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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

ses ennemis se démènent beaucoup. Tant pis s’ils réussissent. C’est un des plus grands malheurs qui puisse arriver à feu

... Propos d'après course à propos de Tadej Pogačar , ex-Slovène et présentement riche résident monégasque ?

Ou plutôt un commentaire d'un proche  d'Emmanuel Macron en voyant ce qui se passe à l'Assemblée nationale ?

Ou même un propos résigné, en ravalant sa bile, dans le clan de Marine Le Pen ?

 

 

« A Pierre-Michel Hennin

11 Janvier 1769 A Ferney

Pardon, pardon, mon très cher et très aimable Résident. Il y a huit jours que j’aurais dû vous prévenir. Si vous aviez malheureusement mon âge, vous trouveriez les choses encore bien plus changées qu’elles ne vous l’ont paru. J’ai bu autrefois la lie d’un vin qui était encore assez bon. Le tonneau nouvellement percé est de Brie 1. Votre principal 2 est presque le seul homme qui soutienne l’honneur du pays, et qui joigne la grandeur d’âme à l’esprit et à la gaieté. On me mande que ses ennemis se démènent beaucoup. Tant pis s’ils réussissent. C’est un des plus grands malheurs qui puisse arriver à feu ma patrie.

Vraiment il est vrai que madame sa femme s’est donné les airs de prétendre être mal à ma cour. Mais j’ai de quoi rabattre son caquet, car je serais homme à lui signifier combien je respecte la vertu douce et sans faste, combien j’aime l’esprit naturel et vrai dans un temps où il y a tant d’esprits faux. Enfin, si je m’y mettais, je la ferais rougir jusqu’au blanc des yeux. Qu’elle ne se joue pas à moi 3.

Vous ne reviendrez 4 sans doute qu’au printemps, mais j’ai bien peur que vous ne trouviez un printemps fort vilain. Nous avons un hiver si doux qu’il en devient fade. Il faut avoir sa dose de bise chaque année. Nous l’aurons malheureusement au mois de mai. Vous gèlerez de froid dans le jardin que vous avez si joliment planté. Je me suis promené aujourd’hui dans le mien pendant une heure, et j’avais chaud. Nous serons en fourrure à la Pentecôte.

On dit que Catau a déjà battu les infidèles ; cela leur apprendra à renfermer les femmes. Ces marauds-là ne sont bons qu’à être renvoyés au-delà de l’Oxus, dont ils viennent. Je ne m’accoutume point à voir la Grèce gouvernée par des gens qui ne savent ni lire, ni écrire, ni danser, ni chanter. Si la Grèce était libre, j’irais mourir à Corinthe, quoiqu’il ne soit pas permis à tout le monde d’y aller. Je déteste également les Turcs et la bise. Pour votre Pologne, je la plains  5; c’est pis que jamais.

Adieu ; soyez heureux autant que vous méritez de l’être, et conservez-moi vos bontés. 

V.»

1 Le vin vieux est sans doute Mme de Pompadour ; le vin nouveau Mme Du Barry . On s'est étonné que l'on appelle le second « de Brie » Mme Du Barry étant de Vaucouleurs qui est au-delà des limites de la Brie . Mais le vin de Brie est connu pour un vin médiocre, d'où le choix de cette province .

2 Le duc de Choiseul. (Georges Avenel.)

3 Curieuse menace contre la duchesse de Choiseul .

4 Hennin était allé à la cour. (G.A.)

5 Avant d'être résident à Genève, Hennin l'a été en Pologne et s'intéressait au sort de ce pays . Or, sous les prétextes que l'on sait, les Russes occupaient une partie de la Pologne, y compris Cracovie . La russophilie de V* aurait été mise à l’épreuve s'il n'avait été aussi convaincu de la justesse de la cos e de Catherine .

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21/07/2024 | Lien permanent

Le Parlement commença son cercle d’imbécillité en

... menaçant le président d'une procédure de destitution " ,  telle sera écrite l'histoire de cette fin 2024, et j'ose espérer que notre mémoire retiendra de préférence les belles images et performances des J.O. , handicapé.e.s et valides .

On dit que l'histoire se répète : oui , on a un air de déjà vu : https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/procedure...

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

15 de mars [1769]

J’ai vu votre Suédois 1, mon cher ami ; et quoique je ne reçoive plus personne, je l’ai accueilli comme un homme annoncé par vous méritait de l’être ; c’est un de vos bons disciples. Que le bon Dieu nous en donne beaucoup de cette espèce ! La vigne du Seigneur est cultivée partout ; mais nous n’avons encore à Paris que du vin de Suresnes 2.

Vous devez vous consoler actuellement avec M. Turgot, que je crois à Paris ; c’est un homme d’un rare mérite. Quelle différence de lui à un conseiller de grand-chambre ! Il semble qu’il y ait des corps faits pour être les dépositaires de la barbarie, et pour combattre le sens commun. Le Parlement commença son cercle d’imbécillité en confisquant, sous Louis XI, les premiers livres imprimés qu’on apporta d’Allemagne, en prenant les imprimeurs pour des sorciers : il a gravement condamné l’Encyclopédie et l’inoculation. Un jeune homme, qui serait devenu un excellent officier, a été martyrisé pour n’avoir pas ôté son chapeau, en temps de pluie, devant une procession de capucins. On doit m’envoyer son portrait ; je le mettrai au chevet de mon lit, à côté de celui des Calas. Comment les hommes se laissent-ils gouverner par de tels monstres ? Du moins je suis loin de la ville qui a vu la Saint-Barthélémy, et qui court au singe de Nicollet et au Siège de Calais.

Je suis devenu bien vieux et bien infirme ; mais sachez que mes derniers jours seraient persécutés sans la personne 3 à qui je ne puis reprocher autre chose, sinon de m’avoir assuré que La Bletterie n’avait pas pensé à moi. J’envoie mon Testament 4 à Marin pour vous le donner ; il est dédié à Boileau.

Je n’ai pas besoin d’un codicille pour vous dire que je vous estime et que je vous révère. »

1 Johann Jennings recommandé à V* dans la lettre de d'Alembert du 19 janvier 1769 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7459

Ce personnage que d’Alembert présente comme un « philosophe républicain » est chambellan du roi de Suède .

2 Un vin de qualité fort médiocre que l'on consommait beaucoup à Paris, à cette époque le vin ordinaire se transportant mal .

3 Le duc de Choiseul.

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18/09/2024 | Lien permanent

On a toujours raison quand on rit

... On est immortel !

 

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« A Etienne-Noël Damilaville

25 mars 1768

Mon cher et vertueux ami, en réponse à votre lettre du 12 mars, je vous dirai que ce second chant des amours de Robert Covelle ayant déjà été imprimé et étant connu dans plusieurs journaux, il n'y a d'autre parti à prendre que de le publier moi-même et de le rendre si plaisant que personne ne puisse se fâcher . Quelques gens qui s'y connaissent disent que je n'ai rien fait en ma vie de si gai et de si innocent . On a toujours raison quand on rit et c'est d'ailleurs une bonne réponse à ceux qui m'imputent des ouvrages sérieux que je serais bien fâché d'avoir faits . Je ne connais que Jean-Jacques, Fréron et Vernet qui puissent se plaindre d'avoir été fouettés un peut trop fort . Cette plaisanterie d'ailleurs m'est nécessaire pour faire diversion à ma douleur d'être séparé de Mme Denis .

Laissez-moi faire, j’ai des idées dont vous ne serez peut-être pas mécontent . J’espère aussi que Mme Denis sera contente de moi . Elle aura un sort assez doux pendant ma vie et après ma mort . Elle jouit de douze mille livres de rente qui lui appartiennent . J'en ajoute vingt mille pendant le peu de temps que j'ai à vivre . Pour moi il me faut très peu de chose et j'en ai beaucoup au-delà de mes besoins .

Pourriez-vous avoir la bonté de me faire envoyer par Briasson les livres dont voici la note ?

Le troisième tome de l'Histoire des jésuites 1

Le quatrième du Tableau historique de l'Europe par Méhégan 2

Les Commentaires sur les discours de l'abbé Fleury par Chiniac 3.

Bonsoir mon très cher ami ; je vous ai envoyé en dernier lieu une lettre pour M. d'Alembert 4. »

1 C'est une nouvelle édition (1763) de l'Histoire générale de la naissance, des progrès et de la destruction de la Compagnie de Jésus : https://books.google.fr/books?id=2brzDmLVCFAC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Voir lettre du 1er mars 1768 à Alexandre d'Hornoy : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/15/vos-confreres-feront-bien-mieux-d-obtenir-la-suppression-de-6466025.html

3 Claude Fleury : Discours sur les libertés de l’Église gallicane (1755) : https://books.google.com.sv/books?id=_qCc0cFgtRIC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_vpt_read#v=onepage&q&f=false

cet ouvrage a été publié par les soins de l'abbé Sépher ; voir : https://data.bnf.fr/fr/15855533/pierre-jacques_sepher/ et : http://histoire-bibliophilie.blogspot.com/2014/07/labbe-sepher-amateur-dheterodoxie-et.html

Pierre de Chiniac de La Bastide du Claux, Nouveau commentaire sur le Discours de M. l'abbé Fleury, touchant les libertés de l’Église gallicane, 1767 : https://www.digitale-sammlungen.de/de/view/bsb11100389?page=1

Sur Chiniac de La Bastide, voir Geneviève Menant-Artillas : « Voltaire et les trois Bastide », Revue d'Histoire littéraire de la France, 1983 , et : https://www.idref.fr/029929822

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18/11/2023 | Lien permanent

Quand il fut fouillé en entrant à Paris, il dit bêtement que ce paquet contenait des livres . Tout fut saisi

... On ne plaisante pas avec la douane, main armée de notre fisc national : https://www.youtube.com/watch?v=QgHMLQUe_eA&ab_channe...

 

 

« A Marie-Louise Denis

chez Monsieur d'Hornoy

Conseiller au Parlement

rue d’Anjou au Marais

à Paris

[Vers le 1er juillet 1768]1

La malédiction, ma chère nièce, est sur les paquets confiés aux Genevois qui vont à Paris . Vous aurez su probablement que ce neveu de Delorme que j'avais chargé d'une lettre pour vous avait enfermé cette lettre dans un paquet de brochures qu'un de ses amis lui avait confié à Genève pour MM. D’Alembert et Damilaville . Quand il fut fouillé en entrant à Paris, il dit bêtement que ce paquet contenait des livres . Tout fut saisi . Les livres ne me regardent pas, je n'en ai jamais envoyé ; je suis assez occupé du Siècle de Louis XIV, et de celui de Louis XV, mais je suis très affligé qu'une lettre qui n'était que pour vous soit tombée dans les mains des commis de la douane . Je sais que Damilaville est instruit de ce fait il y a plus d'un mois ; il ne m'en a rien mandé et je ne l'apprends que d'aujourd'hui . J'ai peur qu'il n'en arrive autant à M. Necker qui est chargé d'une lettre pour vous 2, d'une pour M. d'Hornoy 3 et d'une autre pour M. de Laleu 4. J'écris à son frère le banquier, rue de Cléry à Paris, et je le supplie de prendre les précautions nécessaires . Il se peut que les correspondants de Damilaville l'aient chargé de quelque brochure que je ne connais pas et que le tout soit ensemble . Je ne mêle point, encore une fois, des brochures, mais pour le paquet de lettres qui vous était adressé , il faut vous le faire rendre, soit par les commis de la douane, soit par la chambre syndicale des libraires . Briasson est de cette chambre, c'est mon ami , il demeure rue saint-Jacques, il pourra aisément vous servir si vous lui faites écrire un mot de ma part . Tous ces contretemps sont bien cruels, la poste est devenue un piège, on est privé de la consolation de dire ce qu'on pense à ses amis , cela empoisonne la vie . Je n'ai point encore reçu de réponse de M. de Saint-Florentin au sujet de la tracasserie ridicule qu'on m'avait faite 5. Les épines piquent de tous les côtés ; je ne m’en porte pas mieux . Une santé faible dans un âge avancé succombe bien vite . Jouissez ma chère nièce de Paris et du repos . Je me flatte que vous êtes quitte de ce malheureux rhumatisme qui ne peut être qu’une maladie passagère .

Adieu, il faut que j’écrive vingt lettres, je n'ai que le temps d'embrasser tout ce qui est avec vous le plus tendrement du monde . »

1 Original, les huit derniers mots avant l'adresse autographes, cachet « de Lyon » . Mme Denis a porté sur la lettre « ce 20 mai », confirmant son habituelle étourderie ; voir notes suivantes .

5 Voir lettre du 29 juin 1768 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/02/12/vous-savez-mieux-que-moi-ce-qu-il-faut-en-penser.html

La réponse de Saint-Florentin , très brève mais cordiale est datée du 1er juillet 1768 .

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19/02/2024 | Lien permanent

Il me paraît que vous êtes endurci aux éloges, et que vous ne sentez plus rien : cependant on dit que vous êtes encore d

... D'Emmanuel Macron à Cazeneuve ? A suivre ...

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« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

27è février 1769 à Ferney

Vous avez plus d’une affaire, monseigneur, et moi je n’en ai presque qu’une seule, c’est d’employer mes derniers jours à vous aimer dans ma retraite entourée de neiges 1. Je ne vous le dis pas souvent ; mais aussi vous ne me répondez jamais. J’avais cru ne pas déplaire tout à fait dans l’histoire du grand siècle de Louis XIV. Le libraire a fait bien des fautes ; mais il n’en a point fait sur la bataille de Fontenoy, sur Gênes, sur Port-Mahon. Il me paraît que vous êtes endurci aux éloges, et que vous ne sentez plus rien : cependant on dit que vous êtes encore dans la force de l’âge. Pour moi, qui ai environ trois ans plus que vous, je suis dans la plus pitoyable décrépitude ; et tandis que vous courez lestement de Bordeaux à Paris, à Fontainebleau, à Versailles. j’ai passé une année entière sans sortir un moment de ma chambre. C’est de mon lit, ou plutôt de ma bière, que j’élève ma voix rauque jusqu’à vous, ma lettre est un petit De profundis. On dit le président Hénault tombé en enfance . Pour moi, je suis tombé en poussière. Je n’exige pas que vous réchauffiez ma cendre par quelqu’une de vos agréables lettres . Je sais assez qu’un premier gentilhomme d’année 2, gouverneur de province, n’a pas beaucoup de temps à lui ; mais je demande que vous lisiez au moins avec bonté le De profundis d’un serviteur d’environ cinquante années.

Si j’osais me ressouvenir encore du théâtre qui est sous vos lois, et que j’ai tant aimé, je vous demanderais votre protection pour la tragédie, qui s’en va, dit-on, à tous les diables, comme bien d’autres choses ; mais je ne suis plus de ce monde, et il ne me reste de vie que pour vous assurer, avec le plus tendre respect, que je mourrai en révérant et en aimant le doyen de notre Académie 3, et l’homme qui fait le plus d’honneur à la France.

V. »

1 Ceci est un brillant exercice de style quand on sait ce que V* pensait réellement de Richelieu ; voir lettre du même jour à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/30/les-gens-qui-sont-dans-la-boue-a-ce-que-vous-dit-d-alembert-6512555.html

2 C'est-à-dire en charge des spectacles pour l'année, les premiers gentilshommes de la chambre servant « par quartier », soit une année sur quatre .

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01/09/2024 | Lien permanent

Il est vrai qu'on peut ne se pas presser

... Pour remanier le gouvernement de notre France, pour faire savoir à Poutine qu'il faut se modérer, pour se faire des cheveux blancs [sic] , pour apporter son aide aux restos du coeur , mais alors n'arriverons-nous pas trop tard pour bien faire ?

 Attendre ne mène à rien

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« A Louise-Suzanne Gallatin Vaudenet

à Genève

Aux Délices 9 février [1759]

Je viendrai, madame, dès que je pourrai recevoir la bénédiction de votre incomparable tante 1. Il est vrai qu'on peut ne se pas presser . La manière dont elle pense, dont elle sent, et dont elle s'exprime fait juger qu'elle jouira longtemps de sa jeunesse centenaire . Il ne lui manque que d'être enlevée comme Sara qui le fut à peu près à son âge . Nous avons dans mon petit ermitage une fille qui a aussi cent ans mais je ne ferai jamais de vers pour elle . Je veux en faire pour vous, ma chère et respectable voisine, quand vous aurez l'âge de votre tante . Ne m'oubliez pas quand vous écrirez à Gauffecourt . Je désespère du président 2, j'espère que dans un an nous pourrons marcher sans ses lisières . Baisez pour moi la main de l’incomparable . Mille très humbles obéissances à M. Gallatin .

V. »

1 Ou plutôt grand-tante, Alexandrine Lullin, née Fatio, à qui V* pour son centième anniversaire, dédia le quatrain « Nos grands-pères vous virent belle » : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-poesie-a-madame-lullin-120804824.html , née le 20 janvier 1659 elle mourut le 14 octobre 1761 .

 

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03/03/2014 | Lien permanent

Périssent les tracasseries!

... Que les nouveaux ministres en soient bien intentionnés, que les anciens réalisent un peu les voeux des citoyens, que les bureaucrates fonctionnaires ne se croient plus d'essence supérieure parce qu'ils ont en main stylo et tampon comme des sceptres .

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« A Jacques-Abram-Elie-Daniel Clavel de BRENLES.
[vers le 1er mars 1759]
J'étais étonné de votre silence, mon cher ami ; je tombe des nues ; on me dit que vous êtes fâché du petit mot que je vous écrivis sur la cabale de Grasset 1. Il me semble, autant que je puis m'en souvenir, que j'étais aussi touché de votre amitié que mécontent du parti de Grasset. Je crois vous avoir dit que ce parti me paraissait insensé de protéger un fripon décrété de prise de corps pour avoir volé ses maîtres, contre votre ami qui s'était attaché à Lausanne, qui n'y était venu que pour vous, qui dépensait à Lausanne autant qu'un Anglais, et qui laissait un legs à l'école de charité de Lausanne. Tout cela est vrai ; je vous ouvre toujours mon cœur, parce que la franchise de l'amitié permet tout.
Si j'ai ajouté quelque sottise, avertissez-moi ; un ami doit avertir son ami.
J'ai mandé à M. le bailli de Lausanne que « je me mettais sous la protection d'un brave officier comme lui, et que le parti de Grasset avait beau faire demi-tour à gauche, je ne craignais rien de ses manœuvres, avec un commandant comme lui ». Il me semble encore que cette lettre est agréable et doit plaire ; il m'a répondu avec sa bonté ordinaire. Je suis très-content ; je n'imagine pas pourquoi on me mande qu'on ne l'est point. Je n'en crois rien ; je n'en veux rien croire. Périssent les tracasseries! Conservez-moi, vous et votre chère philosophe, une amitié dont j'ai toujours senti le prix et chéri les douceurs.

V.
L'exécution des jésuites ne se confirme pas ; on ne fait que mentir d'un bout de l'univers à l'autre. »

 

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05/04/2014 | Lien permanent

il n'était point du tout convenable qu'il fût permis d’insulter dans un libelle diffamatoire une famille vertueuse, et t

...

 

 

 

« A Jacques-Abram-Elie-Daniel Clavel de Brenles

Aux Délices [vers le 10 mars 1759] 1

Les seigneurs curateurs de l'Académie de Lausanne, etc. me font l'honneur , mon cher ami, de me mander en corps, qu'ils ont condamné le libelle en question et qu'ils censureront l'éditeur . Je suis également touché de leur justice , de leur bonté et de leur extrême politesse . Je ne doutais pas d'un jugement si équitable et d'un procédé si noble après les lettres dont leurs Excellences MM. les avoyers, et les principaux membres de la souveraineté m'avaient honoré sur cette affaire . En effet il n'était point du tout convenable qu'il fût permis d’insulter dans un libelle diffamatoire une famille vertueuse, et très innocente des fautes de son père . M. Saurin, ancien secrétaire de Mgr le prince de Conti, méritait des égards . J’étais chargé de sa part et de celle de toute sa famille d'empêcher ce scandale . Je l'ai fait avec tout le zèle de l'amitié ; j'ai rempli mon devoir et je vois avec plaisir que j'ai été secondé de tous les honnêtes gens .

Je vous prie de montrer cette lettre à M. le ministre Polier et à M. d'Hermenches dont l'honneur , la probité et la bonté ont pris si généreusement le parti d'une famille affligée . Je vous supplie surtout , mon cher ami, de présenter mes très tendres et respectueux remerciements à monsieur le bailli pour qui je conserverai une éternelle reconnaissance . Adieu, je n'ai jamais si bien senti que dans cette petite affaire le prix de votre amitié et tout ce que vaut la franchise de votre belle âme . Je m’applaudis plus que jamais d'avoir été attiré à Lausanne par vous . Je vous embrasse du meilleur de mon cœur . Mille respects à votre chère philosophe .

V. »

 

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17/04/2014 | Lien permanent

quel livre a-t-on brûlé ?

... Au propre comme au figuré, on brûle chaque jour au moins un livre . La brûlure électronique est laissée au libre arbitre de nos grands fournisseurs de données et de matériel . C'est laisser un chimpanzé jouer avec un chalumeau, gare à vous !

L'Inquisition moderne n'a pas fini de donner des motifs de révolte .

Voir par exemple :

http://www.numerama.com/magazine/29163-encore-un-livre-censure-par-apple-pour-sa-couverture.html

 et suivre : http://blog.voltairopolis.org/

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« A Nicolas-Claude Thieriot

[26 mars 1759]

Vous êtes un paresseux, comme je le dis fort bien à Mme Belot 1. Rendez-lui donc cette lettre, mon ancien ami, puisque vous n'avez pas voulu me dire sa demeure . Si vous êtes du voyage de Lyon,2 venez me voir dans le voisinage .

Quid novi ?3 où demeurez-vous à présent ? quel livre a-t-on brûlé ? On dit que vous êtes gras comme un moine . Que devient la petite affaire des jésuites lusitaniens ?

Le roi de Prusse vient de faire imprimer l'oraison funèbre d'un cordonnier 4 . C'est un rare corps ; bon soir .

V. »

3 Quoi de neuf ?

 

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12/05/2014 | Lien permanent

... que j'ai gardé trop longtemps, que je chasse trop tard, veut rester dans ma maison malgré moi, et mérite punition

... Phrase prémonitoire pour remaniement ministériel ?

 Qui en sortira le héros ?

Quelques maroquins vont se retrouver sur Le Bon Coin ou EBay , je ne serai pas enchérisseur .

 

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 http://occupyvousdefrance.wordpress.com/tag/eelv/

« A l'auditeur de Saint-Jean 1

Un jardinier nommé Pierre Nerfin , qui s'enivre souvent, qui se bat quand il est ivre, qui est accusé d'avoir vendu les légumes de son maître, qui a ouvert la petite porte du jardin aux voleurs lesquels ont crocheté la cave de M. Pictet, qui a bu avec eux le vin de M. Pictet dans mon jardin pendant la nuit, qui m'a été donné par M. Cathala , seulement pour quelques mois, que j'ai gardé trop longtemps, que je chasse trop tard, veut rester dans ma maison malgré moi, et mérite punition .

Un autre jardinier, natif de Lausanne, nommé Bourgeois, plus ivrogne encore et qui a fait des absences de trois ou [quatre j]ours très fréquentes, prête […].2

Je supplie instamment Monsieur l'auditeur de vouloir bien envoyer ses ordres , et de ranger à leur devoir ces deux hommes qui mettent le trouble parmi les domestiques, et toute la maison en désordre . Je le supplie d'envoyer main forte s'ils ne veulent pas sortir . J'attends cette justice de monsieur l'auditeur .

Voltaire

Aux Délices 22 février [1759 ?] »

1 Le manuscrit est intitulé par V* : « Requête à monsieur l'auditeur, quartier Saint-Jean ». malgré les recherches il a été impossible de retrouver dans les archives trace de cette affaire, aussi n'y a-t-il pas de certitude sur l'année . Le destinataire n'a pu être identifié ; les auditeurs étaient en place pour trois ans, deux d'entre eux changeant chaque année .Voir page 78 : http://archivesfamillepictet.ch/bibliographie/documents/VoltaireetRousseau_06_2013.pdf

2 Papier abimé, il manque une ligne enfin de paragraphe .

 

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31/03/2014 | Lien permanent

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