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08/04/2020

Je me guéris moi-même par le régime et par la patience ... et jusqu’ici je m'en suis bien trouvé

... "Virus de tous pays, tenez-le vous pour dit !"

signé : Le Concombre masqué ( mon modèle de prophylaxie ).

Le Concombre masqué. | Dessin, Petits dessins, Dessin original

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Envoyé de Parme

etc.

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental 1

Extrait de la lettre de Luc du 1er janvier ;

arrivée à Ferney le 19 à cause des détours.2

« … détrompé dès longtemps des charlataneries qui séduisent les hommes, je range le théologien, l'astrologue, l'adepte, et le médecin dans la même catégorie . J'ai des infirmités et des maladies . Je me guéris moi-même par le régime et par la patience … Dès que je suis malade je me mets à un régime rigoureux ; et jusqu’ici je m'en suis bien trouvé … quoique je ne jouisse pas d'une santé bien ferme, cependant je vis, et je ne suis pas du sentiment que notre existence vaille qu'on se donne la peine de la prolonger ... »

Voilà les propres mots qui font soupçonner à mon avis qu'on n'a ni santé ni gaieté .

Mon divin ange j'ai encore moins de santé mais je suis aussi gai qu'homme de ma sorte . Je n’ai actuellement que la moitié d'un œil et vous voyez que j’écris très lisiblement . Je soupçonne avec vous que le tyran du tripot a contre vous quelque rancune qui n'est pas du tripot . N'y a-t-il pas un fou de bordeaux nommé Vergy qui aurait pu vous faire quelque tracasserie 3? Ce monde est hérissé d'anicroches . Jean-Jacques Rousseau est aussi fou que les d’Éon et les Vergy ; mais il est plus dangereux .

Voulez-vous bien mon divin ange présenter à M. le duc de Praslin mes tendres et respectueux remerciements du passeport qu'il veut bien accorder au vieux Moultou et à sa famille pour aller montrer sa vessie à Montpellier ? Je me flatte que mon autre ange madame d'Argental tousse moins .

N.B. – Vous serez peut-être surpris que Luc m'écrive toujours . J'ai trois ou quatre rois que je mitonne, comme je suis fort jeune il est bon d'avoir des amis solides pour le reste de sa vie .

Divins anges ces quatre rois-là ne valent pas une plume de vos ailes .

A Ferney 24 janvier [1765]. »

1 L'édition Cayrol est limitée au post-scriptum et datée à tort du 24 février 1765 .

2 Les passages cités sont en effet empruntés avec exactitude à la lettre de Frédéric II du 1er janvier 1765 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_5865

07/04/2020

Nunc itaque et versus et cætera ludicra pono . Je n’en dis pas de même de votre amitié et de l’envie de vous voir

... A Mam'zelle Wagnière

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Nous y retournerons

 

 

« A Jacques-François-Paul Aldonce de Sade

Le second volume 1 m’est arrivé, monsieur : je vous en remercie de tout mon cœur ; mais M. Fréron vous doit encore plus de remerciements que moi. Il doit être bien glorieux : vous l’avez cité 2, et c’est assurément la première fois de sa vie qu’on l’a cru sur sa parole. Mais, comme je suis plus instruit que lui de ce qui me regarde, je puis vous assurer que je n’ai pas seulement lu cet extrait de Pétrarque dont vous me parlez. Il faut que ce Fréron soit un bien bon chrétien, puisqu’il a tant de crédit en terres papales. Vous m’avez traité comme un excommunié. Si la seconde édition de l’Histoire générale était tombée entre vos mains, vous auriez vu mes remords et ma pénitence d’avoir pris 3 la rime quaternaire pour des vers blancs. Ces rimes de quatre en quatre n’avaient pas d’abord frappé mon oreille, qui n’est point accoutumée à cette espèce d’harmonie. Je prends d’ailleurs actuellement peu d’intérêt aux vers, soit anciens, soit modernes . Je suis vieux, faible, malade.

 Nunc itaque et versus et cætera ludicra pono 4.

Je n’en dis pas de même de votre amitié et de l’envie de vous voir : ce sont deux choses pour lesquelles je me sens toute la vivacité de la jeunesse.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, du meilleur de mon cœur, et sans cérémonie, votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire.

23 janvier 1765 au château de Ferney. »

2 Dans son introduction au second volume des Mémoires pour la vie de Pétrarque, Sade cite une déclaration de Fréron dans l'Année littéraire du 31 juillet 1764, selon laquelle le compte-rendu de la Gazette littéraire de l'Europe sur l'ouvrage de Sade est de V* (voir lettre du 18 juin 1764 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/07/27/j... ) . Fréron a bien entendu raison et le démenti que donne ici V* est pur mensonge !

3 Dans l'édition de 1761 d'un passage de l'Essai sur les mœurs (chapitre actuel LXXXII) V* dit que l'ode de Pétrarque à la fontaine de Vaucluse est en vers blancs . Il corrigera cette erreur dans l'errata du même volume et dans les éditions suivantes .

4 C'est pourquoi je renonce maintenant aux vers et aux autres amusements ; Horace, Épîtres, I, i, 10.

06/04/2020

Qui croirait qu'il fallût tant de soins et tant de peines pour respirer l'air de son pays !

... Avec ou sans masques !

A ce propos, qu'il me soit permis de faire remarquer que la majorité des porteurs de masques vus à la télé n'ont que l'illusion de se protéger ou d'être non contaminants : il y a une petite barrette sur le nez qui n'est pas là pour faire joli, mais qui doit être pliée pour épouser la forme du nez .

Au lieu de faire passer cinquante fois par  à la TV et le radio, l'alerte Covid-19 avec sa liste d'interdictions, il serait bon de donner le bon mode d'emploi du masque, de se mettre d'accord pour le port généralisé, sain , demi-sain, quart de sain, semi-malade , et que tout type de masque soit admis puisque ceux qui ont le label manquent remarquablement .

Coronavirus : les meilleurs tutos pour réaliser son masque en tissu

https://www.lavoixdunord.fr/736653/article/2020-04-05/les...

 

 

« A Paul-Claude Moultou, Ministre

à Genève

Vos savez bien , mon cher philosophe, que j'écrivis le vendredi et qu'en conséquence de la rage que vous aviez d’être intitulé ministre du saint Évangile , j'écrivis encore le samedi 1. On me mande en réponse de la lettre du vendredi que vous aurez votre passeport . Mais je tremble, je vous l'avoue, que la lettre du samedi n'ait tout gâté . Il est très certain qu'avec un passeport du ministre vous auriez été dans la plus grande sécurité .

La petite aventure de M. Jallabert 2 arriva dans un temps suspect, et il y eut des circonstances particulières qui n'ont rien de commun avec la situation présente . Il se peut faire que ma réticence du vendredi sur votre sacré ministère, et mon aveu du samedi, aient donné quelques soupçons . Si dans huit jours nous ne recevons pas le passeport, il faudra absolument que Mme la duchesse d'Anville réponde pour vous et qu’elle jure que vous n'êtes pas plus serviteur de ce farouche Calvin, que de ces fripons imbéciles du concile de Nicée . Qui croirait qu'il fallût tant de soins et tant de peines pour respirer l'air de son pays ! Nous sommes encore bien welches .

Hodie que manent vestigia ruris 3.

Le mot ruris est trop faible ici, c'est barbaries qu'il faudrait mettre . Je vous demande pardon pour la France, mais Genève n'est guère plus sage .

Illiacos intra muros peccatur et extra 4.

Zuric me paraît plus raisonnable que le tripot, et que de Calvin . Zwingle 5 était un bon et brave déiste qui a laissé son esprit à ses compatriotes, Dieu soit béni !

Bonsoir, mon cher philosophe, que j’aime, et que je respecte pour ma vie .

Mercredi soir [23 janvier 1767]. »

1 Il est en effet question de cette lettre à Choiseul du vendredi 11 janvier -non conservée- dans la lettre du 12 janvier 1765 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/21/m-6222212.html

2 On a sans doute ici une allusion au voyage que Jallabert a fait sous prétexte de santé à Montpellier en 1743 .

3 Il subsiste encore aujourd'hui des vestiges de la campagne ; Horace, Épîtres , II, i, 160 . La forme barbaries , qui suit est une variante de barbaria ; comprendre : « des vestiges de la barbarie passée. »

4 On fait des erreurs à l'intérieur des murs d'Ilion tout autant qu'à l'extérieur ; Horace, Épîtres, I, ii, 16 .

Ce sont les brouillons qui doivent craindre de perdre leurs privilèges pour peu qu'ils en abusent

... Avis à tous  !

 

 

« A François Tronchin

22 [janvier 1765] au soir 1

Vous penserez peut-être mon cher ami qu'il est très essentiel que le Conseil voie l'extrait ci-joint après que vous l'aurez communiqué à M. Tronchin Calendrin et votre famille .

On paraissait soupçonner que Mme la duchesse de Luxembourg protégerait le misérable dont il s'agit , et pourrait même procurer une médiation favorable aux brouillons . Je répondis et je réponds encore sur ma tête qu'il n'en sera rien .

Vous êtes bien persuadé que le Conseil peut déployer toute sa fermeté et toute sa justice sans avoir à craindre de jamais perdre la moindre des prérogatives que la médiation lui assure . Ce sont les brouillons qui doivent craindre de perdre leurs privilèges pour peu qu'ils en abusent .

On attend que le Conseil agira contre le livre séditieux de la montagne comme on agit contre un perturbateur du repos public . L'auteur est tel, et doit être déclaré tel .

Voilà de qu'on dit, car pour moi je ne dis mot . Je ne suis pas de la paroisse .

 

22 au soir .

Extrait mot pour mot d'une lettre du 16 janvier 2

J'ai montré à M. de Praslin ce que vous m'avez écrit sur Genève . Il ne croit pas que le gouvernement de la 3 république soit en danger, mais je vous assure qu'il ne souffrira pas qu'on le change .

Vous paraissez surpris que Rousseau soit un malhonnête homme . On ne vous a donc pas donné les mémoires que j'ai eus . Il est noir, ingrat, faux dans ses idées, dans ses sentiments, dans ses actions ; en un mot il cache l’âme d'un scélérat sous le manteau de Diogène . »

1 Date complétée par Tronchin sur le manuscrit original .

2 Les deux passages cités le sont assez exactement, extraits d'une lettre du 16 janvier 1765 à d'Argental .

3 Trois mots ajoutés par V* au-dessus de la ligne .

05/04/2020

J'ai démoli mon théâtre, j'en fais des chambres à coucher et à repasser le linge

... On ne rigole plus en choeur ! Verboten ! Fichu Covid-19 ...

juin | 2019 | Emma

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

21è janvier 1765 , à Ferney

Mon héros, si vous prenez goût à l'empereur Julien 1, j'aurai l'honneur de vous envoyer quelque infamie de cette espèce pour éprouver votre foi, et pour l'affermir .

Je suis dans mon lit depuis un mois, fort peu instruit de ce qui se passe dans ce monde-ci et dans l'autre . La faiblesse du corps diminue toutes les passions de l'âme . Je ne me sens aucun zèle pour le tripot de la Comédie-Française . Je sens que si j'étais jeune j'aurais beaucoup de goût pour celui de l'Opéra-Comique . On y danse, on y chante, on y dit des ordures . Tous les contes de La Fontaine y sont mis sur la scène, et on m’assure qu'on y jouera incessamment Le Portier des Chartreux 2 mis en vers par l'abbé Grisel .

Vous croyez bien, monsieur le maréchal, que je ne serai pas assez imbécile pour disputer contre vous sur la tracasserie concernant les dignités de la troupe du faubourg Saint-Germain . Si j’étais un malavisé et un opiniâtre, je vous dirais que votre lettre du 17è septembre qui me donnait toute permission, était une réponse à mes requêtes 3. Je vous dirais que ces requêtes étaient fondées sur des représentations du tripot même , et que je vous jurerais que Parme et Plaisance 4 n'y avaient aucune part . Mais Dieu me garde d'oser disputer avec vous : vous auriez trop d'avantage, non seulement comme mon héros et comme mon premier gentilhomme de la chambre, mais comme un homme sain, frais, gaillard et dispos, vis-à-vis d'un vieux quinze-vingt malade, qui radote dans son lit au pied des Alpes .

Le chevalier de Boufflers est une des singulières créatures qui soient au monde ; il peint en pastel fort joliment ; tantôt il monte à cheval tout seul à cinq heures du matin, et s'en va peindre des femmes à Lausanne ; il exploite ses modèles 5 ; de là il court en faire autant à Genève, et de là il revient chez moi se reposer des fatigues qu'il a essuyées avec des huguenotes .

J'aurai l'honneur de vous dire que je suis si dégoûté des tripots que je me suis défait du mien . J'ai démoli mon théâtre, j'en fais des chambres à coucher et à repasser le linge . Je me suis trouvé si vieux que je renonce aux vanités du monde . Il ne me manque plus que de me faire dévot pour mourir avec toutes les bienséances possibles 6. J'ai chez moi, comme vous savez je pense, un jésuite à qui on a ôté ses pouvoirs dès qu'on a su qu'il était dans mon profane taudis 7. Son évêque savoyard est un homme malavisé, car il risque de me faire mourir sans confession, malheur dont je ne me consolerais jamais . En attendant , je me prosterne devant vous . »

3 Lettre non connue .

4 D'Argental .

6 Ce passage s'avèrera finalement être moins une plaisanterie que ne le croit V* .

7 Il est suspendu a divinis, c'est-à-dire qu'il ne peut conférer les sacrements .

04/04/2020

je ne m’occupe qu’à planter des arbres dont je ne verrai pas l’ombrage ; j’ai trouvé que c’était là le sûr moyen de travailler pour la postérité

...

 

Voltaire plantomane - Jean Huber (1721-1786)

Merci pour l'allée de charmilles, chère à Mam'zelle Wagnière et moi

 

 

« A Jacques-Annibal Claret de La Tourrette de Fleurieu 1

21 janvier 1765, au château de Ferney

Monsieur,

Je vous supplie de vouloir bien présenter mes respects à l’Académie 2 ; j’y ajoute mes regrets de n’avoir pu assister à ses séances depuis dix ans : mais un vieux malade ne peut guère se transplanter. Si vous êtes mon doyen académique, je crois que j’ai l’honneur d’être le vôtre dans l’ordre de la nature. Je crois qu’elle vous a mieux traité que moi : vous écrivez de votre main, et c’est ce que je ne puis faire. Vous voyez toute votre aimable famille prospérer sous vos yeux, et moi je n’ai pas l’honneur d’avoir des enfants . Mme Denis, qui m’en tient lieu, vous fait les plus sincères compliments.

Il y a bien des fautes dans le Corneille que j’ai eu l’honneur de présenter à l’Académie. Cet ouvrage aurait dû être imprimé à Lyon plutôt qu’à Genève. Corneille aurait été une des meilleures étoffes de vos manufactures . Elle durera, quoique ancienne, et quoique j’y aie mis une bordure. Pour moi, je ne m’occupe qu’à planter des arbres dont je ne verrai pas l’ombrage ; j’ai trouvé que c’était là le sûr moyen de travailler pour la postérité.

J’ai eu l’honneur de voir quelquefois messieurs vos fils dans la petite chaumière que j’ai bâtie, et dans les petites allées que j’ai alignées. Mon bonheur eût été complet si j’y avais vu le père.

J’ai l’honneur d’être très respectueusement,

monsieur,

votre très humble etc.

Voltaire. »

 

 

 

1 Ancien commandant et prévôt des marchands de Lyon, comme il est noté dans les éditions précédentes . Voir : http://s.claretdefleurieu.free.fr/Jacques%20Annibal.htm

2 Académie de Lyon .

03/04/2020

J’aime tant les Chinois et Confucius, que je ne peux croire qu’ils tiennent rien du peuple frivole et superstitieux d’Égypte ,

... comme il est encore ce moment de crise .

Si on veut un exemple d'infantilisme populaire, il n'est qu'à écouter maître Mélenchon, grand gourou , toujours en mal de publicité personnelle, toujours prêt à se battre contre des moulins avec des idées parfaitement ridicules, telle la manif' virtuelle "Plus jamais ça" . Ah ! que j'aimerais que ça soit vrai ! Plus jamais tant d'âneries politiques . Mais c'est sans doute trop demander à ces professionnels politicards qui vivent des deniers publics .

Pendant que j'y pense, la RATP et la SNCF-RER croient bien faire en raréfiant leurs fréquences de rames, et on peut alors assister à des quais et des wagons trop chargés pour que les règles d'espacement soient respectées . Ne serait-il pas plus intelligent de garder un rythme 3 ou 4 fois plus grand pour diviser par 3 ou 4 la densité des voyageurs ? D'autre part, les syndicats se plaignent des pertes dues au Covid-19 en oubliant  les millions perdus dont ils sont responsables par leurs grèves, pires que toute épidémie : cervelles de linottes .

DESSIN DE PRESSE: Mélenchon le balayeur citoyen du monde

Mais ça va plus !

 

 

« A Jean-Jacques Dortous de Mairan, de l'Académie

française et de celle des sciences etc.

au Louvre

à Paris

21è janvier 1765 au château de Ferney

par Genève

Il faut, monsieur, que vous ayez eu la bonté de m’envoyer, il y a six mois, votre horoscope d’Auguste 1, car M. Thieriot me l’a fait tenir depuis huit jours 2. Souffrez que je vous remercie en droiture . Si je m’adressais à lui, ma lettre ne vous parviendrait qu’en 1766. J’aurais, si je voulais, un peu de vanité, car j’ai toujours été de votre avis sur tout ce que vous avez écrit. Souvenez-vous, je vous prie, de la dispute sur la masse multipliée par le carré de la vitesse. Je soutins votre opinion contre la mauvaise foi de Maupertuis, qui avait séduit madame du Châtelet. Vous m’avez éclairé de même sur plusieurs points de physique. Je vous trouve partout aussi exact qu’ingénieux. Il n’y a que les Égyptiens sur lesquels je ne me suis pas rendu. J’aime tant les Chinois et Confucius, que je ne peux croire qu’ils tiennent rien du peuple frivole et superstitieux d’Égypte.

De toutes les anciennes nations, l’égyptienne me paraît la plus nouvelle ; il me semble impossible que l’Égypte, inondée tous les ans par le Nil, ait pu être un peu florissante avant qu’on eût employé dix ou douze siècles à préparer le terrain. La plupart des régions de l’Asie, au contraire, se prêtaient naturellement à tous les besoins des hommes. Le pays le plus aisément cultivable est toujours le premier habité. Les Pyramides sont fort anciennes pour nous ; mais, par rapport au reste de la terre, elles sont d’hier ; et à l’égard de nous autres Gaulois ou Welches, il y a deux minutes que nous existons . C’est peut-être ce qui fait que nous sommes si enfants.

Adieu, monsieur ; vous mériteriez d’exister toujours. Agréez, avec votre bonté ordinaire, la très tendre et très respectueuse reconnaissance de votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

2 Si Thieriot avait fait cet envoi, il n'a pas écrit pour autant . Sa lettre suivante sera du 3 juillet 1765 .