09/07/2024
Je suis environné de paperasses énormes dans lesquelles je me perds
... Constat de tous les nouveaux parlementaires qui, pourtant, vont sans frémir augmenter à force de projets de lois, de décrets et d'amendements le stock de paperasses républicaines . Les seuls entrepreneurs à vraiment être rassurés par la nouvelle Assemblée sont les imprimeurs, et les fournisseurs de la boutique de l'Assemblée que je vous laisse apprécier , ça fait partie des nombreux avantages d'être un élu de la Nation ( l'abolition des privilèges du 4 août 1789 n'a fait que changer les bénéficiaires ) : https://boutique.assemblee-nationale.fr/
Pour frimer !
En avant marche ! gauche droite gauche droite ...
Et pour avoir une peau douce, un savon au lait d'ânesse à 8€50
Etc., Etc.,Etc.... Un vrai catalogue à la Prévert ...
« A Gabriel Cramer
[1768-1769]
Dieu m'est témoin que nous venons de chercher, l'ami Wagnière et moi, pendant deux heures, ces petites pièces manuscrites que monsieur Cramer m'avait confiées . Nous avons perdu notre temps . Je ne sais plus où je les ai fourrées . Je suis environné de paperasses énormes dans lesquelles je me perds . Je suis malade de fatigue et de chagrin . Il faudra bien que je retrouve ce petit papier quand je serai tranquille car sûrement je ne l’ai pas brûlé .
Si monsieur Cramer a un autre exemplaire de ce chiffon, j'en aurai plus de soin, et je le corrigerai malgré mon triste état .
Je renvoie les cinq volumes de Mélanges . Ils sont bien mal arrangés . J'ai indiqué partout les doubles emplois, et j'y ai remédié autant que j'ai pu .
Il faudra beaucoup de cartons . Monsieur Cramer se serait épargné cette peine très désagréable s'il m'avait consulté . Je lui demande en grâce de ne rie faire sans m'en donner avis . Cette édition peut devenir très jolie, et être assez recherchée . Quand j'aurais repris un peu de mes sens, nous parlerons de tout cela. »
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08/07/2024
le démon de la discorde et de la calomnie souffle terriblement ...Il faut donc combattre jusqu’au dernier jour de sa vie ? Eh bien ! combattons.
... La preuve : le RN impuissant, en toute logique mathématique , un tiers des voix, c'est loin de cinquante pour cent plus un . Les cocoricos de Bardella ont viré au "c'est trop inzuste" de Caliméro, risibles, point de poste de premier ministre, retour à la case départ . Continuons à combattre un tel parti , il n'est pas négligeable bien que détestable par son programme .
« A Jean Le Rond d'Alembert, des Académies
française et des sciences
près de Bellechasse
à Paris
31è décembre 1768
Mon cher philosophe, le démon de la discorde et de la calomnie souffle terriblement sur la littérature. Voyez ce qu’on a imprimé dans plusieurs journaux du mois de novembre 1. Il est nécessaire que vous en soyez instruit . Je ne crois pas que ces journaux soient fort connus à Paris, mais ils le sont dans l’Europe.
Croiriez-vous que M. le duc et Mme la duchesse de Choiseul ont daigné m’écrire pour disculper La Bletterie 2? Mais comment se justifiera-t-il, non-seulement d’avoir traduit Tacite en style pincé, mais de n’avoir fait des notes que pour insulter tous les gens de lettres ? Je ne parle pas de Linguet, qui s’est défendu un peu trop longuement 3; mais pourquoi désigner Marmontel dans le temps de la persécution qu’il essuyait ? N’a-t-il pas désigné de la manière la plus outrageante le président Hénault, par ces paroles que vous trouverez page 235 du second tome ? Fixer l’époque des plus petits faits avec la plus grande exactitude, c’est le sublime de nos prétendus historiens modernes. Cela leur tient lieu de génie et des talents historiques.
Quoi ! cet homme attaque tout le monde, et il trouve la plus forte protection et les plus grands encouragements ! Est-ce pour l’éducation des enfants de France qu’il a publié son Tacite ? Je sais certainement qu’il veut être de l’Académie, et probablement il en sera.
Je crois connaître enfin le beau marquis 4 qui a peint le président Hénault et le petit-fils de Sha-Abas d’un pinceau si rembruni et si dur . Mais par quelle rage m’imputer cet ouvrage, dans lequel je suis moi-même maltraité ? Il faut donc combattre jusqu’au dernier jour de sa vie ? Eh bien ! combattons.
Avez-vous jamais lu le Catéchumène 5, une ode contre tous les rois dans la dernière guerre 6, une Lettre au docteur Pansophe ?7 Tout cela est de la même main. On a cru y reconnaître mon style. L’auteur n’a jamais eu l’honnêteté de détourner ces injustes soupçons ; et moi, qui le connais parfaitement aussi bien que Marin, j’ai eu la discrétion de ne le jamais nommer. Je sais très bien quel est l’auteur du livre attribué à Fréret 8, et je lui garde une fidélité inviolable. Je sais qui a fait le Christianisme dévoilé 9, le Despotisme oriental 10, Énoch et Élie 11, etc., et je ne l’ai jamais dit. Par quelle fureur veut-on m’attribuer l’A. B, C. ? C’est un livre fait pour remettre le feu et le fer aux mains des assassins du chevalier de La Barre.
Je compte sur votre amitié, mon cher philosophe, qu’elle soit mon bouclier contre la calomnie, et la consolation de mes derniers jours.
Je vous embrasse très tendrement.
V. »
1 La description est vague ; peut-être V* pense-t-il à une harangue du duc de Duras, tenue à l'occasion de la visite du roi de Danemark ; voir lettre du 23 décembre 1768 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/28/pourquoi-n-a-t-il-pas-ete-aussi-plaisant-qu-il-pouvait-l-etr-6504864.html
2 On a vu ces lettres à propos des lettres du 23 décembre à d'Alembert et du 26 décembre 1768 à Dupuits : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/02/on-m-a-fait-etranger-et-puis-on-me-reproche-de-penser-comme-6505333.html
3 Voir lettre du 19 août 1768 à Marin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/10/non-nostrum-inter-vos-tantas-componere-lites-il-ne-nous-appa-6488880.html
4 De Bélestat .
5 Par M. Bordes. (Kehl) . Voir lettre 10586 1er mars à d'Argental 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/11/je-ne-veux-pas-payer-pour-lui-6465393.html
6 Cette Ode sur la guerre est aussi de Bordes . Le Journal encyclopédique du 1er août 1761, dans lequel on trouve cette ode, dit qu’elle a été attribuée à un illustre auteur, qui la désavoue. Il en est question dans la lettre du prince Henri de Prusse le 8 février 1762 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome42.djvu/49
Voir lettre à Pierre Rousseau du 16 septembre 1761 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/08/27/vous-avez-un-beau-champ-pour-rendre-justice-a-notre-nation-5840515.html
7 A letter [,,,] to M. Jean-Jacques Rousseau, publiée en français et en anglais en avril 1766, plus connue sous le titre Lettre au docteur Pansophe, que Wilkes attribue dès l'origine à V* ainsi qu’il l'écrit à Suard le 20 mai 1766 en lui envoyant cette « lettre en français et en anglais de M. de Voltaire à Rousseau ». Voir pourtant la lettre du 1er mars 1768 à d'Argental où V* l'attribue déjà au même auteur que le Catéchumène, c'est-à-dire sans doute à Bordes .
8 L'Examen critique des apologistes de la religion chrétienne, peut-être de Lévesque de Burigny ; voir lettre du 22 janvier 1768 à Morellet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/08/28/une-si-bonne-cause-defendue-par-de-si-mauvaises-raisons-6458471.html
9 Sur Le Christianisme dévoilé attribué par V* à Damilaville, voir lettre du 15 décembre 1766 à Mme de Saint-Julien : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/16/il-est-entierement-oppose-a-mes-principes.html
et lettre du 20 décembre 1768 à Villevielle : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/26/je-mourrai-console-en-voyant-la-veritable-religion-c-est-a-d-6504508.html
10 Sur les Recherches sur les origines du despotisme oriental, de Nicols Boulanger, voir lettre du 26 janvier 1762 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/17/nos-infames-ennemis-se-dechirent-les-uns-les-autres-c-est-a-5899929.html
Voir la note 1, page 25 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome42.djvu/35
11 Sur la Dissertation sur Élie et Enoch, du même Boulanger, voir lettre du 25 novembre 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/01/21/c-est-un-recueil-aussi-insipide-que-si-l-on-avait-imprime-les-memoires-de-m.html
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07/07/2024
J’apprends dans mes retraites Qu’on a dans Paris maintenant Moins de bons médecins que de mauvais poètes
... Vu depuis les "déserts médicaux" !
« A Mme Anne-René Bichon de Pommereul
À Ferney, 29è décembre 1768 1
Madame,
Si je n’avais pas été très malade sur la fin de cette courte vie, je vous aurais sans doute remercié sur-le-champ de la longue vie que vous voulez bien me procurer 2. Il faut que vous descendiez d’Apollon en droite ligne, vous et Mme d’Antremont.
Vous ne démentez pas votre illustre origine ;
Il est le dieu des vers et de la médecine,
Il prolonge nos jours, il en fait l’agrément.
Ce dieu vous a donné l’un et l’autre talent :
Ils sont rares tous deux. J’apprends dans mes retraites
Qu’on a dans Paris maintenant
Moins de bons médecins que de mauvais poètes.
Grand merci, madame, de votre recette de longue vie. Je me doute que vous en avez pour rendre la vie très agréable : mais j’ai peur que vous ne soyez très avare de cette recette-là. Le cardinal de Fleury prenait tous les matins d’un baume qui ressemblait fort à votre élixir . Il avait beaucoup usé, dans son temps, de cette autre recette que vous ne donnez pas. Je crois que c’est ce qui l’a fait vivre quatre-vingt-dix ans assez joyeusement. Ce bonheur n’appartient qu’à des gens d’Église . Dieu ne bénit pas ainsi les pauvres profanes.
Quoi qu’il en soit, daignez agréer le respect et la reconnaissance avec lesquels j’ai l’honneur d’être,
madame,
votre, etc. »
1 Copie par Wagnière ; copie par Bigex ; édition Kehl . L'original semble avoir été adressé à Fougères chez Louis François POMMEREUL (1711-1751), sieur de LA GAUMERAIS, procureur du roi dans la sénéchaussée de Fougères ; voir : https://gw.geneanet.org/jrussell2?lang=fr&pz=julie+myriam+jacqueline&nz=series&p=anne+renee&n=bichon
2 Mme de Pommereul avait adressé à l’auteur la recette de l’élixir de longue vie, avec une lettre mêlée de prose et de vers. (Kehl.)
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06/07/2024
Tout ce que peuvent faire les adeptes, c’est de s’aider un peu les uns les autres, de peur d’être sciés : et si un monstre vient nous demander : Votre ami l’adepte a-t-il fait cela ? il faut mentir à ce monstre
... Telle est la conduite à tenir effectivement face au RN et à un Zemmour , un Mélenchon et tous les extrémistes qui divisent pour tenter de régner .
« A Bernard-Joseph Saurin, de l'Académie
française, etc.
Rue Neuve-des-Petits-Champs
vis-à-vis celle de Louis-le-Grand
à Paris
28è décembre 1768 à Genève
Premièrement, mon cher confrère, je vous ai envoyé un Siècle 1, et je suis étonné et confondu que vous ne l’ayez pas reçu.
En second lieu, vos vers sont très jolis 2.
Troisièmement, votre équation est de fausse position. Ce n’est point moi qui ai traduit l’A, B, C ; Dieu m’en garde ! Je sais trop qu’il y a des monstres qu’on ne peut apprivoiser. Ceux qui ont trempé leurs mains dans le sang du chevalier de La Barre sont des gens avec qui je ne voudrais me commettre qu’en cas que j’eusse dix mille serviteurs de Dieu avec moi, ayant l’épée sur la cuisse, et combattant les combats du Seigneur 3.
Il y a présentement cinq cent mille Israélites en France qui détestent l’idole de Baal ; mais il n’y en a pas un qui voulût perdre l’ongle du petit doigt pour la bonne cause. Ils disent : Dieu bénisse le prophète ! et si on le lapidait comme Ézéchiel, ou si on le sciait en deux comme Jérémie, ils le laisseraient scier ou lapider, et iraient souper gaiement.
Tout ce que peuvent faire les adeptes, c’est de s’aider un peu les uns les autres, de peur d’être sciés : et si un monstre vient nous demander : Votre ami l’adepte a-t-il fait cela ? il faut mentir à ce monstre.
Il me paraît que M. Huet, auteur de l’A, B, C, est visiblement un anglais qui n’a acception de personne. Il trouve Fénelon trop languissant 4, et Montesquieu trop sautillant 5. Un Anglais est libre, il parle librement : il trouve la Politique tirée de l’Écriture sainte 6, de Bossuet, et tous ses ouvrages polémiques, détestables ; il le regarde comme un déclamateur 7 de très-mauvaise foi. Pour moi, je vous avoue que je suis pour Mme du Deffand, qui disait que l’Esprit des lois était de l’esprit sur les lois. Je ne vois de vrai génie que dans Cinna et dans les pièces de Racine ; et je fais plus de cas d'Armide 8 et du IVè acte de Roland 9 que de tous nos livres de prose . Montesquieu dans ses Lettres persanes se tue à rabaisser les poètes ; il voulait renverser un trône où il sentait qu'il ne pouvait s'asseoir . Il insulte violemment dans ses Lettres persanes l'Académie dans laquelle il sollicita depuis une place 10. Il est vrai qu’il avait quelquefois beaucoup d'imagination dans l'expression . C'est à mon sens son principal mérite . Il est ridicule de faire le goguenard dans un livre de jurisprudence universelle . Je ne peux souffrir qu'on soit plaisant si hors de propos . Enfin chacun a son avis . Le mien est de vous aimer et de vous estimer toujours .
V. »
1 L’édition de 1768 du Siècle de Louis XIV
2 Saurin avait adressé à Voltaire des vers qui sont effectivement fort jolis, et dont il est parlé dans les Mémoires secrets de Bachaumont, à la date du 16 janvier 1769*. Le rédacteur des Annonces, affiches et avis divers de la Haute et Basse-Normandie les inséra dans le numéro du vendredi 3 février 1769 de son journal, avec cet intitulé : Sorin (sic) à M. de Voltaire, en réponse à l’A, B, C, pièce où il traite purement et simplement Montesquieu de bel esprit, et où il dénigre Fénelon. Un arrêt du parlement de Rouen, en date du 20 février 1769, ordonne que ce numéro des Annonces sera lacéré et brûlé, comme blasphématoire et impie*. Les vers de Saurin n’ayant pu, en conséquence de cet arrêt, entrer dans la collection de ses Œuvres, sont en quelque sorte inédits : je pense que le lecteur les verra ici avec plaisir.
*. Voyez aussi Grimm, édition Tourneux, tome VIII, page 267.
Esprit vaste et sublime, et le plus grand peut-être
Qu’aucun pays jamais, qu’aucun siècle ait vu naître ;
Voltaire, des humains le digne précepteur,
Poursuis, en instruisant amuse ton lecteur ;
Et, joignant à propos la force au ridicule,
Dans tes écrits, nouvel Hercule,
Abats l’hydre des préjugés
De cette nuit profonde où des fourbes célèbres
Au nom du ciel nous ont plongés,
Ose dissiper les ténèbres :
Arrache à l’erreur son bandeau,
Rends à la vérité ses droits et son flambeau ;
Mais du doux Fénelon ne trouble point la cendre,
Laisse au grand Montesquieu son immortalité :
Ton cœur de les aimer pourrait-il se défendre ?
Du genre humain tous deux ont si bien mérité !
Ils ont pu se tromper, mais ils aimaient les hommes.
Eh ! combien par l’amour de péchés sont couverts !
Le sublime écrivain que bel esprit tu nommes
À, même en se trompant, éclairé l’univers ;
Nous lui devons ce que nous sommes.
Trop libre peut-être en mes vers,
Je te dis ma pensée. Oh ! grand homme, pardonne.
Souvent, par ses écrits jugeant de sa personne,
Voltaire me paraît une divinité ;
Mais quand, rabaissant ceux que l’univers renomme,
Le génie est par toi de bel esprit traité,
Je vois avec chagrin que le dieu se fait homme.
(Note de M. Ravenel).
3 Ier livre des Rois, xviii, 17 .
4 Fénelon est auteur des Aventures de Télémaque : Voir page 377 :
https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/385
5 Voir page 321 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/329
6 Exactement La Politique tirée des propres paroles de l'Ecriture sainte, 1709 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k103256m.image
7 Voir pages 349- 350 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/357
8 Opéra de Quinault et de Lully, parodié par V*; voir lettre du 3 février 1732 à Cideville : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire...
9 Opéra de Quinault et Lully, 1685 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Roland_(op%C3%A9ra)
10 Montesquieu est reçu à l'Académie française dès 1728, quinze ans avant Marivaux et dix-huit avant Voltaire : https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/charles-d....
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Je vous remercie, monsieur, des instructions que vous avez bien voulu me donner
... Ces remerciements sont ceux de chacun des fonctionnaires qui viennent d'avoir de nouveaux postes, ce qui est de bonne guerre, même si ça fait hurler Marine alors qu'elle aurait certainement fait pire si elle en avait eu le pouvoir ; il n'est qu'à voir le placement des membres de sa famille et proches . Attends 2027 harpie blondasse !
https://www.chappatte.com/en/images/marine-le-pen
« A Pierre-Jean Boudot 1
28 décembre à Ferney
Je vous remercie, monsieur, des instructions que vous avez bien voulu me donner 2 ; si j’étais aussi savant que vous, M. le président Hénault serait bientôt vengé.
Heureusement l’ouvrage du marquis de B 3 n’a point passé à Paris, il n’est connu que dans les provinces et dans les pays étrangers ; mais il ne fera jamais de tort à l’abrégé chronologique dont vous avez vérifié toutes les dates.
L’abbé de La Bletterie a beau vouloir jeter du ridicule sur cette exactitude si estimable 4, le ridicule est d’oser la mépriser . Mon devoir est de vous estimer ; c’est un devoir que je remplis dans toute son étendue.
J’ai l’honneur d’être avec bien de la reconnaissance, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Abbé Boudot : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Jean_Boudot
2 Voir lettre à Hénault du 31 octobre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/05/10/en-fait-d-ouvrages-de-gout-il-ne-faut-jamais-repondre-en-fai-6497711.html
3 Bélestat ; voir lettres du : 15 octobre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/24/si-je-me-comptais-encore-au-nombre-des-vivants-je-desirerais-6495590.html
du : 17 octobre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/29/j-ai-cru-devoir-a-votre-merite-et-a-l-estime-que-vous-m-avez-inspiree-les-i.html
et du : 5 janvier 1769 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7447
4 Voir lettre du 26 décembre 1768 à Mme du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/01/tout-notre-parlement-sera-a-vos-genoux-quand-vous-voudrez-ma-6505227.html
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05/07/2024
vous savez que les jésuites et les jacobins se sont toujours détestés, eux et leurs saints
... Mais pas plus que les membres des partis en course pour tenter de décrocher la timbale des législatives, capables, eux, de se descendre en flammes sous des bannières de complaisance ; sauve-qui-peut et par-dessus tout "Embrassons-nous Folleville ! "
« A André Lethinois
27è décembre 1768
Je vous remercie, monsieur, de l’éloquent mémoire 1 que vous avez bien voulu m’envoyer. Ce bel ouvrage aurait été soutenu de preuves, si votre Nègre des Moluques avait voulu vous instruire de l’âge auquel le roi son père le fit voyager ; du nombre et des noms des grands de sa cour, qui sans doute accompagnèrent le dauphin de Timor ; des particularités de ce pays, de sa religion, de la manière dont le révérend père dominicain, son précepteur, s’y prit pour vendre le duc et pair nègre, les écuyers et les gentilshommes de la chambre du dauphin, et pour changer Son Altesse royale en garçon de cuisine.
L’île de Timor a toujours passé pour un pays assez pauvre, dont toute la richesse consiste en bois de santal. Franchement, monsieur, l’histoire de ce prince n’est pas de la plus grande vraisemblance . Tout ce qu’on vous accordera, c’est que le père Ignace est un fripon ; mais il est bien étonnant qu’un dominicain s’appelle Ignace ; vous savez que les jésuites et les jacobins se sont toujours détestés, eux et leurs saints.
Quoi qu’il en soit, monsieur, si le Conseil n’a point eu d’égard à votre requête, il a sans doute rendu justice à votre manière d’écrire . Il n’a pu vous refuser son estime, et je pense comme tout le Conseil.
J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre, etc. »
1Voir lettre de Le Thinois du 16 décembre 1768 : https://obtic.huma-num.fr/elicom/voltaire/doc.jsp?id=1768-12-16_49148
Le mémoire est une pièce juridique que Lethinois avocat au Conseil vient de composer en faveur du fils prétendu du roi du Timor : Requête au roi pour Balthazar-Pascal Celze, fils ainé du roi, et héritier présomptif du royaume de Timor et de Solor dans les Moluques : Paris, 1768, in-4° de xxxi : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5686598z.texteImage
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04/07/2024
On passe sa vie à s’indigner et à gémir.
... Les motifs de se réjouir sont aux abonnés absents, particulièrement en cette période électorale où certains sont prêts à donner le pouvoir à la famille Le Pen . "Pauvre France !" Qui écoute encore et est capable de suivre l'auteur du Traité sur la Tolérance ? Hélas , une minorité . Le potentiel de réflexion des Français est bien bas dans le même temps qu'il devrait être au plus haut .
« Au baron Friedrich Melchior von Grimm
27 décembre 1768
L’affligé solitaire des Alpes a reçu la lettre consolante du prophète 1 de Bohême. Ils pleurent ensemble, quoique à cent lieues l’un de l’autre , le défenseur intrépide de la raison et le vertueux ennemi du fanatisme, Damilaville, est mort, et Fréron est gros et gras . Mais que voulez-vous, Thersite a survécu à Achille, et les bourreaux du chevalier de La Barre sont encore vivants. On passe sa vie à s’indigner et à gémir.
Il y a des barbares qui imputent la traduction de l’A, B, C à l’ami du prophète bohémien ; c’est une imputation atroce. La traduction est d’un avocat nommé La Bastide-Chiniac, auteur d’un Commentaire sur les discours de l’abbé Fleury 2. L’original anglais fut imprimé à Londres en 1761, et la traduction en 1762, chez Robert Freemann3, où tout le monde peut l’acheter. Voilà de ces vérités dont il faut que les adeptes soient instruits, et qu’ils instruisent le monde. Les prophètes doivent se secourir les uns les autres, et ne se pas donner des soufflets, comme Sédéchias en donnait à Michée 4.
Je prie le prophète de me mettre aux pieds de ma belle philosophe 5.
On dit du bien de Mlle Vestris 6; mais il faut savoir si ses talents sont en elle, ou s’ils sont infusés par Lekain ; si elle est ens per se ou ens per aliud 7.
Vous reconnaîtrez l’écriture d’Élisée 8 sous la dictée du vieil Élie : je lui laisserai bientôt mon manteau 9 ; mais ce ne sera pas pour m’en aller dans un char de feu.
Adieu, mon cher philosophe ; je vous embrasse en Confucius, en Épictète, en Marc-Aurèle, et je me recommande à l’assemblée des fidèles.
V. »
1 Grimm est auteur du Petit prophète de Boehmischbroda, 1753, in-8° : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9617986b/f3.item
2 Voir lettre du 6 mai 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/01/06/cette-bonne-compagnie-de-paris-est-fort-agreable-mais-elle-n-6478945.html
3 Voir la note 4 de la lettre à Mme Du Deffand du 12 décembre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/27/je-sais-pourtant-qu-il-y-a-encore-des-hottentots-meme-a-pari-6504725.html
4 Ier livre des Rois, xxii, 24 : https://saintebible.com/1_kings/22-24.htm
5 Mme d’Épinay
6 Mlle Angelo Vestris, née Françoise-Marie-Rostte Gourgaud, a fait ses débuts à la Comédie-Française le 19 décembre 1768 : https://www.comedie-francaise.fr/fr/artiste/mme-vestris#
7 Un être par elle-même ou un être par autrui.
8 Jean-Louis Wagnière.
9 IIè livre des Rois, ii, 13. : https://saintebible.com/2_kings/2-13.htm
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