20/07/2024
je ne vois pas pourquoi on exclurait d’un discours de réception des idées vraies et profondes, qui sont elles-mêmes la source cachée de l’éloquence
... A cette aune là je pense qu'aucun discours de réception aux différends postes à l'Assemblée Nationale n'est un exemple d'éloquence, car pour y trouver des idées " vraies et profondes" : bernicle ! Sinon ça se saurait .
Idées vraies et profondes, comme tu y vas mon cher Patriarche ; en cette année 2024 ça fait partie des raretés , particulièrement chez les politicien.ne.s qui n'ont de vrai que le désir de s'installer, et de profond que l'ignorance de la gestion d'une nation et leur fauteuil .
« A Charles Bordes
À Ferney 10 janvier 1769
Je trouve, mon cher ami, beaucoup de philosophie dans le discours de M. l’abbé de Condillac1. On dira peut-être que ce mérite n’est pas à sa place, dans une compagnie consacrée uniquement à l’éloquence et à la poésie : mais je ne vois pas pourquoi on exclurait d’un discours de réception des idées vraies et profondes, qui sont elles-mêmes la source cachée de l’éloquence.
Il y a dans le discours de M. Le Bault 2 des anecdotes sur mon ancien préfet l’abbé d’Olivet, dont je connais parfaitement la fausseté . Mais la satire ment sur les gens de lettres pendant leur vie, et l’éloge ment après leur mort.
Il serait à désirer que les lettres 3 concernant Nonotte eussent été imprimées 4 à Lyon, puisque les injures de ce maraud y ont été audacieusement imprimées . C’est d’ailleurs un factum dans une espèce de procès criminel. Il n’y a point de petit ennemi, quand il s’agit de superstition. Les fanatiques lisent Nonotte, et pensent qu’il a raison. Je crois que les Pères de l’Oratoire en seraient très aises, et qu’il y a bien d’honnêtes gens qui seraient charmés de voir l’insolente absurdité d’un ex-jésuite confondue. Voyez ce que vous pouvez faire pour la bonne cause. L’ouvrage d’ailleurs est très respectueux pour la religion, en écrasant le fanatisme.
Bonsoir, mon très cher confrère ; j’attends de Bâle un petit livre sur l’histoire naturelle 5, où il y a, dit-on, des choses curieuses . Je ne manquerai pas de vous l’envoyer. »
1 Pour sa réception à l’Académie française à la place de l’abbé d’Olivet, le 22 décembre 1768.
Voir les Discours prononcés dans l'Académie française le jeudi 22 décembre 1768 à la réception de M. l'abbé de Condillac, 1768 : https://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-de-labbe-de-condillac
2 L'édition Kehl corrige ce texte du manuscrit en M. Batteux . C'est effectivement l'abbé Batteux, directeur de l'Académie qui a reçu Condillac .
3 Nous ne connaissons de lettre concernant Nonotte, et dont Voltaire puisse parler ici, que celle qui est page 569 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/579
La Lettre anonyme, etc., qui est page 401 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/409
est postérieure au 10 janvier.
Mais Voltaire a peut-être aussi voulu parler des Éclaircissements historiques, qui sont tome XXIV, page 183 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/193
[note Moland édition Garnier ]
4 Texte de l'édition de Kehl : Il serait à désirer que les lettres concernant Nonnotte fussent réimprimées […]. Ces « Lettres » sont les Lettres […] sur Rabelais ; voir lettre du 4 octobre 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/05/il-ne-faut-point-railler-les-scelerats-il-faut-les-pendre.html
5 Des Singularités de la nature, page 125 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/133
Voir lettre du 5 janvier 1769 à Touraille : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/16/la-sottise-la-calomnie-et-la-renommee-leur-tres-humble-serva-6507264.html
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19/07/2024
J’ai l’honneur d’être
... à nouveau présidente de l'Assemblée nationale" dit Yaël Braun-Pivet, vainqueur à la barbe du RN et du NFP, confirmant par ailleurs à André Chassaigne que 13 porte bien malheur . La chasse aux accessits et hochets est ouverte pour les vaincus de ce premier round . A peine constituée, cette assemblée nous fait craindre le pire, tant chacun tire à hue et à dia . Il en est même qui posent leurs jalons pour la prochaine dissolution dans un an . Il ne reste plus pour se réjouir qu'à suivre le Tour de France et les J.O. où il n'y a pas de combines .
ça va être dur, ... très dur !
« A Jacob Bouthillier de Beaumont, etc. 1
Banquier
à Genève
Pouvez-vous, monsieur, vous charger de douze mille livres pour six mois ? Cette somme vous sera comptée au moment que vous le voudrez. J’ai l’honneur d’être,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
Au château de Ferney, 10 janvier 1769. »
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18/07/2024
si elle répond qu’il n’y a nul danger
... Croyez-la ! Mme Hidalgo a tenu parole, même si son style n'est pas celui de Laure Manaudou , on peut se baigner dans la Seine dans le délai prévu .
Par contre, Rachida Dati qui convoite sa place en est elle capable ? Je ne crois pas, son maquillage de poupée Barbie risque trop de la lâcher, elle qui est beaucoup plus à l'aise pour nager en eaux troubles , coupable de "corruption passive par personne investie d’un mandat électif public au sein d’une organisation internationale », « recel d’abus de pouvoir » et « trafic d’influence passif », excusez du peu . Il est bon qu'elle rende son maroquin de la Culture immédiatement . Voir : https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/07/02/affaire...
« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
6è janvier 1769
Madame,
Voilà encore un thème ; j’écris donc. Par une lettre d’un mercredi, c’est-à-dire il y a neuf jours 1, vous me demandez le commencement de l’alphabet 2; mais savez-vous bien qu’il sera brûlé, et peut-être l’auteur aussi ? Le traducteur est un La Bastide de Chiniac, avocat de son métier. Il sera brûlé, vous dis-je, comme Chausson 3. C’est avec une peine extrême que je fais venir ces abominations de Hollande. Vous voulez que je fasse un gros paquet à votre petite mère ou grand-mère . Vous ne me dites point si elle paie des ports de lettres, et s’il faut adresser le paquet sous l’enveloppe de son mari, qui ne sera point du tout content de l’ouvrage. L’A, B, C est trop l’éloge du gouvernement anglais. On sait combien je hais la liberté, et que je suis incapable d’en avoir fait le fondement des droits des hommes ; mais si j’envoie cet ouvrage, on pourra m’en croire l’auteur ; il ne faut qu’un mot pour me perdre.
Voyez, madame, si on peut s’adresser directement à votre petite mère ; et, si elle répond qu’il n’y a nul danger . Alors on vous en dépêchera tant que vous voudrez.
Je puis vous faire tenir directement par la poste de Lyon, à très peu de frais. Les Droits des hommes et les Usurpations des autres 4,
L’Épître aux Romains 5.
Si vous n’avez pas l’Examen important 6 de milord Bolingbroke, on vous le fera tenir par votre grand-mère .7
On n’a pas un seul exemplaire du Supplément 8. Elle le demande comme vous ; il faut qu’elle fasse écrire par Corey à Marc-Michel Rey, libraire d’Amsterdam, et qu’il lui ordonne d’en envoyer deux par la poste.
Vous me parlez d’un buste, madame . Comment avez-vous pu penser que je fusse assez impertinent pour me faire dresser un buste ? Cela est bon pour Jean-Jacques, qui imprime ingénument que l’Europe lui doit une statue 9.
Pour les deux Siècles, dont l’un est celui du goût et l’autre celui du dégoût, le libraire a eu ordre de vous les présenter, et doit s’être acquitté de son devoir. Mme de Luxembourg y verra 10 une belle réponse du maréchal de Luxembourg quand on l’interrogea à la Bastille 11. C’est une anecdote dont elle est sans doute instruite.
Le procès de cet infortuné Lally est quelque chose de bien extraordinaire ; mais vous n’aimez l’histoire que très médiocrement. Vous ne vous souciez pas de La Bourdonnais, enfermé trois ans à la Bastille pour avoir pris Madras ; mais vous souciez-vous des cabales affreuses qu’on fait contre le mari de votre grand-mère ? Je l’aimerai, je le respecterai, je le vanterai, fût-il traité comme La Bourdonnais. Il a une grande âme, avec beaucoup d’esprit. S’il lui arrive le moindre malheur, je le mettrai aux nues. Je n’y mets pas tout le monde, il s’en faut beaucoup.
Adieu, madame : quand vous me donnerez des thèmes, je vous dirai toujours ce que j’ai sur le cœur. Comptez que ce cœur est plein de vous. »
1 Aucune lettre de cette date n'est connue ; la dernière connue est celle du 13 décembre 1768. elle y réclame déjà L'A.B.C.
2 L’A, B, C : voir page 311 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/319
3 Il a déjà été question de Chausson dans une lettre du 30 juillet 1749 à l'abbé Raynal : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1749-partie-5-107235961.html
et lettre de 1939 à l'abbé d'Olivet : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1739/Lettre_1102#cite_ref-3
Chausson n'a pas fait l'objet d'un article dans les biographies françaises . Il s'agit d'un Jacques Chausson inculpé de tentative d'assassinat et condamné à mort pour sodomie en 1669, qui dit « qu'il n'y avait point d'âme à l'épreuve du feu » ; voir Robert Challe, Journal de voyage aux Indes orientales, éd. F. Deloffre et M. Menemencioglu, Mercure de France, 1979, et les Difficultés sur la religion, du même.
Voir la note de Voltaire page 519. https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome9.djvu/529
4 Voir page 193. https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/201
Voir lettre du 24 juin 1768 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/02/07/il-s-imagine-que-c-est-moi-qui-ai-souleve-tous-les-esprits.html
5 Voir page 83. https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/91
Voir lettre du 24 juin 1768 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/02/07/il-s-imagine-que-c-est-moi-qui-ai-souleve-tous-les-esprits.html
6 Voir page 195. https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/205
Voiir lettre du 25 aoüt 1766 à Frédéric II de Hesse-Cassel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/11/18/eclaire-et-bienfaisant-que-de-princes-ne-sont-ni-l-un-ni-l-a-6349903.html
7 Mme de Choiseul, qui est aussi désignée plus haut sous le nom de petite mère.
8 Le Suppléent au Dictionnaire philosophique, réclamé par mme Du Deffand dans la lettre de ce jour .
Je ne vois pas quel peut être l’ouvrage dont parle ici Voltaire. Le Supplément du Discours aux Welches est de 1764 ; le Supplément aux causes célèbres n’est, je crois, que de juillet 1769, ou, tout au plus, de juin. (note de Beuchot.)
Voir : page 249 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/259
et voir page 77 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome28.djvu/87
9 Dans sa lettre intitulée J.-J. Rousseau à Christophe de Beaumont : https://www.rousseauonline.ch/Text/lettre-a-christophe-de-beaumont.php
Sur ce mot de Rousseau, voir lettre du 13 avril 1763 à d'Argental , note 6 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/04/09/nous-avons-le-ridicule-de-demander-la-sante-a-un-malade-il-n-6042049.html
10 Voir page 459. https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome14.djvu/569
11 Sur cette réponse du maréchal de Luxembourg, voir Le Siècle de Louis XIV, chapitre XXVI page 459 : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Si%C3%A8cle_de_Louis_XIV/%C3%89dition_Garnier/Chapitre_26
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17/07/2024
Il est vrai qu’il s’y trouve plus qu’ailleurs des hommes durs et opiniâtres, incapables de se prêter un seul moment à la raison ; mais leur nombre diminue chaque jour
... Heureux Voltaire, tu n'as pas connu le Nouveau Front Populaire ! La guéguerre y règne, les égos sont survoltés, et le bien public ignoré en vue d'une place qui rapporte pouvoir et pseudo-gloire : https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/herault...
Le RN se marre, bien content de n'avoir pas eu à trouver des ministres compétents , n'ayant que la peine de mettre en avant Bardella , lequel va pouvoir continuer à critiquer et jeter des anathèmes , travail de feignasse .
« A François-Alexandre Gaubert Lavaysse 1
Du 5 janvier 1769 2
J’étais, monsieur, rempli d’estime pour feu monsieur votre père3 : je sais qu’il était aussi sage que vertueux. J’aurais voulu en pouvoir dire autant de votre beau-frère La Beaumelle 4.
La raison fait beaucoup plus de progrès que vous ne pensez . Voici ce qu’un homme constitué en dignité m’écrit de Toulouse : Vous ne sauriez croire combien augmente dans cette ville le zèle des gens de bien et leur amour et leur respect pour…5. Quant au parlement et à l’ordre des avocats, presque tous ceux qui sont au-dessous de trente-cinq ans sont pleins de zèle et de lumières, et il ne manque pas de gens instruits parmi les personnes de condition… Il est vrai qu’il s’y trouve plus qu’ailleurs des hommes durs et opiniâtres, incapables de se prêter un seul moment à la raison ; mais leur nombre diminue chaque jour, et non-seulement toute la jeunesse du parlement, mais une grande partie du centre et plusieurs hommes de la tête vous sont entièrement dévoués. Vous ne sauriez croire combien tout a changé depuis la malheureuse aventure de l’innocent Calas. On va jusqu’à se reprocher l’arrêt contre M. Rochette et les trois gentilshommes : on regarde le premier comme injuste, et le second comme trop sévère. 6»
Montrez, monsieur, ce petit extrait à Mme Calas et à Mme Duvoisin 7, et ayez la bonté de leur faire mes plus tendres compliments.
Je ne mangerai pas des fruits de l’arbre de la tolérance que j’ai planté ; je suis trop vieux, je n’ai plus de dents ; mais vous en mangerez un jour, soyez-en sûr.
J’apprends que vous demeurez chez M. Bouffé . C’est lui qui paye la pension des ex-jésuites . J’en ai un auprès de moi, aussi bien que les Sirven : car il faut faire du bien aux malheureux, et même aux jésuites . Je vous prie de vouloir bien me mander dans quel temps à peu près il pourra payer la pension de l’ex-jésuite Adam et de l’ex-jésuite Philibert, à chacun desquels on doit deux cents livres au premier septembre, si je ne me trompe. Les certificats de vie ont été remis à M. Bouffé par M. Leblanc, qui demeure chez M. Necker.
J’ai l’honneur d’être très-sincèrement et du fond de mon cœur, sans compliments, monsieur, votre.
N. B. – Je vous prie aussi de vouloir bien me marquer ce qu’on retient pour les droits de banque. »
2 L'édition Cayrol et François , par erreur, donne comme destinataire un frère de François-Alexandre : Etienne de Lavaysse Vidon ; voir : https://gw.geneanet.org/hparey?lang=fr&pz=julien+francois&nz=revault+d+allonnes&p=etienne&n=de+lavaysse+de+vidon
3 David Lavaysse est mort le 9 novembre 1768 .
David Lavaysse, père du jeune Alexandre Gaubert-Lavaysse, qui fut impliqué fortuitement dans tous les malheurs des Calas, pour avoir soupé avec eux le jour où Marc-Antoine se tua, était un homme faible et intéressé. Pendant la première procédure, on réussit à le tromper ; on lui persuada que le crime des Calas était prouvé et l’on ménagea une entrevue entre lui et son fils prisonnier, en présence de M. de Senaux, président au parlement, un des magistrats les plus fanatiques de Toulouse. Lavaysse, devant M. de Senaux, conjura son fils d’éviter la torture et la mort en avouant que les Calas avaient étranglé Marc-Antoine.
Plus tard il fallut que Voltaire gourmandât vigoureusement la faiblesse de Lavaysse pour qu’il se décidât à braver le parlement et à agir de nouveau en faveur de son fils.
Cette faiblesse trop connue de sa famille, et le fait que ce jeune homme n’avait aucun lien de parenté avec les autres accusés, expliquent les obsessions auxquelles il fut exposé à diverses reprises .
Voir : https://gw.geneanet.org/pyl?lang=fr&p=francois+alexandre+gaubert&n=lavaysse
4 Par sa sœur Rose-Victoire : https://gw.geneanet.org/hparey?lang=fr&pz=julien+francois&nz=revault+d+allonnes&p=rose+victoire&n=de+lavaysse
5 V* omet ici, par modestie, les mots « le patriarche de la tolérance et de la vertu » qu'il cite seuelement dans une lettre à d'Argental du 23 janvier 1769 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-annee-1769-partie-3.html
6 On reconnaît la lettre de Joseph Audra fréquemment citée par V* ; voir lettre du 5 janvier 1769 au marquis de Bélestat : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/15/que-le-parlement-commence-a-ouvrir-les-yeux-que-plusieurs-jeunes-conseiller.html
7 Anne Calas dite Nanette, épouse de Jean-Jacques Duvoisin, voir page 408 : https://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1962_num_74_60_4076
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La sottise, la calomnie, et la renommée, leur très humble servante, grossissent tout...On a grossi les panégyriques de gens qui ne méritaient pas qu’on parlât d’eux
... On en a des exemples quotidiens pour la foire d'empoigne des maroquins ministériels , ridicule et néfaste . Tout ça pour -officiellement- le bien de la nation française ! Nous sommes décidément trop riches en élites pour qu'il soit si difficile de faire un choix . La roue tourne encore, faites vos jeux ! De toutes façons, c'est toujours la banque qui gagne .
« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La
Touraille, premier gentilhomme
de S.A.S. Mgr le prince de Condé, etc.
à l'hôtel de Conti
à Paris
A Ferney 5è janvier 1769
Vous êtes bien bon, monsieur, de parler de microscopes à un pauvre vieillard qui a presque perdu la vue. Il y a longtemps que je suis accoutumé à voir grossir des objets fort minces. La sottise, la calomnie, et la renommée, leur très humble servante, grossissent tout. On avait fort grossi les fautes du comte de Lally et les indécences du chevalier de La Barre . Il leur en [a] coûté la vie. On a grossi les panégyriques de gens qui ne méritaient pas qu’on parlât d’eux. On voit tout avec des verres qui diminuent ou qui augmentent les objets, et presque rien avec les lunettes de la vérité.
Il n’en sera pas ainsi sans doute du livre de M. l’abbé Régley 1, que vous estimez . Je me flatte qu’il n’aura pas vu du jus de mouton produire des anguilles qui accouchent sur-le-champ d’autres anguilles . J’attends son livre avec d’autant plus d’impatience que je viens d’en lire un à peu près sur le même sujet. En donnant donnant . Ayez la bonté, monsieur, de me faire avoir les Découvertes microscopiques, et je vous enverrai les Singularités de la nature 2.
Cette nature est bien plus singulière dans nos Alpes qu’ailleurs ; c’est tout un autre monde. Le vôtre est plus brillant. Je remercie le digne petit-fils du grand Condé de daigner se souvenir de moi du sein de sa gloire. Je me mets à ses pieds avec la plus respectueuse reconnaissance, et je vous demande instamment la continuation de vos bontés.
V. »
1 L'abbé Régley n'est que le traducteur de l'ouvrage de l'italien Lazzaro Spallanzani : Nouvelles recherches sur les découvertes microscopiques et la génration des corps organisés, ouvrage traduit par M. l'abbé Régley [...] avec une nouvelle théorie de la Terre, par M. Needham, 1769 .
Voir : https://data.bnf.fr/10745834/abbe_regley/
Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6319379d.image
et
2 Les Singularités de la nature qui paruerent jsute à ce moment : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/133
Voir lettre du 2 novembre 1768 à Chabanon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/05/12/nous-ne-savons-rien-du-tout-des-premiers-principes-et-que-le-6498020.html
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16/07/2024
l’arrêt porte qu’on lui arrachera la langue, qu’on lui coupera la main, et qu’on brûlera son corps
... Hélas mister Trump s'en tire avec un piercing auriculaire, ce qui ne l'embellit pas, lui qui a jusqu'à présent échappé à la prison : https://www.france24.com/fr/am%C3%A9riques/20240531-donal...
"Celui qui règne par le colt périra par le colt !" avis à ce truand qui embauche Dieu quand ça l'arrange , joue les miraculés, et a fait croire aux gogos complaisants que son "fight! fight !" s'adressait au peuple alors que ce n'était qu'un ordre à ses gardes-du-corps et son poing levé n'est qu'un simple réflexe de colère quand on a le trouillomètre à zéro . God blesse U Donald !
Oui bientôt tu auras les deux poings levés
« A Jean-François de La Harpe
5è janvier 1769
Oui, mon cher enfant, le Mercure est devenu un très-bon livre, grâce à vous et à M. Lacombe. Je vous en fais mon compliment à tous deux. Je lui ai envoyé un Siècle, et même deux 1, ainsi qu’à vous : le grand siècle et le petit, celui du bon goût et celui du dégoût. Vous aurez vu dans celui-ci la mort du comte de Lally, dont le seul crime a été d’être brutal. Quelque autre main y ajoutera la mort d’un enfant innocent 2, dont l’arrêt porte qu’on lui arrachera la langue, qu’on lui coupera la main, et qu’on brûlera son corps, pour avoir chanté une ancienne chanson de corps de garde. Cela se passa chez les Hottentots il y a environ trois ans.
J’attends votre Henri IV 3 avec la même ardeur qu’il attendait Gabrielle.
Puisque vous avez une Vestris 4, donnez-lui donc de beaux vers à réciter. Les polissons qui ne savent que mettre des tours de passe-passe sur le théâtre ignorent que, quand on fait une tragédie en vers, il faut que les vers soient bons . Mais savent-ils ce que c’est qu’un vers ? Ah ! quels Welches !
L’A, B, C est réellement un ouvrage anglais, traduit par l’avocat La Bastide de Chiniac, et ce Chiniac est un homme à qui je ne prends nul intérêt.
Je vous embrasse de tout mon cœur. »
1 L’édition de 1768 du Siècle de Louis XIV contient le Précis du Siècle de Louis XV.
2 Voltaire n’a point fait pour le Précis du Siècle de Louis XV d’addition où il ait parlé du meurtre de La Barre : mais dans l’édition de l’Histoire du Parlement, qui fait partie de l’édition in-4° de ses Œuvres, il reproduisit au chapitre LXIX la Relation de la mort du chevalier de La Barre, qui est page 501 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/511
3 L’Éloge de Henri IV, roi de France , 1769, par La Harpe, avait obtenu l’accessit à l’Académie de la Rochelle. Le prix avait été donné à Gaillard ; voir lettre du 23 janvier 1769 à Gaillard : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-annee-1769-partie-4.html
4 Marie-Rose Gourgaud Dugazon, femme d’Angiole-Marie-Gaspard Vestris, danseur, avait débuté le 19 décembre 1768 par le rôle d’Aménaïde dans Tancrède. Elle est morte le 6 octobre 1804.
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15/07/2024
que le parlement commence à ouvrir les yeux : que plusieurs jeunes conseillers embrassent le parti de la tolérance
... Que ce voeu se réalise et tout ira mieux, du moins on peut l'espérer .
« A François de Varagne-Gardouch, marquis de Bélestat
Du 5 janvier 1769
Votre lettre du 20 de décembre, monsieur, n’est point du style de vos autres lettres : et votre critique de Bury est encore moins du style de l’Éloge de Clémence Isaure. C’est une énigme que vous m’expliquerez quand vous aurez en moi plus de confiance 1.
Le libraire de Genève 2 qui imprima votre dissertation 3 étant le même qui avait imprimé les Mémoires de La Beaumelle, on crut que ce petit ouvrage était de lui ; et ce nom le rendit suspect. Le public ne regarda l’intitulé, Par M. le marquis de B…, que comme un masque sous lequel La Beaumelle se cachait. L’article du petit-fils de Sha-Abas parut à tout le monde un portrait trop ressemblant. Le libraire de Genève envoya à Paris six cents exemplaires que M. de Sartines fit mettre au pilon, et il en informa M. de Saint-Florentin.
Ce n’est pas tout, monsieur ; comme le livre venait de Genève, on me l’attribua ; et cette calomnie en imposa d’autant plus que dans ce temps-là même je faisais imprimer publiquement à Genève une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV.
Le président Hénault, si durement traité dans votre brochure 4, est mon ami depuis plus de quarante ans ; je lui ai toujours donné des marques publiques de mon attachement et de mon estime. Ses nombreux amis m’ont regardé comme un traître qui avait flatté publiquement le président Hénault, pour le déchirer avec plus de cruauté en prenant un nom supposé.
Si vous m’aviez fait l’honneur de répondre plus tôt à mes lettres 5, vous m’auriez épargné des chagrins que je ne méritais pas. Lorsque je vous écrivis, j’étais persuadé avec toute la ville de Genève que La Beaumelle était l’auteur de cet écrit, et tout Paris croyait qu’il était de moi. Voilà, monsieur, l’exacte vérité.
Vous pouvez me rendre plus de services que vous ne m’avez fait de peines ; il s’agit d’une affaire plus importante.
J’ai auprès de moi la famille des Sirven ; vous n’ignorez peut-être pas que cette famille entière a été condamnée à la mort dans le temps même qu’on faisait expirer Calas sur la roue. La sentence qui condamne les Sirven est plus absurde encore que l’abominable arrêt contre les Calas. J’ai fait présenter au nom des Sirven une requête au conseil privé du roi . Cette famille malheureuse, jugée par contumace, et dont le bien est confisqué, demandait au roi d’autres juges, et ne voulait point purger son décret au parlement de Toulouse, qu’elle regardait comme trop prévenu, et trop irrité même de la justification des Calas . Le conseil privé, en plaignant les Sirven, a décidé qu’ils ne pouvaient purger le décret qu’à Toulouse.
Un homme très instruit me mande de cette ville même que le parlement commence à ouvrir les yeux : que plusieurs jeunes conseillers embrassent le parti de la tolérance ; qu’on va jusqu’à se reprocher l’arrêt contre M. Rochette et les trois gentilshommes 6, Ces circonstances m’encourageraient, monsieur, à envoyer les Sirven dans votre pays, si je pouvais compter sur quelque conseiller au parlement qui voulût se faire un honneur de protéger et de conduire cette famille aussi innocente que malheureuse. Je serais bien sûr alors qu’elle serait réhabilitée, et qu’elle rentrerait dans ses biens. Voyez, monsieur, si vous connaissez quelque magistrat qui soit capable de cette belle action, et qui, ayant vu les pièces, puisse prendre sur lui de confondre la fanatique ignorance des premiers juges, et tirer l’innocence de la plus injuste oppression.
Combien que le parlement ne soit qu’une forme des trois états raccourcis au petit pied( ce sont les termes des premiers états de Blois, page 445 ) 7 . Ce sera à vous seul, monsieur, qu’on sera redevable d’une action si généreuse et si juste . Le parlement même nous en devra de la reconnaissance, vous lui aurez fourni une occasion de montrer sa justice, et d’expier le sang des Calas.
Pour moi, je n’oublierai jamais ce service que vous aurez rendu a l’humanité, et j’aurai l’honneur d’être avec la plus vive reconnaissance, avec l’estime que je dois à vos talents, et toute l’amitié d’un confrère, votre très humble. »
1 Voir note 6 de la lettre du 31 octobre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/05/10/en-fait-d-ouvrages-de-gout-il-ne-faut-jamais-repondre-en-fai-6497711.html
2 Claude Philibert .
3 Examen de la Nouvelle histoire de Henri IV, de M. de Bury ; voir lettre du 13 septembre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/26/m-6491423.html
4 Voir le passage cité dans la lettre du 13 septembre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/26/m-6491423.html
5 Lettre du 15 octobre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/24/si-je-me-comptais-encore-au-nombre-des-vivants-je-desirerais-6495590.html
et du 17 octobre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/29/j-ai-cru-devoir-a-votre-merite-et-a-l-estime-que-vous-m-avez-inspiree-les-i.html
6 On reconnaît les termes de la lettre de l’abbé d'Audra déjà cités par V* à plusieurs correspondants ; voir lettre https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7457
7 Note de Voltaire qu'il a mise entre parenthèses .
Sur cette phrase, voir les lettres du 28 septembre 1768 et du 31 octobre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/10/me-voila-lave-mais-non-absous-6493592.html
Il est à noter que ce début de paragraphe ne paraît pas être à sa place ; il ne se rattache ni à ce qui précède ni à ce qui suit .
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