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30/04/2020

m’étant aperçu que je n’ai qu’un corps, j’ai conclu qu’il ne me fallait pas deux maisons, c’est bien assez d’une. Il y a des gens qui n’en ont point du tout, et qui valent mieux que moi

... Ecoutez bien vous qui êtes de ceux qui ont le loisir de se confiner [sic] en résidence secondaire, voire tertiaire !

https://www.lesinrocks.com/2020/03/24/medias/lol/video-cette-parodie-sur-le-confinement-vecu-par-la-haute-bourgeoisie-a-plie-le-game/

de mai Rappel des états d'âme précédents :

Tête de ...

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

[9 ?] février 1765 1

Mon divin ange, je ne vous croyais pas si ange de ténèbres que le dit cet abominable fou de Vergy 2. Je me souviens bien que Rochemore vous appelait furie 3, mais c’était par antiphrase, comme disent les doctes. Je ne crois pas que ce Vergy trouve beaucoup de partisans ni même de lecteurs. Je ne crois pas qu’il y ait un plus ennuyeux coquin. N’est-ce pas un parent de Fréron ? Dites-moi, je vous prie, si on joue quelquefois L'Écossaise 4; j’ai peur qu’elle ne soit au rang des pièces que le tyran du tripot empêche de jouer par sa belle disposition des rôles. Je lui ai écrit en dernier lieu 5, je lui écrirai encore. J’ai peur qu’une grande actrice 6, dont on m’a envoyé la médaille, ne soit pas absolument dans vos intérêts. Je reconnais votre cœur au combat qu’il éprouve entre la reconnaissance et la tyrannie tripotière 7. Je suis à  peu près dans le même cas que vous ; mais étant plus vieux, je suis un peu plus indifférent. Me voici dans un moment d’apathie, même pour les Roués. Avertissez-moi, je vous prie, mon cher ange, quand vous aurez quelque bon acteur, cela me ressuscitera peut-être.

Vous m’avez fait espérer que mon petit prêtre apostat Moultou, qui est un des plus aimables hommes du monde, serait nommé dans le passe-port. J’attends cette petite faveur avec un peu de douleur, car je serai très fâché qu’il nous quitte. Il aime la comédie à la fureur , je ne suis pas de même. Il y a des prêtres qui se dégoûtent de dire la messe . Je ne suis pas moins dégoûté des Délices . Les tracasseries de Genève me sont insipides, et m’étant aperçu que je n’ai qu’un corps, j’ai conclu qu’il ne me fallait pas deux maisons, c’est bien assez d’une. Il y a des gens qui n’en ont point du tout, et qui valent mieux que moi.

Tout Ferney s’intéresse bien fort à la toux de madame d’Argental. Les deux anges ont ici des autels. »

1 L'édition de Kehl, suit la copie Beaumarchais qui surcharge le quantième en 10, suivie des autres éditions .

2 Avocat au parlement de Bordeaux, alors à Londres. Il publiait des Lettres à monseigneur le duc de Choiseul.. Dans la seconde, d’Argental n’est pas ménagé. (Georges Avenel.)

Voir lettre du 24 janvier 1765 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/04/08/je-me-gueris-moi-meme-par-le-regime-et-par-la-patience-et-jusqu-ici-je-m-en.html

4 On l'a jouée le 1er janvier 1765 et on la reprend le 22 février .

7 Sur l'adjectif tripotier, voir Histoire de la langue française, page 1366, par Alexis François

29/04/2020

J'ai peur qu'il n'y ait des esprits malins qui se plaisent à troubler le commerce des pauvres mortels

... Le corona-virus ? Facebook ? Instagram , Twitter, etc., etc. ?

Et pourquoi pas écouter Margaux Hammann : https://www.youtube.com/watch?v=xKSSEHbRXcM

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

8 février 1765 1

Mon cher frère, ce n'est pas moi qui suis marié, c'est Gabriel Cramer . Il a une femme qui a beaucoup d'esprit, et qui a été enchantée de la Destruction . Ma nièce a beaucoup d'esprit elle aussi, mais elle n'en a rien lu .

Voilà ce qu'Archimède Protagoras peut savoir .

Un de mes amis de Franche-Comté, vous envoya un gros paquet il y a quelques semaines ; j'ignore si c'est pour son vingtième ; mais je vois que vous n'avez point reçu le paquet . J'ai peur qu'il n'y ait des esprits malins qui se plaisent à troubler le commerce des pauvres mortels .

Ne soyez point étonné, mon cher frère, que je quitte ma maison de campagne dans le pays genevois . Je suis vieux, je n'ai qu'un corps, je ne peux plus avoir deux maisons . Je passe la moitié de mon temps dans mon lit, et ce n'est pas la peine d'en changer . Je n'aime pas d'ailleurs à me mêler des affaires de la parvulissime . J'ai renoncé aux vanités du monde .

J'ai perdu la lettre de M. Héron dans une multitude immense de paperasses . Je lui écris, car il ne faut pas manquer à ses devoirs .

Voici de petits vers que vous ne connaissez peut-être pas . Je souhaite qu'ils vous amusent .

Je m'aperçois que je dois une lettre à M. Du Molard, la voilà donc 2. Ce n'est guère qu'avec vous, mon cher frère, que je ne suis point paresseux . Écrasez l'infâme . »

1 L'édition de Kehl, suite à la copie Beaumarchais, amalgame cette lettre avec des fragments de la lettre du 13 février 1765, et date du 8, puis du 10, et enfin du 13 février , suivie par toutes les éditions . L'édition Correspondance littéraire isole la lettre, cependant incomplète et mal datée .

2 On ne la connait pas .

étant juge sans intérêt, vous serez plus éclairé et moins suspect de partialité

... Est-ce ce que dit Edouard Philippe a chaque élu  et préfet pour les inciter à prendre leur part de décisions encadrant le déconfinement ?

Le "sans intérêt" concerne ceux qui ont déjà été élus au premier tour des municipales, et les préfets qui ne peuvent pas se faire éjecter en cette période trouble (après, on verra ! ) .

https://www.lepoint.fr/politique/philippe-examine-le-plan-de-deconfinement-avec-prefets-et-elus-locaux-29-04-2020-2373358_20.php

Qu'il me soit permis de râler remarquer l'attitude fuyante et faux-cul de certains élus qui, après avoir demandé à cors et à cris que le gouvernement les consulte d'abord, exigent maintenant que ce soit "l'Etat" qui décide de tout au niveau local ! L'Etat c'est pourtant vous  , vous qui voulez le beurre, l'argent du beurre et travailler style Pénélope Fillon .

Ill. 15

Jugez-en vous-même ! https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-...

 

 

 

" A Adrien-Michel-Hyacinthe Blin de Sainmore etc.

rue des Capucines

à Paris

8è février 1765 à Ferney

Oui sans doute monsieur, je souscrirai, et surtout si c’est vous qui faites les commentaires 1. M. Racine le fils a déjà fait des remarques sur les ouvrages de son illustre père ; mais étant juge sans intérêt, vous serez plus éclairé et moins suspect de partialité . Je souhaite pour l'honneur des lettres que quand le public sera un peu rassasié de l’opéra-comique il vienne quelque génie qui mette dans la tragédie toute l'action et tous les grands mouvements de terreur qui manquent un peu à notre théâtre . Mais Racine et Corneille ont de si grandes beautés qu'on doit leur pardonner de ne les avoir pas eues toutes . Je ne sais même si la langue française est susceptible d'une perfection supérieure à celle que Racine lui a donnée . Je regarde ses ouvrages comme ce que nous avons de meilleur .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que vous méritez, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

1 Le succès de l'édition des commentaires sur Corneille produit des imitations, dont ici, les Œuvres de Jean Racine avec les commentaires , en sept volumes, 1768, publiées sous le patronage de Pierre-Joseph-François Luneau de Boisgermain .

Voir : https://data.bnf.fr/fr/12207206/pierre-joseph-francois_luneau_de_boisjermain/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Joseph_Luneau_de_Boisjermain

et : https://www.edition-originale.com/fr/litterature/theatre/racine-oeuvres-de-jean-racine-avec-des-1768-39152

28/04/2020

je n'ai pas reçu aujourd'hui le passeport que j'attendais

... 100 km, voilà la longueur de la laisse qui nous tient autour de notre niche . Ce sera mieux qu'un km, mais seule la crainte de l'amende me retiendra encore, en espérant toutefois que j'aie le bonheur d'être au vert ...

Suspense jusqu'au 7 mai , Edouard Philippe = Hitchcock ?

 

 

« A Paul-Claude Moultou

à Genève

[7 février 1765]

Mon cher philosophe , je ne puis m'empêcher de vous gronder encore de m'avoir forcé à vous donner ce malheureux titre, au-dessus duquel vous êtes si fort élevé . Vous l'avez voulu, j'ai obéi malgré moi, parce qu’il faut servir ses amis comme ils le veulent, et non pas comme on veut . Mais je vous jure encore sur ma tête que cette précaution était très inutile, et qu'elle pouvait être très dangereuse ; j'en juge ainsi, puisque je n'ai pas reçu aujourd'hui le passeport que j'attendais . J'écris à M. le duc de Praslin pour le remercier et pour le presser . J'ai bien peur qu'il ne se croie obligé de conférer avec M. le comte de Saint-Florentin, c'est se noyer dans son crachat .

Un jour viendra que les Huguenots en lisant l'histoire de notre religion ne pourront pas croire notre excès d'imbécilité et de folie . J'avoue que Mme la duchesse d'Anville a bien raison de souhaiter qu'on vous refuse . Puis-je compter que vous viendrez me consoler dans mon ermitage ? »

Je ne suis occupé que d'écraser l'infâme

... Ainsi devrait se conclure la présentation du plan de déconfinement, cet après-midi, d'Edouard Philippe . C'est ce que ne semblent pas croire les membres de l'opposition, vexés de n'être plus que la cinquième roue du carrosse , et que des lois et décrets ne soient plus discutés à l'infini et pourris d'amendements ineptes et infantiles :"je veux pas ! na !" .

 

Si au moins , pour une fois, tout le monde allait dans le même bon sens ... ça urge !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

5 février 1765

Mon cher frère, écr l'inf . Je ne suis occupé que d'écr l'inf . C'est la consolation de mes derniers jours . Dites écr l'inf à tous ceux que vous rencontrerez . Vous aurez incessamment la petite destruction d'alembertine qui est un bon écr l'inf et le premier voyageur qui partira pour Paris vous apportera une bonne provision de petits diabloteaux .

M. de Laleu doit vous remettre un papier important concernant mes affaires temporelles ; c'est mon testament , ne vous déplaise, auquel il faut que je fasse quelques additions . Quoique cet ouvrage ne soit pas un écr l'inf je le recommande pourtant à vos bontés qui s'étendent à tous les objets . »

le chapitre général va s’assembler. Ce chapitre est composé de quatre cents élus ; on donne à chacun six bouteilles de vin pour sa nuit ; cela s’appelle le vin du chevet

... Et voilà la vie, voilà la vie que tous les moines font !

Confinés volontaires, certes, mais dévoués au soutien de la filière vinicole , Dieu les bénisse . Chantons pour eux , en choeur, cette ritournelle, bluette de carabin, apprise en  amphithéâtre : https://xavier.hubaut.info/paillardes/moines.htm#MOIN

Nos députés et sénateurs vont en crever de jalousie, eux qui ne peuvent qu'a peine réclamer des masques et pleurnicher afin qu'on les consulte "avant" de prendre les arrêtés gouvernementaux nécessaires . La démocratie a bon dos lorsqu'elle est invoquée par certains politicards .

Les moines de Saint-Bernardin - Chansons paillardes de France et d ...

Après le carême ...

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

5 de février [1765] 1

Mon adorable philosophe, nous en sommes à H 2. Vous me rendez les lettres de l’alphabet bien précieuses. Vous me comblez de joie en me faisant espérer que vous ne vous en tiendrez pas aux jésuites. Un homme qui a des terres près de Cîteaux me mande que le chapitre général va s’assembler. Ce chapitre est composé de quatre cents élus ; on donne à chacun six bouteilles de vin pour sa nuit ; cela s’appelle le vin du chevet, et vous savez que ce vin est le meilleur de France. Ces moines-là ne vous paraissent-ils pas plus habiles que les jésuites ? Cîteaux jouit de deux cent mille livres de rentes, et Clairvaux en a davantage ; mais il est juste de combler de biens des hommes si utiles à l’État. Détruisez, détruisez tant que vous pourrez, mon cher philosophe ; vous servirez l’État et la philosophie.

J’espère que frère Gabriel Cramer enverra bientôt à frère Bourgelat 3 le recueil de soufflets que vous donnez à tour de bras aux jansénistes et aux molinistes. C’est bien dommage, encore une fois, que Jean-Jacques, Diderot, Helvétius, et vous, cum aliis ejusdem farinœ hominibus 4, vous ne vous soyez pas entendus pour écraser l’inf… Le plus grand de mes chagrins est de voir les imposteurs unis, et les amis du vrai divisés. Combattez, mon cher Bellérophon, et détruisez la Chimère.

N.B. – Vous saurez qu’ennuyé de la négligence du gros Gabriel, j’ai envoyé mon exemplaire de Corneille à l’adresse de M. Duclos, à la chambre syndicale, par la diligence de Lyon. Je supplie le philosophe frère Damilaville de vouloir bien payer les frais : c’est un philosophe de finance avec lequel je m’entendrai fort bien. Adieu : je vous embrasse ; je suis bien vieux et bien malade. »

1 La phrase « Ce chapitre est composé de quatre cents élus », manquante dans l'édition de Kehl est ajoutée par Desoer .

2 H pour huitième , huit pages de la Destruction des jésuites ont été imprimées .

3 Qui se trouve à Lyon .

27/04/2020

je ne suis qu'un pauvre homme enterré à Ferney, attendant doucement la fin des pauvretés du court pèlerinage de cette vie

... M. Edouard Philippe me forcera-t-il à jouer les prolongations en temps que personne vulnérable ?

Pas de printemps pour Volti ?

A voir une découverte, au hasard du net , un jeune vieillard, Paul Du Marchie, à suivre si jamais on ne sait pas quoi faire de son temps, de sa tête et de ses dix doigts : https://www.youtube.com/watch?v=Fmxz8GPBv6I

 

 

 

« A François Tronchin, Conseiller

d’État 

rue des Chaudronniers

à Genève

Nous ne pouvons concevoir, mon cher ami, Mme Denis, M. Racle et moi, comment M. Labat a pu vous dire que M. Racle n'était chargé d'aucun arrangement . Nous l'avions choisi pour arbitre ; M. Labat l'avait accepté ; il a travaillé deux jours de suite avec M. Labat ; il a signé comme arbitre . Vous verrez son avis au bas du mémoire qui vous sera présenté pour MM. de L'Orme et Vasserot .

Mme Denis est dans une extrême colère contre M. Labat, elle s'est plainte de lui vivement à monsieur votre frère ; j'ai eu l'honneur de lui écrire aussi, mais je ne me suis plaint de rien . Je n'ai d'ailleurs aucun intérêt personnel dans cette affaire ; Dieu merci , il ne me reste rien en propre dans ce monde, pas même mon corps qui s'en va à tous les diables ; je ne suis qu'un pauvre homme enterré à Ferney, attendant doucement la fin des pauvretés du court pèlerinage de cette vie .

Je suppose que la manière dont les magistrats d'Amsterdam se sont conduits avec Marc-Michel Rey 1, est un prélude de la pièce que votre Conseil doit jouer, sans quoi, vous sentez bien que le magnifique Conseil serait prodigieusement sifflé .

Je vous embrasse de tout mon cœur .

 

4è février 1765 à Ferney.

 

N.B. – On me fait observer que non seulement il n'y a point de détérioration dans le changement d'une mauvaise vigne en un pré de fromental, mais que s'il y avait détérioration ce serait monsieur Tronchin qui l'aurait faite, puisque c'est lui qui a proposé la terrasse, qu'il en a payé un quart, moi l'autre quart, et la république la moitié, et qu'on ne peut ni arriver ni se promener sur une terrasse à travers des vignes .

Monsieur Tronchin est supplié de plus, de considérer qu'il est difficile d'appeler détériorée une maison qui vaut beaucoup plus quand on la rend que lorsqu'on l'a prise . »

1 Les Lettres écrites de la montagne ont été condamnées comme scandaleuses et impies ; voir « Jean-Jacques Rousseau et le libraire-imprimeur Marc-Michel Rey » de Albert Schintz dans les Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, 1914-1915 . JJ Rousseau attribuait cette mesure aux menées de « l’inquisiteur Voltaire » . On n'en a aucune preuve dans le cas de la Hollande, mais une lettre comme celle-ci montre que V* pousse autant qu'il peut sans trop se compromettre à la condamnation de Rousseau à Genève .