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09/05/2023

Si bene vales, ego quldem valeo

... Bonne journée !

9 ways to answer the question ÇA VA ? in French - YouTube

A part ça : https://www.lijmermoz.org/journee-internationale-contre-la-violence-le-harcelement-en-milieu-scolaire-et-le-cyber-harcelement/

 

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

30è septembre1767

Mon ancien ami, j'ai été fort occupé, et ensuite fort malade. Je n'ai pu vous remercier aussitôt que je l'aurais voulu des bons conseils que vous avez donnés à la Duchesne. J'ai chez moi un régiment entier que les tracasseries de Genève nous ont attiré. Aucun des officiers qui sont dans mon château ou dans mon village ne sait si le capitaine Bélisaire a des querelles avec la Sorbonne. Les officiers soupent chez moi pendant que je suis dans mon lit, et les soldats me font un beau chemin aux dépens de mes blés et de mes vignes, mais ils ne me défendront pas du vent du nord, qui va me désoler pendant six mois, ou qui va me tuer.

Tâchez de conserver votre santé, et que je puisse vous dire Si bene vales, ego quldem valeo 1.

Je ne sais plus où vous demeurez. J'envoie cette lettre à M. Damilaville, dont la santé m'inquiète beaucoup, et dont l'amitié, toujours égale, ardente et courageuse, est pour moi d'un prix inestimable.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

V. »

1 Si tu te portes bien, moi je me porte bien .

Voilà les beaux jours de la Russie arrivés; toute l'Europe a les yeux sur ce grand exemple de la tolérance

.... E viva Ras-Poutine ? Que le diable le patafiole, le plus vite possible !

On est fichtrement loin du Patriarche : "rendre les soldats utiles pendant la paix, et de les faire servir à écarter la guerre, qui n'est bonne à rien qu'à rendre les peuples malheureux."

Le jeu de « 1 erreur » … - les vicomtes de brageole sète

 

 

 

« Au comte Andrei Petrovitch Schouvalov 1

A Ferney, 30è septembre 1767

J'ai été longtemps malade, monsieur; c'est à ce triste métier que je consume les dernières années de ma vie. Une de mes plus grandes souffrances a été de ne pouvoir répondre à la lettre charmante dont vous m'honorâtes il y a quelques semaines 2. Vous faites toujours mon étonnement, vous êtes un des prodiges du règne de Catherine seconde . Les vers français que vous m'envoyez sont du meilleur ton, et d'une correction singulière; il n'y a pas la plus petite faute de langage on ne peut vous reprocher que le sujet que vous traitez 3. Je m'intéresse à la gloire de son beau règne, comme je m'intéressais autrefois au Siècle de Louis XIV. Voilà les beaux jours de la Russie arrivés; toute l'Europe a les yeux sur ce grand exemple de la tolérance que l'impératrice donne au monde. Les princes jusqu'ici ont été assez infortunés pour ne connaître que la persécution. L'Espagne s'est détruite elle-même en chassant les Juifs et les Maures. La plaie de la révocation de l'édit de Nantes saigne encore en France. Les prêtres désolent l'Italie. Les pays d'Allemagne, gouvernés par les prélats, sont pauvres et dépeuplés, tandis que l'Angleterre a doublé sa population depuis deux cents ans, et décuplé ses richesses. Vous savez que les querelles de religion, et l'horrible quantité de moines qui couraient comme des fous du fond de l'Égypte à Rome, ont été la vraie cause de la chute de l'empire romain et je crois fermement que la religion chrétienne a fait périr plus d'hommes depuis Constantin qu'il n'y en a aujourd'hui dans l'Europe.

Il est temps qu'on devienne sage mais il est beau que ce soit une femme qui nous apprenne à l'être. Le vrai système de la machine du monde nous est venu de Thorn 4, de cette ville où l'on a répandu le sang pour la cause des jésuites. Le vrai système de la morale et de la politique des princes nous viendra de Petersbourg, qui n'a été bâtie que de mon temps, et de Moscou, dont nous avions beaucoup moins de connaissance que de Pékin.

Pierre le Grand comparait les sciences et les arts au sang qui coule dans les veines mais Catherine, plus grande encore, y fait couler un nouveau sang. Non-seulement elle établit la tolérance dans son vaste empire, mais elle la protège chez ses voisins. Jusqu'ici on n'a fait marcher des armées que pour dévaster des villages, pour voler des bestiaux, et détruire des moissons. Voici la première fois qu'on déploie l'étendard de la guerre uniquement pour donner la paix, et pour rendre les hommes heureux. Cette époque est, sans contredit, ce que je connais de plus beau dans l'histoire du monde.

Nous avons aussi des troupes dans ce petit pays de Ferney, où vous n'avez vu que des fêtes, et où vous avez si bien joué le rôle du fils de Mérope. Ces troupes y sont envoyées à peu près comme les vôtres le sont en Pologne, pour faire du bien, pour nous construire de beaux grands chemins qui aillent jusqu'en Suisse, pour nous creuser un port sur notre lac Léman ; aussi nous les bénissons, et nous remercions M. le duc de Choiseul de rendre les soldats utiles pendant la paix, et de les faire servir à écarter la guerre, qui n'est bonne à rien qu'à rendre les peuples malheureux.

Si vous allez ambassadeur à la Chine, et si je suis en vie quand vous serez arrivé à Pékin, je ne doute pas que vous ne fassiez des vers chinois comme vous en faites de français. Je vous prierai de m'en envoyer la traduction. Si j'étais jeune, je ferais assurément le voyage de Petersbourg et de Pékin, j'aurais le plaisir de voir la plus nouvelle et la plus ancienne création. Nous ne sommes tous que des nouveaux venus, en comparaison de messieurs les Chinois mais je crois les Indiens encore plus anciens. Les premiers empires ont été sans doute établis dans les plus beaux pays. L'Occident n'est parvenu à être quelque chose qu'à force d'industrie. Nous devons respecter nos premiers maîtres.

Adieu, monsieur; je suis le plus grand bavard de l'Occident. Mille respects à Madame la comtesse de Schouvaloff. »

1 Le comte André Schouvalow est le neveu de Ivan : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ivan_Chouvalov

2 Lettre du 12 juillet 1767 qui contient vingt-cinq vers octosyllabiques à la gloire de V* .

Voir : https://journals.openedition.org/monderusse/9321

3 V* lui-même .

08/05/2023

vous êtes dans la force de l'âge, vous serez utile aux gens de bien qui pensent comme il faut

... Bonne nouvelle pour les séro-po (comme ils disent ), parole de ministre, ils ne sont plus mis au ban de certains corps publics : https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/armee...

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

30 septembre 1767

Guérissez-donc, mon cher et digne ami, vous êtes dans la force de l'âge, vous serez utile aux gens de bien qui pensent comme il faut, et moi, je ne suis plus bon à rien. Je suis actuellement obligé de me coucher à sept heures du soir ; je ne peux plus travailler . J'avais encor un reste de vie lorsque je brochai en cinq jours cette petite pièce qui nous a beaucoup amusés à Ferney et qui n'amusera guère Paris . Je souhaite que ce brimborion soit utile à Paris mais je ne l'espère pas . Je vous recommande les changements que vous avez dû recevoir ; ils sont absolument nécessaires . Merlin d'ailleurs doit user de la plus grande diligence , s'il ne veut pas être prévenu par les libraires de province .

Voici un petit écrit sur les dissidents qui m'a été envoyé de Hollande . Je commence à bien augurer de l'affaire des Sirven . Vous en viendrez à votre honneur, surtout si si M. d'Aguesseau s'adoucit .

Bonsoir mon cher ami, je me couche et je ferme mon paquet .

Voici deux lettres, l'une pour Protagoras et l'autre pour l’exact et empressé Thieriot. »

La discorde et l'envie sont faites pour la médiocrité

... Choses abondantes dans le monde des politicards .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

30 septembre 1767

Je ne comprends pas, mon cher ange, ni votre lettre ni vous. J'ai suivi de point en point la distribution que Lekain m'avait indiquée comme, par exemple, de donner Alzire à Mlle Durancy, et Zaïre à Mlle Dubois, etc.

Comme je ne connais les talents ni de l'une ni de l'autre, je m'en suis tenu uniquement à la décision de Lekain, que j'ai confirmée deux fois.

Mlle Dubois m'a écrit en dernier lieu une lettre lamentable, à laquelle j'ai répondu par une lettre polie. Je lui ai marqué que j'avais partagé les rôles de mes médiocres ouvrages entre elle et Mlle Durancy; que si elles n'étaient pas contentes, il ne tiendrait qu'à elles de s'arranger ensemble comme elles voudraient. Voilà le précis de ma lettre , vous ne l'avez pas vue sans doute . Si vous l'aviez vue, vous ne me feriez pas les reproches que vous me faites.

M. de Richelieu m'en fait, de son côté, de beaucoup plus vifs, s'il est possible. Il est de fort mauvaise humeur. Voilà, entre nous, la seule récompense d'avoir soutenu le théâtre pendant près de cinquante années, et d'avoir fait des largesses de mes ouvrages depuis environ quinze ans .

Je ne me plains pas qu'on m'ôte une pension que j'avais, dans le temps  qu'on en donne une à Arlequin 1 . Je ne me plains pas du peu d'égard que M. de Richelieu me témoigne sur des choses plus essentielles; je ne me plains pas d'avoir sur les bras un régiment, sans qu'on me sache le moindre gré de ce que j'ai fait pour lui ; je ne me plains que de vous, mon cher ange, parce que plus on aime, plus on est blessé.

Il est plaisant que, presque dans le même temps, je reçoive des plaintes de M. de Richelieu et de vous. Il y a sûrement une étoile sur ceux qui cultivent les lettres, et cette étoile n'est pas bénigne. Les tracasseries viennent me chercher dans mes déserts ; que serait-ce si j'étais à Paris? Heureusement notre théâtre de Ferney n'éprouve point de ces orages . Plus les talents de nos acteurs sont admirables, plus l'union règne parmi eux . La discorde et l'envie sont faites pour la médiocrité. Je dois me renfermer dans les plaisirs purs et tranquilles que mes maladies cruelles me laissent encore goûter quelquefois. Je me flatte que celui qui a le plus contribué à ces consolations ne les mêlera pas d'amertume, et qu'une tracasserie entre deux comédiennes ne troublera pas le repos d'un homme de votre considération et de votre âge, et n'empoisonnera pas les derniers jours qui me restent à vivre.

Vous ne m'avez point parlé de Mme de Grosley; vous croyez qu'il n'y a que les spectacles qui me touchent. Vous ne savez pas qu'ils sont mon plus léger souci, qu'ils ne servent qu'à remplir le vide de mes moments inutiles, et que je préfère infiniment votre amitié à la vaine et ridicule gloire des belles-lettres, qui périssent dans ce malheureux siècle. 

V.»

1 Beuchot pense qu'Arlequin désigne Bergier , à cause du commencement de la lettre du 22 janvier 1768 à Morellet ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-4.html

Cette interprétation est fausse ; « Arlequin » est l’acteur Carlin de la Comédie-Italienne, reçu en 1741, et qui vient d'atteindre cinquante-quatre ans ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Carlo_Antonio_Bertinazzi

et : https://essentiels.bnf.fr/fr/article/f9ec084f-fc33-4bf8-a44c-bd47b98d5156-comedie-italienne-18e-siecle

07/05/2023

Gardez-vous bien de recevoir jamais dans l'Académie un seul homme de l'université

... Après plus de deux cents ans, les académiciens français ont changé la règle du jeu, -coup de jeune-, pour se porter candidat à l'Académie . L'ex-occupant du fauteuil 33 y est-il pour quelque chose ? https://www.liberation.fr/debats/2018/05/20/l-academie-fr...

Avis à la population, à ce jour il y a cinq fauteuils vacants : 3-6-16-19-22 ( avec un peu de chance ce sont peut-être les gagnants du loto ! ) : https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/les-quara...

Les quarante aujourd'hui | Académie française

Ah qu'est-ce qu'on est serré ....

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

30 de septembre [1767] 1

Mon cher philosophe, Gabriel Cramer dit qu'il n'a point retrouvé votre livre de géométrie. Je ne lui donne point de relâche, mais il s'en moque; il donne de bons soupers dans mon château de Tournay, que je lui ai prêté. Il renoncera bientôt au métier d'imprimeur, comme moi à celui d'auteur. Il est d'ailleurs si dégoûté par l'interruption totale du commerce qu'il ne songe qu'à se réjouir. Pour moi, j'ai un régiment entier à Ferney. Les grenadiers, ni les capitaines ne se soucient que fort peu de géométrie et quand je leur dis que la Sorbonne veut écrire contre Bélisaire, ils me demandent si Bélisaire est dans l'infanterie ou la cavalerie. Cependant la raison perce jusque dans ces têtes peu pensantes, et occupées de demi-tours à gauche. Genève surtout commence une seconde révolution plus raisonnable que celle de Calvin. Les livres dont vous me parlez 2 sont entre les mains de tous les artisans. On ne peut voir passer un prêtre dans les rues sans rire ; c'est bien pis dans le Nord : l'affaire des dissidents achève de rendre Rome ridicule et odieuse, et dans dix ans la Pologne aura entièrement secoué le joug. On a fait en Angleterre une seconde édition de l'Examen de milord Bolingbroke 3 ; elle est beaucoup plus ample et beaucoup plus forte que la première. Les femmes, les enfants, lisent cet ouvrage, qui se vend à très bon marché. Voilà plus de trente écrits, depuis deux ans, qui se répandent dans toute l'Europe. Il est impossible qu'à la longue cela n'opère pas quelque changement utile dans l'administration publique. Celui qui dit le premier que les hommes ne pourraient être heureux que sous des rois philosophes 4 avait sans doute grande raison. Je suis trop vieux pour voir un si beau changement, mais vous en verrez du moins les commencements. Je reconnais déjà le doigt de Dieu dans la bêtise de la Sorbonne. On craignait qu'elle n'élevât le trône du fanatisme sur le colosse renversé des Lessius 5 et des Escobar 6 : elle est devenue plus ridicule que les jésuites mêmes, et beaucoup moins puissante. Ces polissons sont l'opprobre de la France, et le capitaine Bélisaire reviendra d'Aix-la-Chapelle 7 leur tirer leurs longues oreilles. Ils ont fait souvent des démarches plus scandaleuses et plus atroces, mais ils n'en ont jamais fait de plus impertinentes.

Gardez-vous bien de recevoir jamais dans l'Académie un seul homme de l'université. Vous reverrez probablement, vers la fin de l'automne, M. de Chabanon et M. de La Harpe. Il faut qu'ils soient un jour vos confrères mais il faut que M. de La Harpe ait du pain, et nous n'avons point de Colbert qui encourage le génie. Il commence une carrière bien épineuse. Le théâtre de Paris n'existe plus. Nous sommes dans la fange des siècles pour tout ce qui regarde le bon goût. Par quelle fatalité est-il arrivé que le siècle où l'on pense soit celui où l'on ne sait plus écrire? Vous qui savez l'un et l'autre, aimez-moi toujours un peu. »

1 Édition de Kehl . Renouard a restitué un mot, polissons, vers la fin du premier paragraphe, pour ignorants.

4 Le mot est de Platon dans La République, V, mais V* a dû le trouver cité dans Gargantua, XIV, de Rabelais, qu'il lisait , comme on le verra bientôt , vers cette époque.

Voir : « C'est, répondit Gargantua, ce que dit Platon au livre V de La République : les républiques seront heureuses quand les rois philosopheront, ou quand les philosophes régneront. » http://ldm.phm.free.fr/Oeuvres/GargantuaFM.htm

5 Léonard Leys, dit Lessius, théologien jésuite dont l"oeuvre la plus lue est un traité sur la sobriété : Hygiallicon , 1613 .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Leonardus_Lessius

6 Antonio Escobar y Mendoza, autre jésuite espagnol célèbre auteur entre autres de Liber theologiae moralis, 1659.

Voir : https://scholasticon.msh-lse.fr/Database/Scholastiques_fr.php?ID=493

et : https://books.google.fr/books?id=Xl9dO4k76NoC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

7 Marmontel est en route pour Paris et peut-être même y est-il déjà arrivé .

Il faut que je vous avoue, mon cher ami, que j'ai soixante et quatorze ans

... Confidence royale de l'innocent aux mains pleines , Charles III promoteur de la quiche aux fèves et épinards : miam miam ! avec ou sans Marmite , qui, elle, a 121 ans ?

Sauce "marmite" en pot Marmite 125g sur franprix.fr

Le drapeau noir flotte sur la marmite ! Voir , à propos du duc de Wurtemberg cité ci-après : https://www.pointdevue.fr/royal/couronnes-du-monde/wilhel...

 

 

« A Sébastien Dupont, Avocat au

Conseil souverain d'Alsace

à Colmar

Il faut que je vous avoue, mon cher ami, que j'ai soixante et quatorze ans; que j'ai donné tout mon bien à M. le duc de Virtemberg, qui ne me paie point. Il me doit une année entière . Il doit beaucoup à M. Dietrich sur ses terres d'Alsace , je ne sais ce qu'il doit sur celles de Franche-Comté mais je n'ai pas le temps d'attendre. Les dissensions de Genève m'ont attiré un régiment entier en garnison dans mes terres. Donnez-moi, je vous prie, un procureur qui puisse saisir les terres d'Alsace, j'en chercherai un pour celles de Franche-Comté, sans quoi il faut que je demande l'aumône, moi et ma famille. M. le duc de Virtemberg devrait savoir qu'il faut payer ses dettes avant de donner des fêtes. Je vous embrasse de tout mon cœur, et je me recommande à votre justice.

V.

A Ferney , 29è septembre 1767. 1»

 

1Original, mention de service « port payé » biffé et « f[ran]co Bâle » ; cachet « Bâle ».

06/05/2023

Prenez bien des fondants, et vivez pour l'intérêt de la raison et de la vérité et de la vertu

... Je n'ai pas entendu ces sages consignes lors de la messe de couronnement de Charles III, mais il est vrai qu'on n'était pas loin d'un peplum à la Cecil B. De Mille mâtiné intronisation du pape .

La religion est diablement présente . Et les religions se sont montrées en grande pompe : God save qui il peut/veut !

https://www.liberation.fr/resizer/cZTTzSNhBeBXCb3pIBsj1PVHqeI=/377x212/filters:format(jpg):quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/QSPJSSFWPJATVOYPVMFHWRUTI4.jpg

Doré sur tranches

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

28 septembre 1767 1

Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 21. Je vous assure que vous m'aviez donné bien des inquiétudes. Prenez bien des fondants, et vivez pour l'intérêt de la raison et de la vérité et de la vertu . Vous ne me disiez pas que M. et Mme de Beaumont avaient gagné pleinement leur cause. Il est juste, après tout, que le défenseur des Calas et des Sirven prospère. Je me flatte que le procès des Sirven sera rapporté.

J'ai lu les Pièces relatives 2. Les Riballier et les Coger devraient mourir de honte, s'ils n'avaient pas toute honte bue.

Je ne sais qui m'a envoyé le Tableau philosophique du genre humain, depuis le commencement du monde jusqu'à Constantin 3. Je crois en deviner l'auteur mais je me donnerai bien de garde de le nommer jamais. Je suis fâché de voir qu'un homme si respectueux envers la Divinité, et qui étale partout des sentiments si vertueux et si honnêtes, attaque si cruellement les mystères sacrés de la religion chrétienne. Mais il est à craindre que les Riballier et les Coger ne lui fassent plus de tort par leur conduite infâme, et par toutes leurs calomnies, qu'elle ne peut recevoir d'atteintes des Bolingbroke, des Wolston, des Spinosa, des Boulainvilliers, des Maillet, des Meslier, des Fréret, des Boulanger, des La Mettrie, etc.

Je présume que vous avez reçu actuellement le brimborion 4 que je vous ai envoyé pour l'enchanteur Merlin. Je lui donne cette pièce, que j'ai brochée en cinq jours 5, à condition qu'il n'aura nul privilège. Je n'ai pas osé faire paraître Henri IV dans la pièce 6, elle n'en a pas moins fait plaisir à tous nos officiers et à tout notre petit pays, à qui la mémoire de Henri IV est si chère.

Songez à votre santé la mienne est déplorable. »

 

1 Édition de Kehl donne une version incomplète des mots Prenez bien des fondants, mais comprend deux phrases de plus que les manuscrits.

3 Charles Bordes : Tableau philosophique du genre humain depuis l'origine du monde jusqu'à Constantin, 1767 .

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k845766.image

D’Alembert parle de cet ouvrage à V* dans une lettre du 22 septembre 1767 , en même temps que de la Théologie portative, de L'Esprit du clergé, des Prêtres démasqués, et du Militaire philosophe ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/03/correspondance-avec-d-alembert-partie-47.html

4 Charlot .

5 Dans la préface de Charlot, V* a écrit : « Henri IV est véritablement le héros de la pièce : mais il avait déjà paru dans La partie de chasse [de Henri IV, par Collé ], représentée sur le même théâtre, et on n'a pas voulu imiter ce qu'on ne pouvait égaler. » Il est vrai que la pièce de Collé est supérieure à celle de V*.

6 Voir la préface de l'auteur et notes : https://books.google.com.bz/books?id=BQvfAgAAQBAJ&printsec=frontcover&source=gbs_book_other_versions_r&cad=3#v=onepage&q&f=false

et ci-après, la lettre 7047 du 16 octobre 1767 à Damilaville : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/06/correspondance-annee-1767-partie-52.html

CHARLOT, ou LA COMTESSE DE GIVRI. Pièce dramatique représentée sur le théâtre de F*** (Ferney) au mois de septembre 1767. Genève et Paris, Merlin, 1767. In-8 de I f. non chiff. (pour le faux-titre) et 69 pp. (Bibl. Nle Y, 5731, C. et C. V. Beuchot, 149).

Il y a des exemplaires sans le nom de Genève. Barbier signale une édition sur le frontispice de laquelle est indiquée la date de la représentation à Ferney (26 septembre 1767) : au titre près, c'est l'édition de Merlin. Enfin, le Catalogue de Soleinne (t. II, no 1680) cite une édition de Merlin (Genève et Paris), in-8 de 91 pp.

Voltaire envoya Charlot à Damilaville le 18 septembre 1767.

Merlin devait l'imprimer, sur-le-champ, sans privilège, et en tirer 750 exemplaires (Voltaire à Damilaville, 19 septembre 1767). — Dans une lettre du 2 octobre, adressée aussi à Damilaville, Voltaire parle d'un morceau sur Henri quatre que Merlin, dit-il, « pourra mettre à la tête de la seconde édition de Charlot » (Cf. Voltaire à Damilaville, 16 octobre 1767).

Charlot fut réimprimé, en 1768, dans le t. V des Nouveaux mélanges, etc., pp. 141-198.

La « Préface » qui est en tête de l'édition de 1767 n'a pas été conservée en 1768.

Quérard cite une autre réimpression de 1771. In-8 (Biblio- graphie Voltairienne, n° 145).

Joué à Ferney en 1767, puis sur le théâtre de Châtelaine, et enfin à Paris, sur le petit théâtre du comte d'Argental, Charlot fut représenté par les comédiens italiens le mardi 4 juin 1782. Mme Vestris avait réclamé la pièce au nom de sa troupe, mais on lui répondit « que son indifférence à cet égard, depuis « dix ans que ce drame était imprimé, ayant fait présumer « qu'elle ne s'en souciait pas, la famille s'était déterminée à « la livrer à la troupe, sa rivale » (Mémoires secrets, t. XX, p. 328.)