
Aux Délices, 12 décembre [1757]. 1
Vous savez, mon cher philosophe, tous les murmures de la synagogue 2. M. de Cubières 3 a dû vous en parler. Ces drôles osent se plaindre de l'éloge que vous daignez leur donner, de croire un Dieu, et d'avoir plus de raison que de foi.
Quelques-uns m'accusent d'une confédération impie avec vous 4. Vous savez mon innocence. Ils disent qu'ils protesteront contre votre article. Laissez-les protester, et moquez-vous d'eux. Ils auront beau jurer qu'ils croient la Trinité, leurs camarades de Hollande, de Suisse, et d'Allemagne, savent bien qu'il n'en est rien. Ils n'auront que la honte d'avoir renié inutilement leur créance. Mais vous, à qui quelques-uns se sont ouverts, vous qui êtes instruit de leur foi par leur bouche, ne vous rétractez pas: il y va de votre salut, votre conscience y est engagée. Ces gens- là vont se couvrir de ridicule chaque démarche qu'ils font depuis le tombeau du diacre Paris, la place où ils ont assassiné Servet, et jusqu'à celle où ils ont assassiné Jean Hus, les rend tous également l'opprobre du genre humain. Fanatiques papistes, fanatiques calvinistes, tous sont pétris de la même m. détrempée de sang corrompu. Vous n'avez pas besoin de mes saintes exhortations pour soutenir la gale que vous avez donnée au troupeau de Genève. Vous serez ferme, je n'en suis pas en peine; mais je ne peux m'empêcher de vous parler de leurs criailleries. A l'égard de Luc 5, tantôt mordant, tantôt mordu, c'est un bien malheureux mortel et ceux qui se font tuer pour ces messieurs-là sont de terribles imbéciles. Gardez-moi le secret avec les rois et avec les prêtres, et croyez que je vous suis attaché avec l'estime infinie et la reconnaissance que je vous dois.
Le vieux Suisse V. »

2 Suite à la parution de l'article Genève dans l'Encyclopédie .

3 Au lieu de ce nom, cité dans quelques autres lettres de Voltaire et de d'Alembert, en 1758, je pense qu'on doit lire celui de Lubières. II y avait alors à Genève un M. de Lubière dont Mme d'Épinai parle dans une lettre d'octobre 1760, à Tronchin le conseiller d'État, et auquel elle écrivit au mois de mars 1765. Le baron de Lubières était un familier des Délices depuis 1755 au moins . (Clogenson.)Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Benjamin_de_Lubi%C3%A8res#Source

4 D'Alembert est venu aux Délices en 1756 .

5 Surnom donné par V* à Frédéric II, également le nom du singe de V*.

 

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19/02/2013 | Lien permanent

l'emporter sur un receveur quand ils ont la justice pour eux

 ... Est le rêve de tous les contribuables taxés d'office, mais c'est un rêve vain et ruineux, je peux vous l'affirmer . Justice ou pas, le percepteur perçoit ce qui est réclamé, dû ou indû, ensuite on voit si, éventuellement, il y aurait possibilité d'envisager, sans trop se presser, de restituer le trop perçu après vous avoir mis sur la paille .

Où est le contribuable ?

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Voltaire est bien inspiré de faire jouer le piston .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

conseiller d'honneur du Parlement

rue de la Sourdière

à Paris

Aux Délices 12 [décembre 1757]

Mon cher ange voici le plus grand service que vous puissiez jamais me rendre . Je ne peux vous dire à quel point je m'intéresse à cette affaire . Il s'agit de gagner au conseil un procès qui paraît bien juste et dont le succès dépend de M. de Courteille 1. C'est contre un receveur du domaine qu'on plaide et les descendants du grand Budé 2 doivent l'emporter sur un receveur quand ils ont la justice pour eux . Je vous demande avec la plus tendre instance de parler à M. de Courteille avec la plus grande force . Je vous aurai une éternelle obligation .

V.

MM. de Duglas 3 qui sont joints à MM. Budé de Boissy vous rendront ce billet . »

2 Guillaume de Budé ; voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Bud%C3%A9

3 Le manoir de Montréal avait été légué par Bernard de Budé à Jacob et Anne-Elisabeth Budé, celle-ci étant veuve de Marc Pictet . Le manoir avait été acquis le 13 avril 1757 par Charles Joseph Douglas qui l'occupera le 12 juin 1761 .Voir pages 60-61 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5533048s/f82.image

 

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19/02/2013 | Lien permanent

je me tais quand je n'ai rien à dire

... Et il en est qui rabâchent sans vergogne pour devenir califes à la place du calife . Elections départementales, beaucoup de bruit, pas de réflexion, guère de pensée .

Ecrivons en silence ...

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 http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fp8.storag...

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

à l'hôtel de Lyon, rue de

Grenelle Saint-Honoré

à Paris

Vous savez, mon cher monsieur, que je respecte vos occupations . Je vous importune rarement de mes lettres ; je me tais quand je n'ai rien à dire , mais aujourd'hui j'ai à parler, et vous allez me trouver à qui parler, car il faudra financer vingt mile francs pour la tontine très bien imaginée à Genève 1; j'ai tiré aujourd’hui une petite lettre de change de vingt mille livres qu'on présentera probablement à M. Camp, peut-être à vous , monsieur . Elle est au nom de MM. Beaumont, Lefort et Fatio ; je n'ai point spécifié le temps de paiement, afin de vous donner le loisir de prendre vos arrangements ; comme c'est de l'argent qu'il faut porter au trésor royal, je pense que l'on s'en rapportera bien à votre signature, car votre nom vaut une cérémonie ; je m'en remets donc à vos bontés sur cette petite affaire, comme sur toutes les autres .

Je ne sais si l'offre des Hollandais d'établir un congrès à Bréda, fera monter les effets publics ; il paraît qu'on se prépare à un[e] campagne plus qu'à un congrès . Les Anglais vont envoyer leurs troupes en Westphalie ; le roi de Prusse a 129 bataillons , et 205 escadrons . L’armée du prince de Brunswick est en bon état ; l'Angleterre envoie deux régiments aux Indes orientales, Dieu veuille que Pondichéry soit en sureté ! Et que vous reveniez nous voir .

Votre très humble et très obéissant serviteur de tout cœur .

V.

Aux Délices 29 mars [1760] »

1 Voir lettre à Ami Camp du 28 mars 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/25/c...

 

 

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28/03/2015 | Lien permanent

Je suis un vieillard très- indulgent; il faut, en plaignant les malheureux, applaudir à ceux qui égaient de leurs malhe

... Et me revient aussitôt en mémoire Pierre Desproges qui fit rire avec le cancer qu'il subit courageusement .

 https://www.youtube.com/watch?v=eD8YSBrjqNI

 https://www.youtube.com/watch?v=GmPOq7N6QwM

 pierre-desproges-5853-1200-768-f47a00-3f005f-1-1.png

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
Aux Délices, 18 juin [1759].1
Madame, j'ai également à me plaindre de la guerre et de la nature. L'une et l'autre conspirent à me priver du bonheur de faire ma cour à Votre Altesse sérénissime ; la vieillesse, les maladies, et les housards, sont de cruels ennemis. J'ai bien peur, madame, que ces housards ne demandent un peu de fourrage à vos États, et qu'ils payent fort mal leur dîner et celui de leurs chevaux. Du moins, madame, votre beau duché (reste d'un duché encore plus beau), n'aura rien à reprocher à la cavalerie française. Je crois que depuis Rosbach 2 elle a perdu l'idée de venir prendre respectueusement du foin dans vos quartiers.
Il me paraît que le roi de Prusse, qui attaquait à droite et à gauche autrefois comme le bélier de la vision de Daniel 3, est totalement sur la défensive. Pour nous, nous sommes sur l'expectative, et Paris est sur l'indifférence la plus gaie. Jamais on ne s'est tant réjoui, jamais on n'a inventé tant de plaisanteries, tant de nouveaux amusements. Je ne sais rien de si sage que ce peuple de Paris, accusé d'être frivole. Quand il a vu les malheurs accumulés sur terre et sur mer, il s'est mis à se réjouir, et a fort bien fait : voilà la vraie philosophie. Je suis un vieillard très- indulgent; il faut, en plaignant les malheureux, applaudir à ceux qui égaient 4 de leurs malheurs.
Je renouvelle mes remerciements très-humbles à Votre Altesse sérénissime ; sa protection, au sujet des paperasses 5 touchant le czar, fait ma consolation. Je me mets à ses pieds avec le plus profond respect.
Le Suisse V. »

1 Voltaire à Ferney la date du 8 juin 1759 .

3 Ceci montre encore une fois une connaissance parfaite de la Bible ; Selon Daniel viii,4, un bélier apparut en songe à celui-ci, frappant de ses cornes vers l'ouest, le nord et le sud , mais un bouc armé d'une seule corne survint, qui frappa le bélier, le jeta à terre et le foula aux pieds .

4 Certaines éditions mettent «  narguent" ou "rient ».

 

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07/08/2014 | Lien permanent

on m'a envoyé des confitures

... Ce qui est infiniment plus agréable que les cris hostiles qu'a reçu M. Fol ministre de l'Agriculture , et qu'il entendra encore sans cesse, jusqu'à ce qu'il passe la main à un successeur qui n'aura pas plus de succès . Monde paysan ! comment peut-on le faire vivre de subventions (qui sont nos impôts) ? pourquoi ?

Ne vaudrait-il pas mieux payer au juste prix les produits indispensables que nous attendons chaque jour ?

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 Question confitures, je sais aussi bien remplir les pots que les vider .

 

« A [monsieur le président Germain-Gilles-Richard] de Ruffey

à Dijon

Ferney 24 avril 1761

On m'a traité comme un petit enfant, on m'a envoyé des confitures de Dijon mais je ne sais pas qui m'a fait cette galanterie 1. Je soupçonne monsieur le président de Ruffey , et je le supplie de vouloir bien me dire ce qui en est, ou ce qu'il en sait .

Je vous avais répondu monsieur sur une proposition que vous m'aviez faite 2. Je vous adressai un assez gros paquet sous l'enveloppe de M. de Varenne 3. Depuis ce temps nulle nouvelle . On a sans doute changé d'avis . Je n'en changerai jamais sur votre compte ni sur la hardiesse que j'ai de vous attendre au mois d'août dans ma chaumière de Ferney, encore ouverte de tous côtés .

Je vous embrasse de tout mon cœur, philosophiquement et sans cérémonie . »

3 Voir aussi lettre du 29 mars 1761 à Ruffey .

 

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03/04/2016 | Lien permanent

pour vous amuser pendant les vendanges, souffrez que je vous prenne pour arbitrer conjointement avec monsieur le premier

... Je ne veux que votre bien, évidemment, Nicolas Sarkozy, -vous qui affectez de ne pas boire de vin,- souffrez que vous ayez votre mot à dire au tribunal (la vérité pour une fois, ça nous changerait ) , péroreur lassant, cheval de retour même pas bon pour faire des raviolis . Présumé non coupable selon la formule consacrée, mais bon à mettre au rebut : soit vous saviez pour les dépenses excessives de votre campagne, et vous êtes un foutu salopard menteur, soit vous ne saviez rien, et vous êtes un profiteur de première grandeur , un gaspilleur irresponsable indigne des suffrages de ceux qui vous payent  .

Hier soir, ayant choisi de regarder Les Incorruptibles (sans doute, inconsciemment, pour contrebalancer les informations qui précèdent) quelle ne fut pas ma surprise mêlée d'un rire salutaire, de voir Robert de Niro-Al Capone faire une déclaration grand-guignolesque dans le style de Nico le racoleur : le ton , les gestes, les tics tout y était , à se demander si ce n'était pas notre ex-président qui avait servi de modèle à l'acteur . 

 Autre petit exemple (je n'ai pas trouvé celui dont je parle ci-dessus ) : https://www.youtube.com/watch?v=dgoDvnebHRw

 

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 "Je suis à un doigt d'être le meilleur acteur " : Nicolas dixit .

 

 

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

A Ferney par Genève 30 septembre 1761 1

Monsieur, pour vous amuser pendant les vendanges, souffrez que je vous prenne pour arbitrer conjointement avec monsieur le premier président 2 et monsieur le procureur général 3. Le procédé de M. le président De Brosses vous surprendra peut-être, mais il ne surprend ici personne . J'en suis fâché pour lui plus que pour moi .

J'ai l'honneur d'être avec bien du respect

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Selon l'édition Correspondance inédite, 1836, la lettre était accompagnée d'un mémorandum qu'on trouvera après la lettre du même jour à de Ruffey .

2 Le jeune Fyot de La Marche Jean-Philippe .

 

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12/09/2016 | Lien permanent

Terras Astraea reliquit

...

Résultat de recherche d'images pour "la déesse de la justice a quitté ce monde humour"

Mafalda , géniale petite Argentine que j'adore .

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

9 juin [1762] aux Délices

Vous m'affligez sensiblement, mon respectable ami en m’apprenant que monsieur votre fils prend d'autres arbitres que vous-même . Il ne m'appartient pas de faire des réflexions, je me borne à respecter en lui le fils du plus digne magistrat, et du plus honnête homme qu'ait la France, et je ne puis douter que son cœur n'ait les sentiments du vôtre . S'il y a quelque malentendu, je me flatte qu'il le fera cesser en s'en rapportant uniquement à vous . Mais en attendant le cœur me saigne . Je vous suis très obligé de vouloir bien m'envoyer votre mémoire . Mais prenez garde que je ne pleure en le lisant .

Au reste vous devez être averti que messieurs des postes ont décacheté plusieurs paquets adressés à M. d'Argental sous l'enveloppe de M. de Courteilles . Si vous m’adressez quelque chose par cette voie, ne mettez point de cachet au paquet qui m'est destiné . C'est ce cachet senti par les mains funestes des commis qui autorise leur insolence . Il faut donc passer sa vie à se précautionner contre des ennemis ! Terras Astraea reliquit 1.

Je vois toujours avec la même douleur cette fermeté de votre parlement , qu'on appelle sans doute opiniâtreté à la cour . Je ne vois pas pourquoi des juges refusent de juger mon procès sur le prétexte qu'ils en ont perdu un au conseil . Un régiment refuse-t-il de servir parce qu'il croira avoir à se plaindre de la cour ?2 Comment une telle réflexion est-elle sans aucun poids dans des têtes sages ? Je vous dis ma pensée avec une naïveté que vos bontés autorisent . Vivent La Marche et les Délices ! Pour moi qui n'ait été heureux que dans ma retraite, je vous crois encore plus heureux dans la vôtre parce que vous méritez mieux de l'être et que votre retraite est plus belle . Mais vous excepté, je ne troquerais pas mon sort contre aucun autre .

Je ferai l'impossible pour venir vous faire ma cour à La Marche . Il faudra demander la permission à Tronchin et à Corneille, et la permission est difficile à obtenir .

Permettez que je mette ici ce petit billet pour M. de Vosges 3. Adieu monsieur, je vous aimerai, je vous révèrerai jusqu'au dernier moment de ma vie .

V. »

1 Astrée [déesse de la justice] a quitté ce monde ; Métamorphoses, I, 150, d'Ovide .

2 V* pose fort bien le problème de la rébellion d'un corps ou d'une institution contre la loi fondamentale qui garantit seule l'existence des États .

3 Il ne nous est pas parvenu .Voir autre lettre à de Vosges du 3 juillet 1762 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-18-123050279.html

 

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28/04/2017 | Lien permanent

dire je vous hais avec la plus douloureuse tendresse

... Il n'y a guère qu'au théâtre qu'on puisse faire cela. Les évènement quotidiens en sont bien loin et le geste meurtrier tient lieu de paroles . Assassins, je vous hais, sans la moindre lueur de tendresse .

 Image associée

Compris ?

 

«A Cosimo Alessandro Collini, secrétaire

intime de Son Altesse Sérénissime Électorale Mgr l’Électeur

Palatin

à Schwetzingen

A Ferney 20 septembre [1762] 1

 Si le désir extrême de revoir Schwessingen pouvait recevoir d’autre motif que celui de faire ma cour à Leurs Altesses électorales, je sens que l’envie de voir votre beau théâtre pourrait entrer pour quelque chose dans mes idées. Votre bûcher, mon cher intendant du temple, est bien au-dessus de mon bûcher ; mais aussi je n’ai pas un théâtre aussi étendu que le vôtre. Il n’appartient pas au philosophe de Ferney d’avoir le théâtre d’un électeur. J’ai été obligé de me servir de coulisses, parce que la place me manquait. J’ai fait percer ces coulisses à jour . Les flammes qui s’élevaient derrière ces coulisses jetaient des étincelles à travers ces ouvertures . Tout était enflammé , mais ma petite invention n’approche pas de celle dont vous m’envoyez le plan. Présentez, je vous prie, à Son Altesse Électorale mes remerciements et mon profond respect.

Je ne doute pas que vous n’ayez donné à l’actrice qui représente Olympie l’intelligence de son rôle. Elle doit en général dire je vous hais avec la plus douloureuse tendresse ; elle doit observer de longs silences, varier ses tons, être pénétrée. Tout doit être animé dans cette pièce, sans quoi la magnificence du spectacle ne servirait qu’à faire remarquer davantage la froideur des acteurs.

J’attends votre Précis de l’Histoire du palatinat 2 ; et si je n’ai pas le bonheur de revoir ce beau pays, j’aurai la consolation de le voir dans votre ouvrage.

Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

V. »

1 Date complétée par Collini ; V* répond à la lettre de Collini du 7 septembre 1762 en note dans la lettre du 14 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/08/08/ne-faudrait-il-pas-quand-les-juges-seront-nommes-les-faire-s-5969645.html

2 Cosimo Alessandro Collini : Précis de l'histoire du palatinat du Rhin, depuis que la maison régnante le possède jusqu'à nos jours, 1763 ; voir : https://books.google.fr/books?id=FGQAAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

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14/08/2017 | Lien permanent

il n'y a pas d'apparence que j'aille à Paris. Le rôle d'un homme de lettres y est trop ridicule, et celui de philosophe

... Et je ne vous parle pas des risques que court l'homo automobilus !

 

 

 

« A Marie FEL 1

Aux Délices, 7 août [1759]

Très-aimable rossignol, l'oncle et la nièce, ou plutôt la nièce et l'oncle, avaient besoin de votre souvenir. Les gens qui n'ont que des oreilles vous admirent; ceux qui, avec des oreilles, ont du sentiment, vous aiment. Nous nous flattons d'avoir de tout cela. Et sachez, malgré toute votre modestie, que vous êtes aussi séduisante quand vous parlez que quand vous chantez. La société est le premier des concerts, et vous y faites la première partie.

Nous savons bien que nous ne jouirons plus de votre commerce, dont nous avons senti tout le prix ; les habitants des bords de notre lac ne sont pas faits pour être aussi heureux que ceux des bords de la Seine. Voici ce que notre petit coin des Alpes dit de vous :


De rossignol pourquoi porter le nom?
Il est bien vrai qu'ils ont été ses maîtres;

Mais tous les ans, dans la belle saison,
L'Amour les guide en nos réduits champêtres.
Elle n'a pas tant de fidélité;
Elle nous fuit, peut-être nous oublie.
C'est le phénix à jamais regretté,
On ne le voit qu'une fois dans sa vie.


C'est ainsi qu'on vous traite, mademoiselle ; et, quand vous reviendriez, vous n'y gagneriez rien : on vous traiterait seulement de phénix qu'on aurait vu deux fois. Pour moi, quelque forte envie que j'aie de venir vous rendre mes hommages, il n'y a pas d'apparence que j'aille à Paris. Le rôle d'un homme de lettres y est trop ridicule, et celui de philosophe trop dangereux. Je m'en tiens à achever mon château, et ne veux plus en bâtir en Espagne.

Vraiment, vous faites à merveille de me parler de M. de La Borde 2. Je sais que c'est un homme d'un vrai mérite, et nécessaire à l'État. Sono pochissimi signori 3 de cette espèce.

Adieu, mademoiselle ; recevez sans cérémonie les assurances de l'attachement très-véritable de l'oncle et de la nièce. Nos compliments à monsieur votre frère 4. »

1 Marie Fel, née à Bordeaux en 1716, débuta à l'Opéra en 1733, et fit les délices du public jusqu'en 1759, année où elle se retira. (Clogenson.)

Voir lettre du 11 juin 1759 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/07/30/je-me-soumets-d-ailleurs-au-pape-et-a-l-eglise-avec-toute-la-5419958.html

2 Jean Benjamin de La Borde, http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Benjamin_de_La_Borde#cite_ref-5

auquel est adressée, dans la Correspondance, une lettre du 4 novembre 1765.

Ou http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Joseph_de_Laborde#cite_note-13

3 Il y a très peu de gens .

4 Mort fou, à Bicêtre, selon MM. Choron et Fayolle, auteurs du Dictionnaire historique des musiciens.

 

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12/09/2014 | Lien permanent

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