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28/05/2010

on va créer un nouvel impôt pour avoir de quoi acheter des dentelles et des étoffes pour la demoiselle

 

 

 


« A Marguerite-Madeleine du Moutier, marquise de Bernières

A Versailles ce lundi à onze heures [28 mai 1725]

Hier à dix heures et demie le roi déclara qu’il épousait la princesse de Pologne,[27 mai, ce qui permet de dater la lettre] et en parut très content ; il donna son pied à baiser à M. d’Epernon et son cul à M. de Maurepas, et reçut les compliments de toute sa cour qu’il mouille tous les jours à la chasse par la pluie la plus horrible. Il va partir dans le moment pour Rambouillet, et épousera Mlle Lesinzka à Chantilly. Tout le monde ici fait sa cour à Mme de Bézeval [née Catherine de Bielenska, mère de Pierre de Bésenval qui écrira des nouvelles, des Mémoires et en temps que commandant des troupes à Paris, n’enpêchera pas la prise de la Bastille le 14 juillet 1789] qui est un peu parente de la reine. Cette dame qui a de l’esprit reçoit avec beaucoup de modestie les marques de bassesse qu’on lui donne. Je la vis hier chez M. le maréchal de Villars, on lui demanda à quel degré elle était parente de la reine, elle répondit que les reines n’avaient point de parents. Les noces de Louis XV font tort au pauvre Voltaire, on ne parle de payer aucune pension [il a une pension de 2000 livres], ni même de les conserver. Mais en récompense on va créer un  nouvel impôt pour avoir de quoi acheter des dentelles et des étoffes pour la demoiselle Lesinzka. Ceci ressemble au mariage du soleil qui faisait murmurer les grenouilles [fable de La Fontaine :  « le soleil et les grenouilles. »]. Il n’y a que trois jours que je suis à Versailles et je voudrais déjà en être dehors. La Rivière-Bourdet [résidence du marquis en Normandie] me plaira plus que Trianon et Marly, et je ne veux dorénavant d’autre cour que la vôtre. Mandez-moi des nouvelles de votre santé. Digérez-vous bien, allez-vous souvent aux spectacles, avez-vous fait dire à Dufresne et à la Couvreur [Adrienne Lecouvreur] de jouer Mariamne,[échec de la première version en mars 1724 ; remaniée, devenue Hérode et Mariamne, elle eut du succès dès la première représentation du 10 avril 1725 et par la suite, à la cour et à la ville ; la cour y reconnaissait ses conflits élevés à la tragédie] . l’abbé Desfontaines est-il en liberté [cf. lettre du 29 mai à d‘Ombreval], Thiriot est-il toujours bien sémilllant ? Mes respects à M. de Bernières, et conservez-moi toujours votre amitié don[t] je fais plus de cas que de m[a] pension et de ceux qui la don[nent]. »

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