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20/07/2010

dans un chariot détesté Par Satan sans doute inventé, Dans ce pesant climat belgique.


http://www.dailymotion.com/video/x66u4_francis-cabrel-encore-et-encore_music


"...Dans ce pesant climat belgique..." : météorologiquement parlant selon Voltaire, politiquement parlant selon notre XXIème siècle .


http://www.youtube.com/watch?v=8zAuUjvbFQI&feature=re...

"Je leur avais appris le partage..."dit Cabrel-Dieu : mais partager la Belgique, c'est comme partager une cacahuète pour dix personnes ! Mais, bon , enfin  , ça les occupe un moment et pendant ce temps la France les amuse avec ses ministres et hommes politiques dont la conduite , si elle était contrôlée comme sur la route, mériterait un sévère retrait de points, et pour certains le retrait du permis de berner le peuple !

Mais, je rêve, nous sommes en France, "peuple léger et frivole" comme disait Volti, pays des "Welches", donc sauf révolution, rien ne bougera ...

 




 

« A Frédéric II

A La Haye ce 20 juillet à neuf heures du soir 1740



Tandis que Votre Majesté

Allait en poste au pôle arctique,

[au moins jusqu'à Koenigsberg]

Pour faire la félicité

De son peuple lituanique,

Ma très chétive infirmité

Allait d'un air mélancolique, dans un chariot détesté

Par Satan sans doute inventé,

Dans ce pesant climat belgique.

Cette voiture est spécifique

Pour trémousser et secouer

Un bourgmestre apoplectique ;

Mais certes il fut fait pour rouer

Un petit Français très éthique,

Tel que je suis sans me louer.



J'arrivai donc hier à La Haye après avoir eu bien de la peine à obtenir mon congé.[de Mme du Châtelet]



Mais le devoir parlait, il faut suivre ses lois.

Je vous immolerais ma vie.

Et ce n'est que pour vous digne exemple des rois

Que je peux quitter Émilie.



Vos ordres me semblaient positifs, la bonté tendre et touchante avec laquelle Votre Humanité me les a donnés, me les rendait encore plus sacrés. Je n'ai donc pas perdu un moment. J'ai pleuré de voyager sans être à votre suite, mais je me suis consolé puisque je faisais quelque chose que Votre majesté souhaitait que je fisse en Hollande.



Un peuple libre et mercenaire,

Végétant dans ce coin de terre

Et vivant toujours en bateau,

Vend aux voyageurs l'air et l'eau,

Quoique tous deux n'y valent guère ;

Là plus d'un fripon de libraire

Débite ce qu'il n'entend pas

Comme fait un prêcheur en chaire ;

Vend de l'esprit de tous états

Et fait passer en Germanie

Une cargaison de romans

Et d'insipides sentiments,

Que toujours la France a fournie.



La première chose que je fis hier en arrivant fut d'aller chez le plus retors et le plus hardi libraire du pays,[Van Duren, chargé d'imprimer l'Anti-Machiavel] qui s'était chargé de la chose en question. Je répète encore à Votre majesté que je n'avais pas laissé dans le manuscrit un mot dont personne en Europe pût se plaindre [#]. Mais malgré cela, puisque Votre Majesté avait à cœur de retirer l'édition [à sa lettre du 25 juin, Frédéric ajouta ce post-scriptum : « Pour Dieu, achetez toute l'édition de l'Anti-Machiavel. »], je n'avais plus ni d'autre volonté ni d'autre désir. J'avais déjà fait sonder ce hardi fourbe nommé Jean Vanduren, et j'avais envoyé en poste un homme qui par provision devait au moins retirer sous des prétextes plausibles quelques feuilles du manuscrit, lequel n'était pas à moitié imprimé : car je savais bien que mon Hollandais n'entendrait à aucune proposition. En effet je suis venu à temps , le scélérat avait déjà refusé de rendre une page du manuscrit. Je l'envoyai chercher, je le sondai, je le tournai dans tous les sens. Il me fit entendre que maître du manuscrit il ne s'en dessaisirait jamais pour quelque avantage que ce pût être, qu'il avait commencé l'impression, qu'il la finirait.



Quand je vis que j'avais affaire à un Hollandais qui abusait de la liberté de son pays, et à un libraire qui poussait à l'excès son droit de persécuter les auteurs, ne pouvant ici confier mon secret à personne, ni implorer le secours de l'autorité, je me souvins que Votre Majesté dit dans un des chapitres de l'Anti-Machiavel qu'il est permis d'employer quelque honnête finesse en fait de négociations. Je dis donc à Jean Vanduren que je ne venais que pour corriger quelques pages du manuscrit. Très volontiers, Monsieur, me dit-il, si vous voulez venir chez moi, je vous le confierai généreusement feuille à feuille, vous corrigerez ce qui vous plaira enfermé dans ma chambre en présence de ma famille et de mes garçons. J'acceptai son offre cordiale ; j'allai chez lui, et je corrigeai en effet quelques feuilles qu'il reprenait à mesure, et qu'il lisait pour voir si je ne le trompais point. Lui ayant inspiré par là un peu moins de défiance, j'ai retourné aujourd'hui dans la même prison où il m'a enfermé de même et ayant obtenu six chapitres à la fois pour les confronter je les ai raturés de façon et j'ai écrit dans les interlignes de si horribles galimatias, et des coq-à-l'âne si ridicules que cela ne ressemble plus à un ouvrage. Cela s'appelle faire sauter son vaisseau en l'air pour n'être point pris par l 'ennemi. J'étais au désespoir de sacrifier un si bel ouvrage, mais enfin j'obéissais au roi que j'idolâtre, et je vous réponds que j'y allais de bon cœur.



Qui est étonné à présent et confondu ? C'est mon vilain. J'espère demain faire avec lui un marché honnête, et le forcer à me rendre le tout, manuscrit et imprimé et je continuerai de rendre compte à Votre Majesté. »


#Un envoyé de Frédéric, Camas, avait dit à V* « qu'il y a un ou deux endroits qui déplairaient à certaines puissances » (lettre à Frédéric du 5 juillet). On peut penser que c'est un passage du chapitre cinq où il était question de la folie des conquérants et celui du chapitre 10 où est critiquée la vanité ruineuse des petits princes allemands.

19/07/2010

Le sang pétille dans mes vieilles veines en vous parlant de lui

Il ne s'agit pas ici de mes propres veines qui n'ont qu'une vieillesse future !

Quand à l'age de mes artères, je reste discret sur cette part de mon histoire anatomique .

Mon souhait est de garder un esprit ouvert et pétillant comme celui de Volti.

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental


 

19è juillet 1776


 

Mon cher ange, j'apprends que Mme de Saint Julien arrive dans mon désert avec Lekain [cf. lettre du 24 juin]. Si la chose est vraie, j'en suis tout étonné et tout joyeux. Mais il faut que je vous dise combien je suis fâché pour l'honneur du tripot contre un nommé Tourneur [Pierre-Prime-Félicien Le Tourneur], qu'on dit secrétaire de la Librairie [le 6 cotobre, Condorcet lui apprendra que Le Tourneur n'est plus secrétaire de la Librairie et eszt devenu le bibliothécaire du comte de Provence], et qui ne me paraît pas le secrétaire du bon goût. Auriez-vous lu deux volumes de ce misérable [Shakespeare traduit de l'anglais, 1776-1782], dans lesquels il veut nous faire regarder Shakespear comme le seul modèle de la véritable tragédie ? Il l'appelle : le dieu du théâtre . Il sacrifie tous les Français, sans exception à son idole, comme on sacrifiait autrefois des cochons à Cérès. Il ne daigne pas même nommer Corneille et Racine ; ces deux grands hommes sont seulement enveloppés dans la proscription générale, sans que leurs noms soient prononcés. Il y a déjà deux tomes imprimés de ce Shakespear, qu'on prendrait pour des pièces de la Foire faites il y a deux cents ans.


 

Ce maraud a trouvé le secret de faire engager le roi, la reine, et toute la famille royale à souscrire à son ouvrage.


 

Avez-vous lu son abominable grimoire dont il aura encore cinq volumes [il y en aura vingt]? Avez-vous une haine assez vigoureuse contre cet impudent imbécile ? Souffrirez-vous l'affront qu'il fait à la France ? Vous, et M. de Thibouville , vous êtes trop doux . Il n'y a point en France assez de camouflets , assez de bonnets d'âne, assez de piloris pour un pareil faquin. Le sang pétille dans mes vieilles veines en vous parlant de lui . S'il ne vous a pas mis en colère, je vous tiens pour un homme impassible. Ce qu'il y a d'affreux, c'est que le monstre a un parti en France ; et pour comble de calamité et d'horreur, c'est moi qui autrefois parlai le premier de ce Shakespear [dans la 18ème Lettre philosophique], c'est moi qui le premier montrai aux Français quelques perles que j'avais trouvées dans son énorme fumier. Je ne m'attendais pas que je servirais un jour à fouler aux pieds les couronnes de Racine et de Corneille pour orner le front d'un histrion barbare.


 

Tâchez, je vous en prie, d'être aussi en colère que moi,sans quoi je me sens capable de faire un mauvais coup.


 

Je reviens à Lekain. On dit qu'il jouera six pièces pour les Genevois ou pour moi. J'aimerais mieux qu'il eût joué Olympie à Paris [D'Argental répondra le 24 juillet qu'il « n'a pas tenu à Lekain qu'on remit Olympie », qu'il « l'avait demandé » et qu'on en était convenu »] ; mais il n'aime point à figurer dans un rôle lorsqu'il n'écrase pas tous les autres.


 

Je ne sais si M. de Richelieu fait paraître le précis de son procès qui sera son dernier mot [Contre Mme de Saint Vincent qui a fait des faux billets au nom de Richelieu, et réclame le remboursement d'une énorme somme ; elle a été libérée par la cour des pairs qui a ordonné un nouvel examen du dossier; cf. lettres du 5 avril à d'Argental, 5 septembre et 24 novembre 1774]. Il m'avait promis de me l'envoyer. Je ne lui ai point assez dit combien il est important pour lui de ne point ennuyer son monde. Il avait choisi un avocat qu'il croyait fort grave, et qui n'était que pesant. Il y a beaucoup de ces messieurs qui font de grands factums, mais il n'y en a point qui sache écrire.


 

Quand à mon ami M. le cocher Gilbert, je souhaite qu'il aille au carcan à bride abattue [il est alors accusé de vol et de faux, lui qui avait témoigné contre Morangiès].


 

Si vous voulez, mon cher ange, me guérir de ma mauvaise humeur, daignez m'écrire un petit mot. »

Ce pauvre diable traine une vie misérable et le pape est souverain avec quinze millions de revenu. Voilà comme va le monde.

http://www.voltaire-integral.com/VOLTAIRE/Catechi.htm#Not...


http://www.dailymotion.com/video/x7pehf_syd-barrett-pink-...

Let's go !

Que ceux qui ont eu les oreilles écorchées (par les Pink F .) se disent que c'est moins douloureux que les injustices de la vie .

Bon ! il ne manquerait plus que je devienne philosophe  !

 



 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha


19 juillet [1763]


Madame,


On n'est pas si raisonnable à Genève que l'est Votre Altesse Sérénissime. Il y a beaucoup de philosophes à la vérité qui ont un profond mépris pour les infâmes superstitions que le vicaire savoyard semble avoir détruites dans l'Emile de ce pauvre Rousseau. L'article de ce vicaire vaut mieux sans doute que tout le reste du livre. Il est goûté des grands et des petits, et cependant il est anathématisé par le Conseil qui est un peu l'esclave des prêtres. [L'Emile a été condamné le 19 juin 1762 par le Petit Conseil de Genève].Tout est contradiction dans ce monde, ce n'en est pas une petite de condamner ce qu'on estime, et ce qu'on croit dans le fond de son cœur. Deux cents citoyens ont réclamé contre l'arrêt du Petit Conseil de Genève,[#] mais bien moins par amitié pour Jean-Jacques que par haine contre les magistrats. Leur requête n'a rien produit et Jean-Jacques ayant renoncé à son beau titre de citoyen [il a abdiqué son droit de bourgeoisie le 12 mai 1763] n'a plus de titre que celui de Diogène. Il va transporter son tonneau en Écosse avec milord Maréchal [Écossais devenu gouverneur du territoire de Neuchâtel qui dépendait du roi de Prusse. La duchesse, le 9 juillet a écrit que milord Maréchal fait de Rousseau « son idole »]. Ce pauvre diable traine une vie misérable et le pape est souverain avec quinze millions de revenu. Voilà comme va le monde.


Nous autres français, nous chassons les jésuites mais nous restons en proie aux convulsionnaires. Je ne connais que les princes protestants qui se conduisent raisonnablement. Ils tiennent les prêtres à la place où ils doivent être, et ils vivent tranquilles (quand la rage de la guerre ne s'en mêle pas).


Madame, j'ai l'honneur de vous envoyer un petit catéchisme qui m'a paru assez raisonnable [Catéchisme de l'honnête homme ou dialogue entre un caloyer et un homme de bien, de V* qui se conclut ainsi : « (je sers Dieu) selon ma conscience. Elle me dit de le craindre, d'aimer les caloyers, les derviches, les bonzes et les talapoins, et de regarder tous les hommes comme mes frères. »].


Agréez mon profond respect.


v. »

#Il y eut plusieurs protestations en faveur de Rousseau, ce qui est enregistré dans les registres du Conseil, les 18 juin, 8 et 20 août. Les protestataires posent le problème général du droit de Représentation et des attributions du Conseil général.

Ces avantages avec beaucoup d'argent comptant ont tenté un cœur ambitieux

http://www.dailymotion.com/video/x27ld9_pink-floyd-money_...

 

"Ces avantages avec beaucoup d'argent comptant ont tenté un cœur ambitieux..." : décidément, cette constatation de Voltaire reste d'actualité, seule est variable l'identité de celui ou celle qui en est l'objet, président de la république, ministre, député, sénateur, votre patron,etc. ...

argent-comptant.jpg

 

 

Oublions ce monde de Money-money ... pour un monde où je suis très bon public .

Magique !

http://www.youtube.com/watch_popup?v=hwVy_2eOfsE#t=78

Merci a l'ami qui m'a transmis ce lien !

Bonne manière pour commencer une journée que de regarder des exploits pacifiques!

http://www.youtube.com/watch_popup?v=hwVy_2eOfsE#t=78

Jaunes qui étonnent ....

 

Parcours particulier d'un médecin du XVIIIème :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Anne_La_Virotte


 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

Aux Délices 19 juillet [1757]



Mon héros, c'est à vous de juger des engins meurtriers [projet de char d'assaut, auquel il tient « plus qu'à Zulime » ; cf. lettres à Mme de Fontaine 3 avril et Florian 15 mai], et ce n'est pas à moi d'en parler. Je n'avais proposé ma petite drôlerie que pour les endroits où la cavalerie peut avoir les coudées franches ; et j'imagine que partout où un escadron peut aller de front, de petits chars peuvent aller aussi, mais puisque le vainqueur de Mahon renvoie ma machine aux anciens rois d'Assyrie, il n'y a qu'à la mettre avec la colonne de Folard [le chevalier Jean-Charles de Folard a proposé de remplacer la ligne de bataille par des masses de troupes en colonnes profondes] dans les archives de Babylone. J'allais partir, Monseigneur, j'allais voir mon héros ; et je m'arrangeais avec votre médecin La Virotte, que vous avez très bien choisi autant pour vous amuser que pour vous médicamenter dans l'occasion. Mme Denis tombe malade, et même assez dangereusement. Il n'y a pas moyen de laisser toute seule une femme qui n'a que moi au pied des Alpes, pour un héros qui a trente mille hommes de bonne compagnie auprès de lui. Je suis homme à vous aller trouver en Saxe [par le passé, V* est déjà allé voir Richelieu aux armées : au camp de Philipsbourg en 1734, Richelieu va remplacer le maréchal d'Estrée (qui sera victorieux à Hastembeck le 28 juillet) en Hanovre à la tête de l'armée du Rhin qui doit forcer les Anglais à faire la paix, puis faire la jonction avec l'armée française de l'Est]; car j'imagine que vous allez dans ces quartiers-là. Faites, je vous en prie le moins de mal que vous pourrez à ma très adorée Mme la duchesse de Gotha, si votre armée dîne sur son territoire. Si vous passiez par Francfort, Mme Denis vous supplierait très instamment d'avoir la bonté de lui faire envoyer les quatre oreilles de deux coquins, l'un nommé Freitag, résident sans gages du roi de Prusse à Francfort et qui n'a jamais eu d'autres gages que ce qu'il nous a volé ; l'autre est un fripon de marchand, conseiller du roi de Prusse. Tous deux eurent l'impudence d'arrêter la veuve d'un officier du roi voyageant avec un passeport du roi ; ces deux scélérats lui firent mettre des baïonnettes dans le ventre ou sur le ventre, et fouillèrent dans ses poches [cf lettres du 20 juin et 8 juillet 1753]. Quatre oreilles en vérité ne sont pas trop pour leurs mérites.



Je crois que le roi de Prusse se défendra jusqu'à la dernière extrémité [#]. Je souhaite que que vous le preniez prisonnier, et je le souhaite pour vous et pour lui, pour son bien et pour le vôtre. Son grand défaut est de n'avoir jamais rendu justice ni aux rois qui peuvent l'accabler, ni aux généraux qui peuvent le battre. Il regardait tous les Français comme des marquis de comédie, et se donnait le ridicule de les mépriser, en se donnant celui de les copier. Il a cru avoir formé une cavalerie invincible que son père avait négligée, et avoir perfectionné encore l'infanterie de son père, disciplinée pendant trente ans par le prince d'Anhalt. Ces avantages avec beaucoup d'argent comptant ont tenté un cœur ambitieux et il a pensé que son alliance avec le roi d'Angleterre le mettait au dessus de tout. Souvenez-vous que quand il fit son traité et qu'il se moqua de la France [##] vous n'étiez point parti pour Mahon. Les Français se laissaient prendre tous leurs vaisseaux, et le gouvernement semblait se borner à la plainte. Il crut la France incapable même de ressentiment ; et je vous réponds qu'il a été bien étonné quand vous avez pris Minorque [prise de Port-Mahon le 28 juin 1756 ; cf. lettre du 14 juin 1756]. Il faut à présent qu'il avoue qu'il s'est trompé sur bien des choses. S'il succombe, il est également capable de se tuer, et de vivre en philosophe. Mais je vous assure qu'il disputera le terrain jusqu'au dernier moment. Pardonnez-moi, Monseigneur, ce long verbiage, plaignez-moi de n'être pas auprès de vous. Mme Denis qui est à son troisième accès d'une fièvre violente vous renouvelle ses sentiments. Comptez que nos deux cœurs vous appartiennent.



Voltaire. »


#Frédéric a été battu à Kolin le 18 juin et a évacué la Bohème ; il est menacé par les Français de l'armée du Rhin et d'autre part par les Français de l'armée de l'Est et les Autrichiens, par les Russes, et par les Suédois alliés officiellement aux Français et aux Autrichiens depuis le 21 mars.


## Allusion au traité avec l'Angleterre ennemie de la France, ratifié le 16 janvier 1756 à Londres et le 16 février en Prusse.

18/07/2010

Il est juste que l'admiration des étrangers se signale dans ce temps de merveilles.

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« A Marie-Thérèse Geoffrin

rue Saint-Honoré à Paris.


 

18 juillet [1760]


 

 

Oui, Madame, c'est Alexis Kouranskoy qui a eu l'honneur de vous envoyer les dernières volontés de son cousin Alétof.[de V* :Le Russe à Paris, Petit poème en vers alexandrins composé à Paris au mois de mai 1760, par M. Ivan Alethof ; cf. lettre du 30 juin . Vorontsov en accusât réception : « Je viens de recevoir de M. Alethof, cousin de M. Kouranskoy, le discours dont M. Kouranskoy l'avait fait dépositaire. »]. Ce Russe a su de vos nouvelles, Madame ; M. de Marmontel lui en avait beaucoup parlé dans son dernier voyage en Orient, au pays des lacs et des montagnes [il est venu aux Délices de fin mai à fin juin 1760]. Alexis Kouranskoy était instruit de plusieurs merveilles de votre bonne ville de Paris ; il savait ce qui s'était passé sur les tréteaux au faubourg qu'on appelle Saint-Germain, à une certaine représentation d'une comédie gaie, tendre, touchante, et tout à fait honorable pour la France [de Palissot : Les Philosophes ; D'Alembert écrit le 6 mai que 450 billets ont été donnés à la claque pour la première représentation]. Il avait été très édifié de l'honneur que M. Lefranc de Pompignan avait fait à sa patrie dans sa harangue à l'Académie. Il savait positivement que le roi avait été enchanté du Mémoire de Lefranc de Pompignan [fait en réponse aux Quand de V*, qui répondait à l'agressif Discours de réception à l'Académie de Pompignan ; Mémoire présenté au roi le 11 mai 1760, à la suite de quoi il battit en retraite et se réfugia dans son château] ; qu'il se le fait lire tous les jours à son souper, et qu'il regarde actuellement Montauban comme la première ville de son royaume, puisqu'elle a produit Lefranc de Pompignan.


 

Alexis Kouranskoy a vu avec un extrême plaisir une ou deux pages d'un nommé Fréron [dans l'Année littéraire], et il ne sait si ce Fréron n'est pas pour le moins un aussi grand homme que Pompignan, mais l'un et l'autre mis ensemble ne pourront jamais égaler Ramponeau [cabaretier très populaire qu'un entrepreneur de spectacles, Gaudon, en 1760, voulut montrer sur son théâtre, conclut un marché avec lui, mais Ramponeau n'honora pas son contrat ; Élie de Beaumont, avocat, fit un Mémoire contre Ramponeau ; le procès qui n'eut jamais lieu donna lieu à de nombreuses facéties ; en juin 1760, V* écrit Plaidoyer de Ramponeau] . Il est juste que l'admiration des étrangers se signale dans ce temps de merveilles. M. Alétof, en mourant recommanda très expressément à son cousin d'envoyer un exemplaire à Madame de Geoffrin, attendu qu'elle doit être pénétrée de respect et de reconnaissance pour l'auteur de la charmante comédie qui a fait courir tout Paris [Les Philosophes de Palissot, jouée le 2 mai 1760 pour la première fois].


 

On la soupçonne d'être en effet, comme elle le dit, dans un coin de sa chambre quand tant de gens sortent de chez eux pour aller admirer tant de merveilles. Les sages restent dans leurs coins tandis que les autres jouissent en public de leur beau triomphe.


 

Madame de Geoffrin est très humblement suppliée de vouloir bien demander à Marmontel des nouvelles de la goutte qu'il a à la main droite. Mme Denis s'attendait à une petite lettre d'honnêteté de ce voyageur [suite à sa venue aux Délices]; il avait promis d'écrire des nouvelles de tout ce qu'il y a de bon et d'excellent dans Paris ; apparemment que chat échaudé craint l'eau froide [Marmontel a été embastillé fin décembre 1759 et a perdu sa place au Mercure . Thiriot le 30 juillet écrit qu'une lettre de Marmontel dit avoir écrite à V* a fait décacheter toutes les lettres de V* et de ses amis et a fait refuser le contreseing des fermiers généraux]; mais encore faut-il être avec ses amis , quand on n'ose pas être bavard.


 

Alexis se met aux pieds de Madame de Geoffrin. »

17/07/2010

Arlequins anthropophages, je ne veux plus entendre parler de vous... Je ne veux pas respirer le même air que vous.

http://news.fr.msn.com/m6-actualite/article.aspx?cp-docum...


"...un pays où l'on commet de sang-froid et en allant dîner des barbaries qui feraient frémir des sauvages ivres."

Un pays où l'on commet, toute réflexion faite et en ayant suivi une cérémonie de prière, des actes d'agression qui font frémir ...

Ce pays qui en certains lieux, qui s'étendent très vite, devient un pays de non droit, limite république bananière où c'est la pègre qui fait sa loi .

Je fais allusion ici à cette invraisemblable violence grenobloise.

Mon cher imam, ta prière pour ce regretté mais non regrettable délinquant à qui il n'a manqué que d'être assassin, ta prière, dis-je, soit est tombée dans l'oreille de sourds, soit a mis de l'huile sur le feu . Tu ne pouvais ignorer que ces jeunes salauds (je ne crains pas d'utiliser ce terme ! ) avaient promis de se venger !

Venger quoi ? Venger qui ?

Un hors-la-loi ?

Et bien s'ils sont de son bord qu'ils en subissent les conséquences !

Voltaire vous aurais haï !

Et moi, je vous traite de bestiaux imbéciles et dangereux !

Basta !!

Je ne veux plus que vous respiriez le même air que moi !

http://www.deezer.com/listen-2150174

 




 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental



Aux eaux de Rolle en Suisse par Genève 16è juillet 1766



Je me jette à votre nez, à vos pieds, à vos ailes, mes divins anges. Je vous demande en grâce de m'apprendre s'il n'y a rien de nouveau . Je vous supplie de me faire avoir la Consultation des avocats [affaire de La Barre]; c'est un monument de générosité, de fermeté et de sagesse dont j'ai d'ailleurs un très grand besoin. Si vous n'en avez qu'un exemplaire et que vous ne vouliez pas le perdre, je le ferai transcrire, et je vous le renverrai bientôt.



L'atrocité de cette aventure me saisit d'horreur et de colère . Je me repens bien de m'être ruiné à bâtir et à faire du bien dans la lisière d'un pays où l'on commet de sang-froid et en allant dîner des barbaries qui feraient frémir des sauvages ivres. Et c'est là ce peuple si doux, si léger, si gai ! Arlequins anthropophages, je ne veux plus entendre parler de vous. Courez du bûcher au bal, de la Grève à l'opéra-comique, rouez Calas, pendez Sirven, brûlez cinq pauvres jeunes gens qu'il fallait, comme disent mes anges, mettre six mois à Saint-Lazare[#]. Je ne veux pas respirer le même air que vous.



Mes anges, je vous conjure encore une fois de me dire tout ce que vous savez. L'Inquisition est fade en comparaison de vos jansénistes de Grand-Chambre et de Tournelle [chambre du parlement de Paris chargée des affaires criminelles]. Il n'y a que le diable qui soit capable de brûler les hommes en dépit de la loi. Quoi ! le caprice de cinq vieux fous [cinq juges qui firent la majorité pour la condamnation à mort : « Il y avait vingt-cinq juges, quinze opinèrent la mort et dix à une correction légère. »] suffira pour infliger des supplices qui auraient fait trembler Busisris ![roi légendaire d'Égypte qui faisait périr tous les étrangers qui entraient sur ses États] Je m'arrête , car j'en dirais bien davantage. C'est trop parler de démons, je ne veux qu 'aimer mes anges. »

 


#Dans une prétendue lettre datée du 7 juillet 1766, V* relate ce qu'il sait de l'affaire : « Un … lieutenant de l'Élection , … nommé Belleval, vivait avec la plus grande intimité avec l'abbesse de Vignancour, lorsque deux jeunes gentilshommes, parents de l'abbesse , … arrivèrent à Abbeville. L'abbesse …, trouvant … le plus jeune préférable à monsieur l'élu, … congédia celui-ci … Belleval , jaloux et chassé , résolut de se venger ; il savait que le chevalier de La Barre avait commis de grandes indécences quatre mois auparavant avec quelques jeunes gens de son age. L'un d'eux … avait donné en passant un coup d baguette sur un poteau auquel était attaché un crucifix … il sut que ces jeunes gens avaient chanté des chansons impies … on reprochait au chevalier de La barre d'avoir passé à trente pas d'une procession qui portait le Saint-Sacrement, et de n'avoir pas ôte son chapeau ...Belleval alla chez tous les témoins, il les menaça …; il força le juge d'Abbeville à le faire assigner lui-même en témoignage . Il ne se contenta pas de grossir les objets ... » Les cinq jeunes gens sont de La Barre, Gaillard d'Etallonde, Moinel, Douville de Maillefeu, Dumaisniel de Saveuse.

16/07/2010

Je présume qu'on ne [se] soucie point du tout à la cour d'humilier ...

http://www.deezer.com/listen-1332290

http://www.deezer.com/listen-1332265

http://www.deezer.com/listen-1332334

 

 

http://books.google.fr/books?id=qTgWAAAAYAAJ&pg=PA63&...

 

http://www.theatrales.uqam.ca/foires/cal/cal1764.html

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental



Voici , mes anges, la lettre du conjuré de Turin [Chauvelin , ambassadeur à Turin, intéressé par le Triumvirat] qui m'est venue après le récit que vous m'avez fait de notre défaite [joué le 5 juillet sans succès Octave ou Le Triumvirat, fut retiré après cinq représentations et non repris]. Je suis persuadé que M. de Chauvelin vous a écrit dans le même goût. Les conjurés en agissent rondement les uns avec les autres . Il me paraît bien difficile que mes anges, M. le duc de Praslin, M. de Chauvelin, maman [Mme Denis que Mlle F. Corneille appelait « maman »] et moi (qui sommes assez difficiles) nous nous soyons tous si grossièrement trompés. Mon avis serait qu'au voyage de Fontainebleau , M. de Praslin ourdît sous main une petite brigue pour faire jouer les Roués . Je présume qu'on ne [se] soucie point du tout à la cour d'humilier Poinsinet de Sivry [à qui on a attribué la pièce ; le 12 juillet V* écrit : « ...hasardez deux ou trois représentations, car ce pauvre Poinsinet ayant protesté que le délit n'a pas été commis par lui, il se pourra que le public soit moins barbare. »], et que le ton de la pièce ne déplairait pas à beaucoup d'honnêtes gens qui sont plus familiarisés que le parterre avec l'histoire romaine.



Amusez-vous, je vous en prie, à me dire ce qui le plus révolté ce cher parterre dans l'œuvre de Poinsinet de Sivry. Comment se porte Madame l'ange ?



Respect et tendresse.



16é juillet [1764]. »