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26/05/2023

Vous vous y prenez bien tard, madame

... Sandrine Rousseau ? Est-il encore temps qu'on vous écoute ? Est-il bon qu'on vous écoute ?https://www.lefigaro.fr/politique/merci-d-etre-la-lance-sandrine-rousseau-aux-activistes-qui-bloquent-l-assemblee-generale-de-totalenergie-20230526

 

 

« A Louise-Suzanne Gallatin Vaudenet 1

à Prégny

Vous vous y prenez bien tard, madame, on dit qu'on a déjà publié dimanche à la messe de la paroisse les bans de la vendange . J'apprends que mon fermier lui-même a fait publier ces bans de concert avec le curé et qu’on s'est même arrangé pour l'ordre qu'on doit tenir dans les quartiers des vignes . Comme j'avais laissé au fermier tous ces détails, il arriverait si je donnais à présent des ordres contraires que l'on serait en droit de s'y opposer . Vous pouvez consulter sur cela le sieur Balleidier procureur fiscal de la terre, et Nicod le châtelain . S'ils disent que je puis donner l'ordre contraire aux arrangements de mon fermier, je suis prêt à le signer .

Vous êtes bien persuadée, madame, qu'il n'y a rien que je ne fasse pour vous prouver les sentiments avec lesquels j'ai l’honneur d'être, madame, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

22è octobre 1767 à Ferney . »

25/05/2023

J'en jurerais, mais je ne le parierais pas

... Et c'est ainsi que jugent les Genevois en  acquittant Tarik Ramadan qui a l'énorme avantage d'être citoyen suisse, d'où préjugé favorable ainsi exprimé : " Le tribunal n’a pas été en mesure de se forger une intime conviction au-delà du doute insurmontable. » Pour mémoire, ce prédateur a fait d'autres victimes, qui espérons-le, pourront démasquer d'une façon insurmontable ce Tartuffe dégueulasse .

https://www.lepoint.fr/justice/accuse-de-viol-l-islamologue-tariq-ramadan-a-ete-acquitte-24-05-2023-2521480_2386.php?M_BT=443989616563#xtor=EPR-6-[Newsletter-Mi-journee]-20230524-[Article_1]

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/05/24/acquitt...

https://www.youtube.com/watch?v=T03zMEUIiaM&ab_channe...

 

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini

21è octobre 1767 à Ferney par Genève 1

J'ai lu, mon cher ami, avec un très grand plaisir votre dissertation 2 sur la mauvaise humeur où était si justement l'électeur palatin Charles-Louis contre le vicomte de Turenne 3. Vous pensez avec autant de sagacité que vous vous exprimez dans notre langue avec pureté. Je reconnais là il genio florentine 4. Je ferai usage de vos conjectures dans la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV 5, qui est sous presse, et je serai flatté de vous rendre la justice que vous méritez. Voici, en attendant, tout ce que je sais de cette aventure, et les idées qu'elle me rappelle.

J'ai eu l'honneur de voir très souvent, dans ma jeunesse, le cardinal d'Auvergne 6 et le chevalier de Bouillon 7, neveu du vicomte de Turenne. Ni eux ni le prince de Vendôme 8 ne doutaient du cartel, c'était une opinion généralement établie. Il est vrai que tous les anciens officiers, ainsi que les gens de lettres, avaient un très grand mépris pour le prétendu Du Buisson, auteur de la mauvaise Histoire de Turenne 9. Ce romancier Sandras de Courtils, caché sous le nom de Du Buisson, qui mêlait toujours la fiction à la vérité, pour mieux vendre ses livres, pouvait très bien avoir forgé la lettre de l’Électeur, sans que le fond de l'aventure en fût moins vrai.

Le témoignage du marquis de Beauvau 10, si instruit des affaires de son temps, est d'un très grand poids. La faiblesse qu'il avait de croire aux sorciers et aux revenants, faiblesse si commune encore en ce temps-là, surtout en Lorraine, ne me paraît pas une raison pour le convaincre de faux sur ce qu'il dit des vivants qu'il avait connus.

Le défit proposé par l’Électeur ne me semble point du tout incompatible avec sa situation et son caractère . Il était indignement opprimé et un homme qui, en 1655, avait jeté un encrier à la tête d'un plénipotentiaire, pouvait fort bien envoyer un défi, en 1674, à un général d'armée qui brûlait son pays sans aucune raison plausible.

Le président Hénault 11 peut avoir tort de dire : Que M. de Turenne répondit avec une modération qui fit honte à l'électeur de cette bravade. Ce n'était point, à mon sens, une bravade c'était une très juste indignation d'un prince sensible et cruellement offensé.

On touchait au temps où ces duels entre des princes avaient été fort communs. Le duc de Beaufort, général des armées de la Fronde, avait tué en duel le duc de Nemours. Le fils du duc de Guise avait voulu se battre en duel avec le grand Condé. Vous verrez, dans les Lettres de Pellisson que Louis XIV lui-même demanda s'il lui serait permis en conscience de se battre contre l'empereur Léopold 12.

Je ne serais point étonné que l'électeur, tout tolérant qu'il était (ainsi que tout prince éclairé doit l'être), ait reproché, dans sa colère, au maréchal de Turenne son changement de religion, changement dont il ne s'était avisé peut-être que dans l'espérance d'obtenir l'épée de connétable, qu'il n'eut point. Un prince tolérant, et même très indifférent sur les opinions qui partagent les sectes chrétiennes, peut fort bien, quand il est en colère, faire rougir un ambitieux qu'il soupçonne de s'être fait catholique romain par politique, à l'âge de cinquante cinq ans car il est probable qu'un homme de cet âge, occupé des intrigues de cour, et, qui pis est, des intrigues de l'amour et des cruautés de la guerre, n'embrasse pas une secte nouvelle par conviction. Il avait changé deux fois de parti dans les guerres civiles, il n'est pas étrange qu'il ait changé de religion.

Je ne serais point encore surpris de plusieurs ravages faits en différents temps dans le Palatinat par M. de Turenne . Il faisait volontiers subsister ses troupes aux dépens des amis comme des ennemis. Il est très vraisemblable qu'il avait un peu maltraité ce beau pays, même en 1664, lorsque le roi de France était allié de l'électeur, et que l'armée de France marchait contre la Bavière. Turenne laissa toujours à ses soldats une assez grande licence. Vous verrez, dans les Mémoires du marquis de La Fare , que, vers le temps même du cartel, il avait très peu épargné la Lorraine, et qu'il avait laissé le pays messin même au pillage 13. L'intendant avait beau lui porter ses plaintes, il répondait froidement « Je le ferai dire à l'ordre. »

Je pense, comme vous, que la teneur des lettres de l’Électeur et du maréchal de Turenne est supposée. Les historiens malheureusement ne se font pas un scrupule de faire parler leurs héros. Je n'approuve point dans Tite-Live ce que j'aime dans Homère. Je soupçonne la lettre de Ramzai 14 d'être aussi apocryphe que celle du gascon Sandras. Ramzai l'Écossais était encore plus gascon que lui. Je me souviens qu'il donna au petit Louis Racine, fils du grand Racine, une lettre au nom de Pope 15, dans laquelle Pope se justifiait des petites libertés qu'il avait prises dans son Essai sur l'Homme. Ramzai avait pris beaucoup de peine à écrire cette lettre en français 16, elle était assez éloquente; mais vous remarquerez, s'il vous plaît, que Pope savait à peine le français, et qu'il n'avait jamais écrit une ligne dans cette langue . C'est une vérité dont j'ai été témoin, et qui est sue de tous les gens de lettres d'Angleterre. Voilà ce qui s'appelle un gros mensonge imprimé . Il y a même, dans cette fiction, je ne sais quoi de faussaire qui me fait de la peine.

Ne soyez point surpris que M. de Chennevières n'ait pu trouver, dans le dépôt de la guerre, ni le cartel ni la lettre du maréchal de Turenne. C'était une lettre particulière de M. de Turenne au roi, et non au marquis de Louvois. Par la même raison, elle ne doit point se trouver dans les archives de Manheim. Il est très vraisemblable qu'on ne garda pas plus de copie de ces lettres d'animosité que l'on n'en garde de celles d'amour.

Quoi qu'il en soit, si l'électeur palatin envoya un cartel par le trompette Petit-Jean, mon avis est qu'il fit très bien, et qu'il n'y a à cela nul ridicule. S'il y en avait eu, si cette bravade avait été honteuse, comme le dit le président Hénault, comment l'électeur, qui voyait ce fait publié dans toute l'Europe, ne l'aurait-il pas hautement démenti? Comment aucun homme de sa cour ne se serait-il élevé contre cette imposture?

Pour moi, je ne dirai pas comme ce maraud de Frelon dans l'Écossaise : J'en jurerais, mais je ne le parierais pas 17 . Je vous dirai : « Je ne le jure ni ne le parie. » Ce que je vous jurerai bien, c'est que les deux incendies du Palatinat sont abominables. Je vous jure encore que, si je pouvais me transporter, si je ne gardais pas la chambre depuis près de trois ans, et le lit depuis deux mois, je viendrais faire ma cour à Leurs Altesses sérénissimes, auxquelles je serai bien respectueusement attaché jusqu'au dernier moment de ma vie. Comptez de même sur l'estime et sur l'amitié que je vous ai vouées.

V.

A propos d'incendie, il y a des gens qui prétendent qu'on mettra le feu à Genève cet hiver. Je n'en crois rien du tout mais si on veut brûler Ferney et Tournay, le régiment de Conti et la légion de Flandre, qui sont occupés à peupler mes pauvres villages, prendront gaiement ma défense. »

1 Original ; minute complétée et corrigée par V* ; édition Luchet qui donne à tort 24 pour le quantième .

2 Dissertation historique et critique sur le prétendu cartel envoyé par Charles-Louis, électeur palatin, au vicomte de Turenne; Manheim, 1767, in-8°.

3 Voir la lettre du 28 septembre 1767 à Collini : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/06/voila-mon-cher-ami-les-expedients-auxquels-les-impots-horrib-6441803.html

Il est à noter que malgré toute l'argumentation de Collini , le fait est que Charles-Louis a envoyé effectivement un cartel personnel à Turenne . Le texte de sa lettre est cité dans l'ouvrage : Histoire du comte de Turenne, 1736, III ? 2766278 ;

4Le génie florentin . Collini est Florentin.

5C'est ce qu'il fit dans une longue et flatteuse note du chapitre XII du Siècle de Louis XIV .

Voyez tome XIV, page 208 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome14.djvu/228

6 Petit -neveu de Vendôme ; voir sur lui la lettre  à Mme Du Deffand du 6 novembre 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/02/27/il-faut-bien-pourtant-que-les-francais-valent-quelque-chose-puisque-des-etr.html

7 Frédéric-Jules de La Tour d’Auvergne, chevalier de Bouillon, appelé plus tard prince d'Auvergne, petit-neveu de Turenne .

9 Du Buisson [Gatien Sandras de Courtilz], La Vie du comte de Turenne, 1685 . On a pensé de nos jours que Sandras de Courtilz ne fut que l'éditeur d'un manuscrit du véritable Du Buisson ; voir Albert Waddington :  « Un anonyme du XVIIIè siècle », Séances et travaux de l'Académie des sciences morales et politiques, 1898 .

10 Henri, marquis de Beauvau :Mémoires du marquis de B*** concernant ce qui s'est passé de plus mémorable sous le règne de Charles IV, duc de Lorraine et de Bar; in-12 de 382 pages, sans indication de lieu d'impression vers 1685.

11 Nouvel Abrégé chronologique de l'Histoire de France, Paris, 1768, in-4°, à l'année 1674 .

13 M. L.M.D.L.F. (Charles-Auguste, marquis de La Fare) : Mémoires et réflexions sur les principaux événements du règne de Louis XIV, 1716 . Amsterdam, J.-F. Bernard, 1755, in-1! La référence donnée par V* est page 162.

14 Histoire du vicomte de Turenne (par Ramsay), Paris 1735, deux volumes in-4°; la lettre est tome Il, page 515.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k86571z.image

15 Voir la XXIIè Lettre philosophique vers la fin . La prétendue lettre de Pope paraît avoir été imprimée pour la première fois dans la septième édition de La Religion de Louis Racine, 1756, si on en croit une note de l'éditeur .

Voir : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwigyKaOlZD_AhWpaqQEHfBfCqMQFnoECAcQAQ&url=https%3A%2F%2Fphilosophie.cegeptr.qc.ca%2Fwp-content%2Fdocuments%2FLettres-philosophiques-1734.pdf&usg=AOvVaw1zr0-zltU57fcsSqhUEwzi

Voir aussi page 1 : https://journals.openedition.org/studifrancesi/8919?lang=en

Ce maraud et ses semblables veulent absolument que Dieu soit aussi méchant qu'eux. Vous savez bien que les hommes ont toujours fait Dieu à leur image

... La liste des marauds est horriblement longue , ceux qui se réfèrent à un dieu tout aussi longue, et le peuple est sommé d'obéir à ces guignols . Dieu, s'il existait, devrait ouvrir sa boîte à baffes sans tarder .

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« A Claude-Henri de Fuzée de Voisenon

19 octobre [1767]

Je n'osais me plaindre de votre silence, mon cher ancien évêque de Montrouge, mais j'en étais affligé. Vous sentez bien que, dans la décadence où nous sommes, et dans la barbarie dont nous approchons, vous m'êtes nécessaire pour me consoler. Si Mme de Saint-Julien prend des cuisiniers à l'Opéra, vous pourriez bien prendre des marmitons à la Comédie française. Si vous aviez été homme à venir faire un pèlerinage à Ferney, vous auriez été étonné d'y voir des tragédies mieux jouées qu'à Paris. Nous avons depuis un an M. et Mme de La Harpe, et M. de Chabanon, qui sont d'excellents acteurs. Il y a des rôles dont la descendante de Corneille se tire très bien, et elle récite quelquefois des vers comme l'auteur de Cinna les faisait. Mme Denis a joué supérieurement dans une bagatelle intitulée La Comtesse de Givry, ou Charlot. Monsieur l'évêque de Montrouge 1 aurait donné sa bénédiction à toutes nos fêtes.

Je ne sais si vous êtes docteur de Sorbonne . Si vous l'êtes, vous ne prendrez pas assurément le parti de Riballier contre Marmontel. Ce maraud et ses semblables veulent absolument que Dieu soit aussi méchant qu'eux. Vous savez bien que les hommes ont toujours fait Dieu à leur image. Je vous parle votre langage de prêtre. Je suis trop vieux et trop hors de combat pour vous parler la langue de la bonne compagnie, qui vous est plus naturelle que celle de l'Église.

Conservez-moi vos bontés, comme vous avez conservé votre gaieté. Mme Denis et tout ce qui est à Ferney vous fait ses compliments de tout son coeur. »

 

1 Voisenon lui-même, nommé ainsi par plaisanterie car on le voit également beaucoup chez le duc de La Vallière dans son château de Montrouge, si bien que Voltaire l'appelle plaisamment « Monseigneur de Montrouge ».

Voir : https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/claude-henri-de-fusee-de-voisenon

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Henri_de_Fus%C3%A9e_de_Voisenon

24/05/2023

C'est à vous qu'il appartient de juger des talents.

... Avertissement au jury du Festival du Cinéma de Cannes , qui, bien sur ne sera pas totalement du même avis que le public  et vice versa . Bonne toile à tous !

LA BONNE TOILE ! (podcast) - Zoltan Zidi | Listen Notes

https://www.listennotes.com/fr/podcasts/la-bonne-toile-zo...

 

 

« A Claire-Josèphe-Hippolyte Léris de La Tude Clairon

8 octobre [1767]

Vous m'apprenez, mademoiselle, que vous revenez du pays où j'irai bientôt. Si j'avais su votre maladie, je vous aurais assurément écrit. Vous ne doutez pas de l'intérêt que je prends à votre conservation ; il égale mon indifférence pour le théâtre que vous avez quitté. Il fallait, pour que je l'aimasse, que vous en fissiez l'ornement.

Si vous voulez vous amuser à faire la Scylhe 1 chez Mme de Villeroi, j'ai l'honneur de vous en adresser un exemplaire par M. Jeannel. Une bagatelle intitulée Chariot ou la Comtesse de Givry a été exécutée à Ferney d'une manière qui peut-être ne vous aurait pas déplu . C'est à vous qu'il appartient de juger des talents.

Tout ce qui est à Ferney vous fait les plus sincères compliments. Je n'ai pas besoin des arts qui doivent nous unir l'un et l'autre, pour vous être tendrement attaché pour le reste de ma vie.

V. »

1 C'est-à-dire jouer le rôle d'Obéide dans la tragédie des Scythes.

Je suis bien loin d'avoir après mes semences de quoi faire venir trois cents coupes de blé pour ma maison

... Eternel souci du cultivateur, le rendement, soumis aux aléas climatiques, ne fait qu'empirer . Quand décidera-t-on de cesser de gaspiller en nourrissant outre mesure des bestiaux aux dépends d'une population affamée ?

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry

Maire et subdélégué, etc.

à Gex

Aux Délices 16 octobre [1767 ?]

J'ai donné ordre sur-le-champ, monsieur, qu'on fit un découlement aux eaux dont vous parlez à Mme Denis, et tout ce que vous trouverez convenable sera exécuté sur-le-champ .

Je suis bien loin d'avoir après mes semences de quoi faire venir trois cents coupes de blé pour ma maison . Je ferai venir le peu qui m'en reste, et je serai obligé d'acheter du blé médiocre à Gex pour mes domestiques qui coûtent plus à nourrir cette année que les terres ne valent . Je vous supplie de vouloir bien permettre à mes domestiques d'en prendre dans l'occasion une cinquantaine de coupes . J'ai l'honneur d'être bien véritablement

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

qu'un seul homme soit le propriétaire de toutes les terres, c'est une idée monstrueuse, et ce n'est pas la seule de cette espèce

... Entends-tu détestable petit Poutine ?

Les dessinateurs de presse sanctionnent la Russie

 

https://www.courrierinternational.com/diaporama/guerre-en-ukraine-les-dessinateurs-de-presse-sanctionnent-la-russie

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

16è octobre 1767 1

Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 10 avec un exemplaire de Charlot auquel il manque la feuille D. Je vous prie de me suppléer cette feuille D, et d'y ajouter encore la faveur d'un autre exemplaire . Vous avez sans doute fait à ma nièce Florian, l'amitié de lui faire tenir cette bagatelle en Champagne où la scène s'est passée .

Je n'ai encore rien écrit sur mon cher Henri IV 2, mais j'ai tout dans ma tête et, s'il arrivait que la mémoire de ce grand homme fût assez chère aux Français pour qu'ils pardonnassent aux fautes de ce petit ouvrage; si, malgré les cris des Fréron et des autres Welches, il s'en faisait une autre édition après celle de Genève, je vous enverrais une petite diatribe sur Henri IV vous n'auriez qu'à parler.

J'ai lu une grande partie de L'Ordre essentiel des Sociétés 3; cette essence m'a porté quelquefois à la tête, et m'a mis de mauvaise humeur. Il est bien certain que la terre paye tout ; quel homme n'est pas convaincu de cette vérité ? Mais qu'un seul homme soit le propriétaire de toutes les terres, c'est une idée monstrueuse, et ce n'est pas la seule de cette espèce dans ce livre, qui d'ailleurs est profond, méthodique, et d'une sécheresse désagréable. On peut profiter de ce qu'il y a de bon, et laisser là le mauvais . C'est ainsi que j'en use avec tous les livres.

J'ai été bien étonné, en lisant l'article « Ligature »4 dans le Dictionnaire encyclopédique, de voir que l'auteur croit aux sortilèges. Comment a-t-on laissé entrer ce fanatique dans le temple de la vérité? Il y a trop d'articles défectueux dans ce grand ouvrage, et je commence à croire qu'il ne sera jamais réimprimé. Il y a d'excellents articles mais, en vérité, il y a trop de pauvretés.

Portez-vous mieux que moi, mon cher ami . Mon esprit est encore quelquefois un peu prompt, mais la chair est faible, et je dégringole furieusement . Je vous aimerai jusqu'à mon dernier soupir autant que je détesterai les fanatiques et les persécuteurs . »

1 Copie Beaumarchais-Kehl ; copie contemporaine B. H. ; édition de Kehl ; voir le lettre du 12 octobre 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/17/ne-nomen-ejus-vilesceret-pour-que-son-nom-ne-soit-pas-avili-6443636.html

3 Sur cet ouvrage de Le Mercier de La Rivière, voir la lettre du 8 août 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/29/je-vous-l-avais-bien-dit-qu-il-fallait-passer-sa-vie-a-comba-6435778.html

4 L'article « Ligature (Divinat.) » considère effectivement comme prouvé le cas d'une « impuissance vénérienne causée par quelque charme ou maléfice » ( Encyclopédie, IX, 516 a) . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9die/1re_%C3%A9dition/LIGATURE

Cet article est de Diderot, comme l'a montré R. N. Schwab «  Inventory of Diderot's Encyclopédie » , 1972 . Diderot avait pu être influencé par l'Histoire de Dupuis, la dernière histoire des Illustres Françaises, de Robert Challe, un roman qu'il connaissait assez bien pour s'en inspirer en composant l'histoire de M. des Arcis et de Mme de La Pommeraye , dans Jacques le fataliste.

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Illustres_Fran%C3%A7aises

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_le_Fataliste_et_son_ma%C3%AEtre

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86133565/f11.item

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8613357k.r=jacques+le+fataliste.langFR

23/05/2023

Je me doutais bien qu'il y avait là quelque friponnerie

... Par exemple ici : https://www.francetvinfo.fr/societe/immigration/immigrati...

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

16è octobre 1767

Je jure par tous les anges, et par la probité, et par l'honnêteté, et par la vérité, que je n'ai jamais écrit un seul mot de l'étrange et ridicule phrase soulignée dans la lettre de mon ange, du 8è octobre. J'ai écrit tout le contraire; j'ai écrit que le partage fait entre Mlle Durancy et Mlle Dubois devait être regardé comme mon testament, et qu'après ma mort, si elles n'étaient pas contentes de leur partage, elles pourraient lire « Le Testament expliqué par Ésope »1, et prendre chacune ce qui lui conviendrait.

Je me doutais bien qu'il y avait là quelque friponnerie. Comme ma lettre n'était point de mon écriture, il est très vraisemblable qu'on en aura substitué une autre, en ajoutant à mes paroles, et en me faisant dire ce que je n'ai point dit. Celui à qui je dictai ma lettre se souvient très bien qu'il n'y a pas un seul mot de ce qu'on m'impute. Je le somme devant Dieu de dire la vérité.



« Je proteste, devant Dieu et devant M. d'Argental, que je n'ai jamais écrit un seul mot de la phrase soulignée par M. d'Argental dans sa lettre du 8è octobre, laquelle commence par ces mots : Vous devez regarder ce qui s'est passé comme un testament mal fait. En foi de quoi j'ai signé, ce 16 d'octobre 1767 à Ferney.

« Wagnière . »



Si j'avais écrit à Mlle Dubois ce qu'on prétend que je lui ai écrit, elle m'en aurait remercié et c'est ce qu'elle n'a eu garde de faire. Cependant voilà Mlle Durancy sacrifiée par sa faute, et cela, pour avoir pris une résolution trop précipitée, pour n'avoir point confronté l'écriture, pour avoir mal lu, pour n'avoir point pris de moi des informations. L'affaire est faite , l'artifice a réussi. Ce n'est pas le premier tour de cette espèce qu'on m'a joué; c'est, Dieu merci, le seul revenant bon de la littérature. L'auteur du beau poème intitulé Le Balai et de La Poule à ma tante 2 s'avisa un jour de falsifier et de faire courir une lettre que j'avais écrite à M. d'Alembert 3, et de me faire dire que les ministres étaient des oisons, et qu'il n'y avait que la Poule à ma tante et le Balai qui soutinssent l'honneur de la France. Cette belle lettre parvint à M. le duc de Choiseul, qui d'abord goba cette sottise, et qui bientôt après me rendit plus de justice que vous ne m'en rendez.

Tout ce qui reste, ce me semble, à faire après cette petite infamie, c'est d'abandonner le théâtre pour jamais. Je mourrai bientôt, mais il mourra avant moi. Ce siècle des raisonneurs est l'anéantissement des talents ; c'est ce qui ne pouvait manquer d'arriver après les efforts que la nature avait faits dans le Siècle de Louis XIV. Il faut, comme le dit également Pierre Corneille,

céder au destin, qui roule toutes choses 4.

Pour moi, qui ai vu empirer toutes choses, je ne regretterai rien que vous.

Je me doutais bien que Mme de Grosley vous jouerait quelque mauvais tour; c'est bien pis que Mlle Dubois. Ces collatéraux-là ne sont pas votre meilleur côté.

Adieu, mon cher ange; achevons notre vie comme nous pourrons, et ne nous fâchons pas injustement. Il y a dans ce monde assez de sujets réels de chagrin. Tous les miens sont plus adoucis par votre amitié qu'ils n'ont été aigris par vos reproches. Comptez que je vous aimerai tendrement jusqu'au dernier moment de ma vie.

V. »

1 La Fontaine Fables, II, xx : Le Testament expliqué par Ésope : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/testasop.htm

4 D'après Corneille, Pompée, ac. I, sc. 1 , vers 190 ; mais il faut lire torrent au lieu de destin .