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10/11/2024

si les fiacres avaient une juridiction dans Paris, leur greffier terminerait ses lettres par ces mots : Tel est notre plaisir

... Les fiacres sont les voitures, le greffier est une greffière : Mme Hidalgo . Elle correspond tout à fait aux craintes du Patriarche .

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« A François-Louis-Claude Marin

À F... 5 mai [1769] 1

Le jeune homme, monsieur, qui est auteur des Deux Frères, et qui est aussi magistrat dans son tripot de province, a été un peu surpris que le Châtelet ait jugé ces Deux Frères à mort. Il se peut faire que le Châtelet se connaisse mieux en vers que lui ; mais la sentence paraît un peu dure. Quel est donc ce M. de Launay qui a tout l’air d’avoir la plus grande part à cette sentence, et qui écrit des lettres si impérieuses ? Je suis persuadé que si les fiacres avaient une juridiction dans Paris, leur greffier terminerait ses lettres par ces mots : Tel est notre plaisir.

Voici un petit mot de requête civile 2 dont vous pouvez vous aider en cas de besoin. Peut-être serait-il convenable de le faire lire à M. de Sartines, uniquement pour votre justification. Le jeune homme serait fort curieux de savoir les motifs de l’arrêt rendu par le parc civil 3.

On dit que monsieur le chancelier est fort tenté de rappeler à son autorité cette partie de son ministère, qui y a toujours été attachée ; en ce cas, vous auriez tout le crédit que vous devez avoir, et la littérature s’en trouverait bien.

Il y aurait peut-être de la fatuité à vous présenter cette médaille 4 ;mais l’amitié ne peut être ridicule.

Un avocat nommé M. Marchand m’a écrit qu’il possède un cabinet de cinq mille médailles, et qu’il veut en avoir cinq mille et une. Il m’apprend qu’il demeure chez M. Pasquier, conseiller de grand-chambre, qu’il a soupé chez M. de Sartines avec un de mes parents, et que par conséquent je dois lui envoyer cette médaille dont on lui a parlé. Si jamais vous le rencontrez à souper chez M. de Sartines, je vous prie de vouloir bien lui faire rendre ma réponse et ma médaille, que je prends la liberté de faire insérer dans ce paquet. Je vous demande bien pardon.

V. »

1 Les éditeurs de cette lettre, MM. de Cayrol et François, l’avaient mise à tort à l’année 1770. (Georges Avenel.) ; éd. Moland .

2 La préface des Guèbres .

3 Parc semble  ici avoir le sens de parquet, partie de la chambre où se rend la justice dans laquelle se tiennent les juges .

09/11/2024

Les prêtres apprennent enfin qu’ils doivent prier Dieu pour les laïques, et non pas les tyranniser

... C'est pourtant si simple ! On doit encore s'étonner de les voir menacer leurs ouailles du châtiment éternel pour prix de leurs péchés  à géométrie variable selon la religion concernée . Résultat, des fanatiques tuent au nom de dieu pour gagner un paradis de fête foraine .

 

 

« A Charles-Joseph, prince de Ligne

5è mai 1769

Vous daignez quelquefois, monsieur le prince, ranimer par vos bontés un vieillard malade. Quoique je sois mort au monde, votre souvenir ne m’en est pas moins précieux. Vous jouissez à présent des plaisirs de Paris, et vous les faites ; mais je suis persuadé qu’au milieu de ces plaisirs vous goûtez la noble satisfaction de voir le règne de la raison qui s’avance partout à grands pas. Ferdinand second n’aurait jamais osé proscrire la bulle In cœna Domini 1. Il y aura enfin des philosophes à Vienne, et même à Bruxelles. Les hommes apprendront à penser, et vous ne contribuerez pas peu à cette bonne œuvre. On substitue déjà presque partout la religion au fanatisme. Les bûchers de l’Inquisition sont éteints en Espagne et en Portugal. Les prêtres apprennent enfin qu’ils doivent prier Dieu pour les laïques, et non pas les tyranniser. On n’aurait jamais osé imaginer cette révolution il y a cinquante ans . Elle console ma vieillesse, que vous égayez par votre très aimable lettre.

Agréez, monsieur le prince, avec votre bonté ordinaire, le respect et l’attachement du solitaire

V. »



1 Le nouveau pape a supprimé la coutume consistant à fulminer de nouveau chaque année, en la semaine de Pâques, la bulle In coena Domini, qui condamnait les hérésies et les atteintes à l'autorité pontificale .

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/In_C%C5%93na_Domini

08/11/2024

je vous prie de me faire le plaisir de faire donner cinquante francs au porteur

... En cette période de discussion de budget, le "porteur" étant supposé votre serviteur, j'espère cinquante francs suisses bien entendu, qui sont supérieurs à l'euro ( 1CHF = 1.06€ )  et non des CFA comptant pour des clopinettes  ( 1 Franc CFA = 0,0015 Euro) , ce qui permet à tout un chacun d'avoir la gloriole d'être  millionnaire .

 

 

 

« A Josserand etc.

chez madame d'Arnay

rue Saint-Denis près Saint-Leu à La Levrette

à Paris 1

Quoique probablement, monsieur, vous n'ayez pas d'argent à moi, je vous prie de me faire le plaisir de faire donner cinquante francs au porteur . Je vous serai très obligé .

J'ai l'honneur d'être monsieur votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

Au château de Ferney 5 mai 1769.

M. de Laleu, secrétaire du roi, notaire, rue Sainte-Croix-la-Ferronnerie. »

1 Original olographe, sans l'adresse, cachet « de Lyon ».

La double adresse s'explique par le fait que la lettre fut envoyée à Josserand qui devait la porter à Laleu . Du reste, on possède le reçu de Josserand, ainsi conçu : « J'ai reçu de M. de Voltaire par les mains de M. de Laleu la somme de cinquante livres. / Josserand/ A Paris ce 23è mai ».

Jean-Baptiste Josserand, garçon épicier, Jean Lecuyer, brocanteur, et Marie Suisse sa femme, avaient été condamnés respectivement aux galères et à la marque le 24 septembre 1768 pour avoir vendu des livres défendus, dont Le Christianisme dévoilé et L'Homme aux quarante écus . Voir :Mémoires secrets , de Bachaumont, oct. 1768, p.337 : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Page:De_Bachaumont_-_M%C3%A9moires_secrets_Tome_2_-_1766-1769_-_Ravenel_-_Ed._Brissot-Thivars_-_1830.djvu/341

D’Alembert les avait recommandés à V* dans une lettre du 22 octobre 1768 ( voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_(d%E2%80%99... ).

Vous voilà donc, monsieur, professeur en incertitudes

... Le monde se demande ce que fera Mister Trump, en particulier dans la politique commerciale . Il ne reste qu'à souhaiter qu'il y ait une équipe de conseillers capables de le canaliser . On peut être incertains en ce domaine, la seule certitude est qu'il ne pourra pas s'empêcher d'éructer ses propos outranciers habituels .

 

 

« A Joseph Audra 1

Le 5 mai [1769] 2

Vous voilà donc, monsieur, professeur en incertitudes . Vous ne le serez jamais en mensonge . Si j’étais plus jeune, si j’avais de la santé, je travaillerais de bon cœur à ce que vous me proposez ; mais je vois que je serai obligé de m’en tenir à la Philosophie de l’Histoire 3. Si vous n’avez point ce petit livre, j’aurai l’honneur de vous l’envoyer par la voie que vous m’indiquerez.

Sirven sera sans doute allé consulter secrètement ses parents et ses amis vers Mazamet. Je me repose de la justice qu’on lui doit sur vos bontés et sur celles des magistrats, à qui vous avez inspiré tant de bienveillance pour lui. Sa cause d’ailleurs est si bonne et si claire qu’il faudrait être également aveugle et méchant pour le condamner.

Je voudrais être caché dans un coin à Toulouse le jour que son innocence sera reconnue. S’il faut faire partir ses filles, je les enverrai à Toulouse au premier ordre que vous me donnerez. Je ne trouverai rien dans l’histoire moderne qui me plaise davantage que la justification des Calas et des Sirven.

Adieu, monsieur ; on ne peut vous estimer et vous aimer plus que vous l’êtes du solitaire

V. »



1Abbé, baron de Saint-Just, chanoine de Toulouse, professeur royal d’histoire.

2 Copie Beaumarchais-Kehl ; copie ancienne . L'original est passé à la vente chez Charavay le 17 avril 1880, sous le numéro 34.

3 Devenue l'introduction de l'Essai sur les mœurs, La Philosophie de l'Histoire a été publiée pour la première fois en 1765 ; voir lettre de 1765 à Moultou : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/06/je-ne-sais-plus-quel-prophete-de-dieu-donna-un-grand-soufflet-un-autre-prop.html

07/11/2024

il faut que du moins je vous présente mes hommages en effigie, puisque je ne peux les apporter en personne

... surtout pas ! ", c'est , je l'espère, en sous entendu du message de félicitation du président Macron au détestable Trump .

Comment veut-on que les jeunes soient respectueux et honnêtes quand un pourri peut atteindre le plus haut poste ? Truandez et mentez, vous serez suivi.e.s et adulé.e.s .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

3 mai 1769

Il y a peut-être, mon cher ange, je ne sais quoi de fat à vous envoyer sa médaille 1 ; mais il faut que du moins je vous présente mes hommages en effigie, puisque je ne peux les apporter en personne.

L’ami Marin m’a appris qu’il y a un conseiller du Châtelet qui n’est pas conseiller du Parnasse 2 ; cela ne m’étonne ni ne m’épouvante. Renvoyez-moi toujours les Guèbres ; on y insérera environ quatre-vingts vers nouveaux que l’auteur m’a envoyés . On y mettra un petit mot de préface, dans laquelle on dira que l’auteur avait fait d’abord de cette pièce une tragédie chrétienne ; que, sur les représentations de ses amis, il avait cru le christianisme trop respectable pour le mettre encore sur le théâtre, après tant de tragédies saintes que nous avons , qu’il a substitué les Guèbres aux chrétiens, avec d’autant plus de vraisemblance que les Guèbres, ou Parsis, étaient alors persécutés. On pourrait alors faire entendre raison à ce maudit conseiller ; on pourrait s’adresser, par Mme d’Egmont, à M. de Richelieu, si vous approuvez cette tournure. Au pis aller, on ferait imprimer l’ouvrage bien corrigé et un peu embelli, avec une préface honnête pour l’édification du prochain.

On ne fera rien sans l’ordre de mes anges. »

1 Médailles mentionnées dans la lettre de Dupuits à Marin du 27 mars 1769, reproduite à propos de la lettre du 27 mars 1769 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/26/le-public-est-d-opinion-qu-il-eut-du-faire-tout-le-contraire-6516273.html

et voir lettre du 29 mars 1769 à Collini : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/27/je-n-ai-jamais-vecu-que-dans-des-climats-qui-n-etaient-pas-f-6516380.html

2 Il s’agit de François Moreau, procureur du roi au Châtelet qui s’opposa à la représentation des Guèbres ; voir :

https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvre...

06/11/2024

Ayez la bonté de faire à votre loisir un petit paquet de tout cela

... 8H 30, heure locale ; c'est fait, Trump ramène sa fraise ! et comme si on n'avait pas assez de soucis dans ce monde agressif les Américains y ajoutent un danger public, un repris de justice, un menteur . Ils vont bientôt voir ce qu'est la marge entre les promesses et leur réalisation .

Je dédie ce petit jeu de mot aux trumpistes qui sont par nature superstitieux et qui devraient craindre les suites de leur victoire : MAGA sin . God don't trust this guy .

https://www.lemonde.fr/international/live/2024/11/06/en-d...

 

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

2 mai 1769

Oui, ayez pitié du pauvre vieux malade, centum puer artium 1; oui, j’attends la scène d’Eudoxie et le divertissement que vous mettez en musique, et les vers charmants à M. de Lorry 2, qu’on dit imprimés 3. Ayez la bonté de faire à votre loisir un petit paquet de tout cela et d’enrichir mon petit cabinet de livres. Mais joignez-y une Eudoxie imprimée 4, car notre ami Rieu s’est emparé de la mienne 5. Je ferai transcrire proprement la nouvelle scène sur la pièce imprimée que vous m’enverrez. Il vous sera aisé de faire contre-signer le paquet. Je ne vous envoie, en échange de vos vers que j’aime, qu’un petit morceau de prose assez peu intéressant 6; mais comme il regarde l’Académie dont vous êtes, j’ai cru devoir vous l’envoyer, quelque ennuyeuses que ces discussions puissent être.

Je reviens vite à vos jolis vers. Si votre épître à M.  Lorry n’est pas imprimée, voulez-vous me permettre de la faire insérer dans un petit recueil choisi qu’on va faire à Genève ? C’est un morceau précieux qui ne doit pas échapper au petit nombre d’amateurs qui existent encore. 

Vale, omnium musarum amice7

V.»

1 Horace, Carmen seculare, IV, I, 15 . Trad. : enfant maître en cent arts . On corrige le texte de l'édition Besterman qui donne cintum au lieu de centum .

3 Œuvres de théâtre et autres poésies, de Chabanon .

7 Porte-toi bien, ami de toutes les muses .

On ne peut faire que des réflexions désagréables sur les irrégularités

... De quelque camp qu'elles soient . Statistiquement il est quasiment impossible qu'il n'y en ait pas . Trump / Harris ? Qui va gagner ? Y a-t-il encore un grain de raison aux USA ?

 

 

« A François-Gabriel Le Fournier, chevalier de Wargemont

J’eus l’honneur, monsieur le comte, de vous répondre et de vous remercier, il y a plusieurs mois. J’adressai ma lettre chez M. le prince de Soubise. On ne peut faire que des réflexions désagréables sur les irrégularités de la poste, et il faut se taire.

Vous parlez d’aller voir les Turcs ; c’est apparemment pour les battre. Vous êtes trop bon chrétien et trop galant pour prendre le parti des infidèles contre les dames. À l’égard de brûler des maisons et de couper les arbres fruitiers par le pied, comme cela ne se trouve ni dans l’histoire d’Attila ni dans celle de Genséric, et que je ne me mêle plus que de l’histoire ancienne, ce n’est pas à moi de parler de tels exploits ; mais ceux de votre valeur et de votre prudence me seront très précieux.

Vous savez, monsieur, avec quels respectueux sentiments je vous suis dévoué.

V.

31è avril [1er mai] 1769. 1»

1 Original, d'abord daté du 30 avril ; éd. Cayrol .