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06/05/2023

Voilà, mon cher ami, les expédients auxquels les impôts horribles mis sur les lettres me forcent d'avoir recours

... Mails ! MMS ! SMS ! Fin du papier , fin du timbre rouge ou vert . La disparition  du facteur. trice (pardon : préposé.e ) devancera de peu la fin des haricots .

https://tarifs-postaux.fr/

Tarifs postaux 2023 - tarif Poste et colis

 

« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire

intime , Historiographe de Son Altesse Électorale

à Mannheim

A Ferney, 28è septembre 1767 1

Mon cher ami, votre dissertation sur le cartel offert par l'électeur palatin au vicomte de Turenne 2 m'arrivera fort à propos. On a déjà entamé une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV. Je profiterai de votre pyrrhonisme, pour peu que je le trouve fondé car vous savez que je l'aime, et que je me défie des anecdotes répétées par mille historiens. Il est vrai que vous êtes obligé d'avoir prodigieusement raison, car vous avez contre vous l'Histoire de Turenne par Ramzei 3, le président Hénault, et tous les mémoires du temps.

Ayez la bonté de m'envoyer sur-le-champ votre ouvrage. Voici comme on peut s'y prendre. Vous n'auriez qu'à l'envoyer à Lyon, tout ouvert, à M. Tabareau, directeur des postes, avec un petit mot de lettre. Vous auriez la bonté de lui écrire que, sachant qu'il lit beaucoup, et qu'il se forme une bibliothèque, vous lui envoyez votre ouvrage comme à un bon juge et à mon ami; que vous le priez de me le prêter après l'avoir lu, en attendant que je puisse en avoir un exemplaire à ma disposition. Voilà, mon cher ami, les expédients auxquels les impôts horribles mis sur les lettres me forcent d'avoir recours. Si, pour plus de sûreté, pendant que vous enverrez ce paquet par la poste à M. Tabareau, à Lyon, vous voulez m'en envoyer un autre par les chariots qui vont à Schaffousen et dans le reste de la Suisse, il n'y a qu'à adresser ce paquet à mon nom à Genève, je vous serai très obligé .Comptez que j'ai la plus grande impatience de lire votre dissertation .

Mettez-moi aux pieds de Leurs Altesses électorales. Si je pouvais me tenir sur les miens, je serais allé à Schwetzingen, tout vieux et tout malade que je suis . Mais il y a trois ans que je ne suis sorti de chez moi.

M°" Denis ne cesse de donner des fêtes, et moi je reste dans mon lit . Je dicte, ne pouvant écrire; mais ce que je dicte de plus vrai, c'est que je vous aime de tout mon cœur. »

1Original, mention de service « f[ran]co Canstat ».

2 Voir le passage de la lettre de Collini du 14 septembre 1767 à laquelle répond V* : « Vous savez que tout le monde a dit qu'un de nos Électeurs, Charles-louis, avait défié Turenne dans un combat singulier . Je me suis avisé de démontrer la fausseté de cette anecdote dans un petit ouvrage qui a pour titre Dissertation historique et critique sur le prétendu Cartel ou Lettre de défi de Charles-Louis Électeur Palatin au Vicomte de Turenne, et qui vient de paître . Ne me trouvez-vous pas hardi d'écrire,et encore plus d'écrire contre une opinion si généralement reçue ? Si je trouve une occasion particulière de vous faire parvenir ce petit ouvrage, je vous demande la permission de le faire . Vous me lirez avec indulgence ; vous ne perdrez jamais de vue que je suis florentin, mais vous n'aurez aucun égard pour les preuves que j'allègue . Si elles peuvent vous convaincre, il y aura dans l'Histoire encore un mensonge de moins. »

L'ouvrage de Collini traitant de ce problème est exactement décrit par lui ; il parut à Mannheim en 1767 et V* en posséda un exemplaire dans sa bibliothèque. Les efforts de Collini pour soutenir sa thèse sont méritoires, mais ils ont un défaut majeur : ils ne font qu'opposer des vraisemblances à un fait avéré .Voir : https://books.google.fr/books?id=Er5AAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

La justice du conseil est, à la vérité, comme celle de Dieu, fort lente; mais enfin elle arrive

....

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

28 septembre 1767

Mon cher ange, quoique vous ne m'écriviez point, je suppose toujours que Mme d'Argental a repris sa santé, son embonpoint, sa gaieté et ses grâces, et qu'elle est tout comme je l'ai laissée il y a environ quinze ans. Vous voulez que je vous envoie, pour vous amuser, la petite drôlerie 1 qui nous a fait passer quelques heures agréablement dans nos déserts. La perfection singulière avec laquelle cette médiocrité a été jouée me fait oublier les défauts de la pièce, et me donne la hardiesse de vous l'envoyer. Je l'adresse sous l'enveloppe de M. de Courteilles, et j'espère qu'elle vous parviendra saine et sauve.

On dit qu'on va reprendre l'affaire des Sirven en considération. Je commence à en avoir bonne espérance, puisque M. de Beaumont a gagné son procès 2, qui me donnait tant d'inquiétude . Il a la main heureuse. La justice du conseil est, à la vérité, comme celle de Dieu, fort lente; mais enfin elle arrive. La justice du parterre est assez dans ce goût , elle fait gagner d'assez mauvais procès en première instance, et il lui faut trente années pour rendre justice à ce qui est passable.

On m'a mandé qu'il n'y aurait point de spectacles à Fontainebleau. La chasse suffit; mais, comme vous aimez mieux la comédie que la chasse, je vous supplie de me mander des nouvelles du tripot.

Pour l'autre tripot, qui a condamné l'Ingénu 3 à ne plus paraître, je ne vous en parle point; mais quand je dis qu'il y a des Welches dans le monde, vous m'avouerez que j'ai raison.

Mille tendres respects à la convalescente.

V. »

1 Charlot ; on reconnaît la réminiscence de Molière : Le Bourgeois gentilhomme .

3 Note de Beuchot : « La police avait fait saisir l'Ingénu; mais je ne connais pas de jugement contre cet ouvrage. »

05/05/2023

On commencera sur les cinq heures .

... Information des chevaux du carrosse royal à leurs palefreniers . GMT, obviously .

https://www.francetvinfo.fr/monde/royaume-uni/roi-charles...

 

 

« A Paul-Claude Moultou

Samedi [26 septembre 1767 ] au soir à minuit 1

On avait écrit il y a trois jours un petit billet à Mme Necker pour la prier de nous dire si elle pouvait venir avec M. Moultou, demain dimanche, à Ferney à la comédie . Il y a deux acteurs qui sont dignes d'un tel auditoire .

On commencera sur les cinq heures .

Voici la lettre qu'on écrivait à Mme Necker, et que le commissionnaire vient de nous rendre . »

1 La date est la seule qui s'applique à la fois à une représentation à Ferney et à un séjour de Mme Necker aux environs .

Priez vos auteurs de ne citer que des faits avérés

... Avis à tous les médias dits d'information .

 

 

« A Charles-Joseph Panckoucke, Libraire

rue et près de la Comédie-Française

à Paris

A Ferney 25è septembre 1767 1

J’ai enfin reçu, monsieur, les deux premiers volumes de votre Vocabulaire 2. Tout ce que j’en ai lu m’a paru exact et utile : rien de trop ni de trop peu ; point de fades déclamations. J’attends la suite avec impatience . Votre entreprise est un vrai service rendu à toute la littérature.

Vous me feriez plaisir de m’apprendre les noms des auteurs à qui nous aurons tant d’obligations. J’ai l’honneur d’être bien véritablement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur 3.



Il ne serait pas mal de mettre, dans votre errata, que nous prononçons auto-da-fé par corruption, et que les Espagnols disent auto de fé. Il y a une grosse faute à la page 423 :Les dieux mêmes, éternels arbitres 4, il faut lire les dieux même, sans s. Cet s donne une syllabe de trop au vers.

Il y a une plus grande faute à la page 422 :

 Plaçât tous bienfaiteurs au rang des immortels ; 5

C’est un barbarisme. On dit tous les bienfaiteurs, et non tous bienfaiteurs. On n’entendrait pas un homme qui dirait j’ai mis tous saints dans le catalogue.

D’ailleurs il faut tâcher, dans un dictionnaire, de ne citer que de bons vers, et ne point imiter en cela l’impertinent Dictionnaire de Trévoux. Les vers cités en cet endroit sont trop mauvais : Bonté fertile 6 est ridicule.

Priez vos auteurs de ne citer que des faits avérés. Le viol d’une dame par un marabout, à la face et non en face de tout un peuple 7, est un conte à dormir debout, digne de Léon d’Afrique 8. »

1 L'édition Kehl donne à tort pour destinataire Guyot, à la suite d'une erreur d’interprétation de la copie Beaumarchais, Panckoucke ayant noté sur la lettre « pour M. Guyot ; »

3 On croit deviner ici la signature de V* sous cette mention de Panckoucke : « Cette lettre et de M ; de Voltaire . »

4 J.B. Rousseau a dit : « Plaçât leurs bienfaiteurs. » (G.Avenel) . Vers dans Odes, III, ii, 181 . La correction est faite dans la seconde édition du Grand Vocabulaire, I, 423 .

5 Ibid., IV, ii, 78 ; Rousseau avait écrit leurs pour tous . La correction est faite dans la seconde édition , I, 422.

6 C'est le texte de Rousseau, Odes, III, ii, 188 . la seconde édition supprime la citation, I, 422.

7 Le passage subsiste dans la seconde édition, I, 498, mais est signalé dans l'errata .

8Hassan Ibn Muhammad al-Wassan al-Fasi [Leo Africanus], Africae descriptio, III,(section relative à Fez ).

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_l%27Africain

04/05/2023

que toute l'Europe soit livrée à l'agriculture sous la forme de champs séparés par des haies . On aurait plus de cultivateurs et moins de soldats

... Même les écologiste de nos jours ne disent pas mieux . Les marchands de canons , eux dont la fortune s'accroit sans cesse,  ne sont pas d'accord .

 

 

« A Éthis de Novéau 1

Commissaire provincial des guerres

à Besançon

[Il souhaite que toute l'Europe soit livrée à l'agriculture sous la forme de champs séparés par des haies .] On aurait plus de cultivateurs et moins de soldats […]. »

1 Le manuscrit olographe est passé à la vente August Pattberg, chez Henrici, Berlin 21-22 juin 1926 .

Note de Beuchot : «  Lettre de Voltaire (dictée à Wagnière), à M. Éthis, commissaire provincial des guerres à Besançon, Ferney, 25 septembre 1767, signalée dans un catalogue d'autographes. Voltaire exprime le désir que de dix en dix arpents tout fût haie ou plantation dans toute l'Europe, afin d'empêcher les batailles rangées. « On aurait plus de cultivateurs et moins de soldats. »

Réponse après avoir reçu un mémoire : https://c18.net/vll/vll_fiche.php?id_vo_vll=7111

A propos d'Ethis voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_%C3%89this_de_Corny

et https://www.gazette-drouot.com/article/l-esprit-incarne-dans-le-marbre/8782

03/05/2023

J'ai bien peur que cette affaire ne s'en aille en fumée

... C'est ce que les parlementaires de l'opposition de gauche auraient dû pressentir s'ils n'étaient pas aussi bornés et menés par un gugusse comme Mélenchon .

Exit pour la deuxième fois  : RIP ((Requiescat in pace ) pour le  RIP (Référendum d'Initiative Partagée ) : https://www.liberation.fr/politique/retraites-le-conseil-...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

23 septembre 1767

Le malade de Ferney est bien en peine du malade de Paris, et il attend avec impatience de ses nouvelles. Il soupçonne qu'on a fait une faute dans la dernière lettre, où il est question de la Comtesse de Givry. On a fait dire à Charlot dans la dernière scène: Ô destins inouïs ! et c'est à la belle Julie de le dire. Le malade des champs recommande à la bonté du malade de la ville, la comtesse, Charlot, Julie, et l'intendant faiseur de contes. Puisse cette pièce vous amuser autant qu'elle nous amuse, et être utile à l'enchanteur Merlin

Que faut-il faire pour Sirven ? J'ai bien peur que cette affaire ne s'en aille en fumée. »



Vous verrez que mes dernières volontés sont la liberté de conscience pour tous les hommes

... Ce qui doit aller de pair avec la liberté de la presse , évidemment ! quoique pas si évident que ça puisque la France , patrie de Voltaire s'il est besoin de le rappeler, n'est que 24è au classement mondial : https://rsf.org/fr/classement

DROITS DE L'HOMME/ liberté de pensée, de conscience et de religion - YouTube

 

 

« Au comte Alexandre Romanovitch Vorontsov

22 septembre 1767 à Ferney

Monsieur, je reçois aujourd’hui la lettre dont vous m'honorez, du 12 septembre . J'étais fort malade, quand je reçus les mémoires en question . Je travaillai sur-le-champ, comme si je faisais mon testament . Je vous envoyai huit jours après mes petites idées imprimées 1, que j'adressai à La Haye . Je supplie Votre Excellence de les regarder comme mes dernières volontés . En voici un autre exemplaire que je vous adresse à tout hasard à Spa . Vous verrez que mes dernières volontés sont la liberté de conscience pour tous les hommes, et des statues pour l'impératrice . Puisse-t-elle vivre longtemps et augmenter vos honneurs et vos plaisirs !

J'ai l'honneur d'être avec les plus respectueux sentiments, monsieur,de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »