08/06/2011
Il n'a jamais commencé aucune de ses pièces par dire à une femme : Donnez-moi un baiser sur la bouche
Mon premier est "Non coupable !?!"
Mon second n'a jamais quitté un de ses palaces sans exiger de "baiser" une femme .
Qui est-ce ?
Baiser d'un soir :
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Le prix d'un baiser :
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Mais que vaut un baiser ?
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... Forcé !?... Trois ans fermes !
« A Nicolas-Claude Thieriot
Aux Délices le 15 juin 1759
Je reçois, mon ancien ami, votre seconde lettre et votre mémoire . Vous avez la bonté de m'envoyer encore quelques rogatons 1. Je suis très fâché que les idées philosophiques et les églogues de ceux qui ont pris le nom de Salomon courent le monde 2. Passent encore si c’étaient les ouvrages de mon Salomon du Nord : il est fait pour être condamné par la Sorbonne . Il n'a jamais commencé aucune de ses pièces par dire à une femme : Donnez-moi un baiser sur la bouche 3.
J'ai grand-peur que mes paraphrases du sage de Jérusalem ne courent d'une manière très fautive : les copistes et les commentateurs ont altéré le texte dans tous les temps .
Je n'ai point la foi au débarquement du Pretender 4 en Écosse, sur une flotte russe et suédoise ; cela me parait tiré des Mille et Une Nuits . A l'égard de notre descente, je fais des vœux pour elle, mais je crains furieusement les philosophes anglais, possesseurs d'environ deux cent quatre-vingts vaisseaux de guerre 5. Ce sont deux cent quatre-vingts problèmes neutoniens, difficiles à résoudre par nous autres cartésiens .
Pour moi, je ne m'occupe que de mon czar Pierre. J'aime les créateurs ; tout le reste me parait peu de chose . Je suis bien aise de faire voir que les héros n'ont pas la première place dans ce monde . Un législateur est à mon sens bien au-dessus d'un grenadier, et celui qui a formé un grand empire vaut bien mieux que celui qui a ruiné son royaume 6.
Si M. de Silhouette continue comme il a commencé 7, il faudra lui trouver une niche dans le Temple de la Gloire, tout à côté de Jean-Baptiste Colbert . Je vous en donnerai une dans le Temple de l'Amitié 8, si vous m'écrivez quelquefois . Vos lettres contiennent toujours des choses intéressantes, et font toujours grand plaisir à l'oncle et à la nièce .
Mandez-moi si vous êtes assez heureux pour avoir quelques actions dans les fermes générales 9. Je crois que ce sera le meilleur bien du royaume ; mais pour moi je donne la préférence à mes bœufs, à mes chevaux, à mes moutons, et à mes dindons ; et je préfère la vie patriarcale à tout . Quand vous viendrez me voir, je ferai tuer un chevreau, je répandrai de l'huile sur une pierre 10, et nous adorerons ensemble l’Éternel .
Le patriarche suisse . »
2 Ces sont le Précis de l'Ecclésiaste et le Précis du Cantique des Cantiques ; Mme de Pompadour avait fait demander à V* , par le duc de La Vallière, de traduire pour elle des psaumes en vers français . A Thieriot, le 11 juin , V* , avant d'exprimer ses craintes, faisait un commentaire : « l'un de ces ouvrages est tendre, l'autre est philosophique ... » ; page 257 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f262.image.r=.langFR
http://www.voltaire-integral.com/Html/09/20_Ecclesiaste.html
http://www.voltaire-integral.com/Html/09/21_Cantique.html...
4 V* pense à Charles-Edouard Stuart, dit « le jeune Prétendant », petit-fils de Jacques II, et fils de Jacques-Edouard Stuart dit « le Prétendant » ; il avait échoué en 1745 .
5 La flotte française ne put faire la « descente » prévue en Angleterre : le contre-amiral Georges Brydges Rodney entra dans la baie du Havre le 3 juillet et bombarda la place ; puis le 20 novembre, l'amiral Hawke détruisit une grande partie de la flotte de Brest .
6 Le 10 juillet à Schouvalov , V* écrit : « ... nul autre que Pierre le Grand n'a été le réformateur des mœurs, le créateur des arts, de la marine et du commerce ... », et V* veut le montrer en détail dans son Histoire de Russie . Page 269 :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f274.image.r=.langFR
7 Silhouette commença par limiter les dépenses de la Cour, les pensions, les exemptions d'impôts ; il s'attaqua aux abus des fermiers généraux ; il fut contrôleur général des finances de mars à novembre 1759;V* changera d'avis sur son compte .
8 Rappel de deux œuvres de V* : Le Temple de la Gloire, et Le Temple de l'Amitié . http://jp.rameau.free.fr/le_temple_de_la_gloire.htm
http://www.monsieurdevoltaire.com/article-poesie-le-templ...
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07/06/2011
C'est un de mes plus violents chagrins qu'un homme que j'aime puisse avoir quelque chose à me reprocher
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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
15 juin 1755
Mon cher ange, je vous demande toujours en grâce de montrer ce dernier chant 1 à M. de Thibouville, afin qu'il voie que les sottises qu'on y a insérées ne sont pas de moi . C'est un de mes plus violents chagrins qu'un homme que j'aime puisse avoir quelque chose à me reprocher, et il n'y a certainement d'autre remède que de lui faire voir le manuscrit que vous avez : tout cela est horrible . Comment puis-je, encore une fois, travailler à mes Chinois et à mes Tartares 2 dans cette crainte perpétuelle, dans les soins qu'il me faut prendre pour prévenir cette malheureuse édition et dans la douleur de voir que mes soins seront inutiles ? La personne qui m'avait juré que la copie qu'elle avait ne sortirait jamais de ses mains 3, l'a pourtant confiée à Darget dans le temps que j'étais en France, croyant que Darget ne manquerait pas de l'imprimer et qu'alors je serais forcé de lui demander un asile : voila sa conduite, voila le nœud de tout . Darget m'a avoué lui-même dans la lettre qu'il vient de m'écrire, que cette personne lui avait donné ce malheureux manuscrit 4. Il l'a lu publiquement à Vincennes et aurait fait tout aussi bien de ne le pas lire ; d'autant plus que si cet ouvrage est jamais imprimé, on serait en droit de s'en plaindre à lui . M. l'abbé Chauvelin voit quelquefois Darget ; je ne doute pas qu'il ne l'affermisse dans le dessein où il parait être de n'en point donner de copie . Je vous supplie d'engager M. l'abbé Chauvelin à faire cette bonne œuvre, il est si accoutumé à en faire ! Mais en prenant cette précaution, en défendant un côté de la place, empêcherons-nous qu'elle ne soit prise dans d'autres attaques ? Les copies se multiplient 5, les lettres de M. de Malesherbes et du président Hénault me font trembler 6. Tous les libraires de l’Europe sont aux aguets 7. Je vous jure que si j'avais du temps et encore un peu de génie je me remettrais à cet ouvrage, j'en ferais quelque chose dans le goût de l'Arioste, quelque chose d'amusant, de gai et d'assez innocent . J'empêcherais du moins par là le tort qu'on fera un jour à ma mémoire ; j'anéantirais les détestables copies qui courent, et un poème agréable résulterait de tout ce fracas . Mais je sens bien que vous demanderez la préférence pour nos cinq actes 8. Dieu veuille que je sois assez recueilli, assez tranquille pour vous bien obéir ! Nous verrons ce que je pourrai tirer d'une tête un peu embarrassée et si je pourrai conduire à la fois mes ouvriers, La Pucelle, l'Histoire générale et mes Tartares . Je ne vous réponds que de ma sensibilité pour vos bontés . Vous aimer de tout mon cœur est la seule chose que je fasse bien . Adieu mon cher et respectable ami .
V. »
1La Pucelle, le « chant de l'âne » en particulier ; voir lettre du 20 novembre 1754 :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/11/19/consolez-par-un-mot-une-ame-qui-en-a-besoin.html#more
et 2 décembre 1754 :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/30/feu-mme-du-chatelet-qui-n-a-fini-que-par-des-infidelites.html#more et 6 février 1755 :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/06/c... . V* a envoyé le 2 avril à d'Argental le manuscrit de La Pucelle.
3 Frédéric II . Le 13 juin, V* écrivit à Darget : « Tout le monde sait dans Paris ... » ; page 234 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f238.image.r=.langFR
Et le 23, aux d'Argental, il ajoute un post-scriptum : « Si ce n'est lui, c'est donc son frère, mais c'est lui qui est le loup » ; lui = Frédéric et son frère = le prince Henri .
4 Le 1er juin, Darget écrit à V* : « La copie que j'ai lue à Vincennes devant le chevalier de Croismare ... » ; voir page 228 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f232.image.r=.langFR
5 Le 23, V* précise : « Ce Grasset a apporté un exemplaire de Paris . Un magistrat de Lausanne l'a vu ... L’Allemagne est pleine de copies . Vous savez qu'il y en a dans Paris . Vous n'ignorez pas que M. le duc de La Vallière en a marchandé une . »
6 Malesherbes a écrit à Mme Denis qu'il lui semble très difficile d'empêcher que les premiers chants de La Pucelle ne paraissent, et qu'il serait fâcheux pour V* qu'ils parussent .
7 Trois éditions pirates dans six états typographiques parurent en 1755 .Les démêlés de V* et Grasset (qui travailla à Genève puis à Lausanne) ont commencé ; voir lettre du 28 juillet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/07/28/cela-est-a-la-verite-compose-par-de-la-canaille-et-fait-pour.html#more
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06/06/2011
il ne reste dans la mémoire des hommes que les évènements qui ont fait de grandes révolutions . Chaque nation de l'Europe s'enfle comme la grenouille
La mémoire des jours : http://www.deezer.com/listen-3300140
Raphaël dans ses oeuvres , soporiphique à souhait, à utiliser avec modération si vous devez conduire quelque engin que ce soit, y compris la poussette du gamin et la tondeuse à gazon.
Même Doc Gynéco parait survolté en comparaison : http://www.deezer.com/listen-3090038
http://www.deezer.com/listen-3087859
« A Louis-François-Armand du Plesssis, duc de Richelieu
A Ferney 13 juin 1768
Mon héros dit qu'il n'a eu qu'une fois tort avec moi, et que j'ai toujours tort avec lui 1. Je pense qu'en cela même mon héros a grand tort .
Il se porte bien et je vis dans les souffrances et dans la langueur ; il est par conséquent encore jeune, et je suis réellement très vieux ; il est entouré de plaisirs, et je suis seul au pied des Alpes 2. Quel tort puis-je avoir de ne lui pas envoyer des rogatons qu'il ne m'a jamais demandés, dont il ne se soucie point, qu'il n'aurait même pas le temps de lire ?3 Dieu me garde de donner jamais une ligne de prose ou de vers à qui n'en demandera pas . Voyez Horace, si jamais vous lisez Horace 4. Il n'envoyait jamais de vers à Auguste que quand Auguste l'en pressait . Je songe pourtant à vous, Monseigneur, plus que vous ne pensez ; et malgré votre indifférence j'ai devant les yeux la bataille de Fontenoy, le conseil de pointer des canons devant la Colonne, la défense de Gènes, la prise de Minorque, les fourches caudines de Closter-Seven dont le ministre profita si mal . J'aurai achevé dans un mois Le siècle de Louis XIV et de Louis XV. Vous voyez que je vous rends compte des choses qui en valent la peine.
Vous m'avez quelquefois bien maltraité , et fort injustement ; car lorsque vous me reprochâtes avec quelque dureté que je n'avais point parlé de l'affaire de Saint-Cast 5, il n'était question pour lors que 'un précis des affaires générales, précis tellement abrégé qu'il n'y avait qu'une ligne sur les batailles de Rocoux et de Lawfeld, et rien sur les batailles données en Italie . Il n'en est pas de même à présent, je donne à chaque chose sa juste étendue 6; je tâche de rendre cette histoire intéressante, ce qui est extrêmement difficile ; car toutes les batailles qui n'ont point été décisives sont bientôt oubliées, il ne reste dans la mémoire des hommes que les évènements qui ont fait de grandes révolutions . Chaque nation de l'Europe s'enfle comme la grenouille ; chacun a son histoire détaillée qui exige plusieurs années de lecture . Comment percer la foule ? Cela ne se peut pas ; on se perd dans cette horrible multitude de faits inutiles, tous anéantis les uns par les autres . C'est un océan, un abîme dans lequel je ne me flatte pas de pouvoir surnager, que par le nouveau tour que j'ai pris de peindre l'esprit des nations plutôt que de faire des recueils de gazettes . On ne va pas plus à la postérité que par des routes uniques . Le grand chemin est trop battu, et on s'y étouffe .
Quand vous aurez un moment de loisir, j'espère que vous serez de mon avis .
Il y a loin de ce tableau de l'Europe à Gallien 7. Si ce malheureux avait pu se corriger, il aurait travaillé avec moi, il serait devenu savant et utile ; mais il parait que son caractère n'est pas exempt de folie et de perversité .
Je ne vous parlerai ni d’Avignon, ni de Benevent 8, ni de ma petite église paroissiale où je dois édification 9 puisque je l'ai bâtie ; je garde un silence prudent, et je ne m'étends que sur des sentiments qui doivent être approuvés de tout le monde, sur mon tendre et respectueux attachement pour vous qui n'a pas longtemps à durer quelque inviolable qu'il soit, parce que je n'ai pas longtemps à vivre .
V. »
1 Le 27 mai, Richelieu a écrit : « Pour la première fois de ma vie ... j'ai tort avec vous et vous avez trouvé le secret d'avoir raison, mais vous devinez bien mal ... les raisons d'un évènement aussi extraordinaire . J'ai commencé par vouloir acquitter ce que vous désirez si justement que je fisse pour Mme Denis (le paiement de son dû) et comme les affaires ne finissent point elle celle-là trainé ... Je n'ai que des grâces à vous rendre de vos complaisances pour Gallien et des pardons à vous demander de vous avoir chargé pendant un an d'un aussi mauvais sujet . .. Comment avez-vous pu imaginer ... qu'il y ait quelque chose dans le monde qui ait pu suspendre les sentiments de la tendre amitié innée en moi pour vous ? Puisque votre oubli perpétuel et tant de reproches si justement mérités que je vous ai faits sans succès m'ont prouvé que vous étiez incorrigible et me faire (sic) soupçonner ... que tant de gens avaient la préférence dans votre cœur , ... croyez donc après cela que mon amitié est à l'épreuve de tout ... ».
3 Richelieu lui a écrit qu'il avait « été emporté par des distractions sans nombre », à son habitude .
4 Horace, Epîtres : « ... tu remettras à Auguste mes volumes ... s'il les demande . Crains ... d'attirer par excès de zèle de l'aversion sur mes petits livres .»
5 Où les Anglais avaient été repoussés en 1759 par les troupes françaises commandées par le duc d'Aiguillon, neveu du duc de Richelieu. Voir note 1 de : http://www.infobretagne.com/saint-cast-le-guildo.htm
6 L'histoire du règne de Louis XV parait en 1768 sous le titre de Précis du siècle de Louis XV, et comporte 39 chapitres au lieu de 18. http://www.voltaire-integral.com/Html/15/07BEUCHO.html
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80010x/f6.tableDesMatieres
7 Protégé de Richelieu, qu'on fit passer pour son fils, confié par le duc à V* chez qui il séjourna, V* l'ayant d'abord trouvé très doué pour la recherche historique, puis envoyé par V* chez Hennin, résident de France à Genève d'où il fut chassé, retourna à Paris, où il commit de nouvelles frasques dont Richeleiu parle dans sa lettre du 27 mai .
8 Le duc de Parme a expulsé les jésuites, souhaite se libérer de la tutelle pontificale et est en conflit avec le pape Clément XIII ; voir lettre du 22 avril à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/04/22/il-faut-etre-bien-avec-son-cure-fut-il-un-imbecile-ou-un-fri.html#more. En représailles contre l'excommunication du duc, le roi de France, grand-père du duc, reprit Avignon en juin 1768 ; le roi de Naples, oncle du duc, prit Benevent et Ponte-Corvo .
9 Allusion aux Pâques de V* : voir lettre du 22 avril aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/04/22/il-faut-etre-bien-avec-son-cure-fut-il-un-imbecile-ou-un-fri.html#more
1er mai à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/12/il-y-a-des-gens-qui-craignent-de-manier-des-araignees-il-y-e.html#more
et 25 juin aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/06/25/le-reverend-pere-voltaire-donne-sa-tres-sainte-benediction-a.html#more
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05/06/2011
Ah ! que les Français sont encore loin des Anglais en philosophie et en marine !
http://www.deezer.com/listen-7120
John Locke, qui ne paye pas de mine , et n'attire évidemment pas par son expression de joie !
De plus, ne pas oublier qu' on dit filer A l'anglaise :
http://www.deezer.com/listen-1566178
Et puis côté marine , il y eut un certain 31 du mois d'août :
version gaillarde , -à écouter avec anglaise capote, is'n it ,- qui me rappelle mes années estudiantines et carabines :
http://www.deezer.com/listen-7733537
version classique soft :
http://www.deezer.com/listen-7738909
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
10 juin [1763]
Mes divins anges, vous devez avoir reçu des Olympie et des Zulime que j'avais fourrées dans un paquet adressé à M. le duc de Praslin, pour vous, avec une lettre pour M. le président de Meynières 1. Et malgré l'usage où l'on est à la poste de confisquer tous les imprimés 2 je présume toujours qu'on aura respecté le nom de M. le duc de Praslin et le vôtre .
Je vous ai encore envoyé des Zulime sous l'enveloppe de M. de Courteilles . On m'a mandé qu'on avait imprimé Olympie à Paris et qu'on avait supprimé la seule note pour laquelle je souhaitais que l'ouvrage fut publié . Il est bon de connaître les Juifs tels qu'ils sont et de voir de quels pères les chrétiens descendent . Le fanatisme est bien alerte en France sur tout ce qui peut l'égratigner . Ce monstre craint la raison comme les serpents craignent les cigognes . On est beaucoup plus raisonnable dans le petit pays que j'habite . Ah ! que les Français sont encore loin des Anglais en philosophie et en marine !
J'ai peur de déplaire aux auteurs de la Gazette littéraire 3 en les servant . Mais je ne les sers que pour vous plaire .
Je vous prie de vouloir bien faire parvenir l'incluse à frère Damilaville .
Tendresse et respect, mes anges .
V. »
1 Le 8 mai, V* a demandé aux d'Argental de lui « procurer les remarques de MM. de Meynières et de Chauvelin » au sujet des chapitres de l'Histoire concernant le parlement ; « j'attends avec empressement l'effet des bontés de MM. de Meynières et de Chauvelin » ; page 245 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80036m/f250.image.r=.langFR
Le 19 mai, V* s'étonnait de « l'aigreur » des remarques reçues . page 251 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80036m/f256.image.r=.langFR
Le 23 mai, il avait « peine à croire que les Observations succinctes (fussent) du p. de M. » à cause de « l'esprit de parti » qui y règne ; page 254 :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80036m/f259.image.r=.langFR
.Le 29 mai, il envoie par la voie de d'Argental « remerciements, réponse et modestes objections à M. le président de Meynières » ; c'est de cette lettre dont il s'agit ici.
2 Il rend responsable J.-J. Rousseau de ce renforcement de la censure ; le 4 juin, à Cideville : « La Lettre de Jean-Jacques Rousseau à Christophe de Beaumont , archevêque à Paris, a mis l'alarme partout.» ; page 259 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80036m/f264.image.r=.langFR
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04/06/2011
Favorisez-nous, je vous en conjure, engagez vos camarades messieurs les ministres étrangers à nous donner la préférence
Foin du concombre espagnol, donnons la préference au français !
Que d'âneries dites sur ce cucurbitacé hébergeur de bactéries tueuses . Le consommateur me semble en être un, -cucurbitacé-, de la noble espèce des cornichons ! Ne savez-vous pas qu'il est tout bête et suffisant de laver la nourriture que l'on veut manger crue . L'eusses-tu cru ?
Quant aux pertes de revenu annoncées par les tueurs de toros, un bref calcul ma laisse penser que les produits agricoles d'outre- Pyrénées doivent être, pour le moins, plaqués or ! Je sens venir un monstre chantage à l'échelle européenne pour récupérer ce qu'ils n'ont pas réellement perdu .
Escherichia coli, toi qui hante mon colon depuis des lustres, toi qui vit en bonne intelligence avec une foultitude de microbes semblables sans lesquels je ne serait pas en vie , E. coli reste sage et ne mute pas , pas de fandango, pas de corrida, pas de catagnettes en folie, je tiens à ma peau . Je vais continuer à te nourrir régulièrement et n'inviterai pas à ma table ces mortelles étrangères .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
4è juin 1770
Mon cher ange, je vous dirai d'abord pour m'insinuer dans vos bonnes grâces que l'abbé de Châteauneuf 1 s'est arrangé tout comme vous l'avez voulu avec Le Dépositaire . Ninon n'a point couché avec le jeune Gourville, et quant à M. Agnant il n'est point un ivrogne à balbutiement et à hoquets, c'est un buveur du quartier qui peut regarder les gens fixement et d'un air comique en disant son mot mais qui n'est point du tout ivre, et en cela même il est un personnage assez neuf au théâtre .
Dès que messieurs du clergé seront prêts à plier bagage 2, je vous enverrai celui de Ninon . L’Encyclopédie 3 ne me laisse pas à présent à moi .
Venons à présent au profane . Je crains bien que M. le duc de Praslin ne fasse pas sitôt des présents de montres aux janissaires et aux douaniers de la Porte Ottomane . Vous savez comme on s'égorge dans la patrie de Sophocle et de Platon, comme on massacre et comme on pille . Cependant si nos consuls restent, si M. le duc de Praslin veut des montres, nous sommes à ses ordres .
M. le duc de Choiseul a la bonté de nous en prendre . Favorisez-nous, je vous en conjure, engagez vos camarades messieurs les ministres étrangers 4 à nous donner la préférence . Si nous avions une estampe de votre prince nous lui enverrions une montre avec son portrait en émail, qui ne serait pas chère . Nous avons fait celui du roi et de Mgr le dauphin qui ont parfaitement réussi . Nous faisons à présent celui de M. le comte d'Aranda. C'est une entreprise très considérable . M. l'abbé Terray 5 en a fait une bien cruelle en me saisissant deux cent mille francs d'argent comptant qui n'avaient rien à démêler avec les deniers de l’État 6, et qui auraient servi à bâtir des maisons pour nos artistes et à augmenter la fabrique . Il a fait un mal irréparable . Je vous prie très instamment , mon cher ange, de distribuer les petits avis imprimés ci-joints 7. Je vous aurai la plus grande obligation. Un mardi suffira pour mettre ma fabrique à la mode .
On avait bien trompé, ou du moins voulu tromper M. le duc de Choiseul quand on lui avait dit que les Natifs de Genève massacrés par les Bourgeois n'étaient que des gredins et des séditieux 8. Je vous assure que ceux qui travaillent chez moi sont les plus honnêtes gens du monde, les plus sages, les plus dignes de sa protection .
Dites bien, je vous prie, à messieurs les deux ducs 9 combien je leur suis attaché . Mon cœur vous en dit toujours autant . »
1 Autrefois familier de Ninon de Lenclos, parrain de V*, et que celui-ci fait passer pour auteur du Dépositaire .
6 Argent confié par V* à Lacombe et placé en rescriptions . http://littre.reverso.net/dictionnaire-francais/definitio...
7 On possède un de ces Avis, avec indication de prix des montres, signé « Les Dufour et Céret / Entrepreneurs de la fabrique de Ferney ». http://www.worldtempus.com/fr/encyclopedie/index-encyclop...
8 Sur les violences du 16 février et du 7 mars, voir lettre du 18 février à Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/23/le-dieu-d-israel-est-irrite-contre-les-enfants-de-jacob-qui.html#more
, du 11 mars à Hennin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/11/vous-devriez-bien-venir-coucher-chez-nous-quand-vous-serez-d.html#more
, du 9 avril à la duchesse de Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/04/10/je-me-jette-a-vos-gros-et-grands-pieds.html#more.
9 Choiseul et Choiseul-Praslin . http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Fran%C3%A7ois_d...
http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9sar_Gabriel_de_Choise...
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03/06/2011
Dieu est juste juste, quand l'homme laid, l'est
Pour suivre notre Volti préféré, donc unique, voir lettre du 2 février 1767 éditée le 2 février 2011 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/02/n...
Si Dieu, -donc vous !, - êtes juste, vous ne manquerez pas de soutenir Malagasy Gospel !
http://www.youtube.com/watch?v=Ta3fjUD7YWQ&feature=re...
http://www.deezer.com/listen-5695703
Et aussi ce qui suit , spécialement, en souvenir de Jean-Noël Andriamamonjy, camarade d'études, aux talents musicaux multiples , lui aussi amateur de jazz, et doué d' un autre talent plus important encore , une bonne humeur communicative .
http://www.deezer.com/listen-5695706
http://www.deezer.com/listen-7741960
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hier, 35 victoires ... pour le pain
A l'heure des bouchons routiers coutumiers
Mirifiques attributs des trente-cinq heures,
Trente cinq victoires, pour des congés payés,
De nos anciens ont fait le bonheur .
Le droit syndical à l'égal du pain
Pour les socialistes aigris,
De ce temps pas si lointain,
Avait encore un prix .
Le droit de cuissage des beaux parleurs
Est de nos jours plus épanoui,
Et le droit de femmes en pleurs
Pour un DSK semble inouï .
Le socialisme s'est vidé de son âme,
Ecrasons l'infâme .
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