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31/08/2010

Mme de Saint-Julien, héroïne de son métier ... est en possession de tuer toutes les perdrix du roi

La parole est à la victime, qu'avez vous à dire ? http://www.deezer.com/listen-5875283

Morte au chant/champ : http://www.deezer.com/listen-6740762

Remords de l'assassin : http://www.deezer.com/listen-2112697

Volatile moqueur, tu seras puni : http://www.deezer.com/listen-250207

 "Tu vois, ami lecteur, quand on écoute, on ne lit plus !" Je paraphrase une morale : http://www.deezer.com/listen-202066

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  « A Jean de Vaines

 

31 auguste 1775

 

Monsieur de Trudaine, Monsieur, a répondu au mémoire que j'eus l'honneur de vous envoyer il y a quelques mois, et que M. le contrôleur général [i] lui remit. Il daigne nous offrir plus et mieux que notre province ne demandait [ii]. Nos États ont sur-le-champ fait leur soumission et leurs remerciements. Je vous prie de vouloir lire la copie de la lettre que je viens d'écrire au maire de Gex, subdélégué de l'intendance et l'un des syndics de nos États [iii].

 

Les citoyens de notre nouvelle petite ville de Ferney nous donnèrent ces jours passés [iv] une fête qui ne sentait point son village de province. Des princes et des princesses de l'Empire [v] y assistèrent. Nos Fernésiens tirèrent à l'arquebuse pour des prix. L'un de ces prix était une médaille d'or gravée à Ferney, portant d'un côté le buste de M. Turgot , et de l'autre ces mots, enfermés dans une couronne d'olivier ; Regni tutamen [vi]. Mme de Saint-Julien, héroïne de son métier, sœur de M. le marquis de Gouvernet [vii], commandant de Bourgogne, laquelle est en possession de tuer toutes les perdrix du roi, a gagné le prix de l'arquebuse, et porte à son cou la médaille de M. Turgot.

 

Je vous remercie grandement, Monsieur, de vos lettres du 21 et 25 d'auguste, que les Welches ont appelé août. Il y a encore parmi ces Welches des barbares bien sots et bien ridicules ; puissent de dignes Français comme vous corriger cette détestable engeance ! »

 

 

iTurgot.

ii Cf. lettre à Moultou du 29 août.

iii Fabry ; cf. lettre du 29 à Moultou.

iv Lors de la Saint Louis.

v Georg Wilhelm de Hesse-Darmstadt, sa femme et leur fille.

vi = Défense du royaume.

vii  Le marquis de La Tour du Pin devenu récemment marquis de Gouvernet.

30/08/2010

Cet animal a trompé le public qui s'attendait à une scène très réjouissante

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L'homme dota d'un nom chaque animal : http://www.deezer.com/listen-4586396

 

 

 

 

« A Jean-François-René Tabareau

et à

Joseph Vasselier

 

30è auguste 1770

 

Mille tendres compliments à Monsieur Tabareau et à Monsieur Vasselier. J'ai lu le très plat mémoire fait pour Grizel par l'avocat de l'archevêque [1]. C'est un grand malheur que ce Grizel ne soit pas aussi ridicule que je le croyais ; à peine y a-t-il le mot pour rire dans son aventure et dans son factum. Cet animal a trompé le public qui s'attendait à une scène très réjouissante. »

1Le Mémoire pour le sieur Grisel ... contre M. le procureur général, 1770, de Pierre-François Muyart de Vouglans.

François-Pierre Billard trésorier de la ferme des Postes, qui avait détourné trois millions de francs, avait confessé ses vols le 16 décembre 1769 ouis en avait rejeté la responsabilité sur son confesseur , l'abbé Grisel.

Le pays de Gex est charmant, mais il est entouré de montagnes de neige que je crois fort malsaine

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Des pas sur la neige, que reste-t-il ? Autant qu'une vie sans amour dans le coeur de ceux qui nous entourent .

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« A Cosimo Alessandro Collini

 

Aux Délices 30è auguste 1762

 

Vous allez donc, mon cher ami, être l'inspecteur des jeux [i]; si la trappe réussit, je suis pour la trappe ; je ne me servis de coulisses pour brûler Olympie que parce que je ne pouvais avoir de trappe [ii]. Je faisais apporter un autel haut d'environ trois pieds. On portait sur cet autel les offrandes qu'Olympie devait faire . Olympie montait sur un petit gradin, derrière cet autel. Les flammes cependant s'élançaient à droite et à gauche, fort au dessus des deux coulisses fermées, sur lesquelles étaient peints des tisons enflammés . Olympie descendait rapidement de son petit marchepied, elle passait comme un trait, en se baissant un peu entre les deux coulisses ouvertes qui se refermaient sur le champ, elle se mettait en sureté, et alors les flammes redoublaient.

 

Au reste, s'il en est encore temps, vous trouverez ci-joint un petit changement au cinquième acte qui m'a paru nécessaire. Nous allons jouer aussi Cassandre à Ferney, mais à peine pourrai-je l'entendre, car en vérité, je deviens sourd et aveugle. Le pays de Gex est charmant, mais il est entouré de montagnes de neige que je crois fort malsaine.

 

On dit que la tragédie de Russie recommence, qu'on est sur le point de voir une seconde révolution [iii] ; je ne crois pas cette nouvelle fondée, mais enfin dans ce monde, il faut s'attendre à tout . Ma fluxion m'empêche de vous écrire de ma main, je suis dans un état assez désagréable. C'est assez le partage de la vieillesse . Je vous prie très instamment d'empêcher l'impression de la pièce [iv], de ne la donner au souffleur que dans le moment de la représentation, et de retirer les rôles dès que la pièce aura été jouée. Je vous embrasse de tout mon cœur.

 

V.

 

Je me mets aux pieds de Leurs Altesses Électorales. »

 

iAprès avoir été recommandé par V*, Collini s'occupe des spectacles à Mannheim, à la cour de l'Électeur palatin dont il est devenu le secrétaire particulier.

ii Dans une lettre aux d'Argental du 8 mars 1762, V* donne d'autres détails sur la mise en scène de Cassandre-Olympie.

iii Il est question que Catherine II soit à son tour détrônée par Ivan qui est le petit neveu de l'impératrice Anne qui l'avait déclaré son successeur. Il fut emprisonné par Élisabeth, puis par Catherine. Pour la première révolution, cf. lettre à Chauvelin du 13 août.

iv Le 4 septembre, à Collini : « Monsieur Collini est instamment prié de ne point faire imprimer la pièce avant qu'on y ait donné la dernière main. On lui enverra de plus un gros cahier de remarques historiques sur les ministères des Anciens et sur les devoirs des prêtres . Ce morceau sera assez curieux, mais il ne faut pas songer à faire l'édition en France. Monsieur Collini pourra se servir de la voie de Hollande ou de Francfort. »

Collini fera effectivement faire une édition à Francfort.

Tout en disant le 7 août aux d'Argental qu'il allait « écrire (à Collini) pour le prier de ne la point imprimer », il était assez favorable au principe de l'impression : il « croit qu'il faut accoutumer le public par la voie de l'impression à toutes ces singularités théâtrales » que comporte cette tragédie d'un genre nouveau. Il sentait bien que Collini imprimerait malgré sa défense, et il le dit.

29/08/2010

On a laissé dire ces évêques et on ne persécute personne

D'abord qui sont-ils, ces Roms ? http://fr.wikipedia.org/wiki/Roms

Où en sont les évêques, tant celui de Rome (femme de Rom ? ce qui expliquerait -?- la réaction de mari trompé du pape ), que les petits et les sans-grades du clergé catholique ?

 http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5iwPUsx...

 http://sitemap.dna.fr/articles/201008/24/une-salve-de-cri...

http://www.rtl.fr/fiche/5948864382/l-eglise-est-elle-dans...

Etc. , Etc. ...

 Et pendant ce temps que fait la seconde religion de France ? Eh ! bien, elle se réfugie héroïquement derrière l'avis du grand rabbin , ce qui me rappelle le mariage de la carpe et du lapin (le lapin peureux, vous voyez à qui je pense !).

 http://lermf.com/Actualité-France/probleme-des-roms-le-gr...

Pour mémoire, lisez le discours du chanoine Sarko-le -pieux (comme dit Carla !) : http://www.la-croix.com/documents/doc.jsp?docId=2323765&a...

Superbe exemple de ce que l'on peut faire dire à l'histoire quand on veut se faire bien voir ! Magnifique exemple de désinformation ! Niveau école primaire, degré Barbapapa !

Discours d'ignare en histoire , Voltaire l'aurait renvoyé à l'école ! Chanoine Sarko, ce n'est pas grâce à toi que la "Fille aînée de l'Eglise" sera demandée en mariage, sa robe blanche est bien défraichie et on a vu son cul ...

 Et spécialement pour cet homme de Dieu (qui s'en mord ses Saints  doigts !) , une dédicace, aussi historique que les évènements cités : http://www.deezer.com/listen-2844271

- J'en ai vu qui rient !...-

- Expulsés !...

 

 

« A Paul-Claude Moultou

[Monsieur de Moultou à Genève]

 

On vous trompe, mon cher philosophe,quand on vous a dit que l'archevêque de Toulouse [i] a proposé des facilités pour les mariages des protestants dans une délibération de l'Assemblée du clergé. Ce n'est point dans ces délibérations qu'on agite ces questions d'État. M. l'archevêque de Toulouse en a parlé il y a quelque temps dans une conversation avec quelques évêques, et a montré autant de tolérance que de politique.

 

Il est très faux que des colporteurs aient été arrêtés pour avoir débité la Diatribe [ii]. Cette pièce est imprimée dans le Mercure d'auguste, ou d'août [iii] où nous sommes. M. le contrôleur général [iv] en a été infiniment satisfait et en a remercié l'auteur. Quelques évêques se sont fâchés contre La Harpe qui a fait l'éloge de cette Diatribe dans ce Mercure d'auguste ou août. On a laissé dire ces évêques et on ne persécute personne [v]. M. Turgot est en train de rendre les plus grands services à la nation et à la raison. Sa sagesse et sa bienfaisance s'étendent jusque sur nos pauvres habitants ignorés du mont Jura [vi]. Attendez-vous, vous autres Genevois nos voisins, aux choses les plus agréables ; c'est tout ce que je puis vous dire.

 

Ceux qui vous mandent que le clergé welche n'a jamais eu plus d'activité et de crédit se trompent de moitié. Ils ont raison sur l'activité.

 

Je vous embrasse, mon cher ami, avec tendresse et avec joie, quoique fort malade.

 

V.

 

29è auguste 1775 »

 

i Loménie de Brienne.

ii Diatribe à l'auteur des Éphémérides « sur les blés » de V*.

iii V* conteste le bien fondé « d'août ».

iv Turgot.

v Cf. lettre à La Harpe du 3 septembre 1775.

vi Le 31 août V* donne des détails à Fabry : « M. de Trudaine, dans la lettre dont il m'honore, dit expressément que nous pourrons convenir d'un prix avec Messieurs les fermiers généraux pour le sel... Le bienfait très signalé et très inattendu est que nous soyons débarrassés de cette foule d'employés [les fermiers généraux] qui vexe la province, qui remplit les prisons, et qui interdit tout commerce ... Nous profiterons ... de notre liberté pour faire proposer aux fermiers généraux de nous livrer du sel au même prix qu'à Genève ... Alors il vous sera très aisé de prendre sur la vente de ce même sel une somme assez considérable pour payer les dettes de la province, pour donner une indemnité à la ferme, et pour subvenir à la confection des chemins. La liberté qu'on daigne nous offrir, l'abolissement des corvées sont des bienfaits inestimables ... »

je détourne autant que je peux les yeux de toutes ces horreurs, il est plus doux de bâtir, de planter et d'écrire

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Brigitte Fontaine , interprète géniale mais que je serais incapable de garder à la maison plus d'une journée, je ne suis pas encore assez stone ...

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Après cet intermède contemporain, voyons les horreurs du noir Tartare au XVIIIè:

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« A Nicolas-Claude Thiriot

rue Couture-Sainte-Catherine

 

29 août 1760

 

Je crois que c'est vous, mon cher correspondant, qui m'avez envoyé un très bon ouvrage sur la satire intitulée Comédie des philosophes [i]. Mais en général, on a pris Palissot trop sérieusement ; si ces pauvres philosophes avaient été plus tranquilles, si on avait laissé jouer la pièce de Palissot sans se plaindre, elle n'aurait pas eu trois représentations : Jérôme Carré [ii] a été plus madré, il ne s'est point plaint, et il a fait rire ; il est comme l'amant de ma mie Babichon [iii] qui aimait tant à rire, que souvent tout seul il riait dans sa grange.

 

L'Écossaise a été jouée dans toutes les provinces, avec autant de succès qu'à Paris,[iv] et le tranquille Jérôme ricane dans sa retraite. Il a des tracasseries avec des prêtres, pour l'église qu'il fait bâtir,[v] mais il s'en tirera, et il en rira, et il écrira au Pape, quoique Rezzonico ne soit pas si goguenard que Lambertini [vi]. Jean-Jacques a force d'être sérieux est devenu fou ; il écrivait à Jérôme dans sa douleur amère [vii]: Monsieur, vous serez enterré pompeusement, et je serai jeté à la voirie ; pauvre Jean-Jacques ! Voilà un grand mal d'être enterré comme un chien, quand on a vécu dans le tonneau de Diogène ! Ce pauvre Diable a voulu jouer un rôle bien difficile à soutenir ; il est bien loin de rire. Envoyez-moi donc la lettre écrite à ce braillard d'Astruc . J'imagine que les fermiers généraux des postes ne veulent pas contresigner de petites lettres dont le port doit entrer dans la masse commune ; ils veulent bien contresigner les gros paquets, parce que sans cela on ne s'aviserait pas de les envoyer par la poste, et qu'ils n'y gagneraient rien ; mais en les priant d'affranchir les lettres, c'est les prier de donner vingt ou trente sous de leur poche, ce qui étant trop multiplié, fait à la longue une diminution dans la ferme.[viii]

 

On a dit le Roi de Prusse vainqueur en Silésie [ix]; nous en aurons des nouvelles demain , je détourne autant que je peux les yeux de toutes ces horreurs, il est plus doux de bâtir, de planter et d'écrire . Écrivez-moi donc, et je vous écrirai tant que je pourrai.

 

Farewell my friend.

 

V. »

 

i Gabriel-François Coyer : Discours sur la satire contre les philosophes représentée par une troupe qu'un poète philosophe fait vivre, et approuvée par un académicien qui a des philosophes pour collègues, 1760. La satire est la pièce de Palissot, Les Philosophes, le poète, Voltaire et l'académicien, Crébillon.

ii Le prétendu traducteur du prétendu auteur de la pièce de V* L'Écossaise.

iii Vieille chanson française.

iv Lyon, Bordeaux, Marseille indiquera-t-il ce jour à Damilaville.

v V* fait bâtir une église à Ferney.

vi Rezzonico = Clément XIII ; Lambertini = Benoit XIV.

vii Lettre reproduite dans Les Confessions, adressée à V* le 17 juin 1760.

viii Dans sa lettre du 22 juillet, V* demandait à Thiriot la raison du refus de Villemorien.

ix A Liegnitz le 5 août 1760.

 

Finissons-en avec les horreurs : celles-ci font rire ! Ouf !!

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28/08/2010

Je voudrais que tout homme public, quand il est près de faire une grosse sottise, se dît toujours à lui-même : l'Europe te regarde.

Et à plus forte raison quand c'est le monde entier qui vous regarde ![1]

Ce qui est clair et évident aux yeux de Volti, homme du XVIIIè, impatient mais réfléchi, vif mais profond, mordant mais magnanime, riche mais généreux ne semble pas du tout préoccuper un président  (qui m'agace au point que je n'aime même pas écrire son nom ), Sarko ( ah ! je me  fais du mal !), impatient et gribouille, vif et superficiel, mordant et revanchard,  riche et profiteur .

Sarko & Co, quand ils sont près de faire de grosses bêtises, la font puis perdent leur temps à faire croire à leur génie, leur force .

Brasseurs de boue ! qu'elle vous retombe sur vos beaux costumes de corbeaux-croque-morts (que ces deux espèces me pardonnent ce triste rapprochement ;-) ) .

Au passage, je trouve ridicule et révélateur l'uniformisation des costumes des hommes politiques, tous en costar de banquiers, uniforme civil . 

[1] NDLR : Volti a encore raison ( d'abord, il a toujours raison !! ).

 Dédicace aux prétendus grands dirigeants politiques : http://www.deezer.com/listen-5678773

Et pour les moins endurcis, ceux qui ne veulent pas toujours péter plus haut que leur cul :  http://www.deezer.com/listen-4245937

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 « A Jean Le Rond d'Alembert

 

28 auguste [1765]

 

Mon très cher et très vrai philosophe, je m'intéresse pour le moins autant à votre bien-être qu'à votre gloire ; car après tout, le vivre dans l'idée d'autrui ne vaut pas le vivre à l'aise. Je me flatte qu'on vous a enfin restitué votre pension qui est de droit.[i] C'était vous voler que ne vous la pas donner. Il y a des injustices dont on rougit bientôt. Celle qu'on faisait à la famille Calas de s'opposer au débit de son estampe était encore un vol manifeste.[ii] Une telle démarche a bien surpris les pays étrangers. Je voudrais que tout homme public, quand il est près de faire une grosse sottise, se dît toujours à lui-même : l'Europe te regarde.

 

Mlle Clairon a été reçue chez nous comme si Rousseau n'avait pas écrit contre les spectacles . Les excommunications de ce Père de l'Église n'ont eu aucune influence à Ferney.[iii] Il eût été à désirer pour l'honneur de ce saint homme si honnête et si conséquent qu'il n'eût pas déclaré, écrit et signé par devant un nommé Montmolin, son curé huguenot, qu'il ne demandait la communion que dans le ferme dessein d'écrire contre le livre abominable d'Helvétius [iv]. Vous voyez que ce n'est pas assez pour Jean-Jacques de se repentir, il pousse la vertu jusqu'à dénoncer ses complices et à poursuivre ses bienfaiteurs, car s'il avait renvoyé quelques louis à M. le duc d'Orléans il en avait reçu plusieurs d'Helvétius. C'est assurément le comble de la vertu chrétienne de se déshonorer, et d'être un coquin pour faire son salut.

 

 

Ce sont de tels philosophes qui ont rendu la philosophie odieuse et méprisable à la cour. C'est parce que Jean-Jacques a encore des partisans que les véritables philosophes ont des ennemis. On est indigné de voir dans le Dictionnaire encyclopédique une apostrophe à ce misérable [v] comme on en ferait une à Marc Antonin.

 

Ce ridicule suffit avec l'article Femme [vi] pour décrier un livre fût-il en vingt volumes in-folio? Comptez que je ne me suis pas trompé en mandant il y a longtemps que Rousseau ferait tort aux gens de bien.

 

Quand on a donné des éloges à ce polisson c'était alors qu'on offrait réellement une chandelle au diable.[vii]

 

Croyez, mon cher philosophe, que je ne donnerai jamais à aucun seigneur les éloges que j'ai prodigués à Mlle Clairon ; le mérite et la persécution sont mes cordons bleus, mais aussi vous êtes trop juste pour exiger que je rompe en visière à des personnes à qui j'ai les plus grandes obligations. Faut-il manquer à un homme qui nous a fait du bien parce qu'il est grand seigneur ?[viii] Je suis bien sûr que vous approuverez qu'on estime et qu'on méprise, qu'on aime ou qu'on haïsse très indépendamment des titres . Je vous aimerais, je vous louerais fussiez-vous pape, et tel que vous êtes je vous préfère à tous les papes, ce qui n'est pas coucher gros,[ix] mais je vous aime et vous révère plus que personne au monde. »

 

i Après la mort de Clairault le 17 mai, « l'Académie des sciences en corps » avait « demandé pension pour » d'Alembert ; mais on faisait des difficultés pour la lui verser ; V* soupçonnait Choiseul, et d'Alembert Saint-Florentin.

ii Il s'agit de l'estampe vendue par souscription au profit des Calas ; cf. lettre du 14 août à Grimm ; aux d'Argental, le 23 août : « vous craignez que cela ne déplaise à M. David et à huit conseillers de Toulouse » qui ont condamné Jean Calas. Mais dans sa lettre du 3 septembre à Végobre, il « espère que la démarche inattendue du parlement ne servira qu'à augmenter l'empressement du public. »

iii Cf. lettre à Grimm du 14 août.

iv Pas exactement ; Montmolin venait de publier dans sa Réfutation de la lettre à m*** relative à m. Rousseau, 1765, une lettre du 25 septembre 1762 ; il y disait que Rousseau lui avait dit qu'un des objets qu'il avait eus dans Émile était de « s'élever non pas précisément directement, mais pourtant assez clairement contre l'ouvrage infernal De l'esprit qui ... prétend que sentir et juger sont une seule et même chose, ce qui est évidemment établir le matérialisme », et de « foudroyer plusieurs de nos nouveaux philosophes qui ... sapent par les fondements et la religion naturelle et la religion révélée. »

v Dans l'article de l'Encyclopédie ; cf. lettres du 31 décembre et du 25 mars à Damilaville.

vi Cf. lettre du 13 novembre 1756 à d'Alembert sur cet article de Desmahis.

vii Allusion à un reproche de d'Alembert ; cf. lettre du 7 mars 1764 à Mme du Deffand.

viii V* veut parler de Choiseul que d'Alembert lui a déclaré ne pouvoir « ni aimer ni estimer » dans une lettre du 13 août.

ix = Miser gros.

il faut montrer la vérité avec hardiesse à la postérité, et avec circonspection à ses contemporains.

Une vérité qui peut faire mal à entendre, de nos banlieues  (je mets à part le ton et la musique stéréotypés ! c'est du rap ! que Lekain et Rameau leur pardonnent ...) :

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Vérité grecque ?

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 Encore plus loin, toujours vérité, sans frontière , black ! comme on dit :

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La fameuse "heure de vérité" :

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Vous décrochez ? Bon, alors ... Cool :Tu veux la vérité : http://www.deezer.com/listen-2689732

Celle-ci est assez en accord avec la définition de Volti de ce jour, je vous la recommande : http://www.deezer.com/listen-606456

 

 

 « A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

A Berlin 28 août [1751]

 

Mon cher et respectable ami, milord Maréchal qui est une espèce d'ancien Romain, apporte Rome à Mme Denis . Cicéron ne se doutait pas qu'un jour un Écossais apporterait de Prusse à Paris ses Catilinaires en vers français. C'est d'ailleurs une assez bonne épigramme contre le roi George, que deux braves rebelles de chez lui, ambassadeurs en France et en Prusse [i]. Il est vrai que milord Maréchal a plus l'air d'un philosophe que d'un conjuré, cependant il a été conjuré. C'est peut-être en cette qualité qu'il m'a paru assez content de Rome sauvée, quand j'ai eu l'honneur de jouer Cicéron. Enfin il apporte la pièce, et Nonnius est le père d'Aurélie, ce qui est beaucoup mieux, parce que Nonnius est fort connu pour avoir été tué.

 

Si j'avais reçu votre lettre plus tôt, j'aurais glissé quatre vers à Catilina pour accuser ce Nonnius d'être un perfide qui trompait Cicéron.

 

Je vous jure que la scène est toujours dans le temple de Tellus, et que Caton au 5è acte dit au reste des sénateurs qui sont là, qu'il a marché avec Cicéron et l'autre partie du sénat. S'il faut encore des coups de rabot, ne m'épargnez pas. Mais milord Maréchal peut vous dire qu'il m'est impossible de partir de quelques mois, car non seulement j'ai encore quelque petite besogne littéraire avec mon roi philosophe [ii], mais j'ai un Siècle sur les bras. Je suis dans les angoisses de l'impression,[iii] et de la crainte. Je tremble toujours d'avoir dit trop ou trop peu, il faut montrer la vérité avec hardiesse à la postérité, et avec circonspection à ses contemporains. Il est bien difficile de réunir ces deux devoirs. Je vous enverrai l'ouvrage. Je vous prierai de le montrer à M. de Malesherbes et je ferai tant de cartons que l'on voudra. M. le maréchal de Richelieu doit un peu s'intéresser à l'histoire de ce siècle ; lui et M. le maréchal de Belle-Isle sont les deux seuls hommes vivants dont je parle. Mais en même temps il doit sentir l'impossibilité physique où je suis de venir faire un tour en France avant que ce Siècle soit imprimé, corrigé, et bien reçu. Figurez-vous ce que c'est que de faire imprimer à la fois son Siècle, et une nouvelle édition de ses pauvres œuvres,[iv] de se tuer du soir à matin, à tâcher de plaire à ce public ingrat, de courir après toutes ses fautes et de travailler à droite et à gauche. Je n'ai jamais été si occupé. Laissez-moi bâtir ces deux maisons avant que je parte . Les abandonner ce serait les jeter par terre. Mon cher ange, représentez vivement à M. le maréchal de Richelieu la nécessité indispensable où je me trouve de toutes façons, de rester encore quelques mois où je suis . Ma santé va mal, mais elle n'a jamais été bien. Je suis étonné de vivre. Il me semble que je vis de l'espérance de vous revoir. Je viens de lire Zarès.[v] L'imprimera-t-on au Louvre ? Adieu, mille tendres respects à tous les anges.

 

 

Vraiment j'oubliais le bon, et j'allais fermer ma lettre sans vous parler de ce prophète de La Mecque, pour lequel je vous remercie d'aussi bon cœur que j'ai remercié le pape. Nous verrons si je séduirai le parterre comme la cour de Rome [vi]. Il y a un malheur à ce Mahomet, c'est qu'il finit par une pantalonnade. Mais Lekain dit si bien : il est donc des remords.[vii]

A propos de remords j'en ai bien d'être si loin de vous et si longtemps. Mais je ne peux plus faire de tragédies. Vous ne m'aimerez plus.

 

V. »


iLe comte Marischal, écossais d'origine, dit milord Maréchal, ambassadeur extraordinaire du roi de Prusse en France et milord Tyrconnel, Irlandais , ambassadeur de France en Prusse.

ii V* doit encore aider à corriger ses œuvres, peut-être le mystérieux et satyrique Palladion que Frédéric corrige encore début 1752 ?

iii Il fait imprimer à Berlin Le Siècle de Louis XIV.

iv Chez Walther à Dresde ; cf. lettre du 24 août à Walther.

vDe Palissot de Montenoy, créé le 3 juin 1751 ; Zarès deviendra Sardanapale, puis Ninus second.

vi Mahomet sera repris le 30 septembre. V* a fait circuler en 1745 une lettre où le pape disait qu'il avait pris plaisir à la lecture de Mahomet ; ce texte dont l'exactitude fut contestée ne sera pas démenti par le pape. Cf. lettre à d'Argenson du 16 juin 1745 et d'Argental du 9 octobre 1745.

vii Mahomet.