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26/01/2011

j'aurai toujours beaucoup de respect pour les belles et tout vieux que je suis, j'aime encore mieux en parler que des horreurs de la guerre

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Je viens de voir Tim Burton's Corpse bride , dessin animé déjanté et poétique , comme je les aime. Comme Volti, j'ai bien du respect pour les belles, et même beaucoup plus pour l'une d'elles, ce qui n'empêche pas que je garderai toujours aussi mon attrait pour la BD et les dessins animés . Je vous laisse profiter d'une partie de la bande son ci-dessus.

 

 

« A Louise Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

 

Aux Délices 26 janvier [1760]

 

Madame,

 

Si mon petit commerce avec la personne que vous savez trouve quelques épines, il me vaut bien des fleurs de la part de Votre Altesse Sérénissime . Je la crois un peu coquette. Ce n'est pas vous, assurément que je veux dire, c'est la belle i dont Votre Altesse Sérénissime favorise les beautés et les prétentions. Elle a fait part de ses amours ii à un confident qui n'a pas le cœur tendre iii et je crois que son amant iv pourrait être un peu refroidi. Voilà, Madame, la première fois que j'ai parlé galanterie au milieu des neiges des Alpes . Je me sens plus à mon aise et plus dans mon naturel en parlant à Votre Altesse Sérénissime des talents de votre auguste famille, des grâces d'Alzire, et de celles de Gusman, d'un jupon à falbalas de plumes, et d'un habit à l'espagnole v. Je devrais bien être le souffleur. Ce rôle me conviendrait mieux que celui que je fais je ne sais comment. J'ai de la peine avec la coquette vi. Je sais bien qu'elle est faite pour séduire, et qu'avec tant de beauté on n'attend pas d'elle beaucoup de bonne foi. Je souhaite qu'on respecte ses caprices, et qu'elle ne s'en repente pas. Pour moi j'aurai toujours beaucoup de respect pour les belles et tout vieux que je suis, j'aime encore mieux en parler que des horreurs de la guerre, et des tigres de l'espèce mâle qui se déchirent dans les glaces vii.

 

On a imprimé, Madame, les Poésies du philosophe de Sans-Souci viii. Je n'ai pu encore parvenir à en avoir un exemplaire . Il serait plaisant qu'il eût imprimé ses vers pour en faire présent à M. de Daun ix, je crois que ces poésies seront mises à Rome à l'index x. Daignez agréer toujours, Madame, le profond respect du Suisse.

 

V. »

 

i Frédéric II.

ii Des négociations secrètes de paix avec la France, désignées sous le code de fiançailles dans les lettres précédentes.

iii William Pitt.                http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Pitt_l%27Ancien

iv La France, et plus précisément son Secrétaire d'État aux Affaires étrangères , Choiseul. Celui-ci, écrit à V* le 14 janvier, mécontent qu'une lettre privée adressée à V* se soit retrouvée jusqu'en Russie où l'on accuse alors la France de vouloir faire une paix séparée.

v La duchesse avait demandé à V* de dessiner les costumes afin que ses enfants puissent jouer Alzire. V* se contenta le 15 janvier de donner une description détaillée où il est question d'une jupe à plumes pour Alzire et d'un habit à l'espagnole pour son fils et Alvares.

vi Toujours Frédéric.

vii Guerre au Canada entre Français et Anglais.

viii Elles paraissent à Lyon chez Bruyset le 17 janvier 1760, puis à Paris le 30 janvier. C'est sans doute le chevalier de Bonneville qui avait vendu le manuscrit.

http://www.voltaire-integral.com/__La%20Bibliotheque/Tabl...

http://books.google.fr/books?id=dU4OAAAAQAAJ&printsec...

ix Quelques jours plus tard, V* citera à ses correspondants ( la duchesse, De Brosses, ...) ce vers de l'Épitre au maréchal Keit : « Allez, lâches chrétiens... » Voir page 272, et vers fin de page 285 : http://books.google.be/books?id=c38HAAAAQAAJ&pg=RA1-P...

Le marquis d'Argens sera plus timide et demandera l'autorisation à Frédéric de mettre « mortels craintifs » à la place                                                                                                                   CF. lettre du 1er avril 1761 : http://books.google.be/books?id=rc1WAAAAMAAJ&pg=PA227...

Frédéric malmenait du même ton l'Angleterre et la Russie. Ce qui fait que le gouvernement français n'empêcha pas la publication. V* ne craint pas qu'on le soupçonne d'être l'éditeur du recueil, écrira-t -il à Thieriot le 18 février , puisque « Salomon fit la niche de le défaire de ses œuvres à Francfort, et son ambassadeur en cette ville signa » un reçu ;                                                                           cf. lettres du 20 juin et 8 juillet 1753 :  http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/21/n...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/07/08/b...

x Frédéric y revendiquait aussi son athéisme.

25/01/2011

Un homme qui se tiendrait dans l'attitude qu'on me donne, et qui rirait comme on me fait rire, serait trop ridicule.

 

Portrait-Of-Voltaire vivant denon.jpg

 

 

 

« A Dominique Vivant Denon

Vivant, baron Denon

 

A Ferney le 24 janvier 1776

 

Je suis bien loin, Monsieur, de croire que vous ayez voulu faire une caricature i dans le goût des plaisanteries de M. Huber.

 

J'ai actuellement chez moi le meilleur sculpteur de Rome ii, à qui ma famille a montré votre estampe : il a pensé comme pensent tous ceux qui l'ont vue . On l'a prié d'écrire ce qu'il fallait pour la corriger : je vous envoie sa décision.

 

Il court dans Paris une autre estampe , qu'on appelle mon Déjeuner ; on dit que c'est encore une plaisanterie de M. Huber . J'avoue que tout cela est assez désagréable . Un homme qui se tiendrait dans l'attitude qu'on me donne, et qui rirait comme on me fait rire, serait trop ridicule.

 

Vous m'auriez fait plaisir si vous aviez pu corriger l'ouvrage qui a révolté ici tout le monde ; et s'il en était encore temps, ma famille vous aurait beaucoup d'obligation . Je n'en suis pas moins sensible à votre bonté, et je n'en estime pas moins vos talents . Je vous supplie de ne rien imputer à une fausse délicatesse de ma part. Je sais bien que vous m'avez fait beaucoup d'honneur ; mais je vous prie de pardonner à mes parents et à mes amis, qui ont cru qu'on avait voulu me tourner en ridicule.

 

Je suis honteux de vous fatiguer de nos représentations. Soyez très persuadé du respect et de l'attachement qu'aura toujours pour vous votre vieux confrère iii.

 

Voltaire. »

 

Voltaire portraits vivant denon.jpg

 

i Vivant Denon avait vu Voltaire à Ferney et lui avait envoyé son portrait le 5 décembre 1775, reçu le 20 décembre . V* lui avait alors demandé de ne pas le laisser courir : « Je ne sais pourquoi vous m'avez dessiné en singe estropié, avec une tête penchée et une épaule quatre fois plus haute que l'autre. Fréron et Clément s'égaieront trop sur cette caricature » et lui envoie une boîte faite dans on voisinage où il verrait « une posture honnête et décente et un ressemblance parfaite ». Vivant Denon répondit : « Je suis... désolé de l'impression que vous a faite mon ouvrage . Mais ... ici ... chacun se l'arrache, et ceux qui ont l'honneur de vous connaitre assurent que c'est ce qui a été fait de plus ressemblant. »

Vivant Denon : http://www.inha.fr/spip.php?article2281

Voir : Appendix pages 255 et suivantes : http://books.google.fr/books?id=oL4KiwiHlDQC&pg=PA259...

Vivant Denon sera possesseur d'un reliquaire où entre autres choses on trouvera la moitié d'une dent de Voltaire, classée sous le N° 1379 du catalogue : « Description des objets qui composent le cabinet de feu M. Le Baron V.Denon : Estampes et ouvrages à figures »

ii Poncet . Le 10 janvier, Mme Pallatin écrit : « Je trouvai chez moi le sculpteur du pape qui a été envoyé par (dit-il)des cardinaux pour sculpter notre ami.

Poncet réalisera un buste de V* qui figure au château de V* à Ferney ; V* ne le vit pas, car la sculpture arrivera au château alors que V* est parti à Paris en 1778.

iii Vivant Denon est gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, comme V*, et avait argué de ce titre pour se faire recevoir à Ferney.

 

estampe le dejeuné de ferney volt 4 juillet 1775.jpg

 

 

24/01/2011

justificatif concernant les diamants volés par messieurs de Tunis

 

« Voilà de plaisants successeurs des Carthaginois que ces voleurs de Tunis » !

Volti , que dirais-tu des riches fuyards/lâches tunisiens qui, je l'espère ( et là je fais une confiance aveugle à l'esprit de rapine qui règne dans le pays refuge ! ), vont devoir payer cher leur liberté imméritée . Un regret tout de même, c'est que ces milliards volés ne reviennent pas au peuple qui les a produits .

Et à ceux qui s'indignent de l'appel au boycot des produits israeliens provenant des zones occupées,-boycot que j'approuve (il ne s'exerce que contre des despotes )-, je rappelle l'étonnement, l'émerveillement  de Volti qui ne comprenait pas que l'on commerce encore avec Tunis et Alger, repaires de voleurs . Cependant , le remède qu'il prescrivait était un peu plus musclé que le boycot .

... Enfin ! je vous parle d'un temps que les moins de 300 ans ne peuvent pas connaitre ...

 

diamants volés.jpg

 

 

 

« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin

 

24è janvier 1770, à Ferney

 

Monseigneur,

 

Pardon, je tremble de fatiguer vos bontés. Voyez le seul papier justificatif concernant les diamants volés par messieurs de Tunis i. Si jamais vous daignez prendre la peine de battre ces barbares, je vous supplierai alors de faire comprendre les diamants dans les articles de paix que vous daignerez leur accorder.

 

J'ai toujours été émerveillé que les princes chrétiens qui se font quelquefois la guerre de gaieté de cœur, ne s'accordassent pas à jeter Tunis et Alger de leurs ports. Voilà de plaisants successeurs des Carthaginois que ces voleurs de Tunis.

 

On dit que vous avez une très florissante marine ii. Permettez à un de vos vieux courtisans de s'intéresser passionnément à votre gloire.

 

J'ai l'honneur d'être avec un profond respect,

Monseigneur,

Votre très humble et très obéissant serviteur

 

Voltaire. »


i Sur un bateau battant « pavillon de France » ; pour justifier sa réclamation, V* écrivit au duc de Praslin le 8 décembre 1769 qu'il est « créancier d'un des négociants à qui les diamants pris ... appartiennent ».

 

ii Praslin est alors ministre de la Marine.


A ceux qui aiment les diamants, et l'Orient pays de contes :

Vous noterez que , au XXIè siècle, M. Ben Ali et consorts n'ont pas eu d'autre soucis que de prendre l'avion et n'ont pas connu les serres d'un aigle pour s'enfuir riches . Puissent-ils finir lessivés, comme on le fait aux vieux tapis, mais je garde le doute qu'ils en sortent blanchis .

23/01/2011

Si je ne tenais pas à ma bibliothèque et à mes établissements, j'irais certainement passer les hivers dans les pays chauds

 

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Et puis, une découverte , d'une jeune artiste : http://www.deezer.com/listen-3020060

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« Concerto pour hautbois d'amour » , qui ne peut être dédié qu'à Mam'zelle Wagnière : http://www.deezer.com/listen-2985300

 

 

 

 

« A Mathieu-Henri Marchant de La Houlière

 

23 janvier 1771

 

Je ne fais point d'élégie, mon cher neveu i, je ne fais que des montres. J'avais établi dans Ferney trois fabriques ; j'avais recueilli cent artistes, je leur avais bâti des maisons commodes ; je leur avais avancé des sommes très considérables pour un simple particulier comme moi ; leur commerce florissait ; j'avais changé un malheureux hameau en un séjour agréable et opulent ... Une petite lettre de trois lignes a dérangé tout ii. Je ne peux plus rien, ni pour moi, ni pour les autres. Je ne conseille pas qu'on s'attende à moi iii, à moins qu'on ne veuille être placé en Russie, en Danemark ou en Prusse, car je suis fort bien avec les monarques de ces trois pays.

 

Je ne vous conseille pas de quitter le vôtre pour leurs frimas et pour leurs neiges . Vous devez être dans le climat le plus agréable de la nature iv. Je suis , moi, dans la plus belle situation, après Constantinople ; mais je suis entouré cinq mois de l'année, de neiges qui me rendent aveugle, et actuellement que je vous écris , j'ai perdu la vue pour deux mois. Si je ne tenais pas à ma bibliothèque et à mes établissements, j'irais certainement passer les hivers dans les pays chauds, supposé que la nature me garde encore quelques hivers.

 

Cultivez vos belles vignes, mon cher neveu ; vivez heureux chez vous, tandis qu'on ne sait point l'être à Paris, que le parlement embarrasse toujours la cour, qu'il a cessé ses fonctions et que l'on n'a encore nommé ni ministre des Affaires étrangères, ni ministre de la Marine.

 

Mes obéissances à madame votre femme et à toute votre famille.

 

Le vieux malade de Ferney. »

 

i Petit-fils de Marie Arouet, tante de Voltaire, donc plus exactement petit-cousin germain. Voir page 435 , http://books.google.fr/books?id=m7dBAAAAYAAJ&pg=PA435...

et

http://www.cairn.info/revue-annales-de-bretagne-et-des-pays-de-l-ouest-2008-4-page-55.htm

 

 

ii Lettre du roi ordonnant à Choiseul de quitter ses fonctions et se retirer à Chanteloup.

 

iii = qu'on compte sur moi .

Grâce à Voltaire, La Houlière avait obtenu de Choiseul un brevet de brigadier .

 

iv A Salses en Roussillon, où il est commandant.

Voir :http://books.google.fr/books?id=m7dBAAAAYAAJ&pg=PA435...

 

 

N. B. : Guilleret ! dans le ton qui aurait plu à Volti : Les Imbéciles : http://www.deezer.com/listen-2718634

 

C'est une action d'honnêteté et de charité, de ne point accuser son prochain quand il est encore en vie, et de charger les morts à qui on ne fait nul mal

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Mais n'oublions pas que Le chien aboie et la clarinette basse :

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

23è janvier 1768

 

Mon cher ange, c'est une grande consolation pour moi que vous ayez été content de M. Dupuits i. Il me parait qu'il vaut mieux que le Dupuits de Des Ronais ii. Je souhaite à M. le duc de Choiseul que tous les officiers qu'il emploie soient aussi sages et aussi attachés à leur devoir. Je l'attends avec impatience dans l'espérance qu'il nous parlera longtemps de vous .

 

Que je vous remercie de vos bontés pour Sirven ! Il faut être aussi opiniâtre que je le suis pour avoir poursuivi cette affaire pendant cinq ans entiers sans jamais me décourager . Vous venez bien à propos à mon secours. Je sais bien que cette petite pièce n'aura pas l'éclat de la tragédie des Calas ; mais nous ne demandons point d'éclat, nous ne voulons que justice iii.

 

Votre citation du chien qui mange comme un autre du dîner qu'il voulait défendre est bien bonne ; mais je vous supplie de croire par amitié, et de faire croire aux autres par raison et par intérêt de la cause commune, que je n'ai point été le cuisinier qui a fait ce dîner iv. On ne peut servir dans l'Europe un plat de cette espèce qu'on ne dise qu'il est de ma façon. Les uns prétendent que cette nouvelle cuisine est excellente, qu'elle peut donner la santé, et surtout guérir des vapeurs. Ceux qui tiennent pour l'ancienne cuisine disent que les nouveaux Martialo v sont des empoisonneurs. Quoi qu'il en soit , je voudrais bien ne point passer pour un traiteur public . Il doit être constant que ce petit morceau de haut goût est de feu Saint Hyacinthe. La description du repas est de 1728. le nom de Saint-Hyacinthe y est ; comment peut-on après cela me l'attribuer ? Quelle fureur de mettre mon nom à la place d'un autre ! Les gens qui aiment ces ragoûts-là devraient bien épargner ma modestie.

 

Sérieusement vous me feriez le plus sensible plaisir d'engager M. Suard à ne point mettre cette misère sur mon compte. C'est une action d'honnêteté et de charité, de ne point accuser son prochain quand il est encore en vie, et de charger les morts à qui on ne fait nul mal. En un mot, mon cher ange, je n'ai point fait, et je n'aurai jamais fait les choses dont la calomnie m'accuse.

 

Les envieux mourront, mais non jamais l'envie vi. Ayez la bonté, je vous en prie, de parler à M. Suard s'il vient chez vous.

 

Puis-je espérer que mon cher Damilaville aura le poste qui lui est si bien dû vii? Il est juste qu'il soit curé après avoir été vingt ans vicaire .

 

J'ai une autre grâce à vous demander ; c'est pour ma Catherine . Il faut rétablir sa réputation à Paris chez les honnêtes gens. J'ai de fortes raisons de croire que MM. les ducs de Praslin et de Choiseul ne la regardent pas comme la dame du monde la plus scrupuleuse ; cependant je sais autant qu'on peut savoir qu'elle n'a nulle part à la mort de son ivrogne de mari : un grand diable d'officier aux gardes, Préobazinski, en le prenant prisonnier lui donna un horrible coup de poing qui lui fit vomir du sang ; il crut se guérir en buvant continuellement du punch dans sa prison, et il mourut dans ce bel exercice viii. C'était d'ailleurs le plus grand fou qui ait jamais occupé un trône . L'empereur Venceslas n'approchait pas de lui.

 

A l'égard du meurtre du prince Yvan ix, il est clair que ma Catherine n'y a nulle part . On lui a bien de l'obligation d'avoir eu le courage de détrôner son mari, car elle règne avec sagesse et avec gloire ; et nous devons bénir une tête couronnée qui fait régner la tolérance universelle dans cent-trente-cinq degrés de longitude . Vous n'en avez , vous autres, qu'environ huit ou neuf, et vous êtes encore intolérants . Dites donc beaucoup de bien de Catherine, je vous en prie, et faites-lui une bonne réputation dans Paris.

 

Je voudrais bien savoir comment Mme d'Argental s'est trouvée de ces grands froids . Je suis étonné d'y avoir résisté. Conservez votre santé, mon divin ange, je vous adore de plus en plus.

 

V. »

 

i Mari de Marie-Françoise Corneille, -donc « gendre » adoptif de V*,- est allé à Paris pour y obtenir un commandement.

 

ii  Pièce de Charles Collé : Dupuis et des Ronais, 1759, tirée des Illustres Françaises de Robert Challe .

Dupuis et des Ronais : http://books.google.fr/books?id=0UIGAAAAQAAJ&printsec...

Illustres françaises : http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Illustres_Fran%C3%A7aises

 

iii Il faut qu'ils soient reconnus innocents de la mort de leur fille et qu'ils récupèrent leurs biens.

 

iv  Dîner du comte de Boulainvilliers par M. de St-Hiacinthe, 1717, qui est de V* ; http://www.voltaire-integral.com/Html/26/27_Boulainvillie...

 

v François Massiolot (1663-1733) qui écrivit Le Cuisinier royal et bourgeois, 1691 ; V* le nomme déjà Martialo dans le Mondain.

http://www.archive.org/stream/lenouveaucuisin00massgoog#page/n4/mode/2up

Le Mondain , vers 37 : http://www.voltaire-integral.com/Html/10/23_Mondain.html

 

vi Voir Tartuffe.

 

vii Poste alors vacant de directeur du vingtième où il était premier commis . Il était « barré » par Sauvigny.

Le vingtième : http://fr.wikipedia.org/wiki/Vingti%C3%A8me

 

viii Dans ses Notebooks, tome II, page 335, V* reprend le témoignage du comte Rewusky.

 

22/01/2011

à force de peines et de dépenses

 

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Il n'y en a qu'un, Petites Mains d'Argent, Manitas de Plata , que j'ai eu le plaisir de cotoyer une soirée animée de juin 68 -(eh! oui , même à Montpellier on savait faire la fête, sans beuverie, avec juste ce qu'il faut  )- et que je réécoute quand je veux décoller la pulpe !

 

 

« A Georg Conrad Walther

libraire du roi à Dresde

 

A Berlin ce 22 janvier [1752]

 

J'ai réussi, mon cher Walther, à force de peines et de dépenses à rattraper l'exemplaire i qu'on ii m'avait volé et qu'on avait confié au sieur Lessing, étudiant en médecine à Wittemberg iii. Ainsi je vous épargne tous les mouvements que vous vous seriez donnés iv. Tous les exemplaires sont en ma possession, et en pleine sureté sans en excepter un seul . J'en confierai un si vous voulez à M. Stieven, qui est à Brunswick. C'est un honnête homme et qui est dans un poste de confiance. Je crois que vous serez bien aise d'avoir un aussi habile traducteur. Si vous avez fait quelques démarches auprès du sieur Lessing, regardez-les comme inutiles. J'espère que vous trouverez votre avantage dans le débit de l'original, et dans celui de la traduction. Je vous embrasse.

 

V. »


i Exemplaire du Siècle de Louis XIV.Walther va l'éditer : http://books.google.fr/books?id=LjgHAAAAQAAJ&pg=PR1&a...

ii  « On » = son secrétaire-copiste Richier (de Louvain).

iv Le 18, à Walther, V* demanda de « déterminer » Lessing «  à faire cette traduction » qu'il a entreprise « pour lui sur un exemplaire corrigé, complet et muni d'un grand nombre de cartons... »

 

21/01/2011

Je suis dans mon lit depuis un mois, fort peu instruit de ce qui se passe dans ce monde-ci et dans l'autre

 A Volti, moi, j'accorde le bon Dieu sans confession . Mais qu'il se méfie des anges blonds/blondes fatales  !

Le-Bon-Dieu-sans-confession-1953-1.jpg

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

 

21è janvier 1765 à Ferney

 

Mon héros, si vous prenez goût à l'empereur Julien i j'aurai l'honneur de vous envoyer quelque infamie de cette espèce pour éprouver votre foi, et pour l'affermir .

 

Je suis dans mon lit depuis un mois, fort peu instruit de ce qui se passe dans ce monde-ci et dans l'autre . La faiblesse du corps diminue toutes les passions de l'âme . Je ne me sens aucun zèle pour le tripot de la Comédie-Française . Je sens que si j'étais jeune j'aurais beaucoup de goût pour celui de l'Opéra-Comique . On y danse, on y chante, on y dit des ordures ; tous les contes de La Fontaine y sont mis sur la scène, et on m'assure qu'on y jouera incessamment Le Portier des Chartreux ii mis en vers par l'abbé Grizel .

 

Vous croyez bien , Monsieur le Maréchal, que je ne serai pas assez imbécile pour disputer contre vous sur la tracasserie concernant les indignités de la troupe du faubourg Saint Germain iii. Si j'étais un malavisé et un opiniâtre, je vous dirais que votre lettre du 17è septembre iv qui me donnait toute permission, était une réponse à mes requêtes . Je vous dirais que ces requêtes étaient fondées sur des représentations du tripot même, et je vous jurerais que Parme et Plaisance v n'y avaient aucune part . Mais Dieu me garde d'oser disputer avec vous ! Vous auriez trop d'avantage, non seulement comme mon héros et comme mon premier gentilhomme de la chambre, mais comme un homme sain, frais, gaillard et dispos, vis-à-vis d'un vieux Quinze-Vingt malade qui radote dans son lit au pied des Alpes .

 

Le chevalier de Boufflers est une des singulières créatures qui soient au monde ; il peint en pastel fort joliment ; tantôt il monte à cheval tout seul à cinq heures du matin, et s'en va peindre des femmes à Lausanne vi, il exploite ses modèles vii; de là il court en faire autant à Genève, et de là il revient chez moi se reposer des fatigues qu'il a essuyées avec des huguenotes .

 

J'aurai l'honneur de vous dire que je suis si dégoûté des tripots que je me suis défait du mien . J'ai démoli mon théâtre, j'en fais des chambres à coucher et à repasser le linge viii. Je me suis trouvé si vieux que je renonce aux vanités du monde . Il ne me manque plus que de me faire dévot pour mourir avec toutes les bienséances possibles . J'ai chez moi, comme vous savez je pense, un jésuite ix, à qui on a ôté ses pouvoirs dès qu'on a su qu'il était dans mon profane taudis . Son évêque savoyard est un homme bien malavisé, car il risque de me faire mourir sans confession, malheur dont je ne me consolerai jamais . En attendant, je me prosterne devant vous . »

 

 

 

 

i Le 19 décembre 1764, V* lui promettait de lui envoyer la Défense du paganisme par l'empereur Julien en grec et en français avec des dissertations et des notes... par M. le marquis d'Argens, 1764 . Voir page 120 : lettre à Richelieu : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f125.image.r...

et : http://books.google.fr/books?id=k-QPAAAAQAAJ&pg=PA75&...

V* publiera lui-même une nouvelle édition de cet ouvrage intitulée Discours de l'empereur Julien contre les chrétiens ... avec de nouvelles notes, 1769 .Voir : http://fr.wikisource.org/wiki/Discours_de_l%E2%80%99empereur_Julien/%C3%89dition_Garnier

ii Histoire de dom N ... portier des Chartreux, œuvre pornographique de J.-C. Gervaise de Latouche, publiée vers 1745 .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Charles_Gervaise_de_Lat...

iiiConcernant la répartition des rôles à la Comédie-Française . Voir la lettre du 19 décembre sur ce différend avec « le tyran »  Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/22/l...

iv Est-ce une erreur pour « I septembre » par duplication du 7, la date étant ici notée « 17 7bre » et V* évoque dans sa lettre du 19 décembre une lettre de Richelieu du 1 septembre ?

v A savoir, d'Argental, ambassadeur du duc de Parme, et sa femme . V* soupçonnera « un fou de Bordeaux » nommé Treyssac de Vergy - qui avait parlé en mal de d'Argental dans ses Lettres à Mgr le duc de Choiseul, 1764-, de lui avoir fait du tort auprès du maréchal . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Henri_de_Treyssac_de_...

vi C'est à peu près ce qu'écrit le chevalier à sa mère vers le 30 décembre 1764 . Il avait fait entre autres « un petit dessin » de V* « pendant qu'il perd une partie aux échecs ».

Voir pages 269-274 : http://books.google.fr/books?id=2_AFAAAAQAAJ&pg=PA269...

vii Réminiscence de J.-B. Rousseau : Épigramme XL (Remède contre la chair) : voir page 396 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209398x/f399.image

viii Et il entreprend la construction de deux ailes supplémentaires au château de Ferney .

ix Le père Adam .