08/11/2024
Vous voilà donc, monsieur, professeur en incertitudes
... Le monde se demande ce que fera Mister Trump, en particulier dans la politique commerciale . Il ne reste qu'à souhaiter qu'il y ait une équipe de conseillers capables de le canaliser . On peut être incertains en ce domaine, la seule certitude est qu'il ne pourra pas s'empêcher d'éructer ses propos outranciers habituels .
« A Joseph Audra 1
Le 5 mai [1769] 2
Vous voilà donc, monsieur, professeur en incertitudes . Vous ne le serez jamais en mensonge . Si j’étais plus jeune, si j’avais de la santé, je travaillerais de bon cœur à ce que vous me proposez ; mais je vois que je serai obligé de m’en tenir à la Philosophie de l’Histoire 3. Si vous n’avez point ce petit livre, j’aurai l’honneur de vous l’envoyer par la voie que vous m’indiquerez.
Sirven sera sans doute allé consulter secrètement ses parents et ses amis vers Mazamet. Je me repose de la justice qu’on lui doit sur vos bontés et sur celles des magistrats, à qui vous avez inspiré tant de bienveillance pour lui. Sa cause d’ailleurs est si bonne et si claire qu’il faudrait être également aveugle et méchant pour le condamner.
Je voudrais être caché dans un coin à Toulouse le jour que son innocence sera reconnue. S’il faut faire partir ses filles, je les enverrai à Toulouse au premier ordre que vous me donnerez. Je ne trouverai rien dans l’histoire moderne qui me plaise davantage que la justification des Calas et des Sirven.
Adieu, monsieur ; on ne peut vous estimer et vous aimer plus que vous l’êtes du solitaire
V. »
1Abbé, baron de Saint-Just, chanoine de Toulouse, professeur royal d’histoire.
2 Copie Beaumarchais-Kehl ; copie ancienne . L'original est passé à la vente chez Charavay le 17 avril 1880, sous le numéro 34.
3 Devenue l'introduction de l'Essai sur les mœurs, La Philosophie de l'Histoire a été publiée pour la première fois en 1765 ; voir lettre de 1765 à Moultou : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/03/06/je-ne-sais-plus-quel-prophete-de-dieu-donna-un-grand-soufflet-un-autre-prop.html
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07/11/2024
il faut que du moins je vous présente mes hommages en effigie, puisque je ne peux les apporter en personne
... surtout pas ! ", c'est , je l'espère, en sous entendu du message de félicitation du président Macron au détestable Trump .
Comment veut-on que les jeunes soient respectueux et honnêtes quand un pourri peut atteindre le plus haut poste ? Truandez et mentez, vous serez suivi.e.s et adulé.e.s .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
3 mai 1769
Il y a peut-être, mon cher ange, je ne sais quoi de fat à vous envoyer sa médaille 1 ; mais il faut que du moins je vous présente mes hommages en effigie, puisque je ne peux les apporter en personne.
L’ami Marin m’a appris qu’il y a un conseiller du Châtelet qui n’est pas conseiller du Parnasse 2 ; cela ne m’étonne ni ne m’épouvante. Renvoyez-moi toujours les Guèbres ; on y insérera environ quatre-vingts vers nouveaux que l’auteur m’a envoyés . On y mettra un petit mot de préface, dans laquelle on dira que l’auteur avait fait d’abord de cette pièce une tragédie chrétienne ; que, sur les représentations de ses amis, il avait cru le christianisme trop respectable pour le mettre encore sur le théâtre, après tant de tragédies saintes que nous avons , qu’il a substitué les Guèbres aux chrétiens, avec d’autant plus de vraisemblance que les Guèbres, ou Parsis, étaient alors persécutés. On pourrait alors faire entendre raison à ce maudit conseiller ; on pourrait s’adresser, par Mme d’Egmont, à M. de Richelieu, si vous approuvez cette tournure. Au pis aller, on ferait imprimer l’ouvrage bien corrigé et un peu embelli, avec une préface honnête pour l’édification du prochain.
On ne fera rien sans l’ordre de mes anges. »
1 Médailles mentionnées dans la lettre de Dupuits à Marin du 27 mars 1769, reproduite à propos de la lettre du 27 mars 1769 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/26/le-public-est-d-opinion-qu-il-eut-du-faire-tout-le-contraire-6516273.html
et voir lettre du 29 mars 1769 à Collini : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/27/je-n-ai-jamais-vecu-que-dans-des-climats-qui-n-etaient-pas-f-6516380.html
2 Il s’agit de François Moreau, procureur du roi au Châtelet qui s’opposa à la représentation des Guèbres ; voir :
https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvre...
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06/11/2024
Ayez la bonté de faire à votre loisir un petit paquet de tout cela
... 8H 30, heure locale ; c'est fait, Trump ramène sa fraise ! et comme si on n'avait pas assez de soucis dans ce monde agressif les Américains y ajoutent un danger public, un repris de justice, un menteur . Ils vont bientôt voir ce qu'est la marge entre les promesses et leur réalisation .
Je dédie ce petit jeu de mot aux trumpistes qui sont par nature superstitieux et qui devraient craindre les suites de leur victoire : MAGA sin . God don't trust this guy .
https://www.lemonde.fr/international/live/2024/11/06/en-d...
« A Michel-Paul-Guy de Chabanon
2 mai 1769
Oui, ayez pitié du pauvre vieux malade, centum puer artium 1; oui, j’attends la scène d’Eudoxie et le divertissement que vous mettez en musique, et les vers charmants à M. de Lorry 2, qu’on dit imprimés 3. Ayez la bonté de faire à votre loisir un petit paquet de tout cela et d’enrichir mon petit cabinet de livres. Mais joignez-y une Eudoxie imprimée 4, car notre ami Rieu s’est emparé de la mienne 5. Je ferai transcrire proprement la nouvelle scène sur la pièce imprimée que vous m’enverrez. Il vous sera aisé de faire contre-signer le paquet. Je ne vous envoie, en échange de vos vers que j’aime, qu’un petit morceau de prose assez peu intéressant 6; mais comme il regarde l’Académie dont vous êtes, j’ai cru devoir vous l’envoyer, quelque ennuyeuses que ces discussions puissent être.
Je reviens vite à vos jolis vers. Si votre épître à M. Lorry n’est pas imprimée, voulez-vous me permettre de la faire insérer dans un petit recueil choisi qu’on va faire à Genève ? C’est un morceau précieux qui ne doit pas échapper au petit nombre d’amateurs qui existent encore.
Vale, omnium musarum amice. 7
V.»
1 Horace, Carmen seculare, IV, I, 15 . Trad. : enfant maître en cent arts . On corrige le texte de l'édition Besterman qui donne cintum au lieu de centum .
2 Compagnon d’armes du chevalier d'Assas. Voir lettre du 26 octobre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/05/07/je-ne-veux-point-mourir-sans-avoir-rendu-justice-a-un-homme-6497347.html
3 Œuvres de théâtre et autres poésies, de Chabanon .
4 Sur l'impression d'Eudoxie, voir lettre du 6 février 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/13/m-6510369vous-n-empecherez-pas-les-welches-d-etre-toujours-welches-mais-les.html
5 Voir lettre du 20 février 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/23/adieu-faites-des-cocus-comme-maxime-mais-ne-les-tuez-pas-6511517.html
6 Lettre à Paul Foucher du 30 avril 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/30/j-espere-que-vous-serez-content-de-ma-politesse-6520988.html
7 Porte-toi bien, ami de toutes les muses .
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On ne peut faire que des réflexions désagréables sur les irrégularités
... De quelque camp qu'elles soient . Statistiquement il est quasiment impossible qu'il n'y en ait pas . Trump / Harris ? Qui va gagner ? Y a-t-il encore un grain de raison aux USA ?
« A François-Gabriel Le Fournier, chevalier de Wargemont
J’eus l’honneur, monsieur le comte, de vous répondre et de vous remercier, il y a plusieurs mois. J’adressai ma lettre chez M. le prince de Soubise. On ne peut faire que des réflexions désagréables sur les irrégularités de la poste, et il faut se taire.
Vous parlez d’aller voir les Turcs ; c’est apparemment pour les battre. Vous êtes trop bon chrétien et trop galant pour prendre le parti des infidèles contre les dames. À l’égard de brûler des maisons et de couper les arbres fruitiers par le pied, comme cela ne se trouve ni dans l’histoire d’Attila ni dans celle de Genséric, et que je ne me mêle plus que de l’histoire ancienne, ce n’est pas à moi de parler de tels exploits ; mais ceux de votre valeur et de votre prudence me seront très précieux.
Vous savez, monsieur, avec quels respectueux sentiments je vous suis dévoué.
V.
31è avril [1er mai] 1769. 1»
1 Original, d'abord daté du 30 avril ; éd. Cayrol .
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05/11/2024
ce que vous me proposez est très faisable
... Telle est la réponse attendue par les ministres à la question à "Comment atteindre la neutralité carbone en 2050 ?", que l'on peut trouver dans le Plan national d'adaptation : https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-cli...
« A Henri Rieu
1er mai 1769
Mon cher ami, ce que vous me proposez est très faisable. Je serai charmé d'obliger Pellet . Il pourrait faire un petit volume 1 de pièces fugitives honnêtes qu'on lui fournirait ; nous en conférerons la première fois que vous serez assez bon pour venir chez le solitaire malade .
Il est bien étonnant que MM. De Fournes 2, pour qui Grasset travaille depuis si longtemps, abandonnent cette pauvre famille à une persécution aussi cruelle ; on le punit pour avoir imprimé la lettre de Rilliet 3 et Rilliet en l'a pas payé . En vérité on devrait avoir pitié de ce pauvre homme qui a quatre enfants et qui va mourir de faim . Je ne doute pas que vous ne fassiez tout ce qui sera en votre pouvoir pour lui rendre service . Il y a bien des corsaires dans ce monde, mais il n'y en a point qui ait le cœur aussi bon que vous .
Je vous embrasse bien tendrement .
V."
1 Peut-être les Pièces nouvelles de M. de Voltaire, 1769 , qui forment un petit volume entièrement composé de pièces de V* ; voir fin de la lettre du 2 mai 1769 à Chabanon : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/correspondance-annee-1769-partie15.html
2 Sans doute faut-il lire Tournes, quoique Grasset n'eût pas été directement au service de ces éditeurs lyonnais .
3 V* pratique ici un amalgame visant à le disculper. Grasset avait été effectivement condamné à une amende le 25 janvier , pour avoir imprimé la Lettre de Théodore Rilliet […] à dame Lucrèce Angélique de Normandie, sa femme, 1769 ; Archives de Genève, CCLXX, 59 : https://www.e-rara.ch/gep_r/content/titleinfo/26239355
Mais c'est pour avoir vendu des livres défendus , et tout spécialement le Recueil nécessaire, qu'il fut emprisonné le 25 avril 1769 (ibid CCLXX, 255-256).
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04/11/2024
mon zèle éclairé seconde leur zèle ignorant : je me recommande à leurs prières savoyardes
... Du Barnier tout net ? Voir ce que veut cet homme d'Etat : https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/10/29/la-notion...
« [Destinataire inconnu]
[Avril-mai 1769] 1
Je ne sais point mauvais gré à ceux qui m’ont fait parler saintement dans un style si barbare et si impertinent. Ils ont pu mal exprimer mes sentiments véritables ; ils ont pu redire dans leur jargon ce que j’ai publié si souvent en français ; ils n’en ont pas moins exprimé la substance de mes opinions. Je suis d’accord avec eux ; je m’unis à leur foi : mon zèle éclairé seconde leur zèle ignorant : je me recommande à leurs prières savoyardes. Je supplie seulement 2 les faussaires qui ont fait rédiger l’acte du 15 avril de vouloir bien considérer qu’il ne faut jamais faire d’actes faux en faveur de la vérité 3. Plus la religion catholique est vraie (comme tout le monde le sait), moins on doit mentir pour elle. Ces petites libertés trop communes autoriseraient d’autres impostures plus funestes ; bientôt on se croirait permis de fabriquer de faux testaments, de fausses donations, de fausses accusations, pour la gloire de Dieu. De plus horribles falsifications ont été employées autrefois.
Quelques-uns de ces prétendus témoins ont avoué qu’ils avaient été subornés, mais qu’ils avaient cru bien faire. Ils ont signé qu’ils n’avaient menti qu’à bonne intention.
Tout cela s’est opéré charitablement, sans doute à l’exemple des rétractations imputées à MM. de Montesquieu, de La Chalotais, de Monclar 4, et de tant d’autres. Ces fraudes pieuses sont à la mode depuis environ seize cents ans. Mais quand cette bonne œuvre va jusqu’au crime de faux, on risque beaucoup dans ce monde, en attendant le Royaume des cieux. »
1 Le Commentaire historique sur les œuvres de l’auteur de la Henriade rapporte cette lettre sans dire à qui elle a été adressée, et sans en donner la date. Je pense qu’elle doit être du même temps que la lettre à d’Alembert, du 24 mai. (Beuchot.)
La lettre est datée d'après les éventements auxquels elle fait allusion . Lorsque V* la revit pour la publier dans le Commentaire […], il la remania .(Besterman).
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k713385/f287.item
2 L'édition Garnier donne humblement pour seulement .
3 V* contredit ici, de même que dans les lettres du 24 avril à Mme Du Deffand et du 24 mai 1769 à d'Alembert , ce qu'il a dit et avoué dans les documents reproduits à propos des lettres du 30 mars 1769 au curé Gros et du 15 avril 1769 à Richelieu . Sa duplicité est constante dans ce genre d'affaires, il dément dans des lettres « ostensibles » ce qu'il a fait pour rester en règle avec l’Église et pour ne pas manquer d'obtenir la sépulture chrétienne à laquelle il tient absolument .
4 Comme on l'a déjà fait pressentir, la mention de la mort de Ripert de Monclar ne peut être antérieure à 1773 . V* écrivit même à ce sujet un mémorandum qui peut être daté de mai 1773.Voir lttre à Vernes : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1773/Lettre_8832
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03/11/2024
Tout le monde est content à Paris ; il y a longtemps que cela n'était arrivé
... Si longtemps que l'on peut en venir à douter que le présent réjouisse vraiment les Parisiens, ou alors peut-être exceptionnellement seulement les Parisiennes en préparant la fumeuse/fameuse purée Mousline ? De nos jours, il faut savoir se contenter de petits riens .
https://www.adforum.com/agency/17296/creative-work/346850...
« A Gabriel Cramer
Avril-mai 1769
Monsieur Cramer est prié de vouloir bien faire envoyer la feuille qui finit l'Histoire du Parlement 1 . Il ne s'agit que d'ajouter cinq ou six lignes , sur la sagesse et la clémence du roi, qui rétablit cette compagnie utile,laquelle a été quelquefois dangereuse .
Monsieur Cramer s'est-il souvenu d’une estampe qui doit représenter un guerrier assassinant à coups de poignard un autre guerrier désarmé, étendu à ses pieds, et deux ou trois hommes accourant inutilement avec indignation, horreur et pitié ? etc.
Tout le monde est content à Paris ; il y a longtemps que cela n'était arrivé . »
1 Un passage apportant ce complément fut en effet ajouté et devient le paragraphe final de l'Histoire du parlement de Paris . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_du_parlement/%C3%89dition_Garnier/Chapitre_68#cite_note-p110-1
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