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19/08/2010

les deux seuls exemplaires qui me restent de la Lettre à la noblesse du Gévaudan




 

 

« A Joseph Vasselier


19è auguste 1773, à Ferney


Je vous envoie, mon cher ami, les deux seuls exemplaires qui me restent de la Lettre à la noblesse du Gévaudan [1]. Je vous en enverrai d'autres dès que j'en aurai.


Je vous supplie de donner cours à ceux qui sont adressés aux gentilshommes qui ont écrit en faveur de M. de Morangiès. »

 

1 Lettre de Voltaire à Messieurs de la noblesse du Gévaudan, qui ont écrit en faveur de M. le comte de Morangiès , 10 août 1773.

http://books.google.be/books?id=bqMGAAAAQAAJ&pg=PA263...

 

Si l'on peut fermer les écoles de théologie, et établir à leur place des écoles de morale, tout ira bien.

Si l'on pouvait cesser de gonfler la tête du vulgum pecus de croyances religieuses aberrantes et surtout de pratiques dogmatiques invraisemblables et ridicules, pour simplement éduquer à la morale, ce serait un progrès supérieur à celui d'être capable d'aller sur Mars .

Toujours est-il que l'on profite encore de cette période du ramadan pour trucider l'ennemi sunnite ou chiite pour la plus grande gloire d'Allah et son mal inspiré prophète (je dis mal inspiré, mais je ne parle pas de son sens des affaires et de son intérêt personnel ). Si tant est que l'on puisse croire aux dires de cet auto-proclamé porte-parole de Dieu ...

De nos jours, si vous flanquez un coup de pied dans un gros tas de billets de banque, pour un trader il en sort dix prophètes-évangélistes de tout crin-gourous (coucou!).

L'amoralité faisant très bon ménage avec la religiosité de façade .

 


 

 

 

 

« A Jacob Vernes


19è auguste 1768


Je vous renvoie, Monsieur le philosophe prêtre, les Remontrances du Gévaudan [i] que vous avez eu la bonté de me prêter ; votre ami Rustan est un peu brutal, c'est dommage, car il ne manque pas d'esprit. Il est vrai qu'il ne sait ni ce qu'il dit ni ce qu'il veut. L'âge le murira peut-être ; mais surtout il faut qu'il prenne des leçons de politesse soit de Jean-Jacques, soit de sa paroisse de Londres [ii].


Je n'ai point la Profession de foi dont vous parlez [iii] ; je me souviens de l'avoir vue. Je crois que vous la trouverez chez Chirol où je l'ai fait acheter.


Je crois avec vous que le temps des usurpations papales est passé, c'est-à-dire qu'on n'en fera pas de nouvelles ; mais une partie des anciennes durera encore longtemps. Le christianisme, dites-vous, est aboli chez tous les honnêtes gens ; oui, le christianisme de Constantin, le christianisme des Pères ; mais le christianisme de Jésus subsistera. Vous avez grande raison d'appeler Jésus le premier des théistes, car il ne connaissait qu'un seul Dieu, et comme vous avez fort bien dit, si on lui impute des sottises, ce n'est ni sa faute ni la vôtre.


Je vous remercie des sermons de Samuel Bourn sur la religion naturelle [iv]. Il n'y a pas un mot dans ces quatre volumes du christianisme d'aujourd'hui. La religion se décrasse tous les jours, le dogme est sifflé, et la vérité reste. Il s'est fait depuis quinze ans une étrange révolution dans l'esprit humain. Si l'on peut fermer les écoles de théologie, et établir à leur place des écoles de morale, tout ira bien.


Soyez toujours libre et heureux. »




 


iLes Remontrances du corps des pasteurs du Gévaudan à Antoine-Jean Rustan, 1768, sont une réponse de V* aux Lettres sur l'état présent du christianisme et la conduite des incrédules, de Roustan, 1768.

http://books.google.be/books?id=oFcVAAAAQAAJ&pg=PA112...

ii Roustan est ministre de l'Eglise suisse à Londres.

iii La Profession de foi des théistes, de V*.

iv A series of discourses , 1760, 1768.

 

18/08/2010

Mais si le gouvernement se mêle de cette affaire, il est juste que je me défende sans accuser personne.

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Pour commencer une journée tonique,

Et aller au grand air,

Aux ennuis faire la nique,

Prenez un grand bol de Gotainer .


... Volti m'a contaminé ! je rime !...

Mais je dois l'avouer, je ne résiste pas à ce fou chantant qui nous donne des tranches de vie hilarantes :

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Et pour préparer la rentrée, avec ou sans subvention :

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Au moins lui, il a déjà toutes ses fournitures !

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental


A Ferney 17è auguste 1774


Ceci devient sérieux, mon cher ange. Vous connaissez sans doute la Lettre d'un théologien à l'auteur du Dictionnaire des trois siècles [i] . C'est Hercule qui assomme à coups de massue un insecte, mais il frappe aussi sur toutes les têtes de l'hydre. On ne peut être ni plus éloquent ni plus maladroit. Cet ouvrage aussi dangereux qu'admirable [ii] armera sans doute tout le clergé. Il parait tout juste dans le temps que j'écris à monsieur le Chancelier pour l'affaire que vous savez [iii]. Pour comble de malheur on m'impute cet écrit funeste [iv] dans lequel il est question de moi presque à chaque page.


L'ouvrage est d'un homme qui a sans doute autant d'esprit que Pascal, et qui est aussi bon géomètre. Il dit que d'Alembert a résolu le premier d'une manière générale et satisfaisante le problème des cordes vibrantes, et qu'il a inventé le calcul des différences partielles.


Je n'ai jamais lu ces cordes vibrantes ni ces différences partielles de M. d'Alembert. Il y a près de quarante ans que vous m'avez fait renoncer à la sécheresse des mathématiques.


Il est donc impossible que je sois l'auteur de cet écrit [v]. J'aime les philosophes, je ne veux donc pas être leur bouc émissaire. Je ne veux ni de la gloire d'avoir fait la Lettre d'un théologien ni du châtiment qui la suivra.


J'admire seulement comme tous les évènements de ce monde s'enchainent, et comment un gueux comme Sabatier [vi], un misérable connu pour avoir volé ses maîtres, un polisson payé par les Pompignan, devient le sujet ou d'une persécution ou d'une révolution.


Je mets peut-être trop d'importance à cette aventure. Je peux me tromper et je le souhaite. Mais si le gouvernement se mêle de cette affaire, il est juste que je me défende sans accuser personne.


Je ne sais actuellement où vous êtes, mon cher ange. Mais si cette affaire fait autant de bruit qu'on le dit, si monsieur le Chancelier en est instruit, s'il vous en parle, songez, je vous en prie , que je n'ai nulle part à la Lettre du Théologien, que je me suis contenté de causer avec Pégase [vii] et qu'il y aurait une injustice affreuse à me rendre responsable des témérités respectables de gens qui valent beaucoup mieux que moi. Je suis affligé qu'on ait gâté une si bonne cause en la défendant avec tant d'esprit. Je vois la guerre déclarée et la philosophie battue. Mon innocence et ma douleur sont telles que je vous écris en droiture. Je vous demande en grâce de me répondre le plus tôt que vous pourrez.


J'attends avec impatience des nouvelles de la santé de madame d'Argental et de monsieur votre frère. »


iDe Condorcet.

ii Le même jour, à d'Alembert : « S'il n'y avait pas dans la Lettre d'un théologien à Sabatier une douzine de traits sanglants et terribles contre des gens puissants qui vont se venger, l'auteur de cette lettre, qui est assurément Pascal second du nom, serait le bienfaiteur de tous les honnêtes gens, mais voila une guerre affreuse déclarée. »

Le 20 août, à Condorcet : « Le minsistère peut se joindre au clergé, et rouver fort mauvais qu'on dise à la page 82 que c'est du peuple que les princes ont reçu leur autorité... »

iii La réhabilitation de d'Etallonde ; cf lettre du 12 août à Condorcet.

iv Le 25 septembre, à d'Argental : « L'abbé de Voisenon me mande que le maréchal de Richelieu s'amuse à lui prouver que je suis l'auteur de la Lettre du théologien. »

En effet on attribuait cette lettre à V*.

vIl l'écrivait la veille à Marin, si bien placé et qu'il a ménagé pour cette raison.

vi A propos de Sabatier, cf. lettres à d'Alembert des 1er janvier et 19 novembre 1773, à d'Argental le 30 avril 1774.

vii C'est à dire écrire le Dialogue de Pégase et du vieillard pour « démasquer dans les notes ... ce scélérat d'abbé Sabatier » ; cf. lettre du 30 avril 1774 à d'Argental.

 

 

Condorcet :

http://www.efm.bris.ac.uk/het/condorcet/new/Condorcet01.h...
Condorcet-NB.jpg

17/08/2010

Je compte dans cinq ou six jours au plus tard avoir un des plus grands plaisirs que j'aie sentis en ma vie

Ce titre reflète exactement ce que je ressens ce jour car la réalité va rejoindre la fiction, mon présent va rejoindre le passé voltairien . Dès à présent le soleil est commandé pour samedi, et pas seulement lui. Mam'zelle Wagnière, votre château vous accueille !

 

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Charlotte-Sophie, mais qui êtes-vous donc ?

Qu'allâtes vous faire aux Délices avec Volti ?

http://www.histoire-genealogie.com/spip.php?article1058

http://www.ph-ludwigsburg.de/html/2b-frnz-s-01/overmann/baf3/candide/autobiog.htm

 

 

Je ne jouerai pas les Cassandre, elle qui en a inspiré plus d'un , loin de la mythologie :

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« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

née comtesse d'Oldembourg,

à Lausanne



A Soleure 17 août [1758]

et ne part que samedi 19


Je vous trompais donc , Madame, comme vous m'avez trompé. J'aurai l'honneur de vous revoir plus tôt que je ne vous l'avais dit. Je passerai par Neuchâtel au lieu de passer par Berne, je verrai milord Maréchal [i] afin d'avoir des nouvelles de toutes façons à vous rapporter. Si vous avez eu la bonté de m'écrire à Soleure chez l'ambassadeur de France, la lettre ma sera rendue à Lausanne. Je compte dans cinq ou six jours au plus tard avoir un des plus grands plaisirs que j'aie sentis en ma vie, j'y ajouterai celui de vous gronder. Mon Dieu, Madame, que j'ai de choses à vous dire ! que notre roman est singulier ! nous reprendrons le fil de nos aventures depuis 1753 [ii]. Cela doit contenir un tome de Cassandre ou de Cyrus [iii]. Il est vrai que pour une héroïne vous n'êtes pas trop bien logée à Montriond avec vos écuyers. Mais vous savez que les princesses et les chevaliers errants avaient quelquefois de fort mauvais gîtes. Adieu Mandane, adieu Statira [iv]. Je n'ai pas l'honneur d'être votre écuyer mais je vous suis attaché avec tous les sentiments respectueux des chevalliers du temps passé.




Point du tout, je ne passerai point par Neuchâtel, mais par Berne, et j'aurai la consolation de vous faire plus tôt ma cour. Je ne passerai pas même par Berne, pour accourcir le chemin. »

 

 

 


iL'envoyé de Prusse, que V* définit ainsi à la comtesse de Lutzelbourg le 2 février 1759 : « ancien conjuré anglais, ancien réfugié en Espagne, aujourd'hui gouverneur ad honores de la petite principauté de Neuchâtel »

ii Cf. lettres adressée par V* pendant son séjour prussien : 22 février et 17 mai, septembre-octobre 1751, 11 octobre et décembre 1752.

iii De Mlle de Scudéry.

 

iv Personnages du Grand Cyrus ; Statira sera aussi un personnage de la future tragédie de V* : Olympie.


Après lecture du titre, je me suis demandé si j'allais mettre ce lien sous vos chastes yeux d'abominables coquins ... Bon , c'est juste pour votre culture !

16/08/2010

un huguenot qui fait travailler des religieuses ...je ne doute pas que quelqu'une d'elles n'aille plus loin ; c'est le vrai secret de rapprocher les deux religions

Pour se mettre dans le bain des religieuses (sans éclaboussures ! ) :

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Volti aurait pu être le créateur de ce clip :

http://www.facebook.com/video/video.php?v=102905086399955


A croquer :

religieuse-chocolat.jpg

 


« A Ami Camp

à Lyon

Le 15 août 1759



Je joins, Monsieur, à tous les remerciements que je vous dois, tous les compliments que mérite un huguenot qui fait travailler des religieuses ; ce qu'elles font pour l'amour de vous est bien édifiant ; je ne doute pas que quelqu'une d'elles n'aille plus loin ; c'est le vrai secret de rapprocher les deux religions . Les bonnes créatures travaillent à la fois pour Calvin et pour le théâtre . Je viendrai à bout de tout avec leurs fleurs [i], cela ne doit pas coûter beaucoup, et quand l'académie de lésine [ii] elle-même aurait fait ma salle de comédie, elle n'aurait pu être faite à meilleur marché.



Il y a longtemps que j'avais donné une lettre de change d'environ 400 livres à M. le président de Ruffey, j'avais oublié de mettre l'adresse de MM. Tronchin et Camp, il la mettra ou ne la mettra pas, cela est fort égal, vous n'en ferez pas moins honneur à ma signature.



Je voudrais que vous vissiez le grand Pictet de Varambé haut de six pieds sur mon théâtre de huit, relevé encore d'un panache d'un pied et demi ; mais pour obvier à toutes ces difficultés je vous averti que la scène est dans un entresol , tout est bon pourvu qu'on s'amuse. Cela n'empêche pas qu'on ne soit très affligé de nos malheurs [iii], mais ils seront peut-être réparés avant que la pièce se joue. Mille compliments à toute la société et à toute la famille.



Votre très humble et très obéissant serviteur



Voltaire. »



i Pour « le petit théâtre de Polichinelle » qu'il construit à Tournay, V* demande à Ami Camp « une centaine d'aunes de verdure et de fleurs ».

 

ii Cette appellation, que V* utilise parfois pour se désigner lui-même, revient quand il fait, pour acheter et aménager ses châteaux de Tournay et Ferney de grosses dépenses désapprouvées par ses banquiers et qu'il essaie parfois de réduire.

 

iii Brunswick , le 1er août a battu notre armée à Minden.