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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je ne peux mieux m'adresser, en parlant des injustices des hommes, qu'à celui qui les connaît si bien.

 

abbe-pierre3.jpg

http://www.emmaus-europe.org/spip.php?rubrique48

 

« A M. Jean-Jacques ROUSSEAU.

Septembre [1755]

M. Rousseau a dû recevoir de moi une lettre 1 de remerciement. Je lui ai parlé, dans cette lettre, des dangers attachés à la littérature je suis dans le cas d'essuyer ces dangers. On fait courir dans Paris des ouvrages sous mon nom. Je dois saisir l'occasion la plus favorable de les désavouer. On m'a conseillé de faire imprimer la lettre que j'ai écrite à M. Rousseau, et de m'étendre un peu sur l'injustice qu'on me fait, et qui peut m'être très-préjudiciable. Je lui en demande la permission. Je ne peux mieux m'adresser, en parlant des injustices des hommes, qu'à celui qui les connaît si bien. »

 

 

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23/03/2012 | Lien permanent

cette lettre est bien sotte, cependant je ne l'ai point écrite

Note mise en ligne après rédaction le 15 août 2011 .

fitzroy Grafton3.JPG

 Augustus Fitz Roy

 

 

« A Augustus Henry Fitzroy, troisième duc de Grafton 1

 

J'ai vu dans le The Whitehall Evenening Post, du 7 octobre 1769, n° 3668, une prétendue lettre de moi à Sa majesté le roi de Prusse 2; cette lettre est bien sotte, cependant je ne l'ai point écrite.

 

Voltaire

 

Fait à Ferney le 29 octobre 1769 »

2 Le 31 octobre, V* en écrivant à Frédéric, traduit assez exactement un passage de cette prétendue lettre : « Quelle pitié si l'étendue de vos connaissances, vos talents et vos vertus ne vous servaient qu'à pervertir ces dons du ciel pour faire la misère et la désolation du genre humain. Vous n'avez rien à désirer, Sire, dans ce monde que l'auguste titre d'un héros chrétien » ; et V* dit qu'il « ne répond autre chose à l'auteur qui (lui) impute cette belle lettre que ces quatre lignes-ci : « J'ai vu ... ». » :

page 309 : http://books.google.fr/books?id=LR0-AAAAYAAJ&pg=PA310&lpg=PA310&dq=The+Whitehall+Evening+Post+,+du+7+octobre+1769,+n%C2%B0+3668&source=bl&ots=bLxEFgCO4c&sig=tGtvY6JL29jTTBUsUPEWCmX63yY&hl=fr&ei=9W5JTuXaJc7pOaTM_NMD&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBwQ6AEwAA#v=onepage&q=The%20Whitehall%20Evening%20Post%20%2C%20du%207%20octobre%201769%2C%20n%C2%B0%203668&f=false

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29/10/2010 | Lien permanent

Est-il bien vrai qu'on ose vous persécuter dans le temps même que vous êtes comblé de gloire

Bien des arrivées au pouvoir sont ainsi :

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Et puis , on se croit paré pour l'hiver :

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On relativise :

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On y croit encore :

http://www.deezer.com/listen-2490007

 

Et ça finit comme ça , dans le meilleur des cas :

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Et plutôt comme ceci :

http://www.deezer.com/listen-1580505

 

gloire le jour.jpg

 

 

 

 

 

« A Jean-François de La Harpe

 

3è septembre 1775

 

Je vous prie , mon cher ami, de me dire par la même voie dont on veut bien que je me serve, s'il est vrai qu'un de nos académiciens indignes [i] ait eu la lâcheté de vous dénoncer comme coupable, d'avoir extrait et embelli je ne sais quelle petite Diatribe [ii], toute à l'honneur d'un ministre qui fait déjà le bonheur de la France [iii], et qui mettra bientôt la dernière main à l'ouvrage de ce bonheur.

 

Est-il bien vrai qu'on ait ôté sa place à l'approbateur du Mercure ?[iv]

 

Est-il bien vrai qu'on ose vous persécuter dans le temps même que vous êtes comblé de gloire [v], et que vous faites la gloire de la nation ? Mettez-moi au fait, je vous prie, de toute l'infamie des Welches. Faites-moi parvenir le plus tôt que vous pourrez vos trois couronnes. Je meurs d'envie de vous lire, ne pouvant vous embrasser.

 

V. »

i L'avocat général Séguier.

ii La Harpe avait publié dans le Mercure d'août un compte-rendu et à cette occasion une partie de la Diatribe à l'auteur des Éphémérides (sur le commerce des blés) de V* cf. lettre à Moultou du 29 août . Le 7 septembre , le Parlement condamne le Mercure et le censeur Louvel. La Diatribe avait été condamnée le 19 août par le Conseil à la demande de l'Assemblée du clergé.

iii Turgot qui avait établi la liberté de commerce des grains.

iv Louvel fut remplacé par Sancy.

v La Harpe vient de remporter le prix de poésie et le prix d'éloquence de l'Académie française pour 1775, avec Conseils à un jeune poète et l'Éloge de Nicolas de Catinat, maréchal de France, et sa pièce Menzikoff devait être représentée à Fontainebleau devant la Cour en novembre.

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03/09/2010 | Lien permanent

S'il n'y avait que ces évènements-là dans le monde, tout serait bien

-Allo ! Allo James ! Quelles nouvelles ?

-Tout va très bien Mme la Marquise :  http://www.deezer.com/listen-306663

Voilà la pensée qui m'est venue hier en écoutant une émission de divertissement à la radio .

Libye ? oubliée !

Japon ? évaporé !

Et je me limite, immédiatement, à ce qui est le plus frappant .

La liste des motifs de pleurs serait trop longue, au moins aussi longue que celle des bonnes actions humaines,... ce qui vous démontre mon incorrigible optimisme .

"Tout serait bien" si ...

falling cow.jpg

 

 

 

 

 

 

«  A Élie Bertrand

Pasteur de l'Église française à Berne .

 

Aux Délices 18 mars [1756]

 

Je reçois dans le moment, mon cher Monsieur, votre lettre toute pleine d'étranges nouvelles qui demandent un peu de confirmation . Le docteur Tronchin vint coucher chez moi à Montriond sur sa route . Mais l'objet de son voyage est encore très incertain pour le public i. Voici une autre nouvelle non moins singulière, c'est que je suis invité à aller entendre le 27 de ce mois à Berlin l'opéra Mérope que le roi de Prusse a composé sur ma tragédie ii. S'il n'y avait que ces évènements-là dans le monde, tout serait bien . J'ai plus envie de venir vous voir à Berne que d'aller entendre à Berlin de la musique italienne . Mandez-moi, je vous prie, quel jour M. le baron de Freydenreik partira, car je ne veux aller à Berne que quand il y sera . Dites-moi aussi je vous en prie, si vous avez reçu mon paquet . Continuez-moi vos bontés .

 

V. »

 

i A la duchesse de Saxe-Gotha le 22 mars : « Le médecin Tronchin était à Paris dans le temps qu'on le disait à Cassel » ; « Apollon-Esculape » y « déracine les préjugés ... et inocule nos princes » et il y est fêté .

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/22/s... 

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18/03/2011 | Lien permanent

Cette assemblée du Conseil d'État du roi à Versailles vaut bien celle de la basoche à Toulouse

 

Basoche.png

Saut dans le temps passé , la comédie musicale/opéra-comique du temps de nos anciens :http://www.deezer.com/listen-8069757

Ah ! ça dépote , même sans micro !!

 

 

 

 

« A Jean-Ribote-Charron

à Montauban

 

Aux Délices 12è mars 1763

 

Mardi 1er mars, le bureau des cassations jugea la requête des Calas admissible .

 

Lundi 7 mars, les deux semestres du Conseil d'État assemblés, le chancelier y présidant, tous les ministres d'État y assistant 1, il a été ordonné d'une voix entièrement unanime 2, et approuvée par le roi, que le parlement de Toulouse enverrait toute la procédure au Conseil, de plus , qu'il serait tenu d'envoyer les motifs de son jugement .

 

Cette assemblée du Conseil d'État du roi à Versailles vaut bien celle de la basoche à Toulouse . »

 

1 « Ce qui n'arrive presque jamais » écrira-t-il le 16 mars en donnant des détails à Ribote-Charron .

2 Même lettre du 16 mars : « La séance du Conseil dura trois heures et un quart, l'affaire fut jugée sur le rapport de M. Mariette, avocat au Conseil ... M. de Crosne , maître des requêtes, rapporteur de l'affaire, parla avec l'éloquence la plus touchante ... Toutes les voix se réunirent ... Le roi a donné son approbation à la décision du conseil ... »

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11/03/2011 | Lien permanent

vous me faites bien de l'honneur de croire que je suis assez sage pour inspirer la sagesse

... Rire de moi , et assez fou pour rester raisonnable .

 Folle sagesse

 http://actualitemlj.blogspot.fr/

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« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay 1

[novembre-décembre 1757]

Vraiment madame vous me faites bien de l'honneur de croire que je suis assez sage pour inspirer la sagesse . Je serai seulement le témoin de celle de monsieur votre fils 2, de tout son mérite, et de son envie de vous plaire . Je vois bien qu'il vous a gâtée . Vous êtes si accoutumée à le voir au dessus de son âge que quand il s'en rapproche vous êtes tout étonnée . Il vous a accoutumée à une perfection bien rare, il vous a rendue difficile . Je serai enchanté de le voir , lui et son aimable mentor . Mais pourquoi suis-je à la fois si près et si éloigné de la mère ? pourquoi me suis-je interdit Genève ? pourquoi ne suis-je plus que jardinier ? Je devrais vous faire ma cour tous les jours et je serais le plus assidu de vos courtisans si mon goût décidait de mes marches . Mais vous étendez votre empire sur les absents comme sur les présents . Personne ne sent plus tout votre mérite, ne vous est attaché plus véritablement et avec plus de respect que le Suisse

V. »

 2 Louis-Joseph Lalive d’Épinay (25 septembre 1746 - 10 avril 1813), qui sera militaire, éditeur et musicien.

 

 

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06/02/2013 | Lien permanent

il est toujours bien doux de n'être pas haï de ceux qu'on admire

... Tout comme il est possible d'aimer ceux qu'on n'admire pas .

Je pense que ceux qui n'aiment que ceux qu'ils admirent se privent de bien des joies, et qu'au fond ils se donnent une importance qu'ils n'ont pas , qu'ils se trouvent bien sûr admirables eux-mêmes et que leur égo s'enfle par personne interposée (voir fans clubs ) . Je n'ai pas grande sympathie pour cette attitude exclusive .

Doux !

et admirable ?

 

doux et classe.jpg

et aimable ?

 

 

 

« A Madame Louise-Dorothée Von MEININGEN, duchesse de SAXE-GOTHA

Aux Délices, près de Genève, 24 novembre [1757].

Madame, la lettre dont Votre Altesse sérénissime m'honore est un grand témoignage de la générosité de votre cœur. Vos États ont été le théâtre de la guerre, et vous daignez penser à moi. Quel jour, madame, que celui où elle a daigné m'écrire 1! C'est celui où cette nation, dans laquelle vous avez trouvé des gens aimables, était bien malheureuse; c'est celui où un roi, à qui ses ennemis ne peuvent refuser leur admiration, se couvrait de gloire par la plus habile conduite et par le plus grand courage. Il a dû repasser par vos États, madame, des milliers de blessés. Encore si c'étaient de vos maudits Croates, qui sont si incivils? Mais ce sont des gens très-polis, et qui certainement avaient eu pour Votre Altesse sérénissime tout le respect qu'on lui doit. Plût à Dieu que cette sanglante journée fût au moins un acheminement à une paix générale ! C'est tout ce que je peux dire. Je plains ma nation; je m'intéresse tendrement à tout ce qui vous touche, madame. J'admire l'homme dont Votre Altesse sérénissime me parle; je la remercie de tout ce qu'elle aura daigné lui dire de moi. Je n'ai en vérité d'autre objet, d'autre espérance que la retraite, et à mon âge la tranquillité est le comble de la fortune. Mais il est toujours bien doux de n'être pas haï de ceux qu'on admire. C'est à vos bontés, madame, que je dois les siennes. Il a été assez grand pour me confier ses malheurs, et il est peut-être actuellement si occupé qu'il ne me parlera pas de ses succès, ou, s'il daigne m'en parler, ce sera avec une modération qui relèvera sa gloire.
Je me mets à vos pieds, madame, avec la plus vive reconnaissance, avec le plus profond et le plus tendre respect. Je ne regrette que de ne pouvoir être témoin des progrès des princes vos enfants, et de ne point voir leur auguste mère. Je présente les mêmes respects et les mêmes regrets à monseigneur.
La grande maîtresse des cœurs 2 ne donne-t-elle pas du bouillon à quelque blessé dans le meilleur monde possible? 3»

1 Jour de la bataille de Rosbach 5 novembre 1757 .

2 Julienne-Françoise de Buchwald, née de Neuenstein, grande gouvernante de la duchesse Louise-Dorothée, naquit le 7 octobre 1707, et mourut le 19 décembre 1789. Charles de Dalberg a fait son éloge dans un petit ouvrage intitulé : Madame de Buchwald. Seconde édition. Erfurt, 1787, vingt-quatre pages in-8. Frédéric II dira d'elle dans une lettre à sa sœur la margrave de Baireuth, le 17 septembre 1757 : « Madame de Buchwald me paraît une femme très-estimable, et qui vous conviendrait beaucoup : de l'esprit, des connaissances, point de prétentions, et un bon caractère. » : http://friedrich.uni-trier.de/de/oeuvres/27_1/346/text/

3 Cette dernière phrase est écrite en marge sur le manuscrit . Elle laisse supposer que Candide est en gestation .

 

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05/02/2013 | Lien permanent

Vous pourriez bien me faire un autre plaisir en vous confiant à mon amitié et à ma discrétion

... L'une n'allant pas sans l'autre, ce que je respecte en tout point et en tout temps  .

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« A Jean-Robert Tronchin et Ami Camp

 Aux Délices 27 septembre [1757]

 Voici mon cher monsieur quatre petits billets de change pour 9708 livres tournois que vous pourrez mettre dans votre escarcelle .

 Si par quelque hasard un de vos gens pouvait trouver à Lyon une paire de harnois neuve toute unie, je vous serais bien obligé de vouloir bien ordonner qu'on me l'envoyât dans le premier ballot que vous aurez la bonté de me destiner .

 Vous pourriez bien me faire un autre plaisir en vous confiant à mon amitié et à ma discrétion . Je sais à qui Mme la margrave de Baireuth s'est adressée pour une négociation qui n'a pas réussi 1. Vous avez souvent des conversations avec un homme 2 qui est au fait quoiqu'il soit éloigné du cabinet et que les idées de ce cabinet puissent changer d'un jour à l'autre . Ses lumières et son expérience jointes à sa correspondance peuvent le mettre en état de juger s'il est effectivement dans l'intention d'abandonner le roi de Prusse à toute la rigueur de sa mauvaise destinée en cas qu'il soit sans ressource , et si on veut détruire absolument une balance qu'on a jugée longtemps nécessaire . Vous pourriez aisément dans la conversation savoir ce qu'en pense l'homme instruit dont j'ai l'honneur de vous parler . Comptez que ni vous ni lui ne sera point compromis . Fiez-vous à ma parole d'honneur et ne regardez point la prière que je vous fait comme l'effet d'une vaine curiosité . J'ai quelque intérêt à être instruit et vous me rendriez un très grand service de m'informer de ce que vous aurez pu conjecturer .

 Si M. de Soubise ne s’est pas retiré en deçà d'Eisenak 3, il est à croire que le roi de Prusse lui a livré bataille . Je peux vous assurer qu'il en avait une terrible envie . Bonsoir . Je vous embrasse tendrement et j'attends de vous le service que je vous demande .

 1  Il ne s'agit pas de l'ouverture faite par Frédéric II envers Richelieu, (voir lettre du même jour à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/29/ce-qui-n-a-pas-reussi-dans-un-temps-peut-reussir-dans-un-aut.html ) mais d'une autre antérieure .

 2  Le cardinal de Tencin .

3 Les troupes impériales sous le commandement du prince Joseph de Saxe-Hildburghausen avaient fait leur liaison à Eusenach avec la seconde armée française commandée par Soubise . Frédéric II n'avait pas, malgré ses tentatives réussi à engager le combat avec elles à cause de la pression exercée sur son flanc par Richelieu et parce qu'une partie de ses troupes avaient du être détachées ailleurs .

 

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29/12/2012 | Lien permanent

j'ai bien peur d'être condamné à rester sur les bords de mon lac, du moins ces bords sont paisibles

... Mon cher Volti, je crains bien de faire le contraire .

De toute manière, tu fais un pied de nez à ceux qui viennent auprès de ton tombeau : "parti au Panthéon pour cause de génie ".

Sans trucage

voltaire ressuscité 3839.png

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha.
A Lausanne, 27 janvier 1758.

 

Aux housards, et autres

 messieurs de cette espèce. 1

 

Meurtriers à brevet, avides de pillage,
Ne prenez point ma lettre; et souvenez-vous bien
Qu'en saisissant mes vers peu faits pour votre usage,
Vous n'y gagneriez jamais rien.

Housards, j'écris à Dorothée,
Aux grâces, à l'esprit, aux plus nobles appas,
A la douce vertu, de faiblesse exemptée;
Cela ne vous regarde pas.

Madame, après avoir présenté cette petite requête aux housards, je remercie d'abord Votre Altesse sérénissime de la lettre dont elle m'honore, en date du 17 janvier, et j'ose assurer que je rends bien à la grande maîtresse des cœurs toutes ses caresses. Ma lettre du 27 septembre de l'année passée 2 aurait eu le temps d'aller aux Indes, je l'avais donnée à M. le maréchal de Richelieu, dans l'idée qu'il viendrait vous faire sa cour, et me flattant, madame, que quand il verrait Votre Altesse sérénissime, on ne se battrait plus sur votre territoire. Apparemment que le dépit de ne pas jouir de l'honneur de vous voir lui aura fait longtemps garder ma lettre, et qu'il l'aura retrouvée en faisant ses paquets.
Je suis toujours Suisse, madame; mais quand serai-je Thuringien ? et quand la Thuringe n'entendra-t-elle plus parler de marches, de contre-marches et de combats? Hélas on ne nous fait pas espérer la paix pour cette année, ce meilleur des mondes possibles a encore quelques années à souffrir. Votre Altesse sérénissime reverra peut-être encore le héros formidable et aimable à qui elle a fait les honneurs de son palais, et qui semblait dans ce temps critique n'avoir rien à faire qu'à tâcher de lui plaire. Je vous avoue, madame, que j'aurais bien voulu me trouver là; mais j'ai bien peur d'être condamné à rester sur les bords de mon lac, du moins ces bords sont paisibles, et ceux des fleuves allemands ne le seront pas. On dit que le Danemark entre aussi dans la querelle 3. On dit qu'on va faire de tous côtés de nouveaux efforts.
Que me reste-t-il qu'à plaindre le genre humain dans ma retraite ?
J'avais procuré au roi de Prusse un abbé de Prades 4, prêtre, docteur, hérétique, et lecteur de Sa Majesté. On prétend qu'il a trahi son bienfaiteur, et qu'il est puni à Breslau d'un supplice bien étrange pour un prêtre. Je ne veux point le croire, mais je ne sais à qui en demander des nouvelles, c'est d'ailleurs bien peu de chose parmi tant de désastres publics. Je gémis sur ces misères, je souhaite à Votre Altesse sérénissime le bonheur qu'elle mérite. Je me mets à ses pieds et à ceux de son auguste famille avec le plus profond respect.
L'Ermite. »

2 Dans sa lettre du 14 janvier 1758, la duchesse de Saxe-Gotha répondait à la lettre du 22 septembre et non à celle du 27 (voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/25/voila-de-ces-revolutions-bien-capables-de-detromper-des-gran.html )

3 Le Danemark mit sur pied dix-huit mille hommes d'infanterie et six mille de cavalerie pour protéger Hambourg, Lubeck, et les possessions du duc de Holstein-Gottorp. La France lui fournit des subsides. (Georges Avenel.)

 

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01/04/2013 | Lien permanent

Mademoiselle, je vous fais ces lignes pour vous remercier de l'air gracieux dont vous avez bien voulu communiquer mes le

... au monde entier, ce qui est tout à fait remarquable et votre travail me touche au delà de tout, chère Mam'zelle Wagnière .

Et je vous le dis en musique :

 https://www.google.fr/search?q=air+gracieux&ie=utf-8&oe=utf-8&gws_rd=cr&ei=cMjfVO22D-TC7gbQvYGABw

 DSCF2363 gracieux.JPG

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

A Nyon au pays de Vaud par Genève

15 février [1760]

Mademoiselle, je vous fais ces lignes pour vous remercier de l'air gracieux dont vous avez bien voulu communiquer mes lettres à Mlle Custrin ma maitresse, pour qui j'ai toujours une passion secrète malgré ses infidélités et ses caprices . Mon dessein est toujours de l'épouser parce que je suis accommodant , et que d’ailleurs je crois que malgré les mauvaises affaires du banquier, elle aura toujours une assez grosse dot . Elle joue très bien des instruments, mon frère Antoine l'accompagnera de sa basse de viole, et nous mènerons une vie fort douce avec ma cousine Jacqueline . Je vous prie mademoiselle de vouloir bien remettre le présent poulet à la future, en attendant que je lui écrive plus au long, moi et ma famille .

Nous vous remercions du ballot de toile que vous nous avez bien voulu envoyer, nous en ferons de bons draps de lit . Nous vous recommandons toujours les intérêts du cousin Etienne auprès de Leurs Altesses Sérénissimes, et de madame la grande maîtresse . On dit que la famille de Leurs Altesses est ce qu'on peut voir de plus aimable, et qu'elle joue des comédies en vers, que c'est un charme . Je suis bien fâché de ne pouvoir voir cela , car en vérité j'aime beaucoup la comédie . Je fus enchanté de Leurs Altesses quand vous me les fîtes voir lorsqu’elles allaient dîner . Mon Dieu que madame la duchesse avait bonne mine, quel air de grandeur et de bonté ! J'en étais extasié . Les princes ses enfants n'étaient pas plus hauts que ma jambe . Je les crois à présent bien formés, mademoiselle, on ne peut pas s'empêcher d'aimer cette maison-là de tout son cœur, et autant qu'on la respecte . Ayez la bonté, mademoiselle, de nous mettre tous aux pieds de notre grande maîtresse, notre protectrice et de me croire de cœur votre très humble et obéissant serviteur .

Jacques Sutamier 1»

1 Sutanier est bien sûr Voltaire, la demoiselle la duchesse, Mlle Custrin Frédéric II, le cousin Etienne le duc de Choiseul .

 Et toujours en air gracieux : https://www.youtube.com/watch?v=d3kOmOjs8-Q

 

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15/02/2015 | Lien permanent

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