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Rechercher : richelieu 26 mai 1755

Il n'y a pas d'apparence que j'abandonne mes ermitages et un établissement tout fait dans deux maisons qui conviennent à

... Rêve encore le futur ex-président de la république française !

Basta !

 Rouge, je m'arrête !

Il n'y a pas d'apparence que j'abandonne3777.JPG

 Vert, je passe !!

 

« A M. LE COMTE DE TRESSAN 1

A Monrion, 11 janvier [1756]

Il me paraît monsieur, que Sa Majesté polonaise n'est pas le seul homme bienfaisant 2 en Lorraine, et que vous savez bien faire comme bien dire. Mon cœur est aussi pénétré de votre lettre que mon esprit a été charmé de votre Discours 3. Je prends la liberté d'écrire au roi de Pologne, comme vous me le conseillez, et je me sers de votre nom pour autoriser cette liberté. J'ai l'honneur de vous adresser la lettre,4 mon cœur l'a dictée.
Je me souviendrai toute ma vie que ce bon prince vint me consoler un quart d'heure dans ma chambre, à la Malgrange, à la mort de Mme du Châtelet 5. Ses bontés me sont toujours présentes. J'ose compter sur celles de Mme de Boufflers et de Mme de Bassompierre 6. Je me flatte que M. de Lucé 7 ne m'a pas oublié mais c'est à vous que je dois leur souvenir. Comme il faut toujours espérer, j'espère que j'aurai la force d'aller à Plombières, puisque Toul est sur la route. Vous m'avez écrit à mon château de Monrion ; c'est Ragotin qu'on appelle monseigneur; je ne suis point homme à châteaux. Voici ma position, j'avais toujours imaginé que les environs du lac de Genève étaient un lieu très- agréable pour un philosophe, et très-sain pour un malade, je tiens le lac par les deux bouts; j'ai un ermitage fort joli aux portes de Genève, un autre aux portes de Lausanne, je passe de l'un à l'autre; je vis dans la tranquillité, l'indépendance, et l'aisance, avec une nièce qui a de l'esprit et des talents, et qui a consacré sa vie aux restes de la mienne.
Je ne me flatte pas que le gouverneur de Toul 8 vienne jamais manger des truites de notre lac mais si jamais il avait cette fantaisie, nous le recevrions avec transport; nous compterions ce jour parmi les plus beaux jours de notre vie. Vous avez l'air, messieurs les lieutenants généraux, de passer le Rhin cette année plutôt que le mont Jura et j'ai peur que vous ne soyez à Hanovre quand je serai à Plombières. Devenez maréchal de France, passez du gouvernement de Toul à celui de Metz soyez aussi heureux que vous méritez de l'être faites la guerre, et écrivez-la. L'histoire que vous en ferez vaudra certainement mieux que la rapsodie de la Guerre de 1741, qu'on met impudemment sous mon nom. C'est un ramas informe et tout défiguré de mes manuscrits que j'ai laissés entre les mains de M. le comte d'Argenson.
Je vous préviens sur cela, parce que j'ambitionne votre estime.

 

J'ai autant d'envie de vous plaire, monsieur, que de vous voir, de vous faire ma cour, de vous dire combien vos bontés me pénètrent. Il n'y a pas d'apparence que j'abandonne mes ermitages et un établissement tout fait dans deux maisons qui conviennent à mon âge et à mon goût pour la retraite. Je sens que, si je pouvais les quitter, ce serait pour vous, après toutes les offres que vous me faites avec tant de bienveillance. Je crois avoir renoncé aux rois, mais non pas à un homme comme vous.
Permettez-moi de présenter mes respects à Mme la comtesse de Tressan, et recevez les tendres et respectueux remerciements du Suisse Voltaire.
Je m'intéresse à Panpan 9 comme malade et comme ami. »

 

1 Tressan était lieutenant général depuis mai 1748. Quelques années après, il avait été appelé à la cour de Lunéville pour y remplir les fonctions de grand- maréchal. Ce fut lui qui engagea principalement Stanislas à fonder l'Académie des sciences et belles-lettres de Nancy, en décembre 1750.

2 Ce titre avait été donné à Stanislas, en décembre 1751, dans la première séance publique de l'Académie de Nancy, par Thibault, l'un de ses membres titulaires.

3 Discours lors de l'inauguration de la Place Stanislas à Nancy le 26 novembre 1755 ; voir lettre du 18 décembre 1755 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/26/v...

4 Cette lettre est perdue. La réponse de Stanislas est sans doute la lettre du 27 avril 1756 : page 341  : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f345.image.r...

5 C'est le 10 septembre 1749 que mourut la marquise du Châtelet .

6 Sœur de la marquise de Boufflers.

7 Envoyé extraordinaire du roi Louis XV près Stanislas.

8 Depuis 1750, Tressan était gouverneur du Toulois et de la Lorraine française. Quelques années auparavant, il avait épousé une Écossaise nommée Reuxel , voir : dans le Dictionnaire de la noblesse. (ci..)

9 Surnom de François-Antoine Devaux, qui fût lecteur pour le roi Stanislas . Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/01/v...

 Si vous avez bien regardé la photo prise au château de Voltaire, vous voyez que la nature met un feu rouge côté S(arkozy) et vert côté h(ollande) ; c'est prémonitoire, non ?

Je souligne

hs Il n'y a pas d'apparence que j'abandonne3777.JPG

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06/05/2012 | Lien permanent

est-il juste qu'il n'ait pas de quoi vivre, quand les plus mauvais acteurs ont une part entière ?

 ... A l'heure où commence Masterchef ...

 

salade grecque.png

 

 

 

“A M. le maréchal duc de RICHELIEU.

19 février [1757].

Oui, sans doute, mon héros, le secrétaire d'État de la république de Platon 1 aurait ri et dit quelques bons mots, car il en disait mais tâchez de n'en pas dire.
Votre lettre sur ce pauvre amiral Byng lui a valu du moins quatre voix favorables, quoique la pluralité l'ait condamné à la mort 2. Il se passe dans tous les États des scènes singulières, et aucune ne vous surprend.
Je vous attends toujours, ou dans le conseil, ou à la tête d'une armée. Si les services et la capacité donnent les places sous un monarque éclairé, vous avez assurément plus de droits que personne. Mais quelque place que vous ajoutiez à celles que vous occupez, il y en a une que les rois ne peuvent ni donner ni ôter, .c'est celle de la gloire. Jouissez de ce beau poste, il est à l'abri de la fortune.
Je vous assure, monseigneur, que vous prêchez à un converti quand vous me conseillez de ne me rendre ni aux coquetteries du roi de Prusse ni aux bontés de l'impératrice de Russie 3. Je préfère ma retraite à tout, et cette retraite est d'ailleurs absolument nécessaire à un malade qui tient à peine à la vie.
Permettez que je vous envoie ce qu'on m'écrit sur Lekain. S'il a tant de talents, s'il sert bien, est-il juste qu'il n'ait pas de quoi vivre, quand les plus mauvais acteurs ont une part entière ? C'est là l'image de ce monde. Puisque vous daignez descendre à ces petits objets, mettez-y la justice de votre cœur, et protégez les talents.
Mme Denis et le Suisse V. vous présentent leurs plus tendres respects.”

1Le marquis d'Argenson ainsi surnommé par Richelieu : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Louis_de_Voyer_de_Paulmy_d'Argenson

 

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04/10/2012 | Lien permanent

j'avais fait ce qui était en moi pour sauver la vie de cet infortuné

... Et vous tous qui me lisez et lisez Voltaire, vous pouvez aussi sauver des vies en étant donneur de sang, donneur de moelle, donneur d'organes .

De tous ces dons, le plus facile [sic] étant le don d'organes puisqu'il arrive après notre mort .

N'oublions pas de faire ces gestes pour les infortunés malades et blessés .

http://www.dondusang.net/rewrite/site/37/etablissement-francais-du-sang.htm?idRubrique=756

 http://www.france-adot.org/don-organe.html

 don de moelle.jpg



 

« A Adrien-Michel-Hyacinthe BLIN de SAINMORE 1

Aux Délices 12 décembre 1757

Ma mauvaise santé monsieur m'a empêché de vous remercier plus tôt de votre poème sur l'amiral Bing 2; je suis d'autant plus sensible à votre ouvrage que j'avais fait ce qui était en moi pour sauver la vie de cet infortuné ; je lui avais envoyé les témoignages de M. le maréchal de Richelieu 3 et de nos marins qui tous le justifiaient . Mes soins, dont il m'a témoigné sa reconnaissance en mourant n'ont servi qu'à rendre sa condamnation plus injuste . J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec l'estime que je vous dois, votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi . »

 

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20/02/2013 | Lien permanent

bientôt on verra les Prussiens se mesurer contre les Français.

... Angela, force de la nature, mâtinée tank, contre François aminci mais volontaire ! Quel match !

Je fais des voeux pour qu'une prompte réconciliation arrive . Comme dit Volti "S'il y a une bataille, il est à croire qu'elle sera bien meurtrière ", économiquement parlant , évidemment .

Retransmission -quasi en direct- du match !

je te tiens tu me tiens.jpgJe te tiens tu me tiens !

détourner l attention del adversaire.jpgÔ tu as vu l'oiseau !

 

tentative d étranglement.jpgTentative d'étranglement

 

j en ai jusque là.jpgJ'en ai jusque là !

 

on se calme.jpgOn se calme

 

faisons la paix.jpgFaisons la paix !

Happy end !


 

 

 

« A M. Louis-François-Armand du PLESSIS, maréchal duc de RICHELIEU.

A Monrion, 26 mai [1757].

Feu l'amiral Byng vous assure de ses respects, de sa reconnaissance, et de sa parfaite estime, il est très-sensible à votre procédé, et meurt consolé par la justice que lui rend un si généreux soldat, so generous a soldier 1; ce sont les propres mots dont il a chargé son exécuteur testamentaire; je les reçois dans le moment, en arrivant à Monrion, avec les pièces inutilement justificatives de cet infortuné.
C'est là, mon héros, tout ce que je puis vous dire de l'Angleterre, où les amis et les ennemis de l'amiral Byng rendent justice à votre mérite.
Je crois qu'on ne se doutait pas, en France, de la campagne à la Turenne que fait le roi de Prusse. Faire accroire aux Autrichiens qu'il demande des palissades, sous peine de l'honneur et de la vie, pour mettre Dresde hors d'insulte, entrer en Bohême par quatre côtés, à la même heure; disperser les troupes ennemies, s'emparer de leurs magasins; gagner une victoire signalée 2, sans laisser aux Autrichiens le temps de respirer ! vous avouerez, monseigneur, vous qui êtes du métier, que la belle campagne du maréchal de Turenne ne fut pas si belle. Je ne sais jusqu'à quel point de si rapides progrès pourront être poussés; mais on prétend qu'il envoie vingt mille hommes au duc de Cumberland, et que bientôt on verra les Prussiens se mesurer contre les Français. Tout ce que je sais, c'est qu'il en a toujours eu la plus forte envie. S'il y a une bataille, il est à croire qu'elle sera bien meurtrière.
Parmi tant de fracas, conservez votre bonne santé et votre humeur. Daignez, monseigneur, ne pas oublier les paisibles Suisses, et recevez avec votre bonté ordinaire les assurances de mon tendre et profond respect.

 

V. »

 

1 V* utilisera cet événement de l'exécution de Bing dans Candide chap. XXIII : http://www.personal.kent.edu/~rberrong/fr33337/candide23.htm

 

2 Celle du 6 mai ; le roi de Prusse gagne, en Bohème, a Ziscaberg, près de Prague, une bataille sur les Autrichiens, commandés par le maréchal comte de Brown , sous les ordres du prince Chartes de Lorraine .

 

 

 

 

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01/11/2012 | Lien permanent

il faut dire la vérité. J’ai soin de mettre à la tête et à la fin de chaque commentaire une demi-once d’encens... mais,

... Les deux présidentiables français sauraient-ils appliquer cela ? L'une me semble loin, infiniment loin du compte . L'autre s'en approche autant qu'il peut, autant qu'il sait, c'est toujours ça de bien .

 

 

« A Charles Pinot Duclos

Aux Délices 7 juin 1762

Mademoiselle Corneille, les frères Cramer, et moi, monsieur, nous vous devons des remerciements. Vous trouverez sans doute les commentaires sur Rodogune un peu sévères ; mais il faut dire la vérité. J’ai soin de mettre à la tête et à la fin de chaque commentaire une demi-once d’encens pour Corneille ; mais, dans les remarques, je ne connais personne, je ne songe qu’à être utile. On dira, de mon vivant, que je suis fort insolent ; mais, après ma mort, on dira que je suis très juste : et comme je mourrai bientôt, je n’ai rien à craindre.

Voici une petite annonce que je vous prie de montrer à l’Académie ; je la ferai insérer dans les papiers publics : on verra que je donne beaucoup plus que je n’ai promis. Je compte vous envoyer dans un mois la traduction de la conspiration contre Auguste ; vous verrez ce que c’est que Shakespear, qu’on oppose à Corneille : c’est madame Gigogne 1 qu’on met à côté de mademoiselle Clairon.

L’Héraclius de Calderon est encore pis. Il est bon de faire connaître le génie des nations. La question de savoir si Corneille a pris une demi-douzaine de vers de Calderon, comme il en a pris deux mille des autres auteurs espagnols, est une question très frivole.

Ce qui est important, c’est de faire connaître combien Corneille, malgré tous ses défauts, était sublime et sage dans le temps qu’on ne représentait sur les autres théâtres de l’Europe que des rêves extravagants.

Le Père de Tournemine 2, qu’on cite, et qu’on a tort de citer était connu chez les jésuites par ces deux petits vers :

C’est notre père Tournemine,

Qui croit tout ce qu’il imagine.

Le confesseur du roi d’Espagne, qu’il avait consulté, n’en savait pas plus que lui ; et l’ancien bibliothécaire 3 du roi d’Espagne, qui m’a envoyé la première édition de l’Héraclius de Calderon, en sait beaucoup plus que le confesseur et le père Tournemine. Ce que dit Corneille dans l’examen d’Héraclius, loin d’être une preuve que l’Héraclius espagnol est une imitation du français, semble prouver tout le contraire. Car, premièrement, il n’y a pas d’imitation ; l’Héraclius espagnol ne ressemble pas plus à celui de Corneille, que les Mille et une Nuits ne ressemblent à l’Enéide : et il ne s’agit, encore une fois, que d’une douzaine de vers. Secondement, Corneille dit 4 que sa pièce est un original dont il s’est fait plusieurs belles copies 5; or certainement la pièce de Calderon n’est pas une belle copie, c’est un monstre ridicule.

Remarquez de plus que si Corneille avait eu un Espagnol en vue, si un Espagnol avait pu prendre deux lignes d’un Français, ce qui n’est jamais arrivé, Corneille n’eût pas manqué de dire que Calderon avait fait le même honneur à notre théâtre que Corneille avait fait au théâtre de Madrid, en imitant le Cid ? Le Menteur, la Suite du Menteur, et Don Sanche d’Aragon. Corneille, en parlant de ces prétendues belles copies, entend plusieurs tragédies, soit de son frère, soit d’autres poètes, dans lesquelles les héros sont méconnus et pris pour d’autres jusqu’à la fin de la pièce.

Enfin il n’y a qu’à lire l’Héraclius de Calderon ; cela seul terminera le procès. Vous pouvez lire, monsieur, ma lettre à l’Académie, ne fût-ce que pour l’amuser ; mais je me flatte qu’elle voudra bien peser mes raisons. Vous aimez le vrai plus que personne : il y a tant de préjugés dans ce monde, qu’il faut au moins n’en point avoir en littérature. »



1 Sur Mme Gigogne qui apparaît dans le Pot pourri au chapitre VII, voir Georges Doutrepont, Les types populaires de la littérature française, Académie royale de Belgique, Classe des lettres et sciences morales et politiques, mémoires, 1926 . Voir : http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-101503&M=tdm

et : http://www.persee.fr/doc/rbph_0035-0818_1931_num_10_3_6802_t1_0632_0000_2

4 Au début de son « Examen d'Héraclius » . Voir : http://www.theatre-classique.fr/pages/theorie/CORNEILLE_HERACLIUS.HTM

5 Ce membre de phrase qui manque dans la copie Beaumarchais-Kehl , est restitué dans l'édition de Kehl .

 

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26/04/2017 | Lien permanent

Vous savez bien que, sur un mot de vous, il n'y a rien que je ne hasarde pour vous servir....mais sachez qu'il est à pré

... Oh ! avec des "mais" on perd le sens communautaire des membres du gouvernement . Rendez-vous au prochain remaniement !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

23 novembre [1767]

Vous n'aviez pas besoin, mon cher ami, de la lettre de M. d'Alembert pour m'exciter. Vous savez bien que, sur un mot de vous, il n'y a rien que je ne hasarde pour vous servir.

Je vous avais déjà prévenu en écrivant la lettre la plus forte à Mme de Sauvigny. Je prendrai aussi, n'en doutez pas, le parti d'implorer la protection de M. le duc de Choiseul; mais sachez qu'il est à présent très rare qu'un ministre demande des emplois à d'autres ministres. Il n'y a pas longtemps que j'obtins de M. le duc de Choiseul qu'il parlât à monsieur le vice-chancelier en faveur d'un ancien officier 1 à qui nous avons donné la sœur de M. Dupuits en mariage. Cet officier, retiré du service avec la croix de Saint-Louis et une pension, avait été forcé, par des arrangements de famille, à prendre une charge de maître des comptes à Dôle : il demandait la vétérance avant le temps prescrit ; croiriez-vous bien que monsieur le vice-chancelier refusa net M. de Choiseul, et lui envoya un beau mémoire pour motiver ses refus ? Vous jugez bien que, depuis ce temps-là, le ministre n'est pas trop disposé à des choses qui ne dépendent pas de lui. Soyez sûr que je n'aurai réponse de trois mois.

Il y a environ ce temps-là que j'en attends une de lui sur une affaire qui me regarde. Il m'a fait dire, par le commandant de notre petite province, qu'il n'avait pas le temps d'écrire, qu'il était accablé d'affaires . Voilà où j'en suis.

Il me paraît de dernière importance d'apaiser M. de Sauvigny . Il faut l'entourer de tous côtés . M. de Montigny, trésorier de France, de l'Académie des sciences, est très à portée de lui parler avec vigueur. N'avez-vous point quelque ami auprès de M. d'Ormesson ? Heureusement la place qui vous est promise n'est point encore vacante; on aura tout le temps de faire valoir vos droits si bien établis.

La tracasserie qu'on vous fait est inouïe. Je me souviens d'un petit dévot, nommé Leleu, qui avait deux crucifix sur sa table : il débuta par me dire qu'il ne voulait pas transiger avec moi, parce que j'étais un impie, et il finit par me voler vingt mille francs 2. Il s'en faut beaucoup, mon cher ami, que les scènes du Tartuffe soient outrées : la nature des dévots va beaucoup plus loin que le pinceau de Molière.

J'aurai, dans le courant du mois de décembre, une occasion très favorable de prier monsieur le contrôleur général de vous rendre justice. Je ne saurais m'imaginer qu'on pût manquer à sa parole sur un prétexte aussi ridicule. Cela ressemblerait trop au marquis d'O 3, qui prétendait que le prince Eugène et Marlborough ne nous avaient battus que parce que le duc de Vendôme n'allait pas assez souvent à la messe.

Je vous prie de ne pas oublier le maréchal de Luxembourg , qui n'allait pas plus à la messe que le duc de Vendôme. Je suis obligé d'arrêter l'édition du Siècle de Louis XIV, jusqu'à ce que j'aie vu ces campagnes du maréchal, où l'on m'a dit qu'il y a des choses fort instructives.

Le petit livre du Militaire philosophe vaut assurément mieux que toutes les campagnes. Il est très estimé en Europe de tous les gens éclairés. J'ai bien de la peine à croire qu'un militaire en soit l'auteur. Nous ne sommes pas comme les anciens Romains, qui étaient à la fois guerriers, jurisconsultes et philosophes.

Vous ne me parlez plus de votre cou, pour moi, je vous écris de mon lit, dont mes maux me permettent rarement de sortir. On ne peut s'intéresser à vos affaires, ni vous embrasser plus tendrement que je le fais. »

1Sur ce personnage « maître des comptes », voir lettre du 12 janvier 1767 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/01/13/a08b9872249f3498a157c9a3d00303ee.html

2 V* raconte cette même histoire dans la préface du Dépositaire , 1769

3 Le marquis de Villiers d'O a épousé Marianne Lavergne de Guilleragues, fille de Guilleragues, auteur des Lettres portugaises, et ambassadeur à Constantininople, attaché au duc d'Orléans .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lettres_portugaises

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12/06/2023 | Lien permanent

Je sais pourtant qu’il y a encore des Hottentots, même à Paris ; mais, dans dix ans, il n’y en aura plus : croyez-moi su

... Résumé de programme et acte de foi et allégeance de Bardella, chouchou de Marine qui a trouvé plus néfaste qu'elle -- si c'est possible --  et tremplin pour 2027 .

Bien joué l'embobinage ! ou comment se faire avoir jusqu'au trognon ! les Français croient tous qu'ils ont gagné des tours gratuits en tirant la queue du Mickey . La boîte à milliards est , disent-ils, évidemment pleine et n'attend que d'être répartie . Tournez manèges et cramponnez-vous bien, de gauche ou de droite, quelque soit le sens vous allez souffrir, le vertige et la gueule de bois vous attendent, les poches sous les yeux seront les seules qui seront encore pleines .

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https://www.lopinion.fr/de-qui-se-moque-t-on/dessin-barde...

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

21è décembre 1768

Madame, les imaginations ne dorment point ; et quand même elles prendraient, en se couchant, une dose des oraisons funèbres de l'évêque du Puy 1 et de l’évêque de Troyes 2, le diable les bercerait toujours. Quand la marâtre nature nous prive de la vue, elle peint les objets avec plus de force dans le cerveau ; c’est ce que la coquine me fait éprouver. Je suis votre confrère des Quinze-Vingts dès que la neige est sur mon horizon de quatre-vingts lieues de tour . Le diable alors me berce beaucoup plus que dans les autres saisons. Je n’ai trouvé à cela d’autre exorcisme que celui de boire ; je bois beaucoup, c’est-à-dire demi-septier à chaque repas, et je vous conseille d’en faire autant ; mais il faut que ce soit d’excellent vin . Personne, de mon temps, n’en avait de bon à Paris.

L’aventure du président Hénault est assurément bien singulière. On s’est moqué de moi avec des Beloste et des Belestat. On m'assure aujourd'hui que c'est un homme d'un très grand nom, et que vous connaissez. Je ne veux ni rien croire, ni même chercher à croire. L’abbé Boudot a eu la bonté de fureter dans la bibliothèque du roi. Il en résulte qu’il est très vrai qu’aux premiers états de Blois, dont vous ne vous souciez guère, on donna trois fois aux parlements le titre d’états généraux au petit pied 3. Je ne pense point du tout que les parlements représentent les états généraux, sur quelque pied que ce puisse être ; et quand même j’aurais acheté une charge de conseiller au parlement pour quarante mille francs, je ne me croirais point du tout partie des états généraux de France. Mais je ne veux point entrer dans cette discussion, et m’aller brouiller avec tous les parlements du royaume, à moins que le roi ne me donne quatre ou cinq régiments à mes ordres. De toutes les facéties qui sont venues troubler mon repos dans ma retraite, celle-ci est la plus extraordinaire.

L’A, B, C est un ancien ouvrage traduit de l’anglais, imprimé en 1762 4. Cela est fier, profond, hardi . Cette lecture demande de l’attention. Il n’y a point de ministre, point d’évêque en deçà de la mer, à qui cet A, B, C puisse plaire ; cela est insolent, vous dis-je, pour des têtes françaises. Si vous voulez le lire, vous qui avez une tête de tout pays, j’en chercherai un exemplaire, et je vous l’enverrai ; mais l’ouvrage a un pouce d’épaisseur. Si votre mère a ses ports francs, comme votre beau-père 5, je le lui adresserai pour vous.

Il faut que je vous conte ce qu’on ne sait pas à Paris. Le singe de Nicolet 6, qui demeure à Rome, s’est avisé de canoniser, non-seulement madame de Chantal 7, à qui saint François de Sales avait fait deux enfants, mais il a encore canonisé un frère capucin nommé frère Cucufin d’Ascoli 8. J’ai vu le procès-verbal de sa canonisation . Il y est dit qu’il se plaisait fort à se faire donner des coups de pied dans le cul par humilité, et qu’il répandait exprès des œufs frais et de la bouillie sur sa barbe, afin que les profanes se moquassent de lui, et qu’il offrait à Dieu leurs railleries.

Raillerie à part, il faut que Rezzonico soit un grand imbécile . Il ne sait pas encore que l’Europe entière rit de Rome comme de saint Cucufin.

Je sais pourtant qu’il y a encore des Hottentots, même à Paris ; mais, dans dix ans, il n’y en aura plus : croyez-moi sur ma parole. Quoi qu’il en soit, madame, buvez et dormez ; amusez-vous le moins mal que vous le pourrez, supportez la vie, ne craignez point la mort, que Cicéron appelle la fin de toutes les douleurs 9. Cicéron était un homme de fort bon sens. Je déteste les poules mouillées et les âmes faibles. Il est trop honteux d’asservir son âme à la démence et à la bêtise de gens dont on n’aurait pas voulu pour ses palefreniers. Souvenons-nous des vers de l’abbé de Chaulieu :

Plus j’approche du terme, et moins je le redoute.
Sur des principes sûrs mon esprit affermi,
Content, persuadé, ne connaît plus le doute :
Des suites de ma fin je n’ai jamais frémi
10.

Adieu, madame ; je baise vos mains avec mes lèvres plates, et je vous serai attaché jusqu’au dernier moment. »

1 Jean-Georges Lefranc de Pompignan ; voir lettre du 7 décembre 1768 à Mme Du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/15/il-faut-chercher-la-paix-de-l-ame-dans-la-verite-et-fouler-a-6503124.html

 

5 Le duc et la duchesse de Choiseul .

6 Le singe de Nicolet historique ; voir lettre du 4 mars 1767 à Florian : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/08/12/en-verite-il-s-agit-dans-cette-affaire-de-l-honneur-de-la-fr-6396068.html

Mais bien entendu l'expression est ici plaisante et doit être prise au sens figuré : il s'agit du pape Clément XIII.

7 Sur la canonisation de Jeanne de Chantal, voir lettre du 4 septembre 1768 à Vernes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/23/il-y-a-certainement-un-attentat-contre-les-droits-des-souver-6490924.html

La suite du texte est une impertinence voltairienne .

8 Voyez la Canonisation de saint Cucufin, quine semble pas avoir été publiée avant mars-avril 1769 , quoique imprimée sans doute plus tôt . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/427

<

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28/06/2024 | Lien permanent

Je me meurs, mon cher Wagnière, il parait bien difficile que je réchappe

Ces lignes sont toujours très poignantes à lire pour moi ; Volti va mourir dans quelques jours, mais son esprit reste clair . Sa lucidité ne lui accorde aucun répit, il va mourir en vivant pleinement consciemment jusqu'au bout .

Sois heureux, Volti ! même mort tu nous parles encore .

Quelques autres morts ...

 

 

Je meurs :  http://www.deezer.com/listen-2748159

 Je meurs d'en vie :   http://www.deezer.com/listen-3770968

 Je vis ... je meurs :   http://www.deezer.com/listen-5518852

 ... Je meurs de soif :   http://www.deezer.com/listen-4424513

 

je me meurs.jpg

 Volti, nous te saluons !

 

 

 

 

« A Jean-Louis Wagnière

 

Je me meurs, mon cher Wagnière, il parait bien difficile que je réchappe . Je suis bien puni de votre départ, d'avoir quitté Ferney 1, et d'avoir pris une maison à Paris 2. J'ai recours à vous pour être payé de M. Schérer, qui est, comme vous savez, le dépositaire de toute ma fortune . J'attends de vous cette consolation dans les inquiétudes mortelles où me plonge mon état . La Barberat 3 a tort d'être fâchée, elle sera bien payée et bien récompensée . La Bardi 4 a le plus grand tort d'être partie ; elle a une maison qu'elle ne devrait pas abandonner, elle serait inutile à Paris .

 

Je vous embrase tendrement, mon cher ami, et tristement .

 

V.

 

Vous a-t-on pas écrit ?5

 

à 3 heures du matin [24 mai 1778] »

 

1 Pierre Morand, par qui il a fait écrire cette lettre, confirme en écrivant à Wagnière : « Il m'a dit plus de vingt fois cette nuit qu'il se repentait d'être venu à Paris, comme il vous le marque . »

2 Achetée, à vie sur sa tête et celle de Mme Denis, rue de Richelieu.

3 Gouvernante à Ferney.

4 Femme d'un employé de V*.

5 Sur la lettre écrite par Mme Denis à Wagnière du 25, celui-ci note : « Pourquoi donc ne m'avez vous pas écrit quand il vous l'avait ordonné ? Pourquoi au contraire défendre expressément que l'on m'écrivît ? Pourquoi retintes-vous la lettre qu'il m'écrivait ? » . Wagnière avait quitté Paris pour Ferney le 29 avril, ayant reçu le 26 pouvoir pour s'occuper des domaines de V*.

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26/05/2011 | Lien permanent

Ce que j’avais prévu, et voulu empêcher, est arrivé 

... dit Michel Barnier qui, visiblement, en a plus qu'assez de ses discussions avec les Brit's , leurs idées surannées , et songe à revivre enfin au XXIè siècle :

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/26/accord-sur-le-brexit-amer-soulagement_6064549_3232.html

Brexit Rees-Mogg cartoon

Crazy magicians !

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

A Genève, 30 août 1765 

J’ai déjà eu l’honneur de mander à mon héros des nouvelles de Mlle Clairon. Je crois lui avoir dit qu’elle avait désobéi à Tronchin, en jouant sur mon petit théâtre de marionnettes les rôles d’Electre et d’Aménaïde. Je lui répète que jamais ni Baron ni Mlle Lecouvreur n’ont approché d’elle. Mais je peux vous assurer que je ne suis point coupable de sa désobéissance à la médecine. Ce que j’avais prévu, et voulu empêcher, est arrivé ; il lui a pris une perte de sang affreuse ; il lui a fallu du temps pour se remettre . Elle est partie pour la Provence dans un carrosse où elle est couchée. Tronchin lui a dit que, si elle remontait sur le théâtre, il ne répondait pas de sa vie, et qu’il ne se mêlerait jamais de sa santé. Elle a répondu que, quand le roi daignerait vouloir l’entendre, elle serait, comme ses autres sujets, prête à hasarder sa vie pour lui plaire, mais que partout ailleurs elle serait très docile aux ordonnances de Tronchin.

Nous sommes ici une troupe de malades dont j’ai l’honneur d’être le doyen, et qui, malgré notre obéissance aux oracles d’Esculape, ne nous en portons pas mieux. Madame la comtesse d’Harcourt est dans son lit depuis quatre ans. J’ai un parent, âgé de vingt-quatre ans, devenu paralytique pour le reste de sa vie 1. Pour moi, je partage mes misères entre Genève et cette petite maison où je vous ai fait ma cour. Il y a des jours où je suis aveugle ; il y en a d’autres où mes yeux me rendent quelque service, et je saisis ces moments-là pour vous renouveler l’attachement le plus respectueux et le plus tendre qu’on puisse avoir pour vous . J’ai toujours eu envie de vous demander si vous aviez lu les lettres de Henri IV à Corisande 2, qui sont imprimées dans l’Essai sur l’histoire générale et placées mal à propos après le chapitre de Louis XIII. Elles sont curieuses, et méritent votre attention.

Conservez-moi, monseigneur, des bontés qui font le charme de ma vie.

V.

Voici la rapsodie qu’on a faite pour mademoiselle Clairon 3. »

 

 



3 Mots ajoutés dans la marge du bas de lettre , se rapportant à l’Épître à Mlle Clairon .

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27/12/2020 | Lien permanent

il faut que du moins je vous présente mes hommages en effigie, puisque je ne peux les apporter en personne

... surtout pas ! ", c'est , je l'espère, en sous entendu du message de félicitation du président Macron au détestable Trump .

Comment veut-on que les jeunes soient respectueux et honnêtes quand un pourri peut atteindre le plus haut poste ? Truandez et mentez, vous serez suivi.e.s et adulé.e.s .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

3 mai 1769

Il y a peut-être, mon cher ange, je ne sais quoi de fat à vous envoyer sa médaille 1 ; mais il faut que du moins je vous présente mes hommages en effigie, puisque je ne peux les apporter en personne.

L’ami Marin m’a appris qu’il y a un conseiller du Châtelet qui n’est pas conseiller du Parnasse 2 ; cela ne m’étonne ni ne m’épouvante. Renvoyez-moi toujours les Guèbres ; on y insérera environ quatre-vingts vers nouveaux que l’auteur m’a envoyés . On y mettra un petit mot de préface, dans laquelle on dira que l’auteur avait fait d’abord de cette pièce une tragédie chrétienne ; que, sur les représentations de ses amis, il avait cru le christianisme trop respectable pour le mettre encore sur le théâtre, après tant de tragédies saintes que nous avons , qu’il a substitué les Guèbres aux chrétiens, avec d’autant plus de vraisemblance que les Guèbres, ou Parsis, étaient alors persécutés. On pourrait alors faire entendre raison à ce maudit conseiller ; on pourrait s’adresser, par Mme d’Egmont, à M. de Richelieu, si vous approuvez cette tournure. Au pis aller, on ferait imprimer l’ouvrage bien corrigé et un peu embelli, avec une préface honnête pour l’édification du prochain.

On ne fera rien sans l’ordre de mes anges. »

1 Médailles mentionnées dans la lettre de Dupuits à Marin du 27 mars 1769, reproduite à propos de la lettre du 27 mars 1769 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/26/le-public-est-d-opinion-qu-il-eut-du-faire-tout-le-contraire-6516273.html

et voir lettre du 29 mars 1769 à Collini : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/27/je-n-ai-jamais-vecu-que-dans-des-climats-qui-n-etaient-pas-f-6516380.html

2 Il s’agit de François Moreau, procureur du roi au Châtelet qui s’opposa à la représentation des Guèbres ; voir :

https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvre...

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07/11/2024 | Lien permanent

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