31/05/2011
Vous êtes dans un faubourg de l'enfer et moi dans l'autre
Plus gaiement, de nos jours à Saint Claude, pour chasser le diable caché sous nos chemises, point d'eau bénite, point de prière d'exorcisme, juste un modeste soufflet manié par de vaillants soufflaculs !
http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/A...
« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin
Christin fils, Maire de Saint-Claude, avocat au Parlement de Saint-Claude
Vous jugez bien , mon cher ami, de la désolation où nous sommes 1. Vous êtes dans un faubourg de l'enfer et moi dans l'autre . J'avais déjà parlé à M. de Trudaine
de cette main-morte gothe, visigothe et vandale 2. Il pensait absolument comme nous, et il répondait de deux ministres aussi philosophes que lui, et amoureux comme lui du bien public 3. Il avait fait un petit voyage à Lyon pour y consommer l'affaire des jurandes et des corvées, et pour établir la liberté dans toutes les provinces voisines, lorsque tout d'un coup un courrier extraordinaire lui apporta la fatale nouvelle . Il revint sur le champ à la petite maison où il avait laissé madame sa femme, entre Genève et Ferney . Il repartit au bout de deux jours pour Paris, et nous laissa dans le désespoir . Le reste de ma vie, mon cher ami, ne sera plus que de l'amertume, et s'il est pour moi quelque consolation elle ne peut être que dans votre amitié . »
1 A cause de la démission de Turgot le 13 mai : « M. Turgot le père du peuple ... avait délivré mon petit pays des alguazils de la ferme générale ... » ; voir lettre à Sébastien Dupont, avocat à Colmar, page 229 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80042j/f234.image.r=.langFR
3 Voir la lettre à Condorcet du 27 janvier 1776 ; Christin avait perdu le procès devant le parlement de Franche-Comté, et V* attendait « le moment favorable pour faire présenter une requête à M. Turgot et à M. de Malesherbes » car il avait retrouvé un édit minuté sous Louis XIV qui abolissait la mainmorte dans tout le royaume.
http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/27/t...
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30/05/2011
Voltaire, le bon Dieu te doit un grand merci
Vers onze heures du soir ce samedi 30 mai 1778, la plus brillante des Lumières du XVIIIè siècle change de monde .
J'aime les bustes de Volti, emperruqué ou à l'antique, mais j'ai un faible pour cette tête réalisée par le génial Houdon qui nous montre l'homme qui sut allier, comme on le voit, l'ironie (parfois mordante ) à une extrême bonté . Il eut la grandeur d'affronter le doute, de reconnaître humblement, lucidement que l'Homme ne saura jamais tout . A mes yeux, et selon mon coeur, et je ne suis certainement pas le seul, il est un modèle d'homme de bonne volonté .
Il y a deux cent trente trois ans , Volti (ceux qui fréquentent ce blog connaissent déjà ce surnom affectueux que je donne à François-Marie Arouet de Voltaire ) cessa de souffrir et put enfin échapper à ses ennemis qui sont les dogmes religieux, l'intolérance, le fanatisme et l'imbécilité malveillante .
"Mon Dieu, rendez mes ennemis bien ridicules !" disais-tu, et je ris avec toi .
Mais aussi, tu dis avec une grande foi et sincérité, cette prière qui devrait être universelle pour tous ceux qui se targuent de croire en Dieu :
http://www.litteratureaudio.net/Voltaire_-_La_Priere_a_Di...
Plutot que la lettre d'un homme dit "mort pour la France", j'aimerais qu'on lise plutôt l'article sur la "Tolérance" du Dictionnaire philosophique :
http://www.voltaire-integral.com/Html/20/tolerance.htm
"Qu’est-ce que la tolérance? c’est l’apanage de l’humanité. Nous sommes tous pétris de faiblesses et d’erreurs; pardonnons-nous réciproquement nos sottises, c’est la première loi de la nature."
Et extrait du Traité sur la Tolérance :
"Il ne faut pas un grand art, une éloquence bien recherchée, pour prouver que des chrétiens doivent se tolérer les uns les autres. Je vais plus loin : je vous dis qu'il faut regarder tous les hommes comme nos frères.
Quoi ! mon frère le Turc ? mon frère le Chinois ? le Juif? le Siamois ?
Oui, sans doute ; ne sommes-nous pas tous enfants du même père, et créatures du même Dieu ?
Mais ces peuples nous méprisent ; mais ils nous traitent d'idolâtres !
Hé bien ! je leur dirai qu'ils ont grand tort. Il me semble que je pourrais étonner au moins l'orgueilleuse opiniâtreté d'un iman ou d'un talapoin, si je leur parlais à peu près ainsi :
« Ce petit globe, qui n'est qu'un point, roule dans l'espace, ainsi que tant d'autres globes ; nous sommes perdus dans cette immensité. L'homme, haut d'environ cinq pieds, est assurément peu de chose dans la création. Un de ces êtres imperceptibles dit à quelques-uns de ses voisins, dans l'Arabie ou dans la Cafrerie : "Écoutez-moi, car le Dieu de tous les mondes m'a éclairé : il y a neuf cents millions de petites fourmis comme nous sur la terre, mais il n'y a que ma fourmilière qui soit chère à Dieu ; toutes les autres lui sont en horreur de toute éternité ; elle sera seule heureuse, et toutes les autres seront éternellement infortunées." »
Ils m'arrêteraient alors, et me demanderaient quel est le fou qui a dit cette sottise.
Je serais obligé de leur répondre : « C'est vous-mêmes. » Je tâcherais ensuite de les adoucir ; mais cela serait bien difficile.
Je parlerais maintenant aux chrétiens, et j'oserais dire, par exemple, à un dominicain inquisiteur pour la foi : « Mon frère, vous savez que chaque province d'Italie a son jargon, et qu'on ne parle point à Venise et à Bergame comme à Florence. L'Académie de la Crusca a fixé la langue ; son dictionnaire est une règle dont on ne doit pas s 'écarter, et la Grammaire de Buonmattei est un guide infaillible qu'il faut suivre ; mais croyez-vous que le consul de l'Académie, et en son absence Buonmattei, auraient pu en conscience faire couper la langue à tous les Vénitiens et à tous les Bergamasques qui auraient persisté dans leur patois? »
Je me permettrai d'ajouter mon frère athée ! qui, s'il ne croit pas en Dieu, peut croire en l'Homme en toute fraternité .
N'a-t-on pas là de quoi faire un monde meilleur ?
Mam'zelle Wagnière, j'aime à penser que vous , fidèle entre les fidèles, êtes de coeur avec moi . Je vous dédie ce qui suit :
http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/v...
PS .- Hier, Volti m'a demandé de vos nouvelles, quand je lui ai rendu visite en n'omettant pas la caresse que vous savez pour lui, et la grimace que nous réservons à son sinistre voisin !
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nous sentons bien qu'on peut lui reprocher un petit manque de modestie
"... et qu’il n'est pas honnête de chanter ainsi ses louanges" !
N'est ce pas heureux(ses) candidat(e)(s) au trône républicain ?
http://www.deezer.com/listen-695598
http://www.deezer.com/listen-765208
Moi aussi, j'aime bien Gluck !
Ich bin sehr glücklich !
Und Geluck, auch !
« A Jean-Baptiste-Nicolas de Lisle
Capitaine de dragons, etc.
à Mousson
30è mai [1774]
Nous sommes tous Gluck à Ferney 1, Monsieur ; nous sommes aussi Arnould 2. Nous sommes encore plus De Lisle ; et pour vous en convaincre nous avons sauvé un pauvre diable de moine défroqué qui osait porter votre nom 3.
A l'égard de Mlle Arnould qui chante si bien que de grâces, que de beauté !4 nous sentons bien qu'on peut lui reprocher un petit manque de modestie, et qu’il n'est pas honnête de chanter ainsi ses louanges . Elle se tirera de cette critique comme elle pourra .
Pour Mme du Deffand nous ne lui pardonnons pas de s'être ennuyée à cette musique 5.
En vous remerciant de toutes vos bontés .
Il court une petite oraison funèbre de Louis XV, prononcée par un monsieur de Chambon, dans l'académie de Valence 6. Elle est courte, nous vous enverrons le premier exemplaire qui nous tombera sous la main .
V[otre] t[rès] h[umble] [et] obligé
Le vieux malade. »
1 Voir lettre du 18 mai : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/13/nous-devons-tout-a-vos-bontes-en-prose-en-vers-en-doubles-cr.html
2 Madeleine-Sophie Arnould créa les rôles d'Iphigénie et d'Eurydice dans les opéras de Gluck . http://roglo.eu/roglo?lang=fr&m=NG&n=Madeleine+Sophie+Arnould&t=PN
3 Le 6 mai, V* demandait à P.-J. Franck, banquier, de donner de sa part « dix louis d'or à M. Delille » . « C'était un moine défroqué qui avait enlevé une fort jolie fille . Ses supérieurs couraient après lui pour le faire brûler ; nous avons envoyé le moine et sa demoiselle en Russie », écrira V* le 18 juillet à De Lisle .
4 Vers chanté par le chœur (I, 5 : http://www.deezer.com/listen-695631)à l'arrivée d'Iphigénie dans Iphigénie en Aulide (musique de Gluck, livret adapté par le bailly du Roullet).
6 L’Éloge funèbre de Louis XV prononcé dans une académie le 25 mai 1774, de V*. http://books.google.com/books?id=jKMGAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
De Lisle dira : « M. de Chambon n'existe pas plus que l'académie de Valence » . Le 6 juin, V* envoie à Mme du Deffand « le petit ouvrage de M. de Chambon » ; « (il) m'a paru mériter que je vous l'envoie, non pas à cause de son éloquence, car je le crois un peu trop simple, ... » ; voir page 337 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800416/f342.image.r... . Il ajoutera : « Ce M. de Chambon ne brûle pas beaucoup d'encens quand il dit sa grand-messe. »
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29/05/2011
je craindrais même que la passion de boire qui était autrefois un goût de bel air, et qui est aujourd'hui hors de mode, ne parût insipide
« A Nicolas-Claude Thieriot
Correspondant du roi de Prusse
rue Jacinthe la dernière grande porte cochère à droite de l'hôtel d'Ormesson à Paris.
Vous saurez, mon ancien ami, que le jeune magistrat 1 attendait le livre de l'abbé de Châteauneuf 2 pour faire une préface dans laquelle il voulait faire connaître le caractère de la célèbre Ninon que Préville ne connait point du tout ; je l'avais flatté que ce petit livre pourrait venir par la poste ; mais comme vous l'avez envoyé par les voitures publiques, il n'arrivera que dans trois semaines . Je n'en suis pas fâché . L'auteur aura tout le temps de limer son ouvrage, qu'il veut intituler Le Dépositaire et non pas Ninon, parce qu'en effet le dépôt fait par Gourville à un dévot est le principal sujet de sa pièce , et tout le reste parait accessoire .
Il est vrai que l'ouvrage n'est pas dans le goût moderne, et je craindrais même que la passion de boire qui était autrefois un goût de bel air, et qui est aujourd'hui hors de mode, ne parût insipide . J'ai pris la liberté de dire à l'auteur qu'un tel rôle ne peut réussir que quand il est supérieurement joué et je l'ai engagé à livrer sa pièce à l'impression plutôt qu'au théâtre . Il vous l'enverra donc dès qu'il y aura mis la dernière main, et vous en ferez tout ce qu'il vous plaira .
Quoique l'on soit aujourd'hui très sévère, et qu'on s'effarouche de tout ce qui aurait passé sans difficulté du temps de Molière, je crois que vous obtiendrez aisément une permission . Il est plus aisé à présent d'être imprimé que d'être joué .
S'il y a quelques nouvelles dans la littérature, je me flatte que vous m'en donnerez . Je ne crois pas que vous soyez au fait de ce qu'on imprime en Hollande . Marc-Michel Rey a donné une Histoire du parlement de Paris 3 que les connaisseurs jugent fidèle et impartiale . Connaissez-vous Le Cri des nations 4?
Avez-vous entendu parler des aventures d'un Indien et d'une Indienne mis à l'inquisition à Goa du temps de Léon X , et conduits à Rome pour être jugés? Il y a dans cet ouvrage une comparaison continuelle de la religion et des mœurs des brames avec celle de Rome . L'ouvrage m'a paru un peu libre, mais curieux, naïf et intéressant . Il est écrit en forme de lettres dans le goût de Paméla 5. Le titre est : Lettres d'Amabed et d'Adaté . Mais dans les six tomes de Paméla il n'y a rien . Ce n'est qu'une petite fille qui ne veut pas coucher avec son maître à moins qu'il ne l'épouse, et les Lettres d'Amabed sont le tableau du monde entier depuis les rives du Gange jusqu'au Vatican .
Adieu, mon ancien ami, qui êtes mon cadet de plusieurs années ; votre vieil ami vous embrasse .
29è mai 1769. »
1 Auteur prétendu de la pièce intitulée Le Dépositaire . http://www.voltaire-integral.com/Html/06/06DEPOSI.htm
2 Dialogue sur la musique des Anciens, 1725, que V* a demandé le 5 mai . http://books.google.fr/books?id=hTJDAAAAcAAJ&printsec=frontcover&dq=Dialogue+sur+la+musique+des+Anciens&hl=fr&ei=ALrfTbmyNZSv8QOl2pCICg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CCsQ6AEwAA#v=onepage&q&f=false
3 Histoire du parlement de Paris par M. l'abbé Big..., 1769, bien sûr de V*. http://books.google.fr/books?id=sAs-AAAAYAAJ&pg=PA3&dq=Histoire+du+parlement+de+Paris+par+M.+l%27abb%C3%A9+Big...&hl=fr&ei=N7vfTbn8A8uo8AO928iKCg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&ved=0CC8Q6AEwAQ#v=onepage&q&f=false
4 Publié par V* en 1769. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72188d/f4.image.r=.langFR
5 Cette comparaison du conte de Paméla et la similitude des termes utilisés confirment l'hypothèse que V* désignait ainsi fin 1753-début 1754 non seulement les lettres factices de Prusse à Mme Denis, mais déjà une ébauche des Lettres d'Amabed ; voir lettre du 20 décembre 1753 à Mme Denis et Mme de Fontaine : page 97 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f101.image.r=.langFR
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411337x/f453.tableD...
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28/05/2011
une sœur de la charité fait plus de bien de près qu'Esculape de loin .
Régalez-vous, comme moi, avec cette chanson du grand Georges :
La religieuse : http://www.deezer.com/listen-917399
Et cette autre :
La légende de la nonne : http://www.deezer.com/listen-3561369
Et puis , celle-ci, où un curé aurait bien plû à Volti, et une bonne soeur très charitable l'aurait fait rosir : http://www.deezer.com/listen-2262649
J'arrête là, sinon dans une semaine nous y serons encore ! Avec Brassens et Volti, la vie est plus gaie, incontestablement !
« A Etienne-Noël Damilaville
28è mai 1765
M. Tronchin 1 a le paquet de mon frère, et on lui fera parvenir la réponse dès qu'on l'aura reçue . Mais j'avertis toujours qu’il est rare de guérir ses malades à cent lieues et qu'une sœur de la charité fait plus de bien de près qu'Esculape de loin .
J'ai su qu'on avait encore envoyé un second paquet par M. Gaudet 2, et probablement ce paquet n'est point parvenu à sa destination . On écrivit depuis une lettre instructive sur l'état des choses, et on se servit de la même voie . Cette lettre partit le 21 ou 22 du mois . Il serait très triste qu'on l'eût ouverte 3. On a écrit le 27 par M. Héron premier commis des bureaux du Conseil, et la lettre a été mise à la poste à Lyon 4.
Je pense qu'il est nécessaire que vous m'écriviez à Genève une lettre signée de vous . Vous y direz que vos occupations vous permettent peu de vous occuper de littérature 5. Que vous faites à la vérité venir quelquefois des livres de Hollande pour un de vos amis, et que vous avez à peine le temps d'y jeter un coup d’œil . Vous pourrez me dire que vous avez parcouru la Philosophie de l'Histoire, et que vous êtes bien étonné qu'on m'attribue un livre rempli de citations chaldéennes, syriaques et égyptiennes . Vous pourrez me plaindre d'ailleurs, d'être en butte à la calomnie depuis cinquante années. Vous me rassurerez en me disant combien le roi est équitable . Si ce canevas vous parait raisonnable, vous le broderez . Puisqu'on est curieux, vous satisferez la curiosité .
Vous pourrez adresser vos autres lettres sous l'enveloppe de M. Camp banquier à Lyon, comme je vous l'ai déjà mandé .
Je ne vous dis pas combien il est douloureux de recourir à ces expédients 6. Nous voilà comme un amant et une maîtresse dont les lettres sont interceptées par les jaloux . Aimons-nous en davantage, et écr l'Inf. »
2 « On » = V* ; il écrivait à Damilaville le 4 mai : « J'ai bien peur que vous n'ayez point reçu le Bazin de Hollande ...»; page 212 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f217.image.r...
Et le 20 : « On a saisi le ballot qui contenait le bel ouvrage de notre cher Archimède (de d'Alembert sur l'expulsion des jésuites)... » ; page 218 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f223.image.r=.langFR
3V* envoie le 22 mai deux lettres à Damilaville, une « qu'on ouvrira si on veut » et l'autre où il est question du fanatisme, de la Philosophie de l'Histoire, des lettres décachetées et de l'adresse à mettre sur celles qu'on lui envoie (sous l'enveloppe de M. Camp à Lyon) ; Page 219 et suivantes : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f224.image.r=.langFR
4Deux lettres aussi le 27 mai à Damilaville ; dans l'une il y a « une lettre à M. d'Alembert pour les curieux » et il demande des nouvelles du « paquet de Hollande » sans doute La Philosophie de l'Histoire, et de la « lettre sous l'enveloppe dudit Gaudet ». Page 223 et suivante : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f228.image.r=.langFR
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27/05/2011
On aimera, on baptisera, on tuera,
"...comme presque tous les hommes d'aujourd'hui malins et médiocres", jusque et y compris des candidats à la présidence de la république .
Dirty Silly Keutard va dépenser trois ans de mon salaire chaque mois pour protéger sa détestable personne ; est-ce bien l'égalité, est-ce bien la fraternité qu'il aurait pronées et défendues ? Permettez-moi d'en douter , permettez-moi de n'en pas croire une syllabe !
Permettez-moi de respecter et admirer ces femmes qui ne se laissent pas faire , qui ont le courage de parler et demander justice pour que l'impunité des soi-disant grands, ne soit plus de mise .
http://www.deezer.com/listen-1554540
Mlle Sallé, que l'on nomma "La Vestale"; portrait par Quentin de la Tour
http://www.deezer.com/listen-3700269
Volti la célébra :
http://www.monsieurdevoltaire.com/article-poesie-pour-le-...
http://www.deezer.com/listen-10325054
http://www.monsieurdevoltaire.com/article-poesie-madrigal...
http://www.deezer.com/listen-10325057
« A Jean-Baptiste-Nicolas Formont
Paris ce 29 mai 1732
Je viens de mander à notre cher Cideville combien je suis fâché de n'avoir pu faire succéder l'abbé Linant à Thieriot 1. La dame du logis prétend que puisqu'elle m'a pour rien, elle doit avoir tout gratis , et regarde Thieriot comme quelqu'un dont elle hérite douze cents livres de rente viagère 2. Elle pense que tout jeune homme à qui elle ferait une pension la quitterait sur le champ pour Mlle Sallé . Je suis véritablement affligé de me voir inutile à l'abbé Linant, car vous l'aimez, et il fait bien des vers 3. J'ai vu un autre abbé 4 qui ne le vaut pas assurément et qui m'a montré de petits vers pour Mme de Formont . Vous logerez celui-là s'il vous plait . Pour moi je ne m'en charge pas . Je ne vous renverrait pas Ériphyle si tôt 5. J'ai tout corrigé . Mais je veux l'oublier, pour la revoir ensuite avec des yeux frais . Il ne faut pas se souvenir de son ouvrage quand on veut le bien juger . J'ai cru même que le meilleur moyen d'oublier la tragédie d'Ériphyle était d'en faire une autre 6. Tout le monde me reproche ici que je ne mets point d'amour dans mes pièces 7. Ils en auront cette fois-ci, je vous jure, et ce ne sera pas de la galanterie . Je veux qu'il n'y ait rien de si turc, de si chrétien, de si amoureux, de si tendre, de si furieux que ce que je versifie à présent pour leur plaire . J'ai déjà l'honneur d'en avoir fait un acte . Ou je suis fort trompé, ou ce sera la pièce la plus singulière que nous ayons au théâtre . Les noms de Montmorency, de St Louis, de Saladin, de Jésus et de Mahomet s'y trouveront . On y parlera de la Seine et du Jourdain, de Paris et de Jérusalem . On aimera, on baptisera, on tuera, et je vous enverrai l'esquisse dès qu'elle sera brochée .
On m'a parlé hier d'une petite pièce bachique du jeune Bernard , poète et homme aimable 8. Dès que je l'aurai je vous l'enverrai . Il paraît ici des couplets contre tout le monde ; mais ils sont assez comme presque tous les hommes d'aujourd'hui malins et médiocres . La fureur de jouer la comédie partout continue toujours, et la fureur de la jouer mal dure toujours aux comédiens français . Nous attendons l'Opéra des cinq ou six sens 9. La musique est de Destouches, les paroles de Roy, qui se cache de peur que son nom ne lui nuise . Nous aurons aussi les Serments indiscrets de Marivaux, où j'espère que je n'entendrai rien 10. Pour les nouvelles du parlement ea cura quietum non me sollicitat 11. Je ne connais et ne veux de ma vie connaître que les belles-lettres et aimer que des personnes comme vous, si par bonheur il s'en rencontre .
Adieu, mon cher Monsieur, je vous suis attaché pour toute ma vie .
V. »
2 Mme de Fontaine-Martel, qui loge V*, 29 rue des Bons-Enfants, logeait aussi Thieriot et lui versait une rente ; Thieriot s'éprit de Mlle Sallé, danseuse à l'Opéra, et fut alors chassé . http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Sall%C3%A9
V* écrit à Cideville le 29 mai : « Je crois qu'elle m'a dans sa maison parce que j'ai trente-six [sic ; 38 ans] ans et une trop mauvaise santé pour être amoureux. » ; page 137 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80029b/f142.image.r...
5 Le 10 mai, V* a demandé à Formont, de suspendre l'impression entreprise avec Jore afin de remanier le manuscrit , ainsi qu'à Cideville le 9 mai : page 136 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80029b/f141.image.r...
. Il finira par en tirer Sémiramis une quinzaine d'années plus tard .
7 On joue les pièces de V* sur le théâtre d'amateurs de Mme de Fontaine-Martel . Ériphyle a été jouée à la Comédie-Française sans grand succès en mars et lors de la reprise en avril . La Mort de César fut considérée comme injouable car elle n'offrait aucun rôle aux comédiennes .
8 L’Hymne à Bacchus de Pierre-Joseph Bernard qui fut surnommé Gentil Bernard. Page 188 : http://books.google.fr/books?id=v48GAAAAQAAJ&pg=PA188...
9 Le Ballet des Sens, livret de Pierre-Charles Roy, musique de Mouret, créé à l'Opéra le 5 juin 1732 . http://operabaroque.fr/MOURET_SENS.htm
10 Voir lettre du 2 février 1736 à Berger : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/01/8...
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26/05/2011
Je me meurs, mon cher Wagnière, il parait bien difficile que je réchappe
Ces lignes sont toujours très poignantes à lire pour moi ; Volti va mourir dans quelques jours, mais son esprit reste clair . Sa lucidité ne lui accorde aucun répit, il va mourir en vivant pleinement consciemment jusqu'au bout .
Sois heureux, Volti ! même mort tu nous parles encore .
Quelques autres morts ...
Je meurs : http://www.deezer.com/listen-2748159
Je meurs d'en vie : http://www.deezer.com/listen-3770968
Je vis ... je meurs : http://www.deezer.com/listen-5518852
... Je meurs de soif : http://www.deezer.com/listen-4424513
Volti, nous te saluons !
« A Jean-Louis Wagnière
Je me meurs, mon cher Wagnière, il parait bien difficile que je réchappe . Je suis bien puni de votre départ, d'avoir quitté Ferney 1, et d'avoir pris une maison à Paris 2. J'ai recours à vous pour être payé de M. Schérer, qui est, comme vous savez, le dépositaire de toute ma fortune . J'attends de vous cette consolation dans les inquiétudes mortelles où me plonge mon état . La Barberat 3 a tort d'être fâchée, elle sera bien payée et bien récompensée . La Bardi 4 a le plus grand tort d'être partie ; elle a une maison qu'elle ne devrait pas abandonner, elle serait inutile à Paris .
Je vous embrase tendrement, mon cher ami, et tristement .
V.
à 3 heures du matin [24 mai 1778] »
1 Pierre Morand, par qui il a fait écrire cette lettre, confirme en écrivant à Wagnière : « Il m'a dit plus de vingt fois cette nuit qu'il se repentait d'être venu à Paris, comme il vous le marque . »
5 Sur la lettre écrite par Mme Denis à Wagnière du 25, celui-ci note : « Pourquoi donc ne m'avez vous pas écrit quand il vous l'avait ordonné ? Pourquoi au contraire défendre expressément que l'on m'écrivît ? Pourquoi retintes-vous la lettre qu'il m'écrivait ? » . Wagnière avait quitté Paris pour Ferney le 29 avril, ayant reçu le 26 pouvoir pour s'occuper des domaines de V*.
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