16/11/2024
Rien n'est plus digne de vos talents que d'encourager ceux des autres
... C'est le travail prioritaire du premier ministre, selon moi . Sera-t-il entendu ? compris ?
Il en est une qui n'a eu nul besoin d'encouragement pour se laisser corrompre : Mme Dati , aux goûts de luxe disproportionnés, a su profiter de son poste malhonnêtement, et en profiter encore à une place imméritée . Qu'elle aille rejoindre Carlos Ghosn , maître délinquant . Qu'on la bazarde au plus vite ! La Culture ne la rappellera pas .
Rachida faisant la belle pour avoir un su-sucre !
« A Jean-Jacques Bachelier 1
Ferney ce 9 mai 1769 2
Le livre que vous avez bien voulu m'envoyer 3, monsieur, est aussi éloquent que votre entreprise est noble . Rien n'est plus digne de vos talents que d'encourager ceux des autres, et de faire fleurir les arts qui sont l'ornement de la capitale . Enseveli dans la retraite, je n’étais occupé que de l'agriculture, avant que mes maladies m'eussent mis dernièrement hors d’état d'agir . Je n'en sens pas moins l'étendue de votre mérite, et je me ferais un grand honneur d'être admis au nombre de ceux qui vous ont secondé dans vos desseins utiles à l’État .
J'ai l'honneur d'être avec toute l'estime que je vous dois, etc. »
1 Peintre . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Bachelier
2 Copie Beaumarchais ; éd. Ira O. Wade, « Some forgotten Letters of Voltaire », Modern language Notes, avril 1932 : https://www.jstor.org/stable/2913580
3 Essai philosophique sur l'établissement des écoles gratuites de dessin pour les arts mécaniques, 1769, Barnabé Farmian de Rosoi : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k14210178.image
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15/11/2024
Si vous voulez des nouvelles du malheureux pays de Gex
... Lisez Le Pays Gessien ( qui était autrefois Le Petit Gessien, journal de quatre pages ) : https://lepaysgessien.lemessager.fr/
Lucie Vilmen, tout sourire
« A Marie-Louise Denis
rue Bergère, vis-à-vis l'hôtel des Menus
à Paris
8è mai 1769
Eh bien, ne voilà-t-il pas que les marauds de Collonge ont encore ouvert et saisi le ballot des livres à vous appartenants, lequel vous était envoyé de votre château à Paris. Vantez après cela, ma chère nièce, la liberté et les agréments d'un pays où le moindre commis peut vexer insolemment les plus honnêtes gens et les meilleurs citoyens .
Vous aviez fait, à ce qu'on m'a dit, venir de votre bibliothèque tous mes ouvrages avec plusieurs petits livres qui ne sont pas faits pour être d'un usage public ; mais qu'il n'est pas défendu de garder chez soi . Les coquins de Collonge n'ont pas manqué de donner avis à M. le chancelier de leur capture, et de m'imputer tout ce qui est dans votre caisse . On enverra sans doute le ballot à M. le chancelier . Il est trop juste, et c'est un homme d'un esprit trop supérieur pour ne pas vous faire rendre des effets qui vous appartiennent et dont vous ne pouvez abuser . Quand le ballot sera arrivé, je ne doute pas que M. Lefèvre ne termine aisément cette affaire .
Il en a eu une plus désagréable pour Les Deux Frères et il a été un peu tancé 1 ; mais on lui a envoyé un avertissement très mesuré , très sage, et qui doit désarmer tout le monde . Le jeune auteur des Deux Frères doit publier, à ce qu'il a dit, son ouvrage avec cette préface contre laquelle personne ne pourra murmurer . La pièce fera toujours le bien que l'auteur a eu en vue , qui est d'inspirer la morale la plus pure, et la tolérance la plus sage . Il m'a écrit qu'il envoyait de Lyon aux anges sa pièce à laquelle il a refait une centaine de vers, et il y a joint cette préface honnête, dont je vous parle. Lefèvre pourra faire imprimer le tout, et en partager le profit avec Lekain.
Je vous prie de me mander si votre neveu va à Hornoy, ou s'il passe son temps à juger .
Si vous voulez des nouvelles du malheureux pays de Gex vous apprendrez que le mont Jura est encore couvert de neige; qu'il fait froid comme au mois de janvier , que Versoix n’avance guère ; qu'il n’y a aura presque point de récolte cette année ; que Rieu vient d'acheter à bon marché un très joli domaine dans le mandement auprès de Meyrin ; que Genève est devenue la plus triste ville de l'Europe ; que je vis toujours dans la plus profonde solitude avec une très mauvaise santé, et que je n'ai guère de consolation que dans les tendres sentiments qui m'attachent à vous pour le peu que j’ai encore à vivre .
V.
Je vous prie instamment de tirer de Lefèvre qui sont les prétendus magistrats qui ont trouvé Les Deux Frères si pernicieux . Ces magistrats sont de pauvres magistrats . »
1 Le censeur Marin .
16:23 | Lien permanent | Commentaires (0)
Conservez, sous quelque titre que ce puisse être, vos bontés pour le vieux laboureur
... N'oublions pas ceux qui nous alimentent : https://www.terre-net.fr/manifestations/article/874190/aides-obtenues-et-nouvelles-attentes-des-agriculteurs
Que ce fumeux Mercosur ne soit pas un marché de dupes à nos dépens , le ver dans le fruit .
« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis
A Ferney 8è mai 1769
Puisque vous êtes encore, monseigneur, dans votre caisse de planches 1, en attendant le Saint-Esprit, il est bien juste de tâcher d’amuser Votre Éminence.
Vous avez lu sans doute actuellement les Quatre Saisons de M. de Saint-Lambert. Cet ouvrage est d’autant plus précieux qu’on le compare à un poème qui a le même titre 2, et qui est rempli d’images riantes, tracées du pinceau le plus léger et le plus facile. Je les ai lus tous deux avec un plaisir égal. Ce sont deux jolis pendants pour le cabinet d’un agriculteur tel que j’ai l’honneur de l’être. Je ne sais de qui sont ces Quatre Saisons à côté desquelles nous osons placer le poème de M. de Saint-Lambert. Le titre porte « par M. le C. de B… »; c’est apparemment M. le cardinal de Bembo. On dit que ce cardinal était l’homme du monde le plus aimable, qu’il aima la littérature toute sa vie, qu’elle augmenta ses plaisirs ainsi que sa considération, et qu’elle adoucit ses chagrins, s’il en eut. On prétend qu’il n’y a actuellement dans le Sacré-Collège qu’un seul homme qui ressemble à ce Bembo, et moi je tiens qu’il vaut beaucoup mieux.
Il y a un mois que quelques étrangers étant venus voir ma cellule, nous nous mîmes à jouer le pape aux trois dés 3: je jouai pour le cardinal Stoppani, et j’amenai rafle . Mais le Saint-Esprit n’était pas dans mon cornet . Ce qui est sûr, c’est que l’un de ceux pour qui nous avons joué sera pape. Si c’est vous, je me recommande à Votre Sainteté. Conservez, sous quelque titre que ce puisse être, vos bontés pour le vieux laboureur
V.
Fortunatus et ille deos qui novit agrestes !4 »
1 Le conclave, qui se tenait alors pour l’élection de Clément XIV.
2 Le poème de Bernis est intitulé Les Quatre Saisons ou les Georgiques françaises, 1763 ; celui de Saint-Lambert a pour titre Les Saisons.
3 Voir lettre du 20 février 1769 à Vasselier : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/24/nous-avons-tire-aux-trois-des-la-place-6511712.html
4 Virgile :. Georgiques., lib. II, v. 493 : Heureux celui qui connaît les dieux agrestes( ou : fortuné aussi celui qui connaît les dieux champêtres ): https://bcs.fltr.ucl.ac.be/virg/georg/georgii.html
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14/11/2024
tout cela s’est fait par le conseil d’un avocat qui connaît la province
... Quelle piètre défense Mme Le Pen !
Votre lâcheté n'a d'égal que votre malhonnêteté et profitez bien du soutien d'un Darmanin -bienvenue au club- magnifique dans son rôle d'évincé du pouvoir comme vous, cocu politique en veine de reconnaissance à tout prix : lamentable !
Mariage de la carpe et du lapin ?
Ou Le vrai Darmanin avoue ses amours
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
8 mai 1769
On renvoie aux divins anges les Deux Frères 1, avec les quatre-vingts vers nouveaux qu’on avait promis. On y ajoute la préface honnête qui doit faire passer l’ouvrage, si on a encore le sens commun à Paris. Il me paraît juste que Marin et Lekain partagent le profit de l’édition.
Mes chers anges sont tout ébouriffés d’un déjeuner par-devant notaire 2: mais s’ils savaient que tout cela s’est fait par le conseil d’un avocat qui connaît la province ; s’ils savaient à quel fanatique fripon j’ai affaire, et dans quel extrême embarras je me suis trouvé, ils avoueraient que j’ai très bien fait. On ne peut donner une plus grande marque de mépris pour ces facéties que de les jouer soi-même. Ceux qui s’en abstiennent paraissent les craindre ; c’est le cas de qui vous savez 3. On dit que laquelle vous savez 4 affiche aussi la dévotion ; mais vraiment c’est très bien fait, car je suis très dévot aussi, et si dévot que j’ai reçu des lettres datées du conclave 5.
Je ne manquerai pas, mon cher ange, de prendre le parti que vous me proposez, si on me rembourse. J’aime à être à l’ombre de vos ailes dans le temporel comme dans le spirituel.
N’avez-vous pas perdu un peu à Cadix avec les Gilly ? J’en ai été pour quarante mille écus. J’ai perdu en ma vie cinq ou six fois plus que je n’ai eu de patrimoine : aussi ma vie est-elle un peu singulière. Dieu a tout fait pour le mieux.
Portez-vous bien tous deux, mes anges ; c’est là le point capital.
V. »
1 C’est le titre que Voltaire donnait à sa tragédie des Guèbres ; voir lettre du 19 décembre 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/25/il-n-y-a-plus-rien-a-changer-que-le-titre-de-la-tragedie.html
2 Voir la seconde pièce citée à propos de la lettre du 15 avril 1769 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/16/6519171si-je-me-suis-trompe-dans-quelques-occasions-j-ai-droit-de-m-adresse.html
3 Louis XV.
4 La Du Barry.
5 Allusion au cardinal de Bernis, voir lettre du même jour à celui-ci : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/correspondance-annee-1769-partie-16.html
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13/11/2024
J’ai été bien étonné de me trouver très ressemblant
... No comment
https://lepoing.net/agora/fachos-il-faut-que-tu-te-barres-de-la/
« A Jean Signy ; Dessinateur 1
pour la Ville de Paris etc.
au nouvel hôtel des Monnaies
à Paris
À Ferney 6è mai 1769
Vous avez fait, monsieur, à mes retraites de Ferney et des Délices un honneur que ni elles ni moi ne méritions 2. J’ai été bien étonné de me trouver très ressemblant dans des figures de quatre ou cinq lignes. C’est un prodige de l’art. Vos dessins dureront plus que mes maisons ; elles sont fort changées depuis que vous ne les avez vues. Je me suis défait des Délices, et j’ai ajouté deux ailes au château de Ferney. Les quatre tours qui cachaient une très belle vue sont détruites. Les jardins sont augmentés, et ce séjour est actuellement moins indigne de vous recevoir.
La santé, sans laquelle on ne jouit de rien, me manque absolument. Les neiges dont je suis entouré, secondées par soixante et quinze ans, me priveront bientôt de la vue ; mais rien n’affaiblira en moi l’estime et la reconnaissance que je vous dois. C’est avec ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire. »
2 Allusion aux gravures représentant les Délices et Ferney d'après les dessins de Signy . Dans la première, V* est représenté , à très petite échelle, se promenant dans son jardin . Il répond ici à l'envoi de Signy, annoncé par une lettre de celui-ci du 9 avril 1769 .
Voir : https://www.bge-geneve.ch/iconographie/oeuvre/imv-ic-0227
et : https://www.bge-geneve.ch/iconographie/oeuvre/imv-ic-0033
et : https://www.bge-geneve.ch/iconographie/oeuvre/imv-ic-0222
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12/11/2024
il est impossible d’accommoder cette affaire
... Où trouver l'argent nécessaire pour avoir un résultat probant lors de la COP29 ?
https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/cop/a-la-...
A l'heure où la France est en plein brouillard budgétaire et en pleine certitude d'endettement disproportionné, qui va trouver de quoi se soucier de l'avenir de la planète aux dépens de ses fins de mois ? Demandons à ceux qui battent des records avec des bitcoins à profusion (en attendant que, comme les actions de Law du temps du Patriarche, cette monnaie se casse la gueule ).
Poor lonesome negociator
https://www.youtube.com/watch?v=dczriIx0Pl0&ab_channe...
« A Joseph-Marie Balleidier
Mme Denis ne veut avoir le bien de personne . Le morceau de bois dont il s'agit a été très longtemps en litige entre le sieur Déodati 1, ministre de Genève, et le sieur Pommier, lequel Pommier a vendu ses droits à Mme Denis .
Si le sieur Créper a des droits sur ce petit morceau de terre, il n'a qu'à montrer ses titres justificatifs et alors, il faut que Pommier rende à Mme Denis l’argent qu'il a reçu d'elle avec les frais . C'est de quoi monsieur Balleidier est prié de faire instruire le sieur Créper par son procureur .
À l'égard du bois que le sieur Créper a coupé, il n'en était certainement pas en droit puisqu'il avoue qu'il n'a de prétention que sur une portion de ce bois même . Il savait que son beau-frère Pommier avait vendu ce petit morceau par contrat, il devait donc le réclamer en justice, et ne le pas faire couper clandestinement .
Si Créper, dans ses défenses, dit que ce bien appartient à des mineurs, on ne conçoit pas somment monsieur Balleidier a pu conseiller d'acheter ce bien de mineurs qu'il faudrait rendre un jour .
Il faut donc exiger que le sieur Créper exhibe ses titres , sans quoi il est impossible d’accommoder cette affaire .
On envoie à monsieur Balleidier quatre louis d'or à compte, dont il est prié de donner un reçu au porteur .
6è mai 1769 à Ferney . »
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11/11/2024
la cause est intéressante pour un certain nombre d’honnêtes gens
... Mais leur nombre diminue régulièrement dans les rangs macroniens : https://www.lefigaro.fr/politique/on-se-demande-a-quoi-on...
Qu'ils se méfient, maître Sarkozy va les descendre en flammes comme les enseignants en leur reprochant leur peu d'heure de travail ; ce donneur de leçons ferait mieux de la fermer, lui qui touche une retraite somptueuse pour seulement cinq ans de travail [sic].
« A Nicolas-Claude Thieriot
5è mai 1769 à Ferney
Le petit magistrat de province s’attendait, mon cher ami, à l’avis du procureur 1 que vous avez consulté. Je le lui avais prédit, et, en dernier lieu, je vous en avais prévenu. J’ai connu ces gens-là, lorsque j’étais dans votre ville de Paris. Il n’y a d’autre parti à prendre qu’à me renvoyer les pièces du procès. Le jeune magistrat arrangera lui-même la procédure. Il y a même de nouvelles additions qu’il a faites à son factum. Il me le remettra, dès qu’il y aura travaillé, et vous l’aurez incessamment. Je pense que vous pourrez tirer parti de l’impression, et que la cause est intéressante pour un certain nombre d’honnêtes gens.
Je vous prie, mon cher ami, de m’envoyer l’Alexandre Linguet 2 et les Maladies de l’esprit 3, nouvelle édition.
Tâchez de me faire avoir le petit livre de l’abbé de Châteauneuf, sur la musique des anciens 4 . Vous savez que j’en ai besoin. Je vous ferai rembourser le tout fort exactement. Je vous embrasse de tout mon cœur.
Le vieux malade. »
1 Préville, consulté sur le Dépositaire.
Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_D%C3%A9positaire/%C3%89dition_Garnier
2 Histoire du siècle d’Alexandre le Grand, de Simon-Nicolas-Henri Linguet, réimprimée en 1769.
Thieriot en a entretenu V* dans une lettre du 6 février 1769 .
3 Antoine Le Camus, Médecine de l'esprit, 1769 : dans son exemplaire de cet ouvrage V* le définit sur la page de titre comme un « plat livre qui promet beaucoup et où l'on ne trouve rien. »
4 François de Châteauneuf, Dialogue sur la musique des Anciens, 1725 : https://books.google.ru/books?id=hTJDAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
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